Archives par étiquette : terrorisme

Kaboul disco tome 1, de Nicolas Wild

Couverture de Kaboul disco tome 1, de Nicolas Wild

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé cet album en fouillant dans les bacs de la médiathèque, la suite très bientôt avec le tome 2.

Le livre : Kaboul disco tome 1, Comment je ne me suis pas fait kidnapper en Afghanistan de Nicolas Wild (dessin et scénario) , collection contrecœur, éditions La boîte à bulles, 2007, 145 pages plus le bonus non paginé, ISBN 978-2849530535.

L’histoire : janvier 2005, essentiellement à Kaboul. A Paris, dessinateur de bandes dessinées, Nicolas Wild squatte chez un copain, mais il devient urgent de trouver un boulot. Une amie lui fait suivre une petite annonce qu’elle a trouvé de l’agence de communication Zendagui Media : ils cherchent justement un dessinateur, embauche immédiate… à Kaboul! Enfin, pas tout de suite Kaboul, l’avion – et ses passagers, surtout des humanitaires – est bloqué quelques jours à Bakou pour cause de mauvaises conditions météorologiques. Il finit par arriver à Kaboul, où il doit illustrer la nouvelle constitution Afghane avec Tristan, qui a déjà commencé le boulot. Il faut faire vite, les élections approchent. Il se retrouve coincé entre l’agence (un grand bureau partagé entre tous), la guest-house des employés (un grand appartement avec tous les employés de l’agence), les patrons logent ailleurs, le milieu des expatriés, les contraintes de sécurité (une humanitaire est d’ailleurs enlevée puis libérée)…

Mon avis : un album en noir et blanc assez dépouillé (peu de décors) qui raconte avec humour la vie d’un expatrié en Afghanistan, arrivé là un peu par hasard, au milieu d’humanitaires qui eux ont fait le choix de venir ici… Une vision très différente et moins profonde que celle de la série Le Photographe (qui se passe aussi en Afghanistan, mais dans les montagnes, le milieu des humanitaires pendant la guerre avec les Soviétiques, revoir le tome 1, le tome 2 et le tome 3). Car de l’Afghanistan et même de Kaboul, il est très peu question, à part la constitution et le milieu très fermé des expatriés, qui se retrouvent dans quelques lieux, entre eux, avec quasiment aucun contact à l’extérieur, si on excepte le chauffeur et la femme de ménage de l’agence… Un grand moment quand même, les candidats à l’élection sont représentés par des symboles dans ce peuple en grande partie illettré… avec par exemple un gros méchant dont le symbole sur le bulletin de vote et les affiches est un couple de nounours…

Logo 2012 du Top BD des blogueurs, nouvelle version Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La montagne de Jean-Noël Pancrazi

Couverture de La montagne de Jean-Noël Pancrazi Bienvenue en arabe

pioche-en-bib.jpgLe défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya est en principe terminé, mais j’ai encore quelques livres en stock, alors, je poursuis un peu sur ce thème (en alternance avec d’autres livres). J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : La montagne de Jean-Noël Pancrazi, collection Blanche, éditions Gallimard, 2012, 91 pages, ISBN 978-2070137145.

L’histoire : à Bordj Bou Arréridj, en Algérie, en juin… l’année n’est pas précisée, pendant la guerre d’Algérie [1957, si le récit est strictement autobiographique]. Le narrateur a huit ans, joue avec ses camarades dans la cour d’une minoterie où son père travaille. Le chauffeur de l’entreprise propose d’emmener les enfants faire un tour dans la montagne, le narrateur reste, les six autres ne reviendront pas… ils ont été égorgés, la vie du gamin bascule, entre horreur et retour en métropole, sans son père, qui décide de rester sur place…

Mon avis : un récit court et poignant. Le massacre, bien sûr, mais aussi le paysage à couper le souffle, l’exil des autres familles puis de lui-même avec sa mère, le père qui continue à faire vivre la minoterie avant de devoir à son tour partir après l’indépendance… Une journée qui a modifié le cours de sa vie…

Palestine de Hubert Haddad

Couverture de Palestine de Hubert Haddad pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Opium Poppy, j’ai eu envie de découvrir d’autres livres de Hubert Haddad. mon choix s’est porté sur Palestine, trouvé à la médiathèque. Il a reçu le prix des cinq continents de la francophonie en 2008 et le prix Renaudot poche en 2009.

Le livre : Palestine de Hubert Haddad, éditions Zulma, 2007, 156 pages, ISBN 978-2-84304-421-2.

L’histoire : vers 2005 en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la « ceinture de sécurité », au sud d’Hebron, entre un village arabe, un ancien cimetière et la colonie juive de Ber Schov. Cham, jeune soldat israélien, devrait être en permission, mais il l’un de ses supérieurs lui demande de faire une dernière ronde… quand un commando palestinien attaque. Son compagnon est tué, lui est kidnappé, la tête recouverte d’un keffieh. En se réveillant, il se souvient qu’il s’est fait volé ses papiers la veille sur l’esplanade des mosquées, mais il ne se rappelle de rien d’autre, pas même de son nom. Il est déplacé d’une cache à l’autre, et devient Nessim, le fils disparu d’une mère aveugle, Asmahane, et le frère de Falastìn, qui le soignent et le cachent, il se retrouve pris entre les tirs palestiniens et les tirs israëliens, entre le Hamas et le Fatah…

Mon avis : un texte fort sur le conflit israëlo-palestinien, mais que j’ai quand même trouvé un cran en-dessous de Opium Poppy que j’ai adoré. Une façon poétique et tragique d’aborder ce conflit, l’absurdité de la ligne de séparation, qui entraîne encore plus de révolte du côté palestinien… jusqu’au dénouement final que je ne vous révèlerai pas… Mais quand l’armée israélienne considère juste comme une erreur d’avoir rasé une maison avec une vieille dame aveugle à l’intérieur (ben oui, elle aurait dû lire l’avis placardé la veille!), comment ne pas comprendre la révolte, tout en sachant que la violence n’apporte que la violence et ne résout pas les conflits…

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya. L’auteur, Hubert Abraham Haddad, est né à Tunis en 1947, il a suivi l’exil de ses parents quelques années plus tard, à Belleville.

La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer

Couverture de La meilleure façon de s'aimer de Akli Tadjer

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions.

Le livre : La meilleure façon de s’aimer de Akli Tadjer, éditions Jean-Claude Lattès, 2012, 284 pages, ISBN 978-2709635257.

L’histoire : de nos jours à Paris et en Algérie au moment de la guerre d’indépendance. Après les attentats du 11 septembre 2001, Saïd a perdu son travail, il vendait des assurances à des arabes… qui avaient un taux de sinistres plus importants et étaient non rentables, d’après son patron… Il change de nom et de prénom, le voici devenu Sergio, pas plus mal non plus pour draguer… A l’hôpital, il retrouve presque chaque jour sa mère, Fatima, qui a été victime d’un accident vasculaire cérébral il y a trois mois. Cette dernière est sortie du comas il y a un bon mois, mais elle est aphasique. Cependant, elle comprend parfaitement ce que disent les gens -dont son fils- qui viennent la voir, sa pensée revient à sa jeunesse en Algérie. Enfant, ses parents ont mis une bombe dans un café à Alger, ils sont morts, elle a été élevée dans un orphelinat catholique. Prise en affection par un couple de colons, ceux-ci fuient à l’indépendance, lui promettant de venir la chercher… Elle finira quand même par venir en France, un mari alcoolique, elle ne veut pas d’enfant, Saïd arrive quand même, mais leurs relations semblent avoir toujours été compliquées…

Mon avis : un beau texte qui alterne le point de vue du fils et de la mère. Un amour compliqué, des amours compliqués, chacun, au fil de leurs souvenirs, racontent leurs histoires d’amour respectives, mais l’amour mère-fils surgira-t-il enfin? Un texte aussi sur la prise en charge de personnes âgées (ou non) victimes d’AVC. Certes, Fatima ne peut pas parler, mais elle n’en est pas pour autant un « légume », quoiqu’en pense une ex de son fils… Elle subit les soins, les réflexions, les remarques qui la rabaissent sans pouvoir s’exprimer… Un texte qui est une belle découverte… Merci aux bibliothécaires de l’avoir acquis et mis en avant dans le rayonnage!

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya.

Opium Poppy de Hubert Haddad

Couverture de Opium Poppy de Hubert Haddad

pioche-en-bib.jpgUn livre trouvé à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions. Il a reçu le prix du Cercle Interallié 2012. Depuis, j’ai aussi lu Palestine du même auteur.

Le livre : Opium Poppy de Hubert Haddad, éditions Zulma, 2011, 171 pages, ISBN 978-2-84304-566-0.

L’histoire : de nos jours à Paris. Dans un centre de rétention, ou plutôt dans un centre pour mineurs isolés. Un petit garçon d’une douzaine d’années est interrogé par le médecin, il refuse de dire son nom, de raconter son histoire, mais ses cicatrices disent les balles qu’il a reçues. Il a juste montré sur une carte son pays d’origine, l’Afghanistan. Alors, on lui donne le prénom d’Alam, lui, ça lui va, c’était le prénom de son frère aîné… Dans ce centre où se côtoient des mineurs de toutes origines, un Kosovar fait la loi, les enfants sont censés apprendre le français à partir de cours de grammaire… Alam s’en échappera assez vite. Pour revenir sur son histoire, celle d’un fils de paysan originaire de la région montagneuse du Kandahar. Il avait été retrouvé gravement blessé lors d’un accrochage entre paysans et rebelles, récupéré par des militaires. Là-bas, auparavant, il était l’Évanoui, à la honte de son père, il s’était évanoui lors de la cérémonie de circoncision. Son père qui produisait du pavot pour survivre… Une prise de livraison s’était mal passée, les seigneurs de la guerre avaient été attaqués, le père avait fait une attaque cérébrale, devenu légume, sa femme l’avait transporté dans la ville minière voisine, ses deux fils livrés à la débrouille… Alam finit enrôlé par les talibans.

Mon avis : un récit haletant, dévoré d’une traite, qui alterne la vie passée et tragique de cet enfant en Afghanistan, et sa vie tout aussi tragique en France, du centre de rétention au squat où il finit par arriver… Comment peut-on imposer ainsi à des enfants l’apprentissage du français par la grammaire et la conjugaison du verbe être? Il existe de meilleures manières d’aborder le français langue étrangère (FLE)… Comment peut-on livrer un enfant à un interrogatoire sur sa vie passée, le mettre aux mains d’un psychologue, sans s’assurer qu’il comprend bien, lui proposer un interprète, tenter de comprendre ce qui lui est arrivé autrement qu’en jargon psy (traumatisme de guerre…)? Comment peut-on laisser ces enfants isolés ainsi entre eux, la loi du plus fort de leur vie antérieure, souvent très difficile, ne peut que conduire à des drames… Comment cet enfant peut-il n’avoir pas été identifié lorsqu’il a été blessé (personne ne l’a réclamé, mais personne ne semble s’être soucié de retrouver as famille)? Comment peut-il ensuite rester à vivre dans la rue, sous la protection d’un chef de squat, jusqu’à la fin inévitable… Sans oublier que les mineurs isolés devraient être pris en charge par la France, la société, plus prosaïquement les conseils généraux, chargés de l’aide sociale à l’enfance, mais chaque jour, en région parisienne, des dizaines de ces enfants sont rejetés des centres d’hébergement, livrés à la loi de la rue…

Sur le sujet des mineurs isolés en France, voir par exemple le dossier de France terre d’Asile et le rapport parlementaire de Isabelle Debré (mai 2010) sur le site de la documentation française, la situation a encore empiré depuis ce rapport.

Bienvenue en arabeUn livre qui entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya. L’auteur, Hubert Abraham Haddad, est né à Tunis en 1947, il a suivi l’exil de ses parents quelques années plus tard, à Belleville.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Tunisie.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Affiche Des hommes et des dieux de Xavier Dauvois Dernière journée du festival Télérama aujourd’hui, au total, j’aurai vu en rattrapage 7 ou 8 films. Je commence aujourd’hui par vous parler Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois.

Le film : Tibérine / Tibhirine, près de Médéa, à une centaine de kilomètres du sud d’Alger, vers 1993, puis de la nuit de noël 1995 à la nuit du 26 au 27 mars 1996, en Kabylie. Un monastère perché dans l’Atlas est occupé par huit moines cisterciens, certains très âgés ou malades, qui vivent modestement du produit de leurs cultures (notamment de la vente de leur miel) et tiennent un dispensaire qui accueille tout le monde, à condition que ce soit sans armes. Première alerte dans la nuit de noël 1995, un commando exige la venue du médecin dans le maquis, le prieur refuse. Première discussion au monastère, le prieur a pris sa décision seul, ce n’est pas le fonctionnement dans un monastère, le chapitre (réunion des moines) suivant est assez houleux : fallait-il tenir tête aux terroristes, et maintenant, faut-il rester ou partir ? Un peu plus tard, un groupe de travailleurs hongrois (ou tchèques ? je n’ai pas trop fait attention) est massacré, la question se pose à nouveau, l’armée veut imposer sa protection aux moines, qui refusent…

Mon avis : je me suis ennuyée par moment et certains passages sont vraiment dans l’excès, je pense en particulier au dernier repas des moines au monastère, en silence comme le veut la règle cistercienne, non pas avec une lecture, comme dans une scène précédente, mais sur fond de Lac des cygnes crachouillé par un magnétophone. L’allusion à la Cène (renforcée par le moine arrivé la veille leur apporter du ravitaillement), les vues qui s’éternisent sur la béatitude des moines buvant une bonne bouteille de vin, sont vraiment exagérées… Lambert Wilson en prieur, pourquoi pas, quand, en proie au doute, il embrasse littéralement un vieux cèdre multi-centenaire ou part méditer (prier ?) au bord du lac, il est peu crédible. En revanche, j’ai adoré Michael Lonsdale dans le rôle du vieux moine médecin asthmatique. Grand prix du jury, prix du jury œcuménique (ça, je peux comprendre) et prix de l’éducation nationale (où est passée la laïcité ?) au dernier festival de Cannes, favori pour les prochains César, le film a fait accourir les foules, ce qui est assez rare pour un film classé Art et essai, mais ne m’a vraiment pas convaincue.

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

La longue nuit d’un repenti de Yasmina Khadra

Couverture de la longue nuit d'un repentis de Yasmina Khadra pioche-en-bib.jpgVoici un tout petit livre, écris seulement sur les pages de droite, mis en avant par la sélection des bibliothécaires de la médiathèque

Le livre : La longue nuit d’un repenti de Yasmina Khadra, collection Histoire courte, Les Éditions du moteur, 21 pages, 2010, ISBN 978-2918602002 (le site de l’éditeur est très mal fait, impossible d’y trouver le livre en question en passant par l’accueil, heureusement qu’un moteur de recherche m’a trouvé la bonne page, … mais mal formatée, impossible d’afficher le début et la fin du texte!

L’histoire : dans une chambre en Algérie, après la guerre (ou les derniers événements ?). Abou Seif est rentré chez lui, auprès de sa femme. Il est hanté par des cauchemars, les tortures passées, ne fait plus la différence entre le passé et le présent, s’en prend à sa femme qu’il confond avec une ancienne de ses victimes…

Le livre de Khadra ouvert Mon avis : un texte très court mais très très fort, à lire absolument (quelques minutes suffisent, disons un quart d’heure…) si vous le trouvez.

Du même auteur, je vous ai parlé de La part du mort ; Morituri ; Double blanc ; L’automne des chimères ; Ce que le jour doit à la nuit ; La rose de Blida ; Les hirondelles de Kaboul

Coupures irlandaises de Kris et Vincent Bailly

Couverture de Coupures irlandaises, de Kris et Bailly pioche-en-bib.jpgJe n’ai toujours pas pu récupérer à la médiathèque la BD Un homme est mort de Kris et Davodeau, mais dans le bac de Kris, j’ai trouvé ce volume.

Le livre : Coupures irlandaises, de Kris (scénario) et Vincent Bailly (dessin et couleur), éditions Futuropolis, 62 planches suivies d’un dossier de 16 pages, 2008, ISBN 978-2-7548-0029-7.

L’histoire : au début des années 1990, en Bretagne puis à Belfast. Deux jeunes bretons, adolescents, s’en vont faire un séjour linguistique à Belfast, car leur professeur y a des relations… Deux mois en immersion, quoi de mieux pour apprendre l’anglais ? Le voyage est long, ils arrivent dans une ville grise, sous la pluie, avec des militaires, des barrages… Et les deux garçons ne logeront pas ensemble : Nicolas reste dans la famille ouvrière, catholique, qui l’a accueilli le premier jour, alors que Chris part dans une riche famille protestante à l’autre bout de la ville.. Dans un Belfast où les tensions sont vives, les garçons vont faire la découverte des filles, mais aussi de la guerre civile…

Mon avis : j’ai beaucoup aimé ce récit pour partie auto-biographique… Si la guerre civile a cessé, au sein de l’Europe, l’Ulster (Irlande du Nord) est toujours occupée par la Grande-Bretagne, vive l’Union européenne…. qui a certes contribué à ce qu’il n’y ait plus de bombes, mais n’a pas permis la réunification de l’Irlande ni la condamnation de la Grande-Bretagne pour son nom respect des droits de l’homme avec les prisonniers de l’IRA. J’ai bien aimé aussi le graphisme, même si ce sont des couleurs froides qui dominent, mais elles sont bien adaptées au récit.

Sur un thème voisin, je vous invite à (re)lire mon avis sur le film Hunger de Steve Mc Queen.

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Le village de l’Allemand de Boualem Sansal

Couverture du journal de l'Allemande, de Sansal Logo des coups de coeur de la blogosphère À l’occasion du 65e anniversaire de la libération d’Auschwitz, Arte rediffuse ce soir la première partie de Shoah, de Claude Lanzmann. L’occasion aussi pour moi de vous parler d’un livre en rapport avec le sujet.

Theoma organise le challenge les coups de cœur de la blogosphère, que je regroupe pour ce qui me concerne sur cette page. J’ai commencé par un livre proposé par Amanda Meyre (qui a eu les honneurs de l’article de Télérama dont je vous ai parlé lundi et qui a parlé du livre ici). J’ai emprunté ce livre à la médiathèque.

pioche-en-bib.jpgLe livre : Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, de Boualem Sansal , Gallimard / NRF, 264 pages, 2008, ISBN 978-2070786855.

L’histoire : deux frères, de mère algérienne et de père allemand, arrivés enfants chez un oncle en France, en banlieue parisienne, sans retourner en Algérie. L’un est ingénieur, l’autre, viré de l’école en CM2, se débrouille dans la cité. Le 24 avril 1996, l’aîné, Rachel, s’est suicidé aux gaz d’échappement… Depuis deux ans, il était à la dérive et a laissé à son frère, Malrich, un journal, qui lui est remis quelques mois après sa mort par le commissaire de police. Malrich découvre alors que ses parents ont été massacrés le 24 avril 1994 à Aïn Deb, un petit village des montagnes algériennes, et enterrés pour leur mère sous son nom de jeune fille et pour son père, sous son nom hérité du maquis algérien. Rachel avait vu l’information à la télévision, s’était rendu sur place avec bien des difficultés, puis avait découvert des documents prouvant que son père avait un passé de criminel nazi, chimiste dans les camps de la mort… Rachel avait alors délaissé son travail pour aller sur les traces de son père, voulant payer le prix que celui-ci n’avait pas payé… Quant à Malrich, il fait le parallèle entre ce qu’il découvre dans le journal de son frère et l’embrigadement des jeunes de la cité par des extrémistes islamistes.

Mon avis : il y a quelque chose qui m’a gêné dans ce livre, je ne sais pas exactement quoi… Pas le suicide, ni le cheminement de Rachel puis de Malrich, que nous suivons par l’intermédiaire de deux journaux qui s’entrecroisent. Pas la forme narrative non plus, assez originale et très efficace. Plutôt sans doute la mise en parallèle de la Shoah, du GIA et de l’islamisation des cités, par le biais de l’embrigadement principalement. Ou bien le fait que l’on puisse se sentir responsables des crimes de ses parents jusqu’à se suicider soi-même ? Je ne regrette pas d’avoir lu ce livre, mais il me laisse un petit quelque chose d’inexprimable… J’ai été beaucoup plus sensible au récit précédent de Baoulem Sansal, Poste restante : Alger, que j’ai lu avant d’ouvrir ce blog.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.

Hunger de Steve Mc Queen

Il est temps de vous parler un peu des films que j’ai vus dans le cadre du festival Télérama 2009. Je commence par Hunger de Steve Mc Queen. Présenté au 61ème festival de Cannes en 2008 dans la sélection Un certain regard, il a reçu la caméra d’or, qui récompense le meilleur premier film toutes sections confondues. [PS: depuis, j’ai aussi vu 12 years a slave].

L’histoire : 1981, le quartier spécial de la prison de Long Kesh / Maze, en Irlande du Nord. Des prisonniers de l’IRA réclament le statut de prisonniers politiques. N’ayant à leur disposition que leurs corps, ils font la grève du port de l’uniforme de prisonnier (ils protestent nus, avec une seule couverture, Blanket Protest, mais acceptent les vêtements pour les visites et la messe, plus pratique aussi pour trafiquer) et de l’hygiène (vidange des seaux hygiéniques sous la porte, peinture aux excréments sur les murs, etc.). Le film suit le jeune Davey Gillen (Brian Milligan) vient d’être incarcéré, sa lente dégradation physique, les bains forcés, l’émeute… Lors des visites de famille, des informations et des objets (textes sur papier tiré de la bible, poste de radio à galène, etc.) s’échangent malgré tout. Et la communication avec le leader du mouvement, Bobby Sands []. N’obtenant toujours pas le statut de prisonnier politique, après un long entretien avec un prêtre, ce dernier décide d’organiser une grève de la faim et de la soif avec un nouveau gréviste tous les quinze jours… pour ne pas subir le même échec que quelques mois plus tôt. À ce sujet, vous pourrez aller écouter le reportage vidéo de Radio-Canada sur le 5 mai 1981, diffusé le 30 juin 1981, sur la mort de Bobby Sands en prison (en français).

Mon avis : mis à part Valse avec Bachir d’Ari Folman, que j’avais vu lors de sa sortie, Hunger est probablement le film le plus fort de la sélection du festival Télérama 2009. Un grand silence a accompagné la fin du film, même si la salle était loin d’être même à moitié pleine, c’était impressionnant. Heureusement qu’il n’y a pas encore d’odeurs en même temps que les images. Un film qui montre la violence des deux côtés, IRA, régime de Thatcher (que l’on entend en voie off…) et gardiens.

Il a fallu attendre la mort de 10 grévistes de la faim (Bobby Sands, 6 autres membres de l’IRA et 3 de l’INLA) et de 26 gardiens assassinés à l’extérieur pour que ces prisonniers obtiennent les conditions de détention d’un prisonnier politique, sans en avoir le statut. Personne n’a été poursuivi pour le non respect des droits de l’homme et des conventions internationales… La médiatisation de cette grève de la faim a entraîné un afflux de ressources pour les indépendantistes et probablement contribué à la poursuite des actions sanglantes de l’IRA pendant de nombreuses années.

Que ce film soit aussi l’occasion d’avoir une pensée pour tous les prisonniers politiques (la frontière entre terroriste et combattant de la liberté peut être très ténue…) du monde entier, mais aussi pour le respect des droits de l’homme en prison, en France aussi (voir le nombre anormal de suicides et de crimes en prison ces derniers mois). Et pour que tous ceux qui violent les droits de l’homme et les conventions internationales, ou les ont violé, même à Abu Ghraib (voir l’article du centre de recherche sur les tortures dans le monde) ou à Guantánamo (voir le rapport d’Amnesty international)… camp où il y a aussi eu des grévistes de la faim, mais qui ont été alimentés de force.

Et Messieurs des ex-RG, n’oubliez pas d’ajouter une ligne à ma jolie fiche du fichier Edwige, rebaptisé d’un nom pas possible mais je suppose pas mis à la poubelle…

Pour les 15 films du festival Télérama, ils se partagent en quatre catégories :

Ceux que j’ai vus et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au théâtre

Ceux que j’ai ratés et que je vais essayer de voir cette semaine au Dietrich

Ceux que je n’irai pas voir, sauf si vous avez des arguments pour me convaincre d’y aller…

  • À bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas
  • Home d’Ursula Meier, finalement vu au Dietrich
  • Into the Wild de Sean Pen
  • Juno de Jason Reitman
  • There will be blood de Paul Thomas Anderson