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Des nouvelles d’Alain de Guibert, Keller et Lemercier

Couverture de Des nouvelles d'Alain de Guibert, Keller et Lemercierpioche-en-bib.jpgEn cherchant dans les bacs de bandes dessinées de la médiathèque, j’ai trouvé cet album avec des auteurs que j’apprécie, (L’enfance d’Alan, La guerre d’Alan, tome 1tome 2 et tome 3), qui a aussi écrit avec et , le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3).

Le livre: Des nouvelles d’Alain de Alain Keller (photographies et récits), Emmanuel Guibert (dessins et rédaction) et Frédéric Lemercier (couleurs et mise en page), éditions Les Arènes, 2011, 95 pages, ISBN 9782352041382 (l’ouvrage rassemble quatre récits parus de 2009 à 2011 dans la revue XXI, augmentés de deux chapitres inédits et d’annexes pleines de ressources sur le sujet).

L’histoire: depuis 1999, Alain Keller sillonne l’Europe au volant de sa vieille Skoda à la rencontre des Roms et des Tsiganes au Kosovo à la fin de la guerre de Yougoslavie, dans le village de Ljubenic (chapitre 1), dans le bidonville de Gazela près de Belgrade en Serbie (chapitre 2), en République Tchèque (chapitre 3), en Italie, à Milan puis dans le sud, en particulier à Lamezia Terme près de Naples (avec la coopérative Ciarapani, chapitre 4), en Slovaquie (chapitre 5) et en région parisienne avec des expulsions de Roms venus pour une part de Roumanie (chapitre 6). Partout, ils sont victimes de ségrégation, d’expulsions, d’exactions (dramatiques incendies volontaires).

Mon avis: dans le premier chapitre, on retrouve , le photographe de la série éponyme (voir tome 1, tome 2 et  tome 3), décédé depuis et qui a fait connaître ses co-auteurs de cette série, et , à Alain Keler. Comme pour le Photographe, l’album mêle photographies et dessins, avec d’importantes annexes. J’ai beaucoup aimé ce style de photo/BD reportage très intéressant, que ce soit sur le plan graphique, avec un savant mélange de photographies (pleines pages et plus petites), de dessins et de textes. A côté du reportage, il y a aussi l’interrogation du photographe sur son métier, l’intrusion dans la vie de gens souvent maltraités et mal-aimés, il comprend donc quand il est chassé d’un camp et se blesse en prenant la fuite (page 49: « il m’arrive souvent de penser que si un inconnu sonnait chez moi, entrait et commençait à photographier ma chambre à coucher, je le foutrais sans doute à la porte, moi aussi »). Un album à lire absolument!

Pour aller plus loin sur le même thème:

Couverture de Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist MirrorJe vous ai parlé de deux livres proposés à la fin dans la sélection de lecture : l’excellente bande dessinée Tsiganes, camp de concentration de Montreuil-Bellay, par Kkrist Mirror, et Tsiganes, sur la route avec les Roms Lovara de Jan Yoors. Vous trouverez d’autres suggestions sous le mot-clef tsigane.

Dans les annexes, j’ai relevé, parmi beaucoup d’autres, ces ressources sur le sujet: l’association Ecodrom à Montreuil-sous-Bois, le groupe Kesaj Tchave, la FNASAT / Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage en France. Dans la Vienne, l’ADAPGV 86 (association départementale pour l’accueil et la promotion des Gens du Voyage, affiliée à la FNASAT) gère un centre social qui fait un formidable travail sur Châtellerault, et, à Poitiers, une des seules aires de gens du voyage (avec Toulouse) installée à proximité d’un CHU, pour permettre aux familles de visiter leurs malades.

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Terezin Plage de Morten Brask

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Terezin Plage de Morten BraskJe vous ai récemment parlé du camp de Terezin à propos de l’opéra L’empereur d’Atlantis, qui avait été écrit dans ce camp par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne). Et de mon côté, je suis tombée à la médiathèque, au rayon large vision, sur un roman dont le cadre est justement le camp de Terezin… un camp de transit vers les camps de concentration mais présenté comme un « camp modèle » par les Allemands, avec un « conseil des anciens » censé organisé la vie dans le camp.

Le livre: Terezin Plage de Morten Brask, traduit du danois par Caroline Berg, éditions des Presses de la cité, 2011, 330 pages, ISBN 9782258085190  (lu en large vision aux éditions A vue d’oeil).

L’histoire: 1943, dans un wagon à bestiaux parti du Danemark depuis trois jours. Daniel Faigel, jeune médecin, ne sait pas encore qu’il va bientôt arriver dans le camp de Terezin, près de Prague. Avec quelques vêtements, il a emporté un album de photos de famille. Son père était juge à la cour suprême du Danemark, mis à l’écart car juif, avant de mourir il y a quelques mois. Blessé par la maladie de sa femme, il n’avait jamais accepté que son fils choisisse la médecine au lieu du droit. A son arrivée à Terezin, il est affecté à l’hôpital Hohen Olben, où les malades s’entassent dans la crasse à plusieurs par lits, sans médicaments ni moyens. Un chirurgien se débat seul dans ce chaos, les précédents médecins ayant été déportés dans des convois vers les camps plus à l’est. Au hasard d’une visite dans un baraquement de femmes, il fait la connaissance de Ludmilla, dont il tombe amoureux. Il est aussi régulièrement appelé à l’extérieur, pour soigner les putains des SS dans un bordel de Prague. Une délégation de Danois et de représentants de la croix rouge est annoncée, il s’agit de rendre le camp « présentable ». Nos deux jeunes tourtereaux s’en sortiront-ils malgré les circonstances?

Mon avis: le roman oscille entre la vie dans le camp et le passé du jeune médecin, par l’intermédiaire de l’album photo ou de criconstances qui lui rappellent des souvenirs, où le lecteur va peu à peu reconstituer son enfance et la folie de sa mère. Pour ce que j’ai pu lire sur le camp de Terezin (voir les liens en fin d’article), je pense que ce roman rend assez bien l’ambiance, entre « camp modèle » géré par les anciens, les kapos tchèques, les SS allemands, et le départ régulier des convois vers les camps d’extermination. L’histoire d’amour avec Ludmilla, la jeune tchèque atteinte de tuberculose, est moins convaincante. Je vous en conseille néanmoins la lecture!

Pour aller plus loin:

– le site officiel du mémorial de Terezin / Theresienstadt

– un article de Élise Petit, Musique, religion, résistance à Theresienstadt

L’empereur d’Atlantis au TAP (théâtre et auditorium de Poitiers)

le parvis du théâtre auditorium de Poitiers vers 20h le 13 février 2014Direction le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP jeudi dernier pour la suite de ma saison 2013-2014, avec un opéra en allemand sous-titré, écrit dans le camp de concentration (enfin, plutôt un camp de transit) de Terezin par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, L’empereur d’Atlantis, sous la direction de Facundo Agudin (remplaçant Philippe Nahon, malade) avec l’ensemble Ars Nova, mise en scène de Mouise Moaty, et la compagnie Arcal. Après des jours et des jours de pluie, il y avait une éclaircie quand je suis arrivée au théâtre, avec presque la pleine lune, ma photographie est moyenne, mais ça rend l’ambiance du spectacle…

L’histoire de cet opéra (d’après le livret remis à chaque spectateur): L’empereur d’Atlantis ou la mort abdique (Der Kaiser von Atlantis oder die Todverweigerung) a été écrit en 1942-1943, dans le camp de Terezin (un camp de transit vers les camps de concentration et un « camp modèle » pour les Allemands, qui y toléraient des spectacles / soirées de camaraderie), à une soixantaine de kilomètres de Prague, les déportés avaient même préparé les décors, mais Viktor Ullman est déporté à Auschwitz le 16 octobre 1944 et est probablement mort dès son arrivée. La partition, confiée à un ami, a été sauvée mais tombée dans l’oubli. L’opéra, créé une première fois en 1975 à Amsterdam, est recréé cette saison à Nanterre, donné en janvier à Nanterre, Reims, Paris (théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet -dont Charlotte Delbo fut l’assistante) puis en février à Niort et Poitiers, il y aura encore deux représentations en avril à Massy et Saint-Quentin-en-Yvelines. En fin d’article, vous pouvez l’écouter dans une autre version.

Le livret: après une présentation des personnages dans le prologue, Arlequin et la Mort s’ennuient. Le Tambour annonce que l’empereur Overall a décrété que la guerre de tous contre tous est déclarée. la mort se met en grève… Dans la salle de commandement, l’empereur (Allo, allo!) apprend que les blessés et les condamnés à mort n’arrivent plus à mourir. Il contre-attaque en décrétant l’immortalité générale. Arlequin et la Fille, deux soldats, s’affrontent, tombent amoureux. Le Tambour leur rappelle qu’un décret impose la guerre de tous contre tous. La mort propose à l’empereur de reprendre son travail si celui-ci accepte d’être le premier à mourir…

Le spectacle : un décor constitué d’une tour en structure d’échafaudage et trois toiles de parachutes manipulées par les machinistes. J’ai par moment été très gênée par les éclairages, avec des spots dirigés droit dans les yeux ou éclairant trop fort (bon, c’est peut-être juste dû à l’état actuel de mes nerfs optiques). Heureusement aussi que mon allemand n’est pas trop rouillé, parce que lire les sous-titres placés haut (c’est logique) et en blanc sur noir n’est pas facile. A part ces petits inconvénients, le spectacle est très fort, si vous ne pouvez pas aller le voir, n’hésitez pas à écouter la version de 1993 que j’ai mise en lien en fin d’article.

Pour aller plus loin:

– l’émission de France Musique (disponible jusqu’au 15 octobre 2016) sur les coulisses de la création de l’opéra à Nanterre

– d’autres liens sur la page de la compagnie Arcal

– l’exposition Charlotte Delbo (et les photographies de Claude Pauquet)

– le site officiel du mémorial de Terezin / Theresienstadt

– à défaut d’avoir pu assister à la conférence la veille du spectacle à la médiathèque de Poitiers sur la musique au camp de Terezin, lire en ligne un article de Élise Petit, Musique, religion, résistance à Theresienstadt

– sur Youtube, vous pouvez aussi écouter une version enregistrée en 1993 pour le label Decca. Ecouter ci-dessous ou en suivant le lien… qui vous donnera aussi d’autres oeuvres de Viktor Ullman.

PS: Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne).

Voir aussi sur le roman Terezin Plage de Morten Brask.

La guerre d’Alan, tome 3, d’Emmanuel Guibert

pioche-en-bib.jpgLa guerre d’Alan, tome 3, d’Emmanuel GuibertUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque, si Emmanuel Guibert a d’abord publié la guerre d’Alan, j’avais de mon côté d’abord lu L’enfance d’Alan puis le tome 1 et le tome 2 de la guerre d’Alan. De cet auteur, j’avais adoré le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3) et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : La guerre d’Alan, d’après les souvenirs d’Alan Ingram Cope, tome 3, de Emmanuel Guibert (scénario et dessin), collection Ciboulette, éditions de L’Association, 2008, 122 pages, ISBN 978-2-84414-261-0.

L’histoire : 1945. Alan Cope est démobilisé en Tchécoslovaquie. Il est embauché par le pasteur comme aide civil. Après un passage en Autriche et en Allemagne, où il fait la connaissance d’un couple de musicien, le voici de retour aux États-Unis, où il profite du programme d’aide aux soldats pour reprendre ses études… en optant pour la religion, y compris un séjour à Séquoïa Park. Études qu’il finit par plaquer (« crise de foi »), le voici de retour en Europe, comme employé civil de l’armée américaine, notamment à Poitiers… et à la recherche de ses souvenirs, des soldats et des civils qu’il a rencontré au cours de la guerre…

Mon avis : Emmanuel Guibert a rencontré par hasard Alan Ingram Cope sur l’île de Ré en 1994, ils sont devenus amis, Alan est mort en 1999. De leurs rencontres, Emmanuel Guibert a tiré cette série de trois albums en noir et blanc sur la deuxième guerre mondiale puis L’enfance d’Alan. Pas facile pour un jeune homme qui a vécu la guerre un peu à la marge de revenir à la vie civile et de reprendre des études qui n’avaient pas commencé avant guerre… La rencontre d’un pasteur l’oriente vers des études de théologie vite abandonnées, habitué à suivre les ordres, jeune homme, il reste très influençable, incapable de décider vraiment lui-même, tire le diable par la queue… avant de quitter les États-Unis où il ne trouve décidément pas sa place et revenant en Europe, une formation aux Arts et métiers à paris, la coupure de la bourse d’étude, un boulot de traducteur, civil au service de l’armée américaine. Cet album parle aussi de la quête du passé, arrivé à la retraite, Alan cherche à renouer avec ces fantômes, ces « amis » souvent perdus de vue. En noir et blanc comme les deux tomes précédents, celui-ci se termine par trois planches en couleur qui m’ont semblé décalées, hors chronologie de l’album.

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La guerre d’Alan, tome 2, d’Emmanuel Guibert

Couverture de La guerre d'Alan, tome 2, d'Emmanuel Guibertpioche-en-bib.jpgUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque, si Emmanuel Guibert a d’abord publié la guerre d’Alan, j’avais de mon côté d’abord lu L’enfance d’Alan puis le tome 1 de la guerre d’Alan (à suivre bientôt le tome 3). De cet auteur, j’avais adoré le Photographe (voir tome 1, tome 2 et  tome 3) et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : La guerre d’Alan, d’après les souvenirs d’Alan Ingram Cope, tome 2, de Emmanuel Guibert (scénario et dessin), collection Ciboulette, éditions de L’Association, 2002, 94 pages, ISBN 978-2-84414-078-5.

L’histoire : février 1945. Le jour de ses vingt ans, Alan Cope débarque en Normandie… et y reste coincé deux mois, à ne quasi rien faire, car le matériel n’a pas suivi… Quand enfin arrivent les véhicules et l’armement, voici son régiment en marche pour la Tchécoslovaquie. Peu de combats… voire pas du tout, il s’agit surtout pour les Américains d’occuper le plus de terrain possible face à l’URSS…

Mon avis : Emmanuel Guibert a rencontré par hasard Alan Ingram Cope sur l’île de Ré en 1994, ils sont devenus amis, Alan est mort en 1999. De leurs rencontres, Emmanuel Guibert a tiré cette série de trois albums en noir et blanc sur la deuxième guerre mondiale puis L’enfance d’Alan.

Dans ce deuxième tome, nous avons une vision très décalée de la deuxième guerre mondiale… On nous a toujours présenté une armée américaine venue comme sauveur de l’Europe, on trouve ici une armée peu formée, peu organisée, qui peut se payer le luxe de laisser ses soldats inactifs pendant des semaines en attendant une livraison de matériel. Et la vie d’un soldat ordinaire, qui cherche aussi à rencontrer les populations qui vivent sur les territoires et les villes traversées.

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Sur le site de la bataille d’Austerlitz…

Le site de la bataille d'Austerlitz en 1993, 1, l'ossuaire Quand vous allez à Bruxelles, personne ne vous propose d’aller visiter le site de la bataille de Waterloo (pourtant sur la « tentative list » du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008, défaite de Napoléon le 18 juin 1815, au titre des panoramas)… mais quand je suis allée à Brno (c’était il y a presque 20 ans, en juin 1993, lors d’un stage à l’institut d’archéologie), impossible de ne pas savoir que le site de la bataille d’Austerlitz (aujourd’hui Slavkov u Brna, en République tchèque) est tout proche… Sur place, les classes se succédaient d’ailleurs à un rythme assez soutenu au pied du grand ossuaire qui rassemble les restes des soldats morts, y compris ceux que les agriculteurs trouvent toujours de nos jours… Il faut dire qu’avant la première guerre mondiale, cette bataille fut un vrai massacre, les pertes sont estimées à 15000 morts côté coalition (11000 Russes et 4000 Autrichiens), et plus de 11500 prisonniers. Côté Français, il y a eu 1300 morts (et 7000 blessés).

Le site de la bataille d'Austerlitz en 1993, 2, l'emplacement de Napoléon Nous sommes en pleines guerres napoléoniennes, le lundi 2 décembre 1805 (11 frimaire an XIV). Peu avant, le 21 octobre 1805, la flotte française avait été battue par les Anglais à Trafalgar (voir l’article sur le monument à Nelson à Londres)… Cette fois, les troupes françaises menées par Napoléon, en infériorité numérique (73000 hommes et 140 canons contre 85000 hommes et 278 canons pour la coalition rassemblant les Russes, les Austro-hongrois et les Anglais), ont soigneusement choisi le terrain de la bataille, ont amené les troupes à en découdre dans cette plaine entourée de petites collines qui va se refermer comme un piège. En face, les troupes de coalition sont menées par le tsar Alexandre Ier et l’Empereur François II d’Autriche… Du beau monde et une grande foule dans ces quelques kilomètres-carrés. Il faut ajouter dans le paysage la pluie, la boue, il avait aussi neigé les jours précédents la bataille, des marais aujourd’hui asséchés. La table d’orientation que vous voyez au fond se trouve à l’emplacement choisi par Napoléon pour diriger les opérations…

Le site de la bataille d'Austerlitz en 1993, 3, la carte de la bataille Et là se trouve une plaque en bronze avec la carte qui montre l’emplacement de chaque régiment… Comprenne qui pourra cette stratégie militaire, toujours étudiée dans les écoles de guerre! Le site de la bibliothèque nationale propose plusieurs cartes de cette bataille.

Le lendemain, Napoléon a envoyé cette fameuse déclaration d’Austerlitz (voir le fac-similé sur le site du ministère de la défense, elle est signée du 12 frimaire an XIV, donc du 3, pas du 2 décembre comme il est souvent dit…) qui commence par « Soldats, je suis content de vous »… et qui se termine par « Mon peuple vous reverra avec des transports de joie, et il vous suffira de dire : j’étais à la bataille d’Austerlitz pour que l’on réponde : voilà un brave »… un modèle de propagande pour galvaniser les troupes!

Pour info, à Slavkov même, il y a un château baroque qui mérite la visite…

Pour en savoir plus, vous trouverez des dizaines de sites internet et de livres sur les batailles napoléoniennes… qui font aussi l’objet de reconstitutions chaque année par des fous de reconstitutions historiques! A voir par exemple ici pour celle de … Waterloo (je l’ai choisi parce qu’il est en français et le plus complet que j’ai trouvé sur la présentation d’une bataille napoléonienne dans toutes ses dimensions, y compris la mise en valeur… touristique).

Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus près Un article pour le défi Mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya

Les sauvages de Lucie Lomova

Couverture de Les sauvages de Lucie Lomova

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Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus près

Il y a quelques mois, j’avais lu un premier album de cette auteure tchèque, Anna en cavale pour le mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya, j’en ai emprunté un autre à la médiathèque.

Le livre : Les sauvages de Lucie Lomová (dessin et scénario), traduit du tchèque par Marianne Canavaggio, collection traits féminins, éditions de l’an 2, 2011, 152 pages, ISBN 978-2742796472. Avec une postface de Yvonna Fricova, l’épouse du petit-fils d’Alberto Fric.

L’histoire : juillet 1908, sur les rives du fleuve Paraguay. Alberto Vojtech Fric, sur le point de rentrer en Europe, découvre que la tribu des Chamacoco est décimée par un mal étrange et mortel. Après une cérémonie d’initiation, il n’arrive pas à découvrir l’origine de la maladie. Il décide d’emmener avec lui un de ces jeunes indiens, Tcherwuish. Après de péripéties (difficultés pour l’accès au bateau et à l’hôtel), ni le médecin qu’il rencontre à Asunción ni celui de Buenos Aires ne trouve la cause de cette maladie… Fric décide alors de l’amener avec lui en Europe, à Vienne puis à Prague. Là, le jeune Fric doit essayer de vendre les collections qu’ils rapportent et des conférences pour vivre, Tcherwuish découvre l’Europe, les railleries, la méfiance, le racisme ordinaire… Un jeune médecin trouve l’origine de sa maladie, un parasite. Le temps passe, pas facile de réunir les fonds pour le voyage retour… Retourneront-ils en Amérique-du-Sud?

Mon avis : ce récit est basé sur une histoire vraie, racontée par une descendante en postface du livre. Il raconte, sans doute mieux que l’exposition Exhibitions au musée du Quai Branly à Paris, le rapport ambigu, dans l’Europe des années 1910 à 1930, de l’Européen et de « l’autre ». Même si Fric présente Cherwuish comme son ami, celui-ci reste un « bon sauvage », qui ne connaît pas les codes de la vie à Prague (où en plus monte le nazisme)… Quand il se « déguise en indien », les conférences attirent les foules… Mais quand il va rentrer chez lui, ça sera aussi l’incompréhension de ceux qui sont restés et pour qui il est aussi devenu un étranger… Une belle histoire, bien illustrée, et qui peut aussi faire réfléchir…

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Les bien-aimés de Christophe Honoré

Affiche de Les bien-aimés de Christophe Honoré

J’ai vu ce film dans le cadre du festival télérama.De Christophe Honoré, je vous ai déjà parlé de Non ma fille, tu n’iras pas danser.

L’histoire : Paris, 1964. Madeleine (jeune, elle est jouée par Ludivine Sagnier, puis plus tard par Catherine Deneuve) est vendeuse de chaussures de luxe, elle en vole une paire, accepte une proposition de prostitution (occasionnelle, dans son appartement), ce premier client lui en envoie un autre, Jaromil (jeune, joué par Raša Bukvić, plus vieux, par Miloš Forman), médecin endocrinologue tchèque en formation à Paris. Ils tombent amoureux, partent à Prague… 1968, en plein Printemps de Prague, Madeleine découvre que Jaromil la trompe, elle décide de rentrer à Paris avec leur fille, Véra. 1978, à Paris, Madeleine a épousé François, un garde républicain. Jaromil, de passage à Paris pour un congrès, revoit Madeleine et Véra… cette dernière devient le personnage principal de la deuxième partie du film, qui commence en 1997 à Londres…

Mon avis : Je n’étais pas allée voir le film à sa sortie car je craignais sa longueur (plus de 2h30) avec l’annonce de nombreux intermèdes chantés… Je me suis copieusement ennuyée pendant ces passages, nombreux, je n’aime pas les comédies musicales, encore moins leur intrusion forcée dans un film… Alors certes, il y a des répliques drôles, des passages poignants (comme dans l’hôtel de Montréal où Véra a été détournée dans la nuit du 11 septembre 2001), mais l’imbrication des histoires de la mère et de la fille rend ce film un peu confus, les passages chantés sont beaucoup trop longs et ennuyeux à mon goût…

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Anna en cavale de Lucie Lomova

Couverture de Anna en cavale de Lucie Lomova pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenJ’ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque, un peu au hasard, en cherchant dans les bacs des auteures pour maintenir la parité et tenir l’alternance pour les BD de femmes. Mon critère de choix? J’ai bien aimé la couverture, et je fais confiance aux éditions de l’an 2 (qui fait maintenant partie du groupe Acte sud), dont j’ai plutôt bien aimé Questions de dessin de Edmond Baudoin, un peu moins Les fabuleuses aventures de Nasr Eddin Hodja de Pénélope Paicheler. Depuis cet album, j’ai aussi lu Les sauvages de Lucie Lomová.

Le livre : Anna en cavale de Lucie Lomová (dessin et scénario), traduit du tchèque par Arnault Maréchal et Hana Rihova, collection traits féminins, éditions de l’an 2, 2006, 78 pages, ISBN 9782848560700.

L’histoire : Prague, 1994. La désillusion après la chute du « bloc de l’est » pour Anna et son ami Zdenek. Un soir, elle sort prendre l’air et fait la connaissance d’un groupe de sans domicile fixe. Le lendemain, alors qu’elle est à la piscine avec sa mère, elle est « enlevée » par un homme qui vient de se faire tirer dessus par un groupe mafieux… Commence une cavale où elle apprend qu’elle a une sœur jumelle, Marie, que c’est celle-ci que le jeune homme, musicien, accompagnait à Prague… Elle en était partie enfant, enlevée par son père… et apprend de son côté son histoire de sa mère. En attendant, Anna et le jeune homme, en cavale, sont poursuivis par la mafia, la police… et aidés par un groupe de Roms (puis le président Havel).

Mon avis : j’ai bien aimé cet album en noir et blanc (sauf la dernière planche en noir sur fond bleu-vert). Le traitement graphique des rêves et du passé est assez intéressant, avec ses différences pour le distinguer du présent. L’histoire met aussi en avant des familles éclatées, héritage de l’histoire, l’un ayant pu passer le rideau de fer juste après le printemps de Prague alors que l’autre est restée. Mais celui qui est parti n’est pas forcément le plus heureux (difficulté de l’exil, de l’intégration, la drogue, la déchéance jusqu’à la mort en prison) alors que la mère, qui est restée parce qu’à l’époque, elle voulait s’occuper de sa mère malade, semble épanouie malgré les difficultés de la vie. La partie avec les Roms est un sujet délicat dans ce pays. Je me souviens qu’il revenait souvent dans la conversation lorsque j’avais fait mon stage de conservateur à Brno et Prague en 1993, juste avant cette histoire et après la séparation des Tchèques et des Slovaques. Ils étaient pour la plupart sédentarisés mais ghettoïsés dans des quartiers séparés, et certains voulaient carrément leur créer un état indépendant où auraient été déportés les Roms de plusieurs pays de l’Europe de l’est… Cela m’avait frappé, surtout qu’il n’y avait pas un mot chez nous de ce débat qui couvrait des pages et des pages dans la presse là-bas. Je ne pense pas que ce racisme anti-Rom s’y soit amélioré, bien au contraire, mais dans l’album, Lucie Lomová soulève discrètement le sujet en les présentant très positivement.

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