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Faut-il restaurer les ruines? interrogations à Cahors…

Cahors, théâtre romain sous la chambre d'agricultureEn ces journées du patrimoine, je vais à nouveau rentrer dans la polémique. Faut-il restaurer les ruines? Titre d’un colloque que j’avais eu à commenter il y a presque 25 ans pour le concours de conservateur. Toujours d’actualité: vaut-il mieux conserver une ruine, la restaurer (à l’état de ruine, restituée?), l’enterrer? je reste sur ma position, il vaut mieux ré-enterrer un vestige archéologique pour le protéger, le garder à tout prix sans explication et sans contexte dans un bâtiment contemporain n’a aucun sens (voir la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Tours, la place Saint-Jean,  un palais à Rhodes, un bout de mur romain près de la chapelle du Pas-de-Dieu à Poitiers, etc.). Voici quelques exemples romains à Cahors. Le bâtiment de la chambre d’Agriculture est installé à cheval sur le théâtre, compréhensible seulement par un panneau…

Cahors, théâtre romain sous la chambre d'agriculture, panneau et sitepas très clair!!! Je ne vois pas comment le visiteur peut faire le rapprochement entre la vue ancienne, le plan et ce qu’il voit s’il n’est pas archéologue! Le théâtre dit des Cadourques, connu depuis toujours, a servi de carrière de pierres puis les vestiges ont été intégrés dans ce bâtiment (para-)public dans les années 1960.

Amphithéâtre antique de Cahors dans le parking souterrainReconnaître un amphithéâtre romain et le comprendre n’est pas facile, je vous en ai déjà montré quelques exemples (voir à Périgueux ou à Poitiers l’amphithéâtre romain et sa reconstitution par Golvin). Celui de Cahors, au milieu d’un parking souterrain, est encore moins compréhensible. Il a été trouvé en 2003 lors du creusement du parking, qui en a adopté la forme oblongue (il a valu en partie la défaite du maire de l’époque, Marc Lecuru, aux élections de 2008), mais comment expliquer aux gens à quoi servait cet édifice de spectacles et de jeux de gladiateurs? D’autant que l’usager du parking a un seul objectif, venir facilement en ville, se garer, courir faire ses courses, pas admirer le paysage, fût-il patrimonial et antique! Passé l’intérêt lors de la découverte, l’utilité de garder ce tas de pierres doit interroger quelques usagers.

Cahors, les thermes ou arc de DianeDans une ville romaine, à côté de l’amphithéâtre et du théâtre, il y a un autre monument public important, les thermes, qui souvent renferment aussi des installations sportives. Son nom est ambigu, « Arc de Diane », cela peut sous-entendre un arc de triomphe ou un temple dédié à Diane. Quand on passe dans la rue, on voit surtout un grand pan de mur. La construction du collège voisin et les fouilles consécutives (pas encore dites « préventives », plutôt du « sauvetage urgent » même si le site était connu) en  1953-1954 a permis de préciser qu’il s’agissait d’un des quatre murs qui bordait un piscine froide ou frigidarium.

Plan schématique de Cahors antiquePour le temple, je n’ai pas de photographie… mais voici la position des gros bâtiments publics romains de Cahors.

Pour aller plus loin, voir:

Deux mille ans d’un quartier urbain à Cahors [amphithéâtre], par Didier Rigal, Inrap

Les thermes romains de Cahors, par Michel Labrousse, Gallia, vol.21, n° 1, 1963, p. 191-225.

Photographies mars 2011

L’hôtel Barbarin à Poitiers

Poitiers, hôtel Barbarin, dans la grand'rueCela fait longtemps que je ne vous ai pas emmené en promenade à travers les rues de Poitiers. Direction la grand’rue (revoir aussi l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine construit en 1667 et une maison du 19e siècle au 48 Grand’Rue). Nous nous arrêtons assez haut, au 190, à gauche quand on descend… Il s’agit d’un hôtel particulier construit en 1590 pour la famille Barbarin.

Poitiers, hôtel Barbarin, détail d'une fenêtre à la restauration discutableJ’ai de grosses réserves sur la restauration, qui a gardé (ou plutôt recréé pour la plupart) des fenêtres à meneau et traverses, sans vitrage, les fenêtres modernes étant posées en retrait… Si l’effet est assez réussi au musée Champollion à Figeac, c’est ici du plus mauvais effet.

Poitiers, hôtel Barbarin, les lucarnesMême chose pour les lucarnes…

Poitiers, hôtel Barbarin, la devise sur les lucarnes… mais les inscriptions ont été heureusement gardées: « NEC SPE, NEC METU » (à gauche) et « MEDIIS TRANQUILLUS IN MUNDIS » (à droite), soit « sans ambition ni crainte, je me tiens tranquille au milieu des eaux », selon la traduction classique de la devise des Barbarin. Personnellement, je vois plus l’espoir (d’une vie meilleure?) que l’ambition dans le mot SPES.

Poitiers, hôtel Barbarin, portail et porte cochèreLes armoiries de la famille Barbarin ont été ajoutées dans la cour, avec trois poissons, des barbeaux dont dériverait le nom Barbarin, en langage héraldique « d’azur à trois barbeaux d’argent en fasce, celui du milieu regardant à sénestre et les deux autres à dextre ». Il s’agit d’une version moderne, puisque la « couleur » (azur = bleue) est indiquée par des lignes horizontales, les fonds ne sont pas indiqués dans les versions sculptées dans l’Ancien Régime. Une version encore plus fantaisiste a été interprétée au-dessus du porche d’entrée.

Poitiers, hôtel Barbarin, détail du portailHeureusement, la porte en bois est conservée, avec un petit décor gravé sur le champ avant du vantail.

Photographies août 2014.

La belle lucarne de l’hôtel de Jean Beaucé à Poitiers

Poitiers, hôtel Jean Beaucé, 3, les deux travées de gaucheEn janvier 2010, je vous ai présenté l’hôtel de Jean Beaucé (1554) à Poitiers dans un état bien sale. J’ai complété l’article avec des photographies après restauration, prises en janvier 2014.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014La pierre est désormais bien blanche, avec sur la série de photographies de janvier quelques algues vertes, réaction normale après restauration quand la pierre n’est plus protégée par son calcin, qui va se reformer peu à peu. J’ai déjà parlé de ce phénomène à propos de l’hôtel de ville tout vert.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en juin 2014, détail de la lucarne gaucheDu coup, la lucarne gauche est désormais bien lisible, elle m’a un peu surprise dans sa composition, et j’ai demandé à Grégory ce qu’il en pensait… Nous y sommes passés jeudi (19 juin 2014, plus d’algues mais un peu trop de lumière cette fois) et voici son analyse réalisée à chaud!


L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, les trois lucarnesEn façade, l’ornementation se concentre traditionnellement sur la porte d’entrée et sur les lucarnes, dont la richesse décorative exprime celle du bâtisseur de la demeure, son importance sociale comme son opulence financière.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, les deux travées gauchesLa lucarne d’angle est très intéressante. D’abord il s’agit d’une lucarne double, comportant une ouverture sur chaque façade.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, détail de la lucarne gauche

Surtout son couronnement se distingue des frontons habituels, comme par exemple ceux, également ornés de petits personnages, des lucarnes du logis de François Ier au château de Blois.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, d'atil de la lucarne gauche, détail du satyre à gauche

En façade principale on observe les vestiges de trois personnages. La partie inférieure du corps d’un satyre (ou d’un silène) occupe l’angle de gauche, dans une sorte d’anneau, tandis qu’à droite se tient un personnage masculin dont le manteau gonflé par le vent ne masque pas la nudité.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, détail de la lucarne gauche, détail du personnage à droite

Il semble désigner de son bras aujourd’hui disparu le personnage central, très original, dont le corps est pris dans un cartouche à volutes, un peu à la manière d’un condamné au pilori.

L'hôtel Jean Beaucé après restauration, en janvier 2014, d'atil de la lucarne gauche, détail du colosse central

Ses jambes écartées évoquent la posture du Colosse de Rhodes.

Sa tête, très mutilée, émergeait d’une ouverture circulaire, mais l’on distingue toujours les mains reposant sur ce qui est peut-être un autel antique sur lequel sont accrochés des festons de fruits.

À noter le long ruban ondulant, tenu de la main droite.

À titre de comparaison on peut signaler ce satyre qui émerge d’un cartouche, gravé par Jean Mignon.

Merci à l’amie Véronique d’avoir attiré mon attention sur cette lucarne très intéressante, et de m’avoir proposé d’en partager mes toutes premières observations sur son blog. En espérant pouvoir aller plus loin, en identifiant les personnages, d’autres exemples comparables, ou une estampe qui aurait pu servir de modèle à cette composition, dont l’autre face reste aussi à découvrir (elle est à peu près invisible de la rue).

Le centre d’art contemporain photographique / villa Pérochon à Niort

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, l'entrée et la façade postérieure aux volets closIl y a un peu plus d’un an, je vous ai parlé de la villa de Ernest Pérochon à Niort, à l’abandon depuis fort longtemps. Au printemps 2013, un centre d’art contemporain photographique (CAPC) a été ouvert dans cet espace par la ville de Niort. J’ai pu le visiter au mois d’août avec Nini 79. Premier constat, pas facile à trouver pour ceux qui ne connaissent pas. En partant du pilori (tiens, je pensais vous avoir parlé de ce lieu, mais il est dans les articles programmés pour prochainement) où se tient un complément de l’exposition actuelle (jusqu’au 14 septembre 2013, Des photographes et un territoire: La Haute-Normandie, plusieurs photographes, avec des approches sans risque pour le public, rien que du très classique, entrée libre), si vous ne savez pas exactement où vous allez, vous aurez du mal à trouver en suivant la signalétique très incomplète. Direction donc le musée Bernard-d’Agesci installé dans l’ancien lycée de jeunes filles de Niort, la villa est juste en face… Mais l’entrée qui a été choisie pour le centre de la photographie n’est pas l’entrée d’origine de la villa, il faut prendre la rue perpendiculaire (64, rue Paul-François Proust) et entrer par les anciens communs de l’ancien fond de la parcelle.

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, le jardin en fricheLe jardin est en friche, de la terre partout, bon, d’accord, le mauvais temps du printemps n’a pas dû permettre de plantations… En revanche, les pierres en vrac de la démolition d’un appentis auraient pu être enlevées… L’arrivée sur l’arrière de la villa avec tous les volets fermés n’est guère engageante. Certes, les photographies ont besoin, comme tous les supports papier, d’être peu éclairées, mais il y a d’autres solutions que les volets clos à l’extérieur. Et puis l’exposition n’est qu’au rez-de-chaussée, les volets de l’étage pourraient être ouverts en journée. En plus, l’éclairage des œuvres est très mauvais à l’intérieur, avec beaucoup de reflets sur les vitres qui protègent les photographies.

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, la façade principale aux volets clos avec des câbles qui pendouillentCôté façade principale, ce n’est pas mieux. Les volets sont également clos, l’ancienne plaque signalant la maison de Pérochon est toujours là, mais aucune indication pour diriger vers l’arrière ni même signaler l’existence d’un centre de la photographie… La façade a bien été nettoyée (pour les nostalgiques, une vue avant dans l’article sur Ernest Pérochon), mais les câbles des réseaux (électricité, téléphone) ont été grossièrement et fort disgracieusement accrochés sur la corniche. Un câble sort d’un curieux trou près d’une fenêtre de l’étage, un autre pendouille sous une fenêtre. Peu mieux faire!!!

Poitiers, Patrimoine, stop ou encore? Le débat…

Patrimoine, stop ou encore, tel était le sujet d’un « débat » proposé lundi dernier, 22 avril 2013, par le maire de Poitiers, avec pour sous-titre le secteur sauvegardé et le dossier de candidature à l’Unesco… Nous voici donc à nouveau à l’espace Toumaï, pour un débat pas beaucoup plus « débat » que la « concertation » organisée quelques semaines plus tôt dans le même lieu pour l’avenir de l’ancien théâtre. Une tribune qui reflète bien la place des femmes dans notre société… pas une seule femme sur les huit intervenants (et pas une seule femme non plus pour les quatre questions prises en fin de séance). Une salle clairsemée, il faut dire que la réunion était à 18h en plein milieu des vacances scolaires, et si l’on enlève les élus, les services techniques et les personnes qui travaillent dans le milieu du patrimoine présentes dans la salle, il y avait très très peu de monde… Sur la forme encore, tout le monde était censé savoir de quoi on parlait: à part la distribution du journal municipal à l’entrée, où de petites vignettes évoquaient à peine le plan du secteur sauvegardé, les intervenants ont fait comme si tout le monde connaissait par cœur ce projet, aucune image projetée à l’écran. J’ai donc choisi d’illustrer cet article avec quelques images choisies parmi celles que j’ai déjà publiées, et vous propose une carte cliquable en fin d’article.

Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieuSans plan, personne n’a souligné que le périmètre du secteur sauvegardé exclut les remparts médiévaux (voir le rempart sud et la tour Aymar de Beaupuy et le pont Achard, il faudra que je vous montre les autres parties visibles) et l’ancien château… je l’ai souligné dans mon avis remis au commissaire enquêteur lors de l’enquête publique terminée depuis le 5 avril 2013, je n’espère aucune réponse sur ce point (ni sur les autres!).

Poitiers, actualité juillet 2012, grilles du square de la République avant et après coeur d'aggloLes intervenants donc: Alain Defaye, directeur départemental de Centre presse et la Nouvelle République (mais Centre presse n’a même pas rendu compte de la réunion), Alain Claeys, député-maire de Poitiers et président de Grand Poitiers (cumulard assumé), Jean-Marie Compte, adjoint au maire de Poitiers chargé du Tourisme et du patrimoine touristique, Yves Steff, architecte urbaniste mandaté pour la révision du Secteur sauvegardé, Yves Lion, architecte urbaniste, grand manitou des ateliers Lion, maître d’œuvre des aménagements de Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… et responsable assumé du massacre du square de la République (la photo ci-dessus), Laurent Barrenechea, architecte des bâtiments de France, chef du service territorial d’architecture et du patrimoine de la Vienne, Philippe Cieren, Inspecteur général des patrimoines au Ministère de la Culture.

Poitiers, la médiathèque, 2, le long de la rue de l'Université, côté nordDans son introduction, M. Claeys souligne que le patrimoine d’une ville doit être comme le patrimoine d’une bibliothèque, dont les fonds sont amenés à se renouveler… une comparaison bien audacieuse quand on sait que le fonds ancien de la bibliothèque de Poitiers a été en partie jeté en 1989 à la benne lors du transfert dans la médiathèque, ces fonds anciens sont inaliénables et imprescriptibles (contrairement aux fonds actuels, qui peuvent faire l’objet d’un « nettoyage » par vente ou destruction). Parmi eux se trouvaient des documents inédits de la monnaie de Poitiers (documents non cotés des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles produits par les officiers de la Monnaie de Poitiers), localisés par un historien chez un particulier, mais jamais revendiqués depuis des années par la ville de Poitiers, ni par la municipalité précédente, ni par l’actuelle! Prendre modèle sur le secteur des bibliothèques, avec la vision du maire de Poitiers, ça n’augure rien de bon…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 10, le dolmen de faceRevenons à la réunion de lundi dernier… J’y ai fait une grande découverte, une origine de Poitiers au 3e siècle avant notre ère (certifié par Yves Steff)… Si l’on parle du « plateau », aucune occupation ne permet de parler de « ville » ou de cité avant la période augustéenne, à la fin du 1er siècle avant notre ère… Si l’on parle de l’ensemble du territoire communal, alors il faut ajouter les occupations moustériennes, mésolithiques, néolithiques et chalcolithiques de la zone de la Folie, le dolmen de la pierre levée et plusieurs occupations de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer?

Les arènes rue Bourcani à Poitiers, les boisagesAlors que le discours tournait autour du passé antique (dont les vestiges en ville ou en périphérie ont été bon malmenés depuis 1840, voir l’amphithéâtre romain), de l’hypogée des dunes (juste cité, en oubliant la nécropole antique dessous) et roman de Poitiers, Laurent Barrenechea a rappelé qu’il ne fallait pas oublier que l’on avait un chef-d’œuvre gothique, la .

Poitiers, carte postale ancienne, vue aérienne avec Notre-Dame-la-Grande et l'ancien marché à structure métalliqueIl a été rappelé que Poitiers n’est que l’un des 104 secteurs sauvegardés français, qu’il s’agit d’une révision radicale du plan de 1966, il faut dire que celui-ci avait été rédigé à la période de la voiture triomphante, avec le percement de la « pénétrante » et n’a pas permis d’éviter le scandale archéologique du parking de Gaulle (destruction en une nuit d’importants vestiges archéologiques romains) ni la destruction de l’ancien marché Notre-Dame, et qu’il prévoyait l’ouverture d’une large entaille entre le haut de la pénétrante et le bas de la Grand’Rue pour faciliter la circulation urbaine (heureusement jamais mis en œuvre). Aujourd’hui, la réflexion porte apparemment plutôt sur le réaménagement de la pénétrante et la circulation à l’arrière de .

Poitiers, novembre 2012, 07, voitures sur les trottoirs en villeA l’occasion d’une question, il a aussi été annoncé que pour des rues étroites comme la grand’rue, on allait s’orienter à terme vers des zones de partage (zone 20, sans trottoir, piétons prioritaires sur les vélos et les voitures). Pourquoi pas, mais actuellement, il y a tellement de stationnement sauvage dans les zones de partage créées (voir par exemple à la fin de l’article en lien des voitures à la place des piétons) que la place du piéton en ville n’est pas gagnée… Une confirmation, le PVC n’est plus autorisé en ville dans le périmètre du secteur sauvegardé (il va falloir de la pédagogie et des contrôles), les zonages concernant les jardins sont indicatifs, le secteur sauvegardé permet de nouveaux projets contemporains (il a été question rapidement de l’aménagement de la verrue de l’ancien Printemps, de l’îlot de l’ancien rectorat ou celui de la banque de France, de l’ancien hôtel Dieu – revoir l’ancien sanatorium -, du musée Sainte-Croix, toujours au détour d’une petite phrase, pas de l’avenir du palais de justice).

A part ça, nous avons eu droit à beaucoup de blabla:

– le centre-ville n’est qu’un quartier parmi d’autres… mais quand il y a eu des questions sur des éléments hors centre-ville (rue de la Cueille Mirabellaise, assaillie par les voitures et la pollution -je vous en ai touché un mot il y a quelques mois dans ce défi photo des fenêtres, ou les restes de l’aqueduc romain qui menacent ruine du côté de l’Ermitage), le maire a botté en touche, pas le sujet de la réunion…

Miroir de l'ancien théâtre de Poitiers, 08, la poésiel’avenir de l’ancien théâtre a été évacué: son aspect patrimonial sera préservé, son usage ne concerne pas cette réunion (au passage, je rappelle que le dessin de Pansart que l’on aperçoit sur cette photographie a disparu depuis…)

Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la place[PS du 29 avril 2013: le maire assure au collectif de défense de l’ancien théâtre, par courrier du 19 avril, que « la ville conservera tous les éléments ayant une valeur patrimoniale », reste à s’assurer qu’il considère bien comme ayant une valeur patrimoniale ce dessin original (un « simple bout de papier »?) et les lettres « théâtre » de la façade démontées lors du ravalement en 2012 et disparues depuis, voir cette lettre: le début et la fin].

– le commissariat de police n’aurait probablement pas eu cet aspect s’il était construit aujourd’hui… « les loupés sont souvent des problèmes de commande » [sic].

– le dossier de candidature de Poitiers sur la liste indicative du patrimoine français est bien avancé… avec un comité scientifique (composition visiblement top-secrète), avec un axe paysage urbain historique de l’Antiquité à nos jours… Bon, étant donné qu’il y a déjà 34 biens sur cette liste et que seuls un ou deux de cette liste sont proposés chaque année par la France à l’Unesco, on a le temps…

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 7, dépotoir entre le garage et la clôtureJe pense qu’il faudra d’abord traiter les « casseroles » passées voire récentes, le plan et le règlement du secteur sauvegardé demande la destruction du garage installé au milieu du cloître de Saint-Hilaire (voir mes photographies sur le Clos Saint-Hilaire et l’invasion de la végétation), mais cela sera-t-il exécuté un jour??? Les rebuts du chantier traînent depuis des années en marge du chantier, aux abords directs de l’église .

Bref, beaucoup d’auto-congratulation dans cette réunion, mais rien de neuf… à part que l’on peut se demander s’il ne s’agissait pas du lancement de la campagne électorale municipale?

Et je vous remets le petit plan de l’hyper-centre, avec les liens sur quelques-uns des 320 articles que j’ai consacrés au patrimoine de Poitiers… Clic sur les petits ronds rouges ou sur les liens ci-dessous

Plan dynamique du quartier du palais de justice de Poitiers

Chez VD, Poitiers, statue de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, rempart romain Chez VD, Poitiers, médaillon de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret Chez VD, Poitiers, hôtel Pélisson Chez VD, Poitiers, l’ancienne chambre de commerce Chez VD, Poitiers, la maison du Dr Letang et son décor Chez VD, Poitiers, la médiathèque Chez VD, Poitiers, les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, le marché Notre-Dame, avec cartes postales anciennes Chez VD, Poitiers, rue Montgautier Chez VD, Poitiers, la grand’rue glacée en janvier 2009

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Les points de la carte:

1. la statue et la plaque en bronze  de Jeanne d’Arc (1929) de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers

2. le rempart romain

3 et 4: hôtels particuliers avec des dates portées, respectivement de 1516 (n° 3, place Lepetit),  1580 et 1626 (dans une cour rue de la Regratterie)

5. ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret

6. l’hôtel Pélisson (1557)

7. l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Émile Couvègnes (1935) et des peintures de Henri-Pierre Lejeune.

8. la maison du Dr Letang et son décor (1902)

9. la médiathèque, avec une visite avec son architecte et son nouveau forum criard,
déjà des pannes, des serre-joints

10. les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande

11. le marché Notre-Dame (avec cartes postales anciennes)

12. l’église Notre-Dame-la-Grande

13. le médaillon en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale

14. rue Montgau(l)tier

15. la grand’rue glacée en janvier 2009 (l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine est juste hors cadre)

La place Saint-Jean à Niort

Niort, place Saint-Jean, 1, ruines archéologiques

La place Saint-Jean à Niort était l’une des entrées fortifiées de la ville au Moyen-Âge. A la fin du 19e siècle, il y avait une statue sur cette place Spes, l’Espérance de André Laoust. Depuis quelques années (les photographies datent du printemps 2010), les vestiges archéologiques ont été « mis en valeur »…

Niort, place Saint-Jean, 2, ruines archéologiques et panneau explicatif Comme dans les autres projets de ce type, je m’interroge beaucoup sur cet aménagement sans queue ni tête, des ruines dans des parterres fleuris, un vague panneau d’explication (complètement endommagé par le soleil) qui n’explique pas vraiment ce que l’on voit…En tant qu’archéologue, et oui, je pense que le ré-enfouissement des vestiges est préférable si on ne peut pas en assurer une présentation correcte et claire au public. Il y a une vingtaine d’années, un colloque du ministère de la culture avait porté ce titre provocateur, « Faut-il restaurer les ruines? ». Vingt ans plus tard, on ne semble guère plus avancé sur la question…

Le concours d’aménagements catastrophiques est ouvert entre ceci et la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Tours, ce palais à Rhodes et bien d’autres encore…

Un hôtel de ville tout vert… (à Poitiers)

Poitiers, façade de l'hôtel de ville pleine d'algues vertes, 4 janvier 2013

Depuis quelques semaines, la façade récemment restaurée (en 2009) de l’hôtel de ville de Poitiers a vu l’apparition d’algues vertes… qui semblent fâcher M. le Maire, qui promet un traitement chimique… Avant d’intervenir, il faudrait peut-être se poser quelques questions:

– pourquoi ces algues vertes?

– sont-elles vraiment nuisibles?

– vont-elles revenir?

– un traitement chimique est-il compatible avec l’engagement « terre saine » (réduction de l’usage des pesticides et herbicides) de la commune?

Poitiers, façade de l'hôtel de ville pleine d'algues vertes, 4 janvier 2013, quatre détails
Je vous livre juste quelques réflexions pour alimenter le débat… Comme vous pouvez le voir sur ces vues de détail, les algues se développent sur les parties les plus humides, notamment les parties verticales saillantes, comme les bandeaux ou les sculptures de la science et l’agriculture de Louis Barrias. Ces algues ont besoin pour se développer d’humidité, de lumière, de douceur, de gaz carbonique, toutes les conditions sont très bien réunies cette année… Avant la rénovation, la façade était gris-noir, il s’agissait en partie de crasse venue notamment des pots d’échappement des voitures qui tournaient autour de la place en permanence, mais aussi le résultat du développement biologique au fil d’un gros siècle d’existence: colonisation par les algues vertes, puis les champignons, puis, selon les conditions locales, les lichens, les algues brunes ou les algues rouges. Le processus peut être ralenti par des traitements chimiques, mais il est NATUREL!

En nettoyant la pierre, le calcin (couche dure qui se forme au fil des ans en surface de la pierre) a été attaqué, ce qui facilité aussi le développement des algues vertes. Certaines sont dangereuses pour la pierre calcaire, comme les cyanophycées calcicoles en particulier, qui se nourrissent du calcaire, celles qui font déraper les avions sur les pistes d’aéroport ou qui attaquent les grottes ornées au niveau des spots de lumière… D’autres sont assez inoffensives et n’ont guère qu’un préjudice esthétique… Dans ce cas, il faut sans doute peser le rapport bénéfice/risque, certains traitements pouvant aussi être nocifs à court, moyen ou long terme pour la pierre. Et oui, c’est un peu comme les médicaments, on ne fait pas n’importe quoi (quoique, avec les scandales de ces dernières années, on peut se poser des questions) avant de traiter chimiquement (ou même mécaniquement, en enlevant le calcin) les façades…

Je n’ai pas eu le temps de préparer un montage, mais pour les Poitevins, regardez la façade de Notre-Dame-la-Grande. Elle a été nettoyée au début des années 1990, et a subi un traitement destiné à enlever les sels accumulés notamment à cause de boutiques adossées anciennement à l’église. Mais souvenez-vous des clochetons… Ils étaient noirs, en 1995, il sont revenus blancs, très blancs… dans les années qui ont suivi, ils ont également eu des épisodes « verts ». Aujourd’hui, ils sont de nouveau gris (photographie de 2010, ne tenez pas compte de la flèche qui indique le soleil et la lune), les lichens les ont recolonisés… Le phénomène est naturel.

Mes articles sur l’hôtel de ville de Poitiers : avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain, les plafonds peints de Émile Bin (salle du blason), de Jean Brunet (salle des fêtes) et de Léon Perrault (salle des mariages, plafond et cheminée)

PS: un traitement fongicide a été appliqué peu après cet article…

Des fenêtres… à Poitiers!

Des fenêtres à Poitiers, 1, sordide rue de la Cueille Mirebellaise De retour sur internet, Monique / Bidouillette / Tibilisfil a relancé ses défis photographiques avec cette fois le thème des fenêtres… une promenade dans le quartier de Montmidi, à l’ouest de Poitiers, a été l’occasion d’en photographier quelques-unes le dimanche 11 novembre 2012 avec Grégory… La première est particulièrement sordide, je trouve, rue de la Cueille Mirebelaise, avec une poupée derrière le rideau soulevé… Pour ne rien arranger, cette rue en forte pente (dans le sens montée pour les voitures) est saturée de gaz d’échappement, même le dimanche, avec des façades noircies…

Des fenêtres à Poitiers, 2, deux oculus

J’ai aussi sélectionné quelques « œil-de-bœuf », le premier à gauche, tréflé, plus un jour d’aération du comble qu’une fenêtre… le second, rond, classique… mais fermé à l’intérieur par une fenêtre carrée (comme celui sélectionné par Dalinele).

Des fenêtres à Poitiers, 3, sur une villa Une villa du quartier a des fenêtres octogonales, avec cette fois des boiseries adaptées, seul le vantail central s’ouvre…

Des fenêtres à Poitiers, 4, bourrée de laine de verre Dans mes archives, j’ai aussi sélectionné cette fenêtre en plein centre-ville, sur une maison ancienne, le Pilori place de la Liberté – nous sommes ici sur le côté, rue des Flageolles (photographie de l’hiver dernier).

Je vous propose dans les archives du blog une série de fenêtres à Poitiers… de toutes périodes, et parfois pas tout à fait des fenêtres (vitrines, consoles au-dessus des fenêtres, etc.), mais cela donne une idée de la diversité… en trichant par rapport au défi, puisqu’il s’agit en principe d’un prétexte pour aller se promener, sortir, prendre l’air, pas fouiller dans les archives…

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 5, la porte-fenêtre du premier étage et son balcon Poitiers, consoles de la banque populaire, 2, détail de l'erreur du sculpteur Poitiers, 36 rue Grimaux, 7, façade rue Gambetta
Poitiers, l'ancien sanatorium, 4, l'avancée centrale en demi-cercle Poitiers, le cercle du commerce, la façade Poitiers, l'hôtel Pelisson, 10, une partie du deuxième étage
Poitiers, balcon rue Charles-Gide, problème de restauration Poitiers, hôtel particulier rue de l'Ancienne comédie, 2, la lucarne sur rur Poitiers, la banque de France, 5, angle des rues Oudin et de l'Eperon, partie haute
Poitiers, immeuble de la reconstruction après 1945, à l'angle des rues Boncenne et des Carmélites Poitiers, le clos Saint-Hilaire, le bâtiment en cours de construction Poitiers, banque populaire, 3, l'angle avant et après restauration
Poitiers, fin mai 2012, 5, deux détails de la pharmacie Carnot avec façade défoncée Poitiers, 3 rue Victor Hugo, 3, partie supérieure de la travée centrale Poitiers, la médiathèque, 3, la façade est

Et voici une sélection ailleurs en France, je vous laisse découvrir en cliquant sur les vignettes également…

Chaumont-sur-Loire, festival des jardins 2012, jardin 3, à travers la grille L'Alcazar à Angers, 4, verrière à gauche Niort, magasin à la Ménagère, 4, le décor de la façade antérieure, montage de photographies
Façade du musée Champollion à Figeac Nantes 2012, début du circuit en ville, 11, maison suspendue place Bouffay Chaumont-sur-Loire, festival 2011, le jardin 19, 4, par la fenêtre
La Rochelle, maison Henri II, 02, l'hôtel particulier Renaissance Le donjon de Loudun, 2, deux faces du donjon Angoulême, le mur peint au 45 rue Hergé, par Sineux
Confolens, maisons à pan de bois, 6, rue du Vieux Château La gare de La Rochelle, 05, un lanterneau Cahors, dates du 17e siècle
Poste d'Angers, façade rue Saint-Julien, 2, la partie haute sculptée La préfecture des Deux-Sèvres à Niort, 6, l'aile droite Paris, l'ancien palais du Trocadéro, carte postale ancienne, 3, le palais et la fontaine

Je vous ai proposé plusieurs circuits de visite à Poitiers…. pour regarder la ville autrement, le plus souvent dans le cadre des défis organisés par Monique / Bidouillette / Tibilisfil et Petite fée Nougat

Poitiers, coeur d’agglo, faut pas regarder dans les détails…

Poitiers, septembre 2012, 01, sous le clocher de Saint-Porchaire Puisque nous sommes en pleines Journées européennes du patrimoine 2012, j’ai eu envie de faire une promenade en centre-ville de Poitiers, en plein secteur sauvegardé, dans et aux abords immédiats d’édifices protégés au titre des monuments historiques, dans un rayon de moins de 5 minutes à pied autour de l’hôtel de ville. Depuis le début de Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…, il y a deux ans, il y a eu des destructions irrémédiables, la dernière en date étant la destruction du square de la République, dessiné par le grand architecte paysager Édouard André, destruction assumée par l’architecte Yves Lion… Les pavés, c’est pas mieux que les plantes??? Je vous mets ici des choses dont je ne vous ai pas encore parlé, mais vous ai préparé une mosaïque d’images en fin d’article, clic sur les vignettes pour retrouver les articles où je parle des problèmes, ainsi que quelques repères bibliographiques. Un bon point quand même, cette opération a été l’occasion d’agrandir la zone piétonne et de nettoyer beaucoup de façades très noires jusqu’alors…

Il y a peu, je vous ai montré la très belle restauration du clocher de l’église Saint-Porchaire. Il y avait un spot qui éclairait le soir à côté de ce qui était visé (tiens, ça me rappelle aussi cette façade), les électriciens sont intervenus vendredi dernier en début d’après-midi, quelques heures avant l’inauguration officielle de la restauration… En revanche, ils ont laissé sous le clocher la guirlande de leds, façon tube en plastique pour éclairer les maisons à noël, c’est vraiment dommage, parce que le clocher débarrassé de son sas en bois a vraiment belle allure…

Poitiers, actualité juillet 2012, canapés colorés devant l'hôtel de ville

Puisqu’il est question de sas, déplaçons nous de quelques dizaines de mètres… là aussi, la façade restaurée a belle allure, la suppression de l’escalier monumental qui y mène ne lui donne plus son ampleur symbolique, sur son socle, mais permet l’accès de tous, y compris les personnes à mobilité réduite, par le même cheminement. Il y a quelques semaines en revanche, gros couac, un sas hideux a été installé derrière la porte, si peu en accord avec le bâtiment inscrit parmi les monuments historiques et non conforme au projet qu’il a été démonté quelques jours plus tard…

Poitiers, septembre 2012, 02, dans le hall de l'hôtel de ville, carrelage et moulures cassées … non sans dommages collatéraux, comme l’éclatement de nombreux carreaux de marbre au sol et l’entaille des moulures…

Poitiers, septembre 2012, 03, hôtel de ville, spots en plastique Et puisque nous sommes dans le hall, interrogeons-nous aussi sur la pertinence de poser des spots en plastique bas de gamme…

Poitiers, septembre 2012, 04, problèmes de poubelles et benne à verre Ressortons, et là, il est visible qu’il y a un énorme souci d’hygiène. Nos urbanistes super pensants (toujours le cabinet d’Yves Lion) ont juste oublié l’évacuation des poubelles, ce qui est un comble… Au bout de la rue des Grandes Écoles, les bistrots du secteur sortent et amoncellent leurs poubelles dès 18h… Elles y restent jusqu’au lendemain matin (je suis sympa, j’ai pris la photo le matin…). La ville a annoncé qu’elle allait installer un local collectif pour les restaurants dans le parking de l’hôtel de ville, je veux bien que ce soit utile pour les restaurants de la place, mais je vois mal ceux de la rue des Grandes écoles parcourir une telle distance avec leurs ordures (et ça ne résout pas la question de l’hygiène pour eux…). Juste à côté, c’est une benne à verre qui déchaîne depuis plusieurs semaines les passions (les messages humoristiques sont enlevés chaque matin par le service propreté, mais vous pouvez les voir chez M. Echo, ici et ), et à juste titre… Au lieu d’être installée par exemple rue Claveurier, entre les arbres (qui mettront des années à pousser) et les arceaux à vélo, elle a été mise sur la terrasse (au mètre-carré concédé fort cher par la mairie) d’un bistrot rue de l’Éperon, absurde!

Poitiers, septembre 2012, 05, un panneau qui empêche la fermeture du volet Puisque nous sommes là, traversons juste la rue… Les riverains de la rue de l’Éperon m’ont signalé il y a quelques jours (enfin, presque deux semaines) ce panneau de sens obligatoire à la limite de la rue de l’Éperon et de la rue de Puygarreau, posé quelques centimètres trop haut, il n’est plus possible de fermer les volets du rez-de-chaussée… Je suis repassée par là hier (visite du chantier de fouilles dans le cadre des journées du patrimoine), le panneau est maintenant tordu, mais pas sûre que le volet passe quand même…

Poitiers, septembre 2012, 06, des végétaux en plastique

Éloignons-nous un peu et quittons les réalisations communales pour voir quelques exploits privés… mais qui devraient faire l’objet d’un contrôle par la ville, au titre de l’urbanisme en secteur sauvegardé… Il y a quelques mois, de hideux murs végétaux en plastique ont fleuri dans le centre commercial (à gauche de l’image, le mur est celui de la chapelle des cordeliers, reprise dans un magasin de vêtements)… Pas de doute, je préfère les vrais (voir les murs végétaux de Patrick Blanc à Chaumont-sur-Loire, par exemple, celui du musée du quai Branly fonctionne moins bien). Et puisque le plastique a été toléré là, il est apparu il y a quelques jours sur une terrasse de brasserie rue Carnot…

Poitiers, septembre 2012, 08, bien restauré mais mal fini, enseigne et store

Son voisin et concurrent avait plutôt bien amorcé sa restauration, le dégagement des fenêtres du bâtiment à gauche de leur coffrage de bois est plutôt réussi… Mais ensuite, il y a des détails approximatifs, par exemple la pose du store ou l’enlèvement de l’ancienne enseigne après le départ de l’entreprise de restauration, qui laisse donc une marque très disgracieuse sur la façade…

Poitiers, septembre 2012, 07, des autocollants criards en façade Si on traverse juste la rue, à l’angle de la rue Saint-Nicolas, un magasin de jeux vidéos a ouvert il y a quelques semaines. Il a maculé sa façade d’autocollants criards… D’après un article lu dans la presse, ils sont bien non conformes à la réglementation des enseignes en ville, mais ils sont toujours en place (vendredi, un échafaudage était en cours d’installation sur l’immeuble). [PS: le magasin a fait faillite en avril 2013, exit les autocollants].

Poitiers, septembre 2012, 09, un support pour drapeaux à travers une porte protégée En même temps, pourquoi forcer un privé à respecter la réglementation, alors que l’État s’en moque complètement? Nous nous éloignons un peu, et allons rue Théophraste-Renaudot, juste à l’angle de la rue Victor-Hugo (je vous ai montré la façade rue Victor-Hugo). Juste à l’arrière se trouve un hôtel particulier dont l’orthographe varie selon les documents, mais qui figure ainsi dans la base Mérimée :  » Hôtel Joulard-d’Iversais (ancien) / la porte cochère y compris ses vantaux (cad. BL 61) : inscription par arrêté du 5 mars 1970 « . Les services de la préfecture ont dû oublier de demander une autorisation avant de visser ce porte-drapeaux en plein dans un « monument historique », sans aucune précaution (et sans doute sans demande d’autorisation).

J’arrête là, j’ai encore du stock pour de prochains articles (en s’éloignant un peu en particulier), en attendant, je vous invite à relire mes articles précédents sur divers problèmes soulevés ces derniers mois…. clic sur les vignettes pour accéder aux articles…

Poitiers, square de la République, 5, sans les grilles Poitiers, consoles de la banque populaire, 2, détail de l'erreur du sculpteur Poitiers, ville inaccessible au handicap, 09, les fameuses boules casse-gueule
Poitiers, fin mai 2012, 7, chapelle Saint-Louis, rampe peinte en blanc puis en gris Le nouveau mobilier urbain de Poitiers, mars 2012, 04, spot mal positionné rue de la Marne Nouvelle plaque de rue pour la rue de Blossac à Poitiers
Poitiers, balcon rue Charles-Gide, problème de restauration Poitiers, place d'Armes, fin novembre 2011, 1, dégradations Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le kärcher, le 21 février 2012 dans l'après-midi
Poitiers, l'intérieur de la poste, 1, avant travaux en 2011, cliché A.C. La plaque de la rue Scheurer-Kestner à Poitiers, avec trois fois un c manquant Poitiers, coeur d'agglo, 3 septembre 2010, 17h15, vue 4, troncs abattus
Poitiers, fin mai 2012, 5, deux détails de la pharmacie Carnot avec façade défoncée Poitiers, actualité juillet 2012, grilles du square de la République avant et après coeur d'agglo Le nouveau mobilier urbain de Poitiers, mars 2012, 03, poubelle décolée, enfin, la colle

 

Poitiers, arbres sur un mur, rue Saint-Hilaire, détailsSi vous allez visiter l’église Saint-Hilaire, vous pouvez toujours admirer l’invasion de la végétation sur les murs à proximité, je n’ai rien contre les plantes, au contraire, sauf quand elles menacent l’intégrité des murs…

Et quelques lectures utiles sur les bâtiments cités (en pdf)… voir les articles de Grégory Vouhé parus dans la revue L’Actualité Poitou-Charentes:

– Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, n° 95, janvier 2012, p. 45

Édouard André, jardins pour Poitiers, n° 96, avril 2012, p. 42-44.

La place d’armes rénovée, n° 95, janvier 2012, p.46-47

– Théâtre de Poitiers, pour Pansart et Lardillier, n° 97, juillet 2012, p. 25

Louis XIV à Poitiers, n° 91, janvier 2011, p. 42-43

Une blancheur de marbre, n°86, octobre 2009, p. 45 [sur la construction de l’hôtel de ville]

Poitiers hausmanien, n°83, janvier 2009, p. 46-47

Le chef-d’œuvre d’Hilaire Guinet, n° 94, octobre 2011, p. 20-23.

– Et sur l’hôtel de ville: le catalogue de l’exposition Un Louvre pour Poitiers La construction du Musée – Hôtel de ville
1867 – 1875, par Anne Benéteau Péan et Grégory Vouhé, édition des Musées de la ville de Poitiers, 2010.

Des arbres sur les monuments historiques à Poitiers

Poitiers, arbres sur un mur, rue Saint-Hilaire Avec la suppression des pesticides et des herbicides en ville, à Poitiers comme ailleurs, les plantes et les fleurs reconquièrent l’espace urbain, quelques ruches ont fait leur apparition en ville (par exemple sur le toit du Conseil régional). C’est une très bonne chose… En revanche, il faut remplacer à certains endroits la chimie par de « l’huile de coude » et un minimum d’entretien… Voici deux exemples pris ces derniers jours dans mon quartier, autour de l’église Saint-Hilaire, jalon sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle (protection UNESCO). Dans les deux cas, il s’agit d’édifices protégés au titre des monuments historiques, et les racines des arbres et du lierre peuvent mettre en péril la stabilité de ces murs…

Poitiers, arbres sur un mur, rue Saint-Hilaire, détails Le premier exemple se trouve rue Saint-Hilaire, la partie « sale » du mur (et le conifère qui y pousse) est propriété de la ville de Poitiers, la partie propre est la partie qui fait désormais partie du Clos Saint-Hilaire, un beau scandale de destructions archéologiques et historiques (suivre le lien sur mon précédent article) alors que la ville aurait pu préempter le terrain lors de sa vente par une association religieuse et mettre en valeur le cloître et les bâtiments de la collégiale, dont le réfectoire avec ses poutres du 13e siècle irrémédiablement sciées pour passer un ascenseur qui, aux dernières nouvelles, ne fonctionnait même pas… Voir les photographies de ce saccage dans l’article Saint-Hilaire dénaturé paru en début d’année dans le Tribune de l’art.

Aujourd’hui, c’est le mur de clôture qui est envahi par les arbres (au moins deux) et le lierre. Or ce mur est spécifiquement protégé au titre des monuments historiques: « Chapitre de Saint-Hilaire, les vestiges du mur d’enceinte situés en bordure de la rue Saint-Hilaire : inscription par arrêté du 5 juin 1941″… Si ce mur finit par tomber, cela fera désordre, non seulement parce que c’est un mur ancien (en partie du 12e siècle) et en théorie protégé au titre des monuments historiques, mais aussi parce que la rue Saint-Hilaire est devenue, depuis Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille… et son changement de sens de circulation il y a presque deux ans jour pour jour, beaucoup plus fréquentée, les voitures qui quittent le parking de l’hôtel de ville rejoignent le « boulevard circulaire » en passant pas là…

Poitiers, arbre sur un mur, rue du Doyenné

Le second mur menacé par un arbre qui pousse à son sommet se trouve du côté du chevet… Au passage, vous pouvez « admirer » la qualité du mobilier urbain (horodateur et benne à verre) en secteur sauvegardé et dans le périmètre de protection très rapproché de trois édifices protégés au titre des monuments historiques. Nous sommes au 4 rue du Doyenné, « ancien doyenné Saint-Hilaire, classé par liste de 1889 », classement confirmé au journal officiel du 18 avril 1914 (les listes de protection établies à partir de Prosper Mérimée et sa commission en 1840 ont été confirmées après la loi sur les monuments historiques de 1913).

Qui fait appliquer l’obligation d’entretien des monuments historiques???