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L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet

Affiche de L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre JeunetJ’ai terminé le festival Télérama 2014 avec L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet, classé jeune public et projeté en français au lieu de la version originale (c’est un « faux film américain » tourné en anglais au Canada et coproduit par la France et le Canada…), et en 2D et non en 3D (tant mieux, parce que la 3D, ce n’est pas possible pour moi en ce moment avec ma vue). J’avais bien aimé la présentation. Il est adapté d’un roman de Reif Larsen.

Le film: dans un ranch isolé du Montana à la fin du 20e siècle sans doute. Après la mort accidentelle de Layton, son frère jumeau [Jakob Davies] il y a un an, T.S. Spivet [Kyle Catlet], 10 ans, se réfugie dans la science et les expériences, entre son père éleveur [Callum Keith Rennie], sa mère entomologiste [Helena Bonham Carter] et sa grande sœur Gracie [Niamh Wilson] plus intéressée par les émissions de Miss que par la vie au ranch. Un jour, il reçoit un appel de G.H. Jibsen [Judy Davis], qui l’informe qu’il a remporté le prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington pour sa machine à mouvement perpétuel. Enfin, plus exactement, elle croit que c’est le père, pas ce petit garçon qui a inventé cette machine. Il décide d’aller le recevoir, part seul vers Washington, à l’autre bout des États-Unis, à bord d’un train de marchandises puis d’un gros camion…

Mon avis : l’histoire d’une famille très particulière complètement isolée dans son ranch. Tous sont affectés par la mort du jumeau, même si personne n’en parle. La mère, docteur en entomologie, se noie dans l’étude de ses insectes, le père dans l’élevage, la sœur dans ses émissions de télévision, T.S. dans ses expériences, et même le chien est perturbé, qui mange les seaux en métal. J’ai préféré cette partie dans le Montana, le trajet vers Washington est assez réussi (Spivet est accompagné par le fantôme de son frère), j’ai moins aimé la dernière partie à Washington, la remise du prix et l’émission de télévision qui suit, même si certains passages de cette partie sont assez drôles, comme l’interprétation (graphique) des faux sourires des personnes qui assistent à la remise de son prix. Un conte sans doute plus pour adolescents ou grands enfants que pour le très jeune public…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Jimmy P. d’Arnaud Desplechin

Affiche de Jimmy P. d'Arnaud DesplechinRetour au cinéma avec Jimmy P., psychothérapie d’un Indien des plaines, d’ (de ce réalisateur, revoir Un conte de Noël et Trois souvenirs de ma jeunesse).

Le film : 1948, dans un ranch du Montana. Jimmy Picard (Benicio Del Toro), indien Blackfoot qui a combattu en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale, vit chez sa sœur. Il souffre de maux de tête, de surdité partielle et d’hallucinations visuelles. Grâce à un programme réservé aux anciens combattants, elle l’emmène à l’hôpital militaire de Topeka, dans le Kansas, spécialisé dans les maladies du cerveau. Les médecins sont perplexes, posent un diagnostic de schizophrénie, mais décident néanmoins de prendre l’avis de Georges Devereux (), un ethnologue et psychanalyste juif roumain, étudiant à Paris dans les années 1930 et qui vit chichement à New-York après deux ans d’immersion ethnographique chez les Indiens mohaves. Après une phase d’observation, la direction de l’hôpital lui accorde une séance quotidienne, ce sera son seul patient auquel il se lie rapidement…

Mon avis : le film, en anglais, est adapté du livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des plaines, publié en 1951. Arnaud Desplechin a fait le choix de montrer, en alternance avec les séances de psychanalyses (pas très conventionnelles, d’ailleurs, l’école française de psychanalyse fait savoir à l’hôpital qu’elle ne le recommande pas), les rêves et des scènes de la vie passée de Jimmy Picard (enfance, adolescence, père à 17 ans ayant abandonné la mère et sa fille, guerre), ainsi que quelques scènes du suivi de contre-analyse de Georges Devereux… et ses relations complexes avec son (ex) petite-amie anglaise, Madeleine (Gina McKee), désormais mariée à un autre homme et en partance prochaine pour Paris. L’alternance des scènes intimes (séances de psychanalyse, huis-clos avec Madeleine dans le bungalow) et de grands espaces (rêves et réminiscence de Jimmy Picard) donne un certain rythme au film que j’ai beaucoup aimé.

Pour aller plus loin : Georges Devereux (1908-1985) est le pionnier de l’ethnopsychanalyse, son œuvre se poursuit au sein du Centre Georges Devereux (Université de Paris VIII). Ses archives professionnelles et personnelles sont conservées à l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine), soit 180 boîtes à découvrir dans le fonds Georges Devereux.