La semaine dernière, le 4 février 2016, le quotidien régional Centre Presse, édition de la Vienne, proposait un article sur une visite de 26 élèves de CM2 de l’école Jacques-Brel à l’IUT de Génie Thermique et Énergie de Poitiers. Sur le fond, il s’agit de promouvoir les études scientifiques dès le plus jeune âge, par l’intermédiaire de l’association des Petits débrouillards, qui organise des stages gratuits dans de nombreuses villes autour des sciences abordées par l’expérimentation. Ils sont très bons dans ce domaine, en revanche, pour la mixité et l’égalité filles / garçons dans les activités, ils repasseront! La photographie qui illustre l’article m’a interpellée (je l’ai partagée avec des ami(e)s féministes et sur les réseaux sociaux et envoyée au magazine Causette) : pour la réunion finale dans l’amphithéâtre, il y a deux rangs de garçons devant et un rang et demi de filles derrière. Je veux bien qu’en CM2, les garçons et les filles se mélangent peu dans la cour de récréation (en classe, le (la) « professeur(e) des écoles devraient veiller à la mixité), mais une telle séparation spatiale, avec les filles DERRIÈRE, ça n’aidera pas les filles à prendre confiance en elles en général, et pour les métiers scientifiques en général!!! Comment voulez-vous ensuite qu’il y ait une égalité hommes / femmes dans le monde du travail, le partage des tâches ménagères, etc.? N’est-ce pas le rôle des accompagnants, nombreux (un pour 5 enfants), de veiller au mélange des genres? Il y a sur la photographie quatre jeunes avec un sweat-shirt des Petits débrouillards de l’IUT et un adulte (instituteur? professeur de l’IUT?), que des hommes, la féminisation des métiers scientifiques est sur de bien mauvais rails! Tiens, il faudrait que je demande à l’association Femmes et sciences ce qu’elle en pense…
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Une femme blessée de Marina Carrère d’Encausse
Un livre recommandé dans la sélection d’été du magazine Causette et trouvé à la médiathèque.
Le livre : Une femme blessée de Marina Carrère d’Encausse, éditions Anne Carrière, 2014, 195 pages (plus deux sur la fondation Surgir), ISBN 9782843377020.
L’histoire : de nos jours dans le Kurdistan irakien. Une jeune femme vient d’être admise à l’hôpital de Souleymanieh, conduite par un cousin, grièvement brûlée par l’explosion d’un réchaud qui a enflammé son voile. Au village, dans la montagne, sa fille aînée ne sait rien, sa grand-mère lui interdit de parler de sa mère, elle s’occupe de ses deux petites sœurs, en essayant de saisir ici ou là des informations. Son mari vient voir les médecins, sans demander à voir sa femme. Celle-ci survit, au prix de grandes douleurs, de greffes et d’une longue rééducation, elle tente de cacher sa grossesse, dont bizarrement son mari ne parle pas non plus. Un jour, elle rencontre dans la cour une jeune femme dont le petit garçon, brûlé, agonise, il lui rappelle son propre garçon, mort attaqué par un chien à l’âge de trois ans… le début d’une relation amicale qui lui permettra de révéler son lourd secret.
Mon avis : Marina Carrère d’Encausse, rendue célèbre pour son émission du Journal de la santé qu’elle anime avec Michel Cymès (voir Hippocrate aux enfers), aborde la question des crimes d’honneur, viols, (tentatives de) meurtres, dont sont victimes les femmes de cette région du monde (mais ce n’est pas la seule). Le médecin du service des grands brûlés n’est pas dupe, beaucoup d’accidents domestiques sont en fait des crimes d’honneur, il soigne ces femmes du mieux qu’il peut, formé en France et continuant à se former aux diverses techniques de greffes de la peau, même si le taux de mortalité reste élevé dans son service. Le roman, alternant scènes à l’hôpital et incompréhension de la fille aînée, dévoile peu à peu une histoire qui est celle de beaucoup de ces accidents, tout le poids de la belle-famille qui pèse sur les épaules de ces femmes qui quittent leur famille pour un mari dont elles ignorent souvent tout (sur le mariage arrangé, voir aussi , côté turc, avec le suicide). Le poids du silence, le poids de l’amour secret (qui n’est pas allé au-delà de quelques discussions et s’est terminé par deux crimes), sont personnalisés dans les femmes de cette histoire, les trois générations soufrent, et l’auteure raconte avec beaucoup de réalisme une histoire singulière qui est celle de 5000 femmes dans le monde chaque année. Un roman très émouvant… et très bien construit jusqu’au dénouement final.
Pour aller plus loin : le livre se termine par deux pages sur la fondation Surgir, spécialisée dans la lutte contre les violences coutumières dont sont victimes les femmes à travers le monde et en particulier les crimes d’honneur.
Mustang de Deniz Gamze Ergüven
Depuis ma dernière chronique cinéma, j’ai vu La loi du marché, mais je vous en parlerai une autre fois. J’ai aussi vu ce week-end Mustang, de Deniz Gamze Ergüven, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes.
L’histoire : de nos jours dans un village reculé de Turquie, sur la côte, à 1000 km d’Istanbul. C’est la dernière journée de l’année scolaire, un groupe d’enfants et d’adolescent(e)s décident de rentrer à pied. Sur la plage, tout le monde finit à l’eau, les plus grands jouent, filles à cheval sur les épaules des garçons… Mais arrivées chez elles, cinq sœurs, âgées de 12 à 16 ans et orphelines, sont attendues par leur grand-mère [Nihal Koldaş]. Les aînées sont battues, contraintes à un examen gynécologique de virginité, les filles sont peu à peu enfermées dans la maison, les oncles, dont Erol [Ayberk Pekcan] sont terribles. Elles réussissent quand même à s’échapper par une fenêtre et une brèche dans la clôture pour aller voir un match de foot réservé aux femmes suite à des débordements de hooligans. Couvertes par une tante, néanmoins, au retour, les clôtures sont améliorées et la famille cherche un mari aux aînées…
Mon avis : un très beau film, qui montre aussi l’écart entre la ville (Istambul fantasmée par les jeunes filles) et la vie dans une campagne reculée, avec les conséquences du qu’en dira-t-on et des bienséances vis-à-vis du voisinage. Il aborde aussi les conséquences du mariage forcé: seule l’aînée, Sonay [İlayda Akdoğan] réussit à imposer son amoureux, la seconde, Zelma [Tuğba Sunguroğlu] se marie le même jour avec un garçon qu’elle n’a vu qu’une fois, la troisième, Ece [Elit İşcan] se suicide pour échapper à son sort… Quant aux deux plus petites, Lale [Güneş Nezihe Şensoy] et Nur [Doğa Zeynep Doğuşlu], je vous laisse voir le film… Dit comme ça, cela peut sembler une tragédie, mais il y a beaucoup de moments très drôles avec ces cinq jeunes actrices formidables dans leurs rôles! Une fois n’est pas coutume, j’ai aussi trouvé la bande originale de Warren Ellis très réussie, pas trop présente mais soulignant juste ce qu’il faut dans le film. La Turquie est pleine de contrastes aujourd’hui, elle qui vient quand même d’élire 17% de femmes aux dernières élections législatives, des femmes présentées pour la plupart par le parti kurde qui n’a pas non plus hésité à présenter un candidat homosexuel qui revendique sa sexualité, et qui vient de refuser ce qui aurait débouché sur les pleins pouvoirs au très conservateur Recep Tayyip Erdoğan. Elle est pleine de contrastes aussi dans ce film, jusqu’à ce retour d’école, les filles étaient très libres, très émancipées. La grand-mère les punit sévèrement, restreint leur liberté… mais fournit un manuel d’éducation sexuelle à la veille du mariage des deux aînées. Il montre aussi la complicité des médecins, qui ne refusent pas l’examen de virginité… ni l’examen de non-virginité le lendemain du mariage de la seconde, qui n’a pas saigné lors de sa nuit de noces. De l’espoir aussi, avec ce match de foot réservé aux femmes, ou l’artisan (d’une minorité ethnique) qui accepte de les aider discrètement. Vite, allez voir ce très beau film!!!
Le monde d’Aïcha de Ugo Bertotti
Après l’Iran au cinéma avec Taxi Téhéran de Jafar Panahi, je continue dans la région avec cette bande dessinée… Un album emprunté à la médiathèque.
Le livre : Le monde d’Aïcha, luttes et espoirs des femmes du Yemen de Ugo Bertotti, inspiré des impressions de voyage d’Agnès Montanari, éditions Futuropolis, 144 pages, 2014, ISBN 9782754811163.
L’histoire : dans plusieurs lieux du Yemen, aujourd’hui (disons avant les récents et tragiques événements de ces derniers mois), une petite équipe parcourt le pays.
Dans un petit village à 60 km au nord de Sana’a, Sabiha, à peine adolescente, a été vendue par sa famille à un home qui a 12 ans de plus qu’elle. Un jour, elle a ôté son voile pour sentir le vent à sa fenêtre, mais est rouée de coups par son mari… survivra-t-elle? En ville, Hamedda est laissée entièrement libre par son mari. Refusant de porter la niqab, elle tient de main de maître un restaurant célèbre, mais pourtant, elle a dû vivre avec les brimades du voisinage, quand elle ne tenait qu’une cantine ou un petit restaurant fréquenté par des soldats pendant la guerre civile…
Mon avis : la situation au Yémen est complètement dégradée ces dernières semaines. En noir et blanc, sous la forme de courtes histoires transcrites à partir des témoignages de la photographe Agnès Montanari, qui avait rejoint son mari en mission pour le comité international de la Croix Rouge. Si la première histoire est tragique, d’autres sont plus optimistes, avec la scolarisation de certaines femmes, qui permet ensuite plus facilement qu’elles trouvent un travail et que, autonomes financièrement, elles puissent tenter d’échapper au poids de la tribu et de la société… Pas toujours facile, même pour celles qui, comme Hamedda (illettrée mais elle a envoyé à son tour ses enfants à l’école), ont bien réussi. Au final, le tableau de la société est contrasté, de la fille littéralement vendue à 12 ans et violentée par son « mari » à la jeune fille urbaine et émancipée, qui reçoit les photographies sur son ordinateur. Un livre plein d’espoirs… mais qui risquent de s’évanouir très vite si la situation politique n’est pas rétablie au Yémen.
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.
La tombe de la famille Herbette par Jules Coutan dans le cimetière du Montparnasse à Paris
Cela fait un moment que je ne vous ai pas emmenés dans le cimetière du Montparnasse à Paris. Cette fois, je vous propose de découvrir la tombe somptueuse de la famille Herbette.
Trois artistes sont intervenus sur cette tombe: Jules Coutan (Paris, 1848 – 1939), prix de Rome en 1872, Léon Eugène Longepied (Paris, 1849 – Paris, 1888) et [Louis] Oscar Roty (Paris, 1846 – Paris, 1911). La tombe se compose d’un décor architecturé dessiné par Henry Poussin devant lequel est assise une femme encadrée de deux médaillons. La signature générale, sur le côté, porte « De tout cœur / à cette œuvre / se sont associés / Coutan et Longepied / Roty, Poussin architecte / 1885-1890 ». Je ne sais pas quelle est exactement la contribution de Longepied, décédé en 1888, pendant l’exécution du projet. La tombe a été commandée de son vivant par Louis Herbette, directeur des prisons au ministère de l’Intérieur, pour rendre hommage à sa femme, Jeanne Barreswil. Henry Poussin, l’architecte de la tombe, a aussi été l’architecte de nombreuses prisons, dont celle de Fresnes qu’il construisit entre 1895 et 1898, après cette tombe… Il a présenté au salon des artistes français de 1886 sous le n° 4879 : « Sépulture de la famille H… au cimetière du Mont-Parnasse; – deux cadres ».
Elle porte aussi beaucoup de textes avec des déclarations d’amour, sur le socle (photo surexposée, zut, on doit pouvoir trouver la citation avec Vita et Amor), sur le rebord de la sculpture de la femme (j’aime…).
… et aussi sur le fond architecturé: « A ma bien-aimée femme / en unissant / dans la même pensée / pour toujours / nos deux enfants et sa mère / Louis Herbette.
Juste à côté de cette inscription a été scellé un médaillon de [Louis] Oscar Roty (Paris, 1846 – Paris, 1911), dont je vous ai déjà parlé pour le médaillon d’Hippolyte Taine dans le square d’Ajaccio à Paris, et représentant « Louis Herbette, conseiller d’État, 1848-1922 », comme dit l’inscription. Je n’ai pas trouvé la signature du médailleur, qui a réalisé une autre médaille avec des inscriptions différentes, conservée au musée d’Orsay.
De l’autre côté de la sculpture féminine est inclus un médaillon en marbre représentant un profil de jeune femme, peut-être l’un des enfants du couple?
Jeanne Barreswil, la femme de Louis Herbette, est le sujet principal de la tombe. Elle y est sculptée de manière monumentale, en marbre, assise sur un beau siège.
Jules Coutan, dont je vous ai déjà parlé pour le monument aux morts de 1870-1871 à Poitiers, a apposé sa signature sur la femme qui trône au centre de la tombe. Elle a été présentée au salon des artistes français de 1890 sous le n° 3713 « Statue, marbre, destinée au tombeau de Mme Louis Herbette ».
La femme est représentée abandonnée, la tête recouverte d’un voile (de deuil?).
Ses pieds nus reposent sur un réseau de racines qui se termine par un rameau de chêne…
… et son dos est appuyé sur un tronc d’arbre mort.
Je vous quitte avec ce beau visage idéalisé, avec peu d’expression…
Photographies de juin 2013, il y a juste un an, il faudra que je repasse faire des photographies complémentaires, un jour où j’arriverai trop tôt pour prendre un train à Montparnasse…
Pour aller plus loin :
Le fils d’Oscar Roty, Georges Roty, lui a consacré un livre (Le médailleur Louis Oscar Roty (1846-1911), sa vie, son œuvre, Presses du Compagnonnage, 1971) et un musée géré par une fondation à Jargeau dans le Loiret.
La gare de Limoges, l’intérieur
Après vous avoir montré l’extérieur de la gare des Bénédictins à Limoges, voici une petite visite de l’intérieur, qui a été fortement restauré après l’incendie de février 1998. Les verrières de Francis Chigot (Limoges, 1879- 1960), réalisées entre 1924 et 1929, ont en particulier été presque entièrement reconstituées dans la coupole de 26m de hauteur. Je sais que quelques lecteurs sont fans de ces verrières, mais je préfère m’attarder sur les allégories qui occupent les angles, dues comme les allégories extérieures à Henri [Frédéric] Varenne (1860 – 1933), qui a réalisé pour la même compagnie des chemins de fer Paris-Orléans la sculpture de la façade de la gare de Tours (mais pas les allégories de Limoges et Nantes par Jean Hugues, les allégories de Bordeaux et Toulouse par Antoine Injalbert) et beaucoup d’autres œuvres (revoir le décor général de l’hôtel de ville, la charité de Martin devant la basilique Saint-Martin et la statue du général Meunier dans le jardin des Prébendes-d’Oe à Tours).
Je commence logiquement par l’allégorie du Limousin, une femme nue qui tient dans sa main droite un grand vase en porcelaine et est surmontée d’une profusion de blés, de feuilles de châtaignier et de châtaignes.
Curieusement, il y a une allégorie de la Bretagne, dont l’accès n’est pas le plus simple depuis Limoges… Poitrine dénudée, la femme qui symbolise la Bretagne est vêtue d’un léger voile qui laisse apparaître ses formes. Debout, elle ouvre largement les bras sur ce qui symbolise la Bretagne, algues, poissons, coquillages, étoiles de mer…
La présence de la Touraine est plus compréhensible. Elle est vêtue d’un léger voile qui cache à peine sa nudité et tient dans sa main gauche un bouquet de rose qu’elle va compléter probablement de celle qu’elle cueille élégamment de la main droite. Si les feuilles de vigne peuvent bien figurer la Touraine, les roses moins, sauf à penser à Ronsard et sa « mignonne allons voir si la rose… »
La quatrième allégorie représente la Gascogne. Curieusement, elle est représentée sous les traits d’une femme nue, mais de dos, qui semble embrasser une profusion de sarments de vigne qui portent de lourdes grappes de raisin.
Mais… point de Poitou dans ces allégories??? Encore moins de Charente ou Charente-Maritime? Et le futur Plouc (PoitouLimOUsinCentre) alors? Il n’y a que la Touraine qui pourrait être rattachée dans ce hall de gare… Quid du mariage à venir de gré ou de force de Poitou-Charentes avec le Limousin et le Centre, formant au choix des internautes Police (POitou LImousin CEntre), CCCP (façon URSS en cyrillique, Centre Charentes Corrèze Poitou)?
La gare avait, jusqu’en 1978, des guichets en bois de style art déco, qui ont été détruits, comme ceux de la poste d’Angers ou ceux bien abîmés de la poste de Poitiers! Je vous ai trouvé une carte postale ancienne où on peut les voir… (et en fin d’article, retrouvez d’autres guichets de gare).
… et c’est parti, il n’y avait pas de grève ce jour là!
PS: pour rebondir à une remarque de Laurent Prysmicki, voici d’autres guichets (nouveau mot-clef) de gare aujourdh’ui détruits dont je vous ai montré des images:
la gare de Poitiers avant et après le bombardement de 1944
la gare de Tours
Photographies de novembre 2010.
La gare de Limoges, l’extérieur
Le président de la République l’a décidé, dans la fusion des régions, Poitou-Charentes sera mariée de gré ou de force avec le Limousin et le Centre, formant au choix des internautes Police (POitou LImousin CEntre), CCCP (façon URSS en cyrillique, Centre Charentes Corrèze Poitou) ou, mon préféré, Plouc (PoitouLimOUsinCentre)… Puisque le mariage est annoncé et que l’on ne sait pas encore quelle sera la capitale (Orléans est peu probable, trop excentrée, Poitiers et Limoges trop petits, peut-être Tours?), penchons-nous sur le patrimoine… J’ai déjà consacré une longue série d’articles à Tours, parle de Poitiers chaque dimanche, mais ai peu abordé Limoges, la dernière fois l’année dernière contre le projet de LGV Poitiers-Limoges… Retournons-y, avec des photographies de novembre 2010.
[PS: et pour mettre de l’huile sur le feu, à côté de l’Aquitaine d’Aliénor (et des Guillaume, comte de Poitou-duc d’Aquitaine), il y a aussi Charles II de Poitou, futur roi Charles VII, comte de Poitou, duc de Touraine, duc du Berry, LOL!]
Débarquement à la gare des Bénédictins, en centre-ville et au coeur des voitures, mieux vaut s’éloigner un peu pour voir l’ensemble.
La première gare construite en 1856, que l’on peut voir sur cette acrte postale ancienne, a été remplacée par la gare actuelle entre 1925 et 1929 par Roger Gonthier (1884-1978), architecte de la compagnie du Paris-Orléans dont les initiales PO parsèment la façade.
Dominée par son campanile (haut d’une soixantaine de mètres) et surtout célèbre pour son dôme d’une trentaine de mètres de diamètre, la gare a été inscrite parmi les monuments historiques en 1975, elle a failli être détruite par un incendie en février 1998. Deux ans de travaux de restauration ont été nécessaires et le dôme presque entièrement reconstruit à l’identique.
La large façade est encadrée par deux petites entrées sous marquise, départs à gauche et arrivées à droite. Cette façade est cernée par deux statues monumentales dues à Henri [Frédéric] Varenne (1860 – 1933), qui a réalisé pour la même compagnie la sculpture de la façade de la gare de Tours (mais pas les allégories de Limoges et Nantes par Jean Hugues, les allégories de Bordeaux et Toulouse par Antoine Injalbert) et beaucoup d’autres œuvres. Henri [Frédéric] Varenne a laissé sa signature, H. Varenne et 1927 sur les statues, 1926 sur les reliefs qui ont pris place dans les écoinçons monumentaux.
A gauche, Cérès, déesse de l’agriculture, est représentée nue, accoudée sur l’arc avec un bœuf et des gerbes de céréales.
A droite se prélasse Mercure, dieu des voyageurs (du commerce et des voleurs), avec son caducée et coiffé de son casque ailé mais accompagné d’attributs industriels plus inhabituels. On retrouve le couple Cérès/Mercure par exemple sur les halles de Niort (1871) ou sur l’ancienne chambre de commerce de Poitiers (1935, par Raymond Couvègnes).
Les deux statues monumentales sont des allégories des activités industrielles de la ville de Limoges, liées aux arts du feu, la porcelaine et l’émail. Les deux sont représentées sous les traits d’une femme assise accompagnée d’un enfant qui se tient par terre, en appui sur les genoux de la femme. La figure de la porcelaine tient un vase…
… alors que celle qui figure l’émail tient un petit coffret (en cours d’émaillage?).
Le jour de ces photographies, il faisait beau mais … j’avais un train à prendre, lors de mon passage suivant (il y a presque un an, en mai 2013, il y avait de belles giboulées), du coup, je ne peux pas vous montrer de belles photographies dela tête de Mercure sur la façade nord, ni, côté ouest, les armes des villes desservies par le Paris-Orléans (et au-delà), les actuelles gares sur le POLT (revoir LGV Poitiers-Limoges versus Polt) / Paris-Orléans-Limoges–Toulouse via Montauban, ainsi que les armoiries d’Agen, Périgueux, Blois, Bourges, Bordeaux… Poitiers et Tours, la boucle du futur PLOUC (et de l’option abandonnée de l’union avec l’Aquitaine) est bouclée! Allez, j’ai quand même quelques photographies prises sous le dôme… pour un autre article! [à lire maintenant ici: La gare de Limoges, l’intérieur].
Photographies de novembre 2010.
Le monument aux morts de 1914-1918 de Metz
J’ai choisi aujourd’hui de vous présenter le monument aux morts de 1914-1918, du souvenir français et de la ville de Metz car il a connu une histoire liée aussi à la seconde guerre mondiale (pour cette dernière, revoir le monument en hommage aux Hommes de fer). Il se trouve square Gallieni, près de la Porte serpenoise… et était, au moment de mes photographies en août 2012, noyé au milieu de travaux.
A l’origine, ce monument, inauguré en 1935, célébrait la réunification de l’Alsace et de la Lorraine (en fait de la Moselle) à la France en 1918. Il est l’œuvre du sculpteur Paul [François] Niclausse (Metz, 1879 – Paris en 1958) et non Paul Miclaux comme indiqué en légende de la carte postale. Du même Paul Niclausse, je dois avoir quelque part les photographies de l’Orpheline, présentée dans le parc Tassart à Cahors et le buste d’Albert Ier roi des Belges à Metz. Outre les personnages centraux, le monument comportait à l’origine un relief central dominant le groupe sculpté, avec une représentation allégorique de la famille laissée par le soldat envoyé au front: une mère portant son nourrisson dans les bras, encadrée par les grands-parents. Sur les côtés prenaient place deux reliefs représentant chacun un Poilu.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, dès 1940, les Allemands suppriment les reliefs sculptés pour ne conserver que l’allégorie féminine et le soldat mort. Cette carte postale porte pour légende « Metz, das Deutsche Denkmal » (le monument allemand) et sur la stèle martelée, on peut lire l’inscription en lettres gothiques qui a remplacé les bas reliefs: « Sie starben für das Reich » (ils sont morts pour l’Empire).
L’inscription allemande a été enlevée dès la fin de la guerre. Le monument ne conserve que le groupe sculpté central composé d’une mère et d’un soldat mort. Une figuration très allégorique du deuil, avec la mère représentée assise, pieds nus et habillée d’une longue robe drapée à l’Antique. Elle porte sur ses genoux le soldat figuré nu, tête et pieds en appui sur les massifs qui l’encadrent. Sans uniforme, impossible de savoir que ce soldat a combattu dans les rangs allemands, puisque la Moselle était allemande depuis 1871.
L’inscription qui a été ajoutée à la base du socle est désormais « Aux morts de la guerre », sans préciser laquelle… En bas à droite, il reste toujours l’inscription d’origine « érigé par le Souvenir français ».
Voici un détail des têtes de la mère, avec les cheveux tressés ramenés sur le front, et du soldat mort.
Voir aussi l’histoire compliquée du monument au Poilu libérateur de la Moselle, également à Metz
Photographies d’août 2012.
A Poitiers, la femme serait-elle une chimère?
En ce dimanche matin, je pensais vous montrer des œuvres de street art repérées lors de mes promenades ces derniers jours de beau temps à Poitiers, ainsi que d’autres plus anciennes… mais j’ai eu des difficultés pour traiter seule mes photographies et vous les découvrirez donc prochainement en deux épisodes je pense. En attendant, comme c’est aujourd’hui le dernier jour pour voir l’exposition La licorne et le bézoard au musée de Poitiers, je voulais aussi partager avec vous quelques réflexions suite à la conférence à laquelle j’ai assisté lundi dernier (10 mars 2014, à 18h30) autour de cette exposition. Le 10 mars, soit deux jours après la journée de la femme de l’ONU, nous avons à nouveau eu une conférence et une table-ronde avec … cinq messieurs à la tribune, mais à Poitiers, nous avons l’habitude de ces hommes qui parlent entre eux (lire ou relire l’article Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?). A la tribune donc, Philippe Piguet pour une grosse demi-heure autour des Curiosités contemporaines, suivi d’une demi-heure de présentation des curiosités cachées au musée de la chasse et de la nature à Paris par son directeur, Claude d’Anthenaise (dans le Marais, un charmant hôtel particulier où il est agréable de flâner entre les archives nationales et l’ancienne bibliothèque nationale, en revanche, page d’accueil du site illisible pour moi sauf à interdire leur mise en page et images de fond, avec un texte en blanc et à les remplacer par mes propres paramètres), et une petite heure de débat où ils ont été rejoints par Dominique Moncond’huy, l’un des commissaires de l’exposition, Jean-Luc Dorchies, directeur de l’école des beaux-arts de Poitiers et Pascal Faracci, le nouveau directeur des musées de Poitiers. Si les deux premières interventions étaient intéressantes, la table-ronde a tourné à la discussion « entre messieurs de bonne famille », sans se soucier de la présence du public, dont une bonne partie a fui petit à petit au cours du débat… Il faut dire que les nouveaux sièges de l’auditorium du musée sont particulièrement inconfortables, trop durs avec dossiers trop droits, il faut donc une bonne motivation pour y rester plus d’une heure. En plus, alors cette salle sert surtout pour des conférences et que le public a l’habitude de prendre des notes, ces chaises n’ont pas de tablettes pour appuyer le carnet ou la feuille!
Du côté des artistes cités et proposés, là aussi, quasiment que des hommes! J’ai noté ceux qui ont été illustrés par Philippe Piguet pour des curiosités contemporaines du monde végétal, du monde animal et du monde minéral… Là aussi, très très peu de femmes : deux (Anouck Durand-Gasselin et Valérie Graftiaux) pour 14 hommes! Parmi eux, Damien Hirst et Giuseppe Penone, le lien vous emmène à Chaumont-sur-Loire, la photo ci-dessus montre une oeuvre très proche de celles présentées à Versailles, mais franchement, si j’aime bien, je ne vois pas le rapport avec un cabinet de curiosité. J’ai ensuite arrêté de prendre des notes, la vue double après une demi-heure n’aide pas…
Je pense ne pas être la seule (cf. la question de M. Alain Tranoy à la fin de la conférence) à avoir du mal à suivre le propos, la chimère ferait-elle à elle seule le cabinet de curiosité? L’un des orateurs a beaucoup insisté sur le fait que les cabinets de curiosité impliquaient la présence de monstres comme ceux montrés autrefois dans les cirques… Il n’est pas allé jusqu’à parler des zoos humains. Pourtant, la muséographie de l’une des salles de l’exposition y faisait penser, ne serait-ce que par les miroirs déformants et la présentation de la femme à barbe (Portrait d’Antonietta Gonzales par Lavinia Fontana en 1583, habituellement présenté au château de Blois), éléments qui évoquaient beaucoup l’exposition Exhibitions il y a quelques années au musée du Quai Branly à Paris. La distinction avec les vanités n’est pas clair non plus (revoir C’est la vie, vanités, au musée Maillol il y a aussi un moment).
Pour les êtres hybrides, qu’ils soient ou non dans le sujet des cabinets de curiosité, je vous conseille de revoir les oeuvres de Alain Bresson, ici au jardin des plantes de Metz en 2012.
Et vous pensez que ce mouton-papillon, dont je vous parlerai avec toute une série de moutons divers qui ont colonisé la ville de Poitiers ces derniers mois, pourrait aussi être ajouté à la collection des curiosités contemporaines?
Comment on fait des bébés? A poil, au Moyen-Âge aussi!
Comme annoncé jeudi et samedi derniers, aujourd’hui, je vais vous présenter du « dur » pour rebondir sur Tous à poils, de Claire Franek et Marc Daniau, aux éditions du Rouergue… Même si, si j’en crois la presse locale et comme je vous l’ai déjà montré (c’est même repris dans les perles de la presse du Canard Enchaîné du 19 février 2014), M. Copé est pour, finalement. Lu dans Centre presse du 13 février 2014 (la photographie ci-dessus): « L’UMP a pris mercredi la défense de son président Jean-François Copé, objet de vives critiques après sa dénonciation du livre Tous à poil, qu’il a recommandé [sic] pour les classes primaires ».
[PS: signalé au Canard Enchaîné, qui l’a repris, édition du 19 février 2014!]
Avant d’attaquer le sujet, je voudrais vous conseiller l’article recommandé hier par Philippe, la vision en bande dessinée du sexisme ordinaire par Lili aime le nougat. Je rappelle aussi aux imbéciles qui seraient tentés de s’attaquer aux sculptures qui suivent qu’elles sont protégées au titre des monuments historiques et que toute dégradation peut les envoyer en prison.
Direction tout d’abord pour Melle, dans les Deux-Sèvres, avec la façade de l’église Saint-Savinien, en centre-ville, à côté de l’ancien château (devenu hôpital) et de l’hôtel de Ménoc. Ce n’est pas l’église la plus célèbre des églises romanes de Melle où les églises Saint-Hilaire et Saint-Pierre sont sans doute plus visitées, mais elle vaut le détour. Quand elle est ouverte au public, n’hésitez pas à entrer, vous verrez entre autre un beau chapiteau sur l’histoire de saint Savinien.
La façade et la nef de l’église Saint-Savinien datent de la deuxième moitié du 11e siècle (le transept et chevet sont un peu plus récents, du 12e siècle). La sculpture qui nous intéresse se trouve en façade. Il s’agit d’une métope qui représente une scène explicite d’accouplement. L’homme et la femme, tête contre tête, sont en position assise, la femme à gauche, grassouillette, tient l’épaule du monsieur (plus svelte) dont le sexe est bien visible et engagé entre ses cuisses.
Si on se déplace un peu plus à gauche de la façade, une autre métope montre un homme nu, allongé sur le ventre, sexe bien visible aussi…
Il y a beaucoup d’autres scènes de ce type dans l’art roman, pas seulement de chastes Adam et Eve ou des femmes dénudées pour symboliser la luxure, je vous en montrerai d’autres un de ces jours… En attendant, avançons un peu dans le temps, vers la fin de l’époque gothique, au sud de la Vienne, à Payroux. Nous voici à l’intérieur de l’église Notre-Dame, de quoi se réconcilier avec la messe si on s’y ennuie…
Comment ça, vous ne voyez rien? On s’approche, désolée pour la qualité de la photographie, en intérieur, mon appareil photo ne fait pas toujours bien le point… Bon, pas facile pour un sculpteur de bien montrer ces scènes. L’homme et la femme sont allongés sur le dos, sexe contre sexe au centre du chapiteau et tête vers l’extérieur, la femme à gauche et l’homme à droite. La femme, seins nus et tête sur un oreiller, semble passive, les bras levés. L’homme, tête tendue vers l’arrière, semble plus actif et lui tient fermement les jambes écartées de chaque côté de son corps à lui. Aucun doute sur la nature de leur relation, là aussi, le sexe de l’homme est bien engagé dans celui de la femme, ses jambes à lui sont repliées vers le haut. Position inconfortable et peu réaliste, il s’agissait plus de montrer l’acte. Alors, Tous à poil, même à l’église???
Photographies de 2010.
PS: et les animaux aussi peuvent avoir des érections dans l’art roman… Voir ou revoir la lutte finale et un obscena sur une absidiole du transept de l’église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers.