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La tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias au cimetière de Passy à Paris

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, vue générale de la tombeRetour au cimetière de Passy à Paris cette semaine avec la tombe de la famille Barrias, pour laquelle je vous ai déjà parlé de Louis Ernest (Paris, 1841 – Paris, 1905), grand prix de Rome de sculpture en 1865, dont je vous ai déjà parlé pour la tombe d’Antoine Guérinot au cimetière du Père-Lachaise et la science et l’agriculture sur l’hôtel de ville de Poitiers.

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, inscriptions sur la pierre tombaleCette tombe renferme plusieurs sépultures, dont celles des deux frères, « Louis Ernest / Barrias / statuaire / 1841-1905 » et « Joseph Félix / Barrias / peintre / 1822-1907 ».

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, buste et médaillonLes deux sont représentés, l’un en buste, l’autre sur un médaillon… impossible pour moi de savoir lequel est qui… deux hommes barbus et moustachus, l’un au front plus « dégarni » que l’autre, en costume, sans attribut permettant de distinguer le peintre du sculpteur. Si l’artiste a respecté leur apparence à leur mort, alors le médaillon pourrait être le sculpteur, plus jeune d’une vingtaine d’années, et le buste le peintre. Ce serait aussi assez logique avec la structure de la tombe, Louis Ernest décédé le premier en 1905, représenté sur le médaillon de la stèle construite avec la tombe, et Joseph Félix, décédé en 1907 sur un buste qui semble rapporté dans un second temps.

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, le médaillon_barrias_04Voici de plus près le médaillon sur la stèle (Louis Ernest Barrias ?, statuaire, 1841-1905)…

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, le buste… et le buste (Joseph Félix Barrias ?, peintre, 1822-1907).

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, signature sur le médaillonLes deux portent la signature du sculpteur André [Joseph] Allar (Toulon, 1845 – Toulon, 1926), grand prix de Rome de sculpture en 1869, la voici en capitales sur le médaillon…

Tombe de Louis Ernest et Joseph Félix Barrias par André Allar, cimetière de Passy à Paris, signature sur le buste… et en cursives sur le buste.

Photographies de février 2012.

La tombe de Guérinot par Barrias à Paris…

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, vue générale et l'allégorie de l'architectureIl y a longtemps que je vous avais promis de vous montrer la tombe de Antoine Gaëtan Guérinot (1830-1891) dans le cimetière parisien du Père-Lachaise à Paris, j’avais de mauvaises photographies, j’en ai refait de meilleures (quoique…) en novembre 2012, par un jour d’automne plein de brouillard (on le voit bien avec la Femme au bain de Couvègnes dans le square de la Butte du Chapeau Rouge). Antoine-Gaëtan Guérinot est l’architecte de l’hôtel de ville de Poitiers, dont le gros œuvre est achevé en 1875. Louis Ernest Barrias (1841-1905), qui a réalisé les sculptures de la science et l’agriculture sur l’hôtel de ville de Poitiers, a sculpté pour la tombe d’Antoine Gaëtan Guérinot, en 1893, une allégorie de l’architecture, assise sur un élément architecturé et appuyée contre une colonne à l’Antique. Cette allégorie a été présentée au Salon des artistes français de 1893 sous le no 2544, p. 229 du catalogue (le numéro 2543 était aussi de Barrias, la nature dévoilée devant la science pour la faculté de médecine de Bordeaux). La tombe porte l’épitaphe suivante:

Antoine Gaëtan / Guérinot / architecte du gouvernement / chevalier de la légion d’honneur / 1830-1891/
Jeanne Amanda / Roberts / née Guérinot / 1824-1892 /
William / Roberts / 1815-1906

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, l'allégore de l'architecture par BarriasL’allégorie, portant dans sa main droite une couronne mortuaire, vêtue d’une longue robe avec un voile sur la tête, a un air bien triste… Le marbre est bien sale…

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, le plan et les attributs de l'architecteA son côté se trouvent les accessoires de l’architecte (palette, compas, équerre) sur un plan représentant l’hôtel de ville de Poitiers.

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, inscription Hôtel de ville de Poitiers et signature de Barrias

L’inscription est peu lisible sous la crasse, on lit assez bien « hôtel de ville de Poitiers », moins bien la signature du sculpteur (« E. Barrias »).

Revoir les articles sur l’hôtel de ville de Poitiers : avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain, les plafonds peints de Émile Bin (salle du blason), de Jean Brunet (salle des fêtes) et de Léon Perrault (salle des mariages, plafond et cheminée)

Pour aller plus loin :

– voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

– l’article de Grégory Vouhé sur Poitiers Haussmannien paru dans l’Actualité Poitou-Charentes en 2009.

– le catalogue de l’exposition un Louvre pour Poitiers (sur la construction de l’hôtel de ville et musée (2010, paru après cet article, mais bien utile)…

L’hôtel de ville de Poitiers (4) : la science et l’agriculture

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 01, le beffroi Je vous ai déjà montré de loin l’hôtel de ville de Poitiers avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation. Il est l’œuvre de l’architecte Antoine Gaëtan Guérinot, qui avait réalisé la préfecture avec Alphonse Durand. La construction prit presque 10 ans, de 1869 à 1878, il faut dire que la guerre de 1870 et les changements politiques qui suivirent bouleversèrent le projet. L’essentiel du gros œuvre était achevé en 1875, date portée en chiffres romains sur la façade. J’ai décidé de vous le faire visiter de plus près pour l’extérieur et par des cartes postales anciennes pour l’intérieur, en plusieurs épisodes… Toujours le dimanche à midi, bien sûr… mais pas chaque semaine, il faut varier les plaisirs.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 02, le beffroi en métal Je commence par le milieu de la façade… Je passe sur le campanile, ses tigres-chimères (de l’artiste animalier Auguste Cain) et ses angelots en plomb (oui, bien lourds au sommet d’un édifice), tout juste restaurés, mais il me faudra aller faire de meilleures photographies avec un pied… (à voir maintenant ici).

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 03, l'horloge encadrée d'allégories Je vais aujourd’hui vous faire découvrir les deux allégories qui encadrent la monumentale horloge… Et oui, les allégories furent très à la mode dans la seconde moitié du 19e siècle, je vous ai déjà montré celles de l’ancien cercle industriel, article repris avec des explications de vocabulaire et de l’ancien cercle du commerce à Poitiers, vous pouvez par exemple voir à Tours les allégories de la force et du courage ou celles de l’éducation et la vigilance sur l’hôtel de ville ou encore les allégories de Limoges et Nantes ou de Bordeaux et Toulouse sur la gare. Quelques années plus tard, Louis Ernest Barrias a aussi réalisé une allégorie de l’Architecture (avec une représentation de l’hôtel de ville de Poitiers) sur la tombe de Guérinot.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 04, la signatureDépôts de l’Etat (elles figurent dans le catalogue du Fonds national d’art contemporain), ces deux allégories sont l’œuvre de Louis Ernest Barrias (1841-1905), second prix de Rome en 1872, ainsi que cela se voit sur la signature portée sur le côté droit de la sculpture de gauche. Si vous voulez découvrir cet artiste, je vous conseille cette biographie ou de consulter la base de données Joconde (lien direct sur Barrias). De manière étonnante, une maquette en terre des allégories de Poitiers seraient au musée de Valenciennes, si l’on se fie aux informations de cette base de données.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 05, l'agriculture, de face Revenons à Poitiers. Les deux allégories, l’agriculture et la science, sont vêtues d’une longue robe drapée à l’Antique. À gauche de l’horloge, vous trouvez l’agriculture que je vous montre de face…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 06, l'agriculture, de côté … son profil droit…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 07, l'agriculture, de l'autre côté … et son profil gauche.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 08, l'agriculture, gerbe de blé et bras de la brouette Approchons un peu plus. Dans le creux du bras droit, elle porte une gerbe de blé. L’agriculture est assise sur une brouette, dont on voit ici les bras…

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 09, l'agriculture, serpe et roue de la brouette … et de l’autre côté, un axe avec une cheville et une roue crantée. Dans la main gauche, elle tient une faucille ou une serpe.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 10, l'agriculture, la coiffure Un petit détail de sa coiffure, avec une couronne de blé, des nattes regroupées vers l’arrière de la tête en chignon.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 11, l'industrie Contournons l’horloge. De ce côté se trouve la science (souvent présentée comme l’industrie, par opposition à l’agriculture, mais le plâtre préparatoire présenté à l’exposition Un Louvre pour Poitiers confirme qu’il s’agit de la science), la tête couverte d’un voile (quoi, un voile en plein espace public? Au secours, appelez l’Élysée !) Ses cheveux, libres sur l’avant, sont tressés et rassemblés vers l’arrière.

Poitiers, façade de l'hôtel de ville, 12, l'industrie, détail De plus près, ses attributs, une tablette dans la main gauche, un globe posé sur un livre à ses pieds. Remarquez au passage que son pied gauche, nu, est légèrement avancé. La barre métallique, que vous voyez aussi de l’autre côté, porte l’éclairage nocturne.

Pour aller plus loin : voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen (récemment décédée au mois de juillet 2010), Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

Voir l’article de Grégory Vouhé, La Science symbole de Poitiers, L’actualité Poitou-Charentes, n° 100, printemps 2013, p. 114-115.

Louis Barrias réalisa en 1893 pour la tombe de Antoine Gaëtan Guérinot., l’architecte de l’hôtel de ville de Poitiers, au cimetière du Père-Lachaise à Paris, un plan de ce bâtiment et un buste en bronze intitulé L’architecture (voir Antoinette Le Normand-Romain (1986), Tombeaux d’artistes, Revue de l’Art, vol. 74, p. 60 et 62). Il faudra que j’aille la photographier, à l’occasion…

L’hôtel de ville de Poitiers (1)

Rue Victor-Hugo à Poitiers, depuis la préfecture en direction de l'hôtel de ville En 1859 est décidée la construction d’une nouvelle préfecture, plus proche de la gare et moins mal-commode d’accès que l’ancien évêché, à côté de la cathédrale… Les projets changent, et ce n’est qu’au milieu des années 1860 que le projet de l’architecte Alphonse Durand, associé à Antoine-Gaëtan Guérinot, est retenu pour l’hôtel de la préfecture, avec une nouvelle place monumentale et une nouvelle voie de circulation, la rue impériale (actuelle rue Victor-Hugo), au bout de laquelle se dressera le nouvel hôtel-de-ville ainsi qu’on peut le voir sur la première photographie prise depuis la préfecture cet été. Pour la préfecture, vous attendrez un peu, il faut que j’aille prendre des photographies.

La façade de l'hôtel de ville de Poitiers Donc je vous montre aujourd’hui l’hôtel de ville, qui abritait le musée, recouvert d’une épaisse et noire couche de pollution… Il paraît que des travaux sont prévus, annoncés et toujours reportés, ce ne sera pas du luxe ! ils ont fini par être réalisés fin 2009). Le projet de l’hôtel de ville est confié en 1869 à Antoine-Gaëtan Guérinot, élève de Bailly et de Viollet-Le-Duc. Mais la guerre de 1870 interrompt les travaux pour deux ans. Ils recommencent alors lentement, et il faut attendre 1875 pour que cet édifice d’une conception Second Empire ouvre les portes, avec une façade large de 51 mètres. Je n’ai pas fait de photographies à l’intérieur, avec les cariatides figurant la science et les beaux-arts (dues à Louis Ernest Barrias, comme les allégories au centre de la façade, quelques années plus tard, Barrias figurera sur la tombe de Guérinot l’hôtel de ville de Poitiers) et qui soutiennent le balcon dans l’escalier d’honneur, des toiles de Pierre Puvis de Chavanes à la gloire de l’histoire locale (Fortunat lisant des poèmes à sainte Radegonde et la victoire de Charles Martel sur les Sarrazins en 732 – ça doit vous rappeler quelque chose, cette histoire). Les salons ont quant à eux été décorés par Auguste Caïn (qui a aussi réalisé les tigres chimères du campanile), Alfred de Curzon, Amédée Brouillet, Émile Bin (plafond de la salle du blason), Jean Brunet (plafond de la salle des fêtes), Léon Perrault, etc. Je vous propose une petite visite sur un site anglais qui présente des photographies prises en 1885 1985? cliquez sur les images pour mieux voir les cariatides… PS : j’ai pris des photographies depuis, quelques articles à suivre dans les prochains mois…

Pour les préhistoriens, Amédée Brouillet est le fils d’André Brouillet (André François à l’état civil), notaire à Charroux, qui avait identifié les biches gravées magdalénienne de la grotte du Chaffaud à Savigné comme une œuvre antédiluvienne… en 1834, donc bien avant la reconnaissance de l’homme préhistorique. Cet os gravé se trouve aujourd’hui au Musée d’archéologie nationale, qui propose une page sur cet objet majeur de l’histoire de la préhistoire. Hélas, en 1864, Amédée Brouillet et Meillet ont publié une synthèse des fouilles Époques antédiluvienne et celtique du Poitou où ils ont glissé des faux et discrédité pour longtemps cette grotte située au sud du départment de la Vienne, dans la vallée de la Charente. Amédée Brouillet est aussi le père d’un autre André Brouillet (Pierre Aristide André à l’état civil), peintre poitevin.

Pour aller plus loin :

– voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

– les articles de Grégory Vouhé sur Poitiers Haussmannien paru dans l’Actualité Poitou-Charentes en 2009 et Le ministre et la première pierre, paru dans le n° 100 (printemps 2013) de l’Actualité Poitou-Charentes, p. 116-117.

– le catalogue de l’exposition un Louvre pour Poitiers (sur la construction de l’hôtel de ville et musée (2010, paru après cet article, mais bien utile)…

Post-scriptum, mai 2009, la restauration a enfin commencé. Il est tout propre depuis septembre 2009, enfin, pour ce qui est de sa façade principale.