Archives par étiquette : enterrement

Trois fois un, de Gabrielle Piquet

Couverture de trois fois un, de Gabrielle PiquetLogo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque, adapté de trois nouvelles de Tonino Benacquista (La volière, La pétition, QI, revoir de cet auteur Les morsures de l’aube).

Le livre : Trois fois un, de Gabrielle Piquet (scénario et dessins), éditions Futuropolis, 2007, 160 pages, ISBN 9782754801539.

Les histoiresLa volière: à Paris. Jean, qui avait rompu depuis un certain temps les contacts avec son oncle, arrive juste à temps de Budapest pour assister à son décès et recueillir sa dernière volonté, être enterré près de la Volière… Il rentre de Budapest et part à la recherche de la signification de ce lieu (non sans surprises). Dans La pétition, encore à Paris. Alain, journaliste dans une petite radio, vient de décrocher l’interview de sa vie mais est interrompu par des amis qui veulent à tout prix lui faire signer une pétition pour sauver la vie d’un opposant politique qui risque d’être exécuté dans les prochaines heures au San Lorenzo. Au moment de signer, il trouve les coordonnées de l’une de ses ex et décide de reprendre contact avec elle au motif de cette pétition. Que deviendra l’interview de sa vie et la vie de l’opposant? Dans QI, un garçon de 9 ans, surdoué, a du mal à trouver sa place dans sa famille, à l’école et dans le monde des adultes en général…

Mon avis : un album en noir et blanc au dessin assez simplifié, sans « bulles » ni cases dessinées mais avec des textes qui prennent place au-dessus ou en dessous des dessins auxquels ils se rapportent, dessins débarrassés de la contrainte de la case et qui prennent des dimensions très variables. Les trois nouvelles adaptées ont des univers et des thèmes très différents, qui vous feront passer du milieu de la prostitution à la défense des droits de l’homme, à la peine de mort et au monde des enfants surdoués.

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L’enfance d’Alan d’Emmanuel Guibert

pioche-en-bib.jpgL'enfance d'Alan d'Emmanuel GuibertPour la mise en ligne automatique de mes articles programmés sous word-press, le problème est réglé, Philippe / Tout Poitiers a trouvé un pluggin qui permet de forcer la mise en ligne de ces articles quand le serveur de l’hébergeur déconnecte trop vite: WP Missed Schedule. Ça semble bien fonctionner. Un grand merci à lui!

Une bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Il a reçu le Grand Prix de la Critique de l’ACBD (l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) en 2013. De cet auteur, j’avais adoré le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3). J’ai aussi lu La guerre d’Alan, tome 1tome 2 et tome 3 et et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : L’enfance d’Alan, d’après les souvenirs d’Alan Ingram Cope de Emmanuel Guibert (scénario et dessin), collection Ciboulette, éditions de L’Association, 2012, 159 pages, ISBN 9782844144553.

L’histoire : en Californie à la fin des années 1920 et dans les années 1930. Dans son enfance, Alan Ingram Cope a déménagé 14 fois entre Los Angeles, Alhambra, Santa Barbara, Pasadena… Il a quatre ans en 1929 lorsque survient la grande dépression. Ses parents tirent un peu le diable par la queue, même si son père est professeur, et doivent aussi régulièrement accueillir les grands parents, chassés de chez eux par l’un des oncles d’Alan. L’enfant vit une vie heureuse, découvre son environnement (gare aux plantes venimeuse), sa famille au cours de visites, qui s’achève par une tragédie à la fin de l’album, alors qu’Alan a onze ans…

Mon avis : Emmanuel Guibert a rencontré par hasard Alan Ingram Cope sur l’île de Ré en 1994, ils sont devenus amis, Alan est mort en 1999. De leurs rencontres, Emmanuel Guibert a tiré une série sur la deuxième guerre mondiale (La guerre d’Alan, en trois tomes, que je n’ai pas encore lus). Il aborde désormais la vie d’Alan avant la guerre, en commençant par le début, l’enfance (l’adolescence est annoncée dans un second tome). L’album est en noir et blanc, avec une grande place au texte, qui parfois occupe la majeure partie de la page, et, comme dans Le Photographe, quelques photographies redessinées. Une dizaine de planches, en introduction, sont en couleur et soulignent la différence entre la Californie d’aujourd’hui et la Californie des années 1930, passée d’une banlieue assez rurale « sans smog » à une mégalopole. J’ai bien aimé ce récit d’une vie toute simple, ordinaire, oserai-je dire normale?

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Cérémonie de Bertrand Schefer

Couverture de Cérémonie de Bertrand Schefer

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Cérémonie de Bertrand Schefer, éditions POL, 2012, 122 pages, ISBN 978-2-8180-1491-2.

L’histoire : à l’hôpital de la Salpétrière (pas cité, mais de l’autre côté de la Seine en face du jardin des Plantes) à Paris, de nos jours. un jeune homme, le narrateur, aide une femme à écrire ses derniers mots, à les mimer plutôt, avec un stylo qu’il lui a offert il y a quelques jours… Accompagné par un ami, il achète un costume prince de Galles et marche avec lui jusqu’au jardin du Luxembourg, se rappelant les longs moments qu’ils ont passé ensemble à écouter des disques. Et voici la cérémonie, en banlieue. Dans la maison, la femme a étiqueté les objets, mentionnant à qui elle veut les transmettre.

Mon avis : pour comprendre qui est cette femme qui gît à l’hôpital puis dont on assiste, de loin, à la cérémonie (le mot enterrement n’est pas prononcé), il faut attendre la fin du livre, je ne vous le révèlerai donc pas. Tout au long de ce court livre ou presque, le narrateur marche, à Paris, à Rome. Le rythme de la marche ou du cheminement intérieur se retrouve dans des phrases parfois longues, qui nous portent au rythme du narrateur. Cinq chapitres comme cinq scènes de la vie du jeune homme (sans prénom) en train de basculer par la mort de cette femme. Une curieuse méthode pour dire adieu et progresser dans le deuil.

Lame de fond de Linda Lê

Couverture de Lame de fond de Linda Lê

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, une auteure dont j’ai déjà lu Cronos et A l’enfant que je n’aurai pas (que je n’ai pas aimé) [depuis, j’ai aussi lu Œuvres vives]. Lame de fond faisait partie de la sélection finale pour le prix Goncourt 2012.

Le livre : Lame de fond de Linda Lê, collection les affranchis, éditions Christian Bourgeois, 2012, 277 pages, ISBN 978-2-267-02380-0.

L’histoire : Paris, hiver 2010. Van soliloque dans son cercueil au cimetière de Bobigny. Exilé du Vietnam, il était correcteur professionnel pour des maisons d’édition, il vient d’être volontairement renversé par sa femme, Lou, au sortir de sa visite à Ulma, sa demi-sœur. Par la bouche de Ulman, Lou, Van et leur fille Laure racontent à tour de rôle leur vie passée et présente.

Mon avis : les chapitres, présentés à tour de rôle dans la bouche de l’un des protagonistes, clairement identifié (ouf), sont regroupés autour du déroulement d’une journée métaphorique (au cœur de la nuit, aube, midi, crépuscule), puisqu’en fait, ils se déroulent sur des mois avec des retours sur des dizaines d’années, et non sur le récit d’une journée. Une langue riche et ciselée, qui me convient beaucoup mieux que l’écriture trop familière de Les affreux de Chloé Schmitt. Le récit est l’occasion d’aborder la question de l’émigration, l’histoire du Vietnam dans les années 1960-1970, de l’intégration dans la société française : la belle-mère bretonne n’a jamais accepté le choix de sa fille de vivre avec un étranger, Van a perdu l’usage de sa langue maternelle et s’est toujours refusé à retourner au Vietnam. Si j’ai apprécié la lecture, c’est aussi parce que ces sujets ne me sont pas totalement étrangers, sinon, il me semble qu’il vaut mieux lire rapidement un livre sur l’histoire du Vietnam avant de se lancer dans ce roman dont la lecture nécessite un certain nombre de pré-requis historiques, mais aussi un bagage lexicologique conséquent.

Sur des sujets voisins : voir Couleur de peau miel, tome 1 et le tome 2, de Jung, et son adaptation au cinéma. Le sujet de la colonisation et de la décolonisation sont également abordés de manière originale dans les tomes 2, l’Empire, et 3, la décolonisation, de la Petite histoire des colonies françaises de Grégory Jarry et Otto T.

Revoir aussi le monument aux morts annamites (indochinois) à Toulouse en 1914-1918.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux

Couverture de Dieu n'est même pas mort de Samuel Doux

pioche-en-bib.jpgC’est Grégory Vouhé qui m’a fait découvrir ce livre emprunté à la médiathèque.

Le livre : Dieu n’est même pas mort de Samuel Doux, éditions Julliard, 2012, 290 pages, ISBN 9782260020363.

L’histoire : plusieurs histoires qui se croisent, celles de Elias Oberer, de nos jours (enfin, en 2010) à Poitiers, Moshe Hershel à Radom en Pologne en 1910 puis à Poitiers en 1942, Paul Serré en 1938 à Morteau puis en 1943 à Paris et à Limoges en 1976, Emmanuelle Serré en 1957 à Poitiers puis en 1968 à Châtellerault… Elias arrive de Paris à Poitiers pour l’enterrement de sa grand-mère, qui s’est suicidée le jour de Yom Kippour. Sa mère, Emmanuelle Serré, y est morte d’un cancer il y a des années, son grand-père il y a quelques mois. Sa cousine Béatrice l’attendait sur place, mais à son départ, il ne connaît pas la manière dont sa grand-mère a mis fin à ses jours. Son oncle, Dominique, viendra-t-il à l’enterrement de sa mère? Alors qu’Elias part à la recherche à travers la maison d’une bague de famille, chargée de l’histoire de cette famille depuis les pogroms de Pologne jusqu’aux rafles de la seconde guerre mondiale. Trois jours à attendre l’incinération puis, le lendemain, l’enterrement des cendres, au milieu des fantômes dans une ville qu’il n’aime pas…

Mon avis : Elias n’aime pas sa « ville natale, beige et gris, pleine d’ennui et de lourdeur, construite sur une colline faite pour dominer et qui pourtant s’enfonce dans l’éternité » (p. 37)… L’auteur non plus ne doit pas aimer la ville, y est-il seulement venu pour y avoir vu la Vienne? Au moins, il est cohérent, c’est toujours de la Vienne et non du Clain qu’il parle (p. 147, 182, 183, 222)… un éditeur qui se respecte aurait dû corriger, ainsi que quelques coquilles (au moins pages 37, 182) et quelques autres incohérences, si l’on veut ancrer un récit dans la réalité, alors il faut vérifier celle-ci, le crématorium de Poitiers n’est pas coincé entre un Bricorama et un Picard surgelé (page 185), il n’est pas loin d’une zone commerciale, mais encore entouré de verdure (ça risque de ne pas durer…)… Et la procédure d’une succession ne permet pas à un petit-fils (ni à personne) d’aller clôturer les comptes de sa défunte grand-mère à la banque… Si l’on passe outre ces détails agaçants, la construction du roman qui alterne les chapitres placés aujourd’hui et l’histoire de la famille sur quatre générations est assez intéressante. Une petite généalogie en annexe aurait aidé à s’y repérer parfois, mais les têtes de chapitre claires permettent de se repérer dans l’espace (en Pologne, à Limoges, à Paris, à Poitiers…) et dans le temps (de 1910 à 2010). L’histoire d’une famille juive, mais aussi des histoires de maladie (le grand-père et la mère d’Elias morts du cancer), maladies qui expliquent mieux la haine du jeune homme envers sa grand-mère que l’histoire familiale.

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Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

L’homme à la canne grise de Michèle Gazier

Couverture de L'homme à la canne grise de Michèle Gazier

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : L’homme à la canne grise de Michèle Gazier, collection cadre rouge, éditions du Seuil, 2012, 138 pages, ISBN 9782021064452.

L’histoire : août 2012, dans une maison de retraite. Le père de la narratrice, aveugle et atteint de la maladie de Parkinson, décède. L’occasion pour elle d’évoquer la vie de celui-ci, né en France de parents espagnols, qui a participé à la guerre d’Espagne sans en parler vraiment à son fils et à sa fille, puis résistant en Lozère. La mère, toujours malade, lui, qui voit mal à la suite d’un accident de travail, la compagne rencontrée après plusieurs années de veuvage.

Mon avis : un récit autobiographique comme un long cheminement du deuil facilité par la reconstruction des souvenirs proches et lointains avec son père. Également, sans que cela soit clairement dit, une quête des origines espagnoles, de la guerre d’Espagne dont ce père ne parle pas mais qui a laissé des traces, par exemple lorsqu’il nettoie les plaies de son fils. Par petites touches, sans ordre chronologique, plutôt dans l’ordre où les souvenirs resurgissent, Michèle Gazier retrace la vie de son père pour réussir à lui dire adieu…

L’homme arrêté de Sébastien Amiel

Couverture de L'homme arrêté de Sébastien Amiel

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : L’homme arrêté de Sébastien Amiel, éditions de l’Olivier, 2012, 163 pages, ISBN 978-2-87929-799-6 .

L’histoire : de nos jours dans un lieu indéterminé… Un lotissement près d’une ville avec un périphérique et un lac à une heure de route… Adam a été licencié il y a quelques mois de son emploi de réparateur d’éoliennes. Anna, sa femme, est institutrice et prépare une manifestation. C’est l’été, il fait chaud, à proximité, deux enfants viennent de mourir dans des inondations dues à un orage… Adam retrouve un petit boulot non qualifié. Le samedi suivant, il part au lac voisin avec sa femme et leur jeune fils, Martin, pique-nique, bateau pneumatique et baignade. Au fil des pages, Anna semble lointaine, se rapprocher de plus en plus d’un collègue, surtout après qu’elle et lui aient été blessé par des policiers au cours d’une manifestation…

Mon avis : la lente dérive d’un homme apparemment ordinaire, un couple dont l’un s’éloigne peu à peu de l’autre, seul le fils (et peut-être le chien?) semble maintenir la cohésion familiale. Comment dire, l’absence d’action au départ agace, on a envie d’aller plus loin, de secouer Adam, de demander à sa femme d’être plus attentive à sa famille… La dernière partie, à partir d’un drame dont je ne vous révèlerai pas qui il touche, est plus poignante. Quelques mois dans la vie d’un couple, deux heures de lecture (bon, je lis vite, comptez en plutôt trois à vitesse de lecture habituelle) pas désagréables, mais qui ne laisseront dans quelques semaines aucun souvenir, je pense…

Où va la nuit de Martin Provost

affiche de Où va la nuit de Martin Provost Parce que j’avais beaucoup aimé Séraphine de Martin Provost, je me suis précipitée au cinéma voir Où va la nuit (adapté de Mauvaise Pente de Keith Ridgway) avec dans le rôle principal Yolande Moreau, qui était Séraphine dans le précédent film.

Le scénario : dans la campagne belge et à Bruxelles, de nos jours (enfin, plus précisément, après 2009, à cause du musée Magritte que l’on entraperçoit et qui a ouvert en juin 2009). Depuis longtemps, Rose Mayer (Yolande Moreau) est le puching ball de son mari. Un jour (plutôt une nuit), celui-ci, ivre, a renversé et tué une jeune fille sur une route de campagne. Il a écopé de six mois de prison, d’un retrait de permis. Rose a géré seule la ferme, le sert comme une esclave, et un jour, les coups de trop. Elle hésite à fuir, et puis, finalement, elle décide d’assassiner son mari avec sa voiture à l’endroit même où il a tué la jeune fille. Après l’enterrement, où elle semble plus affectée sur la tombe d’un enfant que sur celle de son mari, elle va retrouver Thomas (Pierre Moure), son fils homosexuel, à Bruxelles. Sans lui avouer le crime, bien sûr, mais un journaliste et des policiers sont sur sa trace…

Mon avis : j’ai passé une agréable soirée, même s’il y a un petit quelque chose que je ne sais pas exprimer… Le dénouement, peut-être? Mais pour une fois, nous voyons un couple homosexuel comme un couple hétéro, amour et dispute voire violence conjugale compris! La (re)découverte de la ville par l’agricultrice, ou le personnage de l’inspecteur, ou encore la veuve qui tient une pension de famille et trouve un moyen d’échapper à son train-train-quotidien, ont beaucoup de présence, de même que la transformation de la mère tout au long du film.

Rêve d’automne de Jon Fosse

Le parvis du théâtre auditorium de PoitiersAlors que ma saison 2010-2011 au Théâtre et auditorium de Poitiers (TAP) s’achève ce soir avec un concert d’Alexandre Tharaud, je viens vous parler aujourd’hui de Rêve d’automne de Jon Fosse, mis en scène par Patrice Chéreau.

Le spectacle : dans un cimetière se retrouvent un homme, son ex-amie, son père, sa mère, son ex-femme, son fils adolescent, le fantôme de sa grand-mère (la mère de son père) dont c’est l’enterrement aujourd’hui. La mère possessive, qui tente d’empêcher son fils de renouer avec son ex-amie, l’ex-femme, inquiète pour son fils gravement blessé, le père, qui tente de temporiser, les morts du cimetière, qui sont évoqués, l’amour/haine au sein même du cimetière entre l’homme et son ex-amie, qui devient son amante dans le cimetière même…

Attention, ceci est ma vision de la pièce, si vous êtes étudiant, vous pouvez le lire, mais ne tenez pas compte de ces lignes, le propos principal de la pièce n’est peut-être pas celui-ci… je me refuse à copier les présentations des livres et des pièces faites ici ou là, mais du coup, je reçois beaucoup de messages d’étudiants, inutile, je ne suis pas critique, pas prof de français ni de littérature ni de théâtre et ne vous aiderai pas pour vos mémoires!

Mon avis : le spectacle a reçu trois récompenses lors de la dernière cérémonie des Molière,, il y a un mois (17 avril 2011) mais mon avis est mitigé. Les acteurs sont excellents, notamment Pascal Greggory, qui passe de l’homme d’âge mûr au vieil homme avec plein d’allant (et pourtant, il venait de jouer chaque soir de la semaine ici à Poitiers). Bulle Ogier (meilleur second rôle féminin), qui joue la mère, est excellente aussi. Mais je n’ai pas trop adhéré au texte de Jon Fosse. L’année dernière, j’avais adoré La douleur de Marguerite Duras, mise en scène également par Patrice Chéreau, avec Dominique Blanc dans le rôle principal. Cette année, j’ai plus de mal avec ses choix. J’ai bien compris qu’il a fait réaliser le superbe décor (qui mord d’ailleurs sur l’avant des sièges du public, heureusement que la salle est modulable) après avoir joué la pièce au Louvre. Trois salles reconstituées, avec des tableaux géants et un beau parquet en marqueterie, ainsi que les inévitables bancs recouverts de cuir… Mais quel rapport entre un musée et un cimetière, un cartel pris pour une épitaphe? Le musée serait-il un cimetière de tableaux? Il y a pourtant de bonnes idées, comme d’enlever les chaussures à ceux qui sont morts (la grand-mère, puis le père et le fils). La lumière de Dominique Bruguière mérite bien son Molière…

Lever de rideau : avant ce rêve d’automne, j’ai assisté à une pièce en lever de rideau, une autre pièce de Jon Fosse, Hiver, sur le plateau B (petite salle au sous-sol du théâtre), mis en scène par Étienne Pommeret et joué par douze acteurs (9 jeunes femmes et trois jeunes hommes) du conservatoire de Poitiers. Il s’agissait d’une lecture/représentation (suivant les scènes) partielle de la pièce, où les deux rôles sont démultipliés entre les acteurs. Un homme, une femme. En fait, un homme d’affaire marié, interpellé par une jeune femme dans un jardin public, qui se retrouvent ensuite dans sa chambre d’hôtel à lui, un vocabulaire cru, des dialogues directs… cette pièce avait été montée au théâtre de l’atelier dans une mise en scène sans doute très différente de Jérémie Lippmann, avec Nathalie Baye et Pascal Bongard, en 2009. J’en avais entendu parler dans une émission de critique de théâtre. Sans doute différent ici, mais cela donne envie de voir cette pièce en entier.

L’enterrement, de François Bon

Couverture de l'enterrement de François Bon, aux éditions Verdier Le livre : L’enterrement, de François Bon, paru en 1991 aux éditions Verdier, 106 pages, ISBN 2-8643-142-4 (repris en Folio en 1994 puis réédité en Folio en 2004). Ce livre a reçu le Prix du livre en Poitou-Charentes en 1992, un prix qui récompense le livre d’un auteur originaire de la région ou vivant en Poitou-Charentes. François Bon a un site personnel qu’il alimente de nombreuses chroniques et a fondé et participe à un autre site collectif littéraire, remue.net.

L’histoire : décembre, Champ-Saint-Père, un village du fin fond de la Vendée, mais quand même desservi par un tortillard (oups! Il faut dire TER…)… et qui existe vraiment. De même sans doute que les peintures de Gaston Chaissac (1910-1964) dans l’église, je n’ai pas réussi à les trouver, mais j’ai pu retrouver l’épisode du passage de la ligne de démarcation par l’artiste à Vix en Vendée en 1942. Et envahi par les lotissements. Trêve de digression, mais le livre en est plein… Le narrateur revient donc dans ce village où, six mois avant, il était venu assisté au mariage de son ami Alain. Aujourd’hui, il assiste à son enterrement, suit le lent cortège, laisse son esprit divaguer. La mère lui rappelle de tenir secrète la cause du décès, car personne (sauf le curé, et encore pour le minimum) n’est au courant…

Mon avis : un lent récit, avec des phrases longues, comme une lente déambulation, mais avec en alternance les différents « tableaux » de la journée, avec des détours et des retours, le trajet en train, la levée du corps, le cortège funèbre, la cérémonie à l’église (pour les femmes) et au café (pour les hommes qui n’ont pu trouver de place dans l’église, les pauvres), le cimetière, le repas après la cérémonie. Est-ce que j’ai aimé ? Et bien, je ne sais pas, après quelques pages, je me suis laissée bercée par le lent écoulement du récit.

J’aime bien en général les textes sélectionnés par les éditions Verdier. En 2008, je vous ai parlé de :

Pour aller plus loin, voir les prix du livre en Poitou-Charentes.