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Défi photo : on va faire des vagues

Façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, triton sortant des eauxEt oui… Monique / Bidouillette / Tibilisfil est de retour sur le net et elle a relancé ses . Le thème de la semaine: « On va faire des vagues », le principe, prendre l’excuse du thème pour marcher au moins une heure… Avec le temps que l’on a dans le sud-ouest (de la France, la cheffe est en Belgique), pas question d’aller à la plage comme elle… Voici donc une proposition en ville à Poitiers, n’oubliez pas le ciré, le coupe-vent, le chapeau de pluie (avec le vent, pas sûre que le parapluie soit efficace)… De plus en plus marre de la pluie, même si le niveau du Clain baisse doucement, le jardin reste détrempé. Alors, je commence par ce monstre marin sur la façade de Notre-Dame-la-Grande, qui vogue sur les vagues (vous pouvez voir une autre photographie dans cet article, une sirène, un triton plutôt).

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le soleil et la lune, 1, vue générale

Un petit effort, on lève la tête… le soleil et la lune émergent de nuées au contour en forme de vaguelettes aussi…

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, le Tétramorphe, 2, l'ange de Matthieu en haut à gaucheDans la mandorle juste dessous, le Christ aussi semble marcher sur d’autres vaguelettes (en fait, des nuées), ainsi que Matthieu, dans le tétramorphe.

Poitiers, square de la République, avril 2013, effet du skate park sauvageOn s’éloigne un peu… et on change de période. Direction le nouveau square de la République, raté, avec ces « vagues modernes » laissées par les roues des BMX.

Poitiers, la tête de femme de Couvègnes dans la cour du lycée, 2, vue rapprochéeUn petit tour vers le lycée… les cheveux de la Tête de jeune fille de Couvègnes ondulent aussi… Normal, elle dominait une fontaine, à l’origine…

Le Clain au Pont Joubert à Poitiers le 20 juin 2013Ah, si, quand même, avec le débit actuel, il y a des vagues boueuses sur le Clain (cliché de jeudi dernier)!

Le Clain à Poitiers, du 18 au 24 juin 2013PS: après ce cliché, il y a eu un petit rebond, puis le niveau a lentement commencé à baisser, comme le montre cette saisie d’écran de  info crue sur une semaine, du 17 au 24 juin 2013 (je n’ai pas remis les repères… mon jardin passe sous l’eau à 2m40).

Allez, j’ai triché, je n’ai pas fait l’heure de promenade demandée par la cheffe… juste une plongée dans mon ordinateur. La semaine prochaine, si le temps le permet? Récapitulatif des propositions des participantes chez Monique / Bidouillette / Tibilisfil en fin de semaine.

Camille de la Croix par Aimé Octobre (hypogée des dunes à Poitiers)

L'hypogée des Dunes à Poitiers, capteur climatique extérieurA l’occasion des journées nationales de l’archéologie 2013, l’hypogée des dunes à Poitiers était exceptionnellement ouvert pour quelques visites intérieures : l’air saturé d’humidité continue à poser problème pour la conservation des peintures murales, malgré les travaux récents… A titre personnel, je pense qu’avec une telle atmosphère saturée en eau, une forte odeur de moisissures et probablement un taux insuffisant de CO2 (quelques visiteurs ne se sentaient pas bien) les visites de l’intérieur auraient dû être annulées… pour la conservation des peintures toujours couvertes de moisissures et de salpêtre. Les capteurs climatiques (sur la photo, le capteur extérieur et la très jolie gaine orange qui le relie au système de communication) n’indiquaient pas ce problème? Tant qu’une solution n’a pas été trouvée pour la bonne conservation du lieu, les visites (y compris d’étudiants ou de spécialistes) devraient être interdites ou limitées avec un quota strict (calculé en fonction du climat intérieur, pas de la capacité d’évacuer 18 personnes), un peu comme dans les grottes ornées. Le parc était en accès libre, ce qui pose pas de problème.

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, vue généraleJ’en ai profité pour refaire des photographies du parc (il faut que je remplace celle de mon vieil article sur l’hypogée des dunes) et du monument au père de la Croix, l’archéologue qui a fouillé le site en 1878/1879. L’original est conservé au musée Sainte-Croix et un autre tirage se trouve sur le site de Sanxay (dans la Vienne, à la limite des deux-Sèvres).

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, signature Aimé Octobre 1912Le buste en bronze est installé sur un haut socle en pierre. Il porte la signature de Aimé Octobre et la date de 1912. Pour en savoir plus sur les conditions d’installation de ce monument, voir l’article de Grégory Vouhé, Hypogée des dunes, un jardin centenaire. Sur la face principale du socle, l’identification du sujet (Camille de la Croix) et une grande croix avec l’alpha et l’oméga, rappelant l’état d’ecclésiastique du sujet… La face droite donne des indications biographiques (« Tournay / Belgique / 14 juillet 1831 / Poitiers / 14 avril 1911 ») et la face gauche rappelle ses principaux chantiers (« Poitiers / thermes romains / hypogée / temple de Mercure / Sanxay / Berthouville / St Maur de Claufeuil / St Philibert / de Grand-Lieu »).

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, de face et de trois quarts

C’est une représentation très classique, un buste sans départ des bras…

Le monument au père de la Croix, parc de l'hypogée des dunes à Poitiers, détail de face, de dos et décoration

Camille de la Croix est représenté barbu, moustachu, le visage marqué par la vie au grand air plutôt que dans sa sacristie… Il porte la légion d’honneur, décernée à titre d’étranger (il était belge, Tournai est à une douzaine de kilomètres de Mouchin…) pour ses travaux au profit de l’archéologie française.

Photographies de juin 2013

Pour aller plus loin, un peu de lecture… à prendre en bibliothèque je pense, pour Poitiers, je vous conseille la bibliothèque de la Société des Antiquaires de l’Ouest cette fois-ci :

  • François EYGUN, Le cimetière gallo-romain des Dunes à Poitiers : journal des fouilles du Père de La Croix et rapports du Commandant Rothmann, Mémoires de la société des Antiquaires de l’Ouest, volume 11, 1933.
  • Xavier BARRAL I ALTET (dir), Noël DUVAL et Jean-Claude PAPINOT, La chapelle funéraire dite  « Hypogée des Dunes », Les premiers monuments chrétiens de la France, volume 2 : Sud-ouest et Centre, Paris, Picard, 1996, pages 302 à 309.
  • Grégory VOUHÉ, Hypogée des dunes, un jardin centenaire, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 45.
  • Grégory VOUHÉ, Le jardin de l’hypogée des Dunes à Poitiers, Revue historique du Centre-Ouest, t. XII, p. 349-366.

Pour les plus « téméraires » : Archives départementales de la Vienne, 16 J 2/69

Marre de la pluie!!!

Pluie en juin 2013, du 1er au 19, station de Poiters-Biard, d'après Météo FranceDès demain, les jours vont commencer à raccourcir et nous n’avons pas vu beaucoup le soleil en ce printemps… Certes, il y a eu un beau soleil, pour une fois, le week-end dernier, mais il avait beaucoup plu le jeudi précédent et depuis lundi, c’est un vrai déluge, comme le montre cette saisie d’écran de Météo France.

Le Clain au Pont Joubert à Poitiers le 20 juin 2013Pour la je ne sais combien de fois cette année (revoir la crue de mi avril 2013), le Clain déborde à nouveau à Poitiers. Le voici ce matin au niveau du pont Joubert… Je n’ai toujours pas fait le nettoyage de printemps de mon jardin (lien en juin 2012)… il n’a jamais eu le temps de sécher (il est à 1,2 km de chez moi). Contrairement à ces dernières années, je n’irai pas au festival des jardins de Chaumont-sur-Loire en juin cette année, inutile, ils sont ravagés par la pluie, pour ce qu’on m’en a dit. Peut-être en septembre, quand les foules de juillet-août seront parties?

La crue du Clain à Poitiers, 20 juin 2013Et le graphique de la nouvelle crue sur info crue. Le trait bleu est le niveau maximum de la dernière crue de référence, une annuelle normale du 29 décembre 2012 (2m77, il était monté à 2m84 le 13 avril), la limite de débordement officielle est autour de 2m30 (le trait vert), avec le quai dans mon jardin, il déborde plutôt à 2m40 (le trait rouge). Le débit s’est stabilisé depuis minuit autour de 90 m3/s. Bien sûr, c’est beaucoup moins grave que dans les Pyrénées ou même dans la zone au nord de Poitiers, mais ça commence à devenir lassant. Allez voir chez Philippe de Tout Poitiers, vous y verrez deux vidéos prises par hier après-midi pas très loin de ce pont, rue de la cueille aigüe, ou la zone commerciale du Futuroscope hier matin dans la presse locale.

Poitiers, le 21 juin 2011, 1, apéro au milieu du Clain au pont JoubertVous me direz qu’on n’est jamais content… Les années précédentes, nous nous étions tous plaints de la sécheresse (revoir alerte à la sécheresse au printemps 2011 et le Clain presque à sec en juin 2011), avec pour protester un apéritif au milieu de Clain… ici le 21 juin 2011, au même endroit que la photographie précédente.

Météo France, cumul des pluies et du soleil de janvier à mi juin 2013Voici quand même les données de Météo France pour Poitiers depuis le début de l’année, à gauche la pluie qui, sauf en janvier, est largement au-dessus des moyennes (les pointillés) et à droite, l’ensoleillement très en-dessous.

Le Clain à Poitiers, du 18 au 24 juin 2013PS: après cet article, il y a eu un petit rebond, puis le niveau a lentement commencé à baisser, comme le montre cette saisie d’écran de  info crue sur une semaine, du 17 au 24 juin 2013 (je n’ai pas remis les repères… mon jardin passe sous l’eau à 2m40).

C’est la lutte finale! Petit tour à Saint-Hilaire de Poitiers

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, absidiole du transept sud, la flèche montre la métope avec la lutte finale et un obscenaCela fait un bon moment que je ne vous ai pas parlé de l’église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers, à quelques dizaines de mètres de chez moi… En plusieurs articles, je vais vous faire découvrir la richesse de la sculpture extérieure de son chevet, à suivre bientôt les lions et les végétaux (feuilles, arbres)… Je vous ai déjà montré les inscriptions d’Hugo le trésorier (et Aleacis). Au passage, j’en profite pour signaler à la ville que la plupart des spots qui éclairent le chevet le soir sont grillés! La mise en lumière avait été vantée à grands renforts de publicité il y a quelques années… il n’en reste quasiment rien. Et pourtant, Poitiers continue à faire sa publicité sur cette église « classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco« , ce qui est faux, c’est juste l’un des 77 « jalons » du bien culturel collectif (1998), les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. Titre dont elle est indigne depuis la construction du clos Saint-Hilaire, qui pèsera sans doute lourd dans l’instruction de la demande de Poitiers pour être inscrite sur la liste représentative française (préalable indispensable avant tout classement à l’Unesco), ce n’est pas le récent lâcher de ballons (7 juin 2013) qui effacera ceci et les autres « erreurs d’appréciation » de ces dernières années (revoir le ratage du nouveau square de la République et le nettoyage très brutal du monument aux morts de 1870-1871). Au fait, toujours aucune nouvelle de l’enquête publique sur la secteur sauvegardé de Poitiers, alors que le commissaire enquêteur aurait dû rendre son avis début mai et que celui-ci devrait être mis à disposition de tous en mairie, « on » me répond toujours qu’il n’est pas rendu… Faudra-t-il saisir la commission d’accès aux documents administratifs / CADA pour y avoir accès?

Poitiers, le clos Saint-Hilaire, 7, dépotoir entre le garage et la clôtureCe plan de sauvegarde prévoit (entre autres) de raser le parking de la résidence installé en plein milieu du cloître dans des matériaux de médiocre qualité… mais envahis par la végétation. Les matériaux abandonnés à l’arrière du chantier depuis plusieurs années, adossés à un immeuble classé monument historique (l’église et le mur sur rue) ne sont toujours pas enlevés… Par rapport à cette photographie, ils sont juste masqués par la végétation.

Ça serait peut-être au moins une bonne idée de remettre en service l’éclairage  de l’église Saint-Hilaire-le-Grand avant l’arrivée des touristes en ville, avec le retour du soleil depuis hier (il faut en profiter, orages annoncés dès ce soir), ils vont peut-être finir par revenir.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, absidiole du transept sud, métope avec la lutte finale et un obscena

En attendant que la ville reprenne les choses en main, sur une métope (la pierre entre les modillons qui portent la corniche, voir le schéma ci-dessous) de l’absidiole du transept sud, cet homme veille en vue de la « lutte finale », point droit levé et gourdin (bien phallique, surtout si l’on considère la scène voisine) dans la main gauche…

A gauche de la même métope, un « obscena », un animal avec une belle érection.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, serpents entrelacés qui se mordent la queueLes serpents entrelacés, à l’autre bout du chevet, se mordent la queue… Un motif assez récurrent dans l’art roman notamment en Poitou.

Poitiers, chevet de l'église Saint-Hilaire, oiseaux

Les oiseaux sont beaucoup moins habituels: ils sont ici beaucoup plus « vivants » qu’ailleurs, faisant leur toilette ou cherchant à s’envoler…

Photographies de mars 2013…

Un peu de vocabulaire, corniche, modillon, métope, chapiteau

Saint-Hilaire-le-Grand

Poitiers, les peintures de Marie Baranger dans l’église Sainte-Thérèse, transept nord et sud

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, vue généraleAprès la visite générale de l’église Sainte-Thérèse à Poitiers et son chemin de croix, je continue à vous faire découvrir les peintures de Marie Baranger (1902-2003) dans cette église avec les deux grands panneaux peints dans le transept, en 1934-1935, je vous laisse relire les premiers articles pour l’histoire de l’église. Sur le mur nord se déroule une scène de la vie de Jeanne d’Arc. L’autel latéral de la chapelle, à l’est, est aussi consacré à Jeanne d’Arc, je vous le montrerai dans un prochain article.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, Jeanne d'Arc à chevalJeanne d’Arc à cheval tient un étendard sur lequel on peut lire « Jésus » et « Marie ».

Sur la droite de la scène, des soldats (fantassins) gardent une condamnée (Jeanne d’Arc à Rouen) liée à un poteau, faisant face à un crucifix.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur nord du transept, fileuseAu milieu de la scène, devant le cheval, une paysanne en sabots (Jeanne d’Arc avant la « révélation ») tient une quenouille (instrument que je vous ai déjà montré pour la fileuse de la Visitation sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers et que vous verrez aussi dans les mains de Ève dans l’église de Saint-Savin).

Au-dessus de la porte, sur la gauche de la scène peinte, des anges observent la scène, installés devant une église.

Le mur sud du transept est occupé par une scène de la vie de sainte Thérèse (l’autel secondaire lui est aussi consacré, à voir bientôt).

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, bénédiction de ThérèseAu centre de la scène, sainte Thérèse, agenouillée et toute de bleu vêtue, reçoit la bénédiction d’un prélat assis sur sa cathèdre.

Poitiers, église Sainte-Thérèse, peinture de Marie Baranger sur le mur sud du transept, processionSur la gauche du panneau peint, une procession, figurée de dos, entre dans une église.

Un homme âgé accompagne une fillette en la tenant par la main. Il s’agit d’une scène inspirée d’une image populaire : « Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, à six ans, découvre au firmament étoilé l’initiale de son nom » (information de Brigitte Montagne, dossier de protection de l’église Sainte-Thérèse de Poitiers, 2013).

Au-dessus de la porte, la sainte présente des images du Christ.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.

L’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'enfance heureuse d'un petit paysan de Léon PineauIl y a quelques semaines, l’un de mes fidèles et discrets lecteurs me conseillait en privé de parler un jour des contes du Poitou, du recteur Pineau… Je vous en parlerai bientôt, je les ai lu il y a des années et vient de les relire, mais j’ai aussi emprunté à la médiathèque le livre voisin, L’enfance heureuse d’un petit paysan. Quand je suis arrivée à Poitiers, il y a vingt ans, le recteur Pineau était pour moi une avenue du campus universitaire… jusqu’à ce que Pourquoi pas Poitiers sorte un article sur le décès à 104 ans de ce personnage qui avait fait la une de la presse locale. Léon Pineau donc est né à Moussac-sur-Vienne le 7 juillet 1861 et mort à Montmorillon le 26 septembre 1965, recteur de l’académie de Poitiers de 1914 à 1933.

Le livreL’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau, éditions Brissaud à Poitiers, 1989, 179 pages, ISBN 2902170629 [première édition Delagrave, 1932].

L’histoire : dans les années 1860 dans un petit village de la Vienne (Moussac-sur-Vienne, non cité). Le petit Léon vit une enfance heureuse, chez ses parents qui tiennent une tuilerie tout en pratiquant une agriculture vivrière. L’écho du bruit des bottes de la guerre de 1870, et en particulier les combats sur la Loire, arrivent jusqu’au village, mais globalement, la vie y est paisible, à garder les bêtes dans la journée, se promener aux environs, participer à la veillée le soir, son père est un bon conteur. Quand un pensionnat ouvre au chef-lieu de canton voisin (Lussac-les-Châteaux), le petit Léon y est envoyé, en tant qu’externe, pas trop de frais pour sa famille. Quelques années plus tard, bon élève, il est repéré mais refuse la proposition d’entrer au séminaire.

Mon avis : j’ai beaucoup aimé la simplicité de ce récit, Léon Pineau avait déjà 60 ans lorsqu’il revient sur les années heureuses de son enfance, une époque où le gamin d’un petit artisan-paysan pouvait à la fois se promener dans la campagne, la forêt, surveiller les bêtes et étudier, découvrir la littérature dans un petit pensionnat rural, avant de faire des études brillantes au lycée de Poitiers puis de devenir professeur d’Allemand, mais c’est hors du champ du livre, même si dans les dernières pages, l’arrivée au pensionnat d’un surveillant suisse (Badois) détermine sa découverte de Goethe et Schiller et de la lange allemande.

Retrouvez sur mon blog quelques lieux présents dans le livre:

  • Lussac-les-Châteaux : la Sabline (musée de préhistoire et autre), les sites préhistoriques (il parle de la Font-Serin, de l’Ermitage, de l’étang de l’ancien château)
  • Civaux :
  • couverture du mémoire sur le Bois-Ragot, par Chollet et DujardinGouëx, La grotte du Bois-Ragot à Gouex (Vienne), Magdalénien et Azilien, essais sur les hommes et leur environnement, sous la direction d’André Chollet et de moi-même, Mémoire de la Société préhistorique française, 38, 428 p.
  • Il faudra que je vous montre un jour le cénotaphe de Chandoz, à Mazerolles et le dolmen de Loubressac…
  • un héros de la guerre de 1870 sur la Loire (à Blois): Villebois-Mareuil

 

 

 

Poitiers-Limoges, non à la LGV, mais…

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d'un train au ralenti, grêle sur le talus.

Entre Le Dorat et Montmorillon, le 29 mai 2013, à bord d’un train au ralenti, grêle sur le talus.

Depuis jeudi dernier, 30 mai 2013, et jusqu’au 12 juillet s’est ouverte l’enquête publique pour la construction d’une ligne à grande vitesse (LGV) à voie unique sous concession privée entre Poitiers et Limoges, les registres sont ouverts dans les préfectures de la Vienne à Poitiers et de la Haute-Vienne à Limoges et sur les communes du trajet. Il va falloir que je réussisse à me libérer pur étudier de plus près au moins une partie de 5000 pages du dossier. Il y a 120 km par la route entre Poitiers et Limoges, il faut compter 1h45 quand il n’y a pas de bouchons et si les entrées de Poitiers et Limoges sont à peu près fluides. La route est très dangereuse avec des morts chaque année ou presque, des montées et des descentes, pas de visibilité, de nombreux camions, peu de zones à trois ou quatre voies. Le trajet en TER prend – en principe – 1h50, puis compter entre 1h45 et plus de 2h pour Paris (avec les travaux sur les voies), temps qui sera ramené à 1h30 quand la LGV Bordeaux-Tours sera ouvertes, d’ici 2017 au plus tôt.

La situation actuelle

Actuellement, les habitants de Limoges qui veulent aller à Paris ont le choix entre deux options: prendre le TER jusqu’à Poitiers puis le TGV (train à grande vitesse) Poitiers-Paris, soit prendre le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Depuis les nouveaux horaires de la SNCF, il n’y a plus de correspondance possible avec le TGV pour Paris tôt le matin, un habitant de Lussac-les-Châteaux avait médiatisé le fait qu’il avait été obligé de renoncer au TER et obligé d’acheter une voiture pour prendre ce TGV, la SNCF avait répondu qu’elle donnait priorité aux travailleurs à Poitiers et que c’était pour cela que le TER arrivait quelques minutes plus tard…

L’expérience en TER du 29 mai 2013

La ligne TER Poitiers-Limoges est actuellement sur sa plus grande partie à voie unique, avec des croisements possibles seulement dans certaines gares. Au moindre grain de sable (ou grain atlantique chargé de grêle, ce que l’on voit sur le talus ci-dessus, vers le Dorat mercredi dernier, à bord du TER), les retards sont importants. Même en temps normal, les attentes en gare pour croisement (prévues dans les horaires) font enrager les passagers. Mercredi dernier donc, je devais rentrer en train de Limoges avec une collègue. TER 868012, départ de Limoges à 18h08, arrivée prévue à Poitiers à 19h56. Arrivés à Nantiat, on nous annonce qu’il y aura une attente d’une vingtaine de minutes pour croiser avec le train en provenance du Dorat, en retard…  Le train d’en face finit par passer, mais le signal ne repasse pas au vert… Appel du conducteur de train, il finit par passer au rouge à 30km/h jusqu’au Montmorillon. Là, le retard accumulé est déjà d’une bonne heure, nous devrions être arrivés depuis une dizaine de minutes… et on nous dit que l’on va encore attendre 10 minutes de plus pour laisser passer le train en provenance de Lussac-les-Châteaux. Nous finissons par arriver dans cette gare, les voyageurs y ont encore moins d’informations que nous: la gare est fermée, il y a bien un numéro d’appel -surtaxé!- pour un service d’assistance de la SNCF, mais ce service ferme à 19h30! Finalement, nous arrivons à Poitiers à 21h35, avec 1h45 de retard, sans excuse ni offre de remboursement (ceux-ci ne concernent pas les lignes régionales).

Le POLT

Actuellement, Limoges est à 3h de Paris par le POLT / Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Cette ligne dessert de nombreux territoires ruraux et préfectures de départements peu peuplés.

Le projet de LGV

Le tracé officiel du projet de LGV Poitiers-LimogesD’après le site officiel, le but de cette ligne nouvelle, privée mais avec des subventions publiques importantes, est de mettre Poitiers et Limoges à 35 minutes et Paris-Limoges à 2 heures. Le raccordement avec la ligne nouvelle en cours de construction (Paris)-Tours-Bordeaux se fera au sud de Poitiers, vers Vivonne (à Iteuil), il ne semble pas question de desservir la gare de Poitiers, l’embranchement est à 10km au sud de Poitiers, et si une gare nouvelle est prévue là-bas (ce qui n’est pas d’actualité, mais on a parlé d’une gare à côté de l’aéroport de Poitiers-Biard, juste à côté de l’ancien Fronstalag), il faudra au moins 20 minutes de trajet supplémentaire en voiture et 30 à 40 minutes en bus pour tenir compte des délais de correspondance. Des études ont été menées il y a une dizaine d’années, en 2004-2006, en 2007, le Grenelle Environnement la présentait comme une première étape vers une liaison à grande vitesse Nantes-Lyon. Le coût de la ligne (1,7 milliard d’euros) est en cours de discussion dans le cadre de la pertinence des investissements face à la crise économique: la « Commission Duron » aurait, nous a-t-on dit fin mars 2013, classé ce projet de LGV bon dernier au niveau de sa pertinence, mais l’enquête publique a été lancée à marche forcée (Tulle et la Corrèze ne sont pas loin de Limoges)…

Le massacre environnemental pour un gain de temps limité

Pour gagner à peine quelques minutes de plus que dans les solutions alternatives et pour un coût exorbitant à la charge des contribuables (et au profit du futur concessionnaire de la ligne), la vallée de la Vienne sera défigurée par la saignée de la ligne nouvelle: certes, il y a déjà la centrale nucléaire de Civaux sur le trajet, mais ce n’est pas une raison pour en ajouter. Si le trajet n’a pas évolué dans le détail depuis 2007, alors il passe à quelques dizaines de mètres de la grotte du Bois-Ragot à Gouex. Sans compter le nombre d’exploitations agricoles qui seront impactées, coupées en deux, avec encore moins de terres…

Un projet non rentable de l’aveu même de réseau ferré de France

De l’aveu même de Réseau ferré de France (RFF), le projet de LGV Poitiers-Limoges ne sera pas rentable. Le coût moyen de cette LGV est actuellement chiffré à 30 millions d’euros par kilomètre… 20% de moins qu’une ligne LGV classique parce qu’il s’agit… d’une LGV à voie unique (oui, vous avez bien lu, à voie unique, à la moindre panne, ça coincera comme pour le TER actuel). Le coût estimé est quand même actuellement de 1,7 milliard d’euros. Pour tenter de le rendre un peu plus rentable, RFF propose rien moins que de supprimer la moitié des liaisons du POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) dès maintenant… ce qui a eu pour effet de relancer les défenseurs de POLT dans leur combat.

Un TGV omnibus? La demande absurde de Montmorillon

Le maire de Montmorillon et les élus du sud de la Vienne proposent la construction d’une garde TGV dans leur secteur, pour les désenclaver… Vous avez déjà vu un TGV-Omnibus qui s’arrêterait tous les 50 km? Quand on sait la distance nécessaire à l’accélération et au freinage de ces trains, construire une ligne nouvelle pour gagner encore moins de temps est encore plus absurde! Pourquoi ne soutiennent-ils pas la modernisation du TER?

La position des élus a changé au fil des ans… Si le maire PS de Limoges, Alain Rodet, et le président PS du conseil régional du Limousin, Jean-Paul Denanot, poussent à l’accélération du projet de LGV, la position des élus de Poitou-Charentes a fluctué au fil des mois:
– Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, était pour le projet. Les sénatoriales s’annonçant, et comme il a besoin des voix des maires du sud-Vienne, il est maintenant réservé sauf s’il y avait une gare dans ce secteur
– Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, plutôt défavorable jusqu’à présent, est maintenant favorable pour ne pas pénaliser Limoges, mais refuse l’engagement financier de la Région
– Alain Clayès, député-maire PS de Poitiers, est pour le projet, qui serait une opportunité pour Poitiers… sauf que les TGV en provenance de Limoges ne s’y arrêteront pas, puisque la gare est à dix kilomètres au sud.

Les alternatives

La modernisation du POLT

Le collectif Non à la LGV est en faveur de la modernisation du POLT, avec de très bons arguments:en dehors de Limoges, toutes les gares du trajet bénéficieraient d’une liaison améliorée. Il y a une vingtaine d’années, il avait été question de transformer cette voie pour accueillir un train pendulaire, la technologie retenue par l’Allemagne et beaucoup moins chère que les LGV/TGV. Actuellement, quelques aménagements limités (suppressions de passages  niveau) sont en cours. Pour un coût bien moindre que la LGV et une meilleure desserte des gares au-delà de Limoges, la modernisation du POLT pourrait mettre Limoges à 2h30 de Paris (3h actuellement) contre 2h10 avec le LGV par Poitiers et améliorerait aussi les dessertes des gares situées entre Toulouse et Paris (Châteauroux, Brive, Montauban, Cahors, etc.).

Le doublement de la ligne Poitiers-Limoges

Indépendamment de la modernisation du Polt, qui semble la solution la plus raisonnable pour une liaison Limoges-Paris mais aussi de toutes les gares entre Toulouse et Paris, la mise à deux voies du TER Poitiers-Limoges permettrait de réduire la durée du trajet entre Limoges et Poitiers, en se libérant de l’aléa des croisements en gare et des retards qui se répercutent d’un sens de circulation sur l’autre. En TER, il doit être possible de faire 120 km en bien moins qu’1h50!

 

L’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013

Actualité Poitou-Charentes n° 100, le carton d'invitationLe carton d’invitation pour le n° 100 de l’Actualité Poitou-Charentes a été commandé à l’artiste Kôichi Kurita. Il a réalisé un assemblage de cent carrés de terres provenant de 100 lieux de la région Poitou-Charentes (25 pour chaque département, Vienne, Deux-Sèvres, Charente et Charente-Maritime), voir sa démarche sur le site de la revue l’Actualité Poitou-Charentes et surtout dans l’article qui lui est consacré.

Ma première rencontre avec Kôichi Kurita a eu lieu en 2006 (je n’avais pas vu son œuvre à la biennale d’art contemporain de Melle en 2005), lors de son invitation au musée Sainte-Croix et au baptistère Saint-Jean à Poitiers. Impossible de remettre la main sur mes photographies, je ne suis même pas sûre d’en avoir pris, mais par l’intermédiaire de Grégory, Christian Vignaud, photographe au musée Sainte-Croix (© Musées de Poitiers/Christian Vignaud), m’en a envoyées, qu’il en soit cordialement remercié!

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersConcentration maximale pour disposer ces petits tas de terre soigneusement sélectionnée et triée…

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersJe garde un souvenir très ému de cette performance à laquelle seules quelques dizaines de personnes avaient pu assister, vue l’exiguïté des lieux… Une œuvre éphémère…

Performance de Kôichi Kurita au musée Sainte-Croix à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersL’œuvre réalisée au musée Sainte-Croix était restée présentée un peu plus longtemps.

L’espace Mendès-France à Poitiers avait fait réaliser un film à cette occasion à Jérémie Hayes, je l’ai retrouvé sur YouTube!

Jean-Luc Terradillos, responsable de l’Actualité Poitou-Charentes, m’a fait parvenir cette série de photographies de Kôichi Kurita, réalisées pour l’œuvre présentée sur l’île d’Oléron, à Saint-Pierre-d’Oléron (oups, c’était jusqu’au 20 mai 2013… je n’ai pas pu y aller)… où il présentait 30 terres de l’île d’Oléron et 400 de Poitou-Charentes.

Kôichi Kurita, prélèvement de terresLe prélèvement des terres dans les talus ressemble au travail des géologues ou des archéologues…

Kôichi Kurita, installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l'île d'Oléron

Installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l’île d’Oléron…

Kôichi Kurita, installation des terres de Poitou-Charentes au musée de l'île d'Oléron

Comme une immensité de terres variées…

Kôichi Kurita, les flacons de terres de l'île d'Oléron

Voici les bocaux de terres prélevées sur l’île d’Oléron…

terre de Fukushima par Kôchi KuritaLors de la biennale d’art contemporain de Melle en 2011, il présentait dans l’église Saint-Savinien  Innocence, Terre de Fukushima, prélevée en 2004 (bien avant la catastrophe!), voici la carte à publicité sur une photographie de Christian Vignaud, Musées de Poitiers, éditée par la revue l’Actualité Poitou-Charentes, à l’occasion de la présentation à Niort en 2012 de Positive Rio (lors de Rio+20)…

Pour aller plus loin

Pour l’exposition de Poitiers en 2006, la ville avait publié un petit livre avec un texte de François Bon.

Un autre petit livre a été publié par l’abbaye de Noirlac en 2009 avec un texte d’Alberto Manguel (suivre le lien, document en pdf).

Merci à Dominique Truco qui a fait venir cet artiste à Poitiers, Melle, Noirlac, etc.

Secteur sauvegardé de Poitiers… ma lettre au commissaire enquêteur

Comme je vous l’ai dit en vous parlant du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?, le secteur sauvegardé de Poitiers et son plan de sauvegarde sont en cours de révision. L’enquête publique s’est déroulée en mars 2013 et s’est clôturée le 5 avril. Je n’ai pas pu rencontrer le commissaire-enquêteur (3 permanences en journée, aux heures où je travaille), mais avais pu aller consulter le document assez longuement en mairie et avais déposé un courrier le 28 mars 2013, en complément d’un mot avec les principaux thèmes dans le registre d’enquête. Le commissaire-enquêteur doit maintenant avoir rendu son avis, au moins son avis provisoire auquel la mairie peut répondre. Après mûre réflexion, j’ai décidé de rendre publique cette lettre, que j’agrémente ici de quelques liens et photographies pour que ceux qui ne sont pas familiers des lieux se rendent un peu compte, la lettre ne comportait bien sûr pas ces liens et illustrations qui vous conduiront sur divers articles… J’ai aussi ajouté quelques remarques entre crochets. C’est aussi l’occasion pour moi de voir qu’il y a beaucoup de monuments que je mentionne dans cette lettre et que je ne vous ai pas montré, même en plus de 300 articles sur Poitiers…

 

Poitiers, le 28 mars 2013,

 Monsieur le commissaire enquêteur,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint quelques remarques concernant la révision du secteur sauvegardé de Poitiers. Étant retenue par des rendez-vous en début d’après-midi le 5 avril, je ne pourrai pas venir comme je l’avais initialement prévu à votre permanence et vous transmets donc par écrit quelques observations.

Des conditions de consultation « limites »

Les conditions de consultation du document sont inacceptables.

Un seul tirage à disposition

La mise à disposition d’un seul document limite la possibilité de consultation. Je suis venue le 8 mars 2013, un monsieur s’est présenté et n’a pas pu avoir accès au document, à l’accueil, on lui a dit de revenir plus tard, je ne sais pas s’il l’aura fait.

Une table de consultation inadaptée

La table de consultation est si petite qu’il est impossible d’ouvrir un plan en entier, encore moins les huit plans ensemble ou un plan, le rapport de présentation et le règlement, cela limite fortement les possibilités de compréhension et d’analyse et impossible la prise de notes directement sur l’ordinateur portable que j’avais apporté. Mon propos ne concernera donc qu’une lecture très partielle du document, sur 2h30 de consultation.

Des erreurs manifestes

Des noms de lieux erronés et de nombreuses approximations

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeIl est particulièrement dommageable que le rapport de présentation ne donne pas les dénominations officielles de certaines adresses, ce qui est pour le moins léger dans un tel document… Il n’y a pas plus de « place de l’hôtel de ville » à Poitiers (cahier 2 p. 45) que de « square Magenta » (cahier 3, p. 26, il s’agit en fait du square du lycée jusque 1885 puis square de la République).

Poitiers, l'ensemble de l'ancien Ensma qui abrite le Dietrich et une salle de gymQuel est le « nouveau cinéma à Montierneuf » ? Le Ciné U existe depuis la fin des années 1950 dans la cité Dalesme, transformé en « Dietrich » en 1984. Si la salle a été réaménagée récemment, il ne s’agit en rien d’un « nouveau cinéma » ! Il y a de nombreux autres exemples, une relecture exhaustive et attentive devrait permettre de corriger toutes ces erreurs.

La cité Gabillet : bombardée ou à conserver ?

Poitiers, vue aérienne des années 1950, le quartier de Montierneuf, détail de la cité Gabillet

Une erreur de trame dans le rapport de présentation pourrait rendre incompréhensibles les prescriptions nombreuses concernant la cité Gabillet (plan réglementaire secteur A, îlot 4 et partie ouest du secteur 5). En effet, cette cité est tramée en « 8 / secteur bombardé » dans le rapport de présentation (cahier 1 page 105), alors que sur le règlement, il est demandé la destruction de nombreux garages et la restitution des clôtures et jardins d’origine. Est-il possible de mettre en cohérence le rapport de présentation ?

 

Un document déjà obsolète

Je sais que l’élaboration de ce document s’est étalée sur plusieurs années. Une actualisation finale aurait cependant été la bienvenue, d’autant plus qu’elle a été faite quand cela arrangeait le propos, par exemple pour justifier la destruction de l’aménagement du grand paysagiste Édouard André par une évolution des fonctions du square (c’est désormais une place, si l’on considère la définition d’un square dans le dictionnaire, à savoir « Jardin public généralement peu étendu, entouré d’une grille, au milieu d’une place »), mais pas pour de nombreux autres secteurs concernés par Cœur d’agglomération :

  • La façade de l'hôtel de ville de Poitiers nettoyéela façade de l’hôtel de ville est indiquée « à restaurer » (rapport de présentation, cahier 1) [pour cet article, une vue après rénovation mais avant Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille…]
  • les maisons indiquées comme « à démolir » rue de Puygarreau (plan, section E, prescription concernant les n° 9, 11 et 11bis de la rue de Puygarreau) sont détruites depuis des mois
  • la chambre de commerce a quitté le boulevard Jean-Jaurès depuis plus de deux ans, la réhabilitation du bâtiment est presque achevée la remarque n° 141 page 73 du cahier 3 devrait donc être mise à jour.

Il y a beaucoup d’autres exemples que je n’ai pas eu le temps de relever par écrit.

Défi photo, endroit/envers, Poitiers, 2, métopes de Saint-HilaireAu passage, pourquoi avoir choisi d’illustrer l’église Saint-Hilaire avec un chapiteau refait au 19e siècle alors qu’il y a une si belle sculpture roman au chevet de l’église (illustration en bas à droite de la planche p. 121) ?

Une interrogation sur le périmètre retenu

Quitte à avoir considérablement agrandi le périmètre du secteur sauvegardé, je ne comprends pourquoi il n’a pas inclus la ville dans ses anciens remparts. Si j’ai bien compris lors de réunions publiques sur le projet de demande d’inscription de la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (et dans un premier temps sur la liste représentative de la France), le périmètre Unesco devrait coïncider avec le secteur sauvegardé [réaffirmé au cours du débat Poitiers, Patrimoine, stop ou encore?]. Pourquoi alors avoir exclu du périmètre :

  • Le 29 janvier 2011 à Poitiers, 2, le jardin anglais du parc de Blossacle parc de Blossac
  • Poitiers, le rempart sud, sous la Tranchée, 2, vu du milieule rempart sud en marge de la rue des Douves et en revenant rue des Remparts, en incluant le mur de clôture de l’IRTS, l’ancienne porte de pont Achard, la tour médiévale conservée en arrière du boulevard Pont-Achard, le long de la voie ferrée
  • l’ancien château de Poitiers, bien connu par les Riches-Heures du Duc de Berry, dont il reste la porte de Paris mais également des tours entre le boulevard de l’abbé Frémond et le Clain et donc l’espace entre le boulevard et le Clain
  • les tours au nord-ouest, donc la partie située entre le boulevard Chasseigne et le Clain.

 

La prise en compte du patrimoine du 20e siècle

Actuellement, seuls deux édifices du 20e siècle sont protégés au titre des monuments historiques à Poitiers : l’hôtel Gilbert, 5 rue de Blossac, et l’église Saint-Cyprien, hors secteur sauvegardé. La révision du secteur sauvegardé n’aurait-elle pas été l’occasion de revoir la protection de ce type de patrimoine ? La plupart des constructions du 20e siècle font l’objet de recommandations d’adaptation (cahier 3, page 54 et suivantes, les constats et recommandations par immeuble concernent pour la plupart des constructions du 20e siècle voire de ces dernières années), mais la qualité de certains bâtiments aurait pu faire l’objet à cette occasion d’une demande de protection au titre des monuments historiques, le délai de réalisation de la modification du secteur sauvegardé étant parfaitement compatible avec l’instruction de dossier de protection au titre des monuments historiques. Je pense en particulier à plusieurs immeubles :

  • La grande poste de Poitiers, le fronton sculptéla « grande poste », à l’angle de la rue Arthur-Ranc et de la rue des Écossais, en dépit de la dénaturation des guichets et des mosaïques par des travaux récents (îlot F8, protection 3a)
  • Le nouveau théâtre de Poitiers, carte postale ancienne, vers 1955, façade sur la placel’ancien théâtre, îlot E3, protection 3b très insuffisante pour garantir l’organisation interne du bâtiment d’Édouard Lardillier, spécialiste de la construction de lieux de spectacles dans l’immédiate après-guerre, et le grand verre églomisé des ateliers Pansart, d’autant plus que le règlement E03-47-M01 prévoit l’autorisation de modifications significatives du bâtiment [voir une parodie de concertation pour son avenir]. L’ancien théâtre mériterait une protection au titre des monuments historiques ou au moins un marquage en 3a plutôt que 3b
  • Poitiers, immeubles des frères Martineau, vue 3, rue d'Alsace-Lorraine, vue généraleun ou plusieurs immeubles des frères Martineau. Une étude approfondie permettrait de sélectionner celui ou ceux qui seraient les plus intéressants. À titre d’exemple, on peut citer dans cette catégorie l’ancienne chambre de commerce de 1935 devenue immeuble de commerce et d’habitation rue du marché, avec la sculpture de Raymond Couvègnes et les peintures de Henri-Pierre Lejeune, l’immeuble 13 rue des Écossais (ou le temple protestant voisin), l’immeuble Rat 21 et 23 rue d’Alsace-Lorraine ou encore l’ancienne banque nationale de crédit rue du marché, construite en relation avec les frères Perret, puisqu’il est trop tard pour la maison Vannier conçue par leur père (devenu îlot des Cordeliers).

La prise en compte du handicap

Avril 2012, dégradations des étudiants, rétroviseurs cassésLa prise en compte du handicap dans le secteur sauvegardé et les remarques sont plus qu’indigentes et absolument inadmissibles pour les personnes concernées, mais également pour la qualité de vie de tous (personnes âgées, personnes avec poussettes, personnes momentanément empêchées par une fracture par exemple). On ne peut se satisfaire des deux lignes p. 94 du cahier 3, en écrivant que la loi de 2005 « sera extrêmement difficile à mettre en œuvre » ni des quelques lignes p. 18 du volume « orientations d’aménagement et de programmation », constatant que l’accessibilité est un « sujet très difficile », mais sans proposer d’orientation positive. Avec la suppression de certains stationnements (par exemple grand-rue ou rue de la Cathédrale [la photo avait un autre but, mais vous voyez le trottoir minuscule]), il serait possible d’élargir les trottoirs et de supprimer les marches d’accès à un grand nombre de commerces et de logements.

PS: la délibération suite au rapport du commissaire enquêteur est en ligne… Il prend en compte certains points comme l’utilisation des noms officiels des noms de places et rues ou de corriger la mention « à rénover » de l’hôtel de ville (repris page 7 du document en lien). Décevant sur le théâtre (voir pages 10 et suivantes). Ma lettre est reprise pages 30 et suivantes avec les réponses… de la part du commissaire enquêteur « Les avis formulés me semblent pertinents », de la part de la commission et de la ville, je vous laisse en juger…

Poitiers, le chemin de croix de Marie Baranger, église Sainte-Thérèse

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, les huit fenêtresEn vous présentant l’église Sainte-Thérèse à Poitiers, je vous annonçais des articles sur les peintures de Marie Baranger (1902-2003). Je commence par vous montrer le chemin de croix, peint autour des fenêtres. Problème, il y a quatre fenêtres au sud (première ligne du photo-montage) et quatre au nord (ligne du bas)… donc deux « cases » de trop par rapport aux chemins de croix dont les quatorze stations sont normalisées, comme vous avez pu le voir sur ceux de Rosine Sicot dans l’église Saint-Hilaire à Niort ou de Jean Claro dans l’église Saint-Hilaire à Poitiers

Qu’à cela ne tienne, une scène hors station a été ajoutée au début et à la fin… L’ensemble est peint dans des tons ocres et plutôt sombres, qui contrastent avec les autres peintures de l’église. Vous n’y voyez pas grand chose? Pas de panique, j’ai fait des vues de détail!

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, texte de la station 7 et instruments de la passionLes stations du chemin de croix sont marquées par une croix avec le texte de la station (repeint plusieurs fois, sans respecter l’inscription précédente, la superposition devient parfois illisible voire erronée, comme sur la station 8, sur le photomontage), un autre texte accompagne la plupart des stations, je vous en donnerai le texte au fur et à mesure, et sous chaque fenêtre sont peints les instruments de la passion du Christ (clous, fouet, marteau, couronne d’épines, corde), la plupart en très mauvais état suite à des infiltrations d’eau.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, signatureMarie Baranger n’a pas signé son œuvre, mais porté la mention suivante sur le dernier panneau peint (à droite de la quatrième fenêtre nord) : « Peint en l’année jubilaire de la rédemption, 1934-1935 ».

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 1, à gauche, introductionLa première scène donc, à gauche du mur sud, porte la mention suivante : « Sainte mère de Dieu / que je compatisse / à votre douleur / pendant la passion / de votre fils ». En bas à gauche, un serpent coiffé d’une couronne rappelle le pêché originel, au centre de la scène, le Christ, agenouillé, accablé, avec une goutte de sang qui coule sur son front, et la Vierge Marie, debout, réconfortée par un personnage en grande partie masqué, au-dessus, les apôtres sont endormis dans la montagne, alors que tout en haut, un ange veille.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 1, à droite, station 1Station 1. « Jésus condamné à mort ». Le texte précise « Comme un agneau / il a gardé le / silence et / n’a pas ouvert / la bouche ». Le Christ est représenté debout, chaussé de sandales, un troupeau de moutons à ses pieds, les mains liées, la tête déjà couverte d’une couronne d’épine. Derrière lui, les trois juges lisent la sentence.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 2, à gauche, station 2Station 2. « Jésus chargé de sa croix », « Jésus est libre parce qu’il l’a voulu ». Le Christ, debout, commence à porter sa croix. A ses pieds, un soldat romain, l’un debout, l’autre, réduit à une tête, armé d’un fouet et d’un gourdin.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à droite, station 5 Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 2, à droite, station 3Station 3. « Jésus tombe », « il a été brisé pour nos crimes ». En bas, le Christ trébuche, du sang dégouline de son front, au-dessus, les soldats veillent.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à gauche, station 4Station 4. « Jésus rencontre sa mère », « grande est comme la mer ta douleur ». Le Christ a repris sa croix, il rencontre Marie, voilée, de dos, ils semblent perdus dans un paysage urbain fait d’arcs boutants…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, à droite, station 5Station 5. « Simon aide Jésus », « J’ai espéré celui qui s’affligerait avec moi et il n’est pas venu ». Simon de Cyrène, un de ses enfants accroché à sa robe, allège le poids de la croix en la soutenant. Au-dessus, le paysage se dégage, laissant apparaître la montagne.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 3, au-dessus, angeEn haut de la troisième fenêtre sud, un ange porte le Sacré Cœur avec un message devenu difficile à lire : « Cœur de Jésus rassasié d’opprobre ».

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 4, à gauche, station 6Station 6. « Véronique essuie le visage du Christ », « Fais lever sur nous la lumière de ta face ». A gauche en prière, « Sainte Thérèse de la sainte face » (si ce n’était pas écrit sur sa robe, impossible à identifier); elle reçoit une flèche dans le cœur. Véronique tient le saint suaire sur lequel s’est imprimé le visage du Christ. A gauche du suaire, Jésus continue son chemin, la croix toujours soutenue à l’arrière par Simon.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 4, à droite, station 7Station 7. « Jésus retombe », « l’année de ma rédemption est venue ». Jésus est à nouveau tombé, agenouillé, il reçoit les coups de fouet des soldats.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 5, à gauche, station 8On passe du côté nord, en commençant par la gauche…
Station 8. « Jésus et les femmes de Jérusalem », « que le méchant abandonne sa voie et le criminel ses pensées ». Les saintes femmes en prière, l’une debout, l’autre agenouillé, font face au Christ qui les bénit. Tout en haut, un personnage regarde la scène.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 5, à droite, station 9Station 9. « Jésus tombe de nouveau », « il grandira, il sera exalté et souverainement élevé ». Le Christ est affalé sur le rocher, une flèche lui indique le chemin à suivre. Il est toujours précédé de soldats armés de lances.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 6, à gauche, station 10Station 10. « [Jésus] a été dépouillé de ses vêtements ». Le Christ, debout, de face, est en train d’être déshabillé par les soldats. La scène au-dessus reste un peu mystérieuse (liée à sainte Thérèse?)

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 6, à droite, station 11Station 11. « [Jésus] a été crucifié », « toutes les nations lui seront soumises ». La croix disparaît sous le corps du Christ, les soldats lui ont déjà cloué sa main gauche. Tout en haut, l’inscription « Suscipe sancte Pater hanc immaculata Hostiam » est un texte de bénédiction de l’ordinaire de la messe… dans une version abrégée, en principe, c’est « Suscipe sancte Pater omnipotens aeterne Deus, hanc immaculatam hostiam« .

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 7, à gauche, station 12Station 12. « [Jésus] est mort », Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils unique », et « votre roi » à gauche de la tête du Christ (sa couronne royale gît au pied de la croix, à côté d’un serpent qui fuit, Jésus a toujours la couronne d’épines sur la tête). Un prêtre (l’abbé Joseph Bressollette, qui a organisé les travaux de déménagement de l’église) lit une Bible ou un bréviaire sur la gauche, sur la droite, la Vierge et, peinte en rouge, Marie-Madeleine. L’orage se déchaîne avec de gros éclairs. On aperçoit un petit personnage, le centurion repentant…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 7, à droite, station 13Station 13. « Jésus est remis à sa mère », « oh qu’elle fut triste et affligée la mère sainte et bénie du Fils unique de Dieu ». Joseph d’Arimathie détache doucement le corps du Christ de la croix, retenu par des draps. A gauche, la Vierge, jusqu’ici vêtue de noir, est maintenant couverte d’un long vêtement ocre et coiffée d’un voile blanc.  Sur la droite, les saintes femmes ont préparé le suaire et le tiennent prêt à recevoir le corps du Christ.

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, à gauche, station 14Station 14. « [Jésus] a été enseveli », « celui qui mange ma chair, celui-là à la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». Le Christ, dans son linceul, est entouré des saintes femmes, à ses pieds, deux hommes semblent être des prêtres. En-dessous, deux soldats censés surveiller le tombeau, mais l’un s’est déjà endormi. Au-dessus, le jardin des oliviers, dont la barrière est fermée…

Chemin de croix de Sainte-Thérèse de Poitiers par Marie Baranger, fenêtre 8, à droite, le Christ ressuscitéLa dernière scène est une scène additionnelle. « Jésus est ressuscité, il est toujours avec vous, Alléluia ». Tout en haut, le Christ victorieux, tout de blanc vêtu, bénit le peuple en tenant une croix dans sa main gauche. En dessous, un diacre (le neveu de l’abbé) l’encense, alors que tout en bas, un diable au corps de lion capitule.

Photographies de novembre 2012 et avril 2013.