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Hippocrate aux enfers, de Michel Cymes

Couverture de Hippocrate aux enfers, de Michel CymesAlors que les 70 ans de la libération des camps de concentration sont discrètement célébrés (à part celle d’Auschwitz et Birkenau en janvier 2015 et l’ouverture du Musée de l’Histoire des Juifs Polonais / Muzeum Historii Żydów Polskich ou Polin à Varsovie en octobre 2014), Michel Cymes, dont les deux grands-pères ont été exécutés dans les camps, se penche sur l’aspect éthique des médecins nazis.

Le livre : Hippocrate aux enfers, les médecins des camps de la mort, de Michel Cymes, éditions Stock, 2015, 214 pages, ISBN 9782234078031.

L’histoire : quelques mois après le grand procès de Nuremberg avait lieu le procès des médecins, où un certain nombre étaient absents (en fuite, suicidés, bien protégés par l’industrie pharmaceutique ou récupérés par les armées alliées). L’auteur revient, par de courtes biographies, sur les « travaux » des plus terribles d’entre eux, autorisés ou encouragés par Himmler, la « sélection » des cobayes humains dans les camps de concentration: Sigmund Rascher et Wilhem Beiglböck à Dachau, Aribert Heim à Mauthausen, August Hirt au Struthof, Josef Mengele et Carl Clauberg à Aushwitz et Birkenau, Herta Oberheuser à Ravensbrück.

Mon avis: on a beaucoup parlé de ce livre ces dernières semaines pour la réaction de l’université de Strasbourg (voir plus bas). Le livre est surtout une synthèse claire sur les expérimentations nazies et l’analyse qui montre que ces « recherches » n’avaient rien d’éthique (non consentement des « patients », recherches inutiles), et tout du sadisme. Les derniers chapitres montrent comment les armées américaine, alliées et russe, mais avec moins d’exemples, ont récupéré certains d’entre eux ou une partie des travaux ou hypothèses posées (sur les hautes altitudes), le rôle actif des firmes pharmaceutiques dans la fuite ou l’embauche après libération (anticipée) de certains de ces médecins… Rien de très neuf pour qui connaît un peu le sujet, mais une synthèse de travaux antérieurs qui a le mérite d’être claire et grand public. Je regrette que ne soit pas mentionnés les portraits de tziganes de Dinah Gottliebova réalisés à la « demande » du Dr Mengele juste avant qu’il ne les exécute…

Michel Cymes expose un témoignage (déformé selon son auteur?), selon lequel des pièces anatomiques « collectées » par August Hirt sur les 96 prisonniers qu’il a fait spécialement exécutés au camp voisin du Struthof auraient encore pu s’y trouver en 1970 et ne pas avoir toutes été enterrées au cimetière juif de Cronenbourg avec les restes des corps retrouvés dans les cuves de l’institut d’anatomie. Il a dû insister pour pouvoir visiter les lieux… sans rien y trouver. Si l’université avait vraiment joué la transparence et pu apporter des réponses convaincantes, et si elle avait abordé la question avec une vraie enquête indépendante plutôt que dans la polémique, ce débat n’aurait pas lieu d’être. Cette université n’a apposé une plaque commémorative sur la tragédie qui s’est passée dans ses murs qu’en 2005 et semble avoir un sérieux problème de relation à son histoire… Pour clore le débat, elle pourrait peut-être rendre public (ou à un collège d’historiens et d’anatomistes plus apte à en faire la synthèse) les constatations faites au moment de l’inhumation des corps et des pièces anatomiques qui ont été expertisées et définitivement clore cet épisode qui fait partie de son histoire : August Hirt a mené dans ces lieux des actes ignobles et voulu constituer une collection de pièces anatomiques de référence. [PS: le 19 juillet 2015, la ville de Strasbourg a annoncé que finalement, des bocaux contenant des restes humains issus de ces travaux ont bien été retrouvés à l’université de Strasbourg -un bocal et des éprouvettes- et seront remis à la communauté juive pour être inhumés avec les autres victimes du camp de Struthof. Raphaël Toledano, qui a travaillé sur les 86 victimes du Dr Hirt depuis des années, a pu les identifier grâce à une lettre/inventaire retrouvée récemment].

Pour aller plus loin, suivre le mot clef sur les camps de concentration, ou la sélection de liens suivants:

– Si c’est un homme et  Les naufragés et les rescapés, de Primo Levi,

– les témoignages et récits de , également déportée à Auschwitz, notamment Aucun de nous ne reviendra, Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours,

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents.

Lire La peinture à Dora de François Le Lionnais, mathématicien et co-fondateur de l’Oulipo,  déporté à Buchenwald et Mittelbau-Dora, un autre témoignage sur la manière de survivre.

Suivre les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les , et plus largement sur la … Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien, et de nombreux liens dans mon article sur Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet, sur la peinture dans les camps de concentration.

Dans les prochaines semaines, je vous montrerai les différents monuments commémoratifs des camps de concentration au cimetière du Père-Lachaise, dont plusieurs pour Auschwitz et ses différents camps annexes (la tombe de Jean-Richard Bloch est juste à côté du monument aux déportés à Auschwitz-Birkenau).

Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven à Poitiers

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, la cabine ferméeLe festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Je vous ai parlé de 15 x la nuit, de Paul-André Fortier. J’aborde aujourd’hui un spectacle qui a beaucoup fait parler! Ceci n’est pas, de Dries Verhoeven. La performance se déroulait chaque jour de 15h à 20h, sur la place Lepetit (qui a connu une certaine activité l’année dernière suite à une évasion spectaculaire), dans une sorte de cage en verre (avec volets pour un peu d’intimité pendant les pauses, WC et boisson sous le plancher, climatisation…), d’un cartel un peu long en français et en anglais avec un texte de réflexion, et se couplait avec des vidéos mises chaque jour sur Youtube et sur la page Facebook, avec également un florilège de réactions des spectateurs (beaucoup moins de « combien ça a coûté cette c…ie » sur le site que dans  la rue). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a alimenté les conversations! Certains se disaient choqués, d’autres amusés, peu sont restés indifférents sur les dix jours. Si créer du lien social était un objectif, alors il a été atteint. L’étape de Poitiers était la deuxième phase d’un projet européen, « Second Cities – Performing Cities », qui lie le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP à six autres opérateurs culturels européens.

En tout cas, à quelques jours de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, cette performance pourrait fournir de nombreux sujets: qu’est-ce que l’art? L’art peut-il tout dire? Variante, Peut-on tout dire? Commenter cette phrase de Kant: « L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». L’art peut-il se passer de règles ? (série S, 2010) ou L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (série T, 2010). L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (série S, 2008). Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (série T, 2008). La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (série S, 2005). On peut aussi tenter les sujets sur l’éthique et la morale:  Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ? (série ES, 2002). Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (série ES, 2006). Qui se lance?

Pour chaque jour, je vous propose une photo, vous donne le titre, un lien vers la vidéo sur Youtube, une brève description et un commentaire. Vous pouvez aussi voir la version complète des textes proposés.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 1, 2 et 3

Jour 1, Ceci n’est pas de l’art, voir la vidéo du jour 1.
Ce premier jour a failli faire perdre patience aux bistrots voisins! Toute la journée, un majordome a cassé des tambours à coups de massette!

Jour 2, Ceci n’est pas une mère, voir la vidéo du jour 2.
Dans une « piscine à boules », une adolescente enceinte écoute de la musique. Je crois (mais ne suis pas sûre, je n’ai pas retrouvé mes notes) que c’est ce jour là que la musique du film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche est passée quasi en boucle. Le texte parle du rallongement de l’âge du premier enfant depuis la légalisation de la pilule, des préjugés défavorables aux jeunes mères et de l’augmentation du risque d’anomalie chez l’enfant des mères plus âgées. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certaines anomalies du nombre de chromosomes augmentent avec l’âge maternel (trisomie 21, syndrome de Klinefelter = garçons XXY), mais les anomalies de structures des chromosomes (délétions etc.) sont plus sensibles à l’augmentation de l’âge paternel! Voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques.

Jour 3, Ceci n’est pas de l’amour, voir la vidéo du jour 3.
Un couple en maillot de bain, un homme d’âge moyen lisant des contes pour enfants à une adolescente. Le texte parle de la différence de perception entre un père qui marque de l’affection pour son enfant et la mère qui aurait les mêmes gestes tendres. Ceci dit, les contes sont loin d’être neutres sur le plan sexuel… (voir les commentaires sur l’article du petit chaperon rouge).

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 4, 5 et 6

Jour 4, Ceci n’est pas le futur, voir la vidéo du jour 4
Dans la cage, un individu cagoulé en maillot de corps a passé sa journée à nettoyer les douilles sur lesquelles il est assis et de temps à autre un revolver (ou un pistolet?). Le texte parle à la fois du repli identitaire, de la paix depuis longtemps en France et des risques terroristes.

Jour 5, Ceci n’est pas de l’histoire, voir la vidéo du jour 5.
Dans la cage, fers d’esclave aux pieds, un homme noir habillé façon « publicité Banania » mange des bananes assis au milieu de fèves de cacao. Le texte parle des tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France ou ceux qui ont été massacrés par la puissance coloniale et le rôle de la PAC qui interdirait la juste concurrence avec l’Afrique, avant de conclure : « Les Français, pour leur part, n’ont pas le sentiment d’être des néocolonialistes mais chérissent toujours l’image du bon Banania ». Un petit sujet de philosophie supplémentaire, L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? (série T, 2006).

Jour 6, Ceci n’est pas la nature, voir la vidéo du jour 6.
Un hermaphrodite nu (en fait en combinaison latex) avec des ailes (tiens, ça me rappelle les moutons-papillons). Le texte parle de la détermination du genre selon Freud, et précise que « Seule l’Australie autorise officiellement que les passeports fassent état d’un genre indéterminé ». C’est faux, de plus en plus de pays (Allemagne, Inde, Pakistan, Népal) prévoient ce genre neutre ou indéterminé, soit pour l’hermaphrodisme ou ambiguïté sexuelle (qui touche environ 1 bébé sur 5000 naissances, environ 200 bébés par an en France), soit pour les eunuques et les transsexuels (voir le reportage de TV5 Monde). Une allusion au mythe de la Caverne de Platon (où Aristophane est censé présenter l’histoire) aurait aussi été possible.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 7, 8 et 9

Jour 7, Ceci n’est pas notre désir, voir la vidéo du jour 7.
Dans la « cage », une naine a passé son après-midi à lire en sirotant des apéritifs. Le texte parle des défauts physiques et du rejet sexuel, mais aussi de l’eugénisme, sans dire le mot, en parlant de diagnostic génétique prénatal et d’avortement, mais pas des lois de bioéthique. Il aurait été préférable de parler d’interruption médicale de grossesse, ce n’est pas exactement la même chose puisqu’elle peut avoir lieu jusqu’à la naissance en cas de mise en danger de la mère, du bébé ou si ce dernier est atteint d’une maladie d’une particulière gravité. Elle doit être acceptée par deux médecins, l’un de ces deux médecins devant exercer dans un Centre de Diagnostic Prénatal Pluridisciplinaire. Après 22 semaines d’aménorrhée, elle a lieu par voie basse après fœticide et ouvre droit à l’inhumation, aux congés de maternité et de paternité et à l’inscription sur le livret de famille d’un enfant né sans vie. C’est un acte très différent de l’avortement ou interruption volontaire de grossesse (voir par exemple sur le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques).

Jour 8, Ceci n’est pas notre peur, voir la vidéo du jour 8.
Un homme barbu, revêtu d’un gilet pare-balles, lit le Coran et récite ses prières. Le texte aborde la prière dans l’espace public et les croyants qui se sentent agressés par des dessins humoristiques. Personnellement, même si l’artiste est libre de ses choix, je trouve que ce tableau était stigmatisant pour une religion en particulier et donc assez malvenu. L’artiste aurait-il osé mettre un curé dans la même cage???

Jour 9, Ceci n’est pas mon corps, voir la vidéo du jour 9.
Une femme nue (enfin, en combinaison simulant la nudité) au corps vieillissant reste assise sur une chaise. Le texte parle des mannequins de plus en plus jeunes, du rapport au corps, au vieillissement des cellules à partir de 21 ans… Absurde! les cellules vieillissent depuis leur multiplication et s’éliminent au fur et à mesure, par le processus d’apoptose (en gros, auto-destruction). Leur durée de vie va de quelques jours à des centaines de jours: 5 jours pour les cellules qui tapissent l’intestin, 3 à 4 semaines pour la peau, 120 jours pour un globule blanc, plus d’un an (400 à 500 jours) pour le foie…

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jour 10

Jour 10 (épilogue), Ceci n’est pas moi, voir la vidéo du jour 10.
Au-dessus d’une épaisse couche de vers (certains arrivaient au stade de larve voire d’insecte genre blatte, j’en ai entouré une), une urne cinéraire tourne doucement. Choix cornélien pour le visiteur, être réduit en cendres ou mangé par les vers? Le texte parle de la position des cimetières hors des villes depuis l’Antiquité (mais c’est faux au Moyen-Âge!) et du deuil, moins visible dans notre civilisation (plus de vêtements de deuil, moins de cierges allumés, expression plus retenue de la douleur des veufs et veuves).

Et vous, qu’est-ce que ça vous inspire?

Sans laisser d’adresse de Harlan Coben

pioche-en-bib.jpgCouverture de Sans laisser d'adresse de Harlan CobenAprès Peur noire et Sous haute tension, j’ai emprunté ce livre à la médiathèque. J’avais lu une critique il y a quelques semaines chez Antoni / passion livres, qui organise le défi God save the livre.

Le livre : Sans laisser d’adresse, de Harlan Coben, traduit de l’anglais (États-Unis) par Roxane Azimi, éditions Belfond Noir, 352 pages, 2010, ISBN 9782714442994.

L’histoire : de nos jours aux États-Unis (surtout à New-York), à Paris et à Londres. Alors que sa copine est en train de le larguer, Harlan Coben est appelé à l’aide à Paris par Terese Collins, une ex qu’il n’a pas vue depuis une dizaine d’années. Celle-ci, ancienne journaliste vedette, vient elle-même d’y être appelée de toute urgence par son ex-mari, également journaliste, mais il ne se trouvait pas au rendez-vous… Et pour cause, il vient d’être assassiné, et sur le lieu du crime, la police retrouve du sang de leur fille. Comment est-ce possible, alors que celle-ci est morte à l’âge de sept ans, il y a dix ans, dans un terrible accident de la route alors que sa mère, un peu ivre, allait la déposer chez une amie pour faire un remplacement au journal télévisé? Sur quoi enquêtait-il pour se faire assassiné?

Mon avis : j’ai préféré cet opus à Sous haute tension. L’intrigue est menée à un train d’enfer, sur fond de terrorisme mais autour d’un sujet qui est un vrai problème d’éthique: que deviennent les embryons surnuméraires des assistances médicales à la procréation (fécondations in vitro)? Harlan Coben imagine ici une récupération (une « adoption ») des embryons par une association « sauvons les anges » dans un but criminel, mais quand il n’y a plus de projet parental, quel est l’avenir de ces embryons, congelés par milliers? Doivent-ils être détruits? Donnés à d’autres couples? Utilisés pour la recherche sur les cellules souches?

Bienvenue chez des ch’tis… un conte de noël

Après Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon, voici un huis-clos chez d’autres ch’tis, sans l’accent, dans une maison bourgeoise de Roubaix : Un conte de Noël d’, l’un des trois films français du dernier festival de Cannes [depuis, du même réalisateur, j’ai aussi vu Jimmy P. et Trois souvenirs de ma jeunesse]. Un film long (2h30), mais je n’ai pas vu le temps passer, avec un joli choix d’acteurs excellents, , Jean-Paul Roussillon, , Anne Consigny, Melvil Poupaud, Emmanuelle Devos et . Pour l’histoire, vous en avez certainement entendu parler. Il y a fort longtemps, le petit Joseph est mort à l’âge de 6 ans d’une maladie génétique rare, une sorte de leucémie. Aujourd’hui, à la veille de noël, sa mère est atteinte de la même maladie et attend un donneur compatible, l’occasion de réunir toute la famille séparée depuis des années suite à de sombres histoires de famille. J’ai beaucoup aimé, mais vous laisse découvrir par vous-mêmes. Ici, il passe en salle d’art et essai, et samedi soir, il y avait beaucoup de monde en dépit du match de foot, je suppose que les fans de foot sont plus rarement fans de cinéma d’art et essai.

Je voudrais cependant vous livrer mes réflexions sur quelques points.

Comme vous le savez peut-être, je suis secrétaire de l’association Valentin APAC, Association des Porteurs d’Anomalies Chromosomiques, membre de la fédération des maladies orphelines, qui organise dans quelques jours sa journée de collecte de dons dite des nez rouges. Alors, si vous en voyez près de chez vous, participez ! Il y a quelques semaines, avec certains membres, j’ai participé à une session de l’école de l’ADN de Poitiers, qui nous a expliqué les différents processus des remaniements chromosomiques. Alors, j’ai été littéralement séduite par une scène du film : de superbes mitoses qui se réalisent sous nos yeux. Si vous voulez voir sur des schémas à quoi ça ressemble, voici les ressources proposées lors de l’école de l’ADN, une mitose sur le site de Jussieu et une autre le mitose en animation flash.

Au-delà, ce site pose un problème d’éthique important. Alors que Joseph était malade, le couple a mis en route un autre bébé, en espérant que celui-ci serait du bon groupe HLA compatible avec l’enfant malade. Dès l’amniocentèse, il s’est révélé que ce n’était pas le cas… et ce sera très lourd pour l’enfant pas encore né, appelé parfois à tort (pas dans le film) comme un bébé médicament, et surtout cause de son rejet, de son absence d’investissement affectif par la mère (Junon / Catherine Deneuve éblouissante). Cet Henri (magistralement interprété par Mathieu Amalric) que l’on découvre dans le film comme un raté, un alcoolique, rejeté et mal-aimé dès son enfance.

Il y aurait plein d’autres petites touches à commenter, la médaille Fields (équivalent du prix Nobel pour les mathématiques, toujours attribuée à un jeune mathématicien, de moins de 35 ans) du mari d’Élisabeth, la schizophrénie de leur fils Yvan, etc.

Il a reçu le prix des auditeurs 2009 du Masque et la plume sur France-Inter, Jean-Paul Roussillon a reçu le César 2009 du meilleur acteur dans un second rôle.

Post-scriptum : merci à tous mes visiteurs, la barre des 10 000 visiteurs uniques (depuis le 3 janvier) pour 23 500 pages vues et presque 200 articles, a été franchie ce matin. Le cinq centième commentaire devrait tomber ce mois-ci, j’enverrai un petit cadeau à celle (et oui, peu de probabilité que ce soit celui, les gars semblent fuir mon blog, mais je ne serai pas sexiste) qui postera ce commentaire. Et je pars ce midi pour Tournus, à un colloque organisé par l’université de Dijon sur les petites villes, retour vers minuit vendredi, et je repars samedi à l’aube pour Niort, à une réunion de l’association des archéologues de Poitou-Charentes. Je vous ai préparé de petits articles pour patienter…

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson