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Une connaissance inutile, de Charlotte Delbo

Couverture de Une connaissance inutile, de Charlotte DelboFrance Inter a rediffusé l’autre jour deux émissions de Zoé Varier de 2013 consacrées à . J’ai saisi l’occasion pour publier cet article rédigé il y a un moment mais que je gardai pour une série d’articles à venir… Après Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours et Aucun de nous ne reviendra, j’ai continué ma lecture de avec la suite de ce dernier titre également trouvé à la médiathèque de Poitiers qui avait organisé une exposition Autour de Charlotte Delbo [voir aussi Mesure de nos jours].

Le livre : Auschwitz et après, II, Une connaissance inutile, de Charlotte Delbo, Editions de minuit, 1970 (réédition 2013), 186 pages, ISBN 9782707304026.

La quatrième de couverture:

Une connaissance inutile est le troisième ouvrage de Charlotte Delbo sur les camps de concentration. Après deux livres aussi différents par leur forme et leur écriture que Aucun de nous ne reviendra et Le convoi du 24 janvier, c’est dans un autre ton qu’on lira ici Auschwitz et Ravensbrück On y lira plus encore une sensibilité qui se dévoile à travers les déchirements. Si les deux précédents pouvaient apparaître presque impersonnels par leur dépouillement, dans celui-ci elle parle d’elle. L’amour et le désespoir de l’amour – l’amour et la mort ; l’amitié et le désespoir de l’amitié – l’amitié et la mort ; les souffrances, la chaleur de la fraternité dans le froid mortel d’un univers qui se dépeuple jour à jour, les mouvements de l’espoir qui s’éteint et renaît, s’éteint encore et s’acharne…

Mon avis: dans ce volume, Charlotte Delbo revient sur son arrestation, la détention à la prison de la Santé, l’adieu aux hommes qui seront fusillés (ceux qui ont mené l’attentat du 21 mai 1942 au 4 rue de Buci), le séjour à Romainville, le trajet, Auschwitz-Birkenau, le kommando de Rajsko, l’évacuation à Ravensbruck. Curieusement, elle ne parle pas de la montre qu’elle a réussi à garder et qui fut d’un grand soutien pour ses co-détenues du convoi du 24 janvier, épisode dont parle , la mère de , dans Convoi vers l’est, où elle aborde aussi les pièces de théâtre montées au fort de Romainville. La phase la plus dure, celle des premiers mois à Auschwitz-Birkenau, est assez rapidement abordée. Le livre est partagé en chapitres courts, en prose ou en vers (très agréables à lire malgré le sujet), qui chacun rapportent un événement : la soif, qui se termine par l’absorption d’un seau complet grâce à ses co-détenues, les maladies, le quartier des malades (Revier), la mémorisation des dates de décès des compagnes du convoi, la procuration d’un tube de dentifrice (grâce à une jeune juive affectée aux Effekts, c’est-à-dire au tri des affaires des déportées exterminées, en court sursis, vêtues d’habits civils et non de la tenue rayée, mieux nourries). Le kommando de Rajsko, où était expérimenté l’acclimatation de plantes, où un petit groupe finit par se retrouver grâce à l’une d’elles, chimiste, est largement développé, avec ce qui a permis de survivre plus facilement, Eva, chargée de dessiner les plantes, façon planches botaniques, et qui représente aussi des fleurs, un ubuesque noël 1942 où françaises et polonaises ont réussi à organiser un « festin » (avec cigarettes et bières volées ici et là), le montage du malade imaginaire (avec décor et costumes après avoir reconstitué le texte), l’évacuation vers Ravensbrück, par un train ordinaire de voyageur, l’occasion non saisie d’évasion à Berlin, la vie à Ravensbrück avec le « commerce » organisé par les tsiganes, le retour par la Suède. Au passage, quelques phrases ici et là montrent, par des exemples pris dans la guerre du Vietnam (livre publié en 1960), que le « plus jamais ça » n’est qu’une illusion. Un témoignage à lire absolument!

Pour aller plus loin:

Voir le site de l’Association « Les Amis de Charlotte Delbo »

Revoir mon article sur l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les , et plus largement sur la … Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, et de nombreux liens dans mon article sur Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet, sur la peinture dans les camps de concentration.

Quelques pistes de lecture:

Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile, Mesure de nos jours, de Charlotte Delbo

Les naufragés et les rescapés de Primo Levi

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau

Mesure de nos jours de Charlotte Delbo

Couverture de Mesure de nos jours de Charlotte Delbo

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Après Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, Aucun de nous ne reviendra et Une connaissance inutile, je continue ma lecture de Charlotte Delbo avec la suite de ce dernier titre également trouvé à la médiathèque de Poitiers qui avait organisé une exposition Autour de Charlotte Delbo.

Le livre : Auschwitz et après, III, Mesure de nos jours, de Charlotte Delbo, Editions de minuit, 1971 (réédition 2013), 186 pages, ISBN 9782707304034.

La quatrième de couverture:

Et toi, comment as-tu fait ? pourrait être le titre de ce troisième volume de Auschwitz et après. Comment as-tu fait en revenant ? Comment ont-ils fait, les rescapés des camps, pour se remettre à vivre, pour reprendre la vie dans ses plis ? C’est la question qu’on se pose, qu’on n’ose pas leur poser. Avec beaucoup d’autres questions. Car si l’on peut comprendre comment tant de déportés sont morts là-bas, on ne comprend pas, ni comment quelques-uns ont survécu, ni surtout comment ces survivants ont pu redevenir des vivants. Dans Mesure de nos jours, Charlotte Delbo essaie de répondre, pour elle-même et pour d’autres, hommes et femmes, à qui elle prête sa voix.

Mon avis: comme dans les précédents volumes, Aucun de nous ne reviendra et Une connaissance inutile, le texte de Charlotte Delbo est très agréable à  lire, avec une majorité en prose mais aussi quelques textes en vers. L’ensemble est écrit à la première personne, mais chaque chapitre rapporte le témoignage du retour des déportées, pour la plupart des co-détenues du Convoi du 24 janvier, comment elles se sont réinsérées ou pas dans la vie, la maladie, la faiblesse des indemnités, surtout pour celles qui n’ont pas été reconnues comme résistantes, celles et ceux qui ont été entourés au retour, mais aussi ceux dont le retour n’était pas attendu, avec des proches qui avaient parfois refait leur vie. Certaines reviennent sur leur arrestation, les interrogatoires, le séjour à Drancy ou à Romainville, beaucoup sur la difficulté à revenir dans la vie « ordinaire », la difficulté de « parler de là-bas ». Le retour à Auschwitz (Birkenau et Rajsko) ou à Ravensbrück, des années plus tard, permettra a certaines de trouver un sens à leur vie, si c’est possible, en s’engageant dans la transmission de la mémoire. Les bombardements qui les ont accompagnés lors des transferts de camps en camps, le trajet du retour, par la Suède en bus puis en avion ou en train, l’arrivée à Paris n’ont pas marqué la fin des souffrances. Il y a aussi quelques témoignages de déportés ne faisant pas partie de ce convoi, comme Jacques, soupçonné au retour d’avoir dénoncé son groupe et qui a vécu un vrai calvaire à Angoulême malgré sa réhabilitation tardive. La déportation fut terrible, mais le retour tant espéré (voire « fantasmé » pour réussir à tenir) rarement un long fleuve tranquille… Un témoignage à découvrir, lire, partager!

Pour aller plus loin:

Voir le site de l’Association « Les Amis de Charlotte Delbo »

Revoir mon article sur l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale… Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, et de nombreux liens dans mon article sur Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet, sur la peinture dans les camps de concentration.

Quelques pistes de lecture:

Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours de Charlotte Delbo

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau

Le convoi du 24 janvier de Charlotte Delbo

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Le convoi du 24 janvier de Charlotte DelboAprès l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers et la lecture de Aucun de nous ne reviendra, j’ai choisi de poursuivre la découverte de Charlotte Delbo avec Le convoi du 24 janvier, trouvé à la médiathèque [depuis, j’ai aussi lu La mémoire et les jours, la suite en fin d’article].

Le livre: Le convoi du 24 janvier de Charlotte Delbo, éditions de Minuit, 1965, 303 pages, ISBN 2707316385.

La quatrième de couverture:

 » Venues de toutes les régions de France et de tous les horizons politiques, issues de toutes les couches sociales, représentant toutes les professions, d’âges mêlés mais où dominait la jeunesse, deux cent trente femmes quittaient Compiègne pour Auschwitz, à trois jours et trois nuits de train dans les wagons à bestiaux verrouillés, le 24 janvier 1943.
Sur deux cent trente, quarante-neuf reviendraient, et plus mortes que vives.
La majorité d’entre elles étaient des combattantes de la Résistance, auxquelles était mêlée la proportion habituelle de “ droit commun ” et d’erreurs judiciaires.
Nous disons “ proportion habituelle ” parce qu’il est apparu que deux cent trente individus constituaient un échantillon sociologique, de sorte que ce livre donne une image de tous les convois de déportés, montre tous les aspects de la lutte clandestine et de l’occupation, toutes les souffrances de la déportation. »

Mon avis: le livre s’organise en trois parties, une introduction d’une vingtaine de pages sur les conditions de l’arrestation, l’histoire reconstituée des 229 femmes du convoi (et un bref paragraphe sur la dernière, restée anonyme), et enfin des documents et des statistiques. Plusieurs amies rescapées ont aidé C. Delbo à reconstituer toutes ces histoires, qui s’accompagnait aussi d’un récolement avec les photographies anthropométriques faites à l’arrivée à Auschwitz-Birkenau (elles étaient présentées dans l’exposition Autour de Charlotte Delbo). Chacune des déportées, majoritairement des résistantes communistes, suivies des gaulistes, quelques femmes qui n’avaient rien fait et même deux délatrices. A Charlotte Dudach, Charlotte Delbo raconte son parcours à la première personne, elle qui est revenue en France en septembre 1941 alors qu’elle était en tournée en Argentine avec Louis Jouvet. Les parcours de ces 230 femmes, dont 49 sont revenues, sont variés, toutes se sont retrouvées au fort de Romainville, parties de Compiègne, destination Birkenau (et Auschwitz à 2 km pour l’anthropométrie), la quarantaine, les kommandos (sections de travail), le revier (Krankenrevier / quartier des malades, pour celles qui sont incapables de tenir debout avec le typhus, les œdèmes, etc.) dont l’on ressort assez rarement vivante, le block 25 de celles qui sont « sélectionnées » (pour la chambre à gaz), les appels interminables, une terrible course en février 1943, les coups, et pour celles qui survivront (Marie-Claude Vaillant-Couturier, Maria-Elisa Normann, une ingénieure chimiste amie de France Bloch-Sérazin, Geneviève Pakula, la mère de Claude Pauquet, etc.), nouvelle quarantaine, assouplissement des conditions d’internement à Rajsko (chauffage, pas d’appel interminable, quelques lettres et colis), puis évacuation avec des parcours qui vont les mener, selon les cas, à Ravensbrück, Mauthausen, les mines de sel de Beendorf, et pour certaines la mort dans des bombardements en déblayant des voies ferrées ou dans les bateaux de Lübeck. Elle parle aussi du difficile retour, les maladies et la fatigue récurrente, la difficulté à se faire reconnaître comme déportée résistante et pas comme victime civile, le manque de reconnaissance de la Nation, les pensions dérisoires. Reconstituer tous ces parcours a été un énorme travail pour Charlotte Delbo et ses amies, Hélène Bolleau, Cécile (Christiane Charua) et Lulu Thévenin (Geneviève Pakula a parlé de ces dernières dans Convoi vers l’est et souligné leur rôle dès le fort de Romainville), Madeleine Doiret, Hélène Fournier, Gilberte Tamisé, Marie-Elisa Nordmann, Hélène Avenin, Olga Wormser, pour établir un livre qui est un grand mémorial de ce convoi.

Pour aller plus loin:

Voir le site de l’Association « Les Amis de Charlotte Delbo »

Revoir mon article sur l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale… Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, et de nombreux liens dans mon article sur Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet, sur la peinture dans les camps de concentration.

Quelques pistes de lecture:

Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile, Mesure de nos jours, de Charlotte Delbo

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau

Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Aucun de nous ne reviendra de Charlotte DelboJ’avais emprunté à la médiathèque ce livre au début de l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, maintenant terminée, j’ai dû renouveler le prêt pour réussir à le terminer, la lecture d’un livre « normal » reste très compliqué avec ma vue

Le livre : Auschwitz et après, I, Aucun de nous ne reviendra, de Charlotte Delbo, Editions de minuit, 1970 (réédition 2013), 181 pages, ISBN 9782707302908.

La quatrième de couverture:

Charlotte Delbo était une des 230 femmes qui, dans Le Convoi du 24 janvier, partirent en 1943 de Compiègne pour Auschwitz.
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu’un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d’une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l’ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d’intensité au-delà duquel il ne reste que l’inconscience ou la mort. Elle n’a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n’est plus de place en ces lieux pour l’individu.

Mon avis: écrit dès 1946, ce livre n’a été édité pour la première fois qu’en 1970. J’avais vraiment découvert sa vie lors de la visite de l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers. Ce livre est organisé en chapitres assez courts, avec des alternances de phrases longues et de phrases courtes, qui rythment la lecture. Si le sujet n’était pas aussi tragique, je dirai que l’écriture est très agréable! Certaines pages sont organisées comme des poèmes terribles, par exemple « Jusqu’à cinquante », page 93 de l’édition de 2013, lorsqu’un kapo, surveillé par un SS avec son chien, donne cinquante coups de bâton à un prisonnier. Au fil des pages, on voit ces femmes qui ont la hantise d’être transférées au bloc 25, dont on ne sort pas vivant, les longues marches pour aller travailler dans les marais immondes, les interminables appels dans le froid, la survie, le soutien mutuel, les liens qui s’établissent par nationalité, l’abandon de la volonté de vivre par certaines, les odeurs immondes du four crématoire. Un témoignage à découvrir absolument!

Je vais essayer de lire la suite, Une connaissance inutile et Mesure de nos jours. J’ai aussi lu Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours

Pour aller plus loin:

Voir le site de l’Association « Les Amis de Charlotte Delbo » : www.charlottedelbo.org

Revoir mon article sur l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale… Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne).

Quelques pistes complémentaires de lecture:

– – Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile, Mesure de nos jours, de Charlotte Delbo

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau

Autour de Charlotte Delbo à Poitiers

À l’occasion de l’accueil d’une exposition itinérante sur Charlotte Delbo à la médiathèque de Poitiers, plusieurs manifestations sont organisées. Je ne suis pas allée à l’inauguration de cette exposition, ni de celle qui la complète au CRDP (voir plus bas), pas plus qu’aux lectures ou aux concerts qui ont déjà eu lieu. Mais je vais voir la semaine prochaine au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, L’empereur d’Atlantis, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien  (sélectionné dans ma saison 2013-2014, à l’époque des réservations, ce n’était pas du tout annoncé comme faisant partie d’un ensemble de manifestations, récupération???). J’ai aussi emprunté à la médiathèque l’un des livres de Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours. Et j’ai vu les deux expositions…

Charlotte Delbo à la médiathèque

Charlotte Delbo, secrétaire de Louis Jouvet, a été déportée dans le convoi du 24 janvier 1943, en tant que résistante. Voici la présentation officielle:

« Un parcours au cœur de l’Histoire du XXe siècle, qui met en lumière l’intelligence et l’imagination d’une grande femme de lettres. L’exposition aborde les thèmes de l’engagement, de l’écriture, et dresse un portrait de femme militante. Exposition conçue par l’Institut de la Résistance de Bergame (Italie) en collaboration avec le Centre d’histoire de la Résistance et de la déportation de Lyon, la Bibliothèque nationale de France et l’Association des amis de Charlotte Delbo. La Médiathèque d’agglomération de Niort présente également une partie de l’exposition. »

L’exposition (jusqu’au 1er mars 2014), traduite de l’italien, est présentée sous la forme de grandes pages de papier étalées sur des supports en carton. Dommage, surtout pour une exposition destinée en grande partie aux scolaires, que les relecteurs mentionnés sur le panneau générique de l’exposition n’aient pas mieux fait leur travail, les panneaux fourmillent de coquilles (« la liste que tu m’avait [sic] confiée », « c’est celui que j’ai du [sic] », « ces photos d’Eric Schwab se trouvait [sic] dans les archives », « où Charlotte est enfermée avant sa déportatin [sic] », etc.).

J’ai appris beaucoup de choses sur Charlotte Delbo dans cette exposition, son œuvre, sa déportation et son travail au retour des camps. Il manque cependant un élément d’éclairage: le sort des résistants, dans les camps de concentration, était très différent de celui des juifs et des tsiganes dirigés directement dans la partie « extermination » des camps après « triage ». Pour ceux qui ne pourront pas voir cette exposition (qui est itinérante et sera visible dans de nombreuses villes), je vous invite à découvrir l’œuvre littéraire de Charlotte Delbo et notamment ses témoignages sur la déportation (voir Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours).

Pour aller plus loin, voir la présentation de l’exposition sur le site de la médiathèque de Poitiers et un dossier en pdf sur le site du Centre régional de documentation pédagogique (lien vers le dossier Charlotte Delbo).

Convoi vers l’Est et retour, photographies de Claude Pauquet

Au Centre régional de documentation pédagogique (lien vers l’exposition convoi vers l’est et retour) [PS:Un mois après la fin de l’exposition au CRDP de Poitiers, le lien ne fonctionne déjà plus… Ils n’arrêtent pas de changer leurs adresses de liens, c’est exaspérant] se tient jusqu’au 18 mars 2014 une exposition de photographies de Claude Pauquet (dont je vous ai parlé il y a longtemps pour Paysages urbains), dont la mère, Geneviève Pakula, a fait partie du même convoi que Charlotte Delbo, le convoi des « 31000 » (dont les matricules commençaient par ce chiffre, voir Le convoi du 24 janvier). En 1997, Claude Pauquet a refait le trajet du convoi, de Romainville à Mauthausen, via Auschwitz, Birkenau et Ravensbrück. L’exposition a été présentée une première fois en 2002. Elle rassemble des photographies au format paysage très allongé, toutes sauf cinq sont présentées à l’horizontale. Un travail très fort… Celle qui m’a le plus frappée? C’est une vue de l’intérieur du Bloc 26 à Birkenau, avec au sol une plaque de neige infiltrée par le vasistas ouvert. [voir aussi le livre Convoi vers l’est de Claude Pauquet].

Enfin, si ces manifestations pouvaient aussi être l’occasion de rappeler qu’il y avait plusieurs camps d’internement à Poitiers, et de mettre au moins une mention (plaque?) pour que les habitants du nouveau quartier des Montgorges sachent que sur ce terrain se sont succédé le Frontstalag 230 et le camp de la Chauvinerie (voir aussi le témoignage de Paulette)…

Pour aller plus loin, suivre les liens vers les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les , et plus largement sur la

Quelques pistes de lecture:

– Charlotte Delbo : Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau