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Un financement original pour un projet de resto à Poitiers

Poitiers, l'ensemble de l'ancien Ensma qui abrite le Dietrich et une salle de gym J’ai découvert il y a quelques jours ce projet, relayé dans la revue de presse en ligne de Philippe de Tout Poitiers, ce projet de restaurant bio, végétarien (j’adore la bonne viande, mais pourquoi pas de temps en temps, s’il n’y a pas de prosélytisme) et cru (j’adhère moins, voir plus bas) avec un financement original sur Poitiers, Envies saines. Le porteur de projet (qui n’a pas mis son nom sur sa page, mais s’appelle François Baudry d’après cet article de 7 à Poitiers – page 6) a reçu une aide régionale (5000€ via une bourse désir d’entreprendre) et un prêt familial mais un refus de prêt bancaire. Au lieu de recourir micro-crédit (voir plus bas mon expérience avec Kiva, le même principe existe pour des projets en France), il a choisi Ulule. Je ne sais pas si vous connaissez ce mode de financement qui fonctionne un peu comme une souscription de livres (c’est comme cela que j’ai connu Ulule la première fois), avance d’argent en échange d’un service, ici un certain nombre de repas gratuits en fonction de la somme donnée (voir plus bas comment cela fonctionne). Je ne connais pas la personne qui monte ce projet sur Poitiers, un concept qu’il a testé cet été lors du congrès d’Europe-Ecologie les Verts à Poitiers et qu’il teste actuellement en service très réduit dans l’ensemble (photo ci-contre) qui accueille notamment le Diétrich et une salle de gym, non loin du rectorat… et de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf (au passage, j’ai mis dans l’article une photo plus nette de la date 1644 sur la porte).

On peut financer à partir de 5€, les petits ruisseaux permettront peut-être d’aider ce projet à voir le jour.

Si le projet Envies saines est financé au-delà des 100%, la somme diminuera d’autant un prêt bancaire complémentaire (les sommes récoltées par Ulule complèteront son apport personnel et le prêt familial pour plaider auprès des banques) et nécessaire au lancement du projet.

Pourquoi je soutiens ce projet:

– pour le recours à un mode de financement original ;

– pour le choix de l’implantation dans un quartier de Poitiers qui manque de restaurant ;

– pour le choix d’aliments bio (moins de pesticides dans l’assiette et dans l’environnement et donc dans l’eau qui arrive aux stations de traitement voire dans l’eau du robinet).

Pourquoi j’émets néanmoins des réserves:

– pour la position par rapport au cru, présenté sur la page du projet comme bon voire meilleur que le cuit pour la santé. Or, certains aliments ne sont digestes que s’ils sont cuits, na pas oublier que nombreux champignons sont toxiques crus mais comestibles quand ils sont cuits (c’est le cas même pour la célèbre et délicieuse morille!).

Vous pouvez découvrir le projet et éventuellement y participer en cliquant ICI, date limite le 31 décembre 2012.

Et si vous souhaitez vous approvisionner dès à présent en bio sur Poitiers, Tout Poitiers a réalisé une page spéciale Le bio à Poitiers (mise à jour régulière comme pour toutes ses pages). Vous trouverez également plein d’informations utiles sur le site du réseau des circuits courts en Poitou-Charentes (Réseau CCPC).

PS: ce projet a échoué, il a recueilli la somme souhaitée, mais le porteur de projet n’a pas pu le concrétiser (problème du coût de la location du local, en particulier). Les souscripteurs ont été remboursés.

Quelques expériences personnelles de financements de projets…

Le micro-crédit international via Kiva.org, depuis 2007

Mes participations chez Kiva Je vous ai déjà parlé de micro-crédit, je participe en tant que prêteur depuis des années sur la plateforme de Kiva. J’ai ainsi pu participer à neuf projets (le montage ci-contre), sept ont été menés à leur terme (aux Philippines, en Mongolie, au Paraguay, au Libéria, en Ouganda, en Tanzanie, en Bolivie), deux sont actuellement en cours, l’un au Costa Rica et l’autre au Sénégal, dont le remboursement commencera en février 2013. Lorsque les sommes prêtées sont remboursées, je les ré-engage dans d’autres projets, même s’il est possible de récupérer la somme pour soi. La plateforme offre en permanence des projets assez variés, vous pouvez choisir selon vos critères (répartition géographique, domaine d’activité, ONG relai, sexe – de mon côté, je privilégie les femmes, pour 8 des 9 projets que j’ai soutenus jusqu’à présent- etc.), avec des prêts par part de 25$. J’ai plus longuement parlé de ce mode d’aide dans cet article à propos du livre Indignez-vous! de Stéphane Hessel.

Une ruche via un toit pour les abeilles, mitigé

Pots de miel de un toit pour les abeilles Je vous ai aussi parlé d’une participation directe en 2010 sous la forme d’un parrainage d’une ruche avec un toit pour les abeilles. J’ai arrêté après une année d’expérience par suite d’un manque de communication des porteurs du projet, qui ne m’ont envoyé que l’un des deux envois promis de pots de miel. Impossible également de savoir quelle part du parrainage revient à l’apiculteur et quelle part revient à l’association. Par ailleurs, ce projet sent le « greenwashing » (redorer le blason d’une entreprise promouvant des projets environnementaux). En effet, il a accepté (recherché???) le parrainage d’un groupe de la grande distribution. Tant mieux pour les abeilles, cela fait davantage de ruches et de biodiversité dans le marais poitevin, mais moi, cela ne me convient pas de soutenir un projet qui préfère recevoir de grosses sommes et participer à la publicité de grosses entreprises plutôt que de fédérer des particuliers prêts à les soutenir.

Je suis en revanche toujours prête à soutenir ce genre de projets ou d’autres en lien avec une agriculture responsable et respectueuse de l’environnement… (laisser un commentaire ou clic sur le lien contact en bas de page pour me contacter en privé).

Ulule et le financement participatif

Je vais vous parler aujourd’hui d’un autre système de financement au nom barbare, le crowdfunding, littéralement « financement par la foule », traduit en français par financement participatif, pratiqué sur plusieurs plateformes en France dont Ulule.

Mention de la souscription sur le socle de la copie de la statue de la Liberté à Poitiers Ce type de financement n’est pas nouveau : nombre de statues publiques du 19e siècle et même des monuments aux morts de 1914-1918 ont été financées par souscriptions locales ou nationales (voir dans ma rubrique visites, musées et expositions, vous y verrez souvent la mention, la liste des souscripteurs paraissaient dans divers journaux, en illustration de ce paragraphe, la mention sur le socle de la copie de la statue de la Liberté à Poitiers : « Élevé par souscriptions / sur l’initiative / des LOGES MACONNIQUES / de Poitiers et de Neuville »). Beaucoup de livres ont aussi bénéficié de ce genre de financement. Les souscriptions pour la restauration du patrimoine via la fondation du patrimoine relèvent du même mouvement (la contrepartie étant généralement l’invitation à un événement au cours de la restauration, un nom sur une plaque et… une déduction fiscale). Internet et les plateformes dédiées ont juste amplifié la visibilité de ces projets.

Ulule est donc un système de financement qui fonctionne comme les souscriptions. Elle concerne d’ailleurs essentiellement des produits culturels (livres, courts-métrages, expositions, photographies, vidéos, DVD, albums, clips, etc.) ou solidaires (notamment dans le domaine des voyages et de l’environnement). En gros, on donne (ce n’est pas un prêt ni un investissement) de l’argent à un projet, et si la somme annoncée au départ est atteinte dans les délais choisis par le porteur de projet (90 jours maximum sur Ulule, le règlement varie selon les plateformes), votre compte est débité, le porteur de projet reçoit l’argent (moins ici une commission de 8% répartis en 5% pour la plateforme et 3% pour les frais bancaires), et vous envoie la contrepartie promise (un livre, un DVD ou autre). Une sélection des projets par un comité permet de vérifier leur sérieux, et environ 60% des projets présentés trouvent leur financement. Si la somme globale n’est pas collectée, vous récupérez votre mise. Si la somme est dépassée, les porteurs de projet ont en général prévu et annoncé ce qu’ils feraient des fonds. Chaque participant prend un risque qu’il évalue lui-même, à lui de voir quelle participation il est prêt à mettre. J’ai participé la première fois à un projet de ce type pour un livre par l’intermédiaire de quelqu’un que je connaissais.

Je viens de souscrire à un autre livre, la stratégie du grain de sable, sur, je cite, « l’expérience sociale et non-violente de la Communauté de Paix San José de Apartadó en Colombie ». Vous pouvez vous aussi participer jusqu’au 10 décembre 2012, le minimum est déjà atteint, le surplus servira à boucler le financement de l’impression du livre et à monter une exposition de photographies, participation unique à 17€. PS: je l’ai reçu, il est très beau!

Du Guesclin délivre Poitiers des Anglais en 1372 (plafond de Brunet)

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 1, vue générale

Après vous avoir montré le plafond de la salle du blason par Émile Bin et avant de vous montrer celui de la salle des mariages par Léon Perrault , voici le plafond de la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Poitiers (un édifice dont je vous ai déjà abondamment parlé : avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Ernest Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain)… Si la construction l’hôtel de ville est achevée en 1875, la réalisation du décor intérieur va encore prendre plusieurs années. Ce plafond représente la libération de Poitiers par Du Guesclin en 1372… enfin, libération, ça reste à voir, les clefs de la ville lui ont été offertes par les Poitevins!

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 2, signature de Jean Brunet 1885 Ce plafond est signé du peintre poitevin Jean [Baptiste] Brunet (1849 – 1917) et daté de 1885… Pour mes amies tricoteuses qui trouveraient celui-ci trop guerrier, je vous invite à découvrir sur le site du musée Sainte-Croix de Poitiers une Tricoteuse (1873). D’autres œuvres conservées au Louvre sont davantage dans la veine de ce plafond…

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 3, Du Guesclin à la tête de ses troupes En pleine guerre de Cent Ans, Bertrand Du Guesclin, à la tête de ses troupes à pied sonnant des cors et protégé par une Victoire, fait une entrée triomphante à cheval dans la ville le 7 août 1372 (Poitiers avait été prise par Jean/John Chandos en septembre 1361 et était depuis sous gouvernance anglaise, voir sur Histoire Passion la reconquête de la Saintonge et de l’Angoumois par Du Guesclin de 1372/1373). Tiens, au passage, il faudra que je vous montre un de ces jours aussi le cénotaphe de Jean Chandos à Mazerolles (juste à l’entrée de Lussac-les-Châteaux).

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 4, Poitevins sur les remparts, à gauche Il y est accueilli (au moins sur le tableau) par la foule en liesse en haut des remparts (vous pouvez revoir ici le rempart sud et la tour Aymar de Beaupuy et le pont Achard).

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 5, Poitevins sur les remparts, à droite

Les troupes de Du Guesclin semblent flotter sur les nuées, les familles, hommes, femmes, enfants (et même bébé) fêtent cette arrivée…

Poitiers, plafond de la salle des fêtes de l'hôtel de ville, 6, Poitevins sur les remparts, au centr

Beaucoup de femmes et d’enfants, dans cette foule, au moins dans la partie centrale…Dans l’affaire, ce sont les échevins de Poitiers qui gagnent des privilèges… A partir de fin 1372, tout échevin de la ville est automatiquement anobli par le roi…

Photographies de septembre 2011.

Le monument aux morts de 1870 à Châtellerault

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 1, carte postale ancienne Je vous ai déjà montré le monument pour le centenaire de la fête de la fédération (et la Révolution française) et le monument aux morts de 1914-1918 à Châtellerault, nous allons lui tourner le dos, remonter le boulevard de Blossac et faire face, au début de la contre allée de l’avenue Jean-Jaurès, quelques centaines de mètres plus loin, au monument aux morts de 1870.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 2, deux vues de loin

Aujourd’hui, la végétation a poussé, pas facile de trouver la signature s’il y en a une… Il se compose d’un rocher au-dessus duquel un soldat est aux trois quarts allongé, portant un drapeau.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 6, dédicace

Il porte sur la plaque à l’avant « Les vétérans / des armées de terre et de mer / et les soldats de la grande guerre / aux morts de la Patrie ». Il s’agit probablement d’une plaque apposée tardivement, après la première guerre mondiale, en attendant la construction du monument aux morts de 1914-1918.

La plaque au dos explicite un peu son histoire : « Monument élevé par souscription / publique / remis à la ville de Châtellerault / le 14 juillet 1903 / par la 392eme section de vétérans / sous-préfet M. WINANDY ». Chouette, une date, cela facilite la recherche dans la presse locale en ligne, n’est-ce pas, Philippe, avoir une date précise, ça aide pour chercher dans L’Avenir de la Vienne, quatre pages très denses chaque jour (on peut sauter la page 4, en général, il n’y a que le feuilleton et la publicité). Avec la date donc, bingo, je trouve un grand article sur la vue 21 de l’Avenir de la Vienne numérisé (15 et 16 juillet 1903), consacré à l’inauguration de la copie de la statue de la Liberté à Poitiers et au monument de Châtellerault, sur la vue suivante (l’inauguration du monument de Châtellerault se trouve aussi dans le Mémorial du Poitou, daté des, 15-18 juillet 1903, il s’agit d’un bi-hebdomadaire qui paraît le mercredi et le samedi sur l’arrondissement de Châtellerault). On y apprend que le monument a été réalisé par Aimé Octobre (et oui, comme plus de vingt ans plus tard le monument aux morts de 1914-1918, et pour la grande poste (1913) et le monument aux morts (1925) de Poitiers ainsi que pour le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926). L’architecte est Bernard Chaussemiche, qui dix ans plus tard (1914) a aussi mis en scène le monument aux morts de 1870-1871 de Tours. L’article précise aussi que le socle est en pierre de Sainte-Maure et la statue en pierre de Chauvigny. La plaque, qui n’est pas sur la carte postale ancienne, doit recouvrir l’inscription d’origine signalée dans le journal, « Aux enfants de l’arrondissement morts pour la patrie ». Je vous laisse aller lire dans la presse les discours prononcés ce jour-là. Dans Le Mémorial du Poitou, il est précisé un tire, « Pour le Drapeau ».

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 3, deux vues rapprochées Voici deux détails du soldat, jambes nues et croisées, effondré en appui sur son bars droit et serrant de la main gauche le drapeau sur sa poitrine.

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 4, détail de la tête Aïe, il n’a pas l’air en forme mais bien mourant, les yeux déjà dans le vague…

Châtellerault, monument aux morts de 1870, 6, de dos Voici ce qu’il donne de dos…

Photographies d’août 2012.

Des fenêtres… à Poitiers!

Des fenêtres à Poitiers, 1, sordide rue de la Cueille Mirebellaise De retour sur internet, Monique / Bidouillette / Tibilisfil a relancé ses défis photographiques avec cette fois le thème des fenêtres… une promenade dans le quartier de Montmidi, à l’ouest de Poitiers, a été l’occasion d’en photographier quelques-unes le dimanche 11 novembre 2012 avec Grégory… La première est particulièrement sordide, je trouve, rue de la Cueille Mirebelaise, avec une poupée derrière le rideau soulevé… Pour ne rien arranger, cette rue en forte pente (dans le sens montée pour les voitures) est saturée de gaz d’échappement, même le dimanche, avec des façades noircies…

Des fenêtres à Poitiers, 2, deux oculus

J’ai aussi sélectionné quelques « œil-de-bœuf », le premier à gauche, tréflé, plus un jour d’aération du comble qu’une fenêtre… le second, rond, classique… mais fermé à l’intérieur par une fenêtre carrée (comme celui sélectionné par Dalinele).

Des fenêtres à Poitiers, 3, sur une villa Une villa du quartier a des fenêtres octogonales, avec cette fois des boiseries adaptées, seul le vantail central s’ouvre…

Des fenêtres à Poitiers, 4, bourrée de laine de verre Dans mes archives, j’ai aussi sélectionné cette fenêtre en plein centre-ville, sur une maison ancienne, le Pilori place de la Liberté – nous sommes ici sur le côté, rue des Flageolles (photographie de l’hiver dernier).

Je vous propose dans les archives du blog une série de fenêtres à Poitiers… de toutes périodes, et parfois pas tout à fait des fenêtres (vitrines, consoles au-dessus des fenêtres, etc.), mais cela donne une idée de la diversité… en trichant par rapport au défi, puisqu’il s’agit en principe d’un prétexte pour aller se promener, sortir, prendre l’air, pas fouiller dans les archives…

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 5, la porte-fenêtre du premier étage et son balcon Poitiers, consoles de la banque populaire, 2, détail de l'erreur du sculpteur Poitiers, 36 rue Grimaux, 7, façade rue Gambetta
Poitiers, l'ancien sanatorium, 4, l'avancée centrale en demi-cercle Poitiers, le cercle du commerce, la façade Poitiers, l'hôtel Pelisson, 10, une partie du deuxième étage
Poitiers, balcon rue Charles-Gide, problème de restauration Poitiers, hôtel particulier rue de l'Ancienne comédie, 2, la lucarne sur rur Poitiers, la banque de France, 5, angle des rues Oudin et de l'Eperon, partie haute
Poitiers, immeuble de la reconstruction après 1945, à l'angle des rues Boncenne et des Carmélites Poitiers, le clos Saint-Hilaire, le bâtiment en cours de construction Poitiers, banque populaire, 3, l'angle avant et après restauration
Poitiers, fin mai 2012, 5, deux détails de la pharmacie Carnot avec façade défoncée Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 3, partie supérieure de la travée centrale Poitiers, la médiathèque, 3, la façade est

Et voici une sélection ailleurs en France, je vous laisse découvrir en cliquant sur les vignettes également…

Chaumont-sur-Loire, festival des jardins 2012, jardin 3, à travers la grille L'Alcazar à Angers, 4, verrière à gauche Niort, magasin à la Ménagère, 4, le décor de la façade antérieure, montage de photographies
Façade du musée Champollion à Figeac Nantes 2012, début du circuit en ville, 11, maison suspendue place Bouffay Chaumont-sur-Loire, festival 2011, le jardin 19, 4, par la fenêtre
La Rochelle, maison Henri II, 02, l'hôtel particulier Renaissance Le donjon de Loudun, 2, deux faces du donjon Angoulême, le mur peint au 45 rue Hergé, par Sineux
Confolens, maisons à pan de bois, 6, rue du Vieux Château La gare de La Rochelle, 05, un lanterneau Cahors, dates du 17e siècle
Poste d'Angers, façade rue Saint-Julien, 2, la partie haute sculptée La préfecture des Deux-Sèvres à Niort, 6, l'aile droite Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, 3, le palais et la fontaine

Je vous ai proposé plusieurs circuits de visite à Poitiers…. pour regarder la ville autrement, le plus souvent dans le cadre des défis organisés par Monique / Bidouillette / Tibilisfil et Petite fée Nougat

Du mieux et du dangereux pour les piétons à Poitiers…

Poitiers, novembre 2012, 01, nouvelle passerelle

Je vous avais montré cette nouvelle passerelle il y a quelques semaines, alors que son tablier était juste posé… Elle est ouverte maintenant depuis une quinzaine de jours aux piétons de franchir le Clain entre le quartier de Montbernage (et la rue de la cueille aigüe) et le centre-ville en passant par la rue des Pouples. Très pratique et déjà bien fréquentée, malgré ses abords boueux (mini-crue il y a une dizaine de jours quand j’ai pris la photographie).

Poitiers, novembre 2012, 02, nouvelle passerelle dans les deux sens

Elle s’intègre bien dans le paysage, une rampe de chaque côté et des barres antidérapantes au sol permettent son accès à tous les handicaps… quand les abords seront aussi achevés…

Poitiers, novembre 2012, 03, aménagements aux abords de la nouvelle passerelle L’évacuation d’eau pluviale, qui parfois ressemblait à un égout ou un dépotoir à ciel ouvert, est également en cours d’aménagement…

Poitiers, novembre 2012, 04, l'ancienne vespasienne disparue près de l'ancienne passerelle … mais les vespasiennes (photographiées en avril 2012) en ont fait les frais… Y aura-t-il des WC publics dans ce secteur prochainement? Si la promenade devient agréable aux bords du Clain avec les aménagements réalisés depuis un an, un petit coin « pause pipi » serait le bienvenu…Je ne vous mets pas de nouvelles photographies de la passerelle des Rocs, le puzzle continue à s’assembler doucement au sol…

Poitiers, novembre 2012, 05, arrêt de bus à la ZUP, danger pour les piétons

En revanche, pour les piétons, le marché de la ZUP du dimanche (photographies prises dimanche dernier, 11 novembre 2012, mais c’est ainsi depuis plusieurs semaines) est un vrai danger pour ceux qui y viennent (nombreux) en bus. Il n’y a aucun passage laissé libre de chaque côté de l’arrêt de bus, les marchands ne laissent pas le moindre espace pour rejoindre les allées… En théorie, il faudrait prendre le trottoir vers l’arrière (puisque devant, il y a des massifs… pas encore fleuris). Mais le trottoir est envahi par les camionnettes des marchands, la seule issue pour les piétons est de passé sur la chaussée jusqu’au passage protégé plus loin (derrière la voiture qu’on aperçoit à droite). cet aménagement est un beau ratage et pas du tout prévu pour les piétons et ceux qui prennent le bus!!!

Poitiers, novembre 2012, 06, borne du marché de la ZUP

Par ailleurs, des bornes ont été posées pour les branchements en eau et en électricité… Ce qui fait qu’il y a des câbles qui trainent partout, et à chaque fois, j’y vois des personnes âgées, qui ont parfois du mal à lever les pieds, trébucher…

Poitiers, novembre 2012, 07, voitures sur les trottoirs en ville Retour en centre-ville, toujours dimanche dernier, mais c’était la même chose les dimanches précédents et quasiment tous les soirs en semaine depuis que les bistrots ont rangé leurs terrasses. Rue Carnot, le trottoir est devenu un vaste parking, sans aucun PV en vue le dimanche (j’en ai vu quelques-uns en semaine)… Il y avait pourtant des places au parking juste en face, à 50 centimes la demi-journée le dimanche ou après 19h en semaine… Quant à la rue du Petit-Bonneveau, avant cœur d’agglomération, cœur de pagaille, il y avait d’étroits trottoirs, du stationnement et la chaussée, mais les piétons pouvaient passer sur les trottoirs… Maintenant, il y a de larges trottoirs qui servent de parking et une chaussée qui sert… de trottoir! Place Lepetit, la fontaine devant le palais de justice fait fonction de laverie automatique presque chaque soit et chaque dimanche, sans compter le lavage des voitures de police et de gendarmerie en semaine!

Quant aux autres points noirs de stationnement sauvages que je vous ai montrés ces derniers mois, ils existent toujours… Est-il possible de faire quelque chose, mesdames et messieurs les élus, pour que les piétons (dont je suis en permanence, je n’ai pas de voiture) trouvent en sécurité la place qui leur était promise avec Cœur d’agglo??? Que fait la police pour faire respecter les trottoirs, les passages protégés, etc. ?

Pour revoir des voitures garées n’importe où, voir le stationnement anarchique, ou encore là (avec un bilan sur plusieurs autres points), ou l’effet du printemps 2012

Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux

Couverture de Dieu n'est même pas mort de Samuel Doux

pioche-en-bib.jpgC’est Grégory Vouhé qui m’a fait découvrir ce livre emprunté à la médiathèque.

Le livre : Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux, éditions Julliard, 2012, 290 pages, ISBN 9782260020363.

L’histoire : plusieurs histoires qui se croisent, celles de Elias Oberer, de nos jours (enfin, en 2010) à Poitiers, Moshe Hershel à Radom en Pologne en 1910 puis à Poitiers en 1942, Paul Serré en 1938 à Morteau puis en 1943 à Paris et à Limoges en 1976, Emmanuelle Serré en 1957 à Poitiers puis en 1968 à Châtellerault… Elias arrive de Paris à Poitiers pour l’enterrement de sa grand-mère, qui s’est suicidée le jour de Yom Kippour. Sa mère, Emmanuelle Serré, y est morte d’un cancer il y a des années, son grand-père il y a quelques mois. Sa cousine Béatrice l’attendait sur place, mais à son départ, il ne connaît pas la manière dont sa grand-mère a mis fin à ses jours. Son oncle, Dominique, viendra-t-il à l’enterrement de sa mère? Alors qu’Elias part à la recherche à travers la maison d’une bague de famille, chargée de l’histoire de cette famille depuis les pogroms de Pologne jusqu’aux rafles de la seconde guerre mondiale. Trois jours à attendre l’incinération puis, le lendemain, l’enterrement des cendres, au milieu des fantômes dans une ville qu’il n’aime pas…

Mon avis : Elias n’aime pas sa « ville natale, beige et gris, pleine d’ennui et de lourdeur, construite sur une colline faite pour dominer et qui pourtant s’enfonce dans l’éternité » (p. 37)… L’auteur non plus ne doit pas aimer la ville, y est-il seulement venu pour y avoir vu la Vienne? Au moins, il est cohérent, c’est toujours de la Vienne et non du Clain qu’il parle (p. 147, 182, 183, 222)… un éditeur qui se respecte aurait dû corriger, ainsi que quelques coquilles (au moins pages 37, 182) et quelques autres incohérences, si l’on veut ancrer un récit dans la réalité, alors il faut vérifier celle-ci, le crématorium de Poitiers n’est pas coincé entre un Bricorama et un Picard surgelé (page 185), il n’est pas loin d’une zone commerciale, mais encore entouré de verdure (ça risque de ne pas durer…)… Et la procédure d’une succession ne permet pas à un petit-fils (ni à personne) d’aller clôturer les comptes de sa défunte grand-mère à la banque… Si l’on passe outre ces détails agaçants, la construction du roman qui alterne les chapitres placés aujourd’hui et l’histoire de la famille sur quatre générations est assez intéressante. Une petite généalogie en annexe aurait aidé à s’y repérer parfois, mais les têtes de chapitre claires permettent de se repérer dans l’espace (en Pologne, à Limoges, à Paris, à Poitiers…) et dans le temps (de 1910 à 2010). L’histoire d’une famille juive, mais aussi des histoires de maladie (le grand-père et la mère d’Elias morts du cancer), maladies qui expliquent mieux la haine du jeune homme envers sa grand-mère que l’histoire familiale.

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Mémoire individuelle (Boris Cyrulnik) et mémoire collective (camp de la Chauvinerie à Poitiers)

Couverture de Sauve-toi, la vie t'appelle de Boris Cyrulnik

Un livre lu chez mon père lors de mon dernier séjour.

Le livre : Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik, éditions Odile Jacob, 2012, 291 pages, ISBN 9782738128621.

L’histoire : Bordeaux, 1944. Boris Cyrulnik est né en juillet 1937. Le 9 janvier 1944, il est arrêté dans une rafle de juifs à Bordeaux. Il était alors caché chez une institutrice, Marguerite Farge. Il se rappelle sa mère, qui l’a placé dans une pension pour tenter de ses sauver, de son père, engagé volontaire dans la légion étrangère, blessé, arrêté comme juif, à qui il a pu rendre visite dans un camp (en 1942?) avant sa déportation. Après la rafle, les juifs ont été rassemblés dans la synagogue, le jeune Boris réussi à se cacher dans les toilettes puis à s’échapper grâce à la bienveillance d’une infirmière sous les jupes d’une femme mourante, commence alors la vie d’un enfant caché sous le nom de Jean Laborde jusqu’à la fin de la guerre. Après guerre, il est contraint au silence et au secret, personne ne le croît… Ce n’est que bien plus tard, à l’occasion de conférences, d’émissions de télévision, qu’il est contacté par d’autres protagonistes de ses jours sombres et peut confronter ses souvenirs à la réalité, la reconstruction de la mémoire, les occasions perdues d’avoir d’autres informations, le procès Papon…

Mon avis : en tant que psychiatre, Boris Cyrulnik a théorisé et expliqué la résilience, cette capacité des traumatisés à vivre avec leur passé, quitte à recomposer la réalité pour qu’elle soit vivable. S’il a plusieurs fois parlé ces dernières années de son propre passé, c’est la première fois que l’auteur raconte sa propre histoire en l’analysant, en confrontant ses souvenirs à la réalité, en racontant la longue phase d’enterrement des souvenirs (insoutenables pour ceux à qui il a tenté de raconter), puis leur lente remise au jour et confrontation à la réalité qui se révèle au fil des rencontres. Les grandes lignes n’ont pas changé, mais les détails, si, ainsi, l’infirmière qui l’a cachée n’était pas blonde mais brune, etc. Reste une incertitude pour lui, dans ses souvenirs, il se voit beaucoup plus petit (3/4 ans) qu’il n’était en réalité (6 ans). Ayant raté une rencontre avec une personne qui aurait pu l’éclairer sur ce mystère, celui-ci restera entier… Mais avant la rafle de janvier 1944 dans laquelle il a été arrêté, il y en a eu bien d’autres à Bordeaux, notamment en 1942, celles-ci se sont-elles superposées dans sa mémoire à celle de 1944? Un texte très intéressant, ici sur la mémoire individuelle, mais il faudrait aussi s’interroger sur la mémoire collective.

Au sujet de la mémoire collective, à Poitiers, quel processus a abouti à l’oubli quasi total du camp de la Chauvinerie, près de la caserne Ladmirault? Ici, on parle du camp de la route de Limoges, mais jusqu’à récemment (fouilles archéologiques préalables à la zone des Montgorges), pas du Frontstalag 230 (camp d’internement allemand), où fut interné Léopold Sédar Senghor et qui est devenu, en 1945, un camp d’internement de prisonniers allemands où des centaines d’entre eux, parmi lesquels 100% des enfants, sont morts, une partie lors du transfert, puis suite à l’accaparement des vivres par les responsables du camp : voir en 2002 l’article de Loïc Rondeau, Prisonniers et civils allemands dans la Vienne (1945-1948) (Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 109, n° 4, 2002, p. 217-227), un article publié en 2005 de Denis Peschanski intitulé Morbidité et mortalité dans la France des camps (paru dans « Morts d’inanition ». Famine et exclusions en France sous l’Occupation, Isabelle von Bueltzingsloewen (dir.), Rennes, PUR, 2005, p. 201-212), et les études encore inédites suite aux fouilles de 2008 (compte rendu au cours d’une conférence lors des journées du patrimoine 2012, mais toujours pas de publication)… Comment toute une ville, y compris les associations d’anciens combattants (il ne figure pas dans la liste des camps d’internement de la Vienne édité par l’office national des anciens combattants, peut-elle avoir oublié voire nié l’existence de ce camp???

Alors qu’un camp de prisonniers allemands a fait l’objet d’une vraie fouille donnant de nombreuses informations en Normandie en 2006 (camp de la Glacerie à La Motterie), le camp de la Chauvinerie à Poitiers a été livré aux constructeurs sans prescription de fouilles après les sondages de diagnostic… un nouveau quartier est en train de voir le jour, et pour l’instant, pas même un panneau n’est prévu pour rappeler le passé à jamais détruit de ce site… Les historiens (poussés ici par les archéologues) s’exprimeront-ils enfin dans une revue spécialisée ou une revue grand public sur le sujet? Au moins, les Archives départementales ont mis en ligne un inventaire des sources disponibles… [PS la mise en ligne de cet article est parue une grosse synthèse de Véronique Rochais-Cheminée, Sonia Leconte et Jean Hiernard, Des camps oubliés de la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, 2014, p. 7-87].

Sur des sujets voisins, voir:

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

La rafle de Roselyne Bosch,

Logo rentrée littéraire 2012

Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Raccommodage et remailleuses… Publicité ancienne et exposition à Civaux

Publicité des Cahiers de l'ouest en 1956 pour des chaussettes inusables... En cherchant un article très sérieux dans les Cahiers de l’ouest, n° 14, novembre 1956 (une revue de poésie et de recueil ethnographique), un collègue (oui, un…) a pensé à nous… avec cette publicité pour les chaussettes Stemm, distribuées par Pingouin… « plus jamais de raccommodages »…

la nécropole mérovingienne de Civaux C’était donc la ruine pour les remailleuses professionnelles, auxquelles le musée de Civaux (à l’ombre de ma centrale nucléaire préférée, et juste en face du site antique, de l’église avec un bel ensemble de sculptures romanes et non loin de de la nécropole mérovingienne) consacre une exposition jusqu’au 18 novembre 2012, avec une démonstration de leur savoir-faire ce jour-là de 16h à 18h par Paulette Bernard, l’une de ces travailleuses à domicile, qui rattrapaient pour ces belles de toute la France les mailles filées des bas en soie… Voir les informations pratiques

Remailleuse Passez donc aussi voir chez Emmanuelle / le Marquoir d’Élise, elle a retrouvé dans son grenier magique une repriseuse à découvrir ici… ou clic sur la vignette!

Le plafond peint par Bin dans la salle du blason (hôtel de ville de Poitiers)

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 1, vue générale Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de l’hôtel de ville de Poitiers… avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Ernest Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain… Si la construction l’hôtel de ville est achevée en 1875, la réalisation du décor intérieur va encore prendre plusieurs années.

Aujourd’hui, direction la salle du Blason au premier étage. Il s’agit de l’ancienne salle du Conseil municipal.. et il faut lever la tête vers le plafond. Il se compose de trois éléments, au centre, la ville de Poitiers encadrée par plusieurs allégories, et de part et d’autre, le Clain vers l’est et la Boivre vers l’ouest, position également de ces rivières par rapport au « plateau » du centre ville.

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 3, signature Eugène Bin 1883 Le panneau central porte la signature de [Jean Baptiste Philippe] Émile Bin (Paris, 1825 – Marly-la-Ville, 1897) : « E. BIN 1883 ». Les œuvres ont été présentées hors concours aux salons de la Société des artistes français de 1881 et 1882, vous pouvez les découvrir dans les albums photographiques par G. Michelez (clic sur les liens pour voir ces photographies dans la base de données des archives nationales, où ils sont conservés sous les cotes F/21/*7651 pour 1881 et F/21/*7652 pour 1882):

La rivière le Clain en 1881 sous le n° 196

La rivière la Boivre en 1881 sous le n° 197

Plafond destiné à l’hôtel de ville de Poitiers en 1882 sous le n° 259

Dans le même album se trouve, sous le n° 2091, le Triomphe de l’Hyménée, « plafond pour la salle des mariages de l’hôtel de ville de Poitiers », présenté hors concours, commandé par l’État, par Léon Perrault (revoir son portrait et sa maison natale dans cet article), mais je vous en reparlerai une autre fois…comme du plafond de la salle des fêtes par Jean Brunet.

Émile Bin n’est sans doute pas inconnu des préhistoriens (certains sont des lecteurs assidus de mon blog), qui ne connaissent peut-être pas le nom de l’artiste mais au moins l’une de ses œuvres, le portrait de Gabriel de Mortillet (Meylan, 1821 – Saint-Germain-en-Laye, 1898) exposé au salon de 1884 sous le n° 227 et offert à celui-ci par la Société d’anthropologie de Paris (voir l’Éloge de Gabriel de Mortillet dans les Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, V° Série, tome 2, 1901, p. 563).

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 2, partie centrale
Revenons au sujet du jour… et aux peintures très académiques d’Émile Bin. La ville de Poitiers, au centre, sous les traits d’une femme, est encadrée par les allégories de la justice et de la force, accompagnées par le travail (avec les ailes et la grosse masse), surmontées de la paix avec ses rameaux et avec, en bas, la charité devant une dame et ses enfants.

Désolée, le jour où j’ai pris ces photographies, ce n’était pas prévu et je n’avais pas de pied photo…

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 5, détail de la partie centrale … j’avais quand même pris tant bien que mal un détail de la paix…

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 4, allégorie de Poitiers au centre … et de Poitiers encadrée de la justice (avec la balance), et de la force (avec les faisceaux de licteur).

 

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 6, la Boivre en haut et le Clain en bas

La Boivre (en haut) et le Clain (en bas) sont représentés dans les panneaux latéraux, à moitié allongés, nus, la main ou le bras en appui sur un vase symbolisant classiquement la rivière, dans un décor de plantes de marécages.

Pas de doute, ces représentations très classiques n’ont rien à voir avec ce que présentaient la même année les artistes du salon des refusés, Pissaro (Jeune paysanne prenant son café en 1881), Manet (Le Bar des Folies Bergère, seconde médaille en 1881), etc.

Vous pouvez voir chez moi aussi ces rivières avec:

– une ballade au bord de la Boivre

– le Clain , la passerelle aux abords du moulin de Chasseigne, la nouvelle passerelle de Montbernage, dans le parc naturel urbain entre Saint-Benoît à Poitiers, en crue hier (février 1904) et aujourd’hui (décembre 2010), en décembre 2011, en mai 2012 ou avec une alerte à la sécheresse (printemps 2011) et presque à sec (21 juin 2011)…

Pour en savoir plus :

– Hôtels de ville de Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen et Geneviève Renaud-Romieux, Collection Itinéraires du patrimoine, n° 208, édition et diffusion C.P.P.P.C. (Connaissance et Promotion du Patrimoine en Poitou-Charentes), 1999, ISBN : 2-905764-19-8.

– Anne Benéteau-Péan, Grégory Vouhé, Un Louvre pour Poitiers, catalogue d’exposition du Musée Sainte-Croix, 2011.

Château d’eau et monument aux morts à Châtellerault

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 02, vue générale En visitant l’autre jour l’intérieur du château d’eau de Blossac, à Poitiers, je me suis souvenue que je ne vous ai jamais montré un château d’eau de la même conception, de grandes cuves à même le sol, sur un point plutôt haut de la ville, à Châtellerault, dans le jardin public square Gambetta, près de l’avenue Schumann, sur l’allée du Souvenir-Français. Il faut dans un premier temps que vous fassiez abstraction de la colonne avec sa statue au sommet et de la statue située un peu en avant…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 03, inauguration du château d'eau Le château d’eau a été construit un peu avant celui de Poitiers, ainsi qu’en atteste l’inscription au milieu du grand mur de façade :  » En l’année 1868 sous le règne de Napoléon III empereur des Français / Alexandre Rivière, chevalier de la légion d’honneur et maire de Châtellerault / a fait installer en vertu des délibérations du conseil municipal / cette distribution d’eau dont les travaux ont été réalisés par MMrs Coudère, Prévignault, Sichère et Bollée / sous la direction de M. Carmejeanne, architecte de la ville « .

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 04, château d'eau Voici quatre vues de la partie « château d’eau » de cet ensemble, avec au sommet un périmètre de protection sur lequel sont installées des ruches.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 01, carte postale ancienne Au sommet de ce monument a été ajouté en 1890 une grande colonne encadrée de deux lions en bronze et surmontée d’une Liberté de Gustave Michel, œuvre de série fondue par Louis Gasne et dont on trouve, à Jonzac, une version dans une mise en scène très différente (1894, voir ici le monument du centenaire de la Révolution à Jonzac).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 06, la Révolution

Il s’agit d’un monument érigé pour le centenaire de la fête de la fédération qui, le 14 juillet 1790, a célébré le premier anniversaire de la chute de la Bastille. Une fête pleine d’enthousiasme de la Révolution… juste avant le déchaînement de la Terreur. La colonne porte en son centre l’inscription « A la gloire de la Révolution française », surmontée des armoiries de la ville de Châtellerault. Tout autour de la colonne sont inscrites des dates et des devises (certaines illisibles, puisqu’il est impossible de faire le tour à l’arrière de la statue, en raison du périmètre de protection du château d’eau), mais on peut au moins lire « Égalité / 5 mai/ 14 juin/ 20 juin/ 4 août », dates qui correspondent aux événements suivants:

5 mai 1789 : ouverture de la réunion des États-Généraux au château de Versailles

14 juin 1789 : l’abbé Grégoire quitte les bancs du clergé et va rejoindre le Tiers État

20 juin 1789 : serment du jeu de paume par les députés de l’Assemblée nationale

4 août 1789 : abolition des privilèges.

Sur le socle en dessous de la colonne sont portés les noms de grands révolutionnaires, là encore, impossible de faire le tour, mais je pense avoir réussi à tous les reconstituer :  » La Fayette/ Desmoulins / Brissot / Sieyes/ Pétion/ Grégoire/ Danton/ Bailly / Mirabeau / Condorcet « . Vous pouvez en découvrir les exploits très résumés par exemple ici. Tiens, cela me rappelle ma première « colle » d’histoire moderne et contemporaine de classe préparatoire à l’école des Chartes, deux semaines pour tout savoir sur les années 1789-1791!

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 07, la Révolution, 4 vues La Liberté est coiffée d’un bonnet phrygien recouvert par une couronne végétale. Vêtue à l’antique, elle porte une épée courte dans un baudrier (qui au passage lui met en valeur les seins…), elle tient au sol de la main droite les tables de la Loi (la Constitution) et de la gauche un flambeau, soit une position inversée par rapport à la statue de la Liberté (la Liberté éclairant le monde) de Frédéric Bartholdi. Comme cette dernière, elle foule des pieds des chaînes brisées. Au dos de la colonne se trouve la dédicace, qu’il n’est pas possible de lire en entier sans entrer sur le château d’eau, j’ai seulement pu lire, entre les branches du cèdre : « République française / Ce monument a été érigé en l’an 1890 / Carnot président de la République/ M. Cleiftie préfet / M. Denoël sous-préfet/ Duvau maire/ et J.C. Duh… adjoints/ la statue … / et … « . Pour un récit de cette inauguration et les discours, voir Le Mémorial du Poitou, 40e année, n° 58, samedi 19 juillet 1890, qui donne même les paroles (de Camille Dehogues père) et la musique (de Camille Dehogues fils) d’une « Cantate dédiée à Monsieur le maire de Châtellerault à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif de la Révolution française […] exécutée par l’orphéon et l’harmonie de Châtellerault […] à la suite de deux répétitions seulement »!
Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 08, lion

Les lions (oui, Grégory préfère dire des tigres, mais la commande et la description de l’inauguration parlent de « lions millésimés 1789 et 1889 ») assis gardent bien le monument…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 05, de profil Mais quand on arrive aujourd’hui devant le monument, il y a encore un troisième élément remarquable, le monument aux morts de 1914-1918 érigé en 1926…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 09, monument 1914-1918 Il s’agit d’un soldat vêtu à l’antique portant dans sa main droite une petite Victoire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 10, signature Aimé Octobre

Il porte la signature « Octobre Aimé 1926 ». Je vous ai déjà parlé de Aimé Octobre, grand prix de Rome en 1893, pour la grande poste (1913) et le monument aux morts (1925) de Poitiers ainsi que pour le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926), sa commune natale, dont la Victoire est un modèle agrandi de la petite victoire portée par le soldat de Châtellerault. Il avait déjà réalisé en 1903 le monument aux morts de 1870 de l’arrondissement de Châtellerault, situé à quelques centaines de mètres (je vous le montrerai très bientôt).

Un modèle en plâtre du monument de 1914-1918 a été présenté au Salon de 1926 sous le n° 3588 et un tirage en bronze exposée au Salon de 1927 sous le n° 3435. Un élément de plâtre pour ce modèle, daté 1926, a été donné par son fils Daniel Octobre en 1944 au musée Sainte-Croix de Poitiers où il est conservé.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 11, marque de Rudier

Il porte au dos la marque du fondeur « Alexis Rudier / fondeur Paris », également une « vieille connaissance » de mes fidèles lecteurs… (voir les monuments aux morts de La Rochelle et Angers, Héraklès archer à Toulouse, la statue du maréchal Joffre à Paris).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 12, dédicace Sur le socle en pierre, sous la statue en bronze se trouve une très touchante dédicace :

 » Ce monument a été consacré / par la / ville de Châtellerault / à l’impérissable souvenir / du dévouement sublime de ses enfants / héroïques serviteurs de la Patrie / pendant la grande tourmente « . Il a été inauguré le 14 juillet 1927.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 13, soldat

Voici deux vues du groupe sculpté en bronze… Vous trouvez que la Victoire a une drôle d’allure? Et oui, elle a été victime de vandalisme, vous le verrez mieux sur une autre vue. Elle était intacte en 2008, voir dans ce dossier documentaire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 14, tête du soldat Le soldat a un visage inexpressif, comme beaucoup de statues d’empereurs romains, il est coiffé à l’antique…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 15, soldat de face et de dos

Il est drapé dans une toge qui lui laisse les jambes et l’épaule droite nues. Il tient dans la main gauche une épée et des feuilles de chêne.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 16, la Victoire aux ailes cassées

La Victoire est une stricte réplique miniature de celle du monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin, vêtue d’une longue robe, nu-tête, coiffée d’un chignon. De dos, on voit bien la fracture de son aile gauche… La ville de Châtellerault va-t-elle la faire restaurer correctement???

Photographies prises en août 2012.

Pour aller plus loin : voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, édité dans la collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008 (ISBN 978-2-84561-483-3) .

Et cet article paru depuis : Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 106 (automne 2014) : De la femme éplorée à la Victoire, p. 24.