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Un nouvel hôtel en secteur sauvegardé de Poitiers: pas de contrainte pour lui?

Poitiers, hôtel Ibis rue Victor-Hugo, enseignes criardes

J’avais publié cet article le 29 décembre 2013, en période très creuse pour le blog… Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, je le ré-édite aujourd’hui…

Article d’origine

Il y a quelques mois, un nouvel hôtel (Ibis style) a ouvert rue Victor-Hugo à Poitiers, à la place de la Caisse d’épargne, qui n’a gardé que le rez-de-chaussée. Le bâtiment n’a pas un grand intérêt architectural, contrairement à certains immeubles dans cette rue (voir par exemple le remploi du portail des Augustins que l’on aperçoit à droite de la photographie, le 3 rue Victor-Hugo, la tête de jeune fille de Couvègnes dans la cour du lycée Victor Hugo ou l’ancien cercle industriel), mais il n’en est pas moins en secteur sauvegardé (voir Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?, et Secteur sauvegardé de Poitiers… ma lettre au commissaire enquêteur, article actualisé par un petit post-scriptum avec la délibération et l’avis du commissaire enquêteur). Il devrait donc respecter un certain nombre de contraintes. La couleur vert criard des enseignes verticales, visibles de loin (remarquez, c’est le rôle des bannières publicitaires…) est-elle bien dans la palette des couleurs autorisées en secteur sauvegardé? Récemment, une enseigne d’un petit magasin indépendant a dû être déposée (à juste titre) dans la Grand’Rue car elle ne répondait pas à la réglementation, y aurait-il deux poids deux mesures, selon que vous êtes riche ou misérable…???

Poitiers, hôtel Ibis rue Victor-Hugo, fil électrique à travers la ruePlus gênant, un branchement électrique curieux qui traverse la rue alors que tous les réseaux ont été effacés dans le cadre de Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…

Poitiers, hôtel Ibis rue Victor-Hugo, branchements électriques bizarresDepuis plusieurs mois, ce fil « provisoire » traverse la rue (rejoint provisoirement par les décorations de Noël), avec des raccordements qui à première vue ne semblent pas très sécurisés… étrange, pour un hôtel et donc un bâtiment accueillant du public!

Poitiers, hôtel Ibis rue Victor-Hugo, rampe bizarre rue RenaudotSur l’arrière, rue Théophraste-Renaudot, ils ont récemment fait un aménagement étrange, genre « rampe pour handicapés » [mais Grégory l’a précisé en commentaire, il s’agit de la rampe pour évacuer le linge sale, ce qui ne change pas grand-chose, elle est moche!], avec une marche de presque 10 cm par rapport au trottoir, et face à leur porte, au bout de la pente, une petite « réglette » qui n’arrêtera pas un fauteuil roulant [ni un charriot à linge s’il n’est pas retenu fermement] mais risque bien de le précipiter encore plus vite tête la première sur le trottoir en contre-bas.

Poitiers, hôtel Ibis rue Victor-Hugo, bac à caillouxQuant au « bac à fleurs », il a été rempli de cailloux et rien que de cailloux pendant des mois, depuis, des arbustes sont apparus, mais rien à voir avec ce qui était promis sur le dessin d’architecte sur le permis de construire.

PS: le 14 janvier 2014, j’ai reçu la réponse suivant de l’hôtel Ibis sur la page facebook où j’avais partagé le lien:

ibis a écrit : « Bonjour Véronique, Nous sommes reconnaissants pour votre temps de partager vos remarques avec nous. Nous vous prions de retrouver ci-dessous quelques précisions concernant les points évoqués sur votre blog : Nous vous confirmons que ce bâtiment des années 70, dessiné et travaillé en accord avec les architectes des bâtiments de France, répond parfaitement à toutes les normes de sécurité et d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. La rampe Rue Théophraste Renaudot est en fait une zone de livraison et non pas une rampe pour personnes à mobilité réduite. L’espace PMR se trouve du côté de la rue Victor Hugo où aucun accès public n’est autorisé. Le câble provenant du local situé à la droite de l’entrée de l’hôtel était une installation provisoire de la part d’ERDF- transformateur local du quartier – pour alimentation exceptionnelle lors des festivals (les « expressifs » et les fêtes de fin d’année). Quant aux câbles qui traversent la rue Victor Hugo, ils se situent sur le bâtiment de  » Centre Presse » et non sur l’hôtel. Les jardins et les bacs à fleurs seront aménagés dans les jours qui suivent comme les plantations étaient encore récentes. La direction de l’hôtel reste à votre entière disposition pour toute éventuelle information afin de vous faire une visite objective de l’hôtel. En vous souhaitant une très bonne journée. »

Secteur sauvegardé de Poitiers… ma lettre au commissaire enquêteur

Comme je vous l’ai dit en vous parlant du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?, le secteur sauvegardé de Poitiers et son plan de sauvegarde sont en cours de révision. L’enquête publique s’est déroulée en mars 2013 et s’est clôturée le 5 avril. Je n’ai pas pu rencontrer le commissaire-enquêteur (3 permanences en journée, aux heures où je travaille), mais avais pu aller consulter le document assez longuement en mairie et avais déposé un courrier le 28 mars 2013, en complément d’un mot avec les principaux thèmes dans le registre d’enquête. Le commissaire-enquêteur doit maintenant avoir rendu son avis, au moins son avis provisoire auquel la mairie peut répondre. Après mûre réflexion, j’ai décidé de rendre publique cette lettre, que j’agrémente ici de quelques liens et photographies pour que ceux qui ne sont pas familiers des lieux se rendent un peu compte, la lettre ne comportait bien sûr pas ces liens et illustrations qui vous conduiront sur divers articles… J’ai aussi ajouté quelques remarques entre crochets. C’est aussi l’occasion pour moi de voir qu’il y a beaucoup de monuments que je mentionne dans cette lettre et que je ne vous ai pas montré, même en plus de 300 articles sur Poitiers…

 

Poitiers, le 28 mars 2013,

 Monsieur le commissaire enquêteur,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint quelques remarques concernant la révision du secteur sauvegardé de Poitiers. Étant retenue par des rendez-vous en début d’après-midi le 5 avril, je ne pourrai pas venir comme je l’avais initialement prévu à votre permanence et vous transmets donc par écrit quelques observations.

Des conditions de consultation « limites »

Les conditions de consultation du document sont inacceptables.

Un seul tirage à disposition

La mise à disposition d’un seul document limite la possibilité de consultation. Je suis venue le 8 mars 2013, un monsieur s’est présenté et n’a pas pu avoir accès au document, à l’accueil, on lui a dit de revenir plus tard, je ne sais pas s’il l’aura fait.

Une table de consultation inadaptée

La table de consultation est si petite qu’il est impossible d’ouvrir un plan en entier, encore moins les huit plans ensemble ou un plan, le rapport de présentation et le règlement, cela limite fortement les possibilités de compréhension et d’analyse et impossible la prise de notes directement sur l’ordinateur portable que j’avais apporté. Mon propos ne concernera donc qu’une lecture très partielle du document, sur 2h30 de consultation.

Des erreurs manifestes

Des noms de lieux erronés et de nombreuses approximations

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeIl est particulièrement dommageable que le rapport de présentation ne donne pas les dénominations officielles de certaines adresses, ce qui est pour le moins léger dans un tel document… Il n’y a pas plus de « place de l’hôtel de ville » à Poitiers (cahier 2 p. 45) que de « square Magenta » (cahier 3, p. 26, il s’agit en fait du square du lycée jusque 1885 puis square de la République).

Poitiers, l'ensemble de l'ancien Ensma qui abrite le Dietrich et une salle de gymQuel est le « nouveau cinéma à Montierneuf » ? Le Ciné U existe depuis la fin des années 1950 dans la cité Dalesme, transformé en « Dietrich » en 1984. Si la salle a été réaménagée récemment, il ne s’agit en rien d’un « nouveau cinéma » ! Il y a de nombreux autres exemples, une relecture exhaustive et attentive devrait permettre de corriger toutes ces erreurs.

La cité Gabillet : bombardée ou à conserver ?

Poitiers, vue aérienne des années 1950, le quartier de Montierneuf, détail de la cité Gabillet

Une erreur de trame dans le rapport de présentation pourrait rendre incompréhensibles les prescriptions nombreuses concernant la cité Gabillet (plan réglementaire secteur A, îlot 4 et partie ouest du secteur 5). En effet, cette cité est tramée en « 8 / secteur bombardé » dans le rapport de présentation (cahier 1 page 105), alors que sur le règlement, il est demandé la destruction de nombreux garages et la restitution des clôtures et jardins d’origine. Est-il possible de mettre en cohérence le rapport de présentation ?

 

Un document déjà obsolète

Je sais que l’élaboration de ce document s’est étalée sur plusieurs années. Une actualisation finale aurait cependant été la bienvenue, d’autant plus qu’elle a été faite quand cela arrangeait le propos, par exemple pour justifier la destruction de l’aménagement du grand paysagiste Édouard André par une évolution des fonctions du square (c’est désormais une place, si l’on considère la définition d’un square dans le dictionnaire, à savoir « Jardin public généralement peu étendu, entouré d’une grille, au milieu d’une place »), mais pas pour de nombreux autres secteurs concernés par Cœur d’agglomération :

  • La façade de l'hôtel de ville de Poitiers nettoyéela façade de l’hôtel de ville est indiquée « à restaurer » (rapport de présentation, cahier 1) [pour cet article, une vue après rénovation mais avant Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…]
  • les maisons indiquées comme « à démolir » rue de Puygarreau (plan, section E, prescription concernant les n° 9, 11 et 11bis de la rue de Puygarreau) sont détruites depuis des mois
  • la chambre de commerce a quitté le boulevard Jean-Jaurès depuis plus de deux ans, la réhabilitation du bâtiment est presque achevée la remarque n° 141 page 73 du cahier 3 devrait donc être mise à jour.

Il y a beaucoup d’autres exemples que je n’ai pas eu le temps de relever par écrit.

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 2, métopes de Saint-HilaireAu passage, pourquoi avoir choisi d’illustrer l’église Saint-Hilaire avec un chapiteau refait au 19e siècle alors qu’il y a une si belle sculpture roman au chevet de l’église (illustration en bas à droite de la planche p. 121) ?

Une interrogation sur le périmètre retenu

Quitte à avoir considérablement agrandi le périmètre du secteur sauvegardé, je ne comprends pourquoi il n’a pas inclus la ville dans ses anciens remparts. Si j’ai bien compris lors de réunions publiques sur le projet de demande d’inscription de la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (et dans un premier temps sur la liste représentative de la France), le périmètre Unesco devrait coïncider avec le secteur sauvegardé [réaffirmé au cours du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?]. Pourquoi alors avoir exclu du périmètre :

  • Le 29 janvier 2011 à Poitiers, 2, le jardin anglais du parc de Blossacle parc de Blossac
  • Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieule rempart sud en marge de la rue des Douves et en revenant rue des Remparts, en incluant le mur de clôture de l’IRTS, l’ancienne porte de pont Achard, la tour médiévale conservée en arrière du boulevard Pont-Achard, le long de la voie ferrée
  • l’ancien château de Poitiers, bien connu par les Riches-Heures du Duc de Berry, dont il reste la porte de Paris mais également des tours entre le boulevard de l’abbé Frémond et le Clain et donc l’espace entre le boulevard et le Clain
  • les tours au nord-ouest, donc la partie située entre le boulevard Chasseigne et le Clain.

 

La prise en compte du patrimoine du 20e siècle

Actuellement, seuls deux édifices du 20e siècle sont protégés au titre des monuments historiques à Poitiers : l’hôtel Gilbert, 5 rue de Blossac, et l’église Saint-Cyprien, hors secteur sauvegardé. La révision du secteur sauvegardé n’aurait-elle pas été l’occasion de revoir la protection de ce type de patrimoine ? La plupart des constructions du 20e siècle font l’objet de recommandations d’adaptation (cahier 3, page 54 et suivantes, les constats et recommandations par immeuble concernent pour la plupart des constructions du 20e siècle voire de ces dernières années), mais la qualité de certains bâtiments aurait pu faire l’objet à cette occasion d’une demande de protection au titre des monuments historiques, le délai de réalisation de la modification du secteur sauvegardé étant parfaitement compatible avec l’instruction de dossier de protection au titre des monuments historiques. Je pense en particulier à plusieurs immeubles :

  • La grande poste de Poitiers, le fronton sculptéla « grande poste », à l’angle de la rue Arthur-Ranc et de la rue des Écossais, en dépit de la dénaturation des guichets et des mosaïques par des travaux récents (îlot F8, protection 3a)
  • Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la placel’ancien théâtre, îlot E3, protection 3b très insuffisante pour garantir l’organisation interne du bâtiment d’Édouard Lardillier, spécialiste de la construction de lieux de spectacles dans l’immédiate après-guerre, et le grand verre églomisé des ateliers Pansart, d’autant plus que le règlement E03-47-M01 prévoit l’autorisation de modifications significatives du bâtiment [voir une parodie de concertation pour son avenir]. L’ancien théâtre mériterait une protection au titre des monuments historiques ou au moins un marquage en 3a plutôt que 3b
  • Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 3, rue d'Alsace-Lorraine, vue généraleun ou plusieurs immeubles des frères Martineau. Une étude approfondie permettrait de sélectionner celui ou ceux qui seraient les plus intéressants. À titre d’exemple, on peut citer dans cette catégorie l’ancienne chambre de commerce de 1935 devenue immeuble de commerce et d’habitation rue du marché, avec la sculpture de Raymond Couvègnes et les peintures de Henri-Pierre Lejeune, l’immeuble 13 rue des Écossais (ou le temple protestant voisin), l’immeuble Rat 21 et 23 rue d’Alsace-Lorraine ou encore l’ancienne banque nationale de crédit rue du marché, construite en relation avec les frères Perret, puisqu’il est trop tard pour la maison Vannier conçue par leur père (devenu îlot des Cordeliers).

La prise en compte du handicap

Avril 2012, dégradations des étudiants, rétroviseurs cassésLa prise en compte du handicap dans le secteur sauvegardé et les remarques sont plus qu’indigentes et absolument inadmissibles pour les personnes concernées, mais également pour la qualité de vie de tous (personnes âgées, personnes avec poussettes, personnes momentanément empêchées par une fracture par exemple). On ne peut se satisfaire des deux lignes p. 94 du cahier 3, en écrivant que la loi de 2005 « sera extrêmement difficile à mettre en œuvre » ni des quelques lignes p. 18 du volume « orientations d’aménagement et de programmation », constatant que l’accessibilité est un « sujet très difficile », mais sans proposer d’orientation positive. Avec la suppression de certains stationnements (par exemple grand-rue ou rue de la Cathédrale [la photo avait un autre but, mais vous voyez le trottoir minuscule]), il serait possible d’élargir les trottoirs et de supprimer les marches d’accès à un grand nombre de commerces et de logements.

PS: la délibération suite au rapport du commissaire enquêteur est en ligne… Il prend en compte certains points comme l’utilisation des noms officiels des noms de places et rues ou de corriger la mention « à rénover » de l’hôtel de ville (repris page 7 du document en lien). Décevant sur le théâtre (voir pages 10 et suivantes). Ma lettre est reprise pages 30 et suivantes avec les réponses… de la part du commissaire enquêteur « Les avis formulés me semblent pertinents », de la part de la commission et de la ville, je vous laisse en juger…

Poitiers, Patrimoine, stop ou encore? Le débat…

Patrimoine, stop ou encore, tel était le sujet d’un « débat » proposé lundi dernier, 22 avril 2013, par le maire de Poitiers, avec pour sous-titre le secteur sauvegardé et le dossier de candidature à l’Unesco… Nous voici donc à nouveau à l’espace Toumaï, pour un débat pas beaucoup plus « débat » que la « concertation » organisée quelques semaines plus tôt dans le même lieu pour l’avenir de l’ancien théâtre. Une tribune qui reflète bien la place des femmes dans notre société… pas une seule femme sur les huit intervenants (et pas une seule femme non plus pour les quatre questions prises en fin de séance). Une salle clairsemée, il faut dire que la réunion était à 18h en plein milieu des vacances scolaires, et si l’on enlève les élus, les services techniques et les personnes qui travaillent dans le milieu du patrimoine présentes dans la salle, il y avait très très peu de monde… Sur la forme encore, tout le monde était censé savoir de quoi on parlait: à part la distribution du journal municipal à l’entrée, où de petites vignettes évoquaient à peine le plan du secteur sauvegardé, les intervenants ont fait comme si tout le monde connaissait par cœur ce projet, aucune image projetée à l’écran. J’ai donc choisi d’illustrer cet article avec quelques images choisies parmi celles que j’ai déjà publiées, et vous propose une carte cliquable en fin d’article.

Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieuSans plan, personne n’a souligné que le périmètre du secteur sauvegardé exclut les remparts médiévaux (voir le rempart sud et la tour Aymar de Beaupuy et le pont Achard, il faudra que je vous montre les autres parties visibles) et l’ancien château… je l’ai souligné dans mon avis remis au commissaire enquêteur lors de l’enquête publique terminée depuis le 5 avril 2013, je n’espère aucune réponse sur ce point (ni sur les autres!).

Poitiers, actualité juillet 2012, grilles du square de la République avant et après coeur d'aggloLes intervenants donc: Alain Defaye, directeur départemental de Centre presse et la Nouvelle République (mais Centre presse n’a même pas rendu compte de la réunion), Alain Claeys, député-maire de Poitiers et président de Grand Poitiers (cumulard assumé), Jean-Marie Compte, adjoint au maire de Poitiers chargé du Tourisme et du patrimoine touristique, Yves Steff, architecte urbaniste mandaté pour la révision du Secteur sauvegardé, Yves Lion, architecte urbaniste, grand manitou des ateliers Lion, maître d’œuvre des aménagements de Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… et responsable assumé du massacre du square de la République (la photo ci-dessus), Laurent Barrenechea, architecte des bâtiments de France, chef du service territorial d’architecture et du patrimoine de la Vienne, Philippe Cieren, Inspecteur général des patrimoines au Ministère de la Culture.

Poitiers, la médiathèque, 2, le long de la rue de l'Université, côté nordDans son introduction, M. Claeys souligne que le patrimoine d’une ville doit être comme le patrimoine d’une bibliothèque, dont les fonds sont amenés à se renouveler… une comparaison bien audacieuse quand on sait que le fonds ancien de la bibliothèque de Poitiers a été en partie jeté en 1989 à la benne lors du transfert dans la médiathèque, ces fonds anciens sont inaliénables et imprescriptibles (contrairement aux fonds actuels, qui peuvent faire l’objet d’un « nettoyage » par vente ou destruction). Parmi eux se trouvaient des documents inédits de la monnaie de Poitiers (documents non cotés des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles produits par les officiers de la Monnaie de Poitiers), localisés par un historien chez un particulier, mais jamais revendiqués depuis des années par la ville de Poitiers, ni par la municipalité précédente, ni par l’actuelle! Prendre modèle sur le secteur des bibliothèques, avec la vision du maire de Poitiers, ça n’augure rien de bon…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 10, le dolmen de faceRevenons à la réunion de lundi dernier… J’y ai fait une grande découverte, une origine de Poitiers au 3e siècle avant notre ère (certifié par Yves Steff)… Si l’on parle du « plateau », aucune occupation ne permet de parler de « ville » ou de cité avant la période augustéenne, à la fin du 1er siècle avant notre ère… Si l’on parle de l’ensemble du territoire communal, alors il faut ajouter les occupations moustériennes, mésolithiques, néolithiques et chalcolithiques de la zone de la Folie, le dolmen de la pierre levée et plusieurs occupations de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer?

Les arènes rue Bourcani à Poitiers, les boisagesAlors que le discours tournait autour du passé antique (dont les vestiges en ville ou en périphérie ont été bon malmenés depuis 1840, voir l’amphithéâtre romain), de l’hypogée des dunes (juste cité, en oubliant la nécropole antique dessous) et roman de Poitiers, Laurent Barrenechea a rappelé qu’il ne fallait pas oublier que l’on avait un chef-d’œuvre gothique, la .

Poitiers, carte postale ancienne, vue aérienne avec Notre-Dame-la-Grande et l'ancien marché à structure métalliqueIl a été rappelé que Poitiers n’est que l’un des 104 secteurs sauvegardés français, qu’il s’agit d’une révision radicale du plan de 1966, il faut dire que celui-ci avait été rédigé à la période de la voiture triomphante, avec le percement de la « pénétrante » et n’a pas permis d’éviter le scandale archéologique du parking de Gaulle (destruction en une nuit d’importants vestiges archéologiques romains) ni la destruction de l’ancien marché Notre-Dame, et qu’il prévoyait l’ouverture d’une large entaille entre le haut de la pénétrante et le bas de la Grand’Rue pour faciliter la circulation urbaine (heureusement jamais mis en œuvre). Aujourd’hui, la réflexion porte apparemment plutôt sur le réaménagement de la pénétrante et la circulation à l’arrière de .

Poitiers, novembre 2012, 07, voitures sur les trottoirs en villeA l’occasion d’une question, il a aussi été annoncé que pour des rues étroites comme la grand’rue, on allait s’orienter à terme vers des zones de partage (zone 20, sans trottoir, piétons prioritaires sur les vélos et les voitures). Pourquoi pas, mais actuellement, il y a tellement de stationnement sauvage dans les zones de partage créées (voir par exemple à la fin de l’article en lien des voitures à la place des piétons) que la place du piéton en ville n’est pas gagnée… Une confirmation, le PVC n’est plus autorisé en ville dans le périmètre du secteur sauvegardé (il va falloir de la pédagogie et des contrôles), les zonages concernant les jardins sont indicatifs, le secteur sauvegardé permet de nouveaux projets contemporains (il a été question rapidement de l’aménagement de la verrue de l’ancien Printemps, de l’îlot de l’ancien rectorat ou celui de la banque de France, de l’ancien hôtel Dieu – revoir l’ancien sanatorium -, du musée Sainte-Croix, toujours au détour d’une petite phrase, pas de l’avenir du palais de justice).

A part ça, nous avons eu droit à beaucoup de blabla:

– le centre-ville n’est qu’un quartier parmi d’autres… mais quand il y a eu des questions sur des éléments hors centre-ville (rue de la Cueille Mirabellaise, assaillie par les voitures et la pollution -je vous en ai touché un mot il y a quelques mois dans ce défi photo des fenêtres, ou les restes de l’aqueduc romain qui menacent ruine du côté de l’Ermitage), le maire a botté en touche, pas le sujet de la réunion…

Miroir de l'ancien théâtre de Poitiers, 08, la poésiel’avenir de l’ancien théâtre a été évacué: son aspect patrimonial sera préservé, son usage ne concerne pas cette réunion (au passage, je rappelle que le dessin de Pansart que l’on aperçoit sur cette photographie a disparu depuis…)

Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la place[PS du 29 avril 2013: le maire assure au collectif de défense de l’ancien théâtre, par courrier du 19 avril, que « la ville conservera tous les éléments ayant une valeur patrimoniale », reste à s’assurer qu’il considère bien comme ayant une valeur patrimoniale ce dessin original (un « simple bout de papier »?) et les lettres « théâtre » de la façade démontées lors du ravalement en 2012 et disparues depuis, voir cette lettre: le début et la fin].

– le commissariat de police n’aurait probablement pas eu cet aspect s’il était construit aujourd’hui… « les loupés sont souvent des problèmes de commande » [sic].

– le dossier de candidature de Poitiers sur la liste indicative du patrimoine français est bien avancé… avec un comité scientifique (composition visiblement top-secrète), avec un axe paysage urbain historique de l’Antiquité à nos jours… Bon, étant donné qu’il y a déjà 34 biens sur cette liste et que seuls un ou deux de cette liste sont proposés chaque année par la France à l’Unesco, on a le temps…

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 7, dépotoir entre le garage et la clôtureJe pense qu’il faudra d’abord traiter les « casseroles » passées voire récentes, le plan et le règlement du secteur sauvegardé demande la destruction du garage installé au milieu du cloître de Saint-Hilaire (voir mes photographies sur le Clos Saint-Hilaire et l’invasion de la végétation), mais cela sera-t-il exécuté un jour??? Les rebuts du chantier traînent depuis des années en marge du chantier, aux abords directs de l’église .

Bref, beaucoup d’auto-congratulation dans cette réunion, mais rien de neuf… à part que l’on peut se demander s’il ne s’agissait pas du lancement de la campagne électorale municipale?

Et je vous remets le petit plan de l’hyper-centre, avec les liens sur quelques-uns des 320 articles que j’ai consacrés au patrimoine de Poitiers… Clic sur les petits ronds rouges ou sur les liens ci-dessous

Plan dynamique du quartier du palais de justice de Poitiers

Chez VD, Poitiers, statue de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, rempart romain Chez VD, Poitiers, médaillon de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret Chez VD, Poitiers, hôtel Pélisson Chez VD, Poitiers, l’ancienne chambre de commerce Chez VD, Poitiers, la maison du Dr Letang et son décor Chez VD, Poitiers, la médiathèque Chez VD, Poitiers, les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, le marché Notre-Dame, avec cartes postales anciennes Chez VD, Poitiers, rue Montgautier Chez VD, Poitiers, la grand’rue glacée en janvier 2009

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Les points de la carte:

1. la statue et la plaque en bronze  de Jeanne d’Arc (1929) de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers

2. le rempart romain

3 et 4: hôtels particuliers avec des dates portées, respectivement de 1516 (n° 3, place Lepetit),  1580 et 1626 (dans une cour rue de la Regratterie)

5. ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret

6. l’hôtel Pélisson (1557)

7. l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Émile Couvègnes (1935) et des peintures de Henri-Pierre Lejeune.

8. la maison du Dr Letang et son décor (1902)

9. la médiathèque, avec une visite avec son architecte et son nouveau forum criard,
déjà des pannes, des serre-joints

10. les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande

11. le marché Notre-Dame (avec cartes postales anciennes)

12. l’église Notre-Dame-la-Grande

13. le médaillon en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale

14. rue Montgau(l)tier

15. la grand’rue glacée en janvier 2009 (l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine est juste hors cadre)