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Tours (6), la basilique Saint-Martin

la basilique Saint-Martin à ToursLe dôme de la basilique saint Martin de Tours a été restauré en 2016, dans le cadre de l’année des 1700 ans (supposés) de la naissance de saint Matin.

Tours, la basilique Saint-Lartin en mai 2016En mai 2016, quand je suis allée voir les expositions Robert Capa et la couleur et Bertrand Bellon au château de Tours et 200 ans de tourisme en Touraine à l’hôtel Gouïn, le dôme était sous des échafaudages et la statue de saint Martin déposée (depuis février 2014) dans un atelier de restauration en Dordogne, où il voisinait avec l’archange saint Michel du Mont-Saint-Michel.

Basilique Saint-Martin de Tours, dôme et statue restauréePour la saint Martin (11 novembre), le dôme était débarrassé de ses échafaudages et la statue reposée en grande pompe.

Statue de saint Martin redorée au sommet de la basilique Saint-Martin à ToursLa ville de Tours aurait voulu la dorer entièrement, mais l’État s’y est opposé, aucune source n’indiquait qu’elle avait été ainsi dorée… la ville avait trouvé un projet de qui le montrait ainsi, mais il n’a sans doute jamais été réalisé (c’est très fréquent dans les projets).

Quatre vues de la statue de saint Martin, sur la basilique à ToursUne solution intermédiaire a été trouvée, dorer les attributs liturgiques, le pallium, la couronne, la crosse, le pectoral et l’anneau, ainsi que le bas des manches, de l’étole et de la chasuble et le bout des chaussures, ce qui donne déjà un effet assez « bling-bling ». Cette statue de 4,25 m de haut est une œuvre du sculpteur Jean [Baptiste] Hugues, fondue par Thiébaut frères.

basilique Saint-martin de Tours, statue de saint Martin au-dessus de la coupole, vue rapprochéeLa statue de saint Martin qui domine la coupole menace de tomber depuis un moment (premier élément de plomb tombé en 2011)… revoir mon article de 2014, la statue de saint Martin menace Tours.

Réédition de l’article du 23 janvier 2010

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la rue des Halles

La première basilique (encore un terme à vous expliquer un jour, disons pour simplifier une grande église construite sur un plan hérité de l’Antiquité romaine et qui abrite le tombeau d’un saint ou des reliques importantes dites reliques insignes) fut construite vers 437 par saint Brice, évêque de Tours, à l’emplacement du tombeau du troisième évêque de la ville (de 371 à 397), saint Martin, mais si vous le connaissez, c’est celui qui a partagé son manteau avec un pauvre. Le tombeau était situé en dehors de la ville, comme il était de tradition jusqu’à la fin de l’époque romaine. C’est la même chose à Poitiers pour le tombeau d’Hilaire et la création de l’abbaye de Saint-Hilaire, hors les murs, et aussi pour le tombeau de sainte Radegonde. Vous trouverez ainsi des exemples dans toutes les anciennes cités romaines. Très vite, l’édifice doit être agrandit et l’évêque Perpet consacre en 482 une nouvelle basilique, vite trop petite elle aussi, le tombeau prestigieux (pare que riche de miracles) de saint Martin attirant les foules. En 818, elle devient collégiale avec un très important chapitre de 200 chanoines. L’histoire est ensuite mouvementée, avec des incendies qui endommagent plus ou moins gravement l’édifice en 853 et 903. Une nouvelle basilique est consacrée en 917, et les chanoines fortifient le faubourg qui devient Châteauneuf. Je vous passe ensuite les détails, que vous pourrez retrouver par les liens en bas de ce papier. Convertie en écurie pendant la révolution, mal entretenue, la nef s’écroule en 1797. En 1802, l’église est éventrée par la nouvelle rue des Halles, seuls les deux tours sont conservées :

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne … la tour Charlemagne …

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour de l'horloge … et la tour de l’horloge.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la façade de la basilique contemporaine Dans le renouveau catholique du 19e siècle, il était hors de question d’abandonner le si célèbre tombeau de saint Martin. Dès 1822, des projets de reconstruction, ou plutôt d’une construction neuve et plus modeste, sont établis. Il faudra près de 50 ans pour que le projet aboutisse. C’est finalement l’architecte Victor Laloux qui le mène à bien, la crypte avec le tombeau est inaugurée en 1889, et la nouvelle basilique, de style néo-classique, l’année suivante. L’achèvement des travaux donne lieu à une bénédiction en 1902, mais la basilique n’est finalement consacrée qu’en 1925. En raison des contraintes liées aux terrains qui ont pu être achetés et à l’emplacement du tombeau, le chœur de cette nouvelle basilique n’est pas orienté (tourné vers l’est), mais au nord de l’édifice. Comme je suis allée à Tours la semaine suivant la saint Martin (11 novembre), il y avait de nombreux pèlerins en prière dans la basilique et dans la crypte, je n’ai donc pas pris de photographie pour ne pas les déranger.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : le côté est de la basilique contemporaine et au fond, la tour Charlemagne Ici et là, des vestiges de l’ancienne basilique restent visibles ou perceptibles [voir en débit d’article une photographie similaire de novembre 2016, avec les dorures].

En sortant de la basilique, empruntez la rue Rapin et admirez les maisons canoniales (maisons des chanoines), du 15e siècle pour certaines. Allez jusqu’au musée Saint-Martin.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la façade du musée Saint-Martin En saison (j’y suis passée le dernier jour d’ouverture pour 2009), juste à côté, dans l’ancienne chapelle Saint-Jean, construite au 13e siècle à l’emplacement supposé d’un baptistère fondé par Grégoire de Tours, vous pouvez visiter le musée municipal Saint-Martin, inauguré en 1990. Dans un espace dense, très serré, vous pourrez découvrir la vie de saint Martin, le culte qui lui est rendu, mais surtout admirer quelques vestiges des fresques de l’ancienne église détruite, et une copie du chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions si difficile à voir en vrai.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié Daniel dans la fosse aux lions est un grand thème traité par les artistes de l’époque romane, je vous en ai montré plusieurs représentations à Poitiers, vous trouverez sur ce précédent article des liens utiles sur ce thème. Ici, il est plus ou moins visible sur le vestige de la tour dite tour Charlemagne. Il se trouve sur la colonne supportant la tribune du pavillon nord.

2Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié, Daniel dans la fosse aux lions caché par la végétation Mais il est largement caché par la végétation pour la face où on devrait le voir le mieux…

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié avec Daniel dans la fosse aux lions Si vous voulez mieux le voir, il vaut mieux aller sur le trottoir opposé de la rue des halles et vous munir de vos jumelles… car bien sûr, vous avez toujours une paire de jumelles quand vous allez visiter des édifices romans (ou autres). Je blague, mais c’est bien pratique de les avoir toujours à portée de main, le décor est parfois caché bien haut… ou bien loin.

Tours, la tour Charlemagne et ses abors en novembre 2016En novembre 2016, la végétation a été enlevée, mais la tour n’est toujours pas restaurée.

Pour aller plus loin : mes collègues du service de l’inventaire de la région Centre ont numérisé et mis à la disposition de chacun les dossiers sur l’ancienne basilique (ne pas rater l’abondante iconographie ancienne).

Saint Nicolas à Champagne-Mouton

Champagne-Mouton, saint Nicolas, détail de la tête et de l'inscription

Réédition de mon article du 6 décembre 2010… toujours d’actualité 😉 Un de ces jours, il faudra que je vous montre le reste du portail! En plus, il se trouve tout près de chez Ammaria (voir ici).

Aujourd’hui 6 décembre, c’est la saint Nicolas, patron des enfants (entre autres…). L’année dernière, je vous ai montré un saint Nicolas à Poitiers… Cette année, nous partons un peu plus loin, à Champagne-Mouton en Charente, sur la façade (mal) reconstruite dans la deuxième moitié du 19e siècle (à retrouver dans l’image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin ou dans le dossier documentaire). Mais la sculpture du portail date du 12e siècle, même si elle a été démontée et remontée… Aucun doute sur l’identification, c’est écrit sur son auréole, S. NICOLAUS. Elles ne sont pas belles, sa moustache et sa barbe ?

Champagne-Mouton, saint Nicolas, debout Il est représenté debout, sous ses traits d’évêque (de Myre), debout, tenant sa crosse d’évêque de la main gauche. Au passage, remarquez la perspective tordue : le personnage est figuré de face, mais ses pieds sont de profil…

Le martyre de saint Jean Baptiste, basilique Saint-Martin-d’Ainay à Lyon

Lyon, basilique Saint-Martin d'AinayA Lyon, l’église Saint-Martin-d’Ainay présente une architecture et une histoire complexes, avec d’importants remaniements au 19e siècle. Elle garde néanmoins un bel ensemble de chapiteaux (pré-)romans dans la chapelle Sainte-Blandine, quand elle est ouverte, et un très intéressant tympan roman, qui n’est plus à sa place d’origine mais mérite que l’on s’y attarde un peu.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan sculpté de la décollation de Jean BaptisteIl développe l’histoire de la décollation (décapitation) de saint Jean Baptiste, mais si, souvenez-vous, c’est Salomé qui a obtenu sa tête du roi Hérode.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, le banquet d'Hérode et la danse de SaloméEn haut les convives festoient, le roi Hérode, couronné, et sa femme Hérodiade se distinguent sous un dais, ils regardent tous Salomé qui exécute sa danse devant la table couverte de vaisselle et de mets.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, décapitation de Jean BaptisteElle finit par obtenir gain de cause. Jean Baptiste, retenu prisonnier dans un petit édifice, est décapité par un serviteur.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, deux serviteurs emportent la tête de Jean BaptisteDeux serviteurs emportent la tête de Jean Baptiste dans une grande corbeille…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, les serviteurs arrivent au banquet avec la tête de Jean Baptiste… et on les retrouve (enfin, l’un a aussi perdu sa tête… par érosion et fracture) en haut, prêts à entrer dans la salle où se tient le banquet.

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, mise au tombeau de Jean BaptisteSon corps, et surtout sa tête, représentée de manière démesurée, sont déposés par deux personnages dans le tombeau. Au passage, vous repérez partout les chapiteaux et autres motifs romans sur les éléments du décor (dais, colonnes torses, etc.).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, un ange accueille l'âme de Jean BaptisteSon âme (représentée par un petit personnage nu, comme c’est habituel au Moyen-Âge, voir la mort d’Hilaire ou les âmes qui s’échappent des cercueils du  à Poitiers) est accueillie par un ange et Dieu, figuré sous la forme de la main (voir Daniel dans la fosse aux lions à Saint-Porchaire de Poitiers).

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, diableA l’opposé, le diable a perdu la partie!

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, tympan, arbreUn arbre occupe le dernier espace. L’arbre de la Vie qui triomphe du Mal? Bien et Mal sont omniprésents dans l’art roman…

Lyon, basilique Saint-Martin d'Ainay, ordre de lectureEt voilà comment il faut lire ce tympan…

Photographies d’avril 2012.

Poitiers, sainte Radegonde…

La crypte et le tombeau de sainte Radegonde à Poitiers

Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus prèsLe 13 août est la fête de Radegonde… autre « grande dame du Poitou » (même si elle est originaire du Nord…) avec Alienor d’Aquitaine! Un pèlerinage est organisé du monastère de la Cossonière à Saint-Benoît (repli des sœurs du monastère Sainte-Croix, fondé par Radegonde, quand elles ont quitté le centre-ville, à l’emplacement du musée) jusqu’au tombeau puis à la « cellule » de la reine. Il m’a donc semblé que ré-éditer cet article serait une bonne idée… suivre les liens à la fin pour en découvrir d’autres articles sur des sujets voisins.

Article du 4 mars 2012

Pour le défi Mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya, j’ai choisi de vous présenter à nouveau la princesse allemande la plus célèbre à Poitiers… Je vous ai déjà montré le tombeau de sainte Radegonde, qui se trouve dans la crypte de l’église Sainte-Radegonde.

Radegonde est née vers 518-520 à Erfurt en Allemagne. Elle est la fille du roi de Thuringe, Berthaire. La suite est surtout racontée dans la vie de sainte Radegonde par Venance Fortunat, texte que l’on connaît par une copie réalisée vers 1100 avec un manuscrit très richement illuminé conservé à la médiathèque de Poitiers, à feuilleter ici.

En 531, Clotaire, fils de Clovis, massacre sa famille et l’emmène comme otage dans la villa royale d’Athies. Veuf, Clotaire décide de l’épouser en 538 (avec une épopée, elle refuse, s’enfuit, est rattrapée, mariée de force à Soissons)…

… un peu long de vus raconter ici toute l’histoire, mais quelque part entre 552 et 557, elle obtient de se retirer à Poitiers, où elle fonde un monastère qui deviendra le monastère Sainte-Croix (celui qui est à la Cossonière à Saint-Benoît, dont je vous est montré le tronc il y a quelques semaines). Radegonde obtient de l’empereur de Constantinople une prestigieuse relique de la vraie croix (conservée dans un riche reliquaire gardé bien à l’abri) et est morte à Poitiers en 587.

Poitiers, le tombeau de sainte Radegonde dans sa crypteElle est inhumée, comme il est d’usage à l’époque, hors les murs, dans ou près de l’église Sainte-Marie-hors-les-Murs qu’elle avait fait construire. Voici une autre photographie du tombeau, un peu plus sombre certes… Les miracles s’y multiplient… Après plusieurs péripéties, reconstructions suite à des incendies, l’église est consacrée en 1099. Son tombeau fut ouvert en 1412 sur ordre du duc de Berry, puis profané lors des guerres de religion en 1562, les restes brûlés dans la nef, puis remis dans le tombeau… qui attire toujours des pèlerins.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, les ex-votos, quatre vues Chaque année apparaissent de nouveaux ex-votos… tout autour du tombeau à l’extérieur de la crypte et dans l’escalier, ce sont des ex-votos plus anciens, ceux de la nef sont plus récents. Désormais, la taille des plaques est plus ou moins normalisée, et il ne faut pas oublier de passer à la caisse pour en poser une, tarif genre concession d’un bout de mur, plusieurs surfaces et durées au choix…

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de près Et voici peut-être une représentation provenant de l’ancien clocher-porche roman de la sainte, que je vous ai déjà montrée aussi, dans cet article sur le Christ et sainte Radegonde (?).

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 2, sainte Radegonde Et une autre sculpture, cette fois du 19e siècle, sur la façade de l’église… A revoir avec ses voisines dans cet article sur les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire). Elle est représentée en lettrée, ce qui était le cas: elle avait appris à lire et à écrire au palais royal, bien avant de devenir religieuse…

PS: d’autres liens ajoutés depuis l’article d’origine…

Anne d'Autriche en Radegonde (Poitiers, église Sainte-Radegonde) avec des rubans sur son sceptreVoir aussi la statue d’Anne d’Autriche en sainte Radegonde

La chapelle du Pas-de-Dieu, résidence Jean-Jaurès à Poitiers
Voir la chapelle du Pas-de-Dieu, dite « cellule de sainte Radegonde », où se terminera le pèlerinage

Pour aller plus loin : Grégory Vouhé, Nicolas Legendre, Anne d’Autriche et Radegonde, L’actualité Poitou-Charentes, n° 98, octobre-décembre 2012, p. 36.

La dédicace de l’autel majeur de Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

Dédicace de l'autel majeur de Saint-Jean-de-Montierneuf à PoitiersEn abordant l’autel des apôtres de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, je vous avais promis de vous monter la dédicace de l’autel majeur, aujourd’hui plaquée sur le mur nord et protégée par une vitre, désolée pour les reflets… mais l’inscription est assez claire.

Dédicace de l'autel majeur de Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, détail du chanfrein et date 1086

Sur ce détail, vous voyez clairement Mille(simo) LXVI (1086), date de la mort de Guy Geoffroy Guillaume, comte de Poitou (sous le nom de Guillaume VI) et duc d’Aquitaine (sous le nom de Guillaume VIII), fondateur du monastère (revoir son cénotaphe) et arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine, qui avait été condamné à fonder ce monastère suite à ses frasques amoureuses… Les fouilles et études du bâti récentes montrent que l’établissement existait probablement avant la fondation, mais  celle-ci s’est accompagnée de dons de terres et donc de revenus… La transcription et sa traduction sont publiées dans le Corpus des inscriptions de la France médiévale, tome I-1 : Ville de Poitiers, sous la direction de Robert Favreau, Jean Michaud et Edmond-René Labande, 1974, p. 82-85:

ANNO DOMINI INCARNATIONIS MILLESIMO LXXXVI ANTE INFRA SCRIPTUM VERO ANNO X / GAUFREDUS DUX AQUITANORUM [HUIUSJ l[oJc[i] / FUNDATOR MORITUR V [an]NO / ORDINACIONIS GUIDONIS PRIMI ABBATIS [quem et ipse post V an]NOS SEQUITUR.

L’an de l’incarnation du Seigneur 1086, c’est-à-dire dix ans avant l’inscription ci-dessous, Geoffroy, duc des Aquitains, fondateur de ce monastère, est mort, la cinquième année de l’institution de Guy comme premier abbé, lequel le suivit cinq ans plus tard.

Dédicace de l'autel majeur de Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, détail de l'inscription avec la date de 1096 L’inscription principale mentionne la dédicace proprement dite par Urbain II, en 1096, au cours de sa grande « tournée de propagande »: après l’appel à la croisade au concile de Clermont en novembre 1095, pour rallier les grands seigneurs, et les fonds nécessaires, quoi de mieux que de faire comme nos élus maintenant? Au lieu d’aller serrer les mains sur les marchés ou « d’inaugurer les chrysanthèmes », il a fait une tournée d’inaugurations d’églises (… oups, de consécrations d’autel), dont la construction pouvait être terminée depuis quelques années ou alors être encore en plein chantier de construction! Urbain II connaissait Guy Geoffroy Guillaume, puisqu’il était grand prieur de Cluny, sous le nom de  Eudes de Châtillon, lors de la fondation de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf comme dépendance de Cluny. La dédicace parle ici des reliques, du pape Urbain II… mais pas du duc d’Aquitaine de l’époque, Guillaume VII, comte de Poitou et duc d’Aquitaine sous le nom de Guillaume IX, dit Guillaume-le-Troubadour, fils du précédent et grand-père d’Aliénor d’Aquitaine! Voici le texte principal (Corpus etc., ibid.), à lire en ayant en tête qu’il s’agit d’un texte de propagande… J’ai centré la photographie sur la date, MIL XLVI.

IN HONORE DEI GE/NITRICIS ET BEATORUM APOSTOLORUM IOHANNIS ET ANDREAE. Cu/lUS RELIQUIAE CONDITAE IBIDEM SUNT ; IPSA VERO DIE HAC. SED / LONGE POST. ANNO DOMINICAE INCARNATIONS MILLESIMO XCVU PAPA URBANUS. II. CUM TRIBUS ARCHIEPISCOP1S TOTIDEMQUE EPISCOPIS. TEMPLO / IN HONORE EORUMDEMQUE VENERABILITER DEDICATO. HOC ALTARE IN HO/NORE BEATORUM MARTYRUM. STEPHANI PROTHOMARTYRIS. LAURENTII. VlNCENTII. CRI/SANTI. Et DARIAE. VENERABl[HTER] CONSECRAVIT. IN QUO ET EORUM / RELIQUIAS. POSUIT. A[men].

Le 11 des calendes de février, l’autel majeur fut consacré en l’honneur de la Mère de Dieu et des saints apôtres Jean et André dont les reliques y ont été déposées. Ce même jour mais longtemps après, l’an de l’incarnation du Seigneur 1096, le pape Urbain II procéda avec vénération à la dédicace de ce temple en leur honneur, assisté de trois archevêques et d’autant d’évêques. Il consacra avec vénération cet autel en l’honneur des bienheureux martyrs Etienne, premier martyr, Laurent, Vincent, Chrysante et Darie, et y déposa leurs reliques. Amen.

Photographies de mars 2013.

[PS: j’avais programmé cet article depuis un moment… et ai souri dans l’édition du samedi 14 juin 2014 de Centre Presse: dans sa chronique, Môsieur Echo rapportait les propos d’un élu qui s’étonnait que le carton d’invitation au lancement des nuits romanes 2014 ne mentionne pas M. Macaire, président du Conseil régional, mais sa prédécesseur(e), « créatrice des nuits romanes »… Cela doit s’inscrire dans la logique de la dédicace d’Urbain II!].

Pour aller plus loin: voir le Corpus des inscriptions de la France médiévale, tome I-1 : Ville de Poitiers, sous la direction de Robert Favreau, Jean Michaud et Edmond-René Labande, 1974, pages 82-85 et l’article de Cécile Treffort, La mémoire d’un duc dans un écrin de pierre : le tombeau de Guy Geoffroy à Saint-Jean-de-Montierneuf de Poitiers, Cahiers de civilisation médiévale, 47e année (n° 187), juillet-septembre 2004, pages 249-270.

Sur Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, voir aussi:

L’Ascension du Christ à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, choeur, inscriptions Rotbertus (bleu) et ascension du Christ (rouge)En ce jour de l’Ascension, j’ai choisi de rééditer un article publié l’année dernière…

Article du 31 mars 2013

Pour Pâques, j’ai choisi un sujet d’actualité… l’Ascension du Christ! Certes, le Christ ne montera au ciel que dans 40 jours (le jeudi de l’Ascension n’est pas qu’un jour férié, l’occasion d’un week-end en viaduc pour certains, quoique, dans un état laïque, on se demande pourquoi ce n-ième jour férié chrétien). Pâques, c’est le « top départ » pour cette histoire, donc je l’ai choisi pour aujourd’hui. On le trouve dans le déambulatoire de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, sur le chapiteau à droite de l’absidiole d’axe, au bout de la flèche rouge au second plan sur la photo ci-contre… Il s’agit d’un chapiteau roman repeint au 19e siècle…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, vue de faceDésolée pour les photographies pas très claires, mais l’intérieur de cette église est très sombre… Sur la face principale, le Christ, avec son nimbe cruciforme, se tient debout dans une mandorle, il bénit de la main droite et tient le Livre (la Bible) dans sa main gauche.

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, les deux petites facesLa mandorle est portée par des anges, d’autres anges se tenant sur les petits côtés…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, inscription ME FEA droite du dé se lit, difficilement, sous la peinture, ME FE. Il s’agit très probablement de ME FECIT (m’a fait ou m’a fait faire) que l’on trouve dans un certain nombre d’églises précédé d’un prénom, comme dans « Gofridus me fecit » (Geoffroy m’a fait ou m’a fait faire, à voir sur cet article consacré au chapiteau de l’Enfance de Jésus dans l’église Saint-Pierre à Chauvigny). Ici, si prénom il y a, il est complètement masqué par les couches de peinture…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, chapiteau du choeur, inscription RotbertusIl existe dans Notre-Dame-la-Grande, en revanche, un prénom inscrit sur le dé du chapiteau nord-est du rond-point du chœur (au bout de la flèche bleue sur la première photographie de cet article): ROTBERTUS, impossible de savoir s’il s’agit d’un commanditaire ou d’un sculpteur. C’est un prénom assez courant, que l’on trouve aussi dans l’église de Thézac en Charente-Maritime. Ces prénoms vous rappellent peut-être aussi inscriptions Hugo le trésorier et Aleacis sur le chevet de l’église Saint-Hilaire-le-Grand également à Poitiers.

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Des reliefs en remploi sur le chevet de l’église Saint-Pierre de Chauvigny

Chauvigny, chevet de l'église Saint-Pierre, emplacement du relief avec saint PierreCela fait longtemps que je ne vous ai pas emmené à Chauvigny, dans la Vienne… Retour à l’extérieur de l’église Saint-Pierre , en ville haute (revoir à l’intérieur les chapiteaux avec l’Enfance de Jésus, avec des scènes de l’Apocalypse), avec des photographies de juillet 2012. Sur le toit en pierre du chevet, trois reliefs sont des remplois de sculptures plus anciennes que l’église actuelle, peut-être du début du 11e siècle. Au sud, au-dessus de la deuxième travée de l’abside a été posé un relief représentant saint Pierre.

Chauvigny, chevet de l'église Saint-Pierre, relief avec saint Pierre

Il est représenté debout, sous un décor architecturé, vêtu de ses vêtements sacerdotaux. Il bénit de sa main droite et tient la clef (du Paradis) dans sa main gauche. Le relief architecturé se compose de deux colonnes avec des bases moulurées et des chapiteaux à feuilles plates, sur lesquels prend place un arc en plein cintre orné de S. Un oiseau, tête repliée vers la queue, a pris place dans chaque angle supérieur.

Au-dessus de l’absidiole sud est incrusté un relief représentant un Sagittaire. Les signes du zodiaque sont assez souvent sculptés ou peints sur les églises romanes, plus souvent sous la forme des signes alternant avec les travaux des mois, plutôt sur le portail.

Chauvigny, chevet de l'église Saint-Pierre, relief avec le Sagittaire

Comme cela est souvent le cas, le Sagittaire est figuré sous les traits d’un Centaure (corps de cheval et tête humaine) bandant son arc.

Chauvigny, chevet de l'église Saint-Pierre, emplacement du relief avec la scène de chasse

A l’est, un peu décalé vers la droite par rapport à la fenêtre axiale ont été insérées deux pierres sculptées qui évoquent une scène de chasse, là aussi un thème récurrent dans l’art roman.

Chauvigny, chevet de l'église Saint-Pierre, relief avec la scène de chasse

La pierre de gauche est complète, avec à l’avant un animal aux grandes oreilles (lièvre ou lapin?) poursuivi et mordu par un chien avec la gueule ouverte montrant des dents bien acérées. La pierre de droite est incomplète. Il lui manque sa partie gauche et il est donc impossible d’identifier l’animal qui s’y trouvait, lui aussi mordu par un chien qui est complet sur la droite du relief.

Sur Chauvigny, voir ou revoir

Quelques représentations de saint Pierre

L’autel des apôtres de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

Inscription de la consécration de l'autel des apôtres et saint Vincent dans l'église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de l’ à Poitiers. L’ancien autel majeur, avec une inscription très célèbre protégée par une vitre (voir la dédicace de l’autel majeur), est incrusté dans le mur nord de l’église. Il y a une autre inscription romane dans l’église, moins connue, incrustée dans le mur de la chapelle au nord du transept. Elle porte l’inscription suivante (transcription dans le Corpus des inscriptions de la France médiévale, tome I-1 : Ville de Poitiers, sous la direction de Robert Favreau, Jean Michaud et Edmond-René Labande, 1974, p. 85 et fig. 55):

« Hoc altare XI k(a)l(endas) febr(varii) est consecratvm in honore s(an)c(t)o(rum) ap(osto)l(oru)m Symonis et Judae et om(ni)u(m) ap(osto)lo(rum) et Vincentii mar(tyris) atq(ue) ibi sunt c(on)dutae reliquiae s(an)c(t)or(um) Abundi p(res)b(yte)ri et martyris et Maximi p(res)b(yter)i Archelai diaconi ».

« Cet autel a été consacré le 11 des calendes de février, en l’honneur des saints apôtres Simon et Jude, de tous les apôtres, et de Vincent, martyr, et ont été déposées ici les reliques des saints Abonde, prêtre et martyr, de Maxime, prêtre, d’Archelaus, diacre ».

Elle se trouve à son emplacement d’origine et témoigne de la consécration de « l’autel des apôtres et de saint Vincent ». Si elle donne le jour de l’année (le 11 des calendes de février), elle ne précise pas l’année… Cependant, les chercheurs qui se sont penchés sur l’épigraphie s’accordent pour la dater des années 1080, avant la consécration de l’autel principal par Urbain II en 1096 et probablement avant la mort en 1086 de Guy Geoffroy Guillaume, comte de Poitou (sous le nom de Guillaume VI) et duc d’Aquitaine (sous le nom de Guillaume VIII), fondateur du monastère (revoir son cénotaphe) et arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine.

Photographie de mars 2013.

Sur Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, voir aussi:

L’Annonciation et la Visitation de Saint-Benoît près de Poitiers

Le cloître de Saint-Benoît pendant la fête des fleurs en mai 2011Aujourd’hui, c’est, dans le calendrier des catholiques, l’Annonciation… dans 9 mois naîtra Jésus, deux papas (Dieu et Joseph) et une mère porteuse (Marie)… J’ai choisi de vous emmener à Saint-Benoît, près de Poitiers, avec des photographies prises lors de la fête des fleurs en mai 2011 (revoir la fête des fleurs et le monument aux morts). A l’est du cloître roman sont conservés au rez-de-chaussée la salle capitulaire (où se réunissait le chapitre ou assemblée des moines) et à l’étage, le dortoir des moines qui accueille de nombreuses expositions tout au long de l’année.

Cloître de Saint-Benoît, ensemble de chapiteauxC’est l’un des chapiteaux de la salle capitulaire que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui, celui au centre de l’image, je vous en montrerai dans un prochain article sa partie droite (même pierre mais thème différent), celui à gauche (Daniel dans la fosse aux lions) et d’autres chapiteaux du cloître.

Cloître de Saint-Benoît, chapiteau avec l'annonciation de la visitationLa partie que je vous présente aujourd’hui montre l’ et la (suivez les liens, vous découvrirez d’autres articles sur ces thèmes…).

Cloître de Saint-Benoît, chapiteau, détail de l'annonciation'Sur la petite face, l’archange Gabriel (Luc 1, 26-38) annonce à Marie, debout devant lui sur l’angle du chapiteau, la naissance à venir de Jésus. Dommage, la tête de Marie est fracturée. Elle tient ses deux mains ramenées sur sa poitrine alors que l’archange lui tient l’épaule.

Cloître de Saint-Benoît, chapiteau avec détail de la visitationLa scène suivante, vers le centre du chapiteau, est la Visitation (Luc 1, 39-56). Il s’agit de la visite que rend Marie, future mère de Jésus, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean Baptiste. Les deux femmes, voilées, s’enlacent. Remarquez les manches très larges de leurs vêtements et les mains disproportionnées assez maladroitement sculptées.

Si vous voulez comparer avec l’art roman de Poitiers, vous pouvez aller revoir sur la façade de Notre-Dame-la-Grande l’Annonciation, la Visitation, Joseph méditant. Vous pouvez aussi voir sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre à Chauvigny l’Annonciation et l’adoration des mages. Vous pouvez aussi revoir un ensemble de chapiteaux gothiques sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale de Poitiers avec l’Annonciation, la Visitation, Joseph dubitatif et l’adoration des Mages.

Comment on fait des bébés? A poil, au Moyen-Âge aussi!

Extrait de centre Presse avec une coquille autour de Copé et Tous à poilComme annoncé jeudi et samedi derniers, aujourd’hui, je vais vous présenter du « dur » pour rebondir sur  Tous à poils, de Claire Franek et Marc Daniau, aux éditions du Rouergue… Même si, si j’en crois la presse locale et comme je vous l’ai déjà montré (c’est même repris dans les perles de la presse du Canard Enchaîné du 19 février 2014), M. Copé est pour, finalement. Lu dans Centre presse du 13 février 2014 (la photographie ci-dessus): « L’UMP a pris mercredi la défense de son président Jean-François Copé, objet de vives critiques après sa dénonciation du livre Tous à poil, qu’il a recommandé [sic] pour les classes primaires ».

[Canard enchaîné, petites perles, édition du 19 février 2014 avec reprise de Centre pressePS: signalé au Canard Enchaîné, qui l’a repris, édition du 19 février 2014!]

Avant d’attaquer le sujet, je voudrais vous conseiller l’article recommandé hier par Philippe, la vision en bande dessinée du sexisme ordinaire par Lili aime le nougat. Je rappelle aussi aux imbéciles qui seraient tentés de s’attaquer aux sculptures qui suivent qu’elles sont protégées au titre des monuments historiques et que toute dégradation peut les envoyer en prison.

Scène d'accouplement, sculpture romane de la façade de l'église Saint-Savinien à Melle, Deux-Sèvres Direction tout d’abord pour Melle, dans les Deux-Sèvres, avec la façade de l’église Saint-Savinien, en centre-ville, à côté de l’ancien château (devenu hôpital) et de l’hôtel de Ménoc. Ce n’est pas l’église la plus célèbre des églises romanes de Melle où les églises Saint-Hilaire et Saint-Pierre sont sans doute plus visitées, mais elle vaut le détour. Quand elle est ouverte au public, n’hésitez pas à entrer, vous verrez entre autre un beau chapiteau sur l’histoire de saint Savinien.

La façade et la nef de l’église Saint-Savinien datent de la deuxième moitié du 11e siècle (le transept et chevet sont un peu plus récents, du 12e siècle). La sculpture qui nous intéresse se trouve en façade. Il s’agit d’une métope qui représente une scène explicite d’accouplement. L’homme et la femme, tête contre tête, sont en position assise, la femme à gauche, grassouillette, tient l’épaule du monsieur (plus svelte) dont le sexe est bien visible et engagé entre ses cuisses.

Homme nu avec sexe proéminent, sculpture romane de la façadeSi on se déplace un peu plus à gauche de la façade, une autre métope montre un homme nu, allongé sur le ventre, sexe bien visible aussi…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue largeIl y a beaucoup d’autres scènes de ce type dans l’art roman, pas seulement de chastes Adam et Eve ou des femmes dénudées pour symboliser la luxure, je vous en montrerai d’autres un de ces jours… En attendant, avançons un peu dans le temps, vers la fin de l’époque gothique, au sud de la Vienne, à Payroux. Nous voici à l’intérieur de l’église Notre-Dame, de quoi se réconcilier avec la messe si on s’y ennuie…

Scène d'accouplement, sculpture gothique sur un chapiteau dans l'église de Payroux, Vienne, vue rapprochéeComment ça, vous ne voyez rien? On s’approche, désolée pour la qualité de la photographie, en intérieur, mon appareil photo ne fait pas toujours bien le point… Bon, pas facile pour un sculpteur de bien montrer ces scènes. L’homme et la femme sont allongés sur le dos, sexe contre sexe au centre du chapiteau et tête vers l’extérieur, la femme à gauche et l’homme à droite. La femme, seins nus et tête sur un oreiller, semble passive, les bras levés. L’homme, tête tendue vers l’arrière, semble plus actif et lui tient fermement les jambes écartées de chaque côté de son corps à lui. Aucun doute sur la nature de leur relation, là aussi, le sexe de l’homme est bien engagé dans celui de la femme, ses jambes à lui sont repliées vers le haut. Position inconfortable et peu réaliste, il s’agissait plus de montrer l’acte. Alors, Tous à poil, même à l’église???

Photographies de 2010.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, absidiole du transept sud, métope avec la lutte finale et un obscenaPS: et les animaux aussi peuvent avoir des érections dans l’art roman… Voir ou revoir la lutte finale et un obscena sur une absidiole du transept de l’église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers.