Archives de catégorie : Poitiers, chroniques

Poitiers, la ville où je vis depuis 1992, son patrimoine et au quotidien…

L’Ascension du Christ à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, choeur, inscriptions Rotbertus (bleu) et ascension du Christ (rouge)En ce jour de l’Ascension, j’ai choisi de rééditer un article publié l’année dernière…

Article du 31 mars 2013

Pour Pâques, j’ai choisi un sujet d’actualité… l’Ascension du Christ! Certes, le Christ ne montera au ciel que dans 40 jours (le jeudi de l’Ascension n’est pas qu’un jour férié, l’occasion d’un week-end en viaduc pour certains, quoique, dans un état laïque, on se demande pourquoi ce n-ième jour férié chrétien). Pâques, c’est le « top départ » pour cette histoire, donc je l’ai choisi pour aujourd’hui. On le trouve dans le déambulatoire de l’église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, sur le chapiteau à droite de l’absidiole d’axe, au bout de la flèche rouge au second plan sur la photo ci-contre… Il s’agit d’un chapiteau roman repeint au 19e siècle…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, vue de faceDésolée pour les photographies pas très claires, mais l’intérieur de cette église est très sombre… Sur la face principale, le Christ, avec son nimbe cruciforme, se tient debout dans une mandorle, il bénit de la main droite et tient le Livre (la Bible) dans sa main gauche.

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, les deux petites facesLa mandorle est portée par des anges, d’autres anges se tenant sur les petits côtés…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, Ascension du Christ, inscription ME FEA droite du dé se lit, difficilement, sous la peinture, ME FE. Il s’agit très probablement de ME FECIT (m’a fait ou m’a fait faire) que l’on trouve dans un certain nombre d’églises précédé d’un prénom, comme dans « Gofridus me fecit » (Geoffroy m’a fait ou m’a fait faire, à voir sur cet article consacré au chapiteau de l’Enfance de Jésus dans l’église Saint-Pierre à Chauvigny). Ici, si prénom il y a, il est complètement masqué par les couches de peinture…

Poitiers, Notre-Dame-la-Grande, chapiteau du choeur, inscription RotbertusIl existe dans Notre-Dame-la-Grande, en revanche, un prénom inscrit sur le dé du chapiteau nord-est du rond-point du chœur (au bout de la flèche bleue sur la première photographie de cet article): ROTBERTUS, impossible de savoir s’il s’agit d’un commanditaire ou d’un sculpteur. C’est un prénom assez courant, que l’on trouve aussi dans l’église de Thézac en Charente-Maritime. Ces prénoms vous rappellent peut-être aussi inscriptions Hugo le trésorier et Aleacis sur le chevet de l’église Saint-Hilaire-le-Grand également à Poitiers.

Pour aller plus loin :

Un petit livre bien pratique, paru juste après les restaurations du début des années 1990, par Yves-Jean Riou : Collégiale Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, collection itinéraires du patrimoine, n° 85, éditions CCCPC, 1995, ISBN : 2-905764-12-0.
Si vous voulez un beau livre beaucoup plus cher, alors il vous faut le livre dirigé par Marie-Thérèse Camus et Claude Andrault-Schmitt, Notre-Dame-Grande-de-Poitiers. L’œuvre romane, éditions Picard/CESCM Université de Poitiers, 2002.

Retrouvez tous les articles sur Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

La façade occidentale

Les scènes sont classées de gauche à droite et de bas en haut. Dans chaque article, un petit schéma vous les positionne.

A l’intérieur

Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven à Poitiers

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, la cabine ferméeLe festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Je vous ai parlé de 15 x la nuit, de Paul-André Fortier. J’aborde aujourd’hui un spectacle qui a beaucoup fait parler! Ceci n’est pas, de Dries Verhoeven. La performance se déroulait chaque jour de 15h à 20h, sur la place Lepetit (qui a connu une certaine activité l’année dernière suite à une évasion spectaculaire), dans une sorte de cage en verre (avec volets pour un peu d’intimité pendant les pauses, WC et boisson sous le plancher, climatisation…), d’un cartel un peu long en français et en anglais avec un texte de réflexion, et se couplait avec des vidéos mises chaque jour sur Youtube et sur la page Facebook, avec également un florilège de réactions des spectateurs (beaucoup moins de « combien ça a coûté cette c…ie » sur le site que dans  la rue). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a alimenté les conversations! Certains se disaient choqués, d’autres amusés, peu sont restés indifférents sur les dix jours. Si créer du lien social était un objectif, alors il a été atteint. L’étape de Poitiers était la deuxième phase d’un projet européen, « Second Cities – Performing Cities », qui lie le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP à six autres opérateurs culturels européens.

En tout cas, à quelques jours de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, cette performance pourrait fournir de nombreux sujets: qu’est-ce que l’art? L’art peut-il tout dire? Variante, Peut-on tout dire? Commenter cette phrase de Kant: « L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». L’art peut-il se passer de règles ? (série S, 2010) ou L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (série T, 2010). L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (série S, 2008). Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (série T, 2008). La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (série S, 2005). On peut aussi tenter les sujets sur l’éthique et la morale:  Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ? (série ES, 2002). Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (série ES, 2006). Qui se lance?

Pour chaque jour, je vous propose une photo, vous donne le titre, un lien vers la vidéo sur Youtube, une brève description et un commentaire. Vous pouvez aussi voir la version complète des textes proposés.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 1, 2 et 3

Jour 1, Ceci n’est pas de l’art, voir la vidéo du jour 1.
Ce premier jour a failli faire perdre patience aux bistrots voisins! Toute la journée, un majordome a cassé des tambours à coups de massette!

Jour 2, Ceci n’est pas une mère, voir la vidéo du jour 2.
Dans une « piscine à boules », une adolescente enceinte écoute de la musique. Je crois (mais ne suis pas sûre, je n’ai pas retrouvé mes notes) que c’est ce jour là que la musique du film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche est passée quasi en boucle. Le texte parle du rallongement de l’âge du premier enfant depuis la légalisation de la pilule, des préjugés défavorables aux jeunes mères et de l’augmentation du risque d’anomalie chez l’enfant des mères plus âgées. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certaines anomalies du nombre de chromosomes augmentent avec l’âge maternel (trisomie 21, syndrome de Klinefelter = garçons XXY), mais les anomalies de structures des chromosomes (délétions etc.) sont plus sensibles à l’augmentation de l’âge paternel! Voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques.

Jour 3, Ceci n’est pas de l’amour, voir la vidéo du jour 3.
Un couple en maillot de bain, un homme d’âge moyen lisant des contes pour enfants à une adolescente. Le texte parle de la différence de perception entre un père qui marque de l’affection pour son enfant et la mère qui aurait les mêmes gestes tendres. Ceci dit, les contes sont loin d’être neutres sur le plan sexuel… (voir les commentaires sur l’article du petit chaperon rouge).

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 4, 5 et 6

Jour 4, Ceci n’est pas le futur, voir la vidéo du jour 4
Dans la cage, un individu cagoulé en maillot de corps a passé sa journée à nettoyer les douilles sur lesquelles il est assis et de temps à autre un revolver (ou un pistolet?). Le texte parle à la fois du repli identitaire, de la paix depuis longtemps en France et des risques terroristes.

Jour 5, Ceci n’est pas de l’histoire, voir la vidéo du jour 5.
Dans la cage, fers d’esclave aux pieds, un homme noir habillé façon « publicité Banania » mange des bananes assis au milieu de fèves de cacao. Le texte parle des tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France ou ceux qui ont été massacrés par la puissance coloniale et le rôle de la PAC qui interdirait la juste concurrence avec l’Afrique, avant de conclure : « Les Français, pour leur part, n’ont pas le sentiment d’être des néocolonialistes mais chérissent toujours l’image du bon Banania ». Un petit sujet de philosophie supplémentaire, L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? (série T, 2006).

Jour 6, Ceci n’est pas la nature, voir la vidéo du jour 6.
Un hermaphrodite nu (en fait en combinaison latex) avec des ailes (tiens, ça me rappelle les moutons-papillons). Le texte parle de la détermination du genre selon Freud, et précise que « Seule l’Australie autorise officiellement que les passeports fassent état d’un genre indéterminé ». C’est faux, de plus en plus de pays (Allemagne, Inde, Pakistan, Népal) prévoient ce genre neutre ou indéterminé, soit pour l’hermaphrodisme ou ambiguïté sexuelle (qui touche environ 1 bébé sur 5000 naissances, environ 200 bébés par an en France), soit pour les eunuques et les transsexuels (voir le reportage de TV5 Monde). Une allusion au mythe de la Caverne de Platon (où Aristophane est censé présenter l’histoire) aurait aussi été possible.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 7, 8 et 9

Jour 7, Ceci n’est pas notre désir, voir la vidéo du jour 7.
Dans la « cage », une naine a passé son après-midi à lire en sirotant des apéritifs. Le texte parle des défauts physiques et du rejet sexuel, mais aussi de l’eugénisme, sans dire le mot, en parlant de diagnostic génétique prénatal et d’avortement, mais pas des lois de bioéthique. Il aurait été préférable de parler d’interruption médicale de grossesse, ce n’est pas exactement la même chose puisqu’elle peut avoir lieu jusqu’à la naissance en cas de mise en danger de la mère, du bébé ou si ce dernier est atteint d’une maladie d’une particulière gravité. Elle doit être acceptée par deux médecins, l’un de ces deux médecins devant exercer dans un Centre de Diagnostic Prénatal Pluridisciplinaire. Après 22 semaines d’aménorrhée, elle a lieu par voie basse après fœticide et ouvre droit à l’inhumation, aux congés de maternité et de paternité et à l’inscription sur le livret de famille d’un enfant né sans vie. C’est un acte très différent de l’avortement ou interruption volontaire de grossesse (voir par exemple sur le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques).

Jour 8, Ceci n’est pas notre peur, voir la vidéo du jour 8.
Un homme barbu, revêtu d’un gilet pare-balles, lit le Coran et récite ses prières. Le texte aborde la prière dans l’espace public et les croyants qui se sentent agressés par des dessins humoristiques. Personnellement, même si l’artiste est libre de ses choix, je trouve que ce tableau était stigmatisant pour une religion en particulier et donc assez malvenu. L’artiste aurait-il osé mettre un curé dans la même cage???

Jour 9, Ceci n’est pas mon corps, voir la vidéo du jour 9.
Une femme nue (enfin, en combinaison simulant la nudité) au corps vieillissant reste assise sur une chaise. Le texte parle des mannequins de plus en plus jeunes, du rapport au corps, au vieillissement des cellules à partir de 21 ans… Absurde! les cellules vieillissent depuis leur multiplication et s’éliminent au fur et à mesure, par le processus d’apoptose (en gros, auto-destruction). Leur durée de vie va de quelques jours à des centaines de jours: 5 jours pour les cellules qui tapissent l’intestin, 3 à 4 semaines pour la peau, 120 jours pour un globule blanc, plus d’un an (400 à 500 jours) pour le foie…

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jour 10

Jour 10 (épilogue), Ceci n’est pas moi, voir la vidéo du jour 10.
Au-dessus d’une épaisse couche de vers (certains arrivaient au stade de larve voire d’insecte genre blatte, j’en ai entouré une), une urne cinéraire tourne doucement. Choix cornélien pour le visiteur, être réduit en cendres ou mangé par les vers? Le texte parle de la position des cimetières hors des villes depuis l’Antiquité (mais c’est faux au Moyen-Âge!) et du deuil, moins visible dans notre civilisation (plus de vêtements de deuil, moins de cierges allumés, expression plus retenue de la douleur des veufs et veuves).

Et vous, qu’est-ce que ça vous inspire?

Flux et exposition de Rainer Gross à Poitiers…

La cour pavée avec des marches du musée Sainte-Croix à PoitiersJ’avais initialement prévu pour aujourd’hui un article sur les problèmes d’accessibilité qui perdurent à Poitiers, mais l’inauguration d’hier m’a fait changer d’avis… quoique! La cour du musée et le musée Sainte-Croix à Poitiers restent complètement inaccessibles aux personnes à mobilité réduite avec les marches, les pavés,etc. Je dois néanmoins souligner le gros effort fait dans la nouvelle exposition Rainer Gross: contrairement à l’exposition  La licorne et le bézoard, cette fois, les difficultés visuelles des visiteurs ont été prises en compte! La salle d’exposition est claire, les textes écrits en noir sur blanc et assez gros, et le visiteur peut emporter un document avec le texte des cartels soit écrit en petit (bon pour l’environnement), soit écrit en plus gros (parfait pour ceux qui ont des problèmes de vue)! Merci beaucoup à Rainer Gross, artiste allemand résident en Belgique et qui a partagé sa passion dans un français parfait (il est aussi traducteur auprès des instances européennes, au passage, n’oubliez pas de voter!).

Je vous avais donc annoncé la semaine dernière la mise en place de Flux, …

rainer Gross lors de l'inauguration de Flux… de Rainer Gross. Il était présent hier (samedi 24 mai 2014) pour l’inauguration à la fois de cette œuvre éphémère (elle sera démontée après le 5 octobre 2014) et d’une exposition dans le musée qui présente de très belles photographies d’une quinzaine de ses réalisations (dont Toi(t) à terre et  Toi(t) en perspective à Chaumont-sur-Loire) et un ensemble de sculptures de plus petit format… A l’origine, il était sculpteur sur pierre! Il est aussi un excellent photographe, toutes les photos de l’exposition sont les siennes… Je vous parlerai en fin d’article des autres manifestations liées à cette inauguration, commençons la visite dans le sens de la journée d’hier… et donc la fin du Flux, qui, à défaut de jaillir de la cuve baptismale (suite au refus catégorique de la société des Antiquaires de l’Ouest, gestionnaire du site), vient se terminer contre le mur du baptistère Saint-Jean dont les portes étaient soigneusement closes pour cette cérémonie! Je ne comprends toujours pas pourquoi cette société savante a refusé cette installation (en 2006, Kôichi Kurita y était intervenu) et pourquoi l’État, propriétaire du site, n’a pas contraint le gestionnaire à accepter la présence d’un artiste qui est intervenu dans les jardins de Le Nôtre au musée d’archéologie nationale à Saint-Germaine-en-Laye, dans l’abbaye de Noirlac, dans le cloître du prieuré Saint-Michel-de-Grandmont à Saint-Privat, etc., mais « pas touche à mon baptistère »! Absurde et réac, messieurs des Antiquaires de l’Ouest (cette société reste majoritairement une assemblée de vieux savants où la parité et le rajeunissement sont encore des utopies)!!! Comme disait Philippe Baudelot l’autre jour, c’est un endroit « collector », peut-être l’un des derniers en France où l’on tente de vendre des diapositives aux visiteurs! (Glissez quand même la tête quand, par miracle, la porte est ouverte, vous y verrez de belles peintures romanes et gothiques). Est-ce que ce sera le refus de trop? L’État aura-t-il le courage un jour de transférer sa gestion au musée Sainte-Croix? Il est loin le temps (dans les années 1830… bientôt deux siècles) où des érudits qui fonderont ensuite la Société des Antiquaires de l’Ouest avaient réussi à convaincre Prosper Mérimée et permis d’éviter que ce bâtiment soit rasé pour percer une route (l’actuelle rue Jean-Jaurès, qui l’a finalement contourné). [PS: suite à une question reçue en privé, en cherchant dans les délibérations du conseil municipal de Poitiers pour 2013, j’ai trouvé une subvention de 18000 € pour l’édition du bulletin en mars, une subvention exceptionnelle de 3500 € en septembre pour l’édition des comptes de la ville au XVe siècle].

Flux de Rainer Gross à Poitiers, mai 2014, dans la cour du muséeLe flux en lattes de bois (peuplier) oscille dans la cour du musée, devant l’art du théâtre de Jonchère… passe en sous-sol…

Flux de Rainer Gross à Poitiers, dans le tilleul centenaire… et se retrouve de l’autre côté de la cour, s’emmêle dans le tilleul centenaire…

… ouf! les orchidées boucs (en voir d’autres dans une sortie orchidées à Civaux) soigneusement sauvegardées par le service des espaces verts ont presque toutes survécu à l’inauguration… une seule a été piétinée, oups! par un ancien élu vert!

On voit bien ici les contrastes d’échelle, de lumière, d’occupation de l’espace voulus par l’artiste… même si le tilleul n’avait pas encore ses feuilles quand les lattes de bois ont été assemblées!

Le Flux sillonne ensuite au milieu du dépôt lapidaire qui a changé de place dans la cour du musée…

… jusqu’à traverser la Minerve!

Le Flux jaillit des entrailles de la terre au milieu des ruines romaines du musée.

Rainer Gross aime jouer avec l’éphémère, les strates du temps, les hasards de l’installation… n’hésitez pas à jouer avec les perspectives possibles, ici avec la cathédrale au fond…

Il a parlé de la Grand’Goule, le dragon serpentiforme de Poitiers, parmi les collections du musée, j’aurais volontiers vu en clin d’œil le retour en salle de la maquette du Rhône et la Saône, par André Vermare: la sculpture est à Lyon, mais la maquette a été depuis fort longtemps reléguée aux oubliettes (pardon, dans les réserves) du musée de Poitiers et le visiteur n’a plus accès qu’aux « fiches » non illustrées de la base Joconde: la tête du Rhône (moulage grandeur nature) et le groupe sculpté réduit (maquette originale au tiers pour le projet d’édition de luxe du Rhône). Le mélange des eaux du Rhône et de la Saône sont un bel exemple de flux…

Dommage que cette inauguration n’ait pas attiré un public plus nombreux et surtout plus varié… car y assistait surtout le « tout Poitiers culturel », professionnels surtout et auditeurs fidèles des conférences et aux concerts (du centre d’études supérieures de musique et de danse et du conservatoire) donnés au musée, à l’espace Mendès-France, à la médiathèque, abonnés au théâtre et auditorium… Il est certes agréable de se retrouver « entre soi », de poursuivre nos conversations d’événements en événements (c’était mon « grand retour » dans ce cercle), mais est-ce le but de ces inaugurations? Visiteurs de toutes origines, de tous milieux, n’hésitez pas à venir découvrir cette exposition. Si vous hésitez à pousser la porte du musée (gratuit le mardi et le premier dimanche de chaque mois), glissez-vous dans la cour, lisez en introduction les pupitres explicatifs… Bravo à Rainer Gross et aux commissaires de l’exposition, à Pascal Faracci, le nouveau directeur du musée, et surtout à Dominique Truco, qui organise toujours de belles manifestations d’art contemporain à Poitiers (et à Melle et ailleurs…). Il reste à patienter un bon mois, si j’ai bien compris, pour découvrir le catalogue qui accompagne cet événement.

Le week-end inaugural avait commencé par une conférence fort intéressante de Claude Andrault-Schmitt, autour des dernières découvertes et du livre qu’elle vient de diriger sur la cathédrale de Poitiers, La cathédrale Saint-Pierre. Enquêtes croisées, 2013, chez Geste éditions (416 pages, 55€). Mais pourquoi avoir choisi une police de caractères aussi petite? Du 4 ou du 5, à vue de nez! Complètement inaccessible pour moi avant fort longtemps (peut-être pour toujours s’il n’y a pas d’édition numérique), la reliure trop épaisse et les colonnes écrites trop près de la reliure rendent (ce qui est rare) le visio-agrandisseur inefficace sur les deux-tiers des pages! Je n’ai pas assisté au concert qui a suivi (trop tard encore pour moi), ni aux visites de la cathédrale et du quartier, mais ai assisté aussi à la projection publique de Cap Sud-ouest sur Poitiers sur France 3, de belles images grâce aux drones, mais qui sautent parfois, et un commentaire pas toujours au niveau (cf. en particulier l’arrivée du présentateur dans l’amphithéâtre romain), puis au « surprenant » concert donné par quatre étudiants de conservatoire, au violoncelle, avec Four de John Cage: chaque musicien choisi 12 « sons » qu’ils jouent selon une « partition » qui porte non les notes, mais le numéro des sons et les plages auxquelles ils doivent commencer et finir (avec des fourchettes de quelques secondes). Je n’en ai pas trouvé de version vraiment « audible » en ligne…

Voir ou revoir des articles sur des sujets voisins:

Chaumont-sur-Loire 2012, toit à terreVous pouvez revoir sur mon blog ses œuvres à Chaumont-sur-Loire,Toi(t) à terre

Chaumont-sur-Loire 2011, le parc, suite, 12, toit en perspective de Gross … et Toi(t) en perspective, à voir aussi dans cet article de 2011.

Poitiers, square de la République, avril 2013, oeuvre en placeL’opération Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… a aussi été l’occasion d’une commande publique avec l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square de la République raté

Poitiers, quartier du Pont-Neuf, oeuvre de Christian Robert-Tissot, vue généraleles messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot dans la montée du faubourg du Pont-Neuf

Jardin du Puygarreau à Poitiers, 26 décembre 2013, obélisque brisé et premiers jeux installéset dans les jardins du Puygarreau, l’obélisque brisé de Didier Marcel,

Jardin du Puygarreau à Poitiers, photographies et aire de jeux de Pierre JosephAire, air, erre, ère de Pierre Joseph

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth Balletet les barreaux de prison, pardon, la grille « tourne-sol » d’Élisabeth Ballet.

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersL’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013

Glen Baxter à Poitiers, été 2010, sur le mur en contrebas du TAP L’expédition Glen Baxter (juin à septembre 2010) : l’annonce de l’expédition du 12 juin 2010 et la sérigraphie du parking Effia, aperçu global de l’expéditionet la sérigraphie du 12 juin 2010, dans le quartier de Bellejouaneen centre-villeen centre-ville, la suite, le livre Le safari historico-gastronomique en Poitou-Charentes (dessins de Glen Baxter, texte d’Alberto Manguel).

Le Rhône et la Saône, par André Vermare, à Lyon et à Poitiers

Art contemporain officiel et officieux à Poitiers

Flux de Rainer Gross à Poitiers, installation en cours en avril 2014Depuis quelques années, Poitiers présente quelques artistes contemporains en ville (revoir par exemple Kôichi Kurita en 2006 ou Glen Baxter en 2010). Pour cet été, une œuvre de Rainer Gross, Flux, a été installée ces dernières semaines et sera inaugurée samedi prochain (du 24 mai au 5 octobre 2014), à l’intérieur et à l’extérieur du musée.

Flux de Rainer Gross à Poitiers, mai 2014, dans la cour du muséeComme la quasi totalité des œuvres de Rainer Gross (voir à Chaumont-sur-LoireToi(t) à terre et  Toi(t) en perspective), celle-ci se compose d’un assemblage de lattes de bois (peuplier) qui s’adaptent au lieu. Ici, le « flux » part du sous-sol du musée, dans les salles de préhistoire, sort dans la cour du musée (vous voyez au fond l’art du théâtre de Jonchère)…

Flux de Rainer Gross à Poitiers, mai 2014, devant le baptistère… pour « traverser » une fenêtre et finir devant le baptistère Saint-Jean. Initialement, le flux devait achever (ou commencer?) sa course à l’intérieur de celui-ci, dans la cuve baptismale, dommage que cela n’ait pas pu se faire (d’après la presse locale, problème d’autorisation de la société des Antiquaires de l’Ouest, gestionnaire du site), cela aurait été l’occasion de faire entrer un peu plus de visiteurs dans cet édifice qui appartient à l’État (il n’a aucun contrôle sur le gestionnaire dans cette affaire?), et conserve de très belles peintures romanes et gothiques… Espérons que cela attire néanmoins quelques touristes jusqu’au musée, beaucoup n’osent pas descendre du « Plateau » (l’hyper-centre de Poitiers).

Art graphique rue Carnot à Poitiers, avril 2014, 2e édition du festival FarsDébut avril s’est tenu le festival FARS (arts de la rue et de la scène, organisé par l’école de commerce), voir le reportage de Coccinelle à Poitiers (avec tous les liens utiles)! En dehors des spectacles sur la place d’Armes (place Leclerc), une œuvre graphique a été apposée sur une vitrine abandonnée de la rue Carnot (le cartel avec le nom de l’auteur a presque immédiatement disparu, je ne retrouve pas où je l’avais noté, je compléterai si quelqu’un me le met en commentaire…).

Poitiers, un mouton-papillon géant avenue de la LibérationEn parlant de vitrines, des « moutons-papillons géants » (revoir la première série et la suite ou encore ici…, en format environ A5, et plein d’autres regroupés dans la synthèse…). J’ai d’abord repéré celui-ci avenue de la Libération en avril…

Poitiers, quatre moutons-papillons géants… puis beaucoup d’autres en ville et sur les boulevards. Lors d’un déplacement vers la zone commerciale au nord de la ville, j’ai aussi vu une file de moutons géants à la queue-leu-leu sous un pont, mais impossible d’arrêter le bus!

Mouton poitevin, recherché mort ou vifMonsieur Mouton joue à nouveau sur la légalité ou non de sa démarche… Ces affichettes sont juste enduites de colle et délivrent un message qui généralement fait plutôt sourire les passants! Après le colleur d’affiche de précédentes séries, cette fois, le message dit « Wanted dead or alive » (recherché mort ou vif) et « Ce criminel particulièrement dangereux est recherché pour causes d’affichage libre et de libre expression ».

Pochoir sur l'art préhistorique et le vandalisme du street art, vu à Poitiers en mars 2013 et mars 2014Il répond à ce tag au pochoir qui persiste depuis fort longtemps près de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf, photographié en haut en mars 2013 et en bas en mars 2014. Un homme préhistorique qui tague une caverne, c’est de l’art, un artiste de rue sur un mur, c’est du vandalisme (sauf sur les lieux autorisés, mais ça, ça sera pour un autre article!)…

Mouton à Poitiers, sur l'enlèvement ou non des autocollantsLe service de la ville nettoie-t-il sélectivement? C’est ce que croit M. Mouton avec ce nouveau message: « De racistes stickers peuvent rester 10 jours collés porte de Paris, ceux de Mr Mouton moins de 24 heures, pourquoi? ». C’est vrai pour les autocollants racistes, moins pour les moutons, il y en a un au revers d’un panneau près de chez moi depuis plusieurs mois! Et une bonne partie de ceux collés (en abondance) ce samedi matin (17 mai 2014) à travers la zone centrale du Plateau étaient toujours là dimanche soir…

Mouton poitevin regardant un tableau d'art dégénéréIl a aussi de l’humour sur sa production: « Ceci est de l’art dégénéré » (écriture façon Ben / Benjamin Vautier) devant un tableau…

See, sex and sun, trois séries de moutons à PoitiersParmi eux, une série « Sex, sea and sun » (et un « tous consomment » avec « sexe » discrètement écrit en rose très pâle en haut à gauche… Clin d’œil à la marche des fiertés qui avait lieu le même jour?

Trois variantes des moutons loups / chiensLe mouton-loup que nous avions déjà vu s’enrichit d’un message: « espèce envahissante » et se décline avec un « Ki mange ki » (une copie ou un mouton authentique? Le style est différent sauf le mouton de droite) et un mouton avec un os entre les dents!

Mouton à Poitiers, chute de pierreDans la série des panneaux routiers, il y a aussi eu cette variante chute de pierres, avec le message « jusqu’ici tout va bien ».

Moutons à Poitiers, regardant une affiche publicitaireLa consommation reste au centre des préoccupations de Mr Mouton, avec à nouveau un panneau publicitaire (qui est ce monsieur? 11090973 se retrouvait déjà sur des codes barres précédents, 11 septembre 1973, ça vous dit quelque chose?)… [Merci à Nini 79 et à Dalinele, c’est Salvador Allende et la date de son suicide suite au putsch d’Augusto Pinochet].

Mouton avec une tapette à souris, message consomme… un ce « consomme » façon morceau de fromage sur une tapette à souris!

Mouton à Poitiers, message mystérieuxEnfin, ce dernier reste mystérieux. Il était déformé quand je l’ai trouvé et je n’en ai pas trouvé d’autre sur le même modèle… Feu rouge? Vidéo-surveillance? Qu’en pensez-vous?

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Jardin du Puygarreau à Poitiers, 26 décembre 2013, obélisque brisé et premiers jeux installéset dans les jardins du Puygarreau, l’obélisque brisé de Didier Marcel,

Jardin du Puygarreau à Poitiers, photographies et aire de jeux de Pierre JosephAire, air, erre, ère de Pierre Joseph

Jardin du Puygarreau à Poitiers, Tourne-sol de Elisabeth Balletet les barreaux de prison, pardon, la grille « tourne-sol » d’Élisabeth Ballet.

Performance de Kôichi Kurita dans le bapstistère Saint Jean à Poitiers, 2006, cliché Christian Vignaud, musées de PoitiersL’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013

Glen Baxter à Poitiers, été 2010, sur le mur en contrebas du TAP L’expédition Glen Baxter (juin à septembre 2010) : l’annonce de l’expédition du 12 juin 2010 et la sérigraphie du parking Effia, aperçu global de l’expédition et la sérigraphie du 12 juin 2010, dans le quartier de Bellejouane, en centre-ville, en centre-ville, la suite, le livre Le safari historico-gastronomique en Poitou-Charentes (dessins de Glen Baxter, texte d’Alberto Manguel).

Les moutons au blackwork complètement brodés Et des moutons en tout genre!

La statue de la Liberté de Poitiers a retrouvé un flambeau… à comparer avec le modèle de 1878

Poitiers, la statue de la liberté, carte postale ancienne, vue de près avec des enfants

Je vous ai déjà montré il y a longtemps la copie de la statue de la Liberté de Poitiers (et celle de Châteauneuf-la-Forêt). Je vous renvoie à ce premier article pour sa description et celle des centaines de copies qui existent, avec quelques variantes. A l’origine, elle portait un flambeau avec un globe, comme on peut le voir sur cette carte postale ancienne. Ce globe avait disparu depuis longtemps, on peu en voir une image sur sa fiche dans e-monumen.

Poitiers, la statue de la Liberté, 8, la tête de la statue, son diadème et le flambeauUn artiste (?) ou un restaurateur l’avait pourvue d’un flambeau doré en forme de suppositoire…

Statue de la Liberté de Poitiers, avec son nouveau globeMi-avril 2014, sur le budget participatif du quartier (un investissement de 2800€ d’après la presse locale…), elle a retrouvé un flambeau avec un globe.

Statue de la Liberté de Poitiers, avec son nouveau globe, vue rapprochéeVoici ce que ça donne de plus près… Il ne s’illumine pas la nuit!

La liberté de Châteauneuf-sur-Charente Un globe tout rond, différent de celui que porte la copie de Châteauneuf-la-Forêt.

Paris, arts et métiers, chapelle et copie de la statue de la Liberté devant le muséeEn cherchant dans mes photographies, j’ai retrouvé celles-ci qui datent d’octobre 2011. Il s’agit d’un tirage en bronze réalisé en 2010 du modèle d’exécution en plâtre au 1/16e, daté de 1878 et présenté dans la chapelle du musée des arts et métiers à Paris…

Paris, arts et métiers, chapelle et copie de la statue de la Liberté devant le musée, vue rapprochéeOups, elle est cachée dans l’ombre, la voici donc de plus près… flambeau plein, cannelé, différent des deux premiers. Vous remarquerez au passage qu’il n’y a pas d’inscription sur la table de la loi.

Paris, arts et métiers, copie de la statue de la Liberté devant le musée, signature de BartholdiElle porte donc la signature « A. Bartholdi, 1878, 1/8 ». Une autre version, de 3m de haut, a été présentée à l’exposition universelle de 1900, aujourd’hui conservée au musée d’Orsay.

De [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), je vous ai déjà montré la fontaine monumentale à Lyon (1888), le sergent Hoff au cimetière du Père Lachaise à Paris, le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier et les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt, etc.

Paris, arts et métiers, chapelle et copie de la statue de la Liberté devant le musée, marque de la fonteLa marque de fonte est accompagnée d’un cachet « Édition du modèle du conservatoire national des arts et métiers ».

Paris, arts et métiers, chapelle et copie de la statue de la Liberté devant le musée, de dos, détail des piedsComme elle est présentée sur un socle beaucoup plus bas que les autres, on peut y distinguer des détails que l’on voit mal sur les autres, comme ses pieds chaussés de sandales et les fers de l’esclavage dont elle s’est libérée.

Paris, arts et métiers, chapelle et copie de la statue de la Liberté devant le musée, de dos, détail des fersVoici de plus près le détail de ces fers… Ça tombe bien, c’était hier la « journée de commémoration de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions » (revoir le mémorial de l’esclavage à Nantes).

Le monument au réseau Louis Renard, cimetière de Chilvert à Poitiers

Le monument au réseau Louis Renard, cimetière de Chilvert à PoitiersDans le cimetière de Chilvert au sud de Poitiers se trouve un carré militaire dominé par une République (dont je vous parlerai une autre fois) et le monument commémoratif du réseau Louis Renard…

Le monument au réseau Louis Renard, cimetière de Chilvert à Poitiers, inscriptionComme le proclame l’inscription principale: « A la mémoire des 52 agents / du réseau Louis Renard / morts pour la France ».

Le monument au réseau Louis Renard, cimetière de Chilvert à Poitiers, les stèlesSur la grande dalle sont posées 11 plaques commémoratives avec les dates de naissance et de décès (décapités le 3 déc. 1943, sauf pour le chanoine Georges Duret, décédé le 23 mai 1943). Au fond et de gauche à droite: Jacques Moreau, Paul Préaux, Aimé Lambert, Clément Péruchon, Jacques Levrault. Au premier rang et de gauche à droite: Théodore Lefèvre, Louis Cartan, Louis Renard, Louis Toussaint, Pierre Pestureau, Georges Duret. Le VRID / Vienne, Résistance, Internement, Déportation consacre une série d’articles au réseau Louis Renard. Louis Renard avait fondé son réseau dès août 1940. Le réseau complet se composait de 72 agents P1, 92 agents P2 et 10 occasionnels. Devenu chef de chef de l’Armée Volontaire du Poitou, Louis Renard est arrêté le 30 août 1942 (les premières arrestations avaient commencé le 27 à Niort et à Poitiers et se sont poursuivies les semaines suivantes), transféré à Fresnes le 12 février 1943 avec 29 hommes de son réseau. Ils sont déportés le 18 février à Trèves puis le lendemain au camp de Hinzert (Louis Bordas et Joseph Riedinger y meurent sous les coups). Ils sont transférés le 19 avril à Wolfenbüttel, où ils sont jugés. Dix (voir plus haut) sont condamnés à mort le 13 octobre 1943 et seront guillotinés le 3 décembre 1943. Les derniers survivants du groupe (voir leurs noms sur le site du VRID) sont déportés à Gross Rosen et affectés au kommando de Kletendorf. Transférés à Dachau, les rares survivants sont libérés le 29 avril 1945. Parmi ceux qui sont morts en déportation se trouvent Raymond Charpentier, qui avait aidé Marthe Cohn et sa famille, et Gaston Hulin, député de 1924 à 1928 et de 1932 à 1936, sous-secrétaire d’État à la Guerre du 31 janvier au 3 juillet 1933 (clic sur biographie pour développer sa fiche sur le site de l’assemblée nationale).

D’autres membres du réseau ont été fusillés sur la butte de Biard: le monument a été déplacé l’année dernière de quelques dizaines de mètres pour permettre le passage de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, il faut que j’aille refaire des photographies. Au total, 52 membres de sont réseau sont morts pour la France.

Pour aller plus loin:

Voir le livre de Jean-Henri Calmon, La Chute du réseau Renard, Poitiers 1942. Le SS, le Préfet et le Résistant, Geste éditions, 2013.

Il y a d’autres monuments commémoratifs à Poitiers (université, gare, églises, carré militaire du cimetière de Chilvert, parc de la roseraie, monument de la déportation à Blossac, à la prison), je les réserve pour d’autres articles, j’ai aussi déjà parlé de ceux-ci:

Photographies d’août 2013.

Passant, souviens-toi… monuments commémoratifs à Bressuire et Poitiers

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue lointaineComme pour la première semaine du mois de mai 2013, je vous propose une nouvelle semaine avec des articles quotidiens consacrés à des monuments aux morts ou lieux de mémoire à la résistance, aux déportés ou à des personnages marquants de ce conflit, avec une exception pour vendredi, la bande dessinée concerne la Première Guerre Mondiale. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le site de l’AJPN / Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France.

Bressuire, stèle aux déportés juifs, vue rapprochéeJe commence par une série de stèles commémoratives situées en Poitou-Charentes. La première se trouve à Bressuire, presque en face de la gare (photographies d’octobre 2012). Elle est dédiée  » A la mémoire de la communauté juive de Bressuire / disparue dans le camp de concentration nazi d’Auschwitz, 1942-1944″ ainsi que le nom des 17 victimes classées par ordre d’âge décroissant:

Spira Georges 58 ans, Cerf Raymond 50 ans, Goldblat Rinem 48 ans

Goldblat Liba 47 ans, Rotztejn Minka 45 ans, Cerf Mathilde 45 ans, Rotztejn Isaac 40 ans

Narcys Mordka 41 ans, Goldstein Hermann 40 ans, Narcys Nora 40 ans

Grunsu Ac Rosa, 22 ans, Cerf Rebé 20 ans, Spira Jacqueline 19 ans, Spira Nelly 12 ans

Rotztejn Félix 11 ans, Zangier Jeanine 10 ans, Rotztejn Sammy, 9 ans

A Bressuire, vous pouvez aussi revoir le monument aux morts de 1870.

A Poitiers, trois plaques sont apposées dans un couloir du lycée Victor Hugo (d’où l’on peut voir la Tête de jeune fille de Couvègnes). Je vous en ai parlé récemment lors de la venue à Poitiers de Marthe Cohn, née Hoffnung. La plus ancienne est dédiée aux professeurs:

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaque commémorative de deux professeurs victimes de la deuxième guerre mondiale

Collège moderne et technique / de jeunes filles de Poitiers / Professeurs victime de la guerre 1939-1945 / Alice Bonneau Lieutenant F.F.C. [médailles militaires] déportée résistante décédée à Ravensbruck en mars 1945 / Madeleine Vergeau victime du bombardement du [2 effacé] 13 juin 194[0 effacé]4.

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaques commémoratives pour les élèves victimes de la deuxième guerre mondialeLes plus récentes sont dédiées aux élèves:

A la mémoire / des élèves juives de ce lycée / déportées et assassinées à Auschwitz / 1942-1944 / plaque commémorative apposée le 27 mai 1993

La liste des victimes classées par ordre alphabétique a été ajoutée récemment

Yvette Achache, seize ans / Myriam Bloch, six ans / Myriam Holz, neuf ans / Paulette Iachimowitc, neuf ans / Odette Kahn, seize ans / Suzy-Eva Schaechter, quatorze ans / Plaque commémorative apposée le 26 avril 2005 / dans le cadre du centenaire du lycée Victor Hugo / et du soixantième anniversaire de la libération des camps

Monument commémoratif du stade poitevin à PoitiersAu stade poitevin se trouve également un monument commémoratif du décès du rugbyman Joffre Laurentin le 12 mai 1935 (un talonneur étudiant alors âgé de 20 ans, victime d’une fracture des vertèbres cervicales suite à un choc), sous lequel se trouve une stèle avec le nom des victimes sportifs de la première et de la deuxième guerre mondiale. Le grand bâtiment rouge à l’arrière est la patinoire juste rénovée. Voici le relevé des textes:

« Le stade poitevin à la mémoire de / Joffre Laurentin / tombé au cours du championnat de / France de rugby le XII mai MCMXXXV »
« A la mémoire / des membres du stade poitevin / morts pour la France
1914-1918 Aubier Maxime / Bernard Marcel / Boyer Pierre / Chevalier Hubert / Fouquet Camille / Lagorce Edouard / Lavaud Maurice
Lavergne Pierre / Martin Léopold / Marzan Camille / Raissac Henri / Rodrigo Henri / Royer René / Thuet Célestin / Wicker Marcel
1939-1945 Berger André / Clercy Raoul / Darres Henri / Fleury Raoul / Gendrault Pierre / Lavigne Marcel / Pavaillon Pierre
1935 – 1985. Anniversaire cinquantenaire, les anciens du stade poitevin (26 avril 1986) ».

Il y a d’autres monuments commémoratifs à Poitiers (université, gare, églises, cimetière de Chilvert, parc de la roseraie, monument de la déportation à Blossac, à la prison), je les réserve pour d’autres articles, j’ai aussi déjà parlé de ceux-ci:

Photographies d’octobre 2012 (Bressuire), septembre 2011 (lycée de Poitiers) et avril 2014 (stade poitevin).

Marthe Cohn, née Hoffnung, témoignage d’une jeune lorraine juive sauvée à Poitiers

Couverture du livre Derrière les lignes ennemies, une espionne juive dans l'Allemagne Nazie de Marthe CohnJeudi dernier (10 avril 2014), à l’occasion du 70e anniversaire de la libération de la ville de Poitiers, plusieurs manifestations étaient organisées : la projection gratuite en avant-première du documentaire « Jean-Richard Bloch, la vie à vif« , un intellectuel engagé et témoin de son époque sur France 3, réalisé par Marie Christiani et co-produit par France 3 Poitou-Charentes et Anekdota production (voir La Mérigot(t)e à Poitiers, résidence de l’écrivain Jean-Richard Bloch), la mise en place à l’hôtel de ville d’une plaque en hommage à Raymond Charpentier (son inauguration a été reportée) et le témoignage de Marthe Cohn, sujet du jour. Marthe Cohn, née Marthe Hoffnung-Gutglück, est une alerte et toute petite dame de 94 ans (née en 1920 à Metz), qui habite aux États-Unis mais témoigne régulièrement de son passé, jeune juive lorraine, réfugiée à Poitiers avec sa famille, élève-infirmière, passée en zone libre à Saint-Secondin en août 1942 après l’arrestation, quelques semaines plus tôt, de son père (vite libéré) et de sa sœur aînée (internée au camp de la route de Limoges, décédée à Auschwitz), puis de son engagement dans l’armée de libération et son rôle d’espionne infiltrée derrière les lignes allemandes, actes pour lesquels elle a reçu de multiples décorations (Croix de guerre en 1945, Médaille militaire en 1999, Chevalier de la Légion d’honneur en 2004, Médaille de reconnaissance de la Nation en 2006). Elle a publié un livre sur ses aventures, paru en 2002 aux États-Unis, Behind Enemy Lines The true story of a French Jewish Spy in Nazi Germany, traduit sous le titre Derrière les lignes ennemies, une espionne juive dans l’Allemagne Nazie (Plon, 2005, rééd. 2009 chez Tallandier). Il faudra que je le lise…

Au cours de son intervention, Marthe Cohn a parlé de Raymond Charpentier, employé de la mairie, qui lui a fourni les faux papiers d’identité pour les sept membres de sa famille (il faudra que je vous parle un de ces jours du Réseau Louis Renard, au-delà monument au réseau Louis Renard, dans le cimetière de Chilvert).

Poitiers, les deux plaques de la rue DelaunayElle a également parlé de la famille Delaunay. L’ancienne municipalité de Poitiers lui a donné le nom d’une rue, qui part du carrefour des Trois-Bourdons vers l’Ermitage à Saint-Benoît.

Poitiers, plan officiel de la ville, saisie d'écran avec la rue DelaunayJacques Santrot, le maire de l’époque, a précisé que, contrairement à ce qu’indique le plan officiel de la ville (saisie d’écran ci-dessus / 11 avril 2014), la rue est bien dédiée aux trois résistants de la famille, le père, Georges Delaunay, et les deux fils, Jacques [son fiancé] et Marc Delaunay (ces derniers faisaient partie du groupe de 5 étudiants qui ont assassiné Michel Guérin le 13 mai 1943 et ont été fusillés au Mont-Valérien le 6 octobre 1943). Volontairement, la plaque de rue ne précise pas de prénom. Ni l’adjoint au patrimoine (chargé des plaques de rue, suivre le lien pour suivre la saga), absent de la soirée, ni le maire actuel, Alain Clayes, parti avant la fin de l’exposé, n’ont pu répondre à cette question…

Marthe Cohn a par ailleurs souligné l’existence d’une plaque commémorative aux élèves juives déportées, apposée en 2005 au lycée Victor-Hugo, dont des camarades de sa sœur cadette (non loin d’ailleurs de Tête de jeune fille de Couvègnes). Il y a en fait plusieurs plaques. Deux sont dédiées aux élèves, la première n’avait pas de noms…: « A la mémoire / des élèves juives de ce lycée / déportées et assassinées / à Auschwitz / 1942-1944 / plaque commémorative apposée le 27 mai 1993 », complétée par celle portant une liste complète, « Yvette Achache, seize ans / Myriam Bloch, 6 ans / Myriam Holz, neuf ans / Paulette Iachimowitc, neuf ans / Odette Kahn, seize ans / Suzy-Eva Schaechter, quatorze ans / plaque commémorative apposée le 26 avril 2005 / dans le cadre du centenaire du lycée Victor Hugo / et du soixantième anniversaire de la libération des camps ».

Poitiers, lycée Victor Hugo, plaque commémorative de deux professeurs victimes de la deuxième guerre mondialeUne plaque avait été posée plus anciennement, cette fois à deux professeurs: « Collège moderne et technique de jeunes filles de Poitiers, professeurs victimes de la guerre 1939-1945, Alice Bonneau, Lieutenant F.F.C. [décorations militaires] / déportée résistante / décédée à Ravensbruck en mars 1945 / Madeleine Vergeau / victime du bombardement du 13 juin 1944 ».

Enfin, un détail m’a intriguée. Elle a souligné que sa sœur Stéphanie avait été arrêtée par la SIPO (et non la Gestapo comme indiqué par erreur dans son livre), le 17 juin 1942, « SIPO juste créée », et emmenée non loin de l’hôtel de ville de Poitiers (probablement à l’hôtel de Jean Beaucé où la Feldgendarmerie avait établi ses quartiers). Le passage sur la SIPO (Sicherheitspolizei) / Police de sûreté) m’a intriguée, car je pensais qu’elle avait été créée auparavant. Je me suis replongée dans mes livres d’histoire : la Sipo a été créée par Heinrich Himmler et regroupait la « Gestapo » (Geheime Staatspolizei / la police politique du Reich) et la « Kripo » (Kriminalpolizei / la police criminelle). En 1939, le Sicherheitsdienst (service de sécurité de la SS) et la Sipo sont regroupées au sein de la Sipo-SD (en savoir plus dans ce document de la fondation de la résistance). Je ne sais pas exactement à quel événement de 1942 elle a fait allusion.

En tout cas, c’était un témoignage d’une grande force, dommage que la presse locale n’en ait pas (encore?) fait de compte-rendu ou que France 3 Poitou-Charentes n’ait pas profité de son passage de plusieurs jours à Poitiers pour faire un reportage. La Nouvelle République avait fait un court article lors de sa rencontre il y a quelques mois (décembre 2013) avec le maire de Poitiers Alain Clayes.

Pour aller plus loin: voir le nouveau portail Territoires et Trajectoires de la Déportation des Juifs de France, qui recense les trajectoires des enfants juifs déportés.

Mme Odile Teyssendier de la Serve, née De Morin, élève infirmière, camarade de Marthe Cohn, qui a hébergé la famille Hoffnung-Gutlück la veille de sa fuite, a reçu à titre posthume la médaille des justes. Noël Degout, de Dienné, qui a aidé les frères aînés de Marthe, a également un dossier (incomplet) de Juste parmi les Nations.

Marthe Cohn est décédée dans la nuit du 21 au 22 mai 2025, à l’âge de 105 ans.

Un nouveau mouton poitevin me fait réfléchir sur EELV…

Un mouton poitevin, devant un panneau publicitaire pour une centrale nucléaireLes mystérieux colleurs de moutons poitevins (revoir la première série et la suite, et encore par là après cet article, et plein d’autres regroupés dans la synthèse…) continuent à nous proposer leurs messages… Parmi la nouvelle livraison, ce mouton qui regarde un panneau publicitaire avec une centrale nucléaire… Une version montrait déjà des moutons devant un panneau publicitaire… Désolée, la photo est déformée, j’ai trouvé ce mouton derrière un panneau routier mais impossible de le photographier en face.

La centrale nucléaire de Civaux vue depuis la ville haute de ChauvignyCette fois, elle m’invite à vous renvoyer à mes précédents articles sur ma centrale nucléaire préférée (Civaux, sur la photographie ci-contre, vue depuis la ville haute de Chauvigny en juillet 2012), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne, une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012), etc.

Logo Enercoop Elle me remémore aussi une information relayée il y a quelques jours sur son compte facebook par  Enercoop, mon fournisseur d’électricité, le seul à garantir une énergie électrique sans apport du nucléaire. Qu’y ai-je lu? La transcription d’un extrait de l’émission Tous politiques sur France Inter où la nouvelle secrétaire nationale d’Europe écologie les verts déclarait (à écouter par le premier lien ou le petit outil en fin d’article):

– « Qu’est-ce qui n’est pas écologique chez vous ? Dans vos comportements par exemple ? […] »
– Emmanuelle Cosse (secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts) « Je ne suis pas encore abonnée à Enercoop pour payer mon électricité et je devrais le faire ! »

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centraleDonc « on » peut toujours se clamer contre l’énergie nucléaire mais continuer à être abonné à l’énergie nucléaire d’EdF même en zone accessible à Enercoop (dans le département de la Vienne, ceux qui sont abonnés chez Sorégies et non chez EdF ne peuvent toujours pas changer d’opérateur), comme « on » peut être député(e) ou sénateur(trice) EELV (Europe écologie les verts) et se plaindre de quitter un gouvernement favorable aux OGM, à l’exploitation des gaz de schiste, à l’Airault-port et à la prolongation de la vie des centrales nucléaires. Pour information, Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Un fournisseur plus cher qu’EdF… quoi que, à force, il va finir par être moins cher, puisque nous payons de l’énergie sans apport du nucléaire (qui financera la prolongation de durée de vie des centrales nucléaires, le juste prix pour l’uranium et le stockage des déchets produits?), une énergie payée au juste prix de la production, visitez leur site, si vous ne souhaitez pas sauter le pas de changement de fournisseur d’énergie, actuellement, vous pouvez aussi participer à « l’aventure » en finançant de nouvelles unités de production d’énergie non nucléaire (biomasse, solaire, éolien, etc.)…

Et n’oubliez pas que l’électricité la moins chère est celle que l’on ne consomme pas, éteignez les lumières inutiles, débranchez vos chargeurs quand ils ne servent pas (le transformateur consomme de l’énergie), éteignez vos appareils électriques au lieu de les mettre en veille (une multiprise à interrupteur est bien pratique), sortez le linge dehors plutôt qu’utiliser le sèche-linge (bien plus énergivore que la machine à laver)… Vous trouverez d’autres gestes simples ou plus compliqués (isolation, etc.) sur le site de l’association négaWatt.

Deux moutons poitevins, élevé pour l'abattage et aux dents de loupJ’ai aussi repéré deux autres moutons « nouvelles versions », un « élevé pour l’abattage » (Pâques approche, les agneaux mâles vont passer à la casserole… comme les électeurs qui gobent couleuvres sur couleuvres) et un autre aux dents de loup! Il me fait penser au Loup et l’agneau, brodé il y a quelques années… En commentaire du précédent article, Véro bis me rappelait que je lui avais envoyé il y a déjà un bon moment une pochette avec un mouton en blackwork. Suivez le mot-clef mouton, vous y trouverez plein d’autres congénères, en broderie, en sculpture, en autocollants…

Ci-dessous, l’émission de France Inter:

L’autel des apôtres de l’église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

Inscription de la consécration de l'autel des apôtres et saint Vincent dans l'église Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de l’ à Poitiers. L’ancien autel majeur, avec une inscription très célèbre protégée par une vitre (voir la dédicace de l’autel majeur), est incrusté dans le mur nord de l’église. Il y a une autre inscription romane dans l’église, moins connue, incrustée dans le mur de la chapelle au nord du transept. Elle porte l’inscription suivante (transcription dans le Corpus des inscriptions de la France médiévale, tome I-1 : Ville de Poitiers, sous la direction de Robert Favreau, Jean Michaud et Edmond-René Labande, 1974, p. 85 et fig. 55):

« Hoc altare XI k(a)l(endas) febr(varii) est consecratvm in honore s(an)c(t)o(rum) ap(osto)l(oru)m Symonis et Judae et om(ni)u(m) ap(osto)lo(rum) et Vincentii mar(tyris) atq(ue) ibi sunt c(on)dutae reliquiae s(an)c(t)or(um) Abundi p(res)b(yte)ri et martyris et Maximi p(res)b(yter)i Archelai diaconi ».

« Cet autel a été consacré le 11 des calendes de février, en l’honneur des saints apôtres Simon et Jude, de tous les apôtres, et de Vincent, martyr, et ont été déposées ici les reliques des saints Abonde, prêtre et martyr, de Maxime, prêtre, d’Archelaus, diacre ».

Elle se trouve à son emplacement d’origine et témoigne de la consécration de « l’autel des apôtres et de saint Vincent ». Si elle donne le jour de l’année (le 11 des calendes de février), elle ne précise pas l’année… Cependant, les chercheurs qui se sont penchés sur l’épigraphie s’accordent pour la dater des années 1080, avant la consécration de l’autel principal par Urbain II en 1096 et probablement avant la mort en 1086 de Guy Geoffroy Guillaume, comte de Poitou (sous le nom de Guillaume VI) et duc d’Aquitaine (sous le nom de Guillaume VIII), fondateur du monastère (revoir son cénotaphe) et arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine.

Photographie de mars 2013.

Sur Saint-Jean-de-Montierneuf à Poitiers, voir aussi: