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Tours (6), la basilique Saint-Martin

la basilique Saint-Martin à ToursLe dôme de la basilique saint Martin de Tours a été restauré en 2016, dans le cadre de l’année des 1700 ans (supposés) de la naissance de saint Matin.

Tours, la basilique Saint-Lartin en mai 2016En mai 2016, quand je suis allée voir les expositions Robert Capa et la couleur et Bertrand Bellon au château de Tours et 200 ans de tourisme en Touraine à l’hôtel Gouïn, le dôme était sous des échafaudages et la statue de saint Martin déposée (depuis février 2014) dans un atelier de restauration en Dordogne, où il voisinait avec l’archange saint Michel du Mont-Saint-Michel.

Basilique Saint-Martin de Tours, dôme et statue restauréePour la saint Martin (11 novembre), le dôme était débarrassé de ses échafaudages et la statue reposée en grande pompe.

Statue de saint Martin redorée au sommet de la basilique Saint-Martin à ToursLa ville de Tours aurait voulu la dorer entièrement, mais l’État s’y est opposé, aucune source n’indiquait qu’elle avait été ainsi dorée… la ville avait trouvé un projet de qui le montrait ainsi, mais il n’a sans doute jamais été réalisé (c’est très fréquent dans les projets).

Quatre vues de la statue de saint Martin, sur la basilique à ToursUne solution intermédiaire a été trouvée, dorer les attributs liturgiques, le pallium, la couronne, la crosse, le pectoral et l’anneau, ainsi que le bas des manches, de l’étole et de la chasuble et le bout des chaussures, ce qui donne déjà un effet assez « bling-bling ». Cette statue de 4,25 m de haut est une œuvre du sculpteur Jean [Baptiste] Hugues, fondue par Thiébaut frères.

basilique Saint-martin de Tours, statue de saint Martin au-dessus de la coupole, vue rapprochéeLa statue de saint Martin qui domine la coupole menace de tomber depuis un moment (premier élément de plomb tombé en 2011)… revoir mon article de 2014, la statue de saint Martin menace Tours.

Réédition de l’article du 23 janvier 2010

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la rue des Halles

La première basilique (encore un terme à vous expliquer un jour, disons pour simplifier une grande église construite sur un plan hérité de l’Antiquité romaine et qui abrite le tombeau d’un saint ou des reliques importantes dites reliques insignes) fut construite vers 437 par saint Brice, évêque de Tours, à l’emplacement du tombeau du troisième évêque de la ville (de 371 à 397), saint Martin, mais si vous le connaissez, c’est celui qui a partagé son manteau avec un pauvre. Le tombeau était situé en dehors de la ville, comme il était de tradition jusqu’à la fin de l’époque romaine. C’est la même chose à Poitiers pour le tombeau d’Hilaire et la création de l’abbaye de Saint-Hilaire, hors les murs, et aussi pour le tombeau de sainte Radegonde. Vous trouverez ainsi des exemples dans toutes les anciennes cités romaines. Très vite, l’édifice doit être agrandit et l’évêque Perpet consacre en 482 une nouvelle basilique, vite trop petite elle aussi, le tombeau prestigieux (pare que riche de miracles) de saint Martin attirant les foules. En 818, elle devient collégiale avec un très important chapitre de 200 chanoines. L’histoire est ensuite mouvementée, avec des incendies qui endommagent plus ou moins gravement l’édifice en 853 et 903. Une nouvelle basilique est consacrée en 917, et les chanoines fortifient le faubourg qui devient Châteauneuf. Je vous passe ensuite les détails, que vous pourrez retrouver par les liens en bas de ce papier. Convertie en écurie pendant la révolution, mal entretenue, la nef s’écroule en 1797. En 1802, l’église est éventrée par la nouvelle rue des Halles, seuls les deux tours sont conservées :

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne … la tour Charlemagne …

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour de l'horloge … et la tour de l’horloge.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la façade de la basilique contemporaine Dans le renouveau catholique du 19e siècle, il était hors de question d’abandonner le si célèbre tombeau de saint Martin. Dès 1822, des projets de reconstruction, ou plutôt d’une construction neuve et plus modeste, sont établis. Il faudra près de 50 ans pour que le projet aboutisse. C’est finalement l’architecte Victor Laloux qui le mène à bien, la crypte avec le tombeau est inaugurée en 1889, et la nouvelle basilique, de style néo-classique, l’année suivante. L’achèvement des travaux donne lieu à une bénédiction en 1902, mais la basilique n’est finalement consacrée qu’en 1925. En raison des contraintes liées aux terrains qui ont pu être achetés et à l’emplacement du tombeau, le chœur de cette nouvelle basilique n’est pas orienté (tourné vers l’est), mais au nord de l’édifice. Comme je suis allée à Tours la semaine suivant la saint Martin (11 novembre), il y avait de nombreux pèlerins en prière dans la basilique et dans la crypte, je n’ai donc pas pris de photographie pour ne pas les déranger.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : le côté est de la basilique contemporaine et au fond, la tour Charlemagne Ici et là, des vestiges de l’ancienne basilique restent visibles ou perceptibles [voir en débit d’article une photographie similaire de novembre 2016, avec les dorures].

En sortant de la basilique, empruntez la rue Rapin et admirez les maisons canoniales (maisons des chanoines), du 15e siècle pour certaines. Allez jusqu’au musée Saint-Martin.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la façade du musée Saint-Martin En saison (j’y suis passée le dernier jour d’ouverture pour 2009), juste à côté, dans l’ancienne chapelle Saint-Jean, construite au 13e siècle à l’emplacement supposé d’un baptistère fondé par Grégoire de Tours, vous pouvez visiter le musée municipal Saint-Martin, inauguré en 1990. Dans un espace dense, très serré, vous pourrez découvrir la vie de saint Martin, le culte qui lui est rendu, mais surtout admirer quelques vestiges des fresques de l’ancienne église détruite, et une copie du chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions si difficile à voir en vrai.

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié Daniel dans la fosse aux lions est un grand thème traité par les artistes de l’époque romane, je vous en ai montré plusieurs représentations à Poitiers, vous trouverez sur ce précédent article des liens utiles sur ce thème. Ici, il est plus ou moins visible sur le vestige de la tour dite tour Charlemagne. Il se trouve sur la colonne supportant la tribune du pavillon nord.

2Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié, Daniel dans la fosse aux lions caché par la végétation Mais il est largement caché par la végétation pour la face où on devrait le voir le mieux…

Tours, novembre 2009, basilique Saint-Martin : la tour Charlemagne, chapiteau historié avec Daniel dans la fosse aux lions Si vous voulez mieux le voir, il vaut mieux aller sur le trottoir opposé de la rue des halles et vous munir de vos jumelles… car bien sûr, vous avez toujours une paire de jumelles quand vous allez visiter des édifices romans (ou autres). Je blague, mais c’est bien pratique de les avoir toujours à portée de main, le décor est parfois caché bien haut… ou bien loin.

Tours, la tour Charlemagne et ses abors en novembre 2016En novembre 2016, la végétation a été enlevée, mais la tour n’est toujours pas restaurée.

Pour aller plus loin : mes collègues du service de l’inventaire de la région Centre ont numérisé et mis à la disposition de chacun les dossiers sur l’ancienne basilique (ne pas rater l’abondante iconographie ancienne).

Poitiers, le clocher de Saint-Porchaire restauré

Poitiers, église Saint-Porchaire, 1, sous bâche Le clocher-porche de l’église Saint-Porchaire à Poitiers, que je vous ai déjà présenté avec une série de cartes postales anciennes, a passé quelques mois en restauration… Un seul regret, les guirlandes de leds en tube plastique qui éclairent l’intérieur du clocher-porche.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 2, façade restaurée Il a été dévoilé il y a peu, le résultat est impressionnant, je vous en montrerai d’autres détails dans les prochaines semaines, et vous montre aujourd’hui des détails des chapiteaux du portail, dont la sculpture date de la fin du 11e siècle.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 4, chapiteaux gauches du portail, oiseaux à la coupe et lions A gauche, les deux chapiteaux portent des lions et des oiseaux buvant dans une coupe, un thème que je vous ai déjà présenté sur la façade de Notre-Dame-la-Grande.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 3, chapiteaux gauches du portail, lion et oiseau Voici une autre vue prise de face…

Poitiers, église Saint-Porchaire, 5, chapiteaux gauches du portail, détail inscription LEO / NES Et une vue de détail des lions du chapiteau interne, avec l’inscription LEO / NES (lions) de part et d’autre de l’arbre stylisé qui sépare les deux lions.

Poitiers, église Saint-Porchaire, chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions De l’autre côté, sur le piédroit gauche, je vous ai déjà montré avant nettoyage Daniel dans la fosse aux lions (voir ce premier article pour l’histoire de Daniel, ou bien dans l’ancien Testament, Daniel 6, 2-29).

Poitiers, église Saint-Porchaire, 6, chapiteaux droits du portail, lion et Daniel Après nettoyage… voici l’ensemble, avec les lions dressés sur le chapiteau interne et Daniel dans la fosse aux lions sur le chapiteau externe.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 7, chapiteaux droits du portail, Daniel dans la fosse aux lions

Daniel est représenté au centre de la face principale du chapiteau, debout, bras ouverts. Sur la mandorle (la forme en amande qui l’entoure), l’inscription n’est guère plus lisible qu’auparavant, mais elle a été publiée « Hic Daniel Domino vi[ncit] coetum leoninum » (voir le Corpus des inscriptions médiévales, département de la Vienne, R. Favreau et J. Michaud, 1974). De chaque côté, en bas, un lion vaincu vient lécher la mandorle. En haut à gauche, la main de Dieu émerge des nuées.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 8, chapiteaux droits du portail, Habacucq Sur la droite, tout en haut, un ange est figuré tête vers le bas. Il tient par les cheveux le prophète Habaquq qui apporte à Daniel un pain rond et un autre objet. La représentation d’Habaquq dans la scène de Daniel dans la fosse aux lions se retrouve par exemple sur une chapiteau de la façade de l’église de Mons, en Charente ou sur le chapiteau déjà cité plus haut dans le chœur de l’église Sainte Radegonde à Poitiers.

Poitiers, église Saint-Porchaire, 9, chapiteaux droits du portail, lions de Daniel À gauche se trouve un curieux monstre, avec un buste humain, un arrière-train de lion et une queue terminée par une tête de serpent.

Daniel dans la fosse aux lions…

Poitiers, église Sainte-Radegonde, chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions Cet été, Hélène a montré le thème de Daniel dans la fosse aux lions sur des chapiteaux à Charlieu et à Moissac. J’ai alors pensé qu’il faudrait que je vous en montre de Poitiers. Et voilà, c’est fait.

Parmi les épisodes de la vie de Daniel (voir la Bible, livre de Daniel, ou pour un résumé, l’histoire illustrée par l’art), prophète de l’Ancien Testament, le plus représenté sans doute dans nos églises est celui de la fosse aux lions. Sur ce site dont je vous ai parlé, le chapiteau de l’église Sainte-Radegonde est aussi présenté, ainsi que celui de Moissac… Daniel est condamné par Darius à être dévoré par les lions suite à une dénociation calomnieuse. Il s’en sort indemne. Mais l’histoire est moyennement morale, puisque ce sont les dénonciateurs de Daniel qui sont dévorés par les lions… Dieu aurait pu aussi épargner ceux-ci, non ? (dans la Bible, toute l’histoire dans Daniel 6.2-29).

L’église Sainte-Marie-Hors-les-Murs prend le nom de Sainte-Radegonde dès que celle-ci y est enterrée en 587. Mais il ne reste rien en élévation de cette première église. Dans son état actuel, l’église date des XIe (clocher, une partie du chœur et du déambulatoire) et XIIIe siècle (nef et chœur gothique), puis à la fin du XVe siècle, des éléments sont ajoutés (chapelle, niches dans la façade, parvis où se rendait la justice du chapitre), sans compter les nombreuses restaurations.

Les chapiteaux du chœur, du déambulatoire et des absidioles datent de l’époque romane (fin du XIe siècle, entre l’incendie de 1083 et la consécration de l’église en 1099). Le chapiteau avec Daniel dans la fosse au lion est l’un de ceux-là. Les deux lions lèchent les pieds de Daniel, alors qu’un ange le protège et amène (au bout de sa main droite) le prophète Habaquq qui, en haut à gauche du chapiteau, apporte du ravitaillement à Daniel.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, au revers du chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions, la Tentation d'Adam et Ève Ce chapiteau porte sur sa face donnant sur le déambulatoire la Tentation d’Adam et Ève (retrouvez ici la Tentation de la façade de Notre-Dame-la-Grande). Mes photographies ne sont pas terribles, mais vous en trouverez de plus belles sur cette page consacrée à l’art roman de Poitiers [lien actualisé].

Poitiers, église Sainte-Radegonde, chapiteau du choeur, Adam et Eve En voici une autre vue… pas beaucoup plus nette.

[PS : Ce même chapiteau a deux autres faces sculptées, avec Nabuchodonosor et un homme attaqué par un lion, à découvrir ici].

Le clocher-porche a été restauré récemment, l’occasion pour la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Poitou-Charentes de proposer un petit dossier en ligne sur le portail occidental dont je vous reparlerai une prochaine fois… comme de la crypte et du tombeau de la sainte… qui avait sauvé la ville d’un dragon, la Grande-Goule rappelez-vous, j’en ai déjà parlé et vous pouvez le voir ici sur des cartes postales anciennes (voir d’autres liens en fin d’article).

Poitiers, église Saint-Porchaire, chapiteau avec Daniel dans la fosse aux lions Il y a une autre très belle bien que plus frustre représentation de Daniel dans la fosse au lion à Poitiers, sur l’un des chapiteaux du clocher-porche de l’église Saint-Porchaire… qui date à peu près de la même époque, à la fin du XIe siècle. Sur ce chapiteau, Daniel est représenté dans une mandorle (motif en forme d’amande qui symbolise Dieu et se trouve souvent associée au Christ, plus rarement à la Vierge, à des prophètes, comme ici, ou à des saints), mandorle contre laquelle les lions semblent venir s’écraser.

[à voir désormais restauré en 2012 ici, également avec des détails de Habaquq et autres].

Articles sur l’église Sainte-Radegonde