Archives de catégorie : Poitiers, chroniques

Poitiers, la ville où je vis depuis 1992, son patrimoine et au quotidien…

Le devoir de payer l’impôt…

Couverture de Éléments d'instruction morale et civique, par Gabriel CompayréAlors que la morale va faire son retour à l’école et que les impôts ont été au cœur des discussions parlementaires (et de nos porte-monnaie) ces dernières semaines, je ne résiste pas à partager avec vous cette leçon de morale extraite de Éléments d’instruction morale et civique, par Gabriel Compayré, 112e édition (et oui! je n’ai pas trouvé l’année de parution, mais l’exemplaire a appartenu à Edmond Sardiev, acheté en brocante il y a longtemps, la 99e édition avait été publiée en 1897), conforme au programme officiel… du 27 juillet 1882 (Paris, librairie classique Paul Delaplane)… article classé (je vous l’accorde, un peu tiré par les cheveux) en rubrique Poitiers… l’auteur étant à l’époque recteur de l’académie de Poitiers (tout comme un peu plus tard) 😉 ! L’ouvrage se présente comme l’histoire de Georges, au fil de sa vie, à l’école puis par correspondance avec son ancien instituteur… Direction la partie La société et la patrie, chapitre Les devoirs envers la patrie, III Le devoir de payer l’impôt (pages 92-94). Je vous recommande tout particulièrement le résumé à la fin (à recopier sur votre cahier et à apprendre par cœur…) et prévoie une petite surprise à celui/celle qui me distraira le plus en répondant aux questions des exercices! Faut pas déc…er, la morale, c’est sérieux! Les impôts aussi! Et méditez sur cette phrase: « vous devez vous préparer à payer, de bon cœur et sans murmure, des impôts qu’on exige de vous que pour vous assurer tous les bienfaits de la vie sociale ». Qui proposera la nouvelle leçon de morale 2013/2014 sur l’impôt?

Vous savez déjà, mes enfants, que la patrie entretient des écoles pour vous instruire, une armée pour vous défendre: l’armée seule lui coûte plus de 500 millions par an.

Mais l’intérêt général exige beaucoup d’autres dépenses. C’est la patrie qui s’en charge. Elle fait des routes, creuse des canaux, bâtit des digues pour contenir le cours des eaux. Elle paie les magistrats qui rendent la justice, les gendarmes qui intimident ou arrêtent les malfaiteurs. Enfin, elle rémunère tous les services publics, police, administration, instruction, etc.

Mais pour tout cela il faut de l’argent, beaucoup d’argent. A qui la patrie le demandera-t-elle, sinon à ceux qui précisément profitent de toutes ces dépenses, c’est-à-dire les citoyens? Il est juste que tous les citoyens, chacun pour sa part et à proportion de ses ressources, participent à des dépenses dont tous bénéficient.

Voilà pourquoi l’impôt est légitime. Sans doute il est quelquefois dur de le payer: l’année est mauvaise, le travail ne va pas, et il faut tout de même le payer. C’est que la patrie toujours continue son œuvre. Vous avez toujours besoin qu’elle protège vos personnes, vos propriétés publiques et privées, qu’elle tienne vos chemins, vos rues, en bon état.

L’impôt est comme le salaire que vous devez à la patrie en échange des services qu’elle vous rend.

Quand vous venez à l’école, vous avez le droit de vous dire : « Cette école, c’est un peu moi; car c’est avec les contributions de mes parents, ajoutées à celles des autres citoyens, qu’on l’a bâtie. » De même pour la route qui vous conduit à la ville voisine, de même pour l’église, de même pour mille choses.

L’impôt n’est du reste légitime que quand il frappe ceux qui possèdent en proportion de ce qu’ils possèdent. Il y a par suite divers impôts: l’impôt foncier, atteint ceux qui sont propriétaires d’immeubles, c’est-à-dire de maisons, de vignes, de bois, de champs; l’impôt mobilier, ceux qui, sans posséder d’immeubles, occupent des chambres, un appartement dans une maison; l’impôt personnel enfin frappe tout le monde, parce que nous avons tous, pauvres ou riches, cette première propriété qui est notre personne. Cet impôt n’est d’ailleurs pas bien lourd, il varie entre 1fr.50 et 4fr.50.

Il était permis autrefois de protester contre l’impôt, quand il servait à satisfaire les caprices d’un monarque et n’était pas employé pour le bien de tous: de même qu’il était permis de protester contre les armées permanentes, quand elles servaient non à la défense de la nation, mais aux entreprises ambitieuses d’un conquérant. Aujourd’hui au contraire que la nation est souveraine, vous devez vous préparer à payer, de bon cœur et sans murmure, des impôts qu’on exige de vous que pour vous assurer tous les bienfaits de la vie sociale.

– Quand j’aurai payé l’impôt, rempli le devoir militaire et le devoir d’aller à l’école, serai-je quitte envers la patrie? demanda Georges – Non, reprit le maître, sans parler de vos devoirs politiques, il vous restera encore à être un homme digne de votre nom d’homme, un homme juste et charitable, un honnête homme enfin, c’est ce que je vais maintenant vous apprendre.

Résumé: l’impôt est la participation pécuniaire de chaque citoyen aux dépenses communes qu’exigent les divers services publics. La patrie, qui entretient une armée, des magistrats, des fonctionnaires de toute espèce, a besoin pour tout cela de beaucoup d’argent, et c’est aux citoyens de lu fournir, chacun selon ses moyens et proportionnellement à sa fortune.

Exercices: qu’arriverait-il dans un pays, si on abolissait l’impôt? – Pourquoi l’impôt s’appelle-t-il aussi contribution? – Quelles sont les diverses formes de l’impôt? Quelles sont les principales conditions nécessaires pour que les impôts soient justes?

A la fin du livre, il y a un autre chapitre sur l’impôt, livre La société politique, chapitre Les questions d’économie sociale, VIII, les diverses formes de l’impôt

Pour vous donner une idée des chiffres donnés dans l’article, si l’on utilise le convertisseur de l’Insee, en francs/euros constants, après correction de l’inflation etc.,selon la table utilisée (nous devons être autour de 1900, la 99e édition du livre en 1897, ici, c’est la 112e édition), 1,5 francs de 1901 (le convertisseur ne remonte pas plus haut) correspond quand même à 5,72 € de 2012 (si on est plus tard pour cette édition, 1,5 francs de 1914 correspond à 4,95 €, Gabriel Compayré étant décédé en 1913, on doit être dans le bon créneau). Le budget de l’armée, 500 millions, correspond donc à moins de 2 milliards d’euros (1907427584,72 en francs de 1901 ou 1651792959,96 € en francs de 1914), mais ce chiffre me paraît bizarre, nous sommes dans la course à l’armement entre la défaite de 1870 et la première guerre mondiale (le budget militaire de 1914 fut couvert par un emprunt de 815 millions de francs, le budget actuel de la Défense tourne autour de 60 milliards d’euros, alors même si un uniforme garance coûte moins cher qu’un Rafale, ça fait un sacré écart).

Le cénotaphe de Guillaume VIII d’Aquitaine dans l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

cénotaphe de Guy Geoffroy Guillaume dans l'église Saint-Jean-de-Montinerneuf à Poitiers, deux vues, de côté et depuis les piedsAujourd’hui, je vous emmène dans l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, à droite de l’actuelle entrée principale. L’inscription sur la tranche du cénotaphe (monument commémoratif qui, contrairement au tombeau, ne contient pas le corps du défunt) et sur la plaque en cuivre parle de Guillaume VII… en fait, la numérotation des Guillaume, ducs d’Aquitaine et comte de Poitou, est compliquée et décalée de deux numéros, il ne s’agit pas de Guillaume VII mais de Guy Geoffroy (vers 1025-1086), aussi connu sous le nom de Guillaume VIII duc d’Aquitaine et Guillaume VI, comte de Poitiers de 1058 à 1086, fils de Guillaume III de Poitiers et d’Agnès de Bourgogne, successeur de son frère Guillaume V Aigret. C’est le père de Guillaume VII /IX dit le Troubadour, le grand-père de Guillaume VIII / X le Toulousain… et donc l’arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine. En conflit avec le pape Grégoire VII pour une sombre histoire de mariage (sa troisième épouse, Audéarde de Bourgogne, était une cousine trop proche), il fait construire hors les murs de Poitiers l’abbaye Saint-Jean-de-Montierneuf (et de nombreux dons de terres à l’église et aux moines de Cluny) pour obtenir une dispense et ensuite s’y faire enterrer. Pour une histoire complète des tombeaux successifs jusqu’au cénotaphe actuel, voir le lien en fin d’article…

cénotaphe de Guy Geoffroy Guillaume dans l'église Saint-Jean-de-Montinerneuf à Poitiers, plaque de cuivre avec la dédicaceUne plaque en cuivre retrace aux pieds du gisant l’histoire un peu ré-interprétée : « Hic jacet / Willemus VII [sic] qui et Gaufredus / dux Aquitaniae et Pictavorum / comes / hujus monasterii novi / fundator / obiit anno 1086 / Saeviente impiorum insanea / dirutum / suis reddito rege Lud[ovic]o XVIIIo / restitutum / Episcopo R.R. D.D. de Bouillé / Prefecti D.D.  Locard / Hujus ecc[lesie rectore D. Sabourain » (soit à peu près : ci-git Guillaume VII qui est aussi appelé Geoffroy, duc d’Aquitaine et comte de Poitiers, fondateur de ce monastère qui mourut en 1086. Détruit par la folie des impies quand elle sévissait, rendu aux siens par Louis XVIII sous l’épiscopat du révérend de Bouillé, Locard étant préfet et Sabourain [sic, en fait Sabourin] recteur de cette église). En fait, si les tombeaux des ducs d’Aquitaine (celui-ci et celui de son fils) ont été en partie détruits lors du sac de la ville par les protestants en 1562, il semble, contrairement à ce que dit le texte (« la folie des impies ») que celui de Guy Geoffroy Guillaume ait été au moins en partie épargné et que ce soit plutôt l’effondrement des voûtes de la nef en 1643 qui est à l’origine de la destruction du tombeau en marbre. Reconstruit en pierre et visible dans le chœur en 1657, déplacé dans la nef lors de la grande campagne de restauration de l’église de 1668-1672, il est à nouveau détruit sous la Révolution.

cénotaphe de Guy Geoffroy Guillaume dans l'église Saint-Jean-de-Montinerneuf à Poitiers, signature du sculpteurLe cénotaphe porte la signature « Bonniot sculpt. » et a été réalisé en 1822, à l’issue d’une grande campagne de « restauration » de l’église (qui voit la destruction de la plupart des chapiteaux romans) menée à partir de 1817 et de « fouilles » à la recherche de Guy Geoffroy. Il n’a jamais plu, encore moins à l’abbé Sabourin pourtant « mouillé » dans la dédicace, et a été relégué dans un coin sombre de l’église.

cénotaphe de Guy Geoffroy Guillaume dans l'église Saint-Jean-de-Montinerneuf à Poitiers, détails de la tête et des piedsIl ne présente pas un grand intérêt, le gisant est figuré allongé la tête couronnée reposant sur un oreiller et les pieds appuyés sur son chien, d’après les représentations classiques (qui ici ressemble plus à un lion!).

Allez, la prochaine fois que je vous emmène dans l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, je vous montre des choses plus intéressantes, comme les dédicaces médiévales. En attendant, vous pouvez (re)lire mes articles précédents, le chevet sous la neige, la façade avec les remplois romans et le décor de 1643/1644, les bâtiments installés sur l’ancien cloître : Ensma puis rectorat et bâtiment abritant le cinéma le Dietrich et un projet de restaurant.

Pour aller plus loin, voir l’article de Cécile Treffort, La mémoire d’un duc dans un écrin de pierre : le tombeau de Guy Geoffroy à Saint-Jean-de-Montierneuf de Poitiers, Cahiers de civilisation médiévale, 47e année (n° 187), juillet-septembre 2004, pages 249-270.

Les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot ne remplacent pas les trous de mémoire de Poitiers

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleAprès l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square raté de la République cadre de la commande publique liée à Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, et en attendant celles qui seront mises en place dans le nouveau jardin de Puygarreau encore en travaux, des messages issus de radio-Londres sont apparus sur six murs du quartier du Pont-Neuf, visibles dans le sens « montée » autour de la place de la Croix, que les riverains proposent de rebaptiser  place radio-Londres (le conseil municipal ne s’est pas encore prononcé). Les pignons, bien gris foncés et noirs dans ce secteur où passent des centaines de voitures chaque jour, poussant les gaz à fond à cause de la côte, ont été repeints et les messages réalisés au pochoir en blanc sur fond rouge sous le direction de l’artiste suisse Christian Robert-Tissot. Pour l’instant, ça a un aspect net et propre, mais ouvrons les paris sur la date où ils vont devenir grisonnants et dégoulinants de pollution… Six mois? Un an?

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messaagesL’un des pignons qui aurait dû recevoir un message a finalement été abandonné, faute d’accord du propriétaire… Voici les messages choisis par l’artiste :

Les girafes ne portent / pas de faux-cols

La vache saute / par-dessus / la lune

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, trois messages

Demain la mélasse / deviendra du Cognac

Le canapé / est au milieu / du salon

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, un message

L’acide / rougit le / tournesol

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messages

Il faut avoir / des pipes pour / trier les lentilles.

Dans le dossier de présentation, la ville souligne que le quartier du Pont-Neuf était habité de nombreux résistants. Soit, mais sans doute pas plus ni moins que dans d’autres quartiers, ou bien une vraie étude historique l’aurait prouvé? Cela m’étonnerait, d’autant que Poitiers a toujours un gros problème de mémoire des deux dernières guerres mondiales:

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à Poitiers– aucun nom de soldat n’est porté sur le monument aux morts de 1914-1918 (ce qui est très rare, même s’il s’agit comme dans la plupart des préfectures, d’un monument dédié aux soldats du département morts pour la France, la quasi totalité de ces monuments portent le nom des morts pour la France de la ville, voir par exemple ceux dont je vous ai parlés, à Niort, La Rochelle, Lons-le-Saunier, Nantes, Skikda / PhilippevilleToulouse, etc.);

– le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges n’ont aucune reconnaissance sur place, pas de noms de victimes (des centaines d’Allemands sont morts à la Chauvinerie suite à l’accaparement des vivres par la direction du camp), une plaque route de Limoges, rien aux Montgorges où se trouvaient les deux premiers camps, je vous laisse relire l’article en suivant le lien

– le monument au réseau Louis Renard dans le cimetière de Chilvert n’a pas non plus de plaque avec tous les fusillés du réseau, seulement quelques plaques avec le nom d’une partie d’entre eux (il faudra que je vous le montre un jour)

– où peut-on trouver le nom des victimes des bombardements alliés de 1944 (sans aller dépouiller les archives)? (sur le sujet, voir la gare avant et après le bombardement de 1944 ainsi que la reconstruction du quartier).

Un jour à Poitiers, 100 jeunes reporters demain en ville!

Un atelier des assises du journalisme 2012, pohoto archives nouvelle républiqueDans le prolongement des Assises du journalisme qui s’étaient tenues à Poitiers en 2011 et 2012 (en 2013, elles viennent d’avoir lieu à Metz), le club de la presse de la Vienne, le Clemi (centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), la ligue de l’enseignement de la Vienne et les classes et clubs « journalisme » de collèges et lycées de Poitou-Charentes se retrouveront mercredi 9 octobre. Une centaine d’adolescents, encadrés par des journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision, vont réaliser des reportages en ville et livrer des articles, sons et sujets, au fur et à mesure de la journée sur le blog Un jour à Poitiers… et sur twitter sur le hashtag spécial #1JaP. Le lycée Jean Monnet de Cognac a dégainé le premier article en ouverture… La suite demain!

Le « quartier général » se trouvera au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, comme les assises en leur temps. Cette journée est possible grâce au soutien de la Région, du Département et de la Ville de Poitiers.

Poitiers, dernière journée pour les Expressifs 2013

Poitiers, les Expressifs 2013, silhoette scotchées de système KDepuis jeudi, le festival des Expressifs est de retour pour sa 18e édition, arts de la rue et gaieté en ville (sur mon blog, revoir les éditions 2009, 2011, 2012). Le déluge de vendredi en fin d’après-midi avait gâché la fête, mais le retour du soleil samedi a permis à une foule nombreuse de participer aux différentes propositions… Si vous ne pouvez pas venir à Poitiers cet après-midi, vous pouvez suivre les liens pour découvrir le travail des compagnies ou les retrouver sur d’autres événements dans les prochains mois… Voici mes coups de cœur:

– les chrysalides de scotch (Les Scotcheurs Eclairés) de la compagnie Système K, vous pouvez voir « l’emballage » des passants à la fin du 19/20 de France 3 d’hier (je n’ai pas trouvé la vidéo coupé avec ce seul reportage) ou sur le site de la Nouvelle République. Les « cocons » sont rassemblés place d’Armes puis dispersés en ville… éclairés le soir à la nuit tombée

Poitiers, les Expressifs 2013, rhabillage de Jeanne d'Arc– l’habillage de la statue et la plaque en bronze (1929, de Maxime Réal del Sarte, revoir la plaque a aussi perdu sa patine) dans le square des Cordeliers, performance du collectif Monument fripes avec des vêtements donnés par Emmaüs (en 2011, ils avaient relooké la copie de la statue de la Liberté)

Poitiers, les Expressifs 2013, Thé à la rue, vente aux enchères de la ville– Poitiers vendu aux enchères par la compagnie Thé à la rue, à voir encore aujourd’hui (dimanche 6 octobre 2013) à 16h15, voir une vidéo sur le site de la Nouvelle République (représentation de jeudi, lors de l’inauguration, celle d’hier était très bien aussi)…

Poitiers, les Expressifs 2013, affichette vente du théâtre… et ils n’ont pas oublié le sujet brûlant du jour à Poitiers, la vente de l’ancien théâtre (revoir aussi le grand miroir de Pansart et une parodie de concertation), aussi présente sur le festival par toute une série d’affiches collées par le collectif de défense partout en ville, sans oublier la distribution de tracts (avec l’article de Michel Guerrin, la nouvelle bataille de Poitiers, paru en dernière page du Monde 28 octobre 2013, à lire sur la page du collectif) et toujours la pétition sur papier ou en ligne

Poitiers, les Expressifs 2013, bonhomme de Zoprod– le grand bonhomme de Zo Prod qui annonce le prochain Fer-Enfer du 14 au 26 octobre 2013 (création en résidence), je n’y suis pas retournée depuis qu’ils ont déménagé à l’extérieur de la ville… (revoir l’édition… Fer, enfer 2008)

– … et plein d’autres propositions sous chapiteau ou dans les rues, tout le programme sur le site du festival des Expressifs.

De quoi souffrent les nouveaux pavés poitevins?

Poitiers, bancs avec épaufrures place d'ArmesLe réaménagement du centre-ville de Poitiers a été long, la suppression des voitures est plutôt agréable pour les piétons, mais les pavés sont éblouissants sur la place devenue toute minérale (les arbres vont mettre du temps à grandir et faire un peu d’ombre)… La place a été inaugurée le 21 juin 2011, mais dès le début, il est apparu que les bancs n’allaient pas résister notamment à leur usage par les BMX et les skates boards (voir par exemple les photographies d’avril 2012 et dans l’article sur le ratage du nouveau square de la République). Ça ne s’est pas amélioré depuis, les bords sont plein d’épaufrures …

Poitiers, pavés rue Carnot, deux zones très dégradéesCôté pavés, c’est même très inquiétant. Des plaques entières desquament. Des réparations ont été réalisées rue Magenta, maintenant, il y en a encore plus à refaire rue Carnot (la photographie ci-dessus)… A peine plus d’un an que les travaux sont terminés dans ce secteur, et déjà de telles dégradations, qu’est-ce que ça va être dans quelques années? N’était-on pas en droit de penser que des travaux d’un tel coût pour le contribuable (Poitevin mais aussi vous tous qui me lisez, puisqu’il y a une part de subvention de l’État) pourraient résister un peu plus longtemps?

Poitiers, pavés rue Carnot, explosés au bord d'une plaque d'égoutCes pavés ne sont-ils faits que pour les piétons? Dans ce cas, il serait urgent d’interdire aux bus et aux camions de livraison de passer, ce qui est bien sûr impossible en plein centre-ville! Les dégradations sont encore pires sur les zones de fortes contraintes mécaniques, comme ce bord de plaque d’égout rue Carnot.

Poitiers, pavés rue Carnot, exemple de fissuresLa ville avait dit avoir choisi pour ces pavés un calcaire dur de Bourgogne, très résistant (merci aux ateliers Lion qui ont orienté ce choix)… Quand on regarde de près, on voit qu’il a beaucoup de petites veines, inclusions d’argile plus ou moins ferrugineuse pour la plupart. Cela donne des zones de fragilité, infiltration d’eau, dissolution des éléments fins et voilà de nombreuses microfissures qui ne demandent qu’à exploser sous les contraintes du passage répété des véhicules lourds (bus et camions de livraison). Erreur dans le choix du matériau? Un problème de mise en œuvre? Le radier en béton très dur posé dessous semble faire « enclume » et renvoyer les vibrations des véhicules à travers les pavés au lieu d’absorber l’onde. Quelle solution à court / moyen terme? Changer les pavés pour d’autres de même provenance ne changera sans doute pas le problème…

Poitiers, pavés de la place d'Armes sales trois semaines après le passage des Carabosse, 26 septembre 2013Par ailleurs, ils sont très salissants… Après trois semaines de nettoyage assez intensif, la suie étalée par les engins lors du démontage de l’installation de la compagnie Carabosse est toujours présente au milieu de la place (photographie prise le 27 septembre 2013). Même les chewing-gums ont résisté au lavage intensif!

Revoir les épisodes précédents :

Poitiers, l’avancée de la reconstruction du viaduc des Rocs (Léon-Blum)

Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, panneau neuf avec mauvais nom officielCela fait un bon moment que je ne vous ai pas parlé de l’avancée de la reconstruction du viaduc des Rocs, qui va remplacer la passerelle des Rocs. Je m’étais arrêtée à la mise en place de la dernière travée au-dessus du boulevard (revoir les épisodes précédents : la démolition des premières travées et de la maison Rolland, la mise en place d’échafaudages sur les derniers piliers, la préparation de  la dépose de deux travées sur les voies, les deux travées sur les voies, la dernière travée sur les voies, le début de la reconstruction, les premières nouvelles travées, la jonction côté ouest et côté plateau). Au cours de l’été, la chaussée a été mise en place (grâce au grand portique bleu que vous verrez sur les photos ci-dessous), la plupart des piles intermédiaires provisoires ont été démontées, les trottoirs sont en cours de mise en place en porte-a-faux sur les côtés. L’ouverture est désormais prévue en décembre, mais les bus seulement en janvier 2014, si j’en crois une petite phrase parue dans la presse locale (interview du maire de Poitiers, 11 septembre 2013). Cela ne doit pas plaire à la fédération des acteurs économiques (Poitiers le Centre), qui comptait sur l’arrivée facilité en ville des habitants de Poitiers Ouest grâce au viaduc… pour les achats de Noël! Les piétons et les vélos pourront-ils passer dès décembre? Autre information tombée juste avant de l’été, le conseil municipal a voté un nom pour le viaduc: ça sera le viaduc Léon-Blum (devinez la couleur politique de la ville?). Bon, il restera sans doute viaduc des Rocs… comme la place Leclerc la place d’Armes et la place de Gaulle la place du Marché Notre-Dame… Les anciennes dénominations ont la vie dure, surtout quand la signalétique officielle, mise en place APRÈS le changement de nom, positionne sur tous les panneaux un « viaduc des Rocs » (ici l’exemple en haut des escaliers de la gare, juste à côté du monument aux morts de 1914-1918).

Viaduc des Rocs à Poitiers, 31 mars 2013Retour en images au fil des semaines sur les travaux menés cet été… Le gros cube jaune côté ville, c’est le TAP/théâtre auditorium de Poitiers (revoir son inauguration, une visite avec son architecte, João Luis Carrilho da Graça). Et je commence même avant l’été, le 31 mars 2013, juste après la jonction des différentes travées…

Viaduc des Rocs à Poitiers, 2 juin 2013, mise en place des premières dallesDébut juin 2013, la mise en place des dalles de béton a commencé à l’extrémité ouest. Il faudra attendre une machine spéciale pour la suite.

Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, 30 juin 201330 juin 2013. Le portique qui doit permettre la mise en place des dalles de béton sur la structure métallique du viaduc est en place, mais est resté bloqué un bon moment du côté ouest…

Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, 20 juillet 201320 juillet 2013. Au cœur de l’été, le portique a peu avancé sur le viaduc, seules les travées sur les voies de marchandises côté ouest sont maintenant couvertes… les travaux sur la chaussée en revanche avancent aux deux extrémités, avec fermeture des rues, très empruntées en dehors des périodes de vacances.

 Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, 14 août 201314 août 2013, la pause des plaques au-dessus des voies de chemin de fer est terminée… elle avait pris quelques jours de retard, à cause du gros orage de fin juillet, qui a fait pas mal de dégâts autour de Poitiers et donc aussi des chutes d’arbres sur ou près des voies, dont l’évacuation a retardé la fermeture nocturne du trafic ferroviaire pour permettre les travaux au-dessus des rails et surtout des caténaires.

 Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, 22 août 201322 août 2013. Le portique est arrivé au bout de son cheminement, la chaussée est en fin d’aménagement pour permettre le passage prioritaire des bus quand ils arriveront du viaduc… il est tant que ces travaux se terminent, la coupure du boulevard est possible en été, mais doit être achevée avant la rentrée scolaire et universitaire!

 Poitiers, viaduc des Rocs ou Léon-Blum, 31 août 2013La dernière série des photos date du 31 août, l’avancée est peu spectaculaire depuis, quelques plaques de trottoir en plus pour ce qui est visible, la mise en place des réseaux est plus discrète, les prochaines étapes « visibles » seront le démontage du portique et le goudronnage de la chaussée. Avant une fête pour son ouverture?

 

Paris à tout prix de Reem Kherici (et la compagnie Carabosse à Poitiers)

Spectacle mouillé de la compagnie Carabosse, place d'Armes à Poitiers, 14 septembre 2013Samedi soir, nous avions prévu avec des amis d’aller assister à l’illumination de la place d’Armes à Poitiers par la compagnie Carabosse (revoir le spectacle de Parthenay-le-Vieux à l’occasion d’une nuit romane en 2011), un spectacle programmé par la ville dans le cadre des journées du patrimoine, mais la pluie insistante et ininterrompue de l’après-midi nous a amenés au cinéma… A la fin de la séance (au cinéma commercial à Buxerolles), nous nous sommes quand même aventurés en centre-ville, pluie plus légère, pas beaucoup de monde à 22h sur la place, certaines installations sont noyées, à l’arrière, les Marcel sont suspendus mais sans les bougies… Dommage.

La place d'Armes à Poitiers, 16 septembre 2013, salie par les installations de CarabosseLa soirée a laissé sur la place de larges traces de suie, étalées par la circulation des camions qui ont enlevé les installations… Un bon nettoyage va s’imposer, l’occasion peut-être d’enlever aussi les chewing-gums qui souillent la place ?

Façade de Notre-Dame-la-Grande, 16 septembre 2013, la pluie a en partie rincé l'éosineSeul bon point de ce déluge (34 mm samedi d’après météo France à la station de Poitiers-Biard, à comparer à la moyenne de septembre des 20 dernières années, 51 mm), la pluie a bien rincé l’éosine projetée la semaine dernière sur la façade de Notre-Dame-la-Grande par de stupides étudiants en médecine. Il en reste encore dans les pores des pierres, mais c’est beaucoup moins visible à l’œil nu. Le nettoyage par une société spécialisée (dissolution de ce qui reste et recueil dans des compresses, un peu la même méthode que celle utilisée il y a vingt ans pour retirer le sel de la pierre) doit commencer cette semaine.

Côté cinéma, nous avons opté pour une comédie, Paris à tout prix de Reem Kherici.

Affiche de Paris à tout prix de Reem KhericiLe film : de nos jours à Paris et Marrakech. Maya (Reem Kherici),vit à Paris depuis vingt ans. Elle a rompu ses relations avec son père, retourné vivre au Maroc alors que la mère se mourrait d’un cancer. A force de travail, elle a réussi  se faire une place en CDD dans une grande maison de couture dirigée par Nicolas (Stéphane Rousseau), qui la met en concurrence avec une autre styliste de sa maison pour décrocher un CDI à l’issue de la fashion week. Mais voilà qu’à la sortie d’une soirée bien arrosée avec Emma (Shirley Bousquet), sa meilleure amie infirmière, et son ami Firmin (Philippe Lacheau), elle est l’objet d’un contrôle de police, son titre de séjour est périmé depuis un an, elle est expulsée au Maroc près de Marrakech, retour chez sa grand-mère (Fatima Naji), avec son père (Mohammed Bastaoui) et son frère Traek (Tarek Boudali)… Arrivera-t-elle à rentrer à Paris à temps pour participer à la semaine de la mode?

Mon avis : une comédie légère, ça change après plusieurs films d’art et essai (revoir ces dernières semaines Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières, Grand central de Zlotowski Rebecca et Gare du Nord de Claire Simon). La critique a parlé d’un film plein de clichés, mais j’ai passé un bon moment dans ce milieu impitoyable de la mode, avec quelques passages savoureux (la pauvre stagiaire, le travail des petites mains), et une manière d’aborder sans en avoir l’air la question des origines, le retour au pays, l’argent « pas envoyé » au pays, contrairement aux codes, et peu à peu la réappropriation de l’identité, des identités plutôt… A voir s’il passe encore près de chez vous (il est sorti depuis un moment) ou attendre sa sortie en DVD ou à la télévision…

Livres d’heures en lumière à la médiathèque de Poitiers

Affiche de l'exposition Livres d'heures en lumière à la médiathèque de PoitiersLa semaine dernière était inaugurée à la médiathèque de Poitiers l’exposition Livres d’heures en lumière, qui présente des manuscrits et quelques incunables (premiers livres imprimés avant 1500) parmi les 34 livres d’heures (livres personnels qui permettaient de suivre la liturgie au fil des heures de la journée et des jours, sans rater les prières et les fêtes particulières) et imprimés du 16e siècle conservés à la médiathèque. Le « petit dernier », un livre d’heures à l’usage de Poitiers du début du 16e siècle, est mis en valeur dans un espace central isolé. Cette exposition clôture les travaux de feu le pôle associé Moyen Âge de la bibliothèque nationale de France, dans lequel se trouvaient la médiathèque de Poitiers, le Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de l’Université de Poitiers, le Service de l’Inventaire du patrimoine culturel de la Région Poitou-Charentes. Parmi les travaux de ce pôle associé, la numérisation de nombreux documents a été réalisée et est présentée sur des écrans dans l’exposition ainsi que sur le site internet de la médiathèque, partagés dans deux espaces virtuels entre les manuscrits et les imprimés.

L’exposition se tient jusqu’au 2 novembre 2013, les manuscrits enluminés sont ouverts a minima (pour respecter les reliures) et peu éclairés (normes de conservation des supports sur parchemin et papier) et accompagnés de panneaux explicatifs sous la forme de blocs de texte peu engageants, je suis passée plusieurs fois depuis près de cet espace, la densité des textes (gros pavés en caractères trop petits, pas assez espacés ou illustrés) engage très peu de visiteurs à lire les textes… à vouloir trop en dire, personne ne fait l’effort de lire.

Si vous voulez vraiment profiter des enluminures de toute beauté et que vous n’êtes pas « fétichistes » des originaux, vous les verrez beaucoup mieux… sur votre ordinateur tranquillement chez vous! Je vous remets les liens pour voir les manuscrits et les imprimés. Vous pourrez tranquillement feuilleter les pages, zoomer, y revenir, ce qui est impossible sur les originaux.

Poitiers, des étudiants stupides attaquent Notre-Dame-la-Grande à l’éosine

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande le 12 septembre 2013, éclaboussée à l'éosine lancée par des étudiants en médecineLes soirées étudiantes, à Poitiers comme ailleurs, sont parfois arrosées et peuvent se terminer par des actions stupides (revoir les étudiants de l’école de commerce qui s’en étaient pris à des voitures en stationnement au printemps 2012). Depuis, un groupe de prévention avec des maraudes d’associations mises en place par la mairie le jeudi soir est censé avoir réglé le problème, mais les trottoirs souillés témoignent toujours le vendredi matin de soirées trop arrosées.

Cette fois, c’est mercredi soir (11 septembre 2013) qu’un groupe d’étudiants en médecine, qui fêtaient apparemment leur passage de deuxième en troisième année, n’a rien trouvé de mieux que de se livrer une bataille avec des pistolets à eau chargés d’éosine sur le parvis de Notre-Dame-la-Grande. Parmi les dégâts collatéraux, le dallage, que les services de la mairie ont nettoyé toute la matinée d’hier jeudi, les façades des commerces sur la place, de l’office de tourisme du département et surtout de Notre-Dame-la-Grande. Ils ont finalement été stoppés dans leur action par la police appelée par les riverains (voir le reportage sur France 3, l’enquête est en cours pour trouver les responsables). Cette fois, la ville de Poitiers a enfin compris qu’il ne fallait pas passer un monument au kärcher (revoir le malheureux monument aux morts de 1870-1871 qui a perdu sa patine avec la presse qui en parle, le début de la restauration, restauré), elle a porté plainte et l’architecte des bâtiments de France est saisi pour trouver la meilleure méthode de nettoyage… qui risque de représenter une jolie petite somme (entreprise spécialisée en monuments historiques pour la façade et peut-être une maison à pans de bois voisine, plus le salaire des employés municipaux qui ont nettoyé la place et les pavés une bonne partie de la journée de jeudi). Les visiteurs des journées européennes du patrimoine, ce week-end, pourront donc « admirer » cette déco rose dont on se serait bien passé!

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande taguée au marqueur, photographie du 17 mars 2013Il y a quelques mois déjà, la même façade (et beaucoup d’autres en ville, une nuit du samedi au dimanche, 16-17 mars 2013), avait été taguée au marqueur avec des slogans « politiques ».

Revoir mes précédents articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers…

La façade occidentale

  À l’intérieur

et aussi…