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La sculpture du palais de justice de Châtellerault

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne avec l'hôtel de ville au premier planA Châtellerault, après une histoire mouvementée (voir lien à la fin de l’article), le palais de justice est reconstruit à partir de 1842/1844 à son emplacement actuel qui correspond à une partie de l’ancien couvent des Minimes, sur les plans de Dulin, architecte du département, juste à côté du théâtre (qui vient juste d’être restauré). L’ensemble comprend l’hôtel de ville, le palais de justice installé dans le corps de bâtiment central, une école, le musée et la bibliothèque. C’est sans doute sur cette carte postale ancienne que l’on voit le mieux l’organisation de l’ensemble.

Palais de justice de Châtellerault, la façade de l'hôtel de villeVoici aujourd’hui (enfin, en 2012) la façade de l’hôtel de ville côté cours de Blossac (à revoir à une extrémité du boulevard le monument aux morts de 1870 et à l’autre bout celui de 1914-1918)…

Palais de justice de Châtellerault, façade du palais de justice…et celle du palais de justice.

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne, façade du palais de justiceVoici la même façade sur une carte postale ancienne.

Palais de justice de Châtellerault, frontonLe fronton a été sculpté par Honoré Hivonnait, qui a aussi réalisé une partie du décor peint du théâtre voisin mais qui est surtout connu dans le département de la Vienne pour ses vitraux et ses peintures religieuses (à voir prochainement sur ce blog le chemin de croix peint de l’église Saint-Jacques de Châtellerault et le décor peint de l’église de Civaux).

Palais de justice de Châtellerault, fronton, détail de la JusticeAu centre du fronton trône une allégorie de la Justice encadrée par la ville et l’art… La Justice, vêtue à l’Antique, cheveux longs nattés et chaussée de sandales, porte ses attributs habituels, un glaive (levé vers le haut) et une balance. Sa tête est cernée de foudres et ses épaules se détachent sur un fond de drapeaux déployés. Une tête de lion est posée à son côté.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie gauche, la ville et ses activitésA gauche (côté hôtel de ville), la Ville avec ses armoiries, assise mais manches retroussées, tient un rouleau de parchemin et des outils liés à la métallurgie, tenailles et massette. La production métallurgique locale, couteaux et baïonnettes (en savoir plus sur la manufacture d’armes de Châtellerault), ainsi qu’une hache, se détachent d’un fond lié à la Vienne (roseaux) qui sépare la ville en deux et avait un intense trafic de bateaux jusqu’à la Loire… l’artiste en a représenté deux avec leurs mâts entre la tête de la ville et les baïonnettes.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie droite, l'art et ses attributsA droite (côté musée), l’art est assise la tête penchée en avant, un papier posé sur les genoux avec à ses côtés tout ce qui lui est utile (palette, équerre, compas, lyre, tambour, globe terrestre etc.).

Pour en savoir plus : voir l’article d’Alexandra Enault, Le Palais de justice de Châtellerault au XIXe siècle, CCHA / Centre Châtelleraudais Histoire Archives), 2001, n° 2, p. 130-141.

Photographies d’août 2012.

Niort, le palais de justice et la prison

Niort, la prison, 2, du palais de justice à la prison Le palais de justice (à gauche de l’image) et la prison (à droite) de Niort sont construits dans le même îlot coincé entre l’hôtel de ville, l’ancien musée et la préfecture. Ils ont été construits en 1853 sur les plans de l’architecte  (1798-1864), qui à Niort a aussi construit  l’église Saint-Hilaire, l’église Saint-André et le bâtiment central de la préfecture des Deux-Sèvres.

Niort, la prison, 1, la façade côté Sèvre La prison, pour son plan très original en demi-cercle, dit panoptique, est protégée au titre des monuments historiques. Menacée de fermeture, elle était toujours en activité lors des photographies en juillet 2011. Sur ce site consacré au patrimoine carcéral, vous pouvez voir une vue intérieure qui permet de mieux comprendre le système panoptique, dans lequel le gardien a une vue sur toutes les cellules.

Niort, la prison, 3, le palais de justice et la prison, quatre vues Sur ce montage, vous pouvez voir la façade du palais de justice (en haut à gauche), la prison vue avec la préfecture (en bas à gauche) et deux autres vues de la prison derrière ses hauts murs (à droite).

Pour aller plus loin : un livre et un article de Chantal Callais, architecte qui a fait une thèse sur l’architecte Segretain:

– Callais, Chantal , La première prison panoptique demi-circulaire en France : une aventure humaine et technique. Pierre-Théophile Segretain (1798-1864) et la prison de Niort (1828-1853), actes du colloque « L’architecture carcérale, des mots et des murs », ENAP, Agen, déc. 2010.

– Callais, Chantal, À corps perdu, Pierre-Théophile Segretain architecte (Niort, 1798-1864). Les architectes et la fonction publique d’État au XIXe siècle, Niort, Geste éditions et Société historique et scientifique des Deux-Sèvres (ouvrage issu de la thèse de doctorat soutenue en janvier 2009), 2010.

Photographies de mi juillet 2011.

Le palais de justice de Poitiers, retour sur une évasion…

Plan dynamique du quartier du palais de justice de Poitiers

Chez VD, Poitiers, statue de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, rempart romain Chez VD, Poitiers, médaillon de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret Chez VD, Poitiers, hôtel Pélisson Chez VD, Poitiers, l’ancienne chambre de commerce Chez VD, Poitiers, la maison du Dr Letang et son décor Chez VD, Poitiers, la médiathèque Chez VD, Poitiers, les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, le marché Notre-Dame, avec cartes postales anciennes Chez VD, Poitiers, rue Montgautier Chez VD, Poitiers, la grand’rue glacée en janvier 2009

Lundi dernier (18 mars 2013), Poitiers a fait la une de la presse pour une évasion présentée comme « spectaculaire »… c’est surtout le déploiement des forces de l’ordre et des télévisions nationales qui ont été spectaculaires… En revanche, en dehors de la presse locale, je pense que peu de monde aura noté que l’individu a été arrêté 50 heures plus tard chez l’un de ses amis… Retour sur cette histoire, et la configuration de l’îlot du palais de justice. La carte ci-dessus, que j’ai réalisée à partir du plan cadastral, vous montre l’emplacement des éléments suivants (clic sur les vignettes pour voir en grand)

rue des Cordeliers et arrière de la tour Maubergeon à Poitiers– entouré en bleu, l’îlot du palais de justice, entouré, contrairement à ce qu’à dit la presse reprenant les communiqués de la police, non pas de ruelles mais de larges rues (rue de la Regratterie, rue du Marché-Notre-Dame, rue des Cordeliers, rue du Palais), et une place, habituellement appelée place du palais mais baptisée officiellement  place Lepetit. Impossible de les traverser par les toits!

Poitiers, fenêtre du palais de justice avec plexiglass anti évasion– le carré bleu correspond à la fenêtre d’où s’est évadé la personne; elle est censé être protégée par des plexiglass anti-évasion comme ceux que vous voyez sur cette photographie pris sur l’autre façade, côté escaliers du palais

Poitiers, carte postale ancienne, square des Cordeliers, Jeanne d'Arc et tour Maubergeon– le point vert indique la tour Maubergeon, partie ancienne du palais des ducs, l’évadé y aurait été vu, il a dit s’y être rendu quelques minutes vers 8h15, l’hélicoptère l’a survolée et le GIPN y ont campé une bonne partie de la matinée de lundi… (sur cette carte postale ancienne, la statue  de Jeanne d’Arc est à son emplacement d’origine)

Poitiers, vue aérienne du palais de justice, carte postale ancienne– le rond bleu indique l’ancien palais de justice avec sa grande salle des pas perdus qui correspond à l’ancienne salle de réception des ducs d’Aquitaine comtes de Poitou (promis, je vous ferai une petite visite un de ces jours)

Poitiers, l'échelle du palais– la flèche verte indique l’impasse de la buvette et l’échelle du palais, une ruelle en effet au cœur de l’îlot, mais qui était ouverte à tout le monde il y a 30 ans pour traverser le palais et qui devrait être bien connu des forces de l’ordre, puisque c’est par là qu’ils passent à chaque fois qu’un prisonnier sensible (généralement les terroristes de l’ETA) est présenté au palais de justice

– les lieux dont je vous ai déjà parlé pour les points rouges: clic sur le point pour voir l’article, ou sur les liens en fin d’article!

Que s’est-il passé? En faisant la synthèse des articles parus dans la presse locale: un homme ivre a été arrêté dimanche pour avoir cogné à coups de marteaux sur la tête d’une de ses amies qui avait refusé des relations sexuelles (50 jours d’arrêts) et sur sa femme (sans incapacité de travail). Lundi vers 8h, il est déféré au palais, comme l’une des cellules est inutilisable (suspicion de galle) et qu’ils n’ont pas la clef de l’autre (la serrure venait d’être changée), ils l’abandonnent sans surveillance dans l’antichambre du bureau du juge. Il réussit à se faufiler entre les plaques anti-défenestration, selon la police, il est menotté, mais lui dit qu’il a réussi à se libérer une main. A 8h15, son évasion est constatée par les gendarmes, des riverains l’ont aperçu sur un toit, une grosse heure plus tard, 150 hommes dont le GIPN venu de Bordeaux, la brigade canine, un hélicoptère le recherche sur les toits rendus glissants par les giboulées. Bilan des recherches: un flic tombé du toit avec une cheminée, pas mal de tuiles cassées (nous sommes sur un monument historique!), un prisonnier introuvable…

Poitiers, abri bus place LepetitEn fait, comme il a vu qu’il ne pouvait pas descendre du toit de la tour Maubergeon, il est reparti par où il était venu, descendu place Lepetit par une gouttière, et a tranquillement pris le bus (dans le sens inverse par rapport à celui de la photo, abri bus au bout de la flèche) pour rentrer dans son quartier avant le déploiement des forces de l’ordre… qu’il a regardé à la télé le midi chez un de ses amis qui l’a hébergé! Finalement arrêté mercredi en fin d’après-midi, il est maintenant en prison, mis en examen pour tentative de meurtre et… évasion.

Si l’îlot est isolé par de larges rues, il est néanmoins constitué, outre le palais de justice, d’un réseau de boutiques et hôtels particuliers qui se sont installés sur l’ancien fossé qui cernait le palais au Moyen-Âge: un pont sur cet ancien fossé est encore conservé au fond d’une boutique (La Mandragore, rue du Marché-Notre-Dame).

Cet épisode montre de multiples failles dans la procédure judiciaire et policière… Gageons que la nouvelle cité judiciaire (hasard du calendrier, le choix de l’architecte a été annoncé lundi après-midi) qui devrait voir le jour en 2017 dans l’ancien lycée des Feuillants sera plus sécurisé, et que dans les 4 à 5 ans qui viennent, la sécurité du palais de justice sera revue…

Les points de la carte:

1. la statue et la plaque en bronze  de Jeanne d’Arc (1929) de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers

2. le rempart romain

3 et 4: hôtels particuliers avec des dates portées, respectivement de 1516 (n° 3, place Lepetit),  1580 et 1626 (dans une cour rue de la Regratterie)

5. ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret

6. l’hôtel Pélisson (1557)

7. l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Émile Couvègnes (1935) et des peintures de Henri-Pierre Lejeune.

8. la maison du Dr Letang et son décor (1902)

9. la médiathèque, avec une visite avec son architecte et son nouveau forum criard,
déjà des pannes, des serre-joints

10. les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande

11. le marché Notre-Dame (avec cartes postales anciennes)

12. l’église Notre-Dame-la-Grande

13. le médaillon en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale

14. rue Montgau(l)tier

15. la grand’rue glacée en janvier 2009 (l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine est juste hors cadre)

Le palais de justice d’Angers

Angers, palais de justice, 1, la façade Le palais de justice d’Angers a été inauguré en 1875 dans ces nouveaux locaux près du Mail sur des plans établis en 1863 par l’architecte Isabelle Charles-Edmond (voir le dossier d’inventaire général). Le monument aux morts a été déplacé juste devant en 1988. L’architecture joue sur la monumentalité de l’ordre classique, monumentalité renforcée par la présence de marches, dispositif très fréquent pour les palais de justice de la seconde moitié du 19e siècle.

Angers, palais de justice, 2, fronton sculpté Le fronton comporte un groupe sculpté. Au centre trône la Justice, portant les tables de la Loi, encadrée de chaque côté de trois personnages ou groupes formés par une mère et son enfant.

Angers, palais de justice, 3, partie gauche du fronton sculpté

Sur la gauche, une femme tient tendrement enlacé son petit enfant nu, debout.

Angers, palais de justice, 4, partie gauche du fronton sculpté, mère et enfant La voici de plus près… La position semi allongée épouse la forme se la pointe du fronton.

Angers, palais de justice, 5, partie gauche du fronton sculpté, mère et enfant et homme Plus à droite, un homme portant un gourdin (qui rappelle celui des sauvages des armoiries de l’hôtel de ville de Niort. A ses pieds, une femme éplorée, il pose sa main droite sur son épaule, la mère soutient le corps d’un enfant qui semble mourant sinon déjà mort…

Angers, palais de justice, 6, partie centrale du fronton sculpté, justice encadrée de deux hommes

Au centre donc trône la justice… Assise sur son siège, vêtue à l’Antique et les pieds nus, elle tient les tables de la Loi.

Angers, palais de justice, 7, partie centrale du fronton sculpté, détail de la Justice

Voici de plus près la justice et les deux personnages qui l’encadrent.

Angers, palais de justice, 8, partie droite du fronton sculpté,

Sur la partie droite du fronton, une femme tenant une épée est assise un peu plus bas que la justice sur son trône. Devant elle se tient un homme barbé, visiblement pieds et mains liés. Il est devant une mère et son enfant qui semblent dormir, à moins qu’il ne s’agisse plutôt de ses victimes décédées.

Le palais de justice de Confolens

Le palais de justice de Confolens, la façade Le palais de justice de Confolens a fait l’objet, au milieu du 19e siècle, de nombreux débats pour son implantation (pour en savoir plus, voir le dossier de l’inventaire du patrimoine culturel). C’est finalement un emplacement situé un peu à l’écart du centre-ville ancien, non loin du lycée, qui est choisi. Le projet est confié à l’architecte départemental Charles Dubacq et les travaux sont achevés en 1868. Il fait parti de ces palais de justice que la RGPP (révision générale des politiques publiques) a rendu obsolète… Déjà, depuis de nombreuses années, la partie arrière accueillait les services de l’équipement. Quel sera l’avenir de ce bâtiment?

Le palais de justice de Confolens, vue rapprochée et sculptures Pour augmenter l’impression de justice qui domine, le bâtiment a non seulement été construit en hauteur par rapport à la Vienne, mais aussi avec une volée de marches pour y accéder. En revanche, le décor est assez sobre. Il joue sur le décor d’architecture (pilastres, fronton) et de petits ornements géométriques comme des denticules. Juste deux motifs sculptés des symboles de la justice, d’un côté la main de justice entrecroisée avec un sceptre, et de l’autre, la balance.

Des violettes à Confolens, vues de près Quelques précisions : en mars 2010, j’ai profité d’une belle journée printanière à Confolens (pour un colloque) pour faire une série de photographies et partager avec vous quelques-une d’entre elles, comme ces violettes près de l’église Saint-Barthélemy. Pour plus d’informations sur Confolens et la communauté de communes du Confolentais, deux livres sont toujours en librairie, Parcours du patrimoine n° 325 consacré à Confolens, ou encore l’image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin.