Archives par étiquette : science

Égalité filles / garçons en primaire???

Centre Presse, 4 février 2016La semaine dernière, le 4 février 2016, le quotidien régional Centre Presse, édition de la Vienne, proposait un article sur une visite de 26 élèves de CM2 de l’école Jacques-Brel à l’IUT de Génie Thermique et Énergie de Poitiers. Sur le fond, il s’agit de promouvoir les études scientifiques dès le plus jeune âge, par l’intermédiaire de l’association des Petits débrouillards, qui organise des stages gratuits dans de nombreuses villes autour des sciences abordées par l’expérimentation. Ils sont très bons dans ce domaine, en revanche, pour la mixité et l’égalité filles / garçons dans les activités, ils repasseront! La photographie qui illustre l’article m’a interpellée (je l’ai partagée avec des ami(e)s féministes et sur les réseaux sociaux et envoyée au magazine Causette) : pour la réunion finale dans l’amphithéâtre, il y a deux rangs de garçons devant et un rang et demi de filles derrière. Je veux bien qu’en CM2, les garçons et les filles se mélangent peu dans la cour de récréation (en classe, le (la) « professeur(e) des écoles devraient veiller à la mixité), mais une telle séparation spatiale, avec les filles DERRIÈRE, ça n’aidera pas les filles à prendre confiance en elles en général, et pour les métiers scientifiques en général!!! Comment voulez-vous ensuite qu’il y ait une égalité hommes / femmes dans le monde du travail, le partage des tâches ménagères, etc.? N’est-ce pas le rôle des accompagnants, nombreux (un pour 5 enfants), de veiller au mélange des genres? Il y a sur la photographie quatre jeunes avec un sweat-shirt des Petits débrouillards de l’IUT et un adulte (instituteur? professeur de l’IUT?), que des hommes, la féminisation des métiers scientifiques est sur de bien mauvais rails! Tiens, il faudrait que je demande à l’association Femmes et sciences ce qu’elle en pense…

Voyage aux îles de la désolation d’Emmanuel Lepage

Couverture de Voyage aux îles de la désolation d'Emmanuel LepageLorsque j’ai lu La lune est blanche, écrit avec son frère, il était beaucoup question au début de ce titre, lu par les différents membres de l’expédition. Je l’ai trouvé à la médiathèque.

Le livre : Voyage aux îles de la désolation d’Emmanuel Lepage, éditions Futuropolis, 2011, 160 pages, ISBN 9782754804240.

L’histoire : Saint-Denis de La Réunion, mars 2010. Emmanuel Lepage embarque sur le Marion Dufresne, direction les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Pour ravitailler les anciennes îles de la Désolation, Crozet, Amsterdam, Saint-Paul et Kerguelen. A bord du bateau, l’équipage, les militaires et contractuels chargés de la logistique des bases, les scientifiques et quelques « touristes » (le dessinateur, un élu…). Emmanuel Lepage présente la vie à bord du bateau, les ravitaillements (en nourriture et en pétrole pour les groupes électrogènes), les îles abordées lors de son voyage mais aussi par les illustres pionniers…

Mon avis : un album qui, pour ce que j’en ai entendu (un de mes anciens chefs de service avait fait une rotation avec ce bateau pour « inspecter » des fouilles archéologiques sur un ancien site baleinier), reflète bien la vie à bord du Marion-Dufresne. Et d’abord l’instabilité du bateau et le mal de mer, la vie à bord, le confinement par mauvais temps, la promiscuité, le fameux tamponnement des enveloppes postées depuis les TAAF, etc. La grande priorité, pour les militaires à bord, c’est le ravitaillement des bases. Puis permettre le travail des scientifiques, quel que soit le sujet, étude sur le climat ou sur les espèces introduites volontairement et devenues une menace pour les espèces endémiques (comme les BLO, bêtes aux longues oreilles pour ne pas dire lapins, mot interdit comme tous ceux qui désignent des rongeurs à bord des bateaux). Les « touristes » (au premier rang desquels le dessinateur) peuvent-ils influencer sur les tâches premières de la mission ? Les dessins mêlent de nombreuses planches en noir et blanc et quelques planches en couleur. Nous sommes loin des dessinateurs accompagnant les missions scientifiques de Napoléon à nos jours (le muséum d’histoire naturel emploie toujours des dessinateurs), même s’il y a de belles vues de la faune rencontrée, et plus proches du reportage journalistique en bande dessinée tel qu’on peut le voir dans La Revue dessinée ou dans les reportages de guerre de Joe Sacco (Gaza 1956, Goražde, Šoba, Palestine, une nation occupée). Envie d’évasion, d’une ambiance fraîche après un été chaud ? N’hésitez pas, cet album est fait pour vous.

Voir aussi :
La lune est blanche de François et Emmanuel Lepage et sur un autre sujet Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage
Les naufragés de l’île Tromelin d’Irène Frain

La lune est blanche, de François et Emmanuel Lepage

Couverture de La lune est blanche, d'Emmanuel et François Lepagepioche-en-bib.jpgLogo rentrée littéraire 2014J’avais beaucoup aimé Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage, je n’ai pas encore lu Voyage aux îles de la Désolation (réservé comme cet album à la médiathèque), mais j’ai sorti ce livre dont on parle pour la rentrée littéraire 2014 (et dans le défi organisé par Hérisson). Yaneck en a déjà parlé ici.

Le livre : La lune est blanche, de François Lepage (lettres et photographies) et Emmanuel Lepage (récit, dessins et couleurs), éditions Futuropolis, 256 pages, 2014, ISBN 9782754810289.

L’histoire: janvier 2013. L’astrolabe (la gastrolabe pour ceux qui l’ont fréquentée) vogue vers l’Antarctique et la base Dumont d’Urville, en Terre-Adélie. A son bord, en plus de l’équipe technique et scientifique, deux hommes qui n’ont pas les compétences pour ce voyage, un dessinateur et un photographe. Novembre 2011, à Paris, Yves Frenot, directeur de l’Institut polaire français, a invité les deux hommes sur la base pour témoigner du travail des chercheurs et leur a aussi proposé de participer au « Raid », le convoi de ravitallement de la station Concordia, à 1200 km à l’intérieur des terres glacées, en tant que chauffeurs : pas de touristes sur le raid, tout le monde conduit les monstres qui apportent les conteneurs et les dameuses qui entretiennent la piste de circulation et les pistes d’atterrissage de secours. Ils devaient partir avant Noël, le voyage a pris du retard car le bateau a été pris dans les glaces à la rotation précédente, retard qui va se répercuter sur toute la suite de la mission…

Mon avis: un gros album, pas pratique à lire au lit même avec une tablette et un lutrin (oui, je suis fainéante, je lis au lit!). Les circonstances du voyage ont fait que finalement, on ne fait qu’apercevoir la base Dumont-d’Urville, mais c’est peut-être remis à un prochain album? Si les deux frères sont tout de suite partis sur le raid, le retour ne s’est pas fait comme prévu non plus et ils sont repassés par la base, l’album se terminant à Concordia, il y aura peut-être une suite. Le récit montre quand même les chercheurs et techniciens notamment sur le bateau, en alternance avec les récits des voyages des grands explorateurs polaires historiques, et les relations entre les deux frères, surtout dans le bref moment où l’un a failli faire le raid et l’autre rester sur la base. Embarquer deux novices en matière de conduite de ces engins alors que ce dernier ravitaillement de la saison (après, c’est l’hivernage, 8 mois hors du monde et des contacts) est vital pour la base Concordia, c’est un risque osé de la part du chef de la logistique. Des doubles pages et des pleines pages s’insèrent dans le récit, comme dans Un printemps à Tchernobyl, des dessins d’Emmanuel et quelques photographies de François, ainsi qu’un dossier avec ses photographies et un texte sur Concordia à la fin. Un très bel album pour découvrir le grand sud et ces hommes qui y vivent, et parfois y meurent, pas seulement les pionniers, aujourd’hui aussi, comme l’équipage d’un avion canadien pendant leur voyage. Je vous laisse le découvrir…

Logo top BD des bloggueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet

Affiche de L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre JeunetJ’ai terminé le festival Télérama 2014 avec L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet, classé jeune public et projeté en français au lieu de la version originale (c’est un « faux film américain » tourné en anglais au Canada et coproduit par la France et le Canada…), et en 2D et non en 3D (tant mieux, parce que la 3D, ce n’est pas possible pour moi en ce moment avec ma vue). J’avais bien aimé la présentation. Il est adapté d’un roman de Reif Larsen.

Le film: dans un ranch isolé du Montana à la fin du 20e siècle sans doute. Après la mort accidentelle de Layton, son frère jumeau [Jakob Davies] il y a un an, T.S. Spivet [Kyle Catlet], 10 ans, se réfugie dans la science et les expériences, entre son père éleveur [Callum Keith Rennie], sa mère entomologiste [Helena Bonham Carter] et sa grande sœur Gracie [Niamh Wilson] plus intéressée par les émissions de Miss que par la vie au ranch. Un jour, il reçoit un appel de G.H. Jibsen [Judy Davis], qui l’informe qu’il a remporté le prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington pour sa machine à mouvement perpétuel. Enfin, plus exactement, elle croit que c’est le père, pas ce petit garçon qui a inventé cette machine. Il décide d’aller le recevoir, part seul vers Washington, à l’autre bout des États-Unis, à bord d’un train de marchandises puis d’un gros camion…

Mon avis : l’histoire d’une famille très particulière complètement isolée dans son ranch. Tous sont affectés par la mort du jumeau, même si personne n’en parle. La mère, docteur en entomologie, se noie dans l’étude de ses insectes, le père dans l’élevage, la sœur dans ses émissions de télévision, T.S. dans ses expériences, et même le chien est perturbé, qui mange les seaux en métal. J’ai préféré cette partie dans le Montana, le trajet vers Washington est assez réussi (Spivet est accompagné par le fantôme de son frère), j’ai moins aimé la dernière partie à Washington, la remise du prix et l’émission de télévision qui suit, même si certains passages de cette partie sont assez drôles, comme l’interprétation (graphique) des faux sourires des personnes qui assistent à la remise de son prix. Un conte sans doute plus pour adolescents ou grands enfants que pour le très jeune public…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, vue d'ensembleComme annoncé la semaine dernière, voici l’Art de Laurent [Honoré] Marqueste (Toulouse, 1848 – Paris, 1920), prix de Rome en 1871, qui fait le pendant de la Science de Jules Blanchard sur le parvis devant l’hôtel de ville de Paris, également réalisé entre 1880 et 1882.

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, signature de MarquesteLa signature de L[aurent] Marqueste, dont je vous reparlerai bientôt pour la tombe d’Alexandre Falguière au cimetière du Père Lachaise et la statue équestre d’Étienne Marcel également près de l’hôtel de ville de Paris, est apposée sur le côté.

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, deux vues de trois quartsL’Art est représenté sous les traits d’une allégorie féminine, assise sur une colonne, coiffée d’une couronne végétale, torse et pieds nus, un linge masquant néanmoins ses jambes et son pubis. L’Art est concentré sur la peinture qu’il est en train de réaliser, la palette posée à ses pieds.

Photographies d’octobre 2011.

La Science de Jules Blanchard devant l’hôtel de ville de Paris

La Science de Blanchard devant l'hôtel de ville de Paris, vue généraleEn vous présentant les allégories du théâtre d’Angoulême, je vous avais promis de reparler du sculpteur, Jules Blanchard (Puiseaux, 1832 – Paris, 1916 et non Clamart, comme il est dans sa fiche du musée d’Orsay), pour la Science, allégorie en bronze qui siège devant la grille de la façade principale de l’hôtel de ville de Paris. De l’autre côté (à droite quand on regarde la façade) se trouve une autre allégorie, l’Art par Laurent [Honoré] Marqueste (Toulouse, 1848 – Paris, 1920), que je réserve pour un autre article. La Science a été réalisée entre 1880 et 1882 (les sources secondaires divergent, je ne l’ai pas retrouvée dans les catalogues du salon des artistes français), elle est représentée assise, coiffée d’un chignon, torse et pieds nus, un linge masquant néanmoins ses jambes et son pubis.

La Science de Blanchard devant l'hôtel de ville de Paris, signature du sculpteurLa signature « J. Blanchard » est bien visible sur le côté.

La Science de Blanchard devant l'hôtel de ville de Paris, livres et globe terrestreLa Science est assise sur le savoir représenté (comme par exemple pour la statue de  Descartes par le comte de Nieuwerkerke à Tours) par une et un , qui ici porte les signes du zodiaque (avec la balance, ça tombe bien, c’est en ce moment ce signe).

La Science de Blanchard devant l'hôtel de ville de Paris, vue de gaucheElle tient en appui sur sa cuisse de sa main gauche une tablette et brandit de sa main droite un grand compas.

Photographies d’octobre 2011.

Le fronton du muséum de Nantes

Nantes, le muséum, façade et frontonLe muséum de Nantes accueillait plusieurs expositions dans le cadre du Voyage à Nantes en juillet 2012 (date des photographies de l’article), à revoir ici… En revanche, malgré ses 200 ans fêtés en 2010, l’extérieur et en particulier le beau fronton sculpté n’ont pas eu le droit à un petit nettoyage, il en aurait pourtant grand besoin. Le premier muséum de Nantes (voir sur le site du muséum) a été créé en 1810 dans l’école de Chirurgie de la rue Saint-Léonard. Le bâtiment qu’il occupe encore aujourd’hui, œuvre de l’architecte Gustave Bourgerel, a été inauguré  le 19 août 1875.

Le fronton, sculpté en très haut relief, est l’œuvre de [Louis] Guillaume Grootaërs (Nantes, 1816 – Montaigu, 1882), qui a réalisé une partie de la sculpture du passage Pommeray et est l’un des sculpteurs de la fontaine de la place Royale (invisible sous le mur d’escalade lors de ma visite, mais j’ai pu la photographier en octobre 2012).

Nantes, fronton du muséum, chimère assiseLe fronton est encadré à chaque extrémité des rampants par des tigres ailés assez graciles.

Nantes, le muséum, fronton, partie centrale

Le fronton est dominé par une grande femme debout, allégorie de la Science, encadrée de deux enfants potelés qui la sépare de deux femmes assises, le règne animal et le règne végétal, qui font face à des enfants.

Nantes, le muséum, fronton, allégorie de la scienceLa femme brandit un flambeau : elle symbolise la la Science éclairant le monde entre le règne animal (à gauche, incluant des fossiles), le le règne minéral incarné dans le globe terrestre à droite et le règne végétal sur toute la partie droite.

 

Nantes, le muséum, fronton, partie gauche, le règne animalA gauche, dans un décor de plantes tropicales, un singe, un oiseau et une tête de lion occupent la pointe gauche du fronton.

Nantes, le muséum, fronton, partie gauche, le règne animalDevant, deux enfants debout, légèrement vêtus, l’un armé d’une lance, leur tournent le dos et font face à l’allégorie assise représentant le règne végétal. Entre l’allégorie assise et la science, un chérubin joue avec un grand crâne animal.

Nantes, le muséum, fronton, règne végétal à droiteSur la droite, un autre chérubin semble empêtré dans son vêtement devant le globe terrestre montré du doigt par la Science.

Nantes, le muséum, fronton, règne végétal à droiteL’allégorie assise reçoit une profusion de plantes de deux enfants représentés debout, nus ou presque (le deuxième porte une sorte de pagne et une besace). Un troisième enfant, accroupi sur la droite, coiffé d’un chapeau cloche, manie le burin et le marteau et porte un sac, il pourrait symboliser le géologue… La partie en pointe à droite est occupée par des fleurs et des plantes où se cache au moins une chenille ou un ver.

Photographie de juillet 2012.

Pour aller plus loin : Alain Delaval, La réception des sculpteurs malinois à Nantes au XIXe siècle / Mechelen en de vroeg 19de-eeuwse beeldhouwkunst en architectuur – Acte du colloque : Malines et la sculpture au début du XIXe siècle : entre tradition et innovation, musées communaux de Malines (Belgique), 10-11 mars 2006.

 

L’hôtel de ville de Poitiers (4) : la science et l’agriculture

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 01, le beffroi Je vous ai déjà montré de loin l’hôtel de ville de Poitiers avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation. Il est l’œuvre de l’architecte Antoine Gaëtan Guérinot, qui avait réalisé la préfecture avec Alphonse Durand. La construction prit presque 10 ans, de 1869 à 1878, il faut dire que la guerre de 1870 et les changements politiques qui suivirent bouleversèrent le projet. L’essentiel du gros œuvre était achevé en 1875, date portée en chiffres romains sur la façade. J’ai décidé de vous le faire visiter de plus près pour l’extérieur et par des cartes postales anciennes pour l’intérieur, en plusieurs épisodes… Toujours le dimanche à midi, bien sûr… mais pas chaque semaine, il faut varier les plaisirs.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 02, le beffroi en métal Je commence par le milieu de la façade… Je passe sur le campanile, ses tigres-chimères (de l’artiste animalier Auguste Cain) et ses angelots en plomb (oui, bien lourds au sommet d’un édifice), tout juste restaurés, mais il me faudra aller faire de meilleures photographies avec un pied… (à voir maintenant ici).

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 03, l'horloge encadrée d'allégories Je vais aujourd’hui vous faire découvrir les deux allégories qui encadrent la monumentale horloge… Et oui, les allégories furent très à la mode dans la seconde moitié du 19e siècle, je vous ai déjà montré celles de l’ancien cercle industriel, article repris avec des explications de vocabulaire et de l’ancien cercle du commerce à Poitiers, vous pouvez par exemple voir à Tours les allégories de la force et du courage ou celles de l’éducation et la vigilance sur l’hôtel de ville ou encore les allégories de Limoges et Nantes ou de Bordeaux et Toulouse sur la gare. Quelques années plus tard, Louis Ernest Barrias a aussi réalisé une allégorie de l’Architecture (avec une représentation de l’hôtel de ville de Poitiers) sur la tombe de Guérinot.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 04, la signatureDépôts de l’Etat (elles figurent dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain), ces deux allégories sont l’œuvre de Louis Ernest Barrias (1841-1905), second prix de Rome en 1872, ainsi que cela se voit sur la signature portée sur le côté droit de la sculpture de gauche. Si vous voulez découvrir cet artiste, je vous conseille cette biographie ou de consulter la base de données Joconde (lien direct sur Barrias). De manière étonnante, une maquette en terre des allégories de Poitiers seraient au musée de Valenciennes, si l’on se fie aux informations de cette base de données.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 05, l'agriculture, de face Revenons à Poitiers. Les deux allégories, l’agriculture et la science, sont vêtues d’une longue robe drapée à l’Antique. À gauche de l’horloge, vous trouvez l’agriculture que je vous montre de face…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 06, l'agriculture, de côté … son profil droit…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 07, l'agriculture, de l'autre côté … et son profil gauche.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 08, l'agriculture, gerbe de blé et bras de la brouette Approchons un peu plus. Dans le creux du bras droit, elle porte une gerbe de blé. L’agriculture est assise sur une brouette, dont on voit ici les bras…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 09, l'agriculture, serpe et roue de la brouette … et de l’autre côté, un axe avec une cheville et une roue crantée. Dans la main gauche, elle tient une faucille ou une serpe.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 10, l'agriculture, la coiffure Un petit détail de sa coiffure, avec une couronne de blé, des nattes regroupées vers l’arrière de la tête en chignon.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 11, l'industrie Contournons l’horloge. De ce côté se trouve la science (souvent présentée comme l’industrie, par opposition à l’agriculture, mais le plâtre préparatoire présenté à l’exposition Un Louvre pour Poitiers confirme qu’il s’agit de la science), la tête couverte d’un voile (quoi, un voile en plein espace public? Au secours, appelez l’Élysée !) Ses cheveux, libres sur l’avant, sont tressés et rassemblés vers l’arrière.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 12, l'industrie, détail De plus près, ses attributs, une tablette dans la main gauche, un globe posé sur un livre à ses pieds. Remarquez au passage que son pied gauche, nu, est légèrement avancé. La barre métallique, que vous voyez aussi de l’autre côté, porte l’éclairage nocturne.

Pour aller plus loin : voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen (récemment décédée au mois de juillet 2010), Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

Voir l’article de Grégory Vouhé, La Science symbole de Poitiers, L’actualité Poitou-Charentes, n° 100, printemps 2013, p. 114-115.

Louis Barrias réalisa en 1893 pour la tombe de Antoine Gaëtan Guérinot., l’architecte de l’hôtel de ville de Poitiers, au cimetière du Père-Lachaise à Paris, un plan de ce bâtiment et un buste en bronze intitulé L’architecture (voir Antoinette Le Normand-Romain (1986), Tombeaux d’artistes, Revue de l’Art, vol. 74, p. 60 et 62). Il faudra que j’aille la photographier, à l’occasion…