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La gare de Limoges, l’extérieur

La gare de Limoges, vue rapprochéeLe président de la République l’a décidé, dans la fusion des régions, Poitou-Charentes sera mariée de gré ou de force avec le Limousin et le Centre, formant au choix des internautes Police (POitou LImousin CEntre), CCCP (façon URSS en cyrillique, Centre Charentes Corrèze Poitou) ou, mon préféré, Plouc (PoitouLimOUsinCentre)… Puisque le mariage est annoncé et que l’on ne sait pas encore quelle sera la capitale (Orléans est peu probable, trop excentrée, Poitiers et Limoges trop petits, peut-être Tours?), penchons-nous sur le patrimoine… J’ai déjà consacré une longue série d’articles à Tours, parle de Poitiers chaque dimanche, mais ai peu abordé Limoges, la dernière fois l’année dernière contre le projet de LGV Poitiers-Limoges… Retournons-y, avec des photographies de novembre 2010.

[PS: et pour mettre de l’huile sur le feu, à côté de l’Aquitaine d’Aliénor (et des Guillaume, comte de Poitou-duc d’Aquitaine), il y a aussi Charles II de Poitou, futur roi Charles VII, comte de Poitou, duc de Touraine, duc du Berry, LOL!]

La gare de Limoges, vue du parc voisinDébarquement à la gare des Bénédictins, en centre-ville et au coeur des voitures, mieux vaut s’éloigner un peu pour voir l’ensemble.

L'ancienne gare de Limoges de 1856, vue sur une carte postale ancienne antérieure à 1914La première gare construite en 1856, que l’on peut voir sur cette acrte postale ancienne, a été remplacée par la gare actuelle entre 1925 et 1929 par Roger Gonthier (1884-1978), architecte de la compagnie du Paris-Orléans dont les initiales PO parsèment la façade.

La gare de Limoges, vue extérieure du dômeDominée par son campanile (haut d’une soixantaine de mètres) et surtout célèbre pour son dôme d’une trentaine de mètres de diamètre, la gare a été inscrite parmi les monuments historiques en 1975, elle a failli être détruite par un incendie en février 1998. Deux ans de travaux de restauration ont été nécessaires et le dôme presque entièrement reconstruit à l’identique.

La gare de Limoges, signatures H. Varenne, 1927, sur les statuesLa large façade est encadrée par deux petites entrées sous marquise, départs à gauche et arrivées à droite. Cette façade est cernée par deux statues monumentales dues à Henri [Frédéric] Varenne (1860 – 1933), qui a réalisé pour la même compagnie la sculpture de la façade de la gare de Tours (mais pas les allégories de Limoges et Nantes par Jean Hugues, les allégories de Bordeaux et Toulouse par Antoine Injalbert) et beaucoup d’autres œuvres. Henri [Frédéric] Varenne a laissé sa signature, H. Varenne et 1927 sur les statues, 1926 sur les reliefs qui ont pris place dans les écoinçons monumentaux.

La gare de Limoges, allégorie de Cérès par VarenneA gauche, Cérès, déesse de l’agriculture, est représentée nue, accoudée sur l’arc avec un bœuf et des gerbes de céréales.

La gare de Limoges, allégorie de Mercure par VarenneA droite se prélasse Mercure, dieu des voyageurs (du commerce et des voleurs), avec son caducée et coiffé de son casque ailé mais accompagné d’attributs industriels plus inhabituels. On retrouve le couple Cérès/Mercure par exemple sur les halles de Niort (1871) ou sur l’ancienne chambre de commerce de Poitiers (1935, par Raymond Couvègnes).

La gare de Limoges, allégorie de la porcelaine par VarenneLes deux statues monumentales sont des allégories des activités industrielles de la ville de Limoges, liées aux arts du feu, la porcelaine et l’émail. Les deux sont représentées sous les traits d’une femme assise accompagnée d’un enfant qui se tient par terre, en appui sur les genoux de la femme. La figure de la porcelaine tient un vase…

La gare de Limoges, allégorie de l'émail par Varenne… alors que celle qui figure l’émail tient un petit coffret (en cours d’émaillage?).

La gare de Limoges, allégorie de l'émail et fronton du hall d'arrivéeLe jour de ces photographies, il faisait beau mais … j’avais un train à prendre, lors de mon passage suivant (il y a presque un an, en mai 2013, il y avait de belles giboulées), du coup, je ne peux pas vous montrer de belles photographies dela tête de Mercure sur la façade nord, ni, côté ouest, les armes des villes desservies par le Paris-Orléans (et au-delà), les actuelles gares sur le POLT (revoir LGV Poitiers-Limoges versus Polt) / Paris-Orléans-LimogesToulouse via Montauban, ainsi que les armoiries d’Agen, Périgueux, Blois, Bourges,  BordeauxPoitiers et Tours, la boucle du futur PLOUC (et de l’option abandonnée de l’union avec l’Aquitaine) est bouclée! Allez, j’ai quand même quelques photographies prises sous le dôme… pour un autre article! [à lire maintenant ici: La gare de Limoges, l’intérieur].

Photographies de novembre 2010.

La grande poste d’Angers

La poste centrale d'Angers, 1, deux vues générales de l'extérieur. La grande poste d’Angers, rue Franklin-Roosevelt, a été construite à partir de 1934 par l’architecte des PTT Gabriel Guchet (ouverte en 1937), en remplacement de l’ancienne poste qui est maintenant un café place du ralliement (je vous le montrerai…). Je tire les informations du dossier établi par le service de l’inventaire des Pays-de-la-Loire (avec des photographies des destructions de 1993), complété par ce que j’ai remarqué sur place… Je n’ai pas eu le temps de faire de recherches plus approfondies et pas trouvé le nom du sculpteur… Pas de doute, c’est un bâtiment typique des années 1930, qui a l’intérieur a été entièrement ravagé par les aménagements de la poste (comme ce qui est actuellement en train de se passer pour la grande poste de Poitiers, avec pour résultat des guichets et des mosaïques massacrés) : en 1961, puis en 1992, la poste d’Angers a perdu ses vitraux (qui étaient consacrés aux productions de l’Anjou), les mosaïques des sols et des comptoirs (ça rappelle furieusement ce qui est en train de se passer à Poitiers, je vous en reparle très vite) ainsi que les parties ouvrantes de la grille d’entrée. Nous avons donc maintenant une enveloppe qui n’a plus rien à voir intérieurement avec le projet initial. l’extérieur est préservé, l’intérieur massacré…

Elle reste néanmoins extérieurement très colossale… au sens propre, avec ses colonnes lisses à gros chapiteaux en fleur de lotus et ses façades en arc de cercles.

La poste centrale d'Angers, 2, relief au-dessus de l'entrée et caducée Le caducée ailé et les foudres (les éclairs terminés en flèche, en arrière-plan) rappellent Mercure, messager des dieux, et lui-même dieu du commerce et des voleurs, fréquemment représenté sur les postes… Mercure est aussi représenté sur un bas-relief imposant sur la rue Saint-Julien, encadré de l’ancien et du nouveau continent, mais oups, mes trois photos de ces reliefs sont inutilisables (ouf, je suis retournée à Angers début 2012, voir maintenant la façade rue Saint-Julien). Revenons donc sur la façade principale. Au-dessus de l’entrée, les armoiries de la ville sont encadrées de deux monuments symboliques d’Angers…

La poste centrale d'Angers, 3, reliefs au-dessus de l'entrée, la cathédrale et le château A gauche, la cathédrale, à droite, le château d’Angers, chacun avec une corne d’abondance qui part du blason central… en dépit de gros nuages qui s’amoncellent au-dessus des deux reliefs.

La poste centrale d'Angers, 4, les reliefs avec la poste ancienne

Deux séries de reliefs ont pris place à gauche et à droite de la porte principale, sur des reliefs au-dessus des fenêtres du rez-de-chaussée. Sur la gauche sont représentés les moyens anciens de faire parvenir le courrier : les pigeons voyageurs (qui eurent encore une grande importance pendant la première guerre mondiale), les ballons et le dirigeable, le voilier, la callèche qui transporte aussi des voyageurs « avec armes et bagages ».

La poste centrale d'Angers, 5, les reliefs avec la poste moderne

Sur la droite, voici les moyens modernes de transport du courrier : le train (à vapeur), le bateau façon transatlantique (aussi à vapeur, avec un minuscule petit bateau à voile sur sa droite), le camion façon croisière jaune et l’avion biplan de l’aéropostale…

Un beau décor sculpté… En prenant mes photographies, une dame d’un certain âge s’est arrêtée… elle vit près de cette poste depuis 30 ans et n’avait jamais remarqué la sculpture… Nous avons papoté un petit moment…

Photographies d’octobre 2011.

Retour sur la grande poste à Poitiers…

La grande poste de Poitiers, carte postale ancienneEn ouvrant une page pour ranger les dates portées signalées au cours de mes articles (et oui, c’est la faute à Monique / Bidouillette / Tibilisfil et à son défi relevé ici pour Cahors et là pour Poitiers, Confolens et Lessac), je suis retournée vérifier la grande poste de Poitiers, et j’ai vu que c’étaient des photographies réalisées avec mon ancien appareil photographique… La poste centrale ou grande poste de Poitiers a été construite à partir de 1910 par l’architecte poitevin Hilaire Guinet (qui y a aussi réalisé l’immeuble de la banque de France rue Jean-Jaurès), à l’emplacement de l’ancien couvent de la Visitation transformé en prison sous la Révolution puis démoli en 1904, actuellement dans l’angle formé par la rue des Écossais et la rue Arthur-Ranc.

Poitiers, complément de la grande poste, 1, signature de l'architecte Guinet Je suis donc allée refaire quelques photographies de détail… D’abord de plus près la signature de l’architecte Hilaire Guinet et la date 1919.

Poitiers, complément de la grande poste, 2, signature du sculpteur Octobre Et celle du sculpteur Aimé Octobre, avec la date 1913 (et oui, la grande guerre a ensuite interrompu le chantier de la poste), grand prix de Rome en 1893, dont je vous ai montré les monuments aux morts de Angles-sur-l’Anglin (1926), de Poitiers et les monuments aux morts de 1870 et de 1914-1918 à Châtellerault.

Poitiers, complément de la grande poste, 3, allégorie féminine à gauche Concentrons-nous aujourd’hui sur sa sculpture, mais si vous passez à Poitiers, entrez aussi pour voir les mosaïques et les guichets… Faites vite, avant que les projets de massacre de ce joyau ne soient mis en œuvre par la poste au nom de la modernisation… Beaucoup de bureaux de poste anciens sont fiers de montrer qu’ils prennent soin de leur patrimoine, à Poitiers, on a toujours un train de retard, comme dans les années 1970, on continue à détruire l’art nouveau, les sites médiévaux pour y construire des horreurs en parpaing (la résidence à côté de l’église Saint-Hilaire, dans l’ancien cloître), les sites romains (gaz de France s’acharnant au marteau-piqueur sur l’amphithéâtre antique de Poitiers il y a quelques semaines)…

Revenons à la façade de la poste. À gauche, Aimé Octobre a représenté une femme à moitié dénudée, sans aucun doute une figure allégorique, mais je ne l’ai pas identifiée…

Poitiers, complément de la grande poste, 4, détail de l'allégorie féminine Elle ne porte aucun attribut clair (pour Grégory, c’est esquisse d’un instrument aratoire et il propose d’y voir l’agriculture, en réponse au commerce de Mercure, par comparaison avec l’agriculture de Louis Ernest Barrias sur le fronton de l’hôtel de ville de Poitiers).

Poitiers, complément de la grande poste, 5, l'allégorie masculine (Hermère ou Mercure) À droite, un homme nu qui tient un globe et un Caducée, il s’agit donc de Mercure ou Hermès, dieu du commerce… et des voleurs (c’est le même dieu, le premier pour les romains, le deuxième pour les grecs).

Poitiers, complément de la grande poste, 6, détail du caducée Voici de plus près le caducée, cette sorte de bâton avec un serpent enroulé et les ailes, allusions aux pieds ailés du Dieu antique.

Poitiers, complément de la grande poste, une tête au-dessus de la porte Et au-dessus de la porte, il y a une jolie tête de femme portant un casque ailé (allégorie de la poste?) émerge d’une guirlande de roses et de fruits (symboles de l’abondance…).

PS : suite au commentaire de Grégory Vouhé : je trouvais cette tête trop féminine pour être une tête de Mercure… Le modèle préparatoire est plus masculin… Adopté, je suis maintenant d’accord pour Mercure, qui est une figure classiquement représentée sur les postes… Mercure, messager des dieux, et lui-même dieu du commerce et des voleurs.

Depuis cet article, les guichets et les mosaïques ont été massacrés.

Pour en savoir plus, paru après cet article : Un article de Grégory Vouhé paru dans l’Actualité Poitou-Charentes n° 94 (automne 2011) : Le chef-d’oeuvre d’Hilaire Guinet, p. 20-23.

Les halles de Niort

Niort, les halles, 01, un samedi de mai 2010 avec le marché Allez, un peu de soleil, ça vous dit? Direction Niort, chef-lieu du département des Deux-Sèvres, avec des photographies de mai 2010, un jour de marché, le samedi, nous sommes devant les halles, juste à côté du donjon. Contrairement à Poitiers, qui a fait table rase de ses anciennes halles métalliques remplacées par un horrible marché couvert en béton (qui va coûter une fortune dans les prochains mois pour qu’enfin, les commerçants ne soient plus congelés en hiver et mijotés à point en été), Niort a gardé son ancien bâtiment qu’elle restaure peu à peu (inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques).

Niort, les halles, 02, pilier métallique Ce marché couvert à structure métallique fut inauguré en 1871 (sur un concours lancé en 1866) sur les plans de Durand, ingénieur civil sorti de l’école centrale, architecte à la ville de Niort. Le bâtiment présente une large nef centrale et de deux bas côtés, plus à l’extérieur deux galeries couvertes. Vous voyez ici un exemple de pilier métallique.

Niort, les halles, 04, signature du fondeur Je n’ai pas retrouvé la signature de l’architecte ni celle de l’entrepreneur niortais à qui furent adjugés les travaux, Aubert Frères. Sur les piliers métalliques se trouvent la signature du fondeur (QUESTROY & Cie / FONDEURS / LILLE – NORD)…

Niort, les halles, 05, signature du charpentier métallique ou, dans d’autres cas, du charpentier métallique (J. BATAILLE & PERISSE / ING[énieu]rs CONSTRUCTEURS / PARIS). Vous savez quoi? J’ai eu la flemme de chercher plus d’informations sur tous ces personnages et usines, LOL! Ces signatures sont aussi une sorte de garantie et de contrôle de la structure en métal.

Niort, les halles, 03, côté donjon Les halles sont dans la pente du terrain, d’un côté, elles sont posées sur une structure en briques. Elles sont situées juste à côté du donjon, dont on voit ici le reflet. Tout en haut, vous distinguez le système d’éclairage par un lanterneau.

Niort, les halles, 06, le fronton principal Approchons-nous, voici le fronton… en fonte de fer, je pense, comme le reste du bâtiment.

Niort, les halles, 07, la signature illisible du fronton Impossible de lire la signature du sculpteur, j’avais oublié mes jumelles, il faudrait revenir en dehors d’un jour de marché pour pouvoir s’approcher plus facilement…

Niort, les halles, 08, Mercure À gauche, voici Mercure, le Dieu des marchands… et des voleurs! Il est ici pieds nus, avec un casque ailé (d’autres fois, il porte les ailes au pied, il est aussi le psycho-pompe, celui qui conduit les âmes des défunts à Cerbère, qui garde les enfers), vous avez vu comme il tient sa bourse bien serrée dans sa main gauche ?

Niort, les halles, 09, Cérès De l’autre côté de l’horloge, Cérès, déesse de l’abondance, de l’agriculture, avec ses fruits et ses légumes… Elle est représentée à l’Antique, sein droit dénudé, coiffée d’un chignon. Je vous ai déjà montré un couple Mercure et Cérès très différent, sur l’ancienne chambre de commerce de Poitiers… mais plus récent (1935, par Raymond Emile Couvègnes).

Niort, les halles, 10, horloge et monstres Au-dessus de l’horloge, avec un cadran du fabricant Lambert, deux petits personnages barbus et armés d’une massue encadrent les armoiries de la ville de Niort (on les trouve généralement autour des armoiries de la ville, voir aussi sur l’hôtel de ville)…

Niort, les halles, 11, fronton côté Sèvre Allez, on fait le tour, côté Sèvre niortaise, il y a moins de monde, c’est plus facile de faire des photographies de face… mais pas de signature de ce côté-ci, snif!

Niort, les halles, 12, Mercure côté Sèvre Voici de plus près Mercure…

Niort, les halles, 12, Cérès côté Sèvre Cérès…

Niort, les halles, 14, monstres côté Sèvre Et les petits personnages, désolée pour le rayon de soleil… L’horloge est plus abîmée par ici.

Niort, les halles, 12, vue intérieure Voici une vue intérieure…

Ah, et si vous voulez faire vos courses, le site des commerçants des halles de Niort, c’est en suivant le lien.

Niort, les halles, 13, le côté avec soubassement Et une dernière vue prise en juillet 2011 (les autres datent du printemps 2010), qui montre mieux le dénivelé.