Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 6. Une belle ruse

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, et les gendarmes, voici une belle ruse… vue par les enfants de primaire (enfin, les garçons!) qui semblent plus admirer les fraudeurs que le pauvre douanier berné.

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

Voici donc la suite du manuel du parfait petit fraudeur trans-frontalier… mais il vous faudra attendre une nuit d’orage pour l’imiter!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 9 et 10

Une belle ruse
Ceci se passait il y a quelques années. La route du Bas-Préau est interdite aux voitures de toutes sortes.

Le passage de la frontière au Bas-Préau à Mouchin, cliché Lucien Dujardin

Le pont sur l’Elnon marque aujourd’hui la frontière entre la France et la Belgique au Bas-Préau à Mouchin. Cliché Lucien Dujardin.

Pour éviter qu’elles puissent passer, malgré l’interdiction, cette route est barrée.
On a enlevé des pavés et enfoncé obliquement, tout en travers de la route des rails d’acier. Impossible de passer avec une auto à travers ce barrage.
Cette nuit-là, il faisait un temps épouvantable: éclairs, tonnerre, pluie, vent, nuit noire.
Le douanier de faction, à quelque vingt mètres du barrage, s’était mis tranquillement à l’abri dans sa baraque.
Des fraudeurs, profitant de l’obscurité et du bruit que faisait la tempête, entreprirent de démolir le barrage.
Les rails sont enlevés et nos fraudeurs enfoncent dans le sol, à la place des rails, des bouts de tuyaux de poêle d’égale longueur. Ils les enfoncent légèrement, les calent avec quelques cailloux, se retirent en emportant les rails.
Puis la tempête cesse, la pluie aussi. Le jour point, et, dans l’aube naissante, le douanier de service voit que sa route est toujours bien barrée; il est tranquille.
Quelques instants plus tard, il voit arriver devant lui, venant de Belgique, une forte auto.
Le douanier ne s’en soucie pas, se disant: elle se trompe de route et il faudra bien qu’elle s’arrête au barrage.
Mais l’auto, loin de ralentir… accélère, prend de la vitesse, arrive à toute allure sur le barrage, fait sauter les « tuyaux de poêle » au grand ébahissement du pauvre douanier qui, le temps de revenir de son effroi, voit passer, impuissant, une auto bien chargée de tabac!
Vite au téléphone de la cabine pour alerter toute la douane, mais le téléphone ne répond pas, et pour cause: tous les fils sont coupés!
Et l’auto est bien loin.
Depuis cette aventure… on a rapproché le barrage de la cabine du douanier.

Voir la suite: le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Terezin Plage de Morten Brask

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Terezin Plage de Morten BraskJe vous ai récemment parlé du camp de Terezin à propos de l’opéra L’empereur d’Atlantis, qui avait été écrit dans ce camp par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne). Et de mon côté, je suis tombée à la médiathèque, au rayon large vision, sur un roman dont le cadre est justement le camp de Terezin… un camp de transit vers les camps de concentration mais présenté comme un « camp modèle » par les Allemands, avec un « conseil des anciens » censé organisé la vie dans le camp.

Le livre: Terezin Plage de Morten Brask, traduit du danois par Caroline Berg, éditions des Presses de la cité, 2011, 330 pages, ISBN 9782258085190  (lu en large vision aux éditions A vue d’oeil).

L’histoire: 1943, dans un wagon à bestiaux parti du Danemark depuis trois jours. Daniel Faigel, jeune médecin, ne sait pas encore qu’il va bientôt arriver dans le camp de Terezin, près de Prague. Avec quelques vêtements, il a emporté un album de photos de famille. Son père était juge à la cour suprême du Danemark, mis à l’écart car juif, avant de mourir il y a quelques mois. Blessé par la maladie de sa femme, il n’avait jamais accepté que son fils choisisse la médecine au lieu du droit. A son arrivée à Terezin, il est affecté à l’hôpital Hohen Olben, où les malades s’entassent dans la crasse à plusieurs par lits, sans médicaments ni moyens. Un chirurgien se débat seul dans ce chaos, les précédents médecins ayant été déportés dans des convois vers les camps plus à l’est. Au hasard d’une visite dans un baraquement de femmes, il fait la connaissance de Ludmilla, dont il tombe amoureux. Il est aussi régulièrement appelé à l’extérieur, pour soigner les putains des SS dans un bordel de Prague. Une délégation de Danois et de représentants de la croix rouge est annoncée, il s’agit de rendre le camp « présentable ». Nos deux jeunes tourtereaux s’en sortiront-ils malgré les circonstances?

Mon avis: le roman oscille entre la vie dans le camp et le passé du jeune médecin, par l’intermédiaire de l’album photo ou de criconstances qui lui rappellent des souvenirs, où le lecteur va peu à peu reconstituer son enfance et la folie de sa mère. Pour ce que j’ai pu lire sur le camp de Terezin (voir les liens en fin d’article), je pense que ce roman rend assez bien l’ambiance, entre « camp modèle » géré par les anciens, les kapos tchèques, les SS allemands, et le départ régulier des convois vers les camps d’extermination. L’histoire d’amour avec Ludmilla, la jeune tchèque atteinte de tuberculose, est moins convaincante. Je vous en conseille néanmoins la lecture!

Pour aller plus loin:

– le site officiel du mémorial de Terezin / Theresienstadt

– un article de Élise Petit, Musique, religion, résistance à Theresienstadt

Le printemps par Véro bis

carte du printemps des poètes à ToursJ’ai reçu une grosse enveloppe de la part de Véro bis. J’ai choisi de mettre en exergue une carte éditée par la ville de Tours pour le printemps des poètes, avec une peinture de Elisabelle et un texte inédit de Alain Boudet:

« Un poème est couché
tout au fond d’un cartable
Un poème tombé d’un cahier
Il a faim
Il a soif
Il est là
Il attend
oublié cabossé racorni
chiffonné plié ratatiné
mais pas désespéré
Il attend l’enfant
et sa voix de pain d’épice
l’enfant qui saura redonner
la douceur d’un chant à ses mots
la couleur d’un ciel à son ombre
dans une rumeur de nuage
Il attend
celui qui saura entrer dans sa lumière
celle qui pourra défroisser son chagrin
Et c’est peut-être toi
qu’il attend ».

Tours, la gare, l'intérieur, 07, ChinonC’est aussi un clin d’œil aussi à « JM », l’un de mes lecteurs qui se rend aujourd’hui justement à , pour assister à la remise des prix du concours de poème sur les céramiques de la gare… dont je vous ai déjà parlé et qui nous avaient mis en relation: revoir les céramiques peintes du côté nord avec Carcassonne, Langeais, Chinon, Arcachon, Cahors, Luchon et, pas photographiés, Vicq-sur-Cère et Amboise, du côté sud avec Azay-le-Rideau, les gorges du Tarn, Loches, Biarritz, Belle-Isle-en-Mer, Josselin, Erdeven, Saint-Jean-de-Luz et Fontarabie, et leurs signatures, Utzschneider et Compagnie, Alexandre de Geiger, Digoin, Paris, Sarreguemines, Simas, Mothes). Si la poésie vous intéresse, je vous invite aussi à rendre visite à Vinvella, qui vous propose une sélection de poèmes dans sa rubrique poésie

Kaléidoscope de photos des escapades de Véro bisRevenons au bel envoi de Véro bis (n’hésitez pas à aller lui rendre visite)! Elle l’a accompagné d’une grande carte avec un montage en forme de kaléidoscope à partir des photographies prises lors de ses escapades…

Cartes à publicité envoyées par Véro bis, mars 2013Elle y avait joint de nombreuses cartes à publicité et des marque-pages… La dernière carte est pour les manifestations autour des 500 ans de la mort d’Anne de Bretagne… dont le cœur a été déplacé du château des Ducs de Bretagne (que vous avez pu apercevoir lors de mon VAN / voyage à Nantes en 2012) au château de Blois.

Cartes à publicité envoyées par Véro bis, mars 2013Parmi les cartes, vous remarquerez deux cartes au format carré, l’une pour une exposition d’Évelyne Plumecocq à Saint-Pierre-des-Corps et l’autre pour une exposition à Rome (Lee Jeffries Homeless au Museo di Roma in Trastevere).

Dix mots 2014, ma proposition

Logo des dix mots de la langue française 2014Voici le retour de la semaine de la langue française, ça sera cette année du 15 au 23 mars 2014 sur le thème dis-moi dix mots… à la folie. Vous pouvez tous jouer, en ligne, dans les médiathèques et plein d’autres lieux à découvrir sur le site officiel, etc. Capucine O a déjà fait une proposition en image et en texte!

Les mots de cette année sont

ambiancer, à tire-larigot, s’enlivrer, charivari, faribole, hurluberlu, ouf, timbré, tohu-bohu, zig-zag

Voici le texte que je propose…

Ouf! Quel charivari!
Un hurluberlu timbré
voulait ambiancer la bibliothèque
en s’enlivrant!
Il avançait en zig-zag
au milieu des livres,
racontant des fariboles
à tire-larigot
dans un tohu-bohu indescriptible.

Vous pouvez revoir les versions que j’ai proposées en 2008, en 2009, en 2010, en 2011, en 2012 et en 2013.

Le haricot magique, 7, page 2, terminée

Le haricot magique, page 2, détails du maïsJ’ai terminé la deuxième page du haricot magique. Après le paysage, les feuilles de maïs et les barrières, j’ai réalisé les épis de maïs en feutrine jaune, suivant les instructions un peu trop succinctes du modèle…

Le haricot magique, page 2, terminéePour « l’herbe », le grand aplat vert ne me plaisait pas trop. Du coup, j’ai décousu un petit côté, glissé une pièce de molleton fin, refermé et cousu quelques « vagues » à la machine, et voilà, je suis assez satisfaite de cette page…
Cette page mesure 40 cm de côté.

Le projet: réaliser pour Noël 2014 (finalement courant 2015) trois contes tirés de Créez vos contes en tissus, de Anne Guérin, créapassions, 2011 (il existe une deuxième édition corrigée en 2013 mais apparemment avec toujours beaucoup d’imprécisions), Boucle d’or, le petit chaperon rouge et le haricot magique.

Suivre l’avancée du haricot magique

La vache du haricot magique terminéeLes poupées : le début et la fin de la vache, la casquette et la chemise de Jack,

Le haricot magique, l page de couverture terminéePage 1 : positionnementdébut de la fixation des lettres, page 1 terminée

Le haricot magique, page 2, terminéePage 2 : le paysage, le début et la fin des feuilles de maïs, les barrièrespage 2 terminée

Haricot magique, la page 3 terminéePage 3: le paysageétals des marchands et du stand de tissus, les légumes, les marchands, les tonneaux et la page 3 terminée

Le haricot magique, pages 4 et 5, terminéesPages 4 et 5: le patron, le paysage, les maisons, la fumée, les tuiles et les briques, fixation avec des points de festondes points de tige et de bouclette, les pages 4 et 5 terminées

Le haricot magique, page 6 terminée avec des points de tige, de bouclette et de noeudPage 6: le patron, le décor et la maison, les briques et les tuiles, la page 6 terminée

Haricot magique, pages 3 à 6, terminées avec des oiseaux et quelques nouvelles fleursPages 3 à 6: l’assemblage, le début des finitionspages 3 à 6 terminées

Page 7: demande de conseil, le début et la fin de la tige, les nuages extérieurs, le paysagePouët, pouët, le château vide, les poussins, la table de l’ogre, les feuilles sur la tigesur un petit nuage

Le livre du haricot magique terminé

Suivre l’avancée du petit chaperon rouge

Les poupées du petit chaperon rouge: loup, bûcheron, grand-mère et filletteLes poupées: le loupà poil, le bûcheron et sa scie, la grand-mère, le petit chaperon rouge sans capuche, le petit chaperon rouge terminé

La préparation du plateau de jeu

La forêt: troncs, un arbre peut en cacher un autre, d’autres arbres, des nuages, un chemin, des fleurs brodées, le chemin de la troisième case, les arbres et les nuages de la troisième case

La chambre de la grand-mère : l’armoire, le lit et la tablepréparation de la pièce, la chambre meublée

Les maisons: les toits, les murs, une autre maison

Les deux premières pièces

Voir la version de Hanrietta

Juge Bao et la belle endormie, de Patrick Marty et Chongrui Nie

pioche-en-bib.jpgCouverture de Juge Bao et la belle endormie, de Patrick Marty et Chongrui NieCe petit album, le troisième d’une série consacrée au Juge Bao (999-1062), avait été mis en valeur dans une sélection de bandes dessinées de la médiathèque.

Le livre : Juge Bao et la belle endormie (tome 3 de la série Juge Bao), de Patrick Marty (scénario) et Chongrui Nie (dessins), éditions Fei, 2011, 156 pages, ISBN 978-2-35966-006-7.

L’histoire : En Chine, sous la dynastie des Song du Nord au 11e siècle. Le juge Bao a été chargé par l’Empereur d’enquêter sur la famine sévit à He Zhong, capitale de la province du He Nan. Il soupçonne des détournements du riz envoyé par l’empereur par le gouverneur de la province, le duc ZHao. Avec l’aide de ses soldats, de son secrétaire-médecin légiste et d’un adolescent plein d’astuces, le voici qui suit de près une nouvelle livraison de vivres. Malgr la famine qui sévit, le duc ZHao veut donner un grand banquet pour fêter la naissance de son petit-fils, le fils de sa nièc, qui semble bien hostile. La maternité du bébé est revendiquée par une autre jeune femme,  récented’une tentative de meurtre par empoisonnement, comme un homme retrouvé justement mort au même moment. Que se passe-t-il dans cette province chinoise?

Mon avis: Cet album en noir et blanc est dans un format assez inhabituel, 13 sur 18 cm « à l’italienne » (horizontal). Il m’a beaucoup fait pensé, en bande dessinée, à la série du juge Ti par Robert Van Gulick aux éditions 10/18… qui sont inspirés du même personnage mi historique mi mythique. Le scénario est bien mené. Le dessin à la plume est vif, parfois nerveux, avec forces hâchures (vous pouvez le voir déjà sur la couverture). Les aplats noirs sont traités de même, avec des grattages qui donnent des hâchures blanches.  Il faut que j’emprunte les autres tomes de la série à la médiathèque! Ils semblent avoir beaucoup de succès, je suis sur liste d’attente pour le premier tome de la série (voir Juge Bao et le Phoenix de Jade, Juge Bao et le roi des enfants, Juge Bao et l’auberge maudite, Juge Bao et les larmes du Bouddha)…

Logo top BD des bloggueursCette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Monstre ne me mange pas… par Cathdragon

ATC Monstre ne me mange pas, partie 1, Carl Cneut, par CathdragonJ’ai reçu une ATC (carte de 2,5 sur 3,5 pouces, 6,4 sur 8,9 cm) intrigante, accompagnée d’une lettre d’explications de la part de Cathdragon. Elle s’intitule « Monstre ne me mange pas, partie 1, Carl Cneut »… du titre d’un tableau utilisé sur un carton d’invitation à un vernissage dans un centre culturel toulousain. Cathdragon a donc découpé l’illustration de Carl Cneut, l’a partagée pour faire une autre ATC partie chez Zazimuth, et l’a agrémentée avec un ruban, du croquet, de la dentelle, une fleur et une petite mouche qui vient saluer la chenille… Un grand merci à toi, Cathdragon! Vous pourrez voir chez elle les deux ATC et plein d’autres choses!

A Poitiers, la femme serait-elle une chimère?

Poitiers, les nouveaux sièges de l'auditorium du muséeEn ce dimanche matin, je pensais vous montrer des œuvres de street art repérées lors de mes promenades ces derniers jours de beau temps à Poitiers, ainsi que d’autres plus anciennes… mais j’ai eu des difficultés pour traiter seule mes photographies et vous les découvrirez donc prochainement en deux épisodes je pense. En attendant, comme c’est aujourd’hui le dernier jour pour voir l’exposition La licorne et le bézoard au musée de Poitiers, je voulais aussi partager avec vous quelques réflexions suite à la conférence à laquelle j’ai assisté lundi dernier (10 mars 2014, à 18h30) autour de cette exposition. Le 10 mars, soit deux jours après la journée de la femme de l’ONU, nous avons à nouveau eu une conférence et une table-ronde avec … cinq messieurs à la tribune, mais à Poitiers, nous avons l’habitude de ces hommes qui parlent entre eux (lire ou relire l’article Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?). A la tribune donc, Philippe Piguet pour une grosse demi-heure autour des Curiosités contemporaines, suivi d’une demi-heure de présentation des curiosités cachées au musée de la chasse et de la nature à Paris par son directeur, Claude d’Anthenaise (dans le Marais, un charmant hôtel particulier où il est agréable de flâner entre les archives nationales et l’ancienne bibliothèque nationale, en revanche, page d’accueil du site illisible pour moi sauf à interdire leur mise en page et images de fond, avec un texte en blanc et à les remplacer par mes propres paramètres), et une petite heure de débat où ils ont été rejoints par Dominique Moncond’huy, l’un des commissaires de l’exposition, Jean-Luc Dorchies, directeur de l’école des beaux-arts de Poitiers et Pascal Faracci, le nouveau directeur des musées de Poitiers. Si les deux premières interventions étaient intéressantes, la table-ronde a tourné à la discussion « entre messieurs de bonne famille », sans se soucier de la présence du public, dont une bonne partie a fui petit à petit au cours du débat… Il faut dire que les nouveaux sièges de l’auditorium du musée sont particulièrement inconfortables, trop durs avec dossiers trop droits, il faut donc une bonne motivation pour y rester plus d’une heure. En plus, alors cette salle sert surtout pour des conférences et que le public a l’habitude de prendre des notes, ces chaises n’ont pas de tablettes pour appuyer le carnet ou la feuille!

Chaumont-sur-Loire 2012, Penone, l'arbre aux cailloux

Du côté des artistes cités et proposés, là aussi, quasiment que des hommes! J’ai noté ceux qui ont été illustrés par Philippe Piguet pour des curiosités contemporaines du monde végétal, du monde animal et du monde minéral… Là aussi, très très peu de femmes : deux (Anouck Durand-Gasselin et Valérie Graftiaux) pour 14 hommes! Parmi eux, Damien Hirst et Giuseppe Penone, le lien vous emmène à Chaumont-sur-Loire, la photo ci-dessus montre une oeuvre très proche de celles présentées à Versailles, mais franchement, si j’aime bien, je ne vois pas le rapport avec un cabinet de curiosité. J’ai ensuite arrêté de prendre des notes, la vue double après une demi-heure n’aide pas…

Je pense ne pas être la seule (cf. la question de M. Alain Tranoy à la fin de la conférence) à avoir du mal à suivre le propos, la chimère ferait-elle à elle seule le cabinet de curiosité? L’un des orateurs a beaucoup insisté sur le fait que les cabinets de curiosité impliquaient la présence de monstres comme ceux montrés autrefois dans les cirques… Il n’est pas allé jusqu’à parler des zoos humains. Pourtant, la muséographie de l’une des salles de l’exposition y faisait penser, ne serait-ce que par les miroirs déformants et la présentation de la femme à barbe (Portrait d’Antonietta Gonzales par Lavinia Fontana en 1583, habituellement présenté au château de Blois), éléments qui évoquaient beaucoup l’exposition Exhibitions il y a quelques années au musée du Quai Branly à Paris. La distinction avec les vanités n’est pas clair non plus (revoir C’est la vie, vanités, au musée Maillol il y a aussi un moment).

Metz 2012, Alain Bresson, 7, cornemoussePour les êtres hybrides, qu’ils soient ou non dans le sujet des cabinets de curiosité, je vous conseille de revoir les oeuvres de Alain Bresson, ici au jardin des plantes de Metz en 2012.

Mouton-papillon, street art à PoitiersEt vous pensez que ce mouton-papillon, dont je vous parlerai avec toute une série de moutons divers qui ont colonisé la ville de Poitiers ces derniers mois, pourrait aussi être ajouté à la collection des curiosités contemporaines?

Halte à la douane! Revue « enfantines » sur Mouchin (1935). 5. Pauvres gendarmes

Couverture de la revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à MouchinJe continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur , dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto et la fraude avec les chiens, voici les gendarmes… pas à Saint-Tropez, chez les ch’tis et vus par les enfants de primaire (enfin, les garçons!).

Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, pages 8 et 9

Et maintenant, voici quelques histoires…

Pauvres gendarmes
Un jour, une auto de fraude ayant réussi à franchir la frontière, se trouvait en panne, sur le bord de la route, dans la plaine de Planard.
Le calvaire de Mouchin vers Planard, cliché Lucien DujardinLes deux fraudeurs descendent et auscultent le moteur. Un ouvrier arrive avec son vélo.
– Bonjour, mon camarade; tu n’as pas vu de douaniers par là? Nous sommes des fraudeurs et notre auto est en panne.
– Non! je n’ai pas vu de douaniers, mais j’ai vu deux gendarmes. Et ils arrivent par ici.
– Ca, c’est mauvais! Quoi faire? Tiens, voilà dans ce champ un mont de fumier et une fourche. Bonne affaire!
L’un des fraudeurs s’en va tout seul, à pied, sur la route et l’autre va dans le champ. L’auto reste seule sur le bord du chemin.
Les gendarmes arrivent.
– Tiens! Tiens! Qu’est-ce que c’est que cette auto? Fouillons-là. Ah! mais, c’est une auto de fraude? Et pleine de tabac encore. Bonne prise!
Le fraudeur, qui s’était mis consciencieusement à répandre le fumier dans le champ arrive tout doucement, l’air innocent, vers les gendarmes.

revue Enfantines, n° 67, halte à la Douane à Mouchin, illustration page 9, les gendarmes poussent une voiture

 Ceux-ci demandent au « cultivateur »:
– Vous n’avez pas vu le propriétaire de cette voiture?
– Non! elle était déjà là quand je suis arrivé dans mon champ.
Les gendarmes. – Vous ne vous y connaissez pas dans la mécanique?
Le fraudeur. – Si, un peu.
Les gendarmes. – Alors, vous e pourriez pas essayer de dépanner cette voiture?
Le fraudeur. – Je vais essayer.
Et le fraudeur, abandonnant sa fourche, se met à vérifier le moteur. celui-ci se met à marcher.
Les gendarmes. – Vous allez conduire cette voiture au bureau des douanes.
Le fraudeur. – Volontiers… mettez-vous à côté de moi.
Et l’auto démarre, fait 20 mètres, et s’arrête.
Bon! encore la panne. Descendons.
Tout le monde descend, et le moteur ne consent pas à tourner.
Le fraudeur. – Si vous poussiez un peu derrière, peut-être qu’étant lancée, elle se mettrait en route?
Les gendarmes. – On va pousser, mettez-vous au volant.
Et les gendarmes poussent

Voir la suite: une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.

Le plafond du théâtre/opéra Graslin à Nantes par Hippolyte Berteaux

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin par Hippolyte Berteaux, vue d'ensembleLors du Voyage à Nantes en juillet 2012 (voir les liens en fin d’article), j’étais entrée dans l’opéra Graslin à Nantes, dont la façade était encore en cours de restauration. En 1880, la ville de Nantes confie la réalisation du plafond au peintre Hippolyte [Dominique] Berteaux (Saint-Quentin, 1843 – Paris, 1926, voir sa fiche de la légion d’honneur, le site du centre Pompidou donnant 1928) . Il fut inauguré en 1881. L’ensemble a été présenté au salon des artistes français de 1881 sous les n° 151 et 152 (quelques pages plus loin sont répertoriés sous les n° 196 La rivière le Clain et 197 La rivière la Boivre, éléments du plafond peint de Émile Bin pour l’hôtel de ville de Poitiers).

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin par Hippolyte Berteaux, Il s’agit d’une grande toile tendue illustrée de thèmes allégoriques. « Musique, depuis le luth primitif jusqu’aux instruments modernes: accords parfaits. Gloire couronnant la musique moderne », telle est la description qu’en donne l’artiste dans le catalogue du salon. Vous remarquerez que la Gloire aux ailes largement déployées tient aussi… dans la trompette de la Renommée!

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin par Hippolyte Berteaux, le dieu MomosLe dieu Momos ou Momus (fils de la nuit, Nys, frère de Thanatos, la mort) est représenté armé d’une masse d’arme et brandissant le masque de la Comédie. Le catalogue du Salon précise (entre guillements, le reste, ce sont mes commentaires): « Momus, dieu de la raillerie, satyrique jusqu’à l’excès, tourne en ridicule les dieux et les hommes ». Mais juste au-dessus de lui, trône la comédie érotique, la partie du plafond la plus détaillée dans la description du Salon: « Comédie érotique : danse et chant, coquetterie, beauté, etc. ».  » Thallo écrivant des comédies érotiques ». La belle est lascivement allongée sur un nuage. « Une jeune fille aux pieds délicats, portant un thyrse qui frémit dans le lierre, danse au son du luth: près d’elle, un jeune homme à la belle chevelure marie, aux accords de la lyre, les accords d’une voix mélodieuse ». Ils se trouvent sur la gauche de Momus. « L’Amour aux cheveux dorés, le riant Bacchus et la belle Cythéris viennent se réjouir au banquet du dieu qui charme la vieillesse (Anacréon) ». Vous voyez l’Amour avec son arc et ses ailes au-dessus d’un couple enlacé?

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin par Hippolyte Berteaux, La scène avec la comédie érotique se poursuit sur le quart suivant.

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin par Hippolyte Berteaux, Oreste tourmenté par les FuriesSur le dernier côté, Oreste, tourmenté par les Furies, symbolise la Tragédie.

Nantes, le plafond peint de l'opéra Graslin, les logesJe me verrai bien prendre un jour place dans ce théâtre pour assister à un opéra de Nantes-Angers Opéra

Pour aller plus loin : voir la synthèse sous la direction de Philippe Le Pichon et d’Arnaud Orain, Graslin. Le temps des Lumières à Nantes, Presses universitaires de Rennes, 2008, 324 pages.

Pour ceux qui préfèrent un texte court, voir l’article de Laure Nemski, Le théâtre Graslin, Nantes au Quotidiensupplément au n° 143, mars 2004, p. 26-29.