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Mon ami Dahmer, de Derf Backderf

L’auteur de cette bande dessinée, Derf Dahmer, sera en dédicace demain 3 février 2018 chez Bulle d’encre, ma librairie BD préférée à Poitiers.

Article du 1er août 2014 pioche-en-bib.jpgCouverture de Mon ami Dahmer, de Derf BackderfUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Il a reçu le prix Fauve de la révélation au festival d’Angoulême en 2014 et prix du polar SNCF (catégorie BD) 2014.

Le livre: Mon ami Dahmer, de Derf Backderf, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, éditions Çà et là, 2013, 222 pages, ISBN 978-2916207803.

L’histoire: à Richfield, près de Cleveland, dans l’Ohio, aux États-Unis, à partir de 1972. Jeffrey Dahmer et Derf Backderf vivent dans des maisons indiviuelles dans cette banlieue et entrent au collège. Solitaire, Jeffrey Dahmer est moqué par ses camarades. Pour se rendre intéressant, il mime des crises d’épilepsie et les tics du décorateur d’intérieur de sa mère. Cette dernière est dépressive, bientôt les parents, plus préoccupés par leurs relations que par leur fils, divorcent. Jeffrey se réfugie dans la forêt voisine, il est fasciné par les animaux morts, qu’il soumet à diverses expériences pour faire disparaître leur corps. Puis il commence à assassiner les animaux, ne supporte pas son attirance pour les hommes, continue à être ridiculisé au lycée, ses camarades semblent jouer cruellement avec lui…

Mon avis: Jeffrey Dahmer a commis son premier meurtre deux mois après sa sortie du lycée en 1978: il en a commis 16 autres de 1987 à 1991, les dévorant partiellement et devenant le « Cannibale de Milwaukee ». Il est mort assassiné en prison en 1994, condamné alors qu’il était manifestement fou. Journaliste de formation, Derf Backderf, qui l’a fréquenté au collège et au lycée, retrace ces années avec en toile de fond une interrogation: est-ce que ses camarades et surtout les adultes proches auraient pu voir ce qui commençait à se mettre en place dans sa personnalité et éviter qu’il ne bascule? S’il retrace la descente dans la folie de Dahmer, il n’aborde pas en revanche une question: cette folie n’aurait-elle pas dû l’envoyer à l’hôpital psychiatrique plutôt qu’en prison? Mais il arrête son récit avant qu’il ne bascule complètement. L’album en noir et blanc, avec des détails foisonnants à l’encre, rend bien cette ambiance ambigüe (attirance/répulsion) tant chez Dahmer que chez ses « camarades », car malgré le titre, personne n’est ami avec lui. Même si le graphisme des personnages, avec des têtes très « carrées », n’est pas ce que je préfère, il rend bien l’ambiance sombre et le désert affectif autour de Dahmer. Si sa mère se réfugie dans les médicaments et les idées fantasques, lui préfère l’alcool, dont il abuse même avant d’aller en cours, jamais réprimandé par les adultes, profs ou parents des autres élèves. Glaçant, mais à découvrir, plutôt pas avant d’aller se coucher!

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Le Caire confidentiel de Tarik Saleh

Affiche de Le Caire confidentiel de Tarik SalehParmi les films que j’ai vus ces dernières semaines, il y a Le Caire confidentiel de Tarik Saleh.

L’histoire : Le Caire, en janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une chanteuse est retrouvée morte assassinée dans la chambre d’un grand hôtel, Salwa [Mari Malek] une très jeune femme de ménage, émigrée et vulnérable, a vu un homme sortir de la chambre et est vite menacée. L’inspecteur Noureddine Mostefa [Fares Fares] est chargé de l’enquête mais se trouve très vite confronté au général Kamal Mostafa [Yasser Ali Maher], aux services secrets, à la garde rapprochée du président Moubarak et à sa hiérarchie qui fait pression pour qu’il classe cet assassinat en suicide (égorgée, pas facile comme technique de suicide)… d’autant plus qu’explosent les « incidents » (bientôt la Révolution) sur la place Tahir, qui nécessitent la présence de la police.

Mon avis (et je pense aussi celui d’une amie qui était avec moi) : c’est un film sombre, au sens propre du terme, avec beaucoup de scènes tournées dans l’obscurité, ce qui me gêne encore avec mes problèmes visuels (modification de la vision des couleurs, atténuées à gauche notamment). Tous les flics sont corrompus, y compris Noureddine (oups, l’argent qui était dans le portefeuille de la victime est vite subtilisé), sexe, alcool (oui, oui, Égyptiens, musulmans mais amateurs d’alcools forts), drogue (opium), tous les ingrédients d’un polar se retrouvent concentrés. Les communautés d’émigrés sont organisés en groupes qui payent aussi leur tribut. Si j’ai trouvé l’acteur Fares Fares très bon, mais l’histoire est trop sombre (au sens propre comme au sens figuré) à mon goût.

Brunetti entre les lignes, de Donna Leon

Couverture de Brunetti entre les lignes, de Donna LeonPour l’été, j’ai acheté quelques polars en format poche, je commence avec une aventure du commissaire Brunetti à Venise, je vous ai déjà parlé de plusieurs titres lus en français mais aussi en anglais. Je vous ai déjà parlé de L’affaire Paola, Mort à la Fenice, La femme au masque de chair, Requiem pour une cité de verre.

Le livreBrunetti entre les lignes, de Donna Leon, traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann, éditions Calmann-Lévy, 284 pages, ISBN 9782702139950 [lu au format poche, collection Points n° P4486, ISBN 9782757862827].

L’histoire : de nos jours à Venise, un jour de printemps pluvieux. Le commissaire Guido Brunetti reçoit un appel de la directrice de la Dotoressa Fabbiani, directrice de la Bibliotheca Merula, une prestigieuse bibliothèque. Des livres ont disparu de la bibliothèque, elle souhaite une enquête discrète, pour ne pas affoler les donateurs. Elle soupçonne un américain venu récemment, mais il y a aussi ce pilier de bibliothèque, un prêtre défroqué qui vient quotidiennement consulter des ouvrages au point de faire quasiment « partie des meubles »… Par sa belle-famille, le commissaire va entrer en contact avec l’une des donatrices et commencer son enquête.

Mon avis : à chaque polar, l’auteure choisit un thème qui sert de guide à l’intrigue… Cette fois, Dona Leon emmène son lecteur dans le milieu des collectionneurs d’art, des donateurs plus ou moins intéressés et du trafic qui existe pour le commerce des livres anciens et surtout des illustrations, sauvagement arrachées ou découpées des ouvrages, à travers toute l’Europe (sans oublier bien sûr les ruelles et canaux de Venise). Rien de trop sanglant, pas trop de personnages, un thème qui m’a bien plu, je vous recommande ce livre, à emporter pour le lire sur la plage, dans un train, au bord de la piscine ou sur n’importe quel lieu de vacances – ou dans le métro, aux pauses déjeuner, au bureau si vous avez repris 😉 , au parc, bref, là où vous avez un peu de temps pour lire sans vous prendre la tête avec une littérature plus exigeante!

De cette auteure, je vous ai parlé de :

Le coma des mortels de Maxime Chattam

pioche-en-bib.jpgCela fait un moment que je n’ai pas rédigé d’articles dans ma rubrique lecture… J’ai pourtant quelques livres dont je souhaite vous parler, des gros ou des petits, et aussi quelques bandes dessinées. J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Le coma des mortels de Maxime Chattam,  éditions Albin Michel, 2016, 389 pages, ISBN 9782226320780.

L’histoire : à Paris de nos jours. Pierre, la trentaine, a été arrêté… En rentrant chez lui, il a trouvé sa dernière compagne, Constance, assassinée, du sang partout. ET ce n’est pas le premier cadavre trouvé dans son sillages depuis quelques années… Retour en arrière, il cherche un boulot alimentaire pour vivre avec une mystérieuse fille qu’il a rencontrée, Ophélie, le voici ramasseur de la merde des animaux de la ménagerie du jardin des plantes, il se simplifie le travail en droguant les animaux (un peu d’imodium aux pandas, etc.). En arrière plan, le psychiatre qu’il a cessé de voir mais qui le harcèle…

Mon avis : le livre est construit à rebours, après le préambule qui pose la scène du meurtre de Constance, les chapitres sont numérotés de 39 à 1. Je n’avais jamais lu de livres de cet auteur « à succès », comme on dit. J’y ai trouvé pas mal de sexe, de meurtres, de portraits de personnages étranges ou inquiétants, un dîner clandestin au cimetière du Père-Lachaise, un autre dans un grand magasin de nuit, des facilités dans certains personnages, comme le vieil Antoine qui retrouve les objets oubliés par les gens et habite… rue de Padoue (et pour le lecteur qui n’aurait pas compris, il explique le « jeu de mot » 30 ou 40 pages plus loin). Ici ou là apparaissent aussi des idées de lecture, tiens par exemple page 82, je croise à nouveau Chants de Maldoror du comte de Lautréamont, il faut vraiment que j’essaye de me ré-attaquer à ce livre que je n’ai jamais réussi à lire vraiment et qui était au centre de deux spectacles de Scorpène, Réalité non ordinaire et A l’envers,et que j’ai recroisé dans Moi, assassin d’Antonio Altarriba et Keko. Bon, revenons au Coma des mortels, comment dire, s’il y a des passages qui m’ont intéressée, je me suis quand même globalement ennuyée, ai parfois somnolé un peu, bercement des trains aidant (j’ai lu la plus grosse partie entre Poitiers et La Rochelle et retour le week-end dernier, une belle journée où j’ai rencontré Maxime Lemoyne)… mais l’ai quand même terminé, quand j’ai réussi à passer la première centaine de pages (humm… à part Lautréamont, j’ai un autre gros cadavre commencé des dizaines de fois, Ulysse de James Joyce), j’ai du mal à appliquer l’un des droits des lecteurs avancés par Daniel Pennac dans Comme un roman, à savoir abandonner la lecture! Je n’ai même pas passé quelques pages, mais j’en ai lu quelques-unes en diagonale ou en lecture photographique.

Parmi les livres mentionnés au fil des pages, j’ai noté (Maxime Chattam aurait pu mettre plus systématiquement les prénoms des auteurs dans le livre… et ne pas tronquer le titre dans certains cas) :

  • Les chants de Maldoror du comte de Lautréamont
  • Melmoth ou l’homme errant de Charles Robert Maturin
  • L’homme qui rit de Victor Hugo
  • Pourquoi pas de David Nichols
  • D’espoir et de promesse de Françoise Bourdin
  • Crime et châtiment de Fiodor Dostoievki (le relire tous les 5 à 10 ans…)
  • Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien

Treize marches de Kazuaki Takano

pioche-en-bib.jpgCouverture de Treize marches de Kazuaki TakanoJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Treize marches de Kazuaki Takano, traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin, éditions Presses de la Cité, 2016, 362 pages, ISBN 9782258134119.

L’histoire : à Tokyo, au début du XXIe siècle. Shôji Nangô, un gardien de prison qui s’occupe de réinsertion des délinquants et criminels, traumatisé d’avoir participé à deux exécutions capitales, répond à l’annonce d’un avocat qui veut sauver Ryô Kihara, trente-deux ans, dont l’exécution de la peine de mort est imminente. Bien qu’amnésique des faits, il a été condamné pour avoir été retrouvé dix ans plus tôt, ensanglanté, à proximité de la scène du double meurtre de son conseiller en réinsertion et de sa femme. Pour mener à bien son enquête, Shôji Nangô fait libérer en conditionnelle sous sa responsabilité Jun’ichi Mikami, condamné à deux ans de prison pour homicide involontaire et qui, au moment des faits, avait fugué avec son amie de lycée dans la même ville.

Mon avis : avec ce livre, nous entrons dans un monde très différent du nôtre, où le repentir du délinquant – et a fortiori du meurtrier – joue un grand rôle, ainsi que l’indemnisation et le pardon des victimes. Un système avec des libérations conditionnelles et un suivi par des conseillers privés, qui ont le pouvoir de renvoyer pour toujours en prison les personnes qu’ils suivent. L’importance des sceaux – pour authentifier un document, à la place de notre signature – saute aux yeux. Ce roman détaille aussi le processus d’exécution des peines de mort au Japon, sans vraiment la dénoncer clairement, au travers de l’ambiguïté des personnages et de leurs motivations dans cette histoire. Tout se joue sur des symboles : treize marches, celles revenues en flash par le condamné amnésique, mais aussi les treize étapes administratives (avec treize sceaux) à franchir pour exécuter la sentence. Bon, côté polar, je n’ai pas vraiment mordu, mais ce livre m’a éclairé un peu sur la société nippone et ses contradictions face à la justice, à la peine de mort, à la rédemption des coupables, la financiarisation avec des dommages et intérêts exorbitants à payer par le coupable ou sa famille s’il ne peut pas seul. Dommage que certains aspects ne soient pas plus développés, comme le viol dont a été victime une jeune fille, qui l’a brisée psychologiquement, entre les lignes et en quelques pages apparaissent sa détresse et ses tentatives de suicide, sa honte et son impossibilité de porter plainte, qui aurait encore aggravé sa honte. Bref, son statut de victime a été nié, enfin même pas nié, puisque seuls quatre personnes sont au courant, ses trois agresseurs et son petit ami.

Évangile pour un gueux, par Alexis Ragougneau

pioche-en-bib.jpgCouverture de Évangile pour un gueux, par Alexis RagougneauAprès La Madone de Notre-Dame, j’ai emprunté à la médiathèque le second roman d’Alexis Ragougneau.

Le livre : Évangile pour un gueux, par Alexis Ragougneau, éditions Viviane Hamy, 2016, 360 pages, ISBN 9782878586152.

L’histoire : de nos jours à Paris, peu avant Pâques. Un SDF est retrouvé dans la Seine… Très vite, il s’avère que c’est Mouss, le meneur d’une occupation de la cathédrale Notre-Dame quelques mois plus tôt, la veille de Noël. Un petit groupe de sans domiciles fixes avait alors fait la une des médias, retenant le père Kern pour obtenir des logements décents, jusqu’à leur évacuation par les forces de l’ordre. Claire Kauffmann, devenue juge d’instruction, tente de reprendre contact avec le Père Kern, qui ne fait plus de vacations à Notre-Dame depuis cette histoire… Où était passé Mouss pendant ce trimestre? Pourquoi est-il si maigre et porte-t-il dans la mort les stigmates du Christ? Ses compagnons d’infortune savent-ils quelque chose?

Mon avis : on retrouve les principaux personnages de La Madone de Notre-Dame (mais il n’est pas indispensable de le lire d’abord), cette fois pour une plongée dans la vie des sans domiciles fixes et des « tenants de l’ordre », milices d’extrême-droite et une partie du clergé de Notre-Dame, les intégristes de Cohors Christi que tout oppose au père Kern. Plus épais que le premier volume, ce polar est aussi plus abouti, les portraits des personnages (Claire Kauffmann passée de procureure à juge d’instruction, le duo de flics toujours sans prénoms, Landard-Gombrowicz, le père Kern réfugié dans l’archivage de témoignages de vie de SdF) se précisent, toujours avec une écriture très agréable. Le portrait des sans logis est fouillé, Kristof, le Polonais qui vivait derrière Notre-Dame dans le premier opus a retrouvé sa fille qu’il cherchait depuis de nombreuses années mais ne peut s’empêcher de retourner dans la rue. A découvrir en attendant la livraison des livres de la rentrée littéraires dans les prochains jours!

Ambulance de Suso de Toro

pioche-en-bib.jpgCouverture de Ambulance de Suso de ToroUn livre trouvé dans les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Ambulance de Suso de Toro, traduit de l’espagnol par Georges Tyras, collection Rivages Thriller, éditions Rivages, 173 pages, 2013, ISBN 9782743625344.

L’histoire : il y a quelques années à Saint-Jacques-de-Compostelle. Gringalet et Pepete viennent de sortir de prison. Ils ont besoin de came, braquent une station service, repartent avec un maigre butin, laissent le gérant pour mort, Pepete s’est fait une belle entorse… S’ensuit une cavale pathétique, ils ne peuvent pas sortir de la ville parce qu’une bombe a explosé dans une banque… Retourneront-ils illico en prison?

Mon avis : je ne sais pas pourquoi l’éditeur, l’auteur et le traducteur ont choisi de ne pas traduire Saint-Jacques-de-Compostelle et ont laissé Santiago de Compostela, mais cela n’a aucune importance car le roman pourrait se passer n’importe où, le « décor » est limité, une station service, une rue (deux, allez), une pharmacie, un appartement et un entrepôt. Les personnages aussi sont limités, trois truands, un flic pourri asthmatique, une prostituée, un vieux chien en manque d’affection… Une époque assez indéterminée, les truands comptent la caisse en pesetas et en euros. Le plasticage n’est qu’évoqué, un prétexte à bloquer les personnages en ville. Une bonne partie du récit est fait du point de vue de Pepete, le minable à la cheville blessée, ce qui change du point de vue du détective, mais je n’ai pas vraiment mordu à l’histoire ni au style de ce roman écrit essentiellement en langage parlé… Je vous laisse le lire ou m’en parler, je suis peut-être passée à côté de quelques chose, d’habitude, j’aime bien les choix de cet éditeur pour trouver des polars étrangers « différents »…

Mapuche, de Caryl Férey

Couverture de Mapuche, de Caryl FéreyParmi ses recommandations d’été, le magazine Causette. recommandait cet auteur, son dernier polar mais aussi celui-ci, que j’ai acheté en livre de poche… Il a reçu en 2012 le prix Landernau du polar et le prix du meilleur polar français du magazine Elle.

Le livre : Mapuche, de Caryl Férey, Collection Série Noire, Thrillers, éditions Gallimard, 464 pages, 2012,ISBN 9782070130764 [lu en Folio policier n°° 716, 549 pages, 2013].

L’histoire : en Argentine de nos jours. Rubén Calderón est détective privé et recherche des enfants volés lors de la dictature, lui-même fut torturé il y a trente ans, alors qu’il avait 15 ans, assistant dans les geôles clandestines de l’École de Mécanique de la Marine à mort de son père poète célèbre et sa sœur de 12 ans. Sa mère fait partie des mères (et désormais grands-mères) de la place de Mai. Un jour, on le charge de retrouver Maria, une photographe disparue depuis deux jours, fille du principal soutien financier au maire de Buenos Aires, sans savoir qu’il s’agit aussi d’une enfant volée par la dictature. De son côté, Jana, indienne mapuche réfugiée en ville après la crise financière de 2001-2002, est plus ou moins sortie du tapin et arrive à survivre comme sculptrice engagée sur le sort des indiens. A la demande expresse de son ami(e) Paula / Michele, elle tente de convaincre Rubén d’enquêter sur la mort de Luz, leur ami travesti dont le corps mutilé a été retrouvé dans le port, sans grand espoir du côté de la police. Les deux affaires vont s’avérer étroitement liées, sur les traces des pires moments de la dictature, avec des personnes prêtes à tout pour sauvegarder leurs sales secrets…

Mon avis : un thriller qui plonge dans le passé ou plutôt les passés sombres de l’Aregntine (en frôlant le Chili, mais ça, je vous laisse le découvrir): les geôles de la dictature (et les enfants volés) d’un côté, le sort des Indiens de la forêt amazonienne de l’autre. Il ne s’agit pas d’un documentaire, ceux qui veulent en savoir plus seraient plus inspirés de lire des livres d’histoire, mais bien d’une toile de fond sur laquelle se trace une chasse à l’homme sans merci, entre ceux qui cherchent à faire éclater la vérité et ceux qui sont près à tout pour la garder soigneusement enfouie. La violence se déchaîne, les morts s’accumulent dans les deux camps, la morale n’est pas toujours sauve, la nature humaine se révèle sous ses plus sombres aspects… Une idée de lecture au frais pour les deux prochains jours annoncés très chauds… ou à garder pour cet hiver au coin du feu??? A vous de choisir!

La Madone de Notre-Dame, par Alexis Ragougneau

pioche-en-bib.jpgCouverture de La Madone de Notre-Dame, par Alexis RagougneauJ’ai choisi de commencer mes vacances avec des polars… J’ai emprunté à la médiathèque un livre de cet auteur que je ne connais pas, en faisant confiance à l’éditeur dont j’apprécie en général les choix. Et aussi parce qu’il se passe pendant la procession de Notre-Dame (le 15 août), qui avait bloqué un certain temps notre bateau au retour de notre croisière l’année dernière sur la Seine le 14 août au soir.

Le livre : La Madone de Notre-Dame, par Alexis Ragougneau, éditions Viviane Hamy, 2013, 202 pages, ISBN 9782878585919.

L’histoire : de nos jours à Paris, le 16 août. Les gardiens de Notre-Dame ont repéré une très belle jeune fille habillée de blanc, figée depuis un moment sur un banc… mais c’est une touriste qui s’aperçoit qu’elle est morte. Le palais de justice et le quai des Orfèvres étant à deux pas, la procureure Claire Kauffmann, le commandant Landard et le jeune lieutenant Gombrowicz déboulent rapidement. Mais qui est cette inconnue, habillée dans une tenue peu décente? Le père Kern, qui effectue chaque été un remplacement à Notre-Dame, est chargé d’éviter le scandale et de faire en sorte que la police parte au plus vite. L’enquête révèle vite que la victime avait  la veille troublé la procession, avec sa tenue voyante dans les premiers rangs, et avait été prise à parti par Thibaut, un jeune habitué de Notre-Dame plutôt dérangé. Mais voilà qu’il se suicide pendant sa garde à vue, et le commandant n’est pas convaincu de sa culpabilité…

Mon avis : il s’agit du premier polar publié d’Alexis Ragougneau et il est construit de manière plutôt classique, avec des personnages que l’on retrouve souvent, le vieux flic grognon en fin de carrière, le jeune lieutenant qui y croit, la procureure torturée par ses problèmes personnels, le prêtre hanté par le suicide de son frère il y a des années, la victime mystérieuse. Il s’ouvre néanmoins par une description très réaliste de Notre-Dame. Côté face, une usine à touristes, avec ses bigotes habituées, ses SDF et ses gardiens qui tentent de maintenir un équilibre dans ce petit monde. Côté pile, le clergé qui ne veut pas de vagues et souhaite la réouverture rapide de l’édifice, sans scandale. Et il y a le père Kern, prêtre de banlieue et aumônier des prisons, qui devient peu à peu un personnage clef. Le dénouement final (chut…) n’est pas une grosse surprise, mais ce court roman (200 pages) est bien écrit… donc pas mal pour une petite lecture d’été sans prise de tête! Je vais lire le second roman de cet auteur, deux fois plus gros, emprunté en même temps…

Kobra, de Deon Meyer

Couverture de Kobra, de Deon MeyerUn livre acheté en poche pour le dernier voyage à Paris… J’arrive à lire maintenant une trentaine de pages dans ce format sans ma caméra  s’il y a assez de lumière et si les pages ne pas trop de transparentes 😉 . De Deon Meyer, j’ai déjà lu 13 heures.

Le livre : Kobra, de Deon Meyer, traduit de l’anglais (Afrique-du-Sud) par Estelle Roudet, collection Seuil policier, éditions du Seuil, 2014, 448 pages, ISBN 9782021155006 (lu en poches, Point Policier n°4211, 2015).

L’histoire : de nos jours en Afrique-du-Sud. Trois morts sont retrouvés dans la maison d’hôtes d’un domaine viticole de Franschhoek, un employé de la propriété et deux gardes du corps, anciens policiers d’élite, embauchés par un client britannique, Paul Anthony Morris, qui a disparu. Les douilles des balles sont toutes gravées d’une tête de cobra. Très vite, grâce aux données d’interpol, Benny Griessel, l’enquêteur, s’oriente sur la trace d’un tueur professionnel qui a exécuté divers contrats en Europe. Mais qui est Paul Morris, le consulat, la hiérarchie, un autre service de police, tout le monde semble se liguer pour qu’il ne le découvre pas… Sur le port, aux abords d’un centre commercial, le jeune Tyrone Kleinboo, pickpocket professionnel pour payer les études de médecine de sa sœur, dérobe une portefeuille dans le  sac d’une touriste. Alors qu’il est arrêté et conduit au poste de sécurité, tous les vigiles sont à leur tour abattus, à nouveau des douilles gravées, mais Tyrone a visiblement réussi à s’échapper…

Mon avis : un polar dans le milieu de l’intelligence économique. Le disparu est en fait un mathématicien qui a écrit un algorithme pour traquer l’argent sale dans le flux des transactions financières mondiales. Paradoxalement, il milite aussi pour que le gouvernement britannique flique moins les données numériques des citoyens. En parallèle à l’enquête, cet aspect de la finance internationale, de la complicité des grandes banques, à peine ébauchée, de l’argent du crime mais aussi des politiciens corrompus, aurait mérité d’être plus développé (même en dehors du contexte récent des Panama papers…). Le suspense est maintenu au fil des pages, avec une efficace technique narrative de changement de points de vue, mais j’aime bien les thrillers qui en même temps ouvrent les yeux sur un aspect de la société.