Archives par étiquette : maison natale

Paul Verlaine par James Vibert à Metz

Metz, le monument à Paul Verlaine, dans son massif fleuriEn ce samedi, je vous emmène à nouveau à Metz, cette fois boulevard Poincaré (au bout de l’Esplanade, presque à l’opposé du cheval de Fratin), toujours avec des photographies prises début août 2012.

Metz, le monument à Paul Verlaine, carte postale ancienneLe socle a été modifié par rapport à son socle d’origine, qui portait la dédicace « A Paul Verlaine / 1844-1896 », comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. Désormais, c’est « Paul Verlaine / né à Metz 1844-1896 ».

Metz, la maison natale de Paul VerlaineLors de ma visite en 2012, la rue était en travaux devant la maison natale de Paul Verlaine (gérée par l’association des amis de Paul Verlaine), à l’angle de la rue Poncelet et de la rue de la Haute-Pierre.

Metz, le monument à Paul Verlaine, détail de l'inscription Pauvre LélianSur la base du bronze se trouve aussi la mention « Pauvre Lélian », anagramme de Paul Verlaine.

D’après la fiche de la base e-monumen, la statue (plus probablement le prix du tirage par un fondeur de Decauville), inaugurée en juin 1925, a été financée par Les Amis de Verlaine, « le buste est offert par le sculpteur », Alexandre Vibert, et la ville a financé les frais du socle. Il doit y avoir un os quelque part, car Alexandre Vibert, né en 1847, est mort en 1909… Un don depuis l’au-delà? Ou de ses héritiers? Non, et le style ne correspond pas du tout, c’est juste une coquille et une confusion de la base de données, en fait, l’auteur est James Vibert (Carouge, Suisse, 1872 – 1942, frère du graveur Pierre-Eugène Vibert)! Cet élève de Rodin avait connu Verlaine (voir dans cet article).

Metz, le monument à Paul Verlaine, trois vues de face et de trois quarts

Le buste est représenté de manière très simplifiée, tout en rondeur, avec les deux mains reportées sur le côté gauche de la statue.

Metz, le monument à Paul Verlaine, détail du visageLes coulures de la patine donnent un air bien sévère à Paul Verlaine, avec sa moustache bien taillée…

Pour aller plus loin : voir cet article de Philippe Hoch sur Gustave Kahn et Paul Verlaine. Il faut que je vous montre aussi le monument à Gustave Kahn à Metz également!

Le centre d’art contemporain photographique / villa Pérochon à Niort

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, l'entrée et la façade postérieure aux volets closIl y a un peu plus d’un an, je vous ai parlé de la villa de Ernest Pérochon à Niort, à l’abandon depuis fort longtemps. Au printemps 2013, un centre d’art contemporain photographique (CAPC) a été ouvert dans cet espace par la ville de Niort. J’ai pu le visiter au mois d’août avec Nini 79. Premier constat, pas facile à trouver pour ceux qui ne connaissent pas. En partant du pilori (tiens, je pensais vous avoir parlé de ce lieu, mais il est dans les articles programmés pour prochainement) où se tient un complément de l’exposition actuelle (jusqu’au 14 septembre 2013, Des photographes et un territoire: La Haute-Normandie, plusieurs photographes, avec des approches sans risque pour le public, rien que du très classique, entrée libre), si vous ne savez pas exactement où vous allez, vous aurez du mal à trouver en suivant la signalétique très incomplète. Direction donc le musée Bernard-d’Agesci installé dans l’ancien lycée de jeunes filles de Niort, la villa est juste en face… Mais l’entrée qui a été choisie pour le centre de la photographie n’est pas l’entrée d’origine de la villa, il faut prendre la rue perpendiculaire (64, rue Paul-François Proust) et entrer par les anciens communs de l’ancien fond de la parcelle.

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, le jardin en fricheLe jardin est en friche, de la terre partout, bon, d’accord, le mauvais temps du printemps n’a pas dû permettre de plantations… En revanche, les pierres en vrac de la démolition d’un appentis auraient pu être enlevées… L’arrivée sur l’arrière de la villa avec tous les volets fermés n’est guère engageante. Certes, les photographies ont besoin, comme tous les supports papier, d’être peu éclairées, mais il y a d’autres solutions que les volets clos à l’extérieur. Et puis l’exposition n’est qu’au rez-de-chaussée, les volets de l’étage pourraient être ouverts en journée. En plus, l’éclairage des œuvres est très mauvais à l’intérieur, avec beaucoup de reflets sur les vitres qui protègent les photographies.

Niort, villa Pérochon restaurée, centre de la photographie, la façade principale aux volets clos avec des câbles qui pendouillentCôté façade principale, ce n’est pas mieux. Les volets sont également clos, l’ancienne plaque signalant la maison de Pérochon est toujours là, mais aucune indication pour diriger vers l’arrière ni même signaler l’existence d’un centre de la photographie… La façade a bien été nettoyée (pour les nostalgiques, une vue avant dans l’article sur Ernest Pérochon), mais les câbles des réseaux (électricité, téléphone) ont été grossièrement et fort disgracieusement accrochés sur la corniche. Un câble sort d’un curieux trou près d’une fenêtre de l’étage, un autre pendouille sous une fenêtre. Peu mieux faire!!!

Visite déguidée et lecture de Bertrand Bossard au TAP

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai commencé ma saison 2012-2013 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP par un spectacle hors abonnement de Bertrand Bossard, une Visite déguidée du théâtre, de l’auditorium et des espaces de service, une visite complètement déjantée, menée à un train d’enfer (et très différente de la visite par l’architecte). Je ne vous en dirait pas beaucoup plus, car d’autres visites sont organisées les 27 et 28 octobre 2012, s’il reste des places (visites en petits groupes d’une trentaine de personnes, six représentations sur le week-end), n’hésitez pas à vous inscrire… et à mettre des baskets plutôt que des chaussures à talon pour les filles…

J’ai aussi assisté à la Lecture qu’il a donnée en lecture-sandwitch (gratuite) sur le plateau B. une lecture proposée avec 2LPECO (deux langues pour une éducation Centre-Ouest). trois acteurs en scène, Bertrand Bossard, Alexia Krioucoff et Maud Thibault, une actrice sourde. Ainsi qu’une interprète en langue des signes française (LSF), Magdaléna Lacroix, pour les parties sans les acteurs… Une première représentation avait eu lieu la veille au soir plutôt à destination du public sourd (invitation spécifique aux associations). Accueil tonitruant (il va falloir que je pense à emporter des bouchons d’oreille à chaque fois que je vais au spectacle) sur Nirvana. Puis une lecture à trois voix (les deux acteurs entendants se relayaient, l’actrice sourde lisait seule à son rythme en LSF) de textes de Martha Nussbaum, un peu rude, la philosophie à midi et demie… Puis vient un extrait du film Pater d’Alain Cavalier (l’épisode de l’installation de l’ascenseur). Après une courte leçon pour apprendre à dire oui et non en LSF, la lecture s’est poursuivie par un texte d’Albert Camus extrait de l’ouvrage collectif L’existence. La lecture s’est poursuivi avec une conférence prononcée par Gilles Deleuze en 1987, avant de se terminer par un texte d’André Malraux sur l’œuvre d’art.

la maison natale de Michel Foucauld, 10 rue Arthur Ranc à Poitiers Dans le texte de Gilles Deleuze, il fut question de Michel Foucault (1926-1984), l’occasion de vous monter sa maison natale au 10, rue Arthur Ranc à Poitiers (en face de la direction de l’équipement, rue actuellement en travaux, comme vous pouvez voir). L’université et le TAP organiseront d’ailleurs cette année des rencontres et un spectacle, Foucault 71, sur les actions concrètes du philosophe en 1971 (indignation en direct dans la rue), du 25 au 27 mars 2013.

Quelques maisons, natales ou non, d’hommes célèbres

Façade du musée Champollion à Figeac Comme je commence à vous avoir montré plusieurs maisons natales et autres maisons de résidence de personnes célèbres, j’ai choisi de créer une nouvelle page de liens sur les maisons natales dont je vous ai déjà parlé et y ajouterai au fur et à mesure les articles à venir… Je les ai classées par ordre de département dans le tableau ci-dessous… et en ai certainement oublié dans mes anciens articles. Pour Dalinele qui m’avait posé une question, j’ai ajouté la photographie de l’ancien lycée Émile Roux à Confolens dans l’article que j’avais consacré à son buste… Je reviens la semaine prochaine sur le thème avec la maison natale de Michel Foucault à Poitiers…

Personnalités concernées :

Napoléon Bonaparte

Jean-François Champollion

Michel Foucault

Louis Pasteur

Ernest Pérochon

Léon Bazile Perrault

Théophraste Renaudot

Claude Joseph Rouget-de-Lisle

Émile Roux

Paul Verlaine

Département Commune Personnalité Vignette
Charente Confolens Émile Roux Confolens, l'ancien lycée Emile Roux
Corse-du-Sud Ajaccio Napoléon Bonaparte La maison Bonaparte à Ajaccio
Jura Dole Louis Pasteur Louis Pasteur à Dole, 01, maison natale
Jura Lons-le-Saunier Rouget-de-Lisle Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 01, maison natale
Lot Figeac Jean-François Champollion Façade du musée Champollion à Figeac
Moselle Metz Paul Verlaine Metz, la maison natale de Paul Verlaine
Deux-Sèvres Niort Ernest Pérochon Niort, Ernest Pérochon, 1, la façade de sa maison
Vienne Loudun Théophraste Renaudot Le musée Théophraste Renaudot à Loudun et sa plaque commémorative
Vienne Poitiers Michel Foucault la maison natale de Michel Foucauld, 10 rue Arthur Ranc à Poitiers
Vienne Poitiers Léon Bazile Perrault Poitiers, rue carnot, plaque commémorative à Louis Bazile Perrault

Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 01, maison natale

Je poursuis la série des maisons natales… Après Émile Roux à Confolens, Théophraste Renaudot à Loudun et Louis Pasteur à Dole, voici celle de Claude Joseph Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier, je n’ai pas visité le musée, les images que j’en ai vu m’ont plutôt incitée à me promener en ville. Et puis, sa mère a accouché sous les arcades que l’on voit… elle était allée faire quelques emplettes et le bébé est venu… c’est au moins ce que rapporte la tradition. Au passage, cela me fait penser que j’ai aussi en stock des photographies du monument à la Marseillaise à Strasbourg…

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 02, vu de loin Rouget de Lisle (enfin, sa statue en bronze) se dresse sur un haut socle place de la Chevalerie à Lons-le-Saunier.

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 03, les textes sur le socle Le monument est très bavard et raconte son histoire… en majuscules, mais je vous mets le texte en minuscules, c’est plus facile et agréable à lire. Sur la face principale, le texte de la Marseillaise est gravé dans le bronze. Au dos, on peut lire  » ROUGET DE LISLE / Né à Lons-le-Saunier le 10 mai 1760 / mort à Choisy-le-Roy le 27 juin 1836 / auteur de la Marseillaise / Ce chant de la patrie / lui fut inspiré et fut créé par lui / à Strasbourg / 1792 / Ce monument est érigé à sa mémoire / par sa ville natale / et par souscription nationale 1880 / classé monument historique 1990 / Restauré en 1991 par la marbrerie Nachon à Lons-le-Saunier « . Sur les côtés, des citations  » Cela est divin et rare d’ajouter / un chant éternel à la voix des nations / Michelet  » ;  » La Marseillaise est liée à la Révolution / et fait partie de notre délivrance / Victor Hugo  » et  » La Marseillaise est un chant de fraternité / Michelet « . La base Monumen précise qu’une première souscription avait été lancée sans succès en 1838, peu après la mort de Rouget de Lisle.

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 04, la signature de Bartholdi Ce monument a été inauguré le 27 août 1882 et est signé et daté  » A. BARTHOLDI / SCit 1882 « … [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), un sculpteur dont je vous ai déjà montré la fontaine monumentale à Lyon (1888), le sergent Hoff au cimetière du Père Lachaise à Paris, le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier et les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt, etc.

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 05, la signature de Thiébaut et du restaurateur Le bronze a été fondu par  » THIEBAUT FRERES Fondeur « , Thiébaut frères, mes fidèles lecteurs commencent à les connaître (revoir le monument de l’Amiral Duperré de Pierre Hébert à La Rochelle, Gloria Victis d’Antonin Mercié à Niort, le monument aux morts de 1870-1871 de Jules Félix Coutan à Poitiers). Une petite plaque apposée en dessous de cette signature garde la trace de la restauration :  » STRESSACKER / RESTAUREE 1991 « .

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 06, deux vues de face Le voici qui se dresse tout en mouvement retenu sur son socle, prêt pour une envolée lyrique…

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 07, deux détails de face Il est représenté sous les traits d’un homme jeune et volontaire…

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 08, deux vues de côté

Le geste et les lyres sculptées sur le socle rappellent qu’il s’agit d’un musicien, l’épée son combat dans les armées de la Révolution (comme officier du génie)…

Lons-le-Saunier, monument à Rouget-de-l'Isle, 09, deux vues de dos

Voici deux dernières images de dos, remarquez les cheveux longs de Rouget-de-Lisle, rassemblés par un ruban à leur extrémité.

Les photographies sont de juillet 2012.

Louis Pasteur à Dole

Louis Pasteur à Dole, 01, maison natale Il y a déjà longtemps, je vous ai parlé du monument à Pasteur par Alexandre Falguière, avec des vues d’hier et d’aujourd’hui, à Paris (place de Breteuil), je vous renvoie à ces articles pour quelques repères sur la vie de Louis Pasteur. Début août 2012, lors de mes vacances dans le Jura, j’ai fait une halte de quelques heures à Dole… j’en ai rapporté cette photographie de la maison où il est né le 27 décembre 1822, aujourd’hui transformée en musée, dans le quartier des tanneurs.

Louis Pasteur à Dole, 02, monument près de la maison natale Dans le jardin voisin (passage de l’abreuvoir) a été élevé un petit monument le 14 juillet 1931 (date inscrite sur le socle)…

Louis Pasteur à Dole, 03, buste près de la maison natale Il renferme un buste en bronze… Il ne porte pas de signature, mais d’après le site du musée, il s’agit d’une copie récente du buste réalisé en 1877 par Paul Dubois (Nogent-sur-Seine, 1829 – Paris, 1901). En cherchant, j’ai trouvé le plâtre original qui semble correspondre à ce tirage dans la base Joconde, mais date de 1880 d’après la notice (présenté au présentée au salon des artistes français de 1880 sous le n° 6285, la notice fait bien allusion au tirage de Dole). Ce plâtre original se trouve aujourd’hui au musée Paul Dubois-Alfred Boucher à Nogent-sur-Seine. Le monument de Dole de 1931 a été conçu par Jean Hézard.

Louis Pasteur à Dole, 04, monument dans le parc Mais le grand monument à Louis Pasteur se trouve un peu plus loin, dans le jardin public près du cours Saint-Mauris (un jardin dont je vous reparlerai dans les prochaines semaines). Il se compose d’une colonne au sommet de laquelle se trouve une statue en bronze représentant Louis Pasteur pensant et au pied, une mère tenant sur ses genoux deux enfants et une allégorie féminine figurant l’humanité. Sur la colonne se trouvent également des reliefs sculptés. Le projet a été choisi à l’issue d’une souscription internationale et un concours lancés en 1898, sous le patronage de Félix Faure, soit trois ans après la mort de Pasteur. Le monument a été inauguré le 3 août 1902, donc avant le monument parisien.

Louis Pasteur à Dole, 05, signatures de Antonin Carles Plusieurs signatures sur le monument, celle du sculpteur, [Jean] Antonin Carlès (Gimont, 1851 – Paris, 1919) qui se trouve à la fois sur les plis de la femme (pas de photo), sur le socle avec la date 1902 et sur la terrasse (le rebord) de la statue de Pasteur. Celle de l’architecte, [Jules] Léon Chifflot (Lyon, 1869 – Bréhat, 1949, grand prix de Rome d’architecture en 1898, l’architecte en 1920 de la Casa Velasquez) se trouve sur le socle, désolée, pas de photographie, elle était floue.

Louis Pasteur à Dole, 06, Pasteur debout et pensant au sommet Au sommet donc se tient Louis Pasteur, représenté debout et pensif… Une statue de bronze assez classique…

Louis Pasteur à Dole, 08, la mère et les enfants Au pied du monument, voici le groupe en bronze avec la mère éplorée tenant sur ses genoux deux enfants, et devant elle, une femme qui désigne l’inscription  » A / LOUIS / PASTEUR / NE A DOLE / LE 27 DECEMBRE / 1822  » … et qui se prolonge donc en bas (voir photographie précédente) … « L’HUMANITE RECONAISSANTE ».

Louis Pasteur à Dole, 09, l'humanité

La femme debout, qui lève la main droite vers Pasteur, peut être assimilée à une allégorie de « l’humanité reconnaissante ».

Louis Pasteur à Dole, 10, les reliefs sur la colonne Au dos de la colonne, l’inscription rappelle l’origine des fonds…  » SOUSCRIPTION / INTERNATIONALE ».

Louis Pasteur à Dole, 11, reliefs avec la vigne, le loup enragé et les moutons Voici de plus près les reliefs où l’on reconnaît de la vigne et du raisin (travaux sur la fermentation autour de 1865) des moutons (allusion au vaccin contre le charbon du mouton qu’il mit au point en 1881), un loup enragé (travaux sur la rage à partir de 1881, premiers essais du vaccin en 1885).

PS: si vous êtes « fans » de maisons natales, vous pouvez aussi aller lire mon article sur Théophraste Renaudot à Loudun (Vienne).

Théophraste Renaudot à Loudun

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 1, vu de loin C’était fin mars 2012… j’avais inauguré mon tube de crème solaire qui n’a quasiment pas resservi depuis (sauf pour ma semaine à Toulouse)… Je commence par l’une des figures emblématiques de la ville, Théophraste Renaudot, dont je vous ai déjà parlé pour la rue Renaudot à Poitiers… Au passage, google a enfin corrigé et éliminé rue des Hautes-Treilles, de son nom d’il y a plus d’un siècle [dernière vérification 11 juin 2012, la ville avait réclamé ce changement après que je leur ai signalé l’erreur en octobre 2011].

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, carte postale ancienne, devant l'hôtel de ville Ce monument se trouve aujourd’hui devant l’hôtel de ville de Loudun, probablement non loin de son emplacement d’origine, puisque sur des cartes postales anciennes, on le voit tantôt avec en fond l’hôtel de ville…

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, carte postale ancienne … tantôt avec la caisse d’épargne qui lui fait face (à droite sur cette vue, à gauche, on aperçoit l’angle de l’hôtel de ville).

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 2, la signature Charron et la date 1893 Il est signé et daté « ALFD CHARRON SCULP 1893 », pour Alfred [Joseph] Charron (Poitiers, 1863 – Ville-d’Avray, 1955). Cet artiste, qui a exposé au salon des artistes français de 1883, avait été l’élève de [Pierre] Jules Cavelier, Louis Barrias (voir la science et l’agriculture sur le fronton de l’hôtel de ville de Poitiers) et de Jules Coutan (voir également à Poitiers le monument aux morts de 1870-1871).

D’après sa fiche dans la base Monumen, il s’agit d’une copie à l’identique (l’original ayant été fondu comme nombre de bronzes en 1942), le modèle en plâtre patiné bronze avait été donné par l’artiste en 1895 ou 1896 au musée de Poitiers et des Antiquaires de l’ouest (ce modèle est déposé à l’hôtel de ville de Loudun depuis 1950 environ, voir sa fiche dans la base Joconde).

Le bronze original, fondu par Durenne, avait été inauguré le 12 mai 1894, inauguration relatée, d’après Monumen, le 20 mai 1894 dans le Journal de Loudun, non numérisé à ce jour [dernière vérification 11 juin 2012] par les archives départementales de la Vienne, mais, entre un jugement pour infanticide à Saint-Hilaire de Poitiers, un meurtre à Vouillé (les faits divers ne sont donc pas le monopole de la presse actuelle?) et une crise ministérielle (encore une, c’est récurrent à cette époque, avant l’affaire Dreyfus qui éclate à la fin de 1894 et qui noircit bien des pages à partir de l’année suivante), j’ai trouvé dans L’avenir de la Vienne de mai 1894 (si le lien ne fonctionne pas, faites l’interrogation à partir de la page d’accueil) toute une série d’articles intéressants:

– vues numérisées 27 (à droite) et 28 (à gauche et à droite), du jeudi 17 mai 1894, un long compte rendu de la visite d’Eugène Spuller, alors ministre de l’Instruction publique, des beaux-arts et des cultes (du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894) dans le gouvernement Jean Casimir-Perier, aux fêtes de Loudun et à la conférence socialiste à Poitiers. Les fêtes de Loudun ont eu lieu le samedi précédent, soit le 12 mai, avec un départ en train depuis Poitiers… et de nombreuses escales en cours de route (Migné, Avanton, Neuville, Mirebeau, Moncontour, soit presque un arrêt tous les 10 km!). Sur la vue 28 sont représentées deux vues de la statue. L’artiste était présent et son œuvre est rappelée (ainsi que, auparavant, la composition des 5 voitures qui vont de la gare au centre-ville et … la sieste – enfin le repos – du ministre à 16h à la sous-préfecture), la soirée s’est terminé par un banquet… dont la presse donne, comme à son habitude à cette époque, le menu détaillé ; sans oublier le coup de griffe « M. Bazile ne récolte que cette épithète de « fumiste » qui lui convient si bien » (qui a parlé de dégradation de l’ambiance politique?);

– vue numérisée n° 31, du samedi 19 mai 1894, le point de vue d’un journaliste sur la visite de M. Spuller à Poitiers ;

– vue numérisée n° 37, du mercredi 23 mai 1894, discours de M. Spuller à Poitiers

vue numérisée n° 41, du samedi 26 mai 1894, transcription du texte du long discours prononcé à
Loudun par Eugène Spuller.

J’ai pu raté des notes intermédiaires, la consultation des scans de grand format nécessite de jongler entre différents grossissements…

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 3, vue de trois quarts et détail du visage

Revenons au sujet du jour… Théophraste Renaudot est représenté debout, un peu plus grand que nature, sur un haut piédestal. Il est déjà âgé, le front dégarni, les sourcils broussailleux, la moustache et la barbe soigneusement taillées. Il porte une sorte de cape par dessus son habit. A sa droite se trouve une pile d’ouvrages (posés sur une sorte de lutrin à plat autour duquel s’enroule un serpent buvant dans une coupe), avec à son sommet un livre ouvert (probablement un registre) sur lequel il s’apprête à écrire de la main droite et tient de l’autre main un exemplaire de sa gazette (voir des vues de détail plus bas).

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 4, les faces avant et droite du piédestal Sur le piédestal, à l’avant (photographie de gauche), le sujet est identifié par cette dédicace écrite en majuscules : « Théophraste Renaudot / conseiller / médecin ordinaire / et historiographe / de Louis XIII / ministre / de la charité publique / né à Loudun / en 1586″. En-dessous se trouve un médaillon en bronze sur lequel je reviendrai plus bas. Sur le côté droit du piédestal (photographie de droite) se trouve ce texte écrit en majuscules :  » J’en viens aux pauvres / l’objet de mes labeurs / et la plus agréable fin / que je me sois / jamais proposée / … me recognoissant / né au bien public / j’y ai sacrifié / le plus beau / de mon aage [SIC] / sans autre récompense / que celle dont la vertu / se paye par ses mains ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 5, les faces gauche et arrière Sur le piédestal, à gauche (photographie de gauche), se lit en majuscules un hommage aux réalisations de Théophraste Renaudot,  » La France lui doit / le journal / l’office de publicité / et de renseignements / le bureau de placement / le mont de piété / l’hôtel des ventes / et sous le nom de consultations / charitables pour les malades / ce que nous appelons aujourd’hui / un dispensaire / auquel il consacra / tout son temps et toute sa fortune ».

Oups, ma photographie de dos est floue et celle de trois-quarts ne permet pas de relever la très longue inscription sur la face arrière… Il faudra que je retourne à Loudun… ou sollicite une amie qui y travaille !

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 6, détail de la gazette et de la reconnaissance royale D’après les dictionnaires de référence, journaliste n’est pas attesté avant 1718… et c’est bien un exemplaire de sa « Gazette » et non un journal qu’il tient dans sa main gauche (détail sur la photographie de gauche).

Sur la pile de livres (photographie de droite), on peut lire, gravé dans le bronze, toujours en majuscules, « traité des pauvres » et sur une feuille déroulée, « Aujourd’hui / le 14e jour / d’octobre le / Roy désirant / favorablement / traiter Théoph. / Renaudot / le nomme / conseiller g[énéra]l / des pauvres du / royaume ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 7, la pile de livres Sur les autres livres, on peut lire sur la couverture du premier « textes et nouvelles » et sur la tranche du troisième « …ais charitables ».

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 8, le médaillon à Eugène Hatin Sur le piédestal a été apposé un médaillon dédié à « Eug[ène] Hatin historien de la presse et de Renaudot ». Eugène [Louis] Hatin (Auxerre, 1809 – Paris, septembre 1893) est notamment l’auteur de Théophraste Renaudot et ses « innocentes inventions », Oudin imprimeur, Poitiers, 1883 (à lire sur Gallica), réédité sous le titre La Maison du Grand Coq et le bureau d’adresses, le berceau de notre premier journal, du Mont-de-piété, du dispensaire et autres innocentes innovations de Théophraste Renaudot, Champion éditeur, Paris, en 1885.

Le monument Théophraste Renaudot à Loudun, 9, initiales et date 1893 sur le médaillon Il a été réalisé également par Alfred [Joseph] Charron, ainsi qu’en témoignent les initiales et la date  » 1893 A. CH. ».

Le musée Théophraste Renaudot à Loudun et sa plaque commémorative L’association des amis de Théophraste Renaudot gère dans sa maison natale (signalé par une plaque commémorative) le musée Renaudot… Si ce musée a besoin d’un « petit coup de jeune », vous pouvez aussi vous y arrêter si vous passez par là (tout au nord du département de la Vienne).

Le musée Théophraste Renaudot à Loudun, 2, le buste dans la cour Dans la cour (la photographie) et dans le musée se trouvent d’autres représentations (sculpture, gravure, reconstitution en cire) de Théophraste Renaudot.

Mes articles sur Loudun:

Ernest Pérochon à Niort

Niort, Ernest Pérochon, 1, la façade de sa maison En face de l’ancien lycée de jeunes filles de Niort (aujourd’hui musée Bernard-d’Agesci), avenue de Limoges (au n° 25), se trouve la maison d’Ernest Pérochon, qui aurait grand besoin d’un petit lifting… Elle a été léguée à la ville en 2002, mais les projets successifs (dont une maison d’écrivains) n’ont jamais vu le jour [finalement, en 2013 a ouvert dans ce lieu un centre d’art contemporain photographique].

Niort, Ernest Pérochon, 2, la stèle commémorative Une stèle, inaugurée en 1970 au bout de la rue Ernest Pérochon, lui rend hommage. Né en 1885 à Courlay, dans les Deux-Sèvres, il devient instituteur et écrit des romans, mais aussi des livres pour enfants (certains sont présentés dans la partie conservatoire de l’éducation du musée Bernard-d’Agesci. En 1921, suite à son prix Goncourt pour Nêne (1920), il démissionne et déménage à Niort. Il est mort d’une crise cardiaque en 1942 (voir sa biographie sur le site de la ville de Niort).

Niort, Ernest Pérochon, 3, le médaillon en bronze avec le profil de Pérochon Le monument est composé d’une stèle en granite avec un texte gravé (peu lisible) et d’un médaillon en bronze avec le profil droit d’Ernest Pérochon.

Niort, Ernest Pérochon, 4, la signature du sculpteur Albert Bouquillon sur le médaillon Le médaillon porte la signature et la date « A. Bouquillon / 1970 » pour Albert Bouquillon (Douai, 1908 – 1997).

Les photographies datent de juillet 2011.

PS: en avril 2013, cette maison a été restaurée et abrite désormais un centre de la photographie contemporaine. Voir le reportage sur France 3 Poitou-Charentes (28 avril 2013).

Emile Roux par René Pajot à Confolens

Emile Roux par René Pajot, 1937, à Confolens, 1, vue générale du monument En mars 2010, j’ai profité d’une belle journée printanière à Confolens (pour un colloque) pour faire une série de photographies et partager avec vous quelques-unes d’entre elles. Pour plus d’informations sur Confolens et la communauté de communes du Confolentais, deux livres sont toujours en librairie, Parcours du patrimoine n° 325 consacré à Confolens, ou encore l’image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin… Aujourd’hui, je vous montre le buste d’Émile Roux réalisé en 1937 par René Pajot et mis en place devant l’ancien lycée Émile Roux, où son père était directeur et où il est né le 17 décembre 1853.

Confolens, l'ancien lycée Emile Roux Voici une vue de cet ancien lycée (aujourd’hui désaffecté, le lycée est désormais en périphérie de la ville).

Il travailla avec Louis Pasteur sur le choléra des poules puis le charbon des moutons, et découvrit le sérum antidiphtérique, la première thérapie efficace contre cette maladie. Il était d’ailleurs directeur de l’Institut Pasteur à Paris (depuis 1904) à sa mort le 3 novembre 1933 (voir le monument à Pasteur à Paris).

Emile Roux par René Pajot, 1937, à Confolens, 2, la signature Revenons à notre buste en bronze. Posé sur un haut piédestal (refait depuis), il est signé R[ené] Pajot et daté de 1937. Il fut inauguré le 14 novembre 1937 en présence du ministre de la santé, Marc Rucart.

Emile Roux par René Pajot, 1937, à Confolens, 3, le buste Je trouve que le sculpteur lui a donné un air sévère,…

Emile Roux par René Pajot, 1937, à Confolens, 4, détail du visage …peut-être accentué par les rides, les sourcils fournis, la barbe et la moustache, les joues creusées…

Le musée Champollion à Figeac

Façade du musée Champollion à Figeac Lors de mon séjour à Toulouse fin avril, début mars, je suis aussi allée avec mes amis à Figeac. Après avoir eu des difficultés à trouver un restaurant (dernier dimanche des vacances de printemps, entre ceux fermés le dimanche et ceux qui étaient en congé, pas facile), nous sommes allés visiter le musée Champollion ou musée des écritures du monde. La rénovation de la maison est un peu curieuse de l’extérieur, pas de fenêtre au niveau supérieur. En fait, des plaques de cuivre sont posées un peu en retrait, ajourées de lettres de toutes les langues du monde. De nuit, le résultat est très beau d’après les photographies que j’ai vues, de jour, de l’intérieur, c’est aussi pas mal, mais de l’extérieur, étrange, ces ouvertures sans huisseries… Mais entrons dans la maison natale de Jean-François Champollion. Après une salle consacrée à l’égyptologie, avec notamment des originaux et des copies venant du musée du Louvre, les différentes écritures du monde sont abordées avec des films, des jeux (ouille, retracer les caractères chinois sur l’écran en suivant le cour du maître calligraphe, pas facile). Dans la dernière salle, toutes les écritures sont accessibles à partir d’une carte interactive. Et pour les nouveaux Champollion, il y en a plusieurs qui attendent d’être déchiffrées. J’ai aussi beaucoup aimé les livrets jeux pour enfants (ben, oui, je n’ai même pas tout réussi dans celui des 10-12 ans), et la boutique avec de jolis objets de calligraphie chinoise. Si vous passez dans le sud-ouest, pas trop loin, n’hésitez pas à faire le détour – et à visiter cette belle ville de Figeac.