Lundi dernier (18 mars 2013), Poitiers a fait la une de la presse pour une évasion présentée comme « spectaculaire »… c’est surtout le déploiement des forces de l’ordre et des télévisions nationales qui ont été spectaculaires… En revanche, en dehors de la presse locale, je pense que peu de monde aura noté que l’individu a été arrêté 50 heures plus tard chez l’un de ses amis… Retour sur cette histoire, et la configuration de l’îlot du palais de justice. La carte ci-dessus, que j’ai réalisée à partir du plan cadastral, vous montre l’emplacement des éléments suivants (clic sur les vignettes pour voir en grand)
– entouré en bleu, l’îlot du palais de justice, entouré, contrairement à ce qu’à dit la presse reprenant les communiqués de la police, non pas de ruelles mais de larges rues (rue de la Regratterie, rue du Marché-Notre-Dame, rue des Cordeliers, rue du Palais), et une place, habituellement appelée place du palais mais baptisée officiellement place Lepetit. Impossible de les traverser par les toits!
– le carré bleu correspond à la fenêtre d’où s’est évadé la personne; elle est censé être protégée par des plexiglass anti-évasion comme ceux que vous voyez sur cette photographie pris sur l’autre façade, côté escaliers du palais
– le point vert indique la tour Maubergeon, partie ancienne du palais des ducs, l’évadé y aurait été vu, il a dit s’y être rendu quelques minutes vers 8h15, l’hélicoptère l’a survolée et le GIPN y ont campé une bonne partie de la matinée de lundi… (sur cette carte postale ancienne, la statue de Jeanne d’Arc est à son emplacement d’origine)
– le rond bleu indique l’ancien palais de justice avec sa grande salle des pas perdus qui correspond à l’ancienne salle de réception des ducs d’Aquitaine comtes de Poitou (promis, je vous ferai une petite visite un de ces jours)
– la flèche verte indique l’impasse de la buvette et l’échelle du palais, une ruelle en effet au cœur de l’îlot, mais qui était ouverte à tout le monde il y a 30 ans pour traverser le palais et qui devrait être bien connu des forces de l’ordre, puisque c’est par là qu’ils passent à chaque fois qu’un prisonnier sensible (généralement les terroristes de l’ETA) est présenté au palais de justice
– les lieux dont je vous ai déjà parlé pour les points rouges: clic sur le point pour voir l’article, ou sur les liens en fin d’article!
Que s’est-il passé? En faisant la synthèse des articles parus dans la presse locale: un homme ivre a été arrêté dimanche pour avoir cogné à coups de marteaux sur la tête d’une de ses amies qui avait refusé des relations sexuelles (50 jours d’arrêts) et sur sa femme (sans incapacité de travail). Lundi vers 8h, il est déféré au palais, comme l’une des cellules est inutilisable (suspicion de galle) et qu’ils n’ont pas la clef de l’autre (la serrure venait d’être changée), ils l’abandonnent sans surveillance dans l’antichambre du bureau du juge. Il réussit à se faufiler entre les plaques anti-défenestration, selon la police, il est menotté, mais lui dit qu’il a réussi à se libérer une main. A 8h15, son évasion est constatée par les gendarmes, des riverains l’ont aperçu sur un toit, une grosse heure plus tard, 150 hommes dont le GIPN venu de Bordeaux, la brigade canine, un hélicoptère le recherche sur les toits rendus glissants par les giboulées. Bilan des recherches: un flic tombé du toit avec une cheminée, pas mal de tuiles cassées (nous sommes sur un monument historique!), un prisonnier introuvable…
En fait, comme il a vu qu’il ne pouvait pas descendre du toit de la tour Maubergeon, il est reparti par où il était venu, descendu place Lepetit par une gouttière, et a tranquillement pris le bus (dans le sens inverse par rapport à celui de la photo, abri bus au bout de la flèche) pour rentrer dans son quartier avant le déploiement des forces de l’ordre… qu’il a regardé à la télé le midi chez un de ses amis qui l’a hébergé! Finalement arrêté mercredi en fin d’après-midi, il est maintenant en prison, mis en examen pour tentative de meurtre et… évasion.
Si l’îlot est isolé par de larges rues, il est néanmoins constitué, outre le palais de justice, d’un réseau de boutiques et hôtels particuliers qui se sont installés sur l’ancien fossé qui cernait le palais au Moyen-Âge: un pont sur cet ancien fossé est encore conservé au fond d’une boutique (La Mandragore, rue du Marché-Notre-Dame).
Cet épisode montre de multiples failles dans la procédure judiciaire et policière… Gageons que la nouvelle cité judiciaire (hasard du calendrier, le choix de l’architecte a été annoncé lundi après-midi) qui devrait voir le jour en 2017 dans l’ancien lycée des Feuillants sera plus sécurisé, et que dans les 4 à 5 ans qui viennent, la sécurité du palais de justice sera revue…
Les points de la carte:
1. la statue et la plaque en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers
2. le rempart romain
3 et 4: hôtels particuliers avec des dates portées, respectivement de 1516 (n° 3, place Lepetit), 1580 et 1626 (dans une cour rue de la Regratterie)
5. ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret
6. l’hôtel Pélisson (1557)
7. l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Émile Couvègnes (1935) et des peintures de Henri-Pierre Lejeune.
8. la maison du Dr Letang et son décor (1902)
9. la médiathèque, avec une visite avec son architecte et son nouveau forum criard,
déjà des pannes, des serre-joints
10. les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande
11. le marché Notre-Dame (avec cartes postales anciennes)
12. l’église Notre-Dame-la-Grande
13. le médaillon en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale
14. rue Montgau(l)tier
15. la grand’rue glacée en janvier 2009 (l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine est juste hors cadre)