Archives de catégorie : Poitiers, chroniques

Poitiers, la ville où je vis depuis 1992, son patrimoine et au quotidien…

Poitiers, les peintures de Marie Baranger dans l’église Sainte-Thérèse, transept nord et sud

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, vue généraleAprès la visite générale de l’église Sainte-Thérèse à Poitiers et son chemin de croix, je continue à vous faire découvrir les peintures de Marie Baranger (1902-2003) dans cette église avec les deux grands panneaux peints dans le transept, en 1934-1935, je vous laisse relire les premiers articles pour l’histoire de l’église. Sur le mur nord se déroule une scène de la vie de Jeanne d’Arc. L’autel latéral de la chapelle, à l’est, est aussi consacré à Jeanne d’Arc, je vous le montrerai dans un prochain article.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, Jeanne d'Arc à chevalJeanne d’Arc à cheval tient un étendard sur lequel on peut lire « Jésus » et « Marie ».

Sur la droite de la scène, des soldats (fantassins) gardent une condamnée (Jeanne d’Arc à Rouen) liée à un poteau, faisant face à un crucifix.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, fileuseAu milieu de la scène, devant le cheval, une paysanne en sabots (Jeanne d’Arc avant la « révélation ») tient une quenouille (instrument que je vous ai déjà montré pour la fileuse de la Visitation sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers et que vous verrez aussi dans les mains de Ève dans l’église de Saint-Savin).

Au-dessus de la porte, sur la gauche de la scène peinte, des anges observent la scène, installés devant une église.

Le mur sud du transept est occupé par une scène de la vie de sainte Thérèse (l’autel secondaire lui est aussi consacré, à voir bientôt).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, bénédiction de ThérèseAu centre de la scène, sainte Thérèse, agenouillée et toute de bleu vêtue, reçoit la bénédiction d’un prélat assis sur sa cathèdre.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, processionSur la gauche du panneau peint, une procession, figurée de dos, entre dans une église.

Un homme âgé accompagne une fillette en la tenant par la main. Il s’agit d’une scène inspirée d’une image populaire : « Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, à six ans, découvre au firmament étoilé l’initiale de son nom » (information de Brigitte Montagne, dossier de protection de l’église Sainte-Thérèse de Poitiers, 2013).

Au-dessus de la porte, la sainte présente des images du Christ.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

Poitiers-Limoges, non à la LGV, mais…

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d'un train au ralenti, grêle sur le talus.

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d’un train au ralenti, grêle sur le talus.

Depuis jeudi dernier, 30 mai 2013, et jusqu’au 12 juillet s’est ouverte l’enquête publique pour la construction d’une ligne à grande vitesse (LGV) à voie unique sous concession privée entre Poitiers et Limoges, les registres sont ouverts dans les préfectures de la Vienne à Poitiers et de la Haute-Vienne à Limoges et sur les communes du trajet. Il va falloir que je réussisse à me libérer pur étudier de plus près au moins une partie de 5000 pages du dossier. Il y a 120 km par la route entre Poitiers et Limoges, il faut compter 1h45 quand il n’y a pas de bouchons et si les entrées de Poitiers et Limoges sont à peu près fluides. La route est très dangereuse avec des morts chaque année ou presque, des montées et des descentes, pas de visibilité, de nombreux camions, peu de zones à trois ou quatre voies. Le trajet en TER prend – en principe – 1h50, puis compter entre 1h45 et plus de 2h pour Paris (avec les travaux sur les voies), temps qui sera ramené à 1h30 quand la LGV Bordeaux-Tours sera ouvertes, d’ici 2017 au plus tôt.

La situation actuelle

Actuellement, les habitants de Limoges qui veulent aller à Paris ont le choix entre deux options: prendre le TER jusqu’à Poitiers puis le TGV (train à grande vitesse) Poitiers-Paris, soit prendre le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Depuis les nouveaux horaires de la SNCF, il n’y a plus de correspondance possible avec le TGV pour Paris tôt le matin, un habitant de Lussac-les-Châteaux avait médiatisé le fait qu’il avait été obligé de renoncer au TER et obligé d’acheter une voiture pour prendre ce TGV, la SNCF avait répondu qu’elle donnait priorité aux travailleurs à Poitiers et que c’était pour cela que le TER arrivait quelques minutes plus tard…

L’expérience en TER du 29 mai 2013

La ligne TER Poitiers-Limoges est actuellement sur sa plus grande partie à voie unique, avec des croisements possibles seulement dans certaines gares. Au moindre grain de sable (ou grain atlantique chargé de grêle, ce que l’on voit sur le talus ci-dessus, vers le Dorat mercredi dernier, à bord du TER), les retards sont importants. Même en temps normal, les attentes en gare pour croisement (prévues dans les horaires) font enrager les passagers. Mercredi dernier donc, je devais rentrer en train de Limoges avec une collègue. TER 868012, départ de Limoges à 18h08, arrivée prévue à Poitiers à 19h56. Arrivés à Nantiat, on nous annonce qu’il y aura une attente d’une vingtaine de minutes pour croiser avec le train en provenance du Dorat, en retard…  Le train d’en face finit par passer, mais le signal ne repasse pas au vert… Appel du conducteur de train, il finit par passer au rouge à 30km/h jusqu’au Montmorillon. Là, le retard accumulé est déjà d’une bonne heure, nous devrions être arrivés depuis une dizaine de minutes… et on nous dit que l’on va encore attendre 10 minutes de plus pour laisser passer le train en provenance de Lussac-les-Châteaux. Nous finissons par arriver dans cette gare, les voyageurs y ont encore moins d’informations que nous: la gare est fermée, il y a bien un numéro d’appel -surtaxé!- pour un service d’assistance de la SNCF, mais ce service ferme à 19h30! Finalement, nous arrivons à Poitiers à 21h35, avec 1h45 de retard, sans excuse ni offre de remboursement (ceux-ci ne concernent pas les lignes régionales).

Le POLT

Actuellement, Limoges est à 3h de Paris par le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Cette ligne dessert de nombreux territoires ruraux et préfectures de départements peu peuplés.

Le projet de LGV

Le tracé officiel du projet de LGV Poitiers-LimogesD’après le site officiel, le but de cette ligne nouvelle, privée mais avec des subventions publiques importantes, est de mettre Poitiers et Limoges à 35 minutes et Paris-Limoges à 2 heures. Le raccordement avec la ligne nouvelle en cours de construction (Paris)-Tours-Bordeaux se fera au sud de Poitiers, vers Vivonne (à Iteuil), il ne semble pas question de desservir la gare de Poitiers, l’embranchement est à 10km au sud de Poitiers, et si une gare nouvelle est prévue là-bas (ce qui n’est pas d’actualité, mais on a parlé d’une gare à côté de l’aéroport de Poitiers-Biard, juste à côté de l’ancien Fronstalag), il faudra au moins 20 minutes de trajet supplémentaire en voiture et 30 à 40 minutes en bus pour tenir compte des délais de correspondance. Des études ont été menées il y a une dizaine d’années, en 2004-2006, en 2007, le Grenelle Environnement la présentait comme une première étape vers une liaison à grande vitesse Nantes-Lyon. Le coût de la ligne (1,7 milliard d’euros) est en cours de discussion dans le cadre de la pertinence des investissements face à la crise économique: la « Commission Duron » aurait, nous a-t-on dit fin mars 2013, classé ce projet de LGV bon dernier au niveau de sa pertinence, mais l’enquête publique a été lancée à marche forcée (Tulle et la Corrèze ne sont pas loin de Limoges)…

Le massacre environnemental pour un gain de temps limité

Pour gagner à peine quelques minutes de plus que dans les solutions alternatives et pour un coût exorbitant à la charge des contribuables (et au profit du futur concessionnaire de la ligne), la vallée de la Vienne sera défigurée par la saignée de la ligne nouvelle: certes, il y a déjà la centrale nucléaire de Civaux sur le trajet, mais ce n’est pas une raison pour en ajouter. Si le trajet n’a pas évolué dans le détail depuis 2007, alors il passe à quelques dizaines de mètres de la grotte du Bois-Ragot à Gouex. Sans compter le nombre d’exploitations agricoles qui seront impactées, coupées en deux, avec encore moins de terres…

Un projet non rentable de l’aveu même de réseau ferré de France

De l’aveu même de Réseau ferré de France (RFF), le projet de LGV Poitiers-Limoges ne sera pas rentable. Le coût moyen de cette LGV est actuellement chiffré à 30 millions d’euros par kilomètre… 20% de moins qu’une ligne LGV classique parce qu’il s’agit… d’une LGV à voie unique (oui, vous avez bien lu, à voie unique, à la moindre panne, ça coincera comme pour le TER actuel). Le coût estimé est quand même actuellement de 1,7 milliard d’euros. Pour tenter de le rendre un peu plus rentable, RFF propose rien moins que de supprimer la moitié des liaisons du POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) dès maintenant… ce qui a eu pour effet de relancer les défenseurs de POLT dans leur combat.

Un TGV omnibus? La demande absurde de Montmorillon

Le maire de Montmorillon et les élus du sud de la Vienne proposent la construction d’une garde TGV dans leur secteur, pour les désenclaver… Vous avez déjà vu un TGV-Omnibus qui s’arrêterait tous les 50 km? Quand on sait la distance nécessaire à l’accélération et au freinage de ces trains, construire une ligne nouvelle pour gagner encore moins de temps est encore plus absurde! Pourquoi ne soutiennent-ils pas la modernisation du TER?

La position des élus a changé au fil des ans… Si le maire PS de Limoges, Alain Rodet, et le président PS du conseil régional du Limousin, Jean-Paul Denanot, poussent à l’accélération du projet de LGV, la position des élus de Poitou-Charentes a fluctué au fil des mois:
– Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, était pour le projet. Les sénatoriales s’annonçant, et comme il a besoin des voix des maires du sud-Vienne, il est maintenant réservé sauf s’il y avait une gare dans ce secteur
– Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, plutôt défavorable jusqu’à présent, est maintenant favorable pour ne pas pénaliser Limoges, mais refuse l’engagement financier de la Région
– Alain Clayès, député-maire PS de Poitiers, est pour le projet, qui serait une opportunité pour Poitiers… sauf que les TGV en provenance de Limoges ne s’y arrêteront pas, puisque la gare est à dix kilomètres au sud.

Les alternatives

La modernisation du POLT

Le collectif Non à la LGV est en faveur de la modernisation du POLT, avec de très bons arguments:en dehors de Limoges, toutes les gares du trajet bénéficieraient d’une liaison améliorée. Il y a une vingtaine d’années, il avait été question de transformer cette voie pour accueillir un train pendulaire, la technologie retenue par l’Allemagne et beaucoup moins chère que les LGV/TGV. Actuellement, quelques aménagements limités (suppressions de passages  niveau) sont en cours. Pour un coût bien moindre que la LGV et une meilleure desserte des gares au-delà de Limoges, la modernisation du POLT pourrait mettre Limoges à 2h30 de Paris (3h actuellement) contre 2h10 avec le LGV par Poitiers et améliorerait aussi les dessertes des gares situées entre Toulouse et Paris (Châteauroux, Brive, Montauban, Cahors, etc.).

Le doublement de la ligne Poitiers-Limoges

Indépendamment de la modernisation du Polt, qui semble la solution la plus raisonnable pour une liaison Limoges-Paris mais aussi de toutes les gares entre Toulouse et Paris, la mise à deux voies du TER Poitiers-Limoges permettrait de réduire la durée du trajet entre Limoges et Poitiers, en se libérant de l’aléa des croisements en gare et des retards qui se répercutent d’un sens de circulation sur l’autre. En TER, il doit être possible de faire 120 km en bien moins qu’1h50!

 

L’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013

Actualité Poitou-Charentes n° 100, le carton d'invitationLe carton d’invitation pour le n° 100 de l’Actualité Poitou-Charentes a été commandé à l’artiste Kôichi Kurita. Il a réalisé un assemblage de cent carrés de terres provenant de 100 lieux de la région Poitou-Charentes (25 pour chaque département, Vienne, Deux-Sèvres, Charente et Charente-Maritime), voir sa démarche sur le site de la revue l’Actualité Poitou-Charentes et surtout dans l’article qui lui est consacré.

Ma première rencontre avec Kôichi Kurita a eu lieu en 2006 (je n’avais pas vu son œuvre à la biennale d’art contemporain de Melle en 2005), lors de son invitation au musée Sainte-Croix et au baptistère Saint-Jean à Poitiers. Impossible de remettre la main sur mes photographies, je ne suis même pas sûre d’en avoir pris, mais par l’intermédiaire de Grégory, Christian Vignaud, photographe au musée Sainte-Croix (© Musées de Poitiers/Christian Vignaud), m’en a envoyées, qu’il en soit cordialement remercié!

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersConcentration maximale pour disposer ces petits tas de terre soigneusement sélectionnée et triée…

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersJe garde un souvenir très ému de cette performance à laquelle seules quelques dizaines de personnes avaient pu assister, vue l’exiguïté des lieux… Une œuvre éphémère…

Performance de Kôichi Kurita au musée Sainte-Croix à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersL’œuvre réalisée au musée Sainte-Croix était restée présentée un peu plus longtemps.

L’espace Mendès-France à Poitiers avait fait réaliser un film à cette occasion à Jérémie Hayes, je l’ai retrouvé sur YouTube!

Jean-Luc Terradillos, responsable de l’Actualité Poitou-Charentes, m’a fait parvenir cette série de photographies de Kôichi Kurita, réalisées pour l’œuvre présentée sur l’île d’Oléron, à Saint-Pierre-d’Oléron (oups, c’était jusqu’au 20 mai 2013… je n’ai pas pu y aller)… où il présentait 30 terres de l’île d’Oléron et 400 de Poitou-Charentes.

Kôichi Kurita, prélèvement de terresLe prélèvement des terres dans les talus ressemble au travail des géologues ou des archéologues…

Kôichi Kurita, installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l'île d'Oléron

Installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l’île d’Oléron…

Kôichi Kurita, installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l'île d'Oléron

Comme une immensité de terres variées…

Kôichi Kurita, les flacons de terres de l'île d'Oléron

Voici les bocaux de terres prélevées sur l’île d’Oléron…

terre de Fukushima par Kôchi KuritaLors de la biennale d’art contemporain de Melle en 2011, il présentait dans l’église Saint-Savinien  Innocence, Terre de Fukushima, prélevée en 2004 (bien avant la catastrophe!), voici la carte à publicité sur une photographie de Christian Vignaud, Musées de Poitiers, éditée par la revue l’Actualité Poitou-Charentes, à l’occasion de la présentation à Niort en 2012 de Positive Rio (lors de Rio+20)…

Pour aller plus loin

Pour l’exposition de Poitiers en 2006, la ville avait publié un petit livre avec un texte de François Bon.

Un autre petit livre a été publié par l’abbaye de Noirlac en 2009 avec un texte d’Alberto Manguel (suivre le lien, document en pdf).

Merci à Dominique Truco qui a fait venir cet artiste à Poitiers, Melle, Noirlac, etc.

Secteur sauvegardé de Poitiers… ma lettre au commissaire enquêteur

Comme je vous l’ai dit en vous parlant du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?, le secteur sauvegardé de Poitiers et son plan de sauvegarde sont en cours de révision. L’enquête publique s’est déroulée en mars 2013 et s’est clôturée le 5 avril. Je n’ai pas pu rencontrer le commissaire-enquêteur (3 permanences en journée, aux heures où je travaille), mais avais pu aller consulter le document assez longuement en mairie et avais déposé un courrier le 28 mars 2013, en complément d’un mot avec les principaux thèmes dans le registre d’enquête. Le commissaire-enquêteur doit maintenant avoir rendu son avis, au moins son avis provisoire auquel la mairie peut répondre. Après mûre réflexion, j’ai décidé de rendre publique cette lettre, que j’agrémente ici de quelques liens et photographies pour que ceux qui ne sont pas familiers des lieux se rendent un peu compte, la lettre ne comportait bien sûr pas ces liens et illustrations qui vous conduiront sur divers articles… J’ai aussi ajouté quelques remarques entre crochets. C’est aussi l’occasion pour moi de voir qu’il y a beaucoup de monuments que je mentionne dans cette lettre et que je ne vous ai pas montré, même en plus de 300 articles sur Poitiers…

 

Poitiers, le 28 mars 2013,

 Monsieur le commissaire enquêteur,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint quelques remarques concernant la révision du secteur sauvegardé de Poitiers. Étant retenue par des rendez-vous en début d’après-midi le 5 avril, je ne pourrai pas venir comme je l’avais initialement prévu à votre permanence et vous transmets donc par écrit quelques observations.

Des conditions de consultation « limites »

Les conditions de consultation du document sont inacceptables.

Un seul tirage à disposition

La mise à disposition d’un seul document limite la possibilité de consultation. Je suis venue le 8 mars 2013, un monsieur s’est présenté et n’a pas pu avoir accès au document, à l’accueil, on lui a dit de revenir plus tard, je ne sais pas s’il l’aura fait.

Une table de consultation inadaptée

La table de consultation est si petite qu’il est impossible d’ouvrir un plan en entier, encore moins les huit plans ensemble ou un plan, le rapport de présentation et le règlement, cela limite fortement les possibilités de compréhension et d’analyse et impossible la prise de notes directement sur l’ordinateur portable que j’avais apporté. Mon propos ne concernera donc qu’une lecture très partielle du document, sur 2h30 de consultation.

Des erreurs manifestes

Des noms de lieux erronés et de nombreuses approximations

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeIl est particulièrement dommageable que le rapport de présentation ne donne pas les dénominations officielles de certaines adresses, ce qui est pour le moins léger dans un tel document… Il n’y a pas plus de « place de l’hôtel de ville » à Poitiers (cahier 2 p. 45) que de « square Magenta » (cahier 3, p. 26, il s’agit en fait du square du lycée jusque 1885 puis square de la République).

Poitiers, l'ensemble de l'ancien Ensma qui abrite le Dietrich et une salle de gymQuel est le « nouveau cinéma à Montierneuf » ? Le Ciné U existe depuis la fin des années 1950 dans la cité Dalesme, transformé en « Dietrich » en 1984. Si la salle a été réaménagée récemment, il ne s’agit en rien d’un « nouveau cinéma » ! Il y a de nombreux autres exemples, une relecture exhaustive et attentive devrait permettre de corriger toutes ces erreurs.

La cité Gabillet : bombardée ou à conserver ?

Poitiers, vue aérienne des années 1950, le quartier de Montierneuf, détail de la cité Gabillet

Une erreur de trame dans le rapport de présentation pourrait rendre incompréhensibles les prescriptions nombreuses concernant la cité Gabillet (plan réglementaire secteur A, îlot 4 et partie ouest du secteur 5). En effet, cette cité est tramée en « 8 / secteur bombardé » dans le rapport de présentation (cahier 1 page 105), alors que sur le règlement, il est demandé la destruction de nombreux garages et la restitution des clôtures et jardins d’origine. Est-il possible de mettre en cohérence le rapport de présentation ?

 

Un document déjà obsolète

Je sais que l’élaboration de ce document s’est étalée sur plusieurs années. Une actualisation finale aurait cependant été la bienvenue, d’autant plus qu’elle a été faite quand cela arrangeait le propos, par exemple pour justifier la destruction de l’aménagement du grand paysagiste Édouard André par une évolution des fonctions du square (c’est désormais une place, si l’on considère la définition d’un square dans le dictionnaire, à savoir « Jardin public généralement peu étendu, entouré d’une grille, au milieu d’une place »), mais pas pour de nombreux autres secteurs concernés par Cœur d’agglomération :

  • La façade de l'hôtel de ville de Poitiers nettoyéela façade de l’hôtel de ville est indiquée « à restaurer » (rapport de présentation, cahier 1) [pour cet article, une vue après rénovation mais avant Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…]
  • les maisons indiquées comme « à démolir » rue de Puygarreau (plan, section E, prescription concernant les n° 9, 11 et 11bis de la rue de Puygarreau) sont détruites depuis des mois
  • la chambre de commerce a quitté le boulevard Jean-Jaurès depuis plus de deux ans, la réhabilitation du bâtiment est presque achevée la remarque n° 141 page 73 du cahier 3 devrait donc être mise à jour.

Il y a beaucoup d’autres exemples que je n’ai pas eu le temps de relever par écrit.

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 2, métopes de Saint-HilaireAu passage, pourquoi avoir choisi d’illustrer l’église Saint-Hilaire avec un chapiteau refait au 19e siècle alors qu’il y a une si belle sculpture roman au chevet de l’église (illustration en bas à droite de la planche p. 121) ?

Une interrogation sur le périmètre retenu

Quitte à avoir considérablement agrandi le périmètre du secteur sauvegardé, je ne comprends pourquoi il n’a pas inclus la ville dans ses anciens remparts. Si j’ai bien compris lors de réunions publiques sur le projet de demande d’inscription de la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (et dans un premier temps sur la liste représentative de la France), le périmètre Unesco devrait coïncider avec le secteur sauvegardé [réaffirmé au cours du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?]. Pourquoi alors avoir exclu du périmètre :

  • Le 29 janvier 2011 à Poitiers, 2, le jardin anglais du parc de Blossacle parc de Blossac
  • Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieule rempart sud en marge de la rue des Douves et en revenant rue des Remparts, en incluant le mur de clôture de l’IRTS, l’ancienne porte de pont Achard, la tour médiévale conservée en arrière du boulevard Pont-Achard, le long de la voie ferrée
  • l’ancien château de Poitiers, bien connu par les Riches-Heures du Duc de Berry, dont il reste la porte de Paris mais également des tours entre le boulevard de l’abbé Frémond et le Clain et donc l’espace entre le boulevard et le Clain
  • les tours au nord-ouest, donc la partie située entre le boulevard Chasseigne et le Clain.

 

La prise en compte du patrimoine du 20e siècle

Actuellement, seuls deux édifices du 20e siècle sont protégés au titre des monuments historiques à Poitiers : l’hôtel Gilbert, 5 rue de Blossac, et l’église Saint-Cyprien, hors secteur sauvegardé. La révision du secteur sauvegardé n’aurait-elle pas été l’occasion de revoir la protection de ce type de patrimoine ? La plupart des constructions du 20e siècle font l’objet de recommandations d’adaptation (cahier 3, page 54 et suivantes, les constats et recommandations par immeuble concernent pour la plupart des constructions du 20e siècle voire de ces dernières années), mais la qualité de certains bâtiments aurait pu faire l’objet à cette occasion d’une demande de protection au titre des monuments historiques, le délai de réalisation de la modification du secteur sauvegardé étant parfaitement compatible avec l’instruction de dossier de protection au titre des monuments historiques. Je pense en particulier à plusieurs immeubles :

  • La grande poste de Poitiers, le fronton sculptéla « grande poste », à l’angle de la rue Arthur-Ranc et de la rue des Écossais, en dépit de la dénaturation des guichets et des mosaïques par des travaux récents (îlot F8, protection 3a)
  • Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la placel’ancien théâtre, îlot E3, protection 3b très insuffisante pour garantir l’organisation interne du bâtiment d’Édouard Lardillier, spécialiste de la construction de lieux de spectacles dans l’immédiate après-guerre, et le grand verre églomisé des ateliers Pansart, d’autant plus que le règlement E03-47-M01 prévoit l’autorisation de modifications significatives du bâtiment [voir une parodie de concertation pour son avenir]. L’ancien théâtre mériterait une protection au titre des monuments historiques ou au moins un marquage en 3a plutôt que 3b
  • Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 3, rue d'Alsace-Lorraine, vue généraleun ou plusieurs immeubles des frères Martineau. Une étude approfondie permettrait de sélectionner celui ou ceux qui seraient les plus intéressants. À titre d’exemple, on peut citer dans cette catégorie l’ancienne chambre de commerce de 1935 devenue immeuble de commerce et d’habitation rue du marché, avec la sculpture de Raymond Couvègnes et les peintures de Henri-Pierre Lejeune, l’immeuble 13 rue des Écossais (ou le temple protestant voisin), l’immeuble Rat 21 et 23 rue d’Alsace-Lorraine ou encore l’ancienne banque nationale de crédit rue du marché, construite en relation avec les frères Perret, puisqu’il est trop tard pour la maison Vannier conçue par leur père (devenu îlot des Cordeliers).

La prise en compte du handicap

Avril 2012, dégradations des étudiants, rétroviseurs cassésLa prise en compte du handicap dans le secteur sauvegardé et les remarques sont plus qu’indigentes et absolument inadmissibles pour les personnes concernées, mais également pour la qualité de vie de tous (personnes âgées, personnes avec poussettes, personnes momentanément empêchées par une fracture par exemple). On ne peut se satisfaire des deux lignes p. 94 du cahier 3, en écrivant que la loi de 2005 « sera extrêmement difficile à mettre en œuvre » ni des quelques lignes p. 18 du volume « orientations d’aménagement et de programmation », constatant que l’accessibilité est un « sujet très difficile », mais sans proposer d’orientation positive. Avec la suppression de certains stationnements (par exemple grand-rue ou rue de la Cathédrale [la photo avait un autre but, mais vous voyez le trottoir minuscule]), il serait possible d’élargir les trottoirs et de supprimer les marches d’accès à un grand nombre de commerces et de logements.

PS: la délibération suite au rapport du commissaire enquêteur est en ligne… Il prend en compte certains points comme l’utilisation des noms officiels des noms de places et rues ou de corriger la mention « à rénover » de l’hôtel de ville (repris page 7 du document en lien). Décevant sur le théâtre (voir pages 10 et suivantes). Ma lettre est reprise pages 30 et suivantes avec les réponses… de la part du commissaire enquêteur « Les avis formulés me semblent pertinents », de la part de la commission et de la ville, je vous laisse en juger…

Poitiers, le chemin de croix de Marie Baranger, église Sainte-Thérèse

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, les huit fenêtresEn vous présentant l’église Sainte-Thérèse à Poitiers, je vous annonçais des articles sur les peintures de Marie Baranger (1902-2003). Je commence par vous montrer le chemin de croix, peint autour des fenêtres. Problème, il y a quatre fenêtres au sud (première ligne du photo-montage) et quatre au nord (ligne du bas)… donc deux « cases » de trop par rapport aux chemins de croix dont les quatorze stations sont normalisées, comme vous avez pu le voir sur ceux de Rosine Sicot dans l’église Saint-Hilaire à Niort ou de Jean Claro dans l’église Saint-Hilaire à Poitiers

Qu’à cela ne tienne, une scène hors station a été ajoutée au début et à la fin… L’ensemble est peint dans des tons ocres et plutôt sombres, qui contrastent avec les autres peintures de l’église. Vous n’y voyez pas grand chose? Pas de panique, j’ai fait des vues de détail!

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, texte de la station 7 et instruments de la passionLes stations du chemin de croix sont marquées par une croix avec le texte de la station (repeint plusieurs fois, sans respecter l’inscription précédente, la superposition devient parfois illisible voire erronée, comme sur la station 8, sur le photomontage), un autre texte accompagne la plupart des stations, je vous en donnerai le texte au fur et à mesure, et sous chaque fenêtre sont peints les instruments de la passion du Christ (clous, fouet, marteau, couronne d’épines, corde), la plupart en très mauvais état suite à des infiltrations d’eau.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, signatureMarie Baranger n’a pas signé son œuvre, mais porté la mention suivante sur le dernier panneau peint (à droite de la quatrième fenêtre nord) : « Peint en l’année jubilaire de la rédemption, 1934-1935 ».

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 1, à gauche, introductionLa première scène donc, à gauche du mur sud, porte la mention suivante : « Sainte mère de Dieu / que je compatisse / à votre douleur / pendant la passion / de votre fils ». En bas à gauche, un serpent coiffé d’une couronne rappelle le pêché originel, au centre de la scène, le Christ, agenouillé, accablé, avec une goutte de sang qui coule sur son front, et la Vierge Marie, debout, réconfortée par un personnage en grande partie masqué, au-dessus, les apôtres sont endormis dans la montagne, alors que tout en haut, un ange veille.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 1, à droite, station 1Station 1. « Jésus condamné à mort ». Le texte précise « Comme un agneau / il a gardé le / silence et / n’a pas ouvert / la bouche ». Le Christ est représenté debout, chaussé de sandales, un troupeau de moutons à ses pieds, les mains liées, la tête déjà couverte d’une couronne d’épine. Derrière lui, les trois juges lisent la sentence.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 2, à gauche, station 2Station 2. « Jésus chargé de sa croix », « Jésus est libre parce qu’il l’a voulu ». Le Christ, debout, commence à porter sa croix. A ses pieds, un soldat romain, l’un debout, l’autre, réduit à une tête, armé d’un fouet et d’un gourdin.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à droite, station 5 Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 2, à droite, station 3Station 3. « Jésus tombe », « il a été brisé pour nos crimes ». En bas, le Christ trébuche, du sang dégouline de son front, au-dessus, les soldats veillent.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à gauche, station 4Station 4. « Jésus rencontre sa mère », « grande est comme la mer ta douleur ». Le Christ a repris sa croix, il rencontre Marie, voilée, de dos, ils semblent perdus dans un paysage urbain fait d’arcs boutants…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à droite, station 5Station 5. « Simon aide Jésus », « J’ai espéré celui qui s’affligerait avec moi et il n’est pas venu ». Simon de Cyrène, un de ses enfants accroché à sa robe, allège le poids de la croix en la soutenant. Au-dessus, le paysage se dégage, laissant apparaître la montagne.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, au-dessus, angeEn haut de la troisième fenêtre sud, un ange porte le Sacré Cœur avec un message devenu difficile à lire : « Cœur de Jésus rassasié d’opprobre ».

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 4, à gauche, station 6Station 6. « Véronique essuie le visage du Christ », « Fais lever sur nous la lumière de ta face ». A gauche en prière, « Sainte Thérèse de la sainte face » (si ce n’était pas écrit sur sa robe, impossible à identifier); elle reçoit une flèche dans le cœur. Véronique tient le saint suaire sur lequel s’est imprimé le visage du Christ. A gauche du suaire, Jésus continue son chemin, la croix toujours soutenue à l’arrière par Simon.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 4, à droite, station 7Station 7. « Jésus retombe », « l’année de ma rédemption est venue ». Jésus est à nouveau tombé, agenouillé, il reçoit les coups de fouet des soldats.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 5, à gauche, station 8On passe du côté nord, en commençant par la gauche…
Station 8. « Jésus et les femmes de Jérusalem », « que le méchant abandonne sa voie et le criminel ses pensées ». Les saintes femmes en prière, l’une debout, l’autre agenouillé, font face au Christ qui les bénit. Tout en haut, un personnage regarde la scène.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 5, à droite, station 9Station 9. « Jésus tombe de nouveau », « il grandira, il sera exalté et souverainement élevé ». Le Christ est affalé sur le rocher, une flèche lui indique le chemin à suivre. Il est toujours précédé de soldats armés de lances.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 6, à gauche, station 10Station 10. « [Jésus] a été dépouillé de ses vêtements ». Le Christ, debout, de face, est en train d’être déshabillé par les soldats. La scène au-dessus reste un peu mystérieuse (liée à sainte Thérèse?)

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 6, à droite, station 11Station 11. « [Jésus] a été crucifié », « toutes les nations lui seront soumises ». La croix disparaît sous le corps du Christ, les soldats lui ont déjà cloué sa main gauche. Tout en haut, l’inscription « Suscipe sancte Pater hanc immaculata Hostiam » est un texte de bénédiction de l’ordinaire de la messe… dans une version abrégée, en principe, c’est « Suscipe sancte Pater omnipotens aeterne Deus, hanc immaculatam hostiam« .

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 7, à gauche, station 12Station 12. « [Jésus] est mort », Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils unique », et « votre roi » à gauche de la tête du Christ (sa couronne royale gît au pied de la croix, à côté d’un serpent qui fuit, Jésus a toujours la couronne d’épines sur la tête). Un prêtre (l’abbé Joseph Bressollette, qui a organisé les travaux de déménagement de l’église) lit une Bible ou un bréviaire sur la gauche, sur la droite, la Vierge et, peinte en rouge, Marie-Madeleine. L’orage se déchaîne avec de gros éclairs. On aperçoit un petit personnage, le centurion repentant…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 7, à droite, station 13Station 13. « Jésus est remis à sa mère », « oh qu’elle fut triste et affligée la mère sainte et bénie du Fils unique de Dieu ». Joseph d’Arimathie détache doucement le corps du Christ de la croix, retenu par des draps. A gauche, la Vierge, jusqu’ici vêtue de noir, est maintenant couverte d’un long vêtement ocre et coiffée d’un voile blanc.  Sur la droite, les saintes femmes ont préparé le suaire et le tiennent prêt à recevoir le corps du Christ.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, à gauche, station 14Station 14. « [Jésus] a été enseveli », « celui qui mange ma chair, celui-là à la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». Le Christ, dans son linceul, est entouré des saintes femmes, à ses pieds, deux hommes semblent être des prêtres. En-dessous, deux soldats censés surveiller le tombeau, mais l’un s’est déjà endormi. Au-dessus, le jardin des oliviers, dont la barrière est fermée…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, à droite, le Christ ressuscitéLa dernière scène est une scène additionnelle. « Jésus est ressuscité, il est toujours avec vous, Alléluia ». Tout en haut, le Christ victorieux, tout de blanc vêtu, bénit le peuple en tenant une croix dans sa main gauche. En dessous, un diacre (le neveu de l’abbé) l’encense, alors que tout en bas, un diable au corps de lion capitule.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

Frontstalag et camp d’internement de Poitiers

Poitiers, emplacement du camp d'internement de la route de Limoges et plaque de la rue du Père Jean FleuryLes camps d’internement de Poitiers posent le problème de la question de la mémoire, même pour des événements relativement récents et pour lesquels il reste encore des témoins vivants. Ici en effet, on entend régulièrement parler du « camp de la route de Limoges », dont l’emplacement est signalé par une stèle située à l’emplacement du camp, au bord de l’avenue Jacques-Coeur (qui mène au campus universitaire) et un nom donné à la petite rue perpendiculaire, « Rue du Père Jean Fleury, aumônier du camp, 1905-1982 ».

Poitiers, stèle du camp d'internement de la route de Limoges
La stèle, inaugurée le 4 septembre 1985, porte deux plaques. Sur la première se trouve le texte suivant:

En ce lieu se trouvait le / « camp d’internement de la route de Limoges ». / Du mois de décembre 1940 à la libération, / le 5 septembre 1944, plusieurs milliers d’hommes, / de femmes, d’enfants, juifs ou tsiganes / et des résistants y furent entassés dans des / conditions inhumaines, avant d’être déportés / vers des camps de concentration / et d’extermination nazis.

La deuxième plaque a été ajoutée le le 16 juillet 1994 avec ce texte :

La République française / en hommage aux victimes / des persécutions raciste et antisémites / et des crimes contre l’humanité / commis sous l’autorité de fait / dite gouvernement de l’État français / (1940-1944) / N’oublions jamais.

Ce camp a été beaucoup moins étudié que le camp de Montreuil-Bellay (voir les références à la fin de mon article sur la bande dessinée Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay de Kkrist Mirror), mais des cérémonies du souvenir y sont régulièrement organisées et des témoignages de tsiganes qui y ont été internés ont été récemment recueillis (voir les actions de la FNASAT / Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage. N’oubliez pas que les Tsiganes n’ont pas été libérés en 1944, mais éloignés encore plus loin, jusqu’au camp d’Angoulême, d’où les derniers ne seront délivrés qu’en juin 1946 [PS: voir leur histoire romancée dans N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani, prix des lecteurs Poitou-Charentes 2014]…

L’AJPN consacre cette page au camp de la Route de Limoges, le VRID / Vienne, Résistance, Internement, Déportation en parle aussi… Voir aussi la référence bibliographique en fin d’article.

Poitiers, terrain entre les Montgorges et la Chauvinerie, emplacement du Fronstalag 230Le cas du deuxième camp (ou plutôt le deuxième lieu, où se sont succédé deux camps) est beaucoup plus délicat… Il n’apparaît pas du tout sur le site du VRID / Vienne, Résistance, Internement, Déportation [dernière consultation 5 mai 2013], ni dans la liste des camps d’internement de la Vienne édité par l’office national des anciens combattants, mais figure bien sur la page de la Vienne de l’AJPN, sur deux pages, le Frontstalag 230 et La Chauvinerie, mais avec des données très incomplètes. Son histoire a été remise en évidence récemment (en 2008), à l’occasion de sondages archéologiques préalables à l’aménagement de la Chauvinerie et des Montgorges, sur un terrain situé à l’ouest de Poitiers, entre les casernes de Ladmirault et l’aéroport de Biard. Des « anomalies » sur des photographies aériennes ont conduit le service régional de l’archéologie à prescrire des sondages archéologiques, menés par l’Inrap… et qui ont « redécouvert » le Frontstalag 230 et le camp de la Chauvinerie… pourtant parfaitement visibles sur les photographies aériennes de 1947 de l’IGN (institut géographique national) disponibles en ligne (se positionner sur Poitiers puis cliquer « remonter le temps). La découverte (fouilles archéologiques préalables à la zone des Montgorges), est cependant restée confidentielle, à part une conférence organisée par la Société des Antiquaires de l’Ouest au musée Sainte-Croix lors des journées du patrimoine en septembre 2012. Aucune publication depuis, même si le fond du camp déposé aux archives départementales de la Vienne (avec un inventaire en ligne) a été dépouillé par Jean Hiernard [PS: publication fin 2014 d’un gros article de Véronique Rochais-Cheminée, Sonia Leconte et Jean Hiernard, Des camps oubliés de la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, p. 7-87]. J’avais évoqué le sujet dans une première réflexion il y a quelques mois, après avoir lu Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik. Alors qu’un camp de prisonniers allemands a fait l’objet d’une vraie fouille donnant de nombreuses informations en Normandie en 2006 (camp de la Glacerie à La Motterie), le camp de la Chauvinerie à Poitiers a été livré aux constructeurs sans prescription de fouilles après les sondages de diagnostic… un nouveau quartier est en train de voir le jour (la partie centrale n’est pas encore commencée), et pour l’instant, pas même un panneau n’est prévu pour rappeler le passé à jamais détruit de ce site… Les historiens (poussés ici par les archéologues) s’exprimeront-ils enfin sur le sujet dans une revue spécialisée et/ou une revue grand public?

Sur ce lieu donc se sont succédé deux établissements.

Le Fronstalag 230 était un camp d’internement des prisonniers de guerre issus des troupes coloniales, administré par l’armée allemande. Parmi les prisonniers se trouvait Léopold Sédar Senghor, qui, avec l’interprète de l’administration du camp, Walter Pichl (un Autrichien qui avait travaillé sur des langues orientales), et ses camarades d’infortune, a lors de son internement proposé une transcription écrite du Wolof (parlé au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie) et recueilli de nombreux contes et légendes. Il a raconté son internement dans un document exhumé en 2011, je vous invite aussi à (re)lire Hosties noires, écrit pendant la guerre et paru en 1948 (quatre des poèmes de ce recueil portent la mention « Frontstalag 230 »), réédité dans Œuvres poétiques (Point Seuil, n° 210, 1966, réédité de multiples fois). Léopold Sédar Senghor a été envoyé fin 1941 dans un camp disciplinaire dans les Landes avant d’être libéré pour cause de maladie en 1942. Le Frontstalag 230 a fonctionné du mois d’août 1940 au mois de février 1942. Le fichier des matricules (voir le répertoire) indique que plus de 12698 personnes sont passées par ce camp. Après cette date, les prisonniers sont regroupés dans le  Frontstalag 221 de Saint-Médard-d’Eyrans en Gironde, qui regroupe les anciens Frontstalag 221 sud (Bordeaux), 221 ouest (Renne), 135 (Quimper) et 230 (Poitiers) et renfermait les prisonniers des troupes coloniales détenues auparavant dans les  départements de la Vienne (partie occupée), des Deux-Sèvres, de la Charente-Inférieure, de la Charente (partie occupée), de la Gironde et de la Dordogne (partie occupée).

Le camp de la Chauvinerie, sous administration française, a été installé dans une série de baraquements adjacents et a accueilli des droits communs et des personnes destinées à la déportation. Cependant, les différents sites que j’ai consultés le confondent souvent avec le camp de la route de Limoges, il faudra donc attendre des publications sérieuses pour séparer ce qui relève de chacun des camps. Après la libération, il devient un camp d’internement de prisonniers allemands (avec aussi des malgré-nous alsaciens), dont l’actrice Dita Parlo (Gerda Kornstädt) qui, contrairement à ce que dit la légende et le non-lieu dont elle a bénéficié à la Libération, a été très proche des Nazis et de la Gestapo (voir le livre Un pedigree de Patrick Modiano). Des centaines d’entre eux (et tous les enfants) sont morts, une partie lors du transfert, beaucoup suite à l’accaparement des vivres par les responsables du camp : voir en 2002 l’article de Loïc Rondeau, Prisonniers et civils allemands dans la Vienne (1945-1948) (Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 109, n° 4, 2002, p. 217-227), un article publié en 2005 de Denis Peschanski intitulé Morbidité et mortalité dans la France des camps (paru dans « « Morts d’inanition ». Famine et exclusions en France sous l’Occupation, Isabelle von Bueltzingsloewen (dir.), Rennes, PUR, 2005, p. 201-212), et les études encore inédites du rapport de sondage de 2008 (compte rendu au cours d’une conférence lors des journées du patrimoine 2012, mais toujours pas de publication)… Comment toute une ville, y compris les associations d’anciens combattants peut-elle avoir oublié voire nié l’existence de ce camp???

PS: sur ce camp de la Chauvinerie à Poitiers, voir aussi le témoignage de Paulette.

Véronique Rochais-Cheminée, Sonia Leconte et Jean Hiernard, Des camps oubliés de la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, 2014, p. 7-87.

Photographies de novembre 2012 (en compagnie de Grégory pour la Chauvinerie).

Pour aller plus loin :

Jacques Sigot, Un camp pour les Tsiganes à Poitiers, un camp de concentration oublié, une allée pour la mémoire, paru dans Le Picton, n° 204, novembre-décembre 2010, p. 9-10.

La Vienne pendant la seconde guerre mondiale sur le site de l’ONAC / office national des anciens combattants (avec une vue du camp de la route de Limoges)

La liste officielle des prisonniers de guerre est disponible sur Gallica, si vous avez la date où la personne que vous recherchez a été arrêtée et son nom, ça sera plus facile, même s’il y a un outil de recherche à partir de ce fichier numérisé sur Généanet. Le fichier des matricules par Frontstalag est consultable aux archives nationales (voir le répertoire).

Recham Belkacem, Les indigènes nord-africains prisonniers de guerre (1940-1945), Guerres mondiales et conflits contemporains, 3/2006 (n° 223), p. 109-125.

Sur le site officiel du ministère de la Défense, Chemins de mémoire, lire aussi les articles sur les Fronstalag et celui sur les prisonniers de guerre indigènes.

Et je ne l’ai pas encore lu, mais ça manque à ma culture générale:

Armelle Mabon, Les prisonniers de guerre indigènes, Visages oubliés de la France occupée, éditions La Découverte, 2010.

Et paru après la publication de cet article:

Véronique Rochais-Cheminée, Sonia Leconte et Jean Hiernard, Des camps oubliés de la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, 2014, p. 7-87.

Poitiers, Patrimoine, stop ou encore? Le débat…

Patrimoine, stop ou encore, tel était le sujet d’un « débat » proposé lundi dernier, 22 avril 2013, par le maire de Poitiers, avec pour sous-titre le secteur sauvegardé et le dossier de candidature à l’Unesco… Nous voici donc à nouveau à l’espace Toumaï, pour un débat pas beaucoup plus « débat » que la « concertation » organisée quelques semaines plus tôt dans le même lieu pour l’avenir de l’ancien théâtre. Une tribune qui reflète bien la place des femmes dans notre société… pas une seule femme sur les huit intervenants (et pas une seule femme non plus pour les quatre questions prises en fin de séance). Une salle clairsemée, il faut dire que la réunion était à 18h en plein milieu des vacances scolaires, et si l’on enlève les élus, les services techniques et les personnes qui travaillent dans le milieu du patrimoine présentes dans la salle, il y avait très très peu de monde… Sur la forme encore, tout le monde était censé savoir de quoi on parlait: à part la distribution du journal municipal à l’entrée, où de petites vignettes évoquaient à peine le plan du secteur sauvegardé, les intervenants ont fait comme si tout le monde connaissait par cœur ce projet, aucune image projetée à l’écran. J’ai donc choisi d’illustrer cet article avec quelques images choisies parmi celles que j’ai déjà publiées, et vous propose une carte cliquable en fin d’article.

Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieuSans plan, personne n’a souligné que le périmètre du secteur sauvegardé exclut les remparts médiévaux (voir le rempart sud et la tour Aymar de Beaupuy et le pont Achard, il faudra que je vous montre les autres parties visibles) et l’ancien château… je l’ai souligné dans mon avis remis au commissaire enquêteur lors de l’enquête publique terminée depuis le 5 avril 2013, je n’espère aucune réponse sur ce point (ni sur les autres!).

Poitiers, actualité juillet 2012, grilles du square de la République avant et après coeur d'aggloLes intervenants donc: Alain Defaye, directeur départemental de Centre presse et la Nouvelle République (mais Centre presse n’a même pas rendu compte de la réunion), Alain Claeys, député-maire de Poitiers et président de Grand Poitiers (cumulard assumé), Jean-Marie Compte, adjoint au maire de Poitiers chargé du Tourisme et du patrimoine touristique, Yves Steff, architecte urbaniste mandaté pour la révision du Secteur sauvegardé, Yves Lion, architecte urbaniste, grand manitou des ateliers Lion, maître d’œuvre des aménagements de Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… et responsable assumé du massacre du square de la République (la photo ci-dessus), Laurent Barrenechea, architecte des bâtiments de France, chef du service territorial d’architecture et du patrimoine de la Vienne, Philippe Cieren, Inspecteur général des patrimoines au Ministère de la Culture.

Poitiers, la médiathèque, 2, le long de la rue de l'Université, côté nordDans son introduction, M. Claeys souligne que le patrimoine d’une ville doit être comme le patrimoine d’une bibliothèque, dont les fonds sont amenés à se renouveler… une comparaison bien audacieuse quand on sait que le fonds ancien de la bibliothèque de Poitiers a été en partie jeté en 1989 à la benne lors du transfert dans la médiathèque, ces fonds anciens sont inaliénables et imprescriptibles (contrairement aux fonds actuels, qui peuvent faire l’objet d’un « nettoyage » par vente ou destruction). Parmi eux se trouvaient des documents inédits de la monnaie de Poitiers (documents non cotés des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles produits par les officiers de la Monnaie de Poitiers), localisés par un historien chez un particulier, mais jamais revendiqués depuis des années par la ville de Poitiers, ni par la municipalité précédente, ni par l’actuelle! Prendre modèle sur le secteur des bibliothèques, avec la vision du maire de Poitiers, ça n’augure rien de bon…

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 10, le dolmen de faceRevenons à la réunion de lundi dernier… J’y ai fait une grande découverte, une origine de Poitiers au 3e siècle avant notre ère (certifié par Yves Steff)… Si l’on parle du « plateau », aucune occupation ne permet de parler de « ville » ou de cité avant la période augustéenne, à la fin du 1er siècle avant notre ère… Si l’on parle de l’ensemble du territoire communal, alors il faut ajouter les occupations moustériennes, mésolithiques, néolithiques et chalcolithiques de la zone de la Folie, le dolmen de la pierre levée et plusieurs occupations de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer?

Les arènes rue Bourcani à Poitiers, les boisagesAlors que le discours tournait autour du passé antique (dont les vestiges en ville ou en périphérie ont été bon malmenés depuis 1840, voir l’amphithéâtre romain), de l’hypogée des dunes (juste cité, en oubliant la nécropole antique dessous) et roman de Poitiers, Laurent Barrenechea a rappelé qu’il ne fallait pas oublier que l’on avait un chef-d’œuvre gothique, la .

Poitiers, carte postale ancienne, vue aérienne avec Notre-Dame-la-Grande et l'ancien marché à structure métalliqueIl a été rappelé que Poitiers n’est que l’un des 104 secteurs sauvegardés français, qu’il s’agit d’une révision radicale du plan de 1966, il faut dire que celui-ci avait été rédigé à la période de la voiture triomphante, avec le percement de la « pénétrante » et n’a pas permis d’éviter le scandale archéologique du parking de Gaulle (destruction en une nuit d’importants vestiges archéologiques romains) ni la destruction de l’ancien marché Notre-Dame, et qu’il prévoyait l’ouverture d’une large entaille entre le haut de la pénétrante et le bas de la Grand’Rue pour faciliter la circulation urbaine (heureusement jamais mis en œuvre). Aujourd’hui, la réflexion porte apparemment plutôt sur le réaménagement de la pénétrante et la circulation à l’arrière de .

Poitiers, novembre 2012, 07, voitures sur les trottoirs en villeA l’occasion d’une question, il a aussi été annoncé que pour des rues étroites comme la grand’rue, on allait s’orienter à terme vers des zones de partage (zone 20, sans trottoir, piétons prioritaires sur les vélos et les voitures). Pourquoi pas, mais actuellement, il y a tellement de stationnement sauvage dans les zones de partage créées (voir par exemple à la fin de l’article en lien des voitures à la place des piétons) que la place du piéton en ville n’est pas gagnée… Une confirmation, le PVC n’est plus autorisé en ville dans le périmètre du secteur sauvegardé (il va falloir de la pédagogie et des contrôles), les zonages concernant les jardins sont indicatifs, le secteur sauvegardé permet de nouveaux projets contemporains (il a été question rapidement de l’aménagement de la verrue de l’ancien Printemps, de l’îlot de l’ancien rectorat ou celui de la banque de France, de l’ancien hôtel Dieu – revoir l’ancien sanatorium -, du musée Sainte-Croix, toujours au détour d’une petite phrase, pas de l’avenir du palais de justice).

A part ça, nous avons eu droit à beaucoup de blabla:

– le centre-ville n’est qu’un quartier parmi d’autres… mais quand il y a eu des questions sur des éléments hors centre-ville (rue de la Cueille Mirabellaise, assaillie par les voitures et la pollution -je vous en ai touché un mot il y a quelques mois dans ce défi photo des fenêtres, ou les restes de l’aqueduc romain qui menacent ruine du côté de l’Ermitage), le maire a botté en touche, pas le sujet de la réunion…

Miroir de l'ancien théâtre de Poitiers, 08, la poésiel’avenir de l’ancien théâtre a été évacué: son aspect patrimonial sera préservé, son usage ne concerne pas cette réunion (au passage, je rappelle que le dessin de Pansart que l’on aperçoit sur cette photographie a disparu depuis…)

Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la place[PS du 29 avril 2013: le maire assure au collectif de défense de l’ancien théâtre, par courrier du 19 avril, que « la ville conservera tous les éléments ayant une valeur patrimoniale », reste à s’assurer qu’il considère bien comme ayant une valeur patrimoniale ce dessin original (un « simple bout de papier »?) et les lettres « théâtre » de la façade démontées lors du ravalement en 2012 et disparues depuis, voir cette lettre: le début et la fin].

– le commissariat de police n’aurait probablement pas eu cet aspect s’il était construit aujourd’hui… « les loupés sont souvent des problèmes de commande » [sic].

– le dossier de candidature de Poitiers sur la liste indicative du patrimoine français est bien avancé… avec un comité scientifique (composition visiblement top-secrète), avec un axe paysage urbain historique de l’Antiquité à nos jours… Bon, étant donné qu’il y a déjà 34 biens sur cette liste et que seuls un ou deux de cette liste sont proposés chaque année par la France à l’Unesco, on a le temps…

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 7, dépotoir entre le garage et la clôtureJe pense qu’il faudra d’abord traiter les « casseroles » passées voire récentes, le plan et le règlement du secteur sauvegardé demande la destruction du garage installé au milieu du cloître de Saint-Hilaire (voir mes photographies sur le Clos Saint-Hilaire et l’invasion de la végétation), mais cela sera-t-il exécuté un jour??? Les rebuts du chantier traînent depuis des années en marge du chantier, aux abords directs de l’église .

Bref, beaucoup d’auto-congratulation dans cette réunion, mais rien de neuf… à part que l’on peut se demander s’il ne s’agissait pas du lancement de la campagne électorale municipale?

Et je vous remets le petit plan de l’hyper-centre, avec les liens sur quelques-uns des 320 articles que j’ai consacrés au patrimoine de Poitiers… Clic sur les petits ronds rouges ou sur les liens ci-dessous

Plan dynamique du quartier du palais de justice de Poitiers

Chez VD, Poitiers, statue de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, rempart romain Chez VD, Poitiers, médaillon de Jeanne-d'Arc Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, des dates sur des immeubles Chez VD, Poitiers, ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret Chez VD, Poitiers, hôtel Pélisson Chez VD, Poitiers, l’ancienne chambre de commerce Chez VD, Poitiers, la maison du Dr Letang et son décor Chez VD, Poitiers, la médiathèque Chez VD, Poitiers, les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, Notre-Dame-la-Grande Chez VD, Poitiers, le marché Notre-Dame, avec cartes postales anciennes Chez VD, Poitiers, rue Montgautier Chez VD, Poitiers, la grand’rue glacée en janvier 2009

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Les points de la carte:

1. la statue et la plaque en bronze  de Jeanne d’Arc (1929) de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers

2. le rempart romain

3 et 4: hôtels particuliers avec des dates portées, respectivement de 1516 (n° 3, place Lepetit),  1580 et 1626 (dans une cour rue de la Regratterie)

5. ancienne banque nationale de crédit, par les frères Martineau et Auguste Perret

6. l’hôtel Pélisson (1557)

7. l’ancienne chambre de commerce rue du Marché, avec des sculptures de Raymond Émile Couvègnes (1935) et des peintures de Henri-Pierre Lejeune.

8. la maison du Dr Letang et son décor (1902)

9. la médiathèque, avec une visite avec son architecte et son nouveau forum criard,
déjà des pannes, des serre-joints

10. les restes du cloître de Notre-Dame-la-Grande

11. le marché Notre-Dame (avec cartes postales anciennes)

12. l’église Notre-Dame-la-Grande

13. le médaillon en bronze de Jeanne d’Arc (1929) de Georges Henri Prud’homme rue de la cathédrale

14. rue Montgau(l)tier

15. la grand’rue glacée en janvier 2009 (l’hôtel du grand prieuré d’Aquitaine est juste hors cadre)

L’église Sainte-Thérèse à Poitiers

Poitiers, église Sainte-ThérèseJe vous montre aujourd’hui une église de Poitiers qui a une histoire singulière… Elle est située sur le coteau ouest de la ville, dans le quartier des Rocs, celui qui attend avec impatience la reconstruction de la passerelle des Rocs pour venir en centre-ville sans avoir à descendre la vallée de la Boivre (longée par la voie ferrée avec la gare à ce niveau là) et remonter en centre-ville, le nouveau viaduc, réservé aux bus, aux vélos et aux piétons, a assuré sa jonction côté ouest et côté plateau, mais n’ouvrira que fin 2013.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, trois vues et dédicaceUne plaque de dédicace (à l’intérieur, sur le mur nord, au-dessus de la porte d’accès à l’escalier de la tribune) raconte l’histoire de l’église Sainte-Thérèse (et Sainte-Jeanne-d’Arc) de manière… orientée :

Cette église / à son origine, chapelle du collège de la Grand Maison / dirigé par les pères de Picpus, désaffectée en 1904 après / l’expulsion des congrégations enseignantes et destinée /à disparaître./ fut réédifiée à cette place, grâce à la charité et au / dévouement des nombreux amis de l’œuvre et tout spécialement/ des anciens élèves restés fidèles gardiens des traditions/ du collège disparu/ elle fut livrée au culte le 21 mai 1934 et consacrée/ le 2 octobre 1935 par monseigneur Mesguen, évêque de / Poitiers. / M. l’abbé Bressollette chargé de l’organisation / de cette œuvre fut le premier curé de la nouvelle / paroisse.

Il s’agit de la chapelle construite en 1867 par l’architecte Jean-Baptiste Perlat et qui se situait sur des terrains achetés par la ville pour y construire le lycée de jeunes filles, devenu lycée Victor Hugo (où je vous ai montré la Tête de jeune fille de Couvègnes). L’église fut démontée pierre à pierre à partir de 1933 (la première pierre a été bénie par Mgr Braud le 5 février 1933) et reconstruite en 16 mois à quelque kilomètres de là, les travaux étant réalisés par des volontaires et des professionnels, financés par une série de concerts et autres manifestations (voir des photographies des travaux sur le site du diocèse de Poitiers). Comme l’église se situe dans l’axe de la piste de l’aéroport de Poitiers-Biard, le clocher, neuf, a été posé au sol et non au-dessus du toit. Il renferme un carillon de dix cloches construit en 1941, toujours sous l’impulsion de l’abbé Joseph Bressollette, de la société La Fraternelle et sous la direction de l’architecte sous la direction de l’architecte André Ursault. Partiellement démantelé en 1964, le carillon a été reconstitué et restauré en 2009.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, siantes Jeanne-d'Arc et Thérèse, de Marie BarangerL’église est dédiée à « Jeanne Holocauste par le feu, Thérèse, victime d’amour divin », comme le clame cette devise sur l’arc interne du portail occidental, surmonté d’une peinture de Marie Baranger… Il s’agit ici d’une deuxième version, repeinte en 1944 par Marie Baranger sur la première fresque des années 1934-1935. La première version était dans le même style que le reste. Dans cette première version, un Christ en croix se trouvait sur la gauche au deuxième plan, les deux saintes étaient agenouillées au centre et le texte, identique à celui que l’on lit sur l’arc, était écrit sur la droite, là où l’on voit aujourd’hui des drapés.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peintures de Marie Baranger et vitraux de LabouretL’église a en effet reçu un décor neuf dans les années 1930 : des peintures de Marie Baranger, avec de grands panneaux peints derrière les autels et un étonnant chemin de croix peint autour des fenêtres, de grands panneaux peints sur les murs nord et sud du transept et au-dessus des autels latéraux et des vitraux du chœur dus à Auguste Labouret, Paris… Je vous les montrerai dans de prochains articles.

Photographies de novembre 2012.

La tombe de Guérinot par Barrias à Paris…

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, vue générale et l'allégorie de l'architectureIl y a longtemps que je vous avais promis de vous montrer la tombe de Antoine Gaëtan Guérinot (1830-1891) dans le cimetière parisien du Père-Lachaise à Paris, j’avais de mauvaises photographies, j’en ai refait de meilleures (quoique…) en novembre 2012, par un jour d’automne plein de brouillard (on le voit bien avec la Femme au bain de Couvègnes dans le square de la Butte du Chapeau Rouge). Antoine-Gaëtan Guérinot est l’architecte de l’hôtel de ville de Poitiers, dont le gros œuvre est achevé en 1875. Louis Ernest Barrias (1841-1905), qui a réalisé les sculptures de la science et l’agriculture sur l’hôtel de ville de Poitiers, a sculpté pour la tombe d’Antoine Gaëtan Guérinot, en 1893, une allégorie de l’architecture, assise sur un élément architecturé et appuyée contre une colonne à l’Antique. Cette allégorie a été présentée au Salon des artistes français de 1893 sous le no 2544, p. 229 du catalogue (le numéro 2543 était aussi de Barrias, la nature dévoilée devant la science pour la faculté de médecine de Bordeaux). La tombe porte l’épitaphe suivante:

Antoine Gaëtan / Guérinot / architecte du gouvernement / chevalier de la légion d’honneur / 1830-1891/
Jeanne Amanda / Roberts / née Guérinot / 1824-1892 /
William / Roberts / 1815-1906

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, l'allégore de l'architecture par BarriasL’allégorie, portant dans sa main droite une couronne mortuaire, vêtue d’une longue robe avec un voile sur la tête, a un air bien triste… Le marbre est bien sale…

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, le plan et les attributs de l'architecteA son côté se trouvent les accessoires de l’architecte (palette, compas, équerre) sur un plan représentant l’hôtel de ville de Poitiers.

Tombe de Guérinot au père Lachaise à Paris, inscription Hôtel de ville de Poitiers et signature de Barrias

L’inscription est peu lisible sous la crasse, on lit assez bien « hôtel de ville de Poitiers », moins bien la signature du sculpteur (« E. Barrias »).

Revoir les articles sur l’hôtel de ville de Poitiers : avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain, les plafonds peints de Émile Bin (salle du blason), de Jean Brunet (salle des fêtes) et de Léon Perrault (salle des mariages, plafond et cheminée)

Pour aller plus loin :

– voir le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Hôtels de ville de Poitou-Charentes, éditions CPPPC, ISBN 2905764198, 1999 (p. 58-64 pour Poitiers, mais vous trouverez aussi La Rochelle, Saintes, Niort, Cognac, Confolens, Châtellerault, Angoulême, etc.).

– l’article de Grégory Vouhé sur Poitiers Haussmannien paru dans l’Actualité Poitou-Charentes en 2009.

– le catalogue de l’exposition un Louvre pour Poitiers (sur la construction de l’hôtel de ville et musée (2010, paru après cet article, mais bien utile)…

Poitiers, le ratage du square de la République

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeJe vous ai déjà montré plusieurs fois le square de la République à Poitiers, avec le monument aux morts de 1870-1871, qui a ensuite perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle), le début de la restauration, restauré, de nouvelles grilles moches… Avec des mois de retard, l’installation de Benoît-Marie Moriceau a été remise en place… Dans le projet d’extension du secteur sauvegardé, cet aménagement minéral est à nouveau justifié par un lieu de vie… plus en accord avec la vie actuelle (autrement dit, le square dessiné par Édouard André était trop passéiste) et sans doute contre les « anciennes habitudes », comme dit l’arrêté municipal que je vous ai déjà montré en février 2013… Bravo aux ateliers Lion pour ce grand ratage!

Poitiers, actualité juillet 2012, grilles du square de la République avant et après coeur d'aggloPetit rappel… les grilles avant et après…

Quelques arbres ont survécu au massacre et ont été entourés de machins mastocs qui doivent aussi servir de banc… En fait, au fil des semaines, ils sont de plus en plus noirs sur les bords, avec des ébréchures de plus en plus importants (je vous ai déjà montré des épaufrures de ce genre sur les bancs de la place d’Armes).

Poitiers, square de la République, avril 2013, effet des vélos sur le monument aux morts La cause? Ce mobilier urbain sert de skate park et de support de saut à vélo… J’en ai pris un l’autre jour, son activité explique aussi les marques sur le socle du monument aux morts de 1870-1871

Pour rappel, voici l’ancien aménagement du square, cette partie a été détruite anciennement

Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l'emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : "Edouard André. Jardins pour Poitiers", L'Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.

Poitiers, coeur d'agglomération, bordure en calcaire exploséeLe calcaire choisi ne résiste pas plus aux voitures et camions, de nombreuses bordures sont déjà explosées moins de deux ans après leur mise en place…

Poitiers, avril 2013, état déplorable des rues piétonnesDans peu de temps, aurons-nous dans le secteur refait la même chose que quelques dizaines de mètres plus loin, un patchwork de dalles explosées, avec des trous et des réparations approximatives au ciment? Au passage, vous voyez que les voitures continuent à se garer n’importe où…

Poitiers, avril 2013, voitures à la place des piétons… et dans la zone de cœur d’agglomération, j’ai repris dimanche dernier une photographie au même endroit que la dernière photographie de cet article de novembre 2012… Pourquoi se gêner, puisque l’incivilité semble être le grand sport poitevin sans aucune répression (voir aussi la manifestation justifiée de mauvaise humeur des commerçants de la Grand’Rue, qui ont empilé au début de la rue il y a quelques jours les poubelles sorties à n’importe quelle heure sur les trottoirs)?

Poitiers, avril 2013, rue Magenta, arbresPuisque j’étais dans le secteur, j’ai aussi photographié les arbres de la rue Magenta, leur pied est encombré de déjections canines… j’en ai trouvé un où il y en a moins, leur entourage en terre et herbe (voir travaux en février 2013) a été remplacé par des pavés disposés en « impluvium » (en légère pente vers le centre), avec à peine 50 cm de côté en cailloux au pied des arbres…

Relire mes anciens articles sur le sujet : le monument aux morts de 1870-1871, qui a perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle), le début de la restauration, restauré

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Edouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44 (clic sur les liens pour voir les pdf des articles).