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Amnesia de Barbet Schroeder

Affiche de Amnesia de Barbet SchroederAprès quinze jours de fermeture, la salle d’art et essai de TAP a rouvert… Je suis allée voir avec une amie Amnesia de Barbet Schroeder.

L’histoire : 1990, un an après la chute du mur de Berlin, à Ibiza aux Baléares. Fils d’une médecin [Corinna Kirchhoff], Jo [Max Riemelt], vingt ans, rêve de devenir DJ et de se faire embaucher dans la boîte de nuit à la mode, l’Amnesia. Il vient d’arriver de Berlin et de s’installer dans une petite maison au-dessus de chez Martha [Marthe Keller], qui vit là depuis quarante ans, sans électricité mais dans un lieu idyllique, face à une petite crique. Alors qu’elle vient de mettre à la porte un Allemand d’un certain âge en refusant d’aller régler des affaires familiales en Allemagne, Jo se présente chez elle, brûlé à la main. Elle lui demande de parler en anglais. Peu à peu, ils vont apprendre à se connaître, Martha refuse de rouler en Volkswagen (programme lancé par Hitler), de boire du vin allemand, possède un violoncelle dont elle ne veut pas jouer… Ils apprennent à se connaître, Jo gagne un point en montrant qu’il sait pêcher, grâce à son grand-père [Bruno Ganz]. Un jour, elle pose une question à Jo sur une conversation qu’il vient d’avoir en allemand avec un ami, elle va devoir expliquer pourquoi elle refuse tout ce qui est allemand… Les blessures de la guerre ne sont pas refermées, comme Jo va aussi le constater quand sa mère et son grand-père viennent lui rendre visite.

Mon avis : ce film pose la question de la mémoire, au sens du vilain mot « devoir de mémoire ». Martha a fui l’Allemagne sans avoir été directement victime, après avoir vu un bus d’enfants évacués des camps par la croix rouge suisse, fuir, est-ce un refus de complicité ou de la lâcheté? Depuis toujours, le grand-père a donné plusieurs versions de son rôle de gardien dans un camps, ou plutôt dans un Kommando, une usine d’armement qui employait des déportés. Est-il pour autant un nazi? Qu’a-t-il fait lors de la grande marche de l’évacuation des camps? Rien n’est noir ou blanc, ce fut aussi l’objet d’un livre de Primo Levi, déporté à Monowitz, un camp annexe d’Auschwitz, Les naufragés et les rescapés. Cependant, dans le film, j’ai trouvé que le parallèle réconciliation allemande (un an après la chute du mur) et réconciliation / oubli après la Shoah n’est pas très réussi. Lorsque Martha va voir Jo à l’Amnesia, l’enregistrement de son violoncelle qu’elle lance au milieu de la musique techno provoque une peu crédible scène de liesse parmi les danseurs, juste quelques minutes après que le réalisateur a mis en fond dans la maison de Jo un reportage sur le premier anniversaire de la chute du mur de Berlin avec Mstislav Rostropovitch jouant au pied du mur. Un rapprochement un peu lourd… La « confession » larmoyante de Bruno Ganz manque de crédibilité, Jo en dit trop ou pas sur les programmes d’histoire en Allemagne.

Au-delà de la question mémorielle, ce film montre, dans un beau paysage (la maison de Martha est la propre maison du réalisateur, Barbet Schroeder, où il avait déjà tourné son premier film, More, en 1969), l’apprivoisement de deux personnes que tout devrait éloigner, la dame déjà âgée, qui vit loin du monde et élevée dans la musique classique, le jeune allemand qui enregistre et mixe les sons les plus diverses sur un fond de basse.

Sinon, les sous-titres sont, encore une fois, très médiocres, heureusement que le film, à part quelques rares répliques en espagnol, est en anglais et en allemand… S’il y a une VF, j’espère pour les spectateurs que la traduction est meilleure.

Bref, de beaux paysages, une photographie très soignée, mais je ne suis pas entièrement conquise par ce film. J’attends de lire d’autres avis en commentaires ou d’en discuter avec des amis cinéphiles à leur retour de vacances…

Pour aller plus loin sur la question de la mémoire de la seconde guerre mondiale, outre Si c’est un homme et Les naufragés et les rescapés de Primo Levi, voir les témoignages et récits de , également déportée à Auschwitz, notamment Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, ou Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik qui rapporte son propre sauvetage, enfant, alors que sa mère vient d’être victime d’une rafle.

De la mémoire kinésique / kinesthésique

L’autre jour, j’ai cherché en vain mes clefs, en essayant de reconstituer ce que j’avais fait en rentrant la veille (des courses…) et où j’aurais pu les poser en automatique à la place de leur rangement habituel (sur la table de la cuisine, près de l’ordinateur, dans le sac, dans le manteau…). Je suis partie au marché avec mon double, bien rangé à sa place habituelle. Au retour, j’ai retrouvé mon trousseau de clefs… dans le frigo. Acte manqué comme dit mon père? Cela m’a valu une explication de la neurologue sur la mémoire kinésique ou mémoire kinesthésique. Elle est d’accord, les clefs, ça ne se range pas dans le frigo, mais en faisant plus confiance à son corps, on peut faire agir cette mémoire du mouvement et des impressions, reconstituer des ensembles de gestes… et retrouver où on a pu poser quelque chose.

DigicodeElle m’a donné deux exemples de mémoire kinésique / kinesthésique. Le premier, ce sont les codes, digicodes, codes de cartes bleues ou même codes sur votre ordinateur. Quand il change, les premiers jours, vous le mémorisez comme vous voulez, premières lettres d’une phrase pour les codes d’ordinateur par exemple. Pour les codes à 4 chiffres (entrée d’immeuble par exemple), je les transforme en suite de deux départements ou chefs-lieux de département. Chacun fait comme il veut/peut pour se souvenir de ces codes que l’on ne choisit pas toujours. Après quelques jours (moins d’une semaine), ce n’est plus une suite de chiffres mémorisée que vous composez sur le clavier, mais le mouvement que forme cette suite de chiffres. Si on vous demande le code (celui de l’immeuble, pas celui de la carte bancaire, LOL!), il est probable que vous ayez besoin de ce geste et d’être devant le clavier, au moins en imagination, pour le dire à votre interlocuteur.

Un bus en villeLe deuxième exemple est celui d’un trajet que vous faites habituellement comme passager, plutôt en bus qu’en voiture. Si vous discutez ou lisez, rêvez, dormez ou ce que vous voulez, vous ne ratez jamais l’arrêt, vous vous êtes en alerte juste avant. S’il y a un changement (vous prenez une ligne avec un trajet différent, il y a une déviation à cause de travaux), vous êtes perturbé et plus vigilant sur le trajet. Pourquoi? Grâce à la vision périphérique? « Pas terrible pour vous« , sympa la neurologue 😉 mais elle n’a pas tort… L’annonce sonore des arrêts? « Vous ne les écoutez plus si vous connaissez la ligne, le cerveau filtre les informations répétitives » (c’est vrai, sur les chantiers, après quelques dizaines de minutes, vous n’entendez plus les alertes sonores des camions, dumpers et autres, et ça peut devenir dangereux). Donc ni la vue ni l’ouïe ne sont en jeu, ou en tout cas pas complètement, c’est la mémoire kinésique qui vous alerte, l’ensemble des sensations de la suite des virages, ralentissements, etc., qui vous signale l’approche de l’arrêt habituel…

En revanche, elle ne m’a pas expliqué comment on fait pour « faire confiance au corps », à la mémoire des mouvements, en un mot, la mémoire kinésique ou kinesthésique.

Mon méningiome de la faux du cerveauSinon, j’ai depuis plusieurs mois quelques troubles de la mémoire, modérés mais qui m’énervent, surtout sous la forme de mémoire des noms propres (noms de famille et noms de lieux), je peux localiser très précisément le lieu dans ma tête  ou sur une carte, raconter les circonstances de la première ou de la dernière rencontre avec la personne ou des projets communs, mais ai parfois (souvent?) du mal à me souvenir du nom. Ça pourrait aussi bien être un problème d’attention, être lié à la fatigue, mon anti-épileptique a été exclu (un mois de substitution par un autre = retour des paresthésies et de l’allodynie, mais pas d’amélioration sur les noms), ou encore à un « biais d’observation », comme je sais que des troubles de la mémoire peuvent apparaître notamment à cause du méningiome frontal ossifié (la grosse tache blanche sur l’image ci-dessus, stable à la dernière IRM), je prête une plus grande attention à la moindre anomalie… Je ferai de nouveaux tests neurologiques fin avril, pour avoir un tableau complet, même si au quotidien, ce n’est pas (encore?) une vraie gêne.

Je suis sûre que je vous parlerai à nouveau des discussions ma foi fort intéressantes avec les neurologues!

Jeux de mémoire de Erik de Graaf

pioche-en-bib.jpgCouverture de Jeux de mémoire de Erik de GraafUn album emprunté à la médiathèque.

Le livre : Jeux de mémoire de Erik de Graaf, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian, éditions La Pastèque, 2010, 148 pages, ISBN 9782922585803.

L’histoire: été 1969, aux Pays-Bas. Muis va commencer ses vacances d’été à la mer avec sa sœur et ses parents, mais son vélo a été endommagé dans son transport en train… Il y retrouve un ami avec lequel il vit des vacances d’enfants, entre curiosité et petites bêtises. Il part ensuite poursuivre ses vacances à la campagne, chez ses grands-parents.

Mon avis : L’éditeur français a réuni en un seul trois recueils (parus chez Oog & Blik), en changeant l’ordre pour en faire un récit unique de vacances. Du coup, l’histoire suit tout un été mais est composée de petits chapitres / historiettes qui pourraient être indépendantes. Elle a un fond très autobiographique, l’auteur a l’âge de son héros en 1969. Le citadin part en vacances à la mer puis à la campagne. A la mer, parmi ses facéties d’enfant, il va « jouer à se faire peur » avec un unijambiste allemand, vingt ans après la guerre, cela veut encore dire quelque chose. A la campagne, il découvre la vie… et la mort (le lapin que l’on a nourri finira à la casserole), la peur (du chien qui garde la casse), etc. Ces histoires ressemblent à celles que chacun a pu vivre enfant. Le dessin à gros traits simplifiés avec de grands aplats de couleur n’est pas ce que je préfère au niveau graphisme. Je me laisserais néanmoins bien tentée par Éclats, du même auteur, qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Erik de Graaf (en anglais).

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Entre deux averses de Marion Laurent et Arnaud Le Roux

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Entre deux averses de Marion Laurent et Arnaud Le RouxUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Entre deux averses de Marion Laurent (scénario, dessins, couleur) et Arnaud Le Roux (scénario), éditions Futuropolis, 2006, 71 pages, ISBN 978-2754800549.

L’histoire : de nos jours dans une chambre… une jeune femme montre la photographie d’une jeune femme souriante à une vieille dame, sa grand-mère, Guiseppina. Au dos de la photographie, une date : 10 février 1938. Elle ne semble rien éveiller chez la vieille dame, du coup, divers témoins possibles sont appelés à la rescousse pour tenter de reconstituer l’histoire de la photographie et de la vieille dame des années 1930 (arrivée à Paris d’une orpheline venue du Piémont italien) à aujourd’hui. La photographie la représente-t-elle, d’ailleurs?

Mon avis : un album en sépia dans des tons assez sombres, bruns et orangés, avec des traits parfois épais. Un dessin découpé en cases, mais aussi des pleines pages ou des pages avec un même dessin partagé entre plusieurs cases. Un récit reconstitué avec en gros une page par témoin (famille, voisins, concierge, etc., au fil des années qui passent). Une façon originale d’aborder le thème de la vieillesse, de la reconstitution de la mémoire familiale, de la perte de la mémoire… même si je n’ai pas adhéré aux dessins trop sombres à mon goût.

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot ne remplacent pas les trous de mémoire de Poitiers

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleAprès l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square raté de la République cadre de la commande publique liée à Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, et en attendant celles qui seront mises en place dans le nouveau jardin de Puygarreau encore en travaux, des messages issus de radio-Londres sont apparus sur six murs du quartier du Pont-Neuf, visibles dans le sens « montée » autour de la place de la Croix, que les riverains proposent de rebaptiser  place radio-Londres (le conseil municipal ne s’est pas encore prononcé). Les pignons, bien gris foncés et noirs dans ce secteur où passent des centaines de voitures chaque jour, poussant les gaz à fond à cause de la côte, ont été repeints et les messages réalisés au pochoir en blanc sur fond rouge sous le direction de l’artiste suisse Christian Robert-Tissot. Pour l’instant, ça a un aspect net et propre, mais ouvrons les paris sur la date où ils vont devenir grisonnants et dégoulinants de pollution… Six mois? Un an?

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messaagesL’un des pignons qui aurait dû recevoir un message a finalement été abandonné, faute d’accord du propriétaire… Voici les messages choisis par l’artiste :

Les girafes ne portent / pas de faux-cols

La vache saute / par-dessus / la lune

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, trois messages

Demain la mélasse / deviendra du Cognac

Le canapé / est au milieu / du salon

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, un message

L’acide / rougit le / tournesol

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, deux messages

Il faut avoir / des pipes pour / trier les lentilles.

Dans le dossier de présentation, la ville souligne que le quartier du Pont-Neuf était habité de nombreux résistants. Soit, mais sans doute pas plus ni moins que dans d’autres quartiers, ou bien une vraie étude historique l’aurait prouvé? Cela m’étonnerait, d’autant que Poitiers a toujours un gros problème de mémoire des deux dernières guerres mondiales:

Le monument auxmorts pour 1914-1918 à Poitiers– aucun nom de soldat n’est porté sur le monument aux morts de 1914-1918 (ce qui est très rare, même s’il s’agit comme dans la plupart des préfectures, d’un monument dédié aux soldats du département morts pour la France, la quasi totalité de ces monuments portent le nom des morts pour la France de la ville, voir par exemple ceux dont je vous ai parlés, à Niort, La Rochelle, Lons-le-Saunier, Nantes, Skikda / PhilippevilleToulouse, etc.);

– le Frontstalag 230, le camp de la Chauvinerie et le camp de la route de Limoges n’ont aucune reconnaissance sur place, pas de noms de victimes (des centaines d’Allemands sont morts à la Chauvinerie suite à l’accaparement des vivres par la direction du camp), une plaque route de Limoges, rien aux Montgorges où se trouvaient les deux premiers camps, je vous laisse relire l’article en suivant le lien

– le monument au réseau Louis Renard dans le cimetière de Chilvert n’a pas non plus de plaque avec tous les fusillés du réseau, seulement quelques plaques avec le nom d’une partie d’entre eux (il faudra que je vous le montre un jour)

– où peut-on trouver le nom des victimes des bombardements alliés de 1944 (sans aller dépouiller les archives)? (sur le sujet, voir la gare avant et après le bombardement de 1944 ainsi que la reconstruction du quartier).

A louer sans commission, de Didier Daenincks

pioche-en-bib.jpg Couverture de A louer sans commission, de Didier DaenincksJe lis de temps à autre un livre de cet auteur, mais je m’aperçois que je ne vous en ai jamais parlé (sauf pour une adaptation en bande dessinée, Levée d’écrou (scénario de Didier Daeninckx, dessin de Mako)… J’ai choisi ce titre parce qu’il se passe dans un immeuble qui fait référence au familistère de Guise, dont je vous ai parlé au sujet de De briques et de sang de Régis Hautière (scénario) et David François (dessin et couleurs). Un livre trouvé à la médiathèque.

Le livre : À louer sans commission, de Didier Daenincks, collection Frontières, éditions Gallimard Jeunesse, 1998, 155 pages, ISBN 9782070519880.

L’histoire : Paris, été 1990 (non spécifié, mais l’Irak attaque le Koweït)… José et Milna cherchent depuis des mois un nouvel appartement à la place de leur minuscule studio… José, ouvrier dans une imprimerie, a beau dépouiller les petites annonces dès leur sortie, il arrive toujours trop tard, jusqu’au jour où il finit par être accepté près du canal de l’Ourcq, square de Gréville, au sixième étage d’un immeuble tout en coursives. Une bonne partie sont en loyers 1948, un promoteur immobilier réussit à acheter peu à peu chaque appartement et à le relouer plus cher. En dessous de chez eux, un étrange monsieur, qu’ils croisent régulièrement sur le palier à 3h du matin… Un jour, les « hommes en vert » de la propreté de Paris font le ménage, ont évacué tous les papiers qu le vieux monsieur gardait chez lui depuis des dizaines d’années, les voisins se sont répartis ses quelques meubles… Où est passé le monsieur? Ils finissent par le retrouver, anonyme et refusant de donner son nom, dans une maison de retraite de l’aide sociale, à Pantin. Sur un coup de tête, ils décident de l’héberger chez eux…

Mon avis : un court roman attachant qui aborde néanmoins des questions importantes, la spéculation immobilière (qui a encore augmenté depuis à Paris, surtout dans ce quartier là devenu très à la mode), l’anonymat des « vieux », la mémoire recomposée qui lui fait raconter à sa manière divers vieux polars des années 1950. Des portraits courts et hauts en couleur aussi, le chauffeur de taxi fan de Claude François, le patron de bistrot auvergnat et raciste, la concierge, etc. Un petit instant de lecture réjouissante!

 

La parenthèse d’Elodie Durand

Couverture de La Parenthèse d'Elodie Durand Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgJe réédite cet article paru il y a deux ans… Élodie Durand sera présente à Niort (hôpital) le vendredi 15 mars 2013 à 19h30 et à Poitiers (CHU) le samedi 16 mars à 17h30, pour un débat autour de l’épilepsie. Toutes les informations sur le site de l’association 9e art. L’album a reçu le prix de la révélation au festival d’Angoulême 2011 et le prix Libération.

Article du 25 mars 2011

J’ai lu une critique qui m’a tentée (oups, je n’ai pas noté, impossible de retrouver chez qui), je l’ai réservé à la médiathèque et l’ai lu juste avant qu’il ne reçoive le prix de la révélation au Festival d’Angoulême 2011.

Le livre : La parenthèse de Élodie Durand (scénario et dessin), collection Encrages, éditions Delcourt, 2010, 221 pages, ISBN 978-2-7560-1703-7.

L’histoire : Paris, au milieu des années 2000. Avec l’aide de ses proches, Judith tente de reconstituer son histoire. 1995. Judith a 20 ans, est étudiante en maîtrise. Cet été là, alors qu’elle est monitrice de colonie de vacances, elle ressent les premiers malaises, ou plutôt, ses camarades repèrent des malaises (absences, perte de l’équilibre…) dont elle ne se souvient pas. Elle finit par consulter un neurologue, elle souffre de crises d’épilepsie. Des crises de plus en plus fréquentes, résistantes aux multiples traitements, dont la cause finit par être être connue, elle a une minuscule tumeur (maligne ? bénigne ?) au cerveau. Le problème, en plus des crises d’épilepsie, c’est qu’elle est inaccessible à la chirurgie. Après la biopsie, une méthode expérimentale est tentée à Marseille… Le traitement, délicat, sera-t-il efficace ?

Mon avis : un témoignage puissant sur une tumeur mal placée au cerveau, mais surtout sur l’épilepsie non maîtrisée par les médicaments. Si ceux-ci ne parviennent pas à limiter les crises, ils shootent en revanche complètement Judith. La perte de mémoire, de plus en plus importante, jusqu’à perdre tous ses souvenirs, la lecture, l’écriture, est liée aux crises bien sûr, mais aussi aux traitements… Trois ans de longs traitements… Les dessins réalisés pendant sa maladie et réintégrés dans le récit sont d’une force terrifiante. Le dessin en noir et blanc est fort, tout au long du récit, avec par moment des cases pleines à craquer… Mais pourquoi avoir appelé le personnage Judith, alors qu’il s’agit apparemment d’un récit autobiographique d’Élodie Durand? Parce qu’en se reconstruisant, elle ne se reconnaît pas dans les souvenirs absents et reconstruits avec l’aide de ses proches et notamment de ses parents?

Pour aller plus loin : voir le site de Élodie Durand.

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Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey

Couverture de Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey

Bienvenue en arabeCe livre m’a été prêté par une amie… qui a ainsi participé à sa manière au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya… Je vous ai déjà parlé de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid, Une enfance algérienne sous la direction de Leïla Sebbar et Les honneurs perdus de Calixthe Beyala, et vous montrerai le marque-page fleuri qui a accompagné leur retour. Voici aujourd’hui un livre de Maïssa Bey, dont je vous ai déjà parlé de Pierre Sang Papier ou Cendre.

Le livre : Surtout ne te retourne pas de Maïssa Bey, collection Aube Poche, éditions de L’aube, 2006, 207 pages, ISBN 978-2752602190.

L’histoire : 21 mai 2003. Alors qu’un tremblement de terre a ravagé le nord de l’Algérie, Amina fuit sa famille et son village natal pour échapper à un mariage forcé. La voici dans un bus, officiellement vers chez sa tante, puis dans un camp de réfugiés à El Asnam. Dans l’odeur de la mort, la vie se réorganise, un camp de tentes est monté, Amina prétend avoir perdu la mémoire, y compris son nom, et devient Wahida. Une dame d’un certain âge, Dada Aïcha, la recueille, ainsi qu’une autre jeune fille, Nadia, la voici, grâce à la pagaille qui suit le tremblement de terre, grand-mère de deux jeunes filles. Mais quelques semaines plus tard, voici que survient une femme qui reconnaît en elle sa fille… elle la suit jusqu’à sa maison, commence une nouvelle vie de découverte mutuelle au-delà des souvenirs absents…

Mon avis : un livre court qui réussit le tour de force de parler de l’organisation des secours après un tremblement de terre et le retour à une vie plus organisée, la condition de la femme en Algérie et la question de la quête de l’identité. Car quelle meilleure opportunité qu’un tremblement de terre pour disparaître et réapparaître sous une autre identité? En quelques phrases, l’auteure témoigne aussi de la corruption, des immeubles construits sans respecter les normes de sécurité, les prédicateurs arabes extrémistes (qui réussissent à transformer une jeune fille ouverte et moderne en un fantôme tapis derrière un voile intégral grillagé), les profiteurs, l’aide humanitaire revendue dans des boutiques… Le tout intercalé avec un texte en italique, l’histoire d’une jeune fille, comme racontée à elle-même et à un psychanalyste, du moins est-ce ce que suggère le dernier passage en italique…

La page blanche de Boulet et Pénélope Bagieu

Couverture de La page blanche de Boulet et Pénélope Bagieu

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn livre réservé à la médiathèque, après avoir lu un avis très positif… je ne sais plus sur quel blog…

Le livre : La page blanche de Boulet (scénario) et Pénélope Bagieu (dessin et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 2012, 201 pages, ISBN 978-2756026725.

L’histoire : à Paris de nos jours (en tout cas, après 2007…). Station de métro Montgallet. Une jeune femme se retrouve sur un banc, face à une boutique, et se demande ce qu’elle fait là, qui elle est… Son sac à main lui donne son nom… Éloïse, cela ne lui dit rien, elle est devenue amnésique… Elle se rend à l’adresse indiquée dans les papiers, aïe, un code, elle ne s’en souvient pas, elle profite du passage d’une voisine pour entrer… Quel appartement? Un indice, donné par un voisin… son chat a miaulé toute la journée… Des collègues s’inquiètent, des collègues? Où? Qui? Retrouvera-t-elle la mémoire de sa vie, son identité?

Mon avis : un dessin assez simplifié, très coloré, au service d’une histoire originale, qui alterne l’emprise dans la vie réelle mais oubliée, et en tons atténués, ce qu’ Éloïse imagine avoir pu être sa vie ou ce qu’elle va trouver (derrière la porte de son appartement, etc.). Les pages avec son médecin puis les psys de diverses tendances sont -encore plus que les autres pages je trouve- pleines d’humour et encore plus drôles… sur fond d’une interrogation majeure: qui suis-je? Qui étais-je? Qui serai-je?

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Souvenir d’une journée parfaite de Dominique Goblet

Couverture de Souvenir d'une journée parfaite de Dominique Goblet pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenJ’ai emprunté cet album à la médiathèque. J’avais déjà lu de cette auteure Faire semblant c’est mentir.

Le livre : Souvenir d’une journée parfaite de Dominique Goblet (scénario et dessin), collection récits de ville, éditions Fréon, 2002, 48 pages, ISBN 2-930204-35-4.

L’histoire : Bruxelles, en juin (de quelle année?), un jour de fête des pères, dans un cimetière. La narratrice est à la recherche d’un père disparu dont elle ne connaît pas le nom. Mais à la brocante, elle a trouvé un carnet où Matthias Khan raconte sa vie au jour le jour…

Mon avis : un récit ambigu où se mêle fiction, autobiographie et reconstruction de souvenirs. Un graphisme très noir, une histoire pas rose… qui doit apporter plus à l’auteure dans sa vie qu’au lecteur… Un peu déçue par cet album.

Pour aller plus loin : voir le site de Dominique Goblet, avec une bonne partie des planches de ce volume.

Logo de Octobre, le mois Fritissime Cet article entre dans le cadre de Octobre, le mois Fritissime, organisé par Schlabaya / Scriptural et Elizabeth Bennet, à retrouver sur Facebook : Le lion des Flandres, Tintin, Max Havelaar : vive le mois des 17 provinces! Il s’agit au cours du mois de parler de tout ce que l’on veut en rapport avec les 17 anciennes provinces annexés par Charles Quint et les états de Bourgogne… et qui constituent aujourd’hui à peu près le Nord-Pas-de-Calais, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

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