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La République de Peynot à Lyon

La République de Peynot à Lyon, deux vues de faceDes milliers de gens sont morts au nom de l’idéal de la République, en France et ailleurs dans le monde… Autant sont morts pour le droit de vote pour tous (enfin… pour ces messieurs, mais ces dames ont pardonné, même s’il ne leur a été accordé que depuis 1945). Alors, si vous n’avez pas voté dimanche dernier et qu’il y a un deuxième tour cette semaine dans votre commune, allez voter et faites voter autour de vous! Même si c’est pour voter blanc et que le vote blanc n’est pas encore pris en compte, exprimez-vous! 48% d’abstention dimanche dernier à Poitiers, c’est trop, même si vous ne voulez plus de « super cumulard » (chut, pas de nom, trêve électorale oblige), vous avez le choix entre 4 listes, plus le vote blanc et le vote nul si vous souhaitez protester!

Donc pour illustrer la République, j’ai choisi aujourd’hui une allégorie de la République (« A la gloire de la République 1889 ») à Lyon place Carnot (qui a pris ce nom en 1889, elle s’est appelée successivement place des Victoires sous Napoléon Ier,  place Louis XVI, puis Louis XVIII, brièvement de la Liberté lors de la Révolution de 1848, puis de la République lors de la brève deuxième République, de Napoléon sous Napoléon III, puis place Perrache). Il s’agit de Lazare Carnot, décédé en 1888. Le monument à la République a été érigé pour le centenaire de la Révolution, en 1889 (un an avant la République/monument au centenaire de la fête de la Fédération de Châtellerault), avec un monument inachevé (maquette en plâtre patiné). Il n’a été inauguré qu’en 1894 avec la mise en place de la statue en bronze à l’occasion de l’exposition universelle, internationale et coloniale de Lyon. Sadi Carnot, venu pour cet événement, est assassiné le 24 juin par l’anarchiste italien Sante Caserio (mais c’est une autre histoire dont j’aurai l’occasion de vous reparler).

La République de Peynot à Lyon, signature de PeynotLe monument se compose aujourd’hui d’un haut socle en pierre au sommet duquel est dressée une République en bronze qui porte la signature « E. Peynot sculp. 1889 », pour Émile (Edmond) Peynot (Villeneuve-sur-Yonne, 1850 – 1932), grand prix de Rome en 1880. Il a présenté le modèle en plâtre lors du salon des artistes français de 1888 sous le numéro 4525. L’ensemble du monument a été dessiné par l’architecte Victor Auguste Blavette (Brains-sur-Gée, 1850 – Paris, 1933) deuxième second (sic!) grand prix de Rome de sculpture en 1878 puis premier grand prix de Rome de sculpture en 1879 (il faudra que je vous en reparle pour le monument aux morts de Cognac…).

La République de Peynot à Lyon, carte postale ancienne, au milieu des tramwaysA l’origine et jusqu’en 1975 (construction du métro qui a entraîné un réaménagement de la place), elle était accompagnée à sa base d’une allégorie de La ville de Lyon, en pierre, désormais installée plus loin sur la place, et de groupes sculptés avec les allégories de la Liberté, de l’Égalité de de la Fraternité, déplacées dans le parc Bazin (je n’avais pas eu le temps d’y aller lors de ce séjour à Lyon). Sur cette carte postale ancienne, elle semble un peu perdue au milieu des tramways malgré ses dimensions imposantes (7,5m de haut pour la statue, le double pour le socle)…

La République de Peynot à Lyon, carte postale ancienne colorisée, la statie de dos avec la gare de Perrache au fondSon aménagement a changé au fil du temps, sur cette vue colorisée avec au fond la gare de Perrache (la statue du sommet est de dos), les éléments de la base ont été enlevés et un basin a été aménagé à son pied.

La République de Peynot à Lyon, deux vues, de face et de profil Revenons à la République… Elle se dresse debout bien droite, avec un lion assis à sa droite, avec la queue qui s’enroule derrière elle et réapparaît à côté de son côté gauche. Elle lui flatte la tête (même pas peur!) de la main droite et brandit un rameau de la main gauche.

La République de Peynot à Lyon, détail du buste de la RépubliqueElle concentre les symboles, coiffée du bonnet phrygien, une étoile à cinq branches sur la ceinture.

La République de Peynot à Lyon, détail du lionOuh! Le lion ne semble pas si commode que ça…

La République de Peynot à Lyon, , détail des reliefs sur le socleD’autres symboles républicains sont sculptés au sommet du socle, bonnet phrygien à la cocarde sur des cornes d’abondance, coq dressé sur des serpents et (pas trop visible sur ma photographie), symboles de la ville de Lyon.

Photographies du 9 avril 2012.

Un doudou lion

Un doudou lionPour changer du tricot, comme je ne m’en étais pas trop mal tirée avec les matryochky et les sapins, j’ai voulu faire un peu de couture, essentiellement à la machine (sauf la fermeture des coutures après rembourrage), pas parfait, avec ma vue, mais ce n’est pas si mal… Modèle de lion tiré de Il était une fois, par Melly and Me, aux éditions de Saxe (2011). J’ai choisi un tissu Vichy marron clair comme dans le modèle (j’en avais en stock dans mon meuble en carton pour le rangement des tissus), un tissu orange foncé pour la crinière, une chute de toile cirée rouge pour le nez et le ventre et une chute de toile simili cuir marron foncé pour les yeux… J’ai gardé le modèle, mais pas mis la frange sur le front, et un peu changé le processus d’assemblage : je n’ai pas coupé le tissu pour mettre la bourre mais laissé une fenêtre, pas mis le bout de la queue comme la crinière, parce que ça aurait demandé une précision dont je ne suis pas encore capable, j’ai aussi cousu le centre du ventre et le nez avant assemblage respectivement du corps et de la tête, avec de la colle à tissu et un point de feston. J’ai aussi bourré le tout légèrement, alors qu’il était conseillé de bourré « fermement », je trouve que c’est plus agréable ainsi pour un bébé… Il mesure 28 cm de haut.

Revoir de vieux articles

Une trousse d'été pour moi, la face avec le SAL mystère d'HélèneAvec une toile cirée rouge

La sculpture du palais de justice de Châtellerault

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne avec l'hôtel de ville au premier planA Châtellerault, après une histoire mouvementée (voir lien à la fin de l’article), le palais de justice est reconstruit à partir de 1842/1844 à son emplacement actuel qui correspond à une partie de l’ancien couvent des Minimes, sur les plans de Dulin, architecte du département, juste à côté du théâtre (qui vient juste d’être restauré). L’ensemble comprend l’hôtel de ville, le palais de justice installé dans le corps de bâtiment central, une école, le musée et la bibliothèque. C’est sans doute sur cette carte postale ancienne que l’on voit le mieux l’organisation de l’ensemble.

Palais de justice de Châtellerault, la façade de l'hôtel de villeVoici aujourd’hui (enfin, en 2012) la façade de l’hôtel de ville côté cours de Blossac (à revoir à une extrémité du boulevard le monument aux morts de 1870 et à l’autre bout celui de 1914-1918)…

Palais de justice de Châtellerault, façade du palais de justice…et celle du palais de justice.

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne, façade du palais de justiceVoici la même façade sur une carte postale ancienne.

Palais de justice de Châtellerault, frontonLe fronton a été sculpté par Honoré Hivonnait, qui a aussi réalisé une partie du décor peint du théâtre voisin mais qui est surtout connu dans le département de la Vienne pour ses vitraux et ses peintures religieuses (à voir prochainement sur ce blog le chemin de croix peint de l’église Saint-Jacques de Châtellerault et le décor peint de l’église de Civaux).

Palais de justice de Châtellerault, fronton, détail de la JusticeAu centre du fronton trône une allégorie de la Justice encadrée par la ville et l’art… La Justice, vêtue à l’Antique, cheveux longs nattés et chaussée de sandales, porte ses attributs habituels, un glaive (levé vers le haut) et une balance. Sa tête est cernée de foudres et ses épaules se détachent sur un fond de drapeaux déployés. Une tête de lion est posée à son côté.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie gauche, la ville et ses activitésA gauche (côté hôtel de ville), la Ville avec ses armoiries, assise mais manches retroussées, tient un rouleau de parchemin et des outils liés à la métallurgie, tenailles et massette. La production métallurgique locale, couteaux et baïonnettes (en savoir plus sur la manufacture d’armes de Châtellerault), ainsi qu’une hache, se détachent d’un fond lié à la Vienne (roseaux) qui sépare la ville en deux et avait un intense trafic de bateaux jusqu’à la Loire… l’artiste en a représenté deux avec leurs mâts entre la tête de la ville et les baïonnettes.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie droite, l'art et ses attributsA droite (côté musée), l’art est assise la tête penchée en avant, un papier posé sur les genoux avec à ses côtés tout ce qui lui est utile (palette, équerre, compas, lyre, tambour, globe terrestre etc.).

Pour en savoir plus : voir l’article d’Alexandra Enault, Le Palais de justice de Châtellerault au XIXe siècle, CCHA / Centre Châtelleraudais Histoire Archives), 2001, n° 2, p. 130-141.

Photographies d’août 2012.

Le lion de Belfort de Bartholdi place Denfert-Rochereau à Paris

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, vue généraleA Belfort, un énorme (22m de long sur 11m de haut) lion en grès réalisé par Auguste Bartholdi commémore la résistance héroïque menée par le colonel Pierre [Marie] Philippe [Aristide] Denfert-Rochereau (Saint-Maixent-l’École, 1823 – Versailles, 1878) lors de la guerre de 1870, la ville ayant résisté 104 jours (du 3 novembre 1870 au 18 février 1871) au siège des Prussiens. La sculpture a été commandée dès 1872, la réalisation commencée en 1875, terminée en 1879, et non inaugurée à l’époque… La maquette au tiers, en plâtre, a été présentée hors concours au salon des artistes français de 1878 sous le n° 4030 puis un modèle en cuivre martelé présenté au salon de 1880 sous le n° 7238 (d’après la fiche du musée d’Orsay à Paris… non trouvé dans le catalogue du salon des artistes français de 1880), et un bas-relief a également été réalisé, conservé au musée d’Orsay à Paris. C’est le modèle en cuivre martelé de 1880, réalisé par Mesureur Monduit, qui a été acquis par la ville de Paris et domine la place Denfert-Rochereau à Paris (et une autre réplique se trouve à Montréal, square Dorchester). Gare aux voitures pour prendre les photographies…

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, la signature de BartholdiElle porte la signature « A Bartholdi Sc-it » (Auguste Bartholdi m’a sculptée). Elle a été inaugurée le 21 septembre 1880. Du même artiste, vous pouvez (re)voir sur mon blog la statue de Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier, la fontaine Bartholdi à Lyon, la statue du sergent Hoff au cimetière du Père Lachaise à Paris, les copies de La Liberté éclairant le monde à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt. Pour la signature de Mesureur Monduit, sur la petite face à l’arrière, il faudra que je repasse à un moment avec moins de véhicules…

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, vue presque de faceLa réplique mesure donc 7 m de long sur 4 m de haut et est dédié « à la / défense nationale / 1870-1871 ».

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, le côté gaucheLe lion est majestueusement allongé sur son socle… et cerné par les voitures!

Paris, copie du lion de Belfort place Denfert-Rochereau, le médaillon de Denfert-RochereauSur la face avant, un médaillon en bronze représentant le colonel Denfert-Rochereau a été ajouté en 1920. Je n’ai pas trouvé de signature (photo prise d’assez loin en haute définition et retaillée, pas question de s’aventurer au pied du lion!) ni l’auteur de ce médaillon.

A proximité, vous pouvez aussi voir le monument à Ludovic Trarieux par Jean Boucher (et quelques autres monuments à découvrir dans les prochaines semaines).

Photographies de juin 2013.

Louis XIV support publicitaire à Lyon…

Statue équestre de Louis XIV à Lyon avec publicitéLors de mon dernier passage à Lyon, en avril 2012, La grande statue équestre de Louis XIV, place Bellecour, avait été transformée en support publicitaire et la statue du Rhône portait des traces de peinture verte, restes d’un acte de vandalisme… Cette statue équestre a remplacé la statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins, détruite (abattue et fondue) pendant la Révolution (pour ce monument, voir pour aller plus loin en fin d’article). Elle est néanmoins connue par des réductions (tirages à plus petite échelle). Les deux allégories du Rhône et de la Saône, qui se trouvaient de part et d’autre du piédestal, ont été préservées et remises en place sur le nouveau monument.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône, signature de Coustou, La signature se trouve sur la terrasse (le rebord vertical) du Rhône: « Fait et fondu par Guill[au]me  Coustou  Lyonnois 1719 ». Commandées en 1714 aux frères Coustou (la Saône est de Nicolas Coustou), ces allégories du Rhône et de la Saône n’ont été fondues qu’en 1719 et mises en place en 1721, soit bien après la mort de Louis XIV (1er septembre 1715). Mises à l’abri à l’hôtel de ville de Lyon, elles ont été remises à la base du piédestal en 1953.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par CoustouLe Rhône est représenté sous les traits d’un homme barbu quasi nu. Comme beaucoup d’allégories de fleuves ou de rivières, il s’appuie sur un gouvernail dans un décor de plantes aquatiques. Il est à moitié allongé

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, le Rhône par Coustou, détails du lion et du poissonIl s’appuie sur un lion dont la patte avant droite est posée sur un poisson posé sur une profusion de blé et de raisin… Vive l’abondance des récoltes fournies par le fleuve!

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la Saône par CoustouLa Saône est elle aussi presque nue et allongée en appui sur un autre lion.

Statue équestre de Louis XIV, place Bellecour à Lyon, la statue équestre par LemotImpossible d’ignorer l’auteur de la statue équestre… c’est marqué en gros sur les faces avant et arrière du piédestal : « Chef d’oeuvre de Lemot sculpteur Lyonnois ». Il s’agit de la dernière œuvre monumentale réalisée par François Frédéric Lemot (Lyon, 1771 et non 1772 comme souvent indiqué – Paris, 1827, prix de l’Académie royale en 1790) inaugurée le 4 novembre 1826, il faudra que je vous montre un de ces jours le Henri IV qui se trouve devant le Pont-Neuf ou l’un des frontons du Louvre avec Minerve  entourée des muses et de la Victoire à Paris… Louis XIV est ici représenté dans la plus pure tradition des statues équestres… complètement gâchée par cette publicité criarde! Le roi, habillé à l’Antique, monte le cheval à cru et sans étriers…

Photographies d’avril 2012.

Pour aller plus loin : sur le monument détruit, voir Michel Martin, Les monuments équestres de Louis XIV, une grande entreprise de propagande monarchique  et notamment le chapitre 13, La statue équestre de Louis XIV à Lyon par Martin Desjardins (1686-1713), p. 138-156.

Sur Lemot, voir le catalogue de  l’exposition à Gétigné-Clisson, La Garenne-Lemot, 2005, François-Frédéric Lemot (1771-1827) statuaire : des œuvres officielles et leur histoire secrète, Nantes, 2005.

Le fronton du muséum de Nantes

Nantes, le muséum, façade et frontonLe muséum de Nantes accueillait plusieurs expositions dans le cadre du Voyage à Nantes en juillet 2012 (date des photographies de l’article), à revoir ici… En revanche, malgré ses 200 ans fêtés en 2010, l’extérieur et en particulier le beau fronton sculpté n’ont pas eu le droit à un petit nettoyage, il en aurait pourtant grand besoin. Le premier muséum de Nantes (voir sur le site du muséum) a été créé en 1810 dans l’école de Chirurgie de la rue Saint-Léonard. Le bâtiment qu’il occupe encore aujourd’hui, œuvre de l’architecte Gustave Bourgerel, a été inauguré  le 19 août 1875.

Le fronton, sculpté en très haut relief, est l’œuvre de [Louis] Guillaume Grootaërs (Nantes, 1816 – Montaigu, 1882), qui a réalisé une partie de la sculpture du passage Pommeray et est l’un des sculpteurs de la fontaine de la place Royale (invisible sous le mur d’escalade lors de ma visite, mais j’ai pu la photographier en octobre 2012).

Nantes, fronton du muséum, chimère assiseLe fronton est encadré à chaque extrémité des rampants par des tigres ailés assez graciles.

Nantes, le muséum, fronton, partie centrale

Le fronton est dominé par une grande femme debout, allégorie de la Science, encadrée de deux enfants potelés qui la sépare de deux femmes assises, le règne animal et le règne végétal, qui font face à des enfants.

Nantes, le muséum, fronton, allégorie de la scienceLa femme brandit un flambeau : elle symbolise la la Science éclairant le monde entre le règne animal (à gauche, incluant des fossiles), le le règne minéral incarné dans le globe terrestre à droite et le règne végétal sur toute la partie droite.

 

Nantes, le muséum, fronton, partie gauche, le règne animalA gauche, dans un décor de plantes tropicales, un singe, un oiseau et une tête de lion occupent la pointe gauche du fronton.

Nantes, le muséum, fronton, partie gauche, le règne animalDevant, deux enfants debout, légèrement vêtus, l’un armé d’une lance, leur tournent le dos et font face à l’allégorie assise représentant le règne végétal. Entre l’allégorie assise et la science, un chérubin joue avec un grand crâne animal.

Nantes, le muséum, fronton, règne végétal à droiteSur la droite, un autre chérubin semble empêtré dans son vêtement devant le globe terrestre montré du doigt par la Science.

Nantes, le muséum, fronton, règne végétal à droiteL’allégorie assise reçoit une profusion de plantes de deux enfants représentés debout, nus ou presque (le deuxième porte une sorte de pagne et une besace). Un troisième enfant, accroupi sur la droite, coiffé d’un chapeau cloche, manie le burin et le marteau et porte un sac, il pourrait symboliser le géologue… La partie en pointe à droite est occupée par des fleurs et des plantes où se cache au moins une chenille ou un ver.

Photographie de juillet 2012.

Pour aller plus loin : Alain Delaval, La réception des sculpteurs malinois à Nantes au XIXe siècle / Mechelen en de vroeg 19de-eeuwse beeldhouwkunst en architectuur – Acte du colloque : Malines et la sculpture au début du XIXe siècle : entre tradition et innovation, musées communaux de Malines (Belgique), 10-11 mars 2006.

 

Adam et Eve, griffons et lions romans à Notre-Dame de Chauvigny

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 1, la Tentation d'Adam et Eve Après vous avoir montré deux splendides chapiteaux historiés de l’église Saint-Pierre de Chauvigny (avec l’Enfance de Jésus, avec des scènes de l’Apocalypse), en ville haute, et avant de retourner voir cette église, nous descendons aujourd’hui en ville basse, direction l’église Notre-Dame et un petit ensemble de chapiteaux romans situés dans la croisée du transept. Le premier porte la Tentation d’Adam et Ève, représentés assez classiquement pour cette époque, Adam à gauche, Ève à droite et l’arbre avec un serpent enroulé autour du tronc entre eux deux. Vous trouvez la même position sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande et sur un chapiteau du rond-point du chœur de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers, mais pas sur le chapiteau de la nef de l’église Saint-Pierre à Aulnay (Charente-Maritime), pour ne citer que ceux que je vous ai montrés jusqu’à présent.

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 1, la Tentation d'Adam et Eve, deux détails Le serpent tend le fruit à Ève mais Adam et Ève semblent déjà avoir mordu dedans puisqu’ils ont pris conscience de leur nudité : une feuille cache le sexe d’Ève, qui porte sa main gauche sous sa poitrine, et Adam a posé main gauche sur son sexe, sa main droite sur la poitrine. Remarquez qu’ils ont tous les deux les orteils en appui sur le rebord de l’astragale. L’arbre central ne porte pas de feuilles, seulement des fruits au bout des branches. Sur les petites faces du chapiteau, derrière chacun des personnages, se trouvent des arbres bien feuillus (vestiges du jardin d’Eden?).

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 3, griffons affrontés et lions affrontés Les autres chapiteaux romans portent des représentations animales. Sur l’un d’eux, des griffons se font face de part et d’autre d’une coupe, un peu dans la même position que les plus classiques oiseaux à la coupe, dont je vous ai déjà parlé à propos d’un chapiteau de la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers. Sur un autre, des lions se font face, chacun regarde vers l’arrière, avec le corps emmêlé avec un autre lion situé à l’arrière,et une tête unique sur chaque angle. A noter leurs longues crinières, une patte avant levée.

Chauvigny, chapiteaux romans de l'église Notre-Dame, 4, lions affrontés Les lions d’un autre chapiteaux sont représentés dressés, groupés deux par deux, dos à dos, avec une tête unique dans l’angle et des queues tressées entre elles.

Photographies de juillet 2012.

Le monument aux morts de Parthenay (Deux-Sèvres)

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 1, vue de loin Je vous ai déjà montré le monument aux instituteurs morts pour la France, au Marchioux à Parthenay. Ce monument ne concernait que les instituteurs élèves de l’école normale. Je vous emmène cette fois dans le jardin public avenue du Général-de-Gaulle (entre la gare et le centre-ville).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 3, vu de face et de dos Dédié « Aux morts pour la Patrie », il se compose d’un socle en pierre surmonté d’un obélisque massif sur lequel est apposée une plaque en bronze avec un soldat dans un médaillon, auquel une fillette vient apporter un bouquet de fleurs. Il a été inauguré le 26 novembre 1922.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 2, la signature du sculpteur Elie Ottavy

Il porte la signature du sculpteur [Antoine] Élie Ottavy (Lyon, 1887 – Paris, 1951), auteur de monuments aux morts dans toute la France (voir dans l’Aude, de l’un des monuments de Cambrai, etc.), qui avait proposé en 1923 de compléter le monument avec des plaques en bronze, mais ce projet, trop cher, a été rejeté par la commune. L’architecte du monument est E. Bidet (voir un dessin du projet en figure 1 et une description du projet rejeté p. 97 de l’article de Michel Bernier, en référence en bas de cette page).

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 4, la fillette de face et de dos

La fillette est représentée debout, à peu près grandeur nature, un pied légèrement en avant, elle vient se recueillir sur le médaillon représentant son père mort à la guerre. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes dont les deux jupons ne descendent pas plus bas que les genoux, serrée à la taille par une cordelette nouée dans le dos. Elle est coiffée d’une longue tresse retenue par un nœud.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 5, bouquet de fleurs et souliers de la fillette

Elle tient un bouquet de marguerites et de roses au creux de son bras gauche et porte des souliers plats.

Parthenay, le monument aux morts de 1914-1918, 6, détail du médaillon avec le soldat

De sa main droite elle dépose une fleur sur le médaillon où est figuré le portrait de profil de son défunt père, coiffé du casque de Poilu. Le médaillon est encadré de palmes et de branches de chêne, surmontées de rameaux de chêne (symboles de la force) et de laurier (symboles de la victoire) entre lesquels prennent place de matériel du soldat (grenade, ceinturon, gourde, pochette-cartouchière en cuir, fourragères, couteau).

Ces photographies datent de février 2012.

Pour aller plus loin : voir l’article de Michel Bernier, Les monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale en Gâtine, Bulletin de la société historique de Parthenay et du Pays de Gâtine, n° 3, 2007, p. 91-106.

Château d’eau et monument aux morts à Châtellerault

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 02, vue générale En visitant l’autre jour l’intérieur du château d’eau de Blossac, à Poitiers, je me suis souvenue que je ne vous ai jamais montré un château d’eau de la même conception, de grandes cuves à même le sol, sur un point plutôt haut de la ville, à Châtellerault, dans le jardin public square Gambetta, près de l’avenue Schumann, sur l’allée du Souvenir-Français. Il faut dans un premier temps que vous fassiez abstraction de la colonne avec sa statue au sommet et de la statue située un peu en avant…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 03, inauguration du château d'eau Le château d’eau a été construit un peu avant celui de Poitiers, ainsi qu’en atteste l’inscription au milieu du grand mur de façade :  » En l’année 1868 sous le règne de Napoléon III empereur des Français / Alexandre Rivière, chevalier de la légion d’honneur et maire de Châtellerault / a fait installer en vertu des délibérations du conseil municipal / cette distribution d’eau dont les travaux ont été réalisés par MMrs Coudère, Prévignault, Sichère et Bollée / sous la direction de M. Carmejeanne, architecte de la ville « .

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 04, château d'eau Voici quatre vues de la partie « château d’eau » de cet ensemble, avec au sommet un périmètre de protection sur lequel sont installées des ruches.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 01, carte postale ancienne Au sommet de ce monument a été ajouté en 1890 une grande colonne encadrée de deux lions en bronze et surmontée d’une Liberté de Gustave Michel, œuvre de série fondue par Louis Gasne et dont on trouve, à Jonzac, une version dans une mise en scène très différente (1894, voir ici le monument du centenaire de la Révolution à Jonzac).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 06, la Révolution

Il s’agit d’un monument érigé pour le centenaire de la fête de la fédération qui, le 14 juillet 1790, a célébré le premier anniversaire de la chute de la Bastille. Une fête pleine d’enthousiasme de la Révolution… juste avant le déchaînement de la Terreur. La colonne porte en son centre l’inscription « A la gloire de la Révolution française », surmontée des armoiries de la ville de Châtellerault. Tout autour de la colonne sont inscrites des dates et des devises (certaines illisibles, puisqu’il est impossible de faire le tour à l’arrière de la statue, en raison du périmètre de protection du château d’eau), mais on peut au moins lire « Égalité / 5 mai/ 14 juin/ 20 juin/ 4 août », dates qui correspondent aux événements suivants:

5 mai 1789 : ouverture de la réunion des États-Généraux au château de Versailles

14 juin 1789 : l’abbé Grégoire quitte les bancs du clergé et va rejoindre le Tiers État

20 juin 1789 : serment du jeu de paume par les députés de l’Assemblée nationale

4 août 1789 : abolition des privilèges.

Sur le socle en dessous de la colonne sont portés les noms de grands révolutionnaires, là encore, impossible de faire le tour, mais je pense avoir réussi à tous les reconstituer :  » La Fayette/ Desmoulins / Brissot / Sieyes/ Pétion/ Grégoire/ Danton/ Bailly / Mirabeau / Condorcet « . Vous pouvez en découvrir les exploits très résumés par exemple ici. Tiens, cela me rappelle ma première « colle » d’histoire moderne et contemporaine de classe préparatoire à l’école des Chartes, deux semaines pour tout savoir sur les années 1789-1791!

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 07, la Révolution, 4 vues La Liberté est coiffée d’un bonnet phrygien recouvert par une couronne végétale. Vêtue à l’antique, elle porte une épée courte dans un baudrier (qui au passage lui met en valeur les seins…), elle tient au sol de la main droite les tables de la Loi (la Constitution) et de la gauche un flambeau, soit une position inversée par rapport à la statue de la Liberté (la Liberté éclairant le monde) de Frédéric Bartholdi. Comme cette dernière, elle foule des pieds des chaînes brisées. Au dos de la colonne se trouve la dédicace, qu’il n’est pas possible de lire en entier sans entrer sur le château d’eau, j’ai seulement pu lire, entre les branches du cèdre : « République française / Ce monument a été érigé en l’an 1890 / Carnot président de la République/ M. Cleiftie préfet / M. Denoël sous-préfet/ Duvau maire/ et J.C. Duh… adjoints/ la statue … / et … « . Pour un récit de cette inauguration et les discours, voir Le Mémorial du Poitou, 40e année, n° 58, samedi 19 juillet 1890, qui donne même les paroles (de Camille Dehogues père) et la musique (de Camille Dehogues fils) d’une « Cantate dédiée à Monsieur le maire de Châtellerault à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif de la Révolution française […] exécutée par l’orphéon et l’harmonie de Châtellerault […] à la suite de deux répétitions seulement »!
Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 08, lion

Les lions (oui, Grégory préfère dire des tigres, mais la commande et la description de l’inauguration parlent de « lions millésimés 1789 et 1889 ») assis gardent bien le monument…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 05, de profil Mais quand on arrive aujourd’hui devant le monument, il y a encore un troisième élément remarquable, le monument aux morts de 1914-1918 érigé en 1926…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 09, monument 1914-1918 Il s’agit d’un soldat vêtu à l’antique portant dans sa main droite une petite Victoire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 10, signature Aimé Octobre

Il porte la signature « Octobre Aimé 1926 ». Je vous ai déjà parlé de Aimé Octobre, grand prix de Rome en 1893, pour la grande poste (1913) et le monument aux morts (1925) de Poitiers ainsi que pour le monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin (1926), sa commune natale, dont la Victoire est un modèle agrandi de la petite victoire portée par le soldat de Châtellerault. Il avait déjà réalisé en 1903 le monument aux morts de 1870 de l’arrondissement de Châtellerault, situé à quelques centaines de mètres (je vous le montrerai très bientôt).

Un modèle en plâtre du monument de 1914-1918 a été présenté au Salon de 1926 sous le n° 3588 et un tirage en bronze exposée au Salon de 1927 sous le n° 3435. Un élément de plâtre pour ce modèle, daté 1926, a été donné par son fils Daniel Octobre en 1944 au musée Sainte-Croix de Poitiers où il est conservé.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 11, marque de Rudier

Il porte au dos la marque du fondeur « Alexis Rudier / fondeur Paris », également une « vieille connaissance » de mes fidèles lecteurs… (voir les monuments aux morts de La Rochelle et Angers, Héraklès archer à Toulouse, la statue du maréchal Joffre à Paris).

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 12, dédicace Sur le socle en pierre, sous la statue en bronze se trouve une très touchante dédicace :

 » Ce monument a été consacré / par la / ville de Châtellerault / à l’impérissable souvenir / du dévouement sublime de ses enfants / héroïques serviteurs de la Patrie / pendant la grande tourmente « . Il a été inauguré le 14 juillet 1927.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 13, soldat

Voici deux vues du groupe sculpté en bronze… Vous trouvez que la Victoire a une drôle d’allure? Et oui, elle a été victime de vandalisme, vous le verrez mieux sur une autre vue. Elle était intacte en 2008, voir dans ce dossier documentaire.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 14, tête du soldat Le soldat a un visage inexpressif, comme beaucoup de statues d’empereurs romains, il est coiffé à l’antique…

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 15, soldat de face et de dos

Il est drapé dans une toge qui lui laisse les jambes et l’épaule droite nues. Il tient dans la main gauche une épée et des feuilles de chêne.

Châtellerault, monument à la révolution et aux morts de 1914-1918, 16, la Victoire aux ailes cassées

La Victoire est une stricte réplique miniature de celle du monument aux morts d’Angles-sur-l’Anglin, vêtue d’une longue robe, nu-tête, coiffée d’un chignon. De dos, on voit bien la fracture de son aile gauche… La ville de Châtellerault va-t-elle la faire restaurer correctement???

Photographies prises en août 2012.

Pour aller plus loin : voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen, édité dans la collection des Parcours du patrimoine chez Geste édition, 2008 (ISBN 978-2-84561-483-3) .

Et cet article paru depuis : Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 106 (automne 2014) : De la femme éplorée à la Victoire, p. 24.

Un doudou-lion (5) : terminé

Le doudou lion terminé

Vous l’attendiez… le voici! Après les membres, la tête et le corps et le début de l’assemblage, j’ai terminé le lion jaune et rose avec un modèle tiré de Lions, éléphants, lapins et canards en tissu de Christine Vignal paru chez l’Inédite en 2005, dans lequel j’ai déjà réalisé éléphanteau et sa maman éléphant.

Pas facile de rembourrer la queue, la voici fixée, ainsi que les oreilles.

Le doudou lion terminé, détail de la fabrication de la crinière Pour la crinière, j’ai trouvé la « laine qui va bien » chez Phildar: qualité Beaugency, couleur ambre. Le modèle dit de la fixer sur un ruban, sans plus de précision… J’ai fixé à la main les boucles de laine sur une bande de tissu de 2cm de large, pliée en deux dans le sens de la longueur. Puis, comme les bébés ont tendance à tirer, j’ai repassé la couture à la machine, avant de plier la bande en deux et de refermer la bande à la main sur toute la longueur… puis de la fixer à petits points sur le cou… Il restait à broder les yeux, la bouche et la moustache…