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Ma saison 2016-2017 au TAP

La façade du théâtre auditorium de Poitiers après l'incendie du 21 novembre 2016Ma saison 2016-2017 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP a déjà bien commencé… et même failli s’interrompre avec le gros coup de chaud du 21 novembre 2016, lorsqu’un ouvrier a accidentellement mis le feu à un important stock de polystyrène. Que faisait une si grande quantité de matériau inflammable dans un lieu accueillant du public??? Grosses flammes et gros nuages de fumée sur la ville, explosion d’une bouteille d’acétylène, mais au final, plus de peur que de mal, il ne reste plus qu’à changer quelques dalles de verre bien noircies…

Voici donc les spectacles que j’ai choisis, par catégorie:

Revoir mes avis sur les saisons 2015-2016, 2014-2015, 2013-2014, 2012-2013, 2011-2012, 2010-2011 et 2009-2010.

Ballaké Sissoko et Vincent Segal de retour au TAP

La façade du théâtre auditorium de Poitiers après l'incendie du 21 novembre 2016Le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP a eu un gros coup de chaud lundi dernier (21 novembre 2016) lorsqu’un ouvrier a accidentellement mis le feu à un gros stock de polystyrène. Que faisait une si grande quantité de matériau inflammable dans un lieu accueillant du public??? Grosses flammes et gros nuages de fumée sur la ville, explosion d’une bouteille d’acétylène, mais au final, plus de peur que de mal, le TAP a rouvert dès mardi et il ne reste plus qu’à changer quelques dalles de verre bien noircies…

Ceci étant, j’étais allée voir un spectacle quelques jours plus tôt, Ballaké Sissoko et Vincent Segal de retour après avoir joué ici même en 2010  Chamber Music.  Cette fois, leur spectacle s’appelle Musique de nuit, du titre de leur album enregistré sur le toit de la maison malienne de Ballaké Sissoko en 2015. Les deux artistes, le malien avec sa kora à vingt et une cordes le français au violoncelle, sont seuls sur la scène de l’auditorium, ils ont choisi de s’installer très au bord, du coup, les expressions de leurs visages étaient d’autant plus visibles que j’étais placée au centre du troisième rang du public.

A deux, ils ré-interprêtent avec leurs instruments des musiques écrites ou transmises avec d’autres instruments, que ce soit des musiques du nord du Mali, du Brésil ou de Bretagne… Une sorte de tour du monde en musique, avec les commentaires de Vincent Segal le temps que Ballaké accorde son instrument pour le morceau suivant. Un grand moment de musique avec deux artistes qui se fréquentent beaucoup (ils se sont connus par l’école de leurs enfants) et ont vraiment une grande complicité. A voir s’ils passent près de chez vous!

Pour aller plus loin : voir / écouter un extrait de l’album paru sur le label Nø Førmat!, qui propose une sorte d’abonnement, recevoir les créations de ses artistes pour 50€ par an.

Éperdument, chants d’amours persans par Alireza Ghorbani

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014

Chaque année, j’essaye de voir un spectacle de musique orientale au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, cette année, c’était Éperdument, chants d’amour persans par l’artiste iranien Alireza Ghorbani, qui a récemment donné aussi des concerts avec Dorsaf Hamdani, venue à Poitiers il y a deux ans. Déjà la fin de la saison 2015-2016

Le spectacle : la scène de l’auditorium est délimitée sur les côtés par des rideaux noirs. Au centre, assez vers l’avant, des banquettes couvertes de tapis. Alireza Ghorbani et ses trois musiciens, Saman Samimi (kamanche), Milad Mahammadi (tar) et Hussein Zahawy (daf, udu) prennent place, l’un assis en tailleur.

Une très belle soirée, une très belle voix accompagnée par une musique parfaite, pas trop présente, laissant bien entendre la voix mais également mise en valeur par de beaux solos… Je vous recommande ce spectacle s’il passe près de chez vous, en attendant, voici un extrait proposé par France Musique (Ali Reza Ghorbani à l’abbaye de Royaumont).

Cœur tambour de Scholastique Mukasonga

pioche-en-bib.jpglogo tour du monde en lectureCouverture de Cœur tambour de Scholastique MukasongaCela fait des années que lorsque j’entends ou lis un entretien de Scholastique Mukasonga, j’ai envie de lire l’un de ses livres (notamment Notre-Dame du Nil pour lequel elle a reçu le prix Renaudot), mais je n’avais pas eu l’occasion de le faire avant de voir son dernier titre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Et c’est aussi l’occasion d’alimenter mon Tour du monde en lecture auquel je n’ai ajouté aucun nouveau pays depuis des mois!

Le livre : Cœur tambour, de Scholastique Mukasonga,
collection blanche, éditions Gallimard, 176 pages, 2015, ISBN 9782070149810.

L’histoire : en Amérique (Carïbes et Amérique du Nord) puis au Rwanda. La célèbre chanteuse rwandaise d’un groupe rasta, Kitami, est morte écrasée par son grand tambour dans des conditions mystérieuses (accident, meurtre, suicide?) il y a un an lorsqu’un journaliste reçoit une valise qui contient un manuscrit autographe dans lequel est raconte sa vie au Rwanda sous le nom de Prisca jusqu’à sa rencontre avec trois joueurs de tambours rastas à la recherche de leurs racines africaines. Enfant brillante, elle arrive à poursuivre des études malgré les transes qui déjà l’envahissent de temps à autre…

Mon avis : j’ai eu un peu de mal avec la première partie,
Kitami (jusqu’à la page 60, sur les tambourinaires du groupe de Kitami) et préféré les deux suivantes, qui chronologiquement se placent avant, Nyabongui (souveraine légendaire dont elle est -serait- la réincarnation) et Ruguina (le nom de son grand tambour). Le récit au Rwanda m’a particulièrement plu, tant pour l’histoire que pour le style. Le lecteur assiste aux études d’une fille brillante, entre école au village, cours supplémentaire par le missionnaire, puis la bourse pour aller au collège puis au lycée à la capitale. En parallèle, après une première transe, on croise le monde des esprits, des superstitions. Pas de chance pour cette jeune fille, elle appartient à la mauvaise ethnie, elle ne pourra pas poursuivre ses études au-delà. Au village, elle est crainte (ses pouvoirs sont-ils bénéfiques ou maléfiques?), elle va devoir fuir. Mythe, réalité, passé colonial, cohabitation ethnique difficile entre hutus et tutsis, recherche des origines par certains américains descendants d’esclaves, rôle des tambours, légendes et mythes ancestraux confrontés aux Églises chrétiennes (catholique et évangélique), pouvoirs thaumaturgiques ou maléfiques, transmission du passé, des légendes, des pouvoirs, rapports hommes / femmes, … Ce roman aborde de nombreux sujets avec beaucoup de « douceur », comme dans un murmure à l’oreille du lecteur…

 

Logo rentrée littéraire 2015Ce livre entre dans la catégorie romans pour le défi de la rentrée littéraire organisé à nouveau en 2015 par Hérisson.

Macbeth de Verdi, adapté par Fabrizio Cassol et Brett Bailey au TAP à Poitiers

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Jeudi soir, je suis allée voir Macbeth de Verdi, adapté par Fabrizio Cassol et mis en scène par Brett Bailey (revoir l’année dernière Exhibit B), au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP. Heureusement que j’avais choisi la représentation de 19h30 (comme pour beaucoup de spectacles de ma saison 2015-2016 ), à part des micro-endormissements de 20h10 à 20h20 (merci à mon voisin qui a veillé à me réveiller jusqu’à ce que le « coup de barre passe »), j’ai réussi à tout voir!

Le spectacle: sur la scène, à gauche (à jardin), dix chanteur(se)s noir(e)s [la compagnie Third World Bunfight], victimes de guerre, exilés de force ou anciens enfants soldats, comme le souligne le générique. À droite (à cour), douze musicien(ne)s blanc(he)s [le No Borders Orchestra] et le chef d’orchestre [Premil Petrovic]. Au centre, un podium surmonté d’un écran sur lequel sont projetées des textes sur les massacres constatés par les médias ou l’ONU, des photos en noir et blanc, de Marcus Bleasdale et Cedric Gerbehaye, qui en témoignent, des motifs de tissus africains, des oiseaux comme composés en pièces de tan-gram qui s’animent, etc. De chaque côté de la scène, une petite estrade individuelle sur laquelle un soliste vient de temps à autre prendre place. Et deux écrans de surtitrage en français et en anglais (le texte est en italien). Fabrizio Cassol a condensé l’opéra, passé de 2h50 environ à 1h40, et l’a transposé, avec Brett Bailey à la mise en scène, dans le Congo victime d’une guerre civile.

Mon avis : comme dans la pièce de Shakespeare adaptée par Verdi, Macbeth [Owen Metsileng] reste un général, sa femme [Nobulumko Mngxekeza] une intrigante et Banquo [Otto Maidi] ne se laisse pas faire. Les trois sorcières sont aussi bien là, habillées et masquées de blanc. La transposition au cœur de la guerre civile du Congo est très forte, surtout que les chanteurs sont aussi (et même avant-tout) des comédiens, tous bougent, changent de costumes, manipulent des décors simples (caisses gerbables, sacs de vêtements, malle, chaise en plastique, …), rien à voir avec un opéra classique statique. Le tout est souligné et mis en valeur par un très beau travail sur la lumière [Felice Ross]. Cela donne l’impression très forte d’assister à une pièce de théâtre chantée, un retour à Shakespeare plus qu’à Verdi… alors que l’opéra est pourtant bel et bien là, même s’il est coupé et adapté autour de la guerre civile et ses conséquences, la souffrance des civils, l’exil, les viols de guerre (suggéré mais bien là), les meurtres, les profiteurs à l’affût de gros bénéfices qui s’accaparent des compagnies minières néo-colonialistes. Un spectacle très fort, s’il passe près de chez vous, n’hésitez pas à aller le voir!

Pour découvrir un extrait proposé par la compagnie Third World Bunfight

MACBETH by BRETT BAILEY / Third World Bunfight par Free State Productions sur Vimeo.

Ma saison 2015-2016 au TAP

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014La saison 2015-2016 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP est déjà bien entamée, et je ne vous ai parlé que d’un seul spectacle (Timber par le cirque Alfonse) … je vais me rattraper dans les prochains jours, en attendant, voici les spectacles que j’ai sélectionnés : beaucoup de théâtre et très peu de musique cette année, pour moins risquer de m’endormir pendant les spectacles. J’ai privilégié les séances à 19h30 plutôt que 20h30 le jeudi ou le vendredi quand c’était possible, fatigue persistante oblige.

  • ciné-concert : Foxtrot Delirium sur le film La Princesse aux huîtres, d’Ernst Lubitsch / Martin Matalon, par l’ensemble Ars Nova
  • arts de la piste : Timber par le cirque Alfonse, Patinoire par Patrick Léonard (compagnie Les 7 doigts de la main)
  • danse : Debout ! par Raphaëlle Delaunay, le Ballet de Lorraine
  • théâtre : Répétition, de Pascal Rambert (avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey et Denis Podalydès) ; Comme vider la mer avec une cuiller par Yannick Jaulin (revoir Terrien) ; La Mouette d’Anton Tchekhov mise en scène par Thomas Ostermeier, Nobody de Falk Richter mis en scène et cinéma par Cyril Teste (Collectif MxM)
  • opéra : Macbeth de Verdi / Fabrizio Cassol mis en scène par Brett Bailey (revoir Exhibit B)
  • musique du monde : chants d’amours persans par Alireza Ghorbani

Revoir mes avis sur les saisons 2014-2015, 2013-2014, 2012-2013, 2011-2012, 2010-2011 et 2009-2010.

La première sieste acoustique au TAP

Poitiers, le théâtre et auditorium, 11, l'auditorium vu du balcon C’était il y a presque deux mois déjà, juste avant Noël. J’ai participé à la première sieste acoustique au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, dans le cadre de ma saison 2014-2015… où je passe un nouveau grand après-midi pour la deuxième partie de Henri VI de Shakespeare mis en scène par Thomas Joly (18h en tout, avec les entractes sur deux dimanches, 13h de spectacle sans les pauses).

Revenons donc à la sieste, un concept développé il y a quelque temps par Bastien Lallemant et qui a essaimé un peu partout dans des théâtres, des festivals ou ailleurs.

15h moins quelques minutes. Il avait été recommandé d’apporter oreiller (pour le confort) et son … doudou! Les spectateurs, en petit nombre, entrent dans l’auditorium, se déchaussent, montent sur la scène de l’auditorium (ci-dessus lors d’une visite avec l’architecte) recouverte d’une moquette moelleuse, les instruments sont au fond au milieu. Nous sommes invités, une fois dotés un plaid violet, à nous allonger en cercle autour de la « scène ». Encore un peu d’attente et les musiciens, Bastien Lallemant, JP Nataf, Mina Tindle, Albin de la Simone et Maëva Le Berre entrent avec leurs mugs, se faufilent entre les spectateur, nous souhaitent une bonne sieste et annoncent qu’un tintement de cloche signalera la fin du « dodo » dans une heure. La lumière est baissée, la musique commence en douceur, court au ras du sol… La magie opère vite, les uns reprennent le répertoire des autres, ma voisine (chut, je ne dirai pas qui!) s’endort doucement, pas moi, pour une fois (prudemment, j’avais dormi 1h30 avant!). La musique au ras du sol m’a beaucoup plus, surtout que ce sont des musiciens que j’entends régulièrement sur France Inter, mais dont je n’avais jusqu’ici jamais acheté d’album.  Avant la sieste, j’avais un faible pour le répertoire d’Albin de la Simone (il a interprété Mes épaules vers la fin de la sieste), j’avoue que désormais, j’écoute avec plus d’attention les textes de chacun d’entre eux.

Réveil en douceur, chacun se relève doucement, « range son lit » (rend le plaid et remporte son oreiller), se rechausse et pour assurer la transition et un retour en douceur vers la ville, un goûter est servi au foyer… Parfait, j’adore, j’adhère!!!

Depuis, une autre sieste a été organisé pour le week-end WEE (électro), une autre aura lieu, hors abonnement, en mars, j’attends l’ouverture de la billetterie 😉

Le complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Le complexe d'Eden Bellwether de Benjamin WoodLogo God save the livreLogo rentrée littéraire 2014Un livre trouvé à la médiathèque et qui entre à la fois dans le défi God save the livre (littérature anglaise) organisé par Antoni / passion livres et dans la rentrée littéraire pilotée par Hérisson. Il a reçu le prix Fnac du roman 2014.

Le livre: Le complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin, éditions Zulma, 512 p., ISBN 978-2-84304-707-7.

L’histoire : été 2003 à Cambridge. Des événements dramatiques sont annoncés. Retour quelques mois avant, en octobre. Oscar Lowe est attiré dans une chapelle par l’orgue et la chorale qui les accompagnent. Bien qu’il ait l’âge des étudiants, il travaille comme aide-soignant dans une institution auprès de personnes âgées dépendantes, rien à voir avec le milieu huppé d’Iris Bellwether, qui l’attire, et de son frère Eden, l’organiste. Le voilà attiré dans une curieuse soirée où il se retrouve objet d’une expérience, placé sous hypnose grâce à la musique… dont la passion exclusive pour la musique baroque s’accompagne d’étranges conceptions sur son usage hypnotique, et dans la maison de leur parents. Perturbé, sur la recommandation du Dr Paulsen, l’un de ses vieux patients bougon mais qu’il aime bien, il décide de demander l’avis de Herbert Crest, un spécialiste des troubles de la personnalité. Entre ce dernier et Eden se noue alors une relation de manipulé/manipulateur…

Mon avis: je crois que c’est le plus gros roman que j’ai lu en « normal » depuis un an, et c’est peut-être parce que j’ai dû le lire pour la plus grande partie avec mon visioagrandisseur que j’ai eu du mal à entrer dans les 150 premières pages. Il faut dire que le personnage principal, Eden Bellwether, n’a pas grand chose pour plaire, mis à part que c’est un excellent musicien. A partir du quart du livre environ, oui, mon cerveau est parfois lent, j’ai fini par bien retenir qui étaient les personnages d’une séance de lecture (30 à 40 minutes maximum) à l’autre… et j’ai alors mieux apprécié l’histoire et la partie d’échecs qui se joue entre Eden et les autres personnages dans cette atmosphère « so british » de Cambridge. Je vous recommande ce thriller psychologique où il n’y a pas de sang à toutes les pages mais un vrai labyrinthe à suivre pour comprendre l’histoire et les personnages.

L’âme du Japon, quatuor Diotima au TAP

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Après Au-Delà de DeLaVallet Bidiefono, j’ai poursuivi ma saison 2014-2015 au  théâtre et auditorium de Poitiers / TAP avec L’âme du Japon, par le quatuor Diotima.

Comme au précédent spectacle, j’ai été très gênée par l’éclairage créé par Yves Godin: j’emporterai une torche la prochaine fois pour voir mes interlocuteurs dans l’espace d’attente et surtout descendre en toute sécurité l’escalier : la profondeur des marches impossible à évaluer quand on voit mal en 3D avec l’ombre portée des contre-marches et la nôtre, inévitable avec un gros projecteur à l’arrière. Toutes les personnes un peu âgées (une part du public non négligeable) qui ont naturellement le champ visuel restreint doivent aussi être gênées.

Le spectacle: L’âme du Japon était organisé en une grande soirée à partir de 19H. En première partie d’une heure, il y avait une  démonstration d’instruments traditionnels : un instrument qui ressemble au tympanon médiéval, dans la famille des cithares posées, le koto, une grande flûte en bambou, le shakuhashi, et un vibraphone ou orgue à bouche, le shô. L’entracte de 50 minutes était suivi du quatuor Diotima avec au programme un quatuor de Debussy, substitué par un quatuor de Ravel à cause de l’absence d’un musicien de la formation, remplacé au pied levé par une musicienne qui apparemment connaissait mieux l’autre pièce, puis deux pièces contemporaines d’une quinzaine de minutes chacune du compositeur japonnais contemporain Toshio Hosokawa, accompagné de la création d’une composition florale par un maître d’Ikebana.

Mon avis: j’ai beaucoup aimé la première partie m’a beaucoup plu, avec une présentation détaillée des instruments et de leur possibilités. Le Vol des grues en particulier était de toute beauté.

Pour l’entracte, le traiteur japonais des halles de Poitiers, Moshi Moshi, avait préparé 200 plateaux repas pour 550 spectateurs. Comme il n’y avait pas eu de réservation et de pré-paiement comme ce fut le cas il y a quelques années pour je ne sais plus quel spectacle, ce fut la foire d’empoigne et certains spectateurs (un groupe de six amis derrière moi en tout cas) ont jeûné… Pour ma part, je m’étais prévu à manger (sans sel), j’ai bien fait, je crains toujours les bousculades.

Au retour, le quatuor a averti qu’il ne souhaitait pas applaudissements entre les morceaux, considérant que les 3 pièces formaient un tout. Rien à dire sur le quatuor de Ravel. Puis est revenue sur scène la musicienne avec le shô, bientôt suivie d’une maître de l’ikebana avec deux aides derrière les trois grands bacs posés sur scène avec de grandes branches. Le shô s’est arrêté mais la mise en place des plantes et fleurs s’est poursuivie pendant un long moment dans le silence (entrecoupé par des pleurs d’enfant, des toux, le bruitage de l’appareil photo d’un journaliste -il aurait quand même pu couper le son! Il fut d’ailleurs rappelé à l’ordre et a arrêté). Enfin, le quatuor, rejoint par la joueuse de shô, a entamé la première pièce de Toshio Hosokawa, une musique si répétitive et ennuyeuse que beaucoup de spectateurs se sont endormis… à commencer par ma jeune voisine que j’avais chargé de me réveiller au cas où je sombrerai dans les bras de Morphée (j’ai toujours une excuse). J’ai lutté un moment et ai poursuivi en somnolant. Les applaudissements furent court et juste polis, dommage, car je pense que la plupart des spectateurs ont beaucoup aimé les 2/3 du spectacle. En tout cas, ça en discutait le lendemain au TAP cinéma en attendant  la séance de Mommy de Xavier Dolan, et je n’ai vu pour l’instant personne de mes amis (je ne les ai pas tous revus) qui soit séduit par la fin…

Flux et exposition de Rainer Gross à Poitiers…

La cour pavée avec des marches du musée Sainte-Croix à PoitiersJ’avais initialement prévu pour aujourd’hui un article sur les problèmes d’accessibilité qui perdurent à Poitiers, mais l’inauguration d’hier m’a fait changer d’avis… quoique! La cour du musée et le musée Sainte-Croix à Poitiers restent complètement inaccessibles aux personnes à mobilité réduite avec les marches, les pavés,etc. Je dois néanmoins souligner le gros effort fait dans la nouvelle exposition Rainer Gross: contrairement à l’exposition  La licorne et le bézoard, cette fois, les difficultés visuelles des visiteurs ont été prises en compte! La salle d’exposition est claire, les textes écrits en noir sur blanc et assez gros, et le visiteur peut emporter un document avec le texte des cartels soit écrit en petit (bon pour l’environnement), soit écrit en plus gros (parfait pour ceux qui ont des problèmes de vue)! Merci beaucoup à Rainer Gross, artiste allemand résident en Belgique et qui a partagé sa passion dans un français parfait (il est aussi traducteur auprès des instances européennes, au passage, n’oubliez pas de voter!).

Je vous avais donc annoncé la semaine dernière la mise en place de Flux, …

rainer Gross lors de l'inauguration de Flux… de Rainer Gross. Il était présent hier (samedi 24 mai 2014) pour l’inauguration à la fois de cette œuvre éphémère (elle sera démontée après le 5 octobre 2014) et d’une exposition dans le musée qui présente de très belles photographies d’une quinzaine de ses réalisations (dont Toi(t) à terre et  Toi(t) en perspective à Chaumont-sur-Loire) et un ensemble de sculptures de plus petit format… A l’origine, il était sculpteur sur pierre! Il est aussi un excellent photographe, toutes les photos de l’exposition sont les siennes… Je vous parlerai en fin d’article des autres manifestations liées à cette inauguration, commençons la visite dans le sens de la journée d’hier… et donc la fin du Flux, qui, à défaut de jaillir de la cuve baptismale (suite au refus catégorique de la société des Antiquaires de l’Ouest, gestionnaire du site), vient se terminer contre le mur du baptistère Saint-Jean dont les portes étaient soigneusement closes pour cette cérémonie! Je ne comprends toujours pas pourquoi cette société savante a refusé cette installation (en 2006, Kôichi Kurita y était intervenu) et pourquoi l’État, propriétaire du site, n’a pas contraint le gestionnaire à accepter la présence d’un artiste qui est intervenu dans les jardins de Le Nôtre au musée d’archéologie nationale à Saint-Germaine-en-Laye, dans l’abbaye de Noirlac, dans le cloître du prieuré Saint-Michel-de-Grandmont à Saint-Privat, etc., mais « pas touche à mon baptistère »! Absurde et réac, messieurs des Antiquaires de l’Ouest (cette société reste majoritairement une assemblée de vieux savants où la parité et le rajeunissement sont encore des utopies)!!! Comme disait Philippe Baudelot l’autre jour, c’est un endroit « collector », peut-être l’un des derniers en France où l’on tente de vendre des diapositives aux visiteurs! (Glissez quand même la tête quand, par miracle, la porte est ouverte, vous y verrez de belles peintures romanes et gothiques). Est-ce que ce sera le refus de trop? L’État aura-t-il le courage un jour de transférer sa gestion au musée Sainte-Croix? Il est loin le temps (dans les années 1830… bientôt deux siècles) où des érudits qui fonderont ensuite la Société des Antiquaires de l’Ouest avaient réussi à convaincre Prosper Mérimée et permis d’éviter que ce bâtiment soit rasé pour percer une route (l’actuelle rue Jean-Jaurès, qui l’a finalement contourné). [PS: suite à une question reçue en privé, en cherchant dans les délibérations du conseil municipal de Poitiers pour 2013, j’ai trouvé une subvention de 18000 € pour l’édition du bulletin en mars, une subvention exceptionnelle de 3500 € en septembre pour l’édition des comptes de la ville au XVe siècle].

Flux de Rainer Gross à Poitiers, mai 2014, dans la cour du muséeLe flux en lattes de bois (peuplier) oscille dans la cour du musée, devant l’art du théâtre de Jonchère… passe en sous-sol…

Flux de Rainer Gross à Poitiers, dans le tilleul centenaire… et se retrouve de l’autre côté de la cour, s’emmêle dans le tilleul centenaire…

… ouf! les orchidées boucs (en voir d’autres dans une sortie orchidées à Civaux) soigneusement sauvegardées par le service des espaces verts ont presque toutes survécu à l’inauguration… une seule a été piétinée, oups! par un ancien élu vert!

On voit bien ici les contrastes d’échelle, de lumière, d’occupation de l’espace voulus par l’artiste… même si le tilleul n’avait pas encore ses feuilles quand les lattes de bois ont été assemblées!

Le Flux sillonne ensuite au milieu du dépôt lapidaire qui a changé de place dans la cour du musée…

… jusqu’à traverser la Minerve!

Le Flux jaillit des entrailles de la terre au milieu des ruines romaines du musée.

Rainer Gross aime jouer avec l’éphémère, les strates du temps, les hasards de l’installation… n’hésitez pas à jouer avec les perspectives possibles, ici avec la cathédrale au fond…

Il a parlé de la Grand’Goule, le dragon serpentiforme de Poitiers, parmi les collections du musée, j’aurais volontiers vu en clin d’œil le retour en salle de la maquette du Rhône et la Saône, par André Vermare: la sculpture est à Lyon, mais la maquette a été depuis fort longtemps reléguée aux oubliettes (pardon, dans les réserves) du musée de Poitiers et le visiteur n’a plus accès qu’aux « fiches » non illustrées de la base Joconde: la tête du Rhône (moulage grandeur nature) et le groupe sculpté réduit (maquette originale au tiers pour le projet d’édition de luxe du Rhône). Le mélange des eaux du Rhône et de la Saône sont un bel exemple de flux…

Dommage que cette inauguration n’ait pas attiré un public plus nombreux et surtout plus varié… car y assistait surtout le « tout Poitiers culturel », professionnels surtout et auditeurs fidèles des conférences et aux concerts (du centre d’études supérieures de musique et de danse et du conservatoire) donnés au musée, à l’espace Mendès-France, à la médiathèque, abonnés au théâtre et auditorium… Il est certes agréable de se retrouver « entre soi », de poursuivre nos conversations d’événements en événements (c’était mon « grand retour » dans ce cercle), mais est-ce le but de ces inaugurations? Visiteurs de toutes origines, de tous milieux, n’hésitez pas à venir découvrir cette exposition. Si vous hésitez à pousser la porte du musée (gratuit le mardi et le premier dimanche de chaque mois), glissez-vous dans la cour, lisez en introduction les pupitres explicatifs… Bravo à Rainer Gross et aux commissaires de l’exposition, à Pascal Faracci, le nouveau directeur du musée, et surtout à Dominique Truco, qui organise toujours de belles manifestations d’art contemporain à Poitiers (et à Melle et ailleurs…). Il reste à patienter un bon mois, si j’ai bien compris, pour découvrir le catalogue qui accompagne cet événement.

Le week-end inaugural avait commencé par une conférence fort intéressante de Claude Andrault-Schmitt, autour des dernières découvertes et du livre qu’elle vient de diriger sur la cathédrale de Poitiers, La cathédrale Saint-Pierre. Enquêtes croisées, 2013, chez Geste éditions (416 pages, 55€). Mais pourquoi avoir choisi une police de caractères aussi petite? Du 4 ou du 5, à vue de nez! Complètement inaccessible pour moi avant fort longtemps (peut-être pour toujours s’il n’y a pas d’édition numérique), la reliure trop épaisse et les colonnes écrites trop près de la reliure rendent (ce qui est rare) le visio-agrandisseur inefficace sur les deux-tiers des pages! Je n’ai pas assisté au concert qui a suivi (trop tard encore pour moi), ni aux visites de la cathédrale et du quartier, mais ai assisté aussi à la projection publique de Cap Sud-ouest sur Poitiers sur France 3, de belles images grâce aux drones, mais qui sautent parfois, et un commentaire pas toujours au niveau (cf. en particulier l’arrivée du présentateur dans l’amphithéâtre romain), puis au « surprenant » concert donné par quatre étudiants de conservatoire, au violoncelle, avec Four de John Cage: chaque musicien choisi 12 « sons » qu’ils jouent selon une « partition » qui porte non les notes, mais le numéro des sons et les plages auxquelles ils doivent commencer et finir (avec des fourchettes de quelques secondes). Je n’en ai pas trouvé de version vraiment « audible » en ligne…

Voir ou revoir des articles sur des sujets voisins:

Chaumont-sur-Loire 2012, toit à terreVous pouvez revoir sur mon blog ses œuvres à Chaumont-sur-Loire,Toi(t) à terre

Chaumont-sur-Loire 2011, le parc, suite, 12, toit en perspective de Gross … et Toi(t) en perspective, à voir aussi dans cet article de 2011.

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeL’opération Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… a aussi été l’occasion d’une commande publique avec l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square de la République raté

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleles messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot dans la montée du faubourg du Pont-Neuf

Jardin du Puygarreau à Poitiers, 26 décembre 2013, obélisque brisé et premiers jeux installéset dans les jardins du Puygarreau, l’obélisque brisé de Didier Marcel,

Jardin du Puygarreau à Poitiers, photographies et aire de jeux de Pierre JosephAire, air, erre, ère de Pierre Joseph

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth Balletet les barreaux de prison, pardon, la grille « tourne-sol » d’Élisabeth Ballet.

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersL’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013

Glen Baxter à Poitiers, été 2010, sur le mur en contrebas du TAP L’expédition Glen Baxter (juin à septembre 2010) : l’annonce de l’expédition du 12 juin 2010 et la sérigraphie du parking Effia, aperçu global de l’expéditionet la sérigraphie du 12 juin 2010, dans le quartier de Bellejouaneen centre-villeen centre-ville, la suite, le livre Le safari historico-gastronomique en Poitou-Charentes (dessins de Glen Baxter, texte d’Alberto Manguel).

Le Rhône et la Saône, par André Vermare, à Lyon et à Poitiers