Archives par étiquette : terrorisme

Dans les yeux des autres de Geneviève Brisac

Logo de pioché en bibliothèqueLogo rentrée littéraire 2014Couverture de Dans les yeux des autres de Geneviève BrisacUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions, il entre dans le défi de la rentrée littéraire pilotée par Hérisson.

Le livre: Dans les yeux des autres de Geneviève Brisac, éditions de l’Olivier, 2014, 306 p., ISBN 9782879298610.

L’histoire: de nos jours. Anna et Molly Jacob, deux sœurs, la soixantaine. La première, seule, sans logement à elle, écrivain au brillant passé oublié, déprime, la deuxième est médecin et gère la misère, grande et petite, au centre médical Gracchus-Babeuf dans le 14e arrondissement de Paris. Dans les années 1970, elles ont milité avec leurs compagnons, Marek et Boris, dans le milieu anarchiste. Tous les quatre et Mélini, la mère des filles, sont partis en 1977 au Mexique, où Marek est mort en prison. Boris continue à se battre, dans les squats des sans-logis. Au retour, Molly a foncé dans ses études pour devenir médecin, Anna a « trahi » en publiant leur histoire sous pseudonyme, Boris a disparu pendant une quinzaine d’années… Le groupe a éclaté, Anna et Molly sont restées fâchées. Anna décide de relire ses carnets de notes, un rouge (la politique), un noir (la mère), un bleu (les autres) …

Mon avis: pas toujours facile de savoir si on se trouve aujourd’hui ou dans les années 1970, mais cela est en accord avec l’état d’esprit d’Anna, anarchiste puis écrivaine mais toujours un peu en marge, partie après les autres au Mexique, officiellement pour pouvoir finir d’effacer leurs traces à Paris. Le choix des noms n’est sans doute pas innocent, Marek s’appelle Meursault, comme le vignoble ou comme le « héros » de L’étranger d’Albert Camus, que l’on retrouve aussi pour cette rentrée littéraire dans Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, qui était pressenti pour des prix littéraires. Anna et Molly, ce sont aussi les prénoms des personnages du Carnet d’or de Doris Lessing [revoir Le rêve le plus doux], où il est aussi beaucoup question de carnets, bien sûr… J’ai pensé à Maryse vers la fin (p. 211), où il est question de Diego Rivera et de Frida Kahlo… Bon, je vous parle beaucoup des à-côté, pas beaucoup du livre, sans doute parce que je n’ai pas vraiment accroché à l’esprit tortueux et déprimé d’Anna, la narratrice…

L’incertitude de l’aube de Sophie Van der Linden

Logo de pioché en bibliothèque
Logo rentrée littéraire 2014Couverture de L'incertitude de l'aube de Sophie Van der LindenParmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, j’ai choisi celui-ci. C’est le premier dans la catégorie roman pour le défi de la rentrée littéraire organisé à nouveau en 2014 par Hérisson. (J’ai déjà commencé les BD avec Vigiprimate, Silex and the City, tome 5, de Jul)

Le livre : L’incertitude de l’aube de Sophie Van der Linden, éditions Buchet-Chastel, 151 pages, 2014, ISBN 978-2-283-02808-7.

L’histoire: septembre 2003, à Beslan (Ossétie-du-Nord). Comme sa mère, enceinte, est alitée, c’est son grand-père qui va accompagner Anushka, 8 ans, pour la rentrée de l’école. En chemin, elle retrouve sa meilleure amie, Miléna, et sa mère. La rentrée doit s’accompagner d’une fête. Arrivées à l’école, déception, elles ne sont pas dans la même classe. Alors que le grand-père est assis dans la cour, les deux fillettes et la maman se retrouvent dans le gymnase pour le spectacle, en fait avec des centaines de prisonniers, enfants et parents, mères et grands-mères surtout, prises en otage par des terroristes tchétchènes.

Mon avis: J’avais écouté distraitement un entretien avec cette auteure à la radio, mais noté ni le titre ni l’auteur sur mon carnet, pas particulièrement tentée. Mais sans doute était-il inscrit dans un petit coin de ma tête, parce que lorsque je l’ai vu parmi les livres de la rentrée littéraire nouvellement acquis par la médiathèque, il a fait « tilt » d’abord… pour son petit nombre de pages. Et oui, ma vitesse de lecture est encore lente, même avec mon visioagrandisseur maison. En le commençant, je me suis souvenue en avoir entendu parler. La tragique fin de cette prise d’otage, il y a dix ans, chacun la connaît, l’assaut par les forces russes s’est terminé dans le sang (331 morts dont 181 enfants). Sophie Van der Linden a choisi de raconter le drame de l’intérieur, à la première personne dans la bouche de la fillette, Anushka. Après avoir pu aller aux toilettes une fois, elle se retrouve bloquée, pense à sa courte vie, des événements gais (fêtes, instants avec ses grands-parents) ou pas (elle a failli se noyer à la piscine emportée par une amie qui ne savait pas nager), fait d’abord des projets d’avenir, puis de moins en moins, les bébés ont été évacués, les autres ont de plus en plus faim, soif, la fillette glisse et décroche de plus en plus de la réalité. L’écriture est agréable, emmenant le lecteur dans la tête de cette fillette et dans son monde, au gré des contes et poèmes russes qui viennent peupler ses pensées.

George Kaplan de Frédéric Sonntag

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Il y a déjà trois semaines, j’ai vu la pièce de théâtre George Kaplan de Frédéric Sonntag, par la compagnie AsaNisiMasa (avec Lisa Sans, Fleur Sulmont, Alexandre Cardin, Antoine Gouy, Jérémie Sonntag et
Thomas Rathier), au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP mais dans la programmation des Amis du théâtre populaire de Poitiers. Merci à Joëlle, abonnée à la saison et qui m’a fait bénéficier d’une invitation à ce spectacle!

Le spectacle (présentation du site Format/accompagnement de projets artistiques) :

« GEORGE KAPLAN est une pièce en trois parties aux multiples liens narratifs, une pièce sur les enjeux politiques des mythes et des récits, sur le rôle du café (et de la bière) dans le bon déroulement des réunions, sur l’influence d’Hollywood dans notre représentation de la géopolitique mondiale, sur la participation d’Alfred Hitchcock à un complot international, sur la guerre de l’information et la manipulation des foules, sur une poule qui peut sauver l’humanité, sur un nom qui pourrait changer la face du monde ».

Mon avis: j’ai un peu eu du mal avec la deuxième partie, où j’ai dû lutter contre un gros coup de barre (merci à mon voisin de siège qui m’a réveillée). Chacune des trois parties met en jeu des acteurs et une reconstitution filmée. Dans la première partie, un groupe d’activistes dans une ferme, dans la seconde, des scénaristes cherchent une idée d’émission de télé-réalité, dans la troisième, réunion de crise des services secrets d’un grand pays qui ont mis sous surveillance une chambre d’hôtel et analysent la menace. La première partie est ma préférée, toute ressemblance avec des réunions associatives (ou même professionnelles) n’est pas fortuite! Ordre du jour, vote, retour sur les décisions prises les fois précédentes, palabres sans fin pour la rédaction d’un texte consensuel… Nous avons tous dû vivre ça et j’ai beaucoup aimé. La deuxième partie, qui se termine dans un bain de sang, m’a moins plu, j’en ai manqué une partie certes, mais ne suivant pas la télé-réalité (et très peu la télé), ça ne m’a pas vraiment marqué. George Kaplan donc est un personnage insaisissable, incarné par différentes personnes, une fiction (qui se termine néanmoins dans un bain de sang) ou une menace terroriste. Le mélange entre l’action sur scène et des parties projetées est, je trouve (mais ce n’est visiblement pas le cas de certains critiques) très réussi, interrogeant sur la place entre la fiction et la réalité. Le « film » avec des images plus « réelles » que la représentation sur scène reflète-t-il davantage la réalité? Une belle interrogation sur le monde actuel, les peurs collectives, la relation au réel et à la fiction. De mon côté, j’ai beaucoup aimé, mais j’ai croisé des personnes qui ont assisté à la même représentation et pas du tout adhéré…

Exit wounds de Rutu Modan

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Exit wounds de Rutu ModanUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Exit wounds de Rutu Modan (scénario et dessins), traduit de traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, éditions Actes sud BD, 2007, 176 pages, ISBN 978-2-7427-7107-3.

L’histoire : Tel-Aviv, janvier 2002. Koby, chauffeur de taxi, est abordé par Numi, une jeune femme qui effectue son service militaire: elle pense que le père de Koby, dont elle est l’amante, est la victime non identifiée d’un attentat kamikaze. Koby n’a plus de relation avec son père, sa sœur n’en a que de loin en loin. Une visite dans l’appartement montre qu’il n’y est pas venu depuis un moment. D’abord réticent, Koby finit par accepter de mener l’enquête avec elle.

Mon avis : un album en couleur avec des dessins aux traits assez simplifiés pour les personnages et très détaillés pour le paysage urbain. Le scénario est le prétexte pour explorer la vie d’une famille israélienne qui a explosé: la sœur est partie du pays depuis longtemps et vit à New-York, le père et le fils ne se voient plus depuis des années. Le volet attentat et terrorisme est finalement peu développé, comme si ceux-ci s’étaient banalisés, une victime non identifiée enterrée après un mois dans l’indifférence générale et hors cimetière juif (des fois qu’elle ne soit pas juive) – elle finira quand même par être identifiée, ce n’est pas le père recherché par la jeune amante. Je trouve que l’album manque de profondeur en n’abordant pas à fond un sujet (terrorisme) ou l’autre (qui est vraiment ce père mystérieux).

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Dimitri Bogrov de Marion Festraëts et Benjamin Bachelier

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Dimitri Bogrov de Marion Festraëts et Benjamin BachelierUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livreDimitri Bogrov de Marion Festraëts (scénario) et Benjamin Bachelier (dessins), collection Bayou, éditions Gallimard, 2009, 128 pages (y compris un rappel historique en fin d’ouvrage), ISBN 9782070613595.

L’histoire : 1911. Dimitri Bogrov vient de décrocher son diplôme d’avocat à Saint-Pétersbourg et rentre en train à Kiev. Il y fait la connaissance de Loulia, mais celle-ci quitte le train alors qu’il s’était endormi, il va ensuite chercher à retrouver… et se retrouve dans le milieu révolutionnaire de lutte contre le tsar, le frère de la belle est un terroriste, sur fond de projet de réforme agraire voulue par Piotr Stolypine, premier ministre du Tsar Nicolas II.

Mon avis : j’ai eu un peu de mal avec la mise en couleur de cet album, qui donne une ambiance assez sombre (des rouges foncés comme sur la couverture, des bleus très froids). Le récit se base sur l’histoire de Dimitri Bogrov, jeune avocat et riche héritier qui assassina à Kiev en 1911 Piotr Stolypine, premier ministre du Tsar Nicolas II, en plein opéra. Mais la scénariste a choisi de présenter plutôt une romance, comment la conquête de l’amour d’une fille a pu conduire un brillant jeune homme à devenir révolutionnaire et terroriste pour ses beaux yeux…

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Sans laisser d’adresse de Harlan Coben

pioche-en-bib.jpgCouverture de Sans laisser d'adresse de Harlan CobenAprès Peur noire et Sous haute tension, j’ai emprunté ce livre à la médiathèque. J’avais lu une critique il y a quelques semaines chez Antoni / passion livres, qui organise le défi God save the livre.

Le livre : Sans laisser d’adresse, de Harlan Coben, traduit de l’anglais (États-Unis) par Roxane Azimi, éditions Belfond Noir, 352 pages, 2010, ISBN 9782714442994.

L’histoire : de nos jours aux États-Unis (surtout à New-York), à Paris et à Londres. Alors que sa copine est en train de le larguer, Harlan Coben est appelé à l’aide à Paris par Terese Collins, une ex qu’il n’a pas vue depuis une dizaine d’années. Celle-ci, ancienne journaliste vedette, vient elle-même d’y être appelée de toute urgence par son ex-mari, également journaliste, mais il ne se trouvait pas au rendez-vous… Et pour cause, il vient d’être assassiné, et sur le lieu du crime, la police retrouve du sang de leur fille. Comment est-ce possible, alors que celle-ci est morte à l’âge de sept ans, il y a dix ans, dans un terrible accident de la route alors que sa mère, un peu ivre, allait la déposer chez une amie pour faire un remplacement au journal télévisé? Sur quoi enquêtait-il pour se faire assassiné?

Mon avis : j’ai préféré cet opus à Sous haute tension. L’intrigue est menée à un train d’enfer, sur fond de terrorisme mais autour d’un sujet qui est un vrai problème d’éthique: que deviennent les embryons surnuméraires des assistances médicales à la procréation (fécondations in vitro)? Harlan Coben imagine ici une récupération (une « adoption ») des embryons par une association « sauvons les anges » dans un but criminel, mais quand il n’y a plus de projet parental, quel est l’avenir de ces embryons, congelés par milliers? Doivent-ils être détruits? Donnés à d’autres couples? Utilisés pour la recherche sur les cellules souches?

Sous surveillance de Robert Redford

Affiche de Sous surveillance de Robert RedfordAvec la météo frisquette et grise, j’ai renoncé à la promenade et au jardin dimanche, et préféré aller au cinéma voir Sous surveillance de (et avec) Robert Redford (en V.O.), adapté du roman de Neil Gordon, The Company You Keep (que je n’ai pas lu).

Le film : de nos jours aux États-Unis. Alors qu’elle avait décidé d’aller se rendre à New-York, une mère de famille apparemment sans histoire (Susan Sarondon) est arrêtée dans une station service: elle était sous surveillance. Il s’agit en fait de Sharon Solarz, une ancienne militante d’extrême-gauche qui, avec le groupe Weather Underground, a revendiqué en 1969 une série d’attentats pour protester contre la guerre du Vietnam, série qui s’est achevée par un braquage dans lequel un policier a été abattu. Le groupe s’était alors dispersé et avait disparu dans la nature. Un jeune journaliste local, Ben Shulberg (Shia LaBeouf), dont le journal est à la peine, est sommé de trouver des informations s’il veut garder son poste. Très vite, il s’intéresse à Jim Grant (Robert Redford), un avocat veuf depuis un an et qui élève sa fille de 11 ans. Il se rend vite compte qu’il s’agit en fait de Nick Sloan, autre membre du groupe qui est accusé d’être le tireur lors du braquage mais s’en défend… Ce dernier réussit in extremis à échapper à la police et repart dans la clandestinité… à la recherche des autres camarades de l’époque… A ses trousses, le journaliste… lui-même poursuivi par le FBI.

Mon avis: un polar politique bien mené… Il commence avec un rythme soutenu, puis on entre plus lentement en profondeur, au fur et à mesure de l’apparition des anciens activistes, dont certains ont refait une vie respectable, d’autres (Mimi Lurie, jouée par Julie Christie) ont gardé leur idéaux et poursuivi le combat sur d’autres causes. Les paysages de la traque à la frontière nord des États-Unis sont superbes… alors certes, les amateurs de films d’action trouveront sans doute que ça manque de rythme à la fin, mais justement, ce calme permet d’accentuer le décalage entre la fin des années 1960 et aujourd’hui, l’évolution des personnages dans le temps, le sens (ou le non-sens) d’une traque de 30 ans…

Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl

Couverture de Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque dans une sélection de livres nordiques dans le cadre de l’opération Passeurs de monde(s) organisé par le centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes.

Le livre : Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl, traduit du danois par Alain Gnaedig, éditions Gallimard, 2009, 204 pages, ISBN 9782070782055.

L’histoire : 1977, à Copenhague. Alors qu’il travaille à l’accueil de la gare de Copenhague, le narrateur, étudiant, aide une jeune femme, Randi, à trouver un hôtel à proximité. Il la retrouve dans cet hôtel mais elle reste mystérieuse (sur ses papiers, elle s’appelle Sonja) quand le lendemain, elle lui confie une clef de consigne avant de disparaître. Dans la consigne, un sac en plastique plein de billets, il remet la clef anonymement à la police. Quinze ans plus tard, il est marié, croise par hasard l’inconnue dans la rue… Après des hésitations, il reprend contact, elle finit par lui raconter au fil des mois son histoire, qui commence quelques semaines avant leur rencontre, alors qu’elle terminait à Francfort un contrat de fille au pair…

Mon avis : un roman qui nous plonge dans le passé trouble de l’Allemagne. Après l’assassinat par la police de Benno Ohnesborg le 2 juin 1967 lors d’une manifestation pacifiste contre une visite du shah d’Iran en Allemagne, certains groupes d’étudiants se sont radicalisés jusqu’à former la fraction armée rouge. L’amie du narrateur s’est retrouvée « accidentellement » mêlée aux faits d’armes de l’un de ces groupes et n’a jamais été identifiée. Plus que sur l’histoire de ce mouvement d’extrême gauche, le livre aborde la question des remords et de l’hésitation perpétuelle de l’étudiante devenue une « honorable femme mariée » à parler de son histoire de quelques semaines voire à se dénoncer. En mettant l’ensemble du récit dans la bouche du narrateur, l’auteur prend plus de recul, l’histoire de Sonja est rapportée indirectement, difficile pour le narrateur de prendre parti, depuis la seule nuit qu’ils ont passé ensemble, il est secrètement épris de Sonja, mais tous deux sont mariés depuis longtemps quand ils se retrouvent. Ni le narrateur, ni l’auteur ne semblent prendre parti pour ou contre le terrorisme et le banditisme pour parvenir à ses fins politiques…

Kaboul disco tome 2, de Nicolas Wild

Couverture de Kaboul disco tome 2, de Nicolas Wild

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé cet album en cherchant la suite du tome 1 dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Kaboul disco tome 2, Comment je ne suis pas devenu opiomane en Afghanistan de Nicolas Wild (dessin et scénario) , éditions La boîte à bulles, 2008, 163 pages plus le bonus non paginé, ISBN 978-2-84953-054-2.

L’histoire : juin 2005, essentiellement à Kaboul. Après un bref passage à Paris, Nicolas Wild retourne en Afghanistan où il est embauché par l’agence Zendagui pour mettre en place une campagne de sensibilisation contre l’opium, « L’opium c’est mal », déclinée sur les boîtes d’allumettes, des autocollants et de grands panneaux dans les rues. La vie façon auberge espagnole s’organise dans la boîte de communication et entre les expatriés, dans des lieux clos et protégés, mais aussi avec des sorties parfois étonnantes (un pique-nique en Kâpîssâ). En septembre ont lieu les premières élections législatives, avec ses collègues, il décide d’aller voir le bureau de vote voisin… où ils ne trouvent guère que des observateurs!

 Mon avis : un album en noir et blanc assez dépouillé (peu de décors) qui rend compte de la vie des expatriés à Kaboul, interrompus par de brefs séjours en France pour l’auteur et pour d’autres membres de l’agence. Une journée d’émeute montre le décalage avec les forces militaires françaises (qui les évacuent, l’ambassade étant trop petite) : un soldat est éberlué de voir des civils à Kaboul, depuis plusieurs années, d’apprendre qu’ils peuvent rencontrer leurs voisins ou la population, être là volontairement alors qu’eux sont cloîtrés dans leur caserne… Nicolas Wild et ses collègues gardent un regard critique sur leur boulot, sur l'(in)efficacité des campagnes contre la production de pavot et d’opium qu’ils organisent. Un récit qui ne manque pas d’humour sur une expérience assez particulière…

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les damnés de Nanterre de Chantal Montellier

Couverture de Les damnés de Nanterre de Chantal Montellier

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Tchernobyl mon amour, j’ai eu envie de poursuivre ma découverte de cette auteure avec cet autre album trouvé dans les bacs BD de la médiathèque. J’ai poursuivi la découverte de cette auteure avec Paris sur sang, mystère au Père Lachaise.

Le livre : Les damnés de Nanterre de Chantal Montellier (scénario et dessin), collection Graphic, éditions Denoël, 2005, 87 pages, ISBN 978-22072562994.

L’histoire : à Paris en 2004. Chris Winckler, journaliste indépendante, a reçu du journal de gauche La Vérité la commande d’un article pour les dix ans de l’affaire de Nanterre. 4 octobre 1994, deux très jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, attaquent la préfourrière de Pantin pour voler des armes. Ils s’enfuient en prenant en otage un taxi (et son passager). Une fusillade explose à la Nation, quand le taxi heurte une voiture de police, ils prennent la fuite à bord d’une autre voiture, re-fusillade. Bilan, cinq morts (le chauffeur de taxi, trois policiers et Audry Maupin), cinq blessés. Chris Winckler veut comprendre, s’agit-il bien du coup de folie de deux jeunes influencés par des films violents? Elle se lance sur la piste d’un troisième homme, les groupes d’extrême gauche manipulés par les renseignements généraux, la récupération (voire la manipulation) par Charles Pasqua qui aurait bien aimé rétablir la peine de mort.

Mon avis : j’ai toujours un peu de mal avec le graphisme de cette auteure, mais j’aime bien sa façon de rouvrir d’anciens dossiers. Elle tente d’aller au-delà du fait divers violent. Comment deux étudiants abandonnent leurs études, entre dans des milieux d’extrême gauche, digèrent vingt-cinq ans après les idées de mai 1968, se forgent une opinion politique. Comment aussi ces groupes sont suivis voire manipulés par les renseignements généraux : ce service a changé de nom, mais ne joue-t-il pas toujours dans les eaux troubles, comme on a pu le voir ces dernières années avec « l’affaire de Tarnac » (moins dramatique… seuls quelques trains ont eu du retard). Ou quand créer une menace peut servir les politiques en place, hier le rêve de Charles Pasqua de rétablir la peine de mort, plus récemment la peur sécuritaire et la justification de mesures d’exception…

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chantal Montellier.

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.