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Intoxication chimique… merci le nouveau voisin!

Après le vacarme infernal et insoutenable de la semaine dernière, voici venu le temps de l’intoxication chimique et du confinement façon incendie ou plan Seveso. En dépit de ma forte dose de cortisone, j’ai fait une grosse allergie respiratoire hier après-midi (d’abord nez qui picote et coule abondamment, puis éternuements en série et toux pour évacuer des sécrétions abondantes) sans comprendre d’où cela pouvait venir, cette nuit, j’ai dû enlever le masque respiratoire de ma machine à pression positive continue (pour l’apnée du sommeil) à cause d’un encombrement du nez et des poumons avec de très fortes sécrétions malgré un comprimé d’antiallergique hier soir, et la cortisone que je prends à haute dose aurait aussi dû limiter cette réaction inflammatoire. Je viens d’aller chercher le journal dans ma boîte aux lettres et l’air de la cage d’escalier est irrespirable. Un produit très irritant et allergisant s’est répandu depuis hier et accumulé pendant la nuit dans la cage d’escalier, s’échappant de chez mon nouveau voisin de palier.

J’ai demandé à la gardienne d’ouvrir en grand les portes de la cage d’escalier pour ventiler ce produit toxique et de demander et saisi le syndic pour qu’il demande à nouveau au nouveau propriétaire de calfeutrer sa porte d’entrée, cette fois plus pour le nuage de plâtre mais pour la poussière.

J’ai aussi rappelé au syndic que l’exposition à un produit toxique et à tout autre événement pouvant mettre en cause la santé ou l’intégrité physique (cf vacarme la semaine dernière et inhalation de poussières de plâtre lors du nettoyage de l’escalier vendredi) ou mentale d’un salarié (la gardienne, employée de la copropriété donc aussi en partie par lui) est répréhensible en droit du travail… Va-t-il falloir un constat d’huissier pour faire cesser tout ça?

En tout cas, de mon côté, c’est serpillière humide en bas de la porte, comme pour la poussière la semaine dernière, mais aussi de l’entourage avec du gros scotch. Je suis obligée de télétravailler avec toutes les fenêtres ouvertes, dans l’air encore glacial du matin, heureusement qu’il fait beau!

Halte aux pesticides

Il est encore temps de rejoindre le mouvement Nous voulons des coquelicots, initié par Fabrice Nicolino et François Veillerette, en participant aux manifestations organisées à 18h30 devant de nombreuses mairies partout en France le premier vendredi de chaque mois et/ou en signant et faisant signer l’appel à la fin de l’usage du glyphosate et autres pesticides, en portant le petit coquelicot sur vos sacs, vêtements ou autre. Une version pin’s (épinglette pour faire plaisir à l’académie française) en vente sur leur site.

Sylvie, C., une amie, est en train de m’en faire fabriquer une série en céramique émaillée par Arc / ateliers artistiques d’Airvault dans les Deux-Sèvres, version gros boutons à coudre, je vous les montrerai quand ils seront terminés… ils sont en cours d’émaillage, mais voici ce que ça donne sur une version précédente. Si vous en voulez en bouton, faites moi signe, j’en ai commandé un peu plus, et je peux regrouper des demandes pour une autre commande. Ils organisent un salon tous les deux ans, le prochain aura lieu les 29 et 30 mai 2021. L’édition 2019 était très sympa !

La Vienne a rejoint le mouvement des Pisseurs involontaires de glyphosate. Des prélèvements ont été réalisés sur 131 personnes à Gençay, Poitiers et Châtellerault. Mon résultat est tombé : à peu près dans la moyenne du département, 1,399 ng/ml d’urine, je n’avais pas mangé bio la veille… 121 plaintes ont été déposées au pénal (pour mise en danger d’autrui, tromperie aggravée et atteinte à l’environnement) au TGI de Poitiers le 18 septembre 2019, voir l’article paru dans Centre presse (oups, je suis au centre de la photo de groupe). Vous pouvez aussi voir une petite vidéo sur leur site. Le pique-nique (bio et sans laisser de déchets!!!) était très sympa, comme vous pouvez le voir sur le reportage de France 3 (19/20 édition Poitiers)… Merci à Héloïse Maurouard et Claire Marquis qui ont assuré la logistique, depuis les prélèvements devant huissiers, leur envoi à Leipzig pour analyse, jusqu’à la constitution des 121 dossiers portés par Maître Guillaume TUMERELLE, avocat au barreau de la Drôme. Jusqu’à présent, plus de 2500 plaintes ont été déposées partout en France, 5000 au total sont prêtes, elles seront regroupées au pôle de santé publique du Parquet du Tribunal de Grande instance de Paris, en espérant qu’elles ne s’y enlisent pas.

Affiche de Tous cobayes de Jean-Paul JaudCertes, l’étude de Gilles-Eric Séralini a été décriée, surtout après une intense activité de lobbying de la part de Monsanto, jusqu’à la suppression de la publication scientifique de son étude, mais la toxicité de ce produit ne fait pas de doute : tout ce qui est en -cide tue, si ça tue les plantes ou les animaux, n’oubliez pas que nous avons plein de gènes en commun, ça peut aussi nous tuer!!!

Rappelons que l’usage du Glyphosate (Roundup de Monsanto, racheté fort cher par mon ami Bayer, et ses génériques) est interdit aux particuliers et aux communes. N’oublions pas que les premières victimes des pesticides sont leurs utilisateurs, au premier rang desquels les agriculteurs (Parkinson précoce, certains cancers notamment du rein) et leurs enfants (puberté précoce, …). Le manque de précautions des agriculteurs est bien montré dans le film qui est d’actualité en ce moment, Au nom de la terre, d’Édouard Bergeon.

Depuis le 1er janvier 2019, vous ne pouvez plus en utiliser sous peine d’amende, s’il vous en reste, il faut rapporter le flacon dans le magasin ou la déchetterie qui vous l’a vendu, ou avec les produits toxiques en déchetterie. La SNCF, les industriels l’utilisent toujours abondamment comme désherbant, ainsi bien sûr que les agriculteurs. Heureusement que le maïs MON810, un OGM résistant au glyphosate, ce qui permet d’arroser le champ avec encore plus de glyphosate sans faire mourir le maïs mais en rendant le champ bien « propre », sans une « mauvaise herbe » (ni une abeille)… le temps que celles-ci intègrent à leur tour le gène de résistance au produit et ne se multiplient à nouveau. Nous ne sommes donc sans doute pas près de le voir disparaître, mais faisons tous des efforts.

Pas un brin d’herbe sur la voie ferrée Poitiers-Limoges, à Lussac-les-Châteaux , ici à l’automne en 2017

Pour les plus courageux, je vous conseille de lire le rapport parlementaire R1560 de la député Bénédicte Taurine sur l’interdiction du glyphosate en France, rapport enregistré le 13 février 2019 à l’assemblée nationale : on y lit qu’il a été vendu 8800 tonnes de matière active du glyphosate en 2017 (soit 30% du volume des pesticides cette année là), lisez aussi les débats sur la même page, la position notre cher député de la Vienne Modem apparenté la République en marche, Nicolas Turquois, lui-même agriculteur : « Interdire le glyphosate brutalement, c’est confronter immédiatement des milliers d’agriculteurs à des difficultés majeures, voire insurmontables dans un certain nombre de cas, en l’état actuel de la recherche. Du fait de son coût très modique, de sa souplesse d’utilisation et de son efficacité, le glyphosate est effectivement devenu un produit omniprésent sur les exploitations agricoles« . Il parle ensuite de l’usage indispensable dans les grandes cultures (oups!!! la monoculture intensive), la vigne et la SNCF :  » la problématique de la SNCF où la lutte contre l’enherbement, et notamment les ligneux tels que les ronces et les épines, est indispensable« . Là, il se trompe, quelques semaines après, la SNCF, qui traite ainsi ses 61000 km de voies ferrées et utilise 0,4% du glyphosate vendu en France a déclaré vouloir sortir progressivement du glyphosate. Dans le même temps, Bayer, qui ne doute de rien pour sauver son produit, tente de vendre un « train pour consommer moins de glyphosate« …

L’interdiction de certains pesticides met longtemps à avoir des effets sur l’environnement. Par exemple, l’atrazine est interdite depuis 2003, c’est un produit très persistant dans l’environnement. Il y a quelques mois, l’agence régionale de santé de Nouvelle Aquitaine (oui, la même qui a interdit l’essai clinique clandestin près de Poitiers) a autorisé en juin 2018 un dépassement pour plusieurs années des seuils de ce produit dans l’eau potable par le syndicat des eaux de Vienne / SIVEER dans le secteur de Saint-Savin (voir au passage ici les documents sur l’abbaye classée au patrimoine mondiale de l’UNESCO) : la presse locale en a rendu compte de cette autorisation de dépassement (voir Centre Presse). Ce produit serait-il encore parfois discrètement utilisé? Qu’en est-il aussi du lindane, un antiparasitaire organochloré très toxique, interdit en Europe depuis 2007, mais dont il subsiste aussi des flacons dans des granges de ce secteur? Espérons que certains agriculteurs ne l’utilisent pas pour éradiquer la mouche wohlfahrtia, tueuse de mouton qui a envahi notamment le sud du département de la Vienne et la Haute-Vienne voisine depuis quelques années.

Le combat n’est pas gagné, mais par endroit, les coquelicots sont quand même de retour… S’ils pouvaient l’être sur tous les bords de route. Quand reverrons-nous le bleuet, devenu encore plus rare?

La centrale nucléaire de Civaux, la Vienne et le karst…

La centrale nucléaire de Civaux vue depuis la ville haute de ChauvignyAprès les incertitudes sur les cuves des deux réacteurs forgées au Japon, le 11 mars 2017, Centre presse et la Nouvelle République parlaient du béton fissuré de la centrale nucléaire de Civaux, révélé dans La farce cachée du nucléaire(Sortir du nucléaire, Éditions Yasnost), un problème connu de longue date et toujours minimisé par EdF, la commission locale d’information / CLI qui a eu lieu depuis a été apparemment agitée. Bientôt ils découvriront qu’elle est aussi installée dans un contexte géologique qui pose aussi problème, le karst, en gros des grottes partout autour et sans doute en-dessous de la centrale, comme avoué à moitié lors de la fuite de tritium de janvier 2012! L’occasion pour moi de rééditer un article publié ici en mars 2011. Et au passage, la première photo est prise depuis la cité médiévale de Chauvigny, des projets d’éoliennes viennent de se faire recaler parce qu’elles allaient gâcher le paysage de la cité médiévale, mais cela n’avait pas posé de problème pour implanter les tours de la centrale nucléaire!!! N’oubliez pas non plus que l’énergie nucléaire n’est pas une énergie sans carbone, il en faut pour construire les centrales, les entretenir, véhiculer chaque jour les milliers de travailleurs des centrales, extraire et transporter l’uranium (produit souvent sans protection des ouvriers en Afrique, ce n’est pas par hasard qu’une usine d’Areva avait été la cible de terroristes), couler les déchets dont on ne sait que faire dans des blocs de béton, etc…


Et pour rappel, avant de vous laisser relire mon ancien article sur le karst de Lussac-les-Châteaux, il est aujourd’hui possible d’acheter de l’énergie sans nucléaire, en devenant comme moi coopérateur chez Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Un fournisseur plus cher qu’EdF… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire (qui financera la prolongation de durée de vie des centrales nucléaires, le juste prix pour l’uranium et le stockage des déchets produits, le « grand carénage, bidouillage pour prolonger la vie des centrales?), une énergie payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)… Dans le département de la Vienne, ceux qui sont abonnés chez Sorégies et non chez EdF ne peuvent toujours pas changer d’opérateur.

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centraleSur la centrale nucléaire de Civaux, vous pouvez aussi (re)lire mes autres articles sur ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)

Article du 17 mars 2011

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneJe vous ai déjà montré cette photographie de la centrale nucléaire de Civaux dans la Vienne à l’occasion d’une sortie sur les orchidées l’année dernière… (vous pouvez relire ces articles : liens vers le musée, sortie sur les orchidées (à retrouver sur le récapitulatif, sortie orchidées à Civaux (2) : Ophrys mouche, quelques orchidées (petites) araignées, plusieurs orchidées pyramidales (Orchis pyramidal ou Anacamptis pyramidalis), sortie orchidées à Civaux (3) : première orchidée bouc, Ophrys abeille, et côté petites bêtes, un clairon, sortie orchidées à Civaux (4) : orchis homme pendu, orchidées boucs, céphalentères à longues feuilles).

Je vous avais d’ailleurs signalé la disparition sur le coteau visité d’une des espèces présentes avant la construction de la centrale, l’hypothèse avancée par les spécialistes de la faune et la flore étant que la présence quasi permanente du panache de vapeur d’eau a modifié l’ensoleillement de ce coteau et pu entraîner cette disparition. Le site d’EDF présente cette centrale comme sûre, mais il y a deux inconnues majeures, le karst et la Vienne.

Quand je suis arrivée dans la région, en 1991, les fouilles archéologiques préventives s’achevaient (leurs résultats sont publiés en plusieurs volumes aux éditions de la société archéologique de Chauvigny). Ensuite, pendant des mois, le chantier a été retardé car il y avait des cavités naturelles dans le terrain… Quelle surprise ! Un karst est connu depuis toujours dans ce secteur, on rapporte la disparition de bêtes dans des trous qui ont pu s’ouvrir naturellement, etc. La présence de ce karst a d’ailleurs permis le développement de nombreuses grottes qui ont pu être occupées ou fréquentées au Paléolithique, certaines dès le Moustérien (Les Rochers de Villeneuve à Lussac-les-Châteaux, où a été trouvé un fémur de Néandertalien daté de 40 à 45.000 ans), d’autres avec des œuvres d’art pariétal (le réseau Guy Martin et la Font-Serein à Lussac-les-Châteaux – cette dernière a un réseau profond, terrain de jeu des spéléogues et qui contient une résurgence) ou mobilier (grottes de La Marche et des Fadets à Lussac-les-Châteaux, grotte de Loubressac à Mazerolles, grotte du Bois-Ragot à Gouex), tous ces sites et quelques autres (comme les Plumettes (aller pages 468-470), la grotte de la Tannerie ou Larrault / Laraux toujours à Lussac-les-Châteaux) ayant aussi livré de nombreux renseignements sur les habitats en grotte entre 28.000 et 10.000 ans avant notre ère. Vous pouvez en savoir plus au musée de préhistoire de Lussac-les-Châteaux, dont je vous ai parlé il y a quelques mois… Les liens sur les sites archéologiques renvoient vers diverses publications, pas toujours la plus récente, mais elles vous donneront déjà une petite idée de ces sites.

Sous la centrale nucléaire de Civaux se trouve donc un réseau karstique directement en liaison avec les nappes phréatiques… Si vous voulez tout savoir sur les karsts de manière assez claire (enfin, à mon avis, mais il y a quand même quelques notions de géologie), je vous invite à lire le dossier de l’école normale supérieure de Lyon sur le sujet, avec de nombreux schémas. Mais aucun risque, nous dit EDF, le karst a été comblé (sauf que tout géologue sait bien qu’un karst actif, ça peut continuer à soutirer, même des dizaines ou des centaines de mètres-cubes de béton ne sauraient suffire), et puis, pas de panique, l’enceinte de confinement passe aussi sous le réacteur… Ces enceintes de confinement ont seulement été calculées par des ingénieurs… Nous avons vu ces derniers jours qu’en grandeur nature au Japon, leur solidité et leur résistance ne sont peut-être pas aussi sûres. Et à Civaux, il n’y aura pas l’océan pour refroidir les réacteurs s’ils s’emballent : le débit de la Vienne est déjà insuffisant pour refroidir deux réacteurs fonctionnant normalement en été, il y en a toujours au moins un à l’arrêt (officiellement pour maintenance) pendant les mois chauds… quand ce ne sont pas des amibes tropicales qui pourraient se développer à cause du réchauffement de l’eau (c’est arrivé en 1998, sur la Loire, devant la centrale de Dampierre)… En 2011, c’est dès le printemps qu’elle connaît des problèmes avec la sécheresse. On nous dit qu’au moins, il n’y aura pas de tsunami… Mais il peut y avoir de grandes crues, comme celles que je vous ai montrées… en 1896 à Confolens ou celle de 1913 à Châtellerault… Civaux est juste entre ces deux villes, il paraît que les aménagements en amont doivent limiter l’impact de ces crues centenaires, mais qu’en sera-t-il si un barrage lâche ??? Si l’enceinte de confinement ne tient pas, la radioactivité pourra partir bien sûr dans l’air, mais aussi directement dans les nappes phréatiques via le système karstique, merci EDF (et les décideurs politiques de l’époque…). Sans oublier celle qui s’échappera dans l’atmosphère, chouette, j’habite à un peu plus de 30 km… hors du périmètre où chacun a reçu -au cas « hautement improbable » où un accident se produirait – des pastilles d’iode. On voit très bien les tours de la centrale depuis le CHU de Poitiers, c’est rassurant, non? Ah, une dernière chose, les gens d’EDF n’arrêtent pas de dire que Civaux n’est pas sur une faille… mais il y a tout un réseau de failles à environ 8km au sud-est. Certes, ce sont des failles qui n’ont pas bougé depuis longtemps, mais pourquoi ne pas le dire? Ce n’est pas difficile à vérifier, il suffit d’aller acheter une carte géologique du BRGM dans n’importe quelle bonne librairie ou sur le site du BRGM (la zone concernée est dans l’angle de quatre cartes, les 590, Chauvigny, 591, La Trimouille, 613, Gençay et 614, Montmorillon). Enfin, côté séismes, il ne semble pas avoir été pris en compte ceux de force supérieure à 6 (Poitiers en grande partie ravagée le 18 octobre 1018 et le 15 novembre 1083, puis à nouveau au 14e siècle notamment le 15 février 1318), séisme estimé à une force 7,5 le 6 octobre 1711 à Loudun. La carte des tremblements de terre de ces 300 dernières années est disponible sur le site de l’observatoire régional de l’environnement en Poitou-Charentes. Celui de 1711 a été étudié dans un rapport très détaillé du BRGM. Certes, ce n’est pas la même faille, mais cela montre que le risque existe aussi dans notre région.

[PS: pour le tremblement de terre de 1083, il est notamment rapporté dans la chronique de Saint-Maixent, voir la transcription du texte latin à la date de 1083 sur le site histoire passion. : « Eodem anno terrae motus factus est magnus, XV° kalendas novembris, in die natalis Sancti Lucae. Pars civitatis Pictavis magna cum ecclesia Sanctae Radegundis combusta est« . Dans la même chronique, des tremblements de terre sont signalés dans la région en 1097 (13 octobre), 1098 (4 octobre)].

Alors, ces derniers jours, la presse, la radio et la télé locales ont bien évoqué la question de la Vienne (pas assez d’eau pour refroidir en été, trop en cas d’inondation en hiver), mais personne n’a parlé de la question du réseau karstique… Un oubli, monsieur le directeur de la centrale de Civaux qui a tenté de justifier sa sécurité lundi dernier au journal régional de France-3?

Je sais bien qu’il est difficile de sortir du nucléaire, vus les choix faits en France… La gestion des déchets à longue durée de vie (cf. les laboratoires d’enfouissement) posait déjà problème, la question de la sécurité des enceintes de confinement mérite d’être posée, ainsi que les choix qui ont été faits par le passé pour l’implantation des centrales, plus guidés par des considérations politiciennes (donner de l’emploi à tel ou tel endroit, par exemple, la centrale de Civaux, petite avec deux réacteurs, emploie plus de 800 personnes) que des contraintes environnementales (présence de failles, de karst, de la mer avec ses tempêtes, de fleuves en crue en hiver ou à sec en été, etc.). Peut-être devrions-nous quand même réfléchir non pas à des énergies alternatives, pas forcément plus propres (il faut tout compter dans l’impact, y compris la production et le démantèlement voire la gestion des déchets à long terme), mais à de sérieuses économies d’énergie, à une fin du gaspillage, à une aide à l’isolation notamment des logements anciens, l’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas! Et si on interdisait vraiment l’éclairage nocturne des vitrines, la climatisation ou le chauffage des magasins portes grandes ouvertes??? Vous trouverez d’autres gestes simples ou plus compliqués (isolation, etc.) sur le site de l’association négaWatt.

Nuit de la chouette

Concours oiseau, étape 4, détail du hibouCe week-end, c’est la nuit de la chouette, organisée tous les deux ans par la ligue de protection des oiseaux. Au programme, conférences et observations partout en France. Les pelotes de réjection de certaines espèces sont de bons indicateurs de l’environnement, les restes qu’elles contiennent permettent de voir par exemple la part d’insectivores, genre musaraignes, et reflètent indirectement les ravages des insecticides, le nombre d’espèces présentes témoignent souvent de la dégradation de la biodiversité au fil des ans…

Concours oiseau, étape 4, deux chouettes, un hibou et un oiseauSinon, la chouette que j’ai choisie pour illustrer l’article a été brodée pour un concours de broderies d’oiseaux sauvages organisé par l’association de Fil en idées et relayé par Zéliane pour un salon à Fleury-les-Aubray en 2011. à partir d’un modèle de Rico Design paru dans Point de croix magazine n° 57, septembre/octobre 2008… à partir d’un modèle de Rico Design paru dans Point de croix magazine n° 57, septembre/octobre 2008… Vous pouvez découvrir aussi la finition en boîte à ruban.

Centrale nucléaire de Civaux, juillet 2016, record de rejets dans la Vienne!

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneCela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de la centrale nucléaire, installée sur un karst, de ses problèmes avec la sécheresse, de crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), de ses fuites de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…

Un entrefilet, hier, dans la presse locale, m’a alertée:

« État des rejets dans la Vienne, de la Centrale de Civaux

La centrale de Civaux est située sur le bassin de la Vienne, entre les stations débitmétriques de Lussac-les-Châteaux (en amont) et de Cubord (en aval). La station de Cubord est la station débitmétrique de référence pour le suivi du fonctionnement de la centrale. Selon l’Autorité de Sûreté Nucléaire, « l’exploitant de la centrale prend toutes les dispositions pour garantir un débit moyen journalier minimum en Vienne à l’aval du rejet de la centrale supérieur à 10 m ». Au cours du mois de juillet, il est à noter que différents seuils de rejets ont été dépassés. Au total, le seuil de rejets chimiques a été franchi sur 22 jours, et huit jours pour le seuil de rejets radioactifs (avec dérogation) » (Centre presse, 10 août 2016).

Direction le site de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour vérification, mais je n’y ai pas trouvé l’information… le dernier avis d’incident date de juillet 2015 (pas à jour??? dernier arrêt de réacteur signalé en 2015 alors qu’il y en a eu plusieurs en 2016) et les lettres de suite d’inspection du 27 juillet 2016, mais cela ne concerne pas les rejets. Rien non plus sur celui de la commission locale d’information (CLI)…  En cherchant bien, j’ai fini par trouver les chiffres des rejets de juin 2016 sur le site d’EDF (dans la lettre d’information de juillet), mais pas ceux du mois dernier. Ils sont tous en vacances? Pourtant, 22 jours sur 31 de dépassement des rejets chimiques, et à nouveau des rejets radioactifs en dehors de la norme (encore du tritium? pire?), ça ne devrait pas être ainsi caché! Le dernier twitt de la centrale concerne… l’attentat de Nice, ils feraient mieux de surveiller ce qu’ils balancent à la rivière, d’autant qu’avec l’été, il y a des gens qui se baignent en aval…

Déjà en janvier 2016, les rejets de tritium liquide dans la Vienne avaient atteint 19 terrabecquerels (TBq), soit 21,5 % d’autorisation annuelle accordée à la centrale. A fin juin 2016, ils en étaient à 62,153 TBq sur 90 autorisés annuellement (70%). A suivre!

Les maraudeurs de Tom Cooper

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCouverture de Les maraudeurs de Tom CooperJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux éditions Albin Michel.

Le livre : Les maraudeurs de Tom Cooper, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Demarty, éditions Albin Michel, 2016, 399 pages, ISBN 9782226325754.

L’histoire : Août 2010, à Jeanette, en Louisiane. Cinq ans après l’ouragan Katrin, une nouvelle catastrophe frappe le bayou, une pollution due  la fuite d’un pipeline de BP. Alors que la saison des crevettes devrait battre son plein, celles-ci sont petites et se vendent à bas prix, les consommateurs se méfient des conséquences de la pollution. Dans le bayou se croisent ou s’évitent Gus Lindquist, un pêcheur manchot qui survit grâce aux antidouleurs et qui recherche un trésor au détecteur de métaux, Wes Trench, adolescent qui n’a pas pardonné à son père d’avoir voulu coûte que coûte rester pendant l’ouragan, causant la mort de sa mère, Brady Grimes, originaire de la région et mandaté par BP pour acheter le silence des sinistrés (un gros chèque tout de suite contre l’abandon des poursuites), les jumeaux Troup, qui cultivent une marijuana de première qualité, Hanson et Cosgrove, deux repris de justice qui viennent s’embaucher pour le nettoyage des oiseaux…

Mon avis : l’auteur fait varier les points de vue au fil des chapitres, mais le lecteur n’est jamais perdu, le titre de chaque chapitre précise le nom du protagoniste principal… Il nous plonge dans un monde violent, où chacun lutte pour sa survie, une lutte qui peut être sans merci, comme le vol du bras artificiel de Linquist. Un monde qui fascine auteurs et cinéastes (La descente de Pégase de James Lee Burke ; Baton Rouge de Patricia Cornwell ; Dans la brume électrique, de Bertrand Tavernier ; etc.), mais jamais avec une telle évocation de la pêche aux crevettes et des conséquences pour les pêcheurs, usure prématurée du corps, épaules déformées, alcool et médicaments pour tenir. Un trésor perdu par un flibustier et la culture de la marijuana finissent par se télescoper dramatiquement, les pratiques de BP, cynique, le danger des produits dispersants autant que du pétrole, le manque d’aide des victimes de Katrina, c’est une petite société à dominante masculine qui se croise au fil des pages… jusqu’à ne plus pouvoir contenir la violence des hommes (et des alligators). Je me suis laissée porter par ces 400 pages, à louvoyer dans les marais… Prêts à embarquer à votre tour sur un crevettier?

La terre et l’ombre de César Acevedo

Affiche de La Terre et l'ombre de César AcevedoMa sortie cinéma du week-end a été pour La terre et l’ombre de César Acevedo, qui a reçu la caméra d’or au dernier festival de Cannes (2015).

Le film : de nos jours en Colombie. Après une absence de 17 ans, Alfonso [Haimer Leal] revient dans sa ferme désormais isolée au milieu des champs de canne à sucre, dont elle est séparée juste par une cour et un arbre majestueux. Gerardo [Edison Raigosa], son fils, est alité, victime d’une maladie pulmonaire. Esperanza [Marleyda Soto], sa belle-fille, et Alicia [Hilda Ruiz], sa femme avec qui il est fâché, vont travailler à sa place dans les plantations de canne à sucre, Alfonso gardera son fils et Manuel [Felipe Cárdenas], son petit-fils.

Mon avis : si vous avez envie d’un film gai, n’allez pas voir celui-ci! Au fil des ans, les paysans ont été contraints de vendre leurs terres aux planteurs de canne à sucre, puis de travailler pour eux, en étant payés de manière aléatoire. Les cendres issues du brûlage des déchets retombent en pluies qui rendent l’air opaque et irrespirable, ont provoqué chez Gerardo une sorte de silicose. Et dire qu’on nous dit qu’un petit feu de jardin, ça pollue… à notre échelle, c’est ridicule, multiplié par des milliers, oui, on libère des particules dans l’air, mais comparé à ces brûlis géants, que pesons-nous ? (Allez, un petit effort, on limite quand même nos émissions). Le grand-père essaye quand même de transmettre des savoir-faire en lien avec la nature à son petit-fils: siffler comme les oiseaux, les attirer sur une mangeoire (on les entend mais ne les voit jamais), jouer avec un cerf-volant. Le film est parfois très lent, et pourtant, il ne montre pas certaines scènes que l’on attend : le cadavre est lavé, le fils lui dit adieu (scène là aussi suggestive, très belle, avec juste la main du père et une partie du visage du fils), puis le corps est emporté sans la famille dans une ambulance au milieu des flammes des brûlis, mais il n’y a pas d’enterrement. La cause du départ du grand-père il y a 17 ans, l’obstination de sa femme à rester sur place, sont sous-jacents en permanence, sans être abordés frontalement. La peine des personnages, les rancunes, les colères (cf. la grève des ouvriers agricoles aussi sont en permanence suggérés, avec de beaux plans sur les visages des personnages. À la sortie du film, je pense que vous ne mangerez plus de sucre de canne, sauf peut-être s’il est issu d’un label de production responsable (et bio… on ne montre pas les pesticides dans le film, mais ils sont aussi abondamment utilisés sur les plantations géantes)…

 

Pas de vacances pour M. Mouton!

Juin 2014, Poitiers, M. Mouton dans une voiture qui tracte une caravaneAlors que l’année dernière, notre célèbre Monsieur Mouton (pour les non initiés, suivre le lien vers revoir l’index des précédents moutons) annonçait son départ en vacances en caravane, dans ses derniers affichages, cette année, il reste dans un discours plus politique!

Mouton potevin près de la statue de la Liberté, achète, consomme, version en noir et blancLa statue de la Liberté, apparue dès les premières séries, revient alors que l’Hermione fait escale en ce moment à New-york et a défilé devant elle dans la parade nautique pour la fête de l’indépendance des États-Unis hier 4 juillet 2015.

Mouton potevin près de la statue de la Liberté, achète, consomme, version sur fond rougeJ’ai même trouvé une version en couleur, rouge flamboyante! Toujours avec son désormais célèbre slogan « Achète, consomme ».

Mouton devant l'hôtel de ville de Poitiers, revenant sur le thème du festival des expressifs 2015Il rebondit aussi sur l’actualité locale: M. Mouton pose devant l’hôtel de ville de Poitiers à côté d’un extincteur avec cette légende: « Les Expressifs 2015 « spécial censure », à Poitiers, le service propreté est efficace… Nous aussi ». C’est que l’association Poitiers jeunes (quasi exclusivement financée par la ville) vient d’annoncer le thème du festival cet automne, sur le thème de la censure justement (revoir les expressifs 2009 gâchés par les casseurs et le résultat, les expressifs 2011, 2012)…

Un mouton potevin, devant un panneau publicitaire pour une centrale nucléaire Potiiers, mouton sur une planèteIl a déjà abordé plusieurs fois les thèmes du nucléaire et de la planète (clics sur les vignettes pour revoir les articles), cette fois, la défense de l’environnement prend plutôt des couleurs de réchauffement climatique…

Mouton se dédouanant devant une terre enflamméeLà, sur un fond jaune façon panneau de mise en garde de risques chimiques, la planète semble carrément flamber! Mais « c’est pas nous »…

Moutons qui refuse d'assumer la mort d'un arbre et d'un poissonIl se dédouane encore, « c’est pas nous » non plus, cette fois en détournant le panneau des dangers pour l’environnement, avec un arbre et un poisson mort, il y en a eu des milliers sur la côte atlantique ces dernières semaines, à cause du manque d’oxygène plutôt que d’une marée noire qui semble être suggérée ici… comme sur le panneau réglementaire.

M. Mouton devant Don Quichotte… et même Don Quichotte semble avoir chaud sous le soleil qui brille trop fort: « Le geste petit le geste »… pour la planète? Cela annonce-t-il de nouvelles propositions à l’approche de la COP 21 (Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques) cet hiver à Paris, avec une date (du 30 novembre au 11 décembre 2015) pile à la date des élections régionales (6 et 13 décembre 2015)??? Allez, un petit geste pour la planète?

M.Mouton s'interroge sur son identitéAh, si, il a aussi un doute sur son identité: « Je suis un mouton? »…

Allez, même s’il ne fait visiblement pas rire la mairie, beaucoup de Poitevins sourient (plus ou moins jaune peut-être) en découvrant ses propositions nouvelles ou anciennes ici ou là, en ville ou en périphérie.

Le miel 2014 de Parrains d’abeilles!

Miel, récolte 2014, 10 kgSamedi, j’ai fait la connaissance « en vrai » d’Ammaria (et Monsieur… je vous montre rapidement les gros cadeaux qu’ils ont apportés) et nous sommes partis par les routes, direction plein est au départ de Poitiers, en passant par , Saint-Savin (voir la voûte), puis dans l’Indre Le Blanc (aux portes du parc naturel de la Brenne), nous passons à deux pas de Ciron où sont morts Spinelli et Sivel, puis d’Argenton-sur-Creuse (avec le site antique d’Argentomagus) et Saint-Marcel et sa grotte préhistorique de La Garenne… et arrivons dans un petit hameau de Chavin où se niche l’exploitation agricole de parrains d’abeilles, où j’ai parrainé une ruche comme en 2013 (voir dans cet article pourquoi j’ai arrêté le parrainage antérieur  avec un toit pour les abeilles).

Miel, variété des couleurs de la récolte 2014Nous avons été très gentiment accueillis avec du pain d’épice et une dégustation de miels de cette année, dont celui du printemps, très blanc (plus blanc que l’année dernière), fleurs de forêt, de prairie ou à dominante de sarrasin (le plus foncé). L’année n’a pas été facile, avec un printemps pluvieux puis juillet et août encore pires. Chaque ruche n’a donné que 12 kg de miel au lieu d’une vingtaine habituellement… mais nous sommes revenues avec 15,5kg de miel, 5,5 pour Ammaria, autant pour moi et 9 pots de 500g de plus pour des amis (dont Maryse -qui écrit désormais régulièrement ici- et Olivier). Nous avons visité l’installation d’extraction à froid (extracteur, maturateur). Je ne manquerai pas de tester les nonettes dont la recette était jointe à la récolte!

Cire d'abeille, récolte 2014Et j’ai aussi pris de la cire d’abeille (brute, juste fondue en pain, avec quelques impuretés), je vais pouvoir tester les recettes de crème cosmétique de Flore de Saintonge!

Allez vite découvrir le travail de parrains d’abeilles, et n’hésitez pas à participer à l’opération en 2015! Pré-financement (participatif donc) de la récolte en février/mars, livraison en octobre/novembre.

Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage

pioche-en-bib.jpgCouverture de Un printemps à Tchernobyl d'Emmanuel LepageUn printemps à Tchernobyl d'Emmanuel LepagePour une fois, j’ai trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions un titre qui figure dans le TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Il a reçu plusieurs prix littéraires / BD en 2013.

Le livre: Un printemps à Tchernobyl d’Emmanuel Lepage, éditions Futuropolis, 166 pages, 2012, ISBN 9782754807746.

L’histoire: Avril 2008. Dans un train en partance pour l’Ukraine. Un homme lit un témoignage de l’un des premiers hommes sur place lors de l’explosion du réacteur de Tchernobyl le 26 avril 1986. Emmanuel Lepage a alors 19 ans et suivi le nuage radioactif et les informations rassurantes ou pas à la télévision. Novembre 2007 à Saint-Brieuc, l’association les Dessin’acteurs souhaite organiser une résidence d’artistes le plus près possible de la zone interdite de Tchernobyl, en lien avec l’association Les enfants de Tchernobyl. Doutes sur les risques, ses responsabilités de jeune père de famille, mais aussi sur le fait qu’il n’est pas un militant anti-nucléaire, juste sensibilisé au sujet… il finit quand même par accepter. Le voici à Volodarka avec Gildas Chasseboeuf, dessinateur, et Pascal Rueff et Morgan Touzé, comédiens. Première incursion en zone interdite, dans le cadre d’un « voyage organisé », dosimètre en main, la ville de Tchernobyl, la centrale, dont les réacteurs 5 et 6 devaient ouvrir fin 1986, Pripiat, la ville désertée, retour dans le village où il est hébergé. Au cours du séjour, il va retourner clandestinement en zone interdite, dessiner la nature qui profite de la quasi absence de l’homme.

Mon avis: au fil des pages, l’auteur s’interroge sur sa légitimité à effectuer le voyage, à témoigner de la vie sur place, dure mais finalement sans doute pas plus qu’ailleurs en Ukraine, si l’on exclut la maladie des liquidateurs (comme Vassia) et les « enfants de Tchernobyl », nés après la catastrophe, ayant vécu en zone contaminée ou ceux qui sont nés de parents contaminés, comme les enfants de Vassia et Viera. La menace invisible de la radioactivité, l’omniprésence des dosimètres au début, puis peu à peu oubliés (jusqu’à la réalité, le test final de retour en France pour vérifier s’il a « pris de la dose » ou pas), le nucléaire est bien là, la catastrophe aussi, qui s’est passée dans une centrale quasi neuve, rappelons-le, d’autres réacteurs devaient ouvrir peu après à Tchernobyl, la fête foraine de Pripiat jamais inaugurée est là pour le rappeler, figée dans la poussière accumulée… De très belles planches (quelques doubles pages pleines) rendent compte de ce voyage un peu surréaliste. Tout le début est en noir et blanc, à l’encre et lavis, avec juste quelques couleurs, ocre, rouge, orange, qui mettent en relief des éléments inquiétants, par exemple les panneaux des barrières de la route d’accès à la zone interdite ou la poupée démembrée abandonnée, ou moins, comme la caisse rose de l’épicerie au décor kitch. Puis à partir de la page 106, les couleurs varient plus, les verts explosent, du plus vif au plus foncé, témoins de la nature qui reprend ses droits, des sorties avec moins d’attention au dosimètre.

Quelques éléments inquiétants filtrent du récit, comme la récupération des métaux en zone contaminée, par des habitants qui se font quelques sous à la revente… métal qui est exporté, dispersant la radioactivité dans le monde: mais chez nous, les déblais peu radioactifs, notamment ceux du démantèlement des rares sites en cours de déconstruction, sont aussi disséminés, dilués dans les matériaux de construction, en tant que Breton, l’auteur ne doit pas oublier Brennilis… arrêté en 1985 et dont le démantèlement ne sera pas terminé avant 2025!

Logo top BD des bloggueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.