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Comment devenir écrivain… de Caryl Férey

pioche-en-bib.jpgCouverture de Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale, de Caryl FéreyJe poursuis ma découverte de l’œuvre de Caryl Férey (voir Mapuche, Les nuits de San Francisco) avec ce livre au titre à rallonge emprunté à la médiathèque.

Le livre : Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale, de Caryl Férey, éditions du Point, 2013, 162 pages, ISBN 9782757833810.

L’histoire : à Montfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine, au début des années 1970. Le narrateur essaye d’échapper à la tyrannie de son frère, de deux ans son aîné, un peu cancre -ils se retrouvent dans la même classe quand il redouble – , à tester différentes activités sportives. Puis c’est le collège, les quolibets (« pédé » pour ses fréquentations et parce qu’il est hors norme, trop petit), le lycée à Rennes, deux secondes, une première et deux terminales… avant un tour du monde, des tas de petits boulots en attendant de réaliser un rêve, devenir écrivain, passer de la quasi auto-édition à la série noire de Gallimard, le Graal qui paraît inaccessible…

Mon avis : j’avoue que j’ai failli arrêter dès le premier chapitre, une longue longue phrase d’une dizaine de pages sous le titre « l’ennemi » (= le frère)! Le style évolue ensuite, au gré de l’évolution de sa plume, de sa découverte du métier d’écrivain, des doutes, de la nécessité de ré-écrire, encore et encore, le tout avec beaucoup d’humour et de recul, les premières avances calculées en mois de RMI, les espoirs déçus (l’avant-dernier titre des éditions La Baleine avant sa faillite…), la rédaction de scénarios en attendant les réponses des éditeurs -désignés sous des pseudonymes disons… animaliers (Hibou Lugubre, Cheval fougueux*, …) ou affectifs (Gros papa). La vie de l’écrivain vue de l’intérieur, avec recul et humour!

*Cheval fougueux = Aurélien Masson, le jeune directeur de la série noire que j’avais rencontré à Poitiers il y a quelques années, je n’avais pas trop aimé l’un des livres qu’il avait le plus défendu dans les derniers titres qu’il avait édités, Bien connu des services de police de Dominique Manotti.

Les nuits de San Francisco de Caryl Férey

pioche-en-bib.jpgCouverture de Les nuits de San Francisco de Caryl FéreyAprès avoir lu Mapuche, de Caryl Férey, j’ai emprunté ce petit livre à la médiathèque.

Le livre : Les nuits de San Francisco de Caryl Férey, éditions Arthaud, 2014, 120 pages, ISBN 9782081324756.

L’histoire : de nos jours à San Francisco. Sam, indien Lakota qui a fui depuis longtemps les terres de son peuple après avoir mis une jeune fille enceinte, a erré dans l’Arizona, sombré dans l’alcool, travaillé à Las Vegas avant d’échouer à Los Angeles où il erre dans une ville vidée de ses marginaux. Mais à la nuit tombée, il rencontre une autre âme en peine, Jane, une jeune femme amputée sous le genou et portant une prothèse, qui vient de retenter un shoot après quatre ans de sevrage. Rencontre entre deux destins…

Mon avis : court roman ou longue nouvelle (une grosse centaines de pages si l’on enlève toutes celles sans texte au début, en petit format avec un assez grand interligne), ce livre se lit vite! Il réussit néanmoins à aborder le sort des Indiens d’Amérique, les ravages du chômage et de l’alcool, le viol d’une jeune fille, la drogue, la désintoxication, un accident tragique, ces sans-abris qui deviennent invisibles dans la ville… le tout répété deux fois, du point de vue de Sam puis de celui de Jane. Je vous invite à découvrir ce texte, certes pas gai mais à l’écriture efficace et rythmée…

Mapuche, de Caryl Férey

Couverture de Mapuche, de Caryl FéreyParmi ses recommandations d’été, le magazine Causette. recommandait cet auteur, son dernier polar mais aussi celui-ci, que j’ai acheté en livre de poche… Il a reçu en 2012 le prix Landernau du polar et le prix du meilleur polar français du magazine Elle.

Le livre : Mapuche, de Caryl Férey, Collection Série Noire, Thrillers, éditions Gallimard, 464 pages, 2012,ISBN 9782070130764 [lu en Folio policier n°° 716, 549 pages, 2013].

L’histoire : en Argentine de nos jours. Rubén Calderón est détective privé et recherche des enfants volés lors de la dictature, lui-même fut torturé il y a trente ans, alors qu’il avait 15 ans, assistant dans les geôles clandestines de l’École de Mécanique de la Marine à mort de son père poète célèbre et sa sœur de 12 ans. Sa mère fait partie des mères (et désormais grands-mères) de la place de Mai. Un jour, on le charge de retrouver Maria, une photographe disparue depuis deux jours, fille du principal soutien financier au maire de Buenos Aires, sans savoir qu’il s’agit aussi d’une enfant volée par la dictature. De son côté, Jana, indienne mapuche réfugiée en ville après la crise financière de 2001-2002, est plus ou moins sortie du tapin et arrive à survivre comme sculptrice engagée sur le sort des indiens. A la demande expresse de son ami(e) Paula / Michele, elle tente de convaincre Rubén d’enquêter sur la mort de Luz, leur ami travesti dont le corps mutilé a été retrouvé dans le port, sans grand espoir du côté de la police. Les deux affaires vont s’avérer étroitement liées, sur les traces des pires moments de la dictature, avec des personnes prêtes à tout pour sauvegarder leurs sales secrets…

Mon avis : un thriller qui plonge dans le passé ou plutôt les passés sombres de l’Aregntine (en frôlant le Chili, mais ça, je vous laisse le découvrir): les geôles de la dictature (et les enfants volés) d’un côté, le sort des Indiens de la forêt amazonienne de l’autre. Il ne s’agit pas d’un documentaire, ceux qui veulent en savoir plus seraient plus inspirés de lire des livres d’histoire, mais bien d’une toile de fond sur laquelle se trace une chasse à l’homme sans merci, entre ceux qui cherchent à faire éclater la vérité et ceux qui sont près à tout pour la garder soigneusement enfouie. La violence se déchaîne, les morts s’accumulent dans les deux camps, la morale n’est pas toujours sauve, la nature humaine se révèle sous ses plus sombres aspects… Une idée de lecture au frais pour les deux prochains jours annoncés très chauds… ou à garder pour cet hiver au coin du feu??? A vous de choisir!