Archives par étiquette : Islam

Wadjda, de Haifaa Al Mansour

Affiche de Wadjda, de Haifaa Al MansourWeek-end frisquet à Poitiers aussi, une petite sortie cinéma, à la place de la promenade… Direction non pas le cinéma d’art et d’essai, mais le commercial CGR du centre-ville, ils sont depuis quelques semaines dans le même espace, il devait y avoir un accord de programmation entre les deux… mais le CGR en ville ne passe plus que des films en VO et la plupart en art et essai. Même Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay, tourné dans la région, n’y est passé qu’en dernière semaine à des horaires très limités, CGR préférant le mettre dans ses deux « mégas » en périphérie, un seul est accessible en bus du centre-ville, à condition de rentrer avant 19h30 et de patienter jusqu’à 20 minutes en semaine, une heure le samedi, quasi impossible le dimanche. Du coup, je n’ai pas vu Alceste à bicyclette [finalement vu lors du printemps des cinémas, trois séances à 13h30].

Le film : de nos jours en périphérie de Riyad en Arabie-Saoudite. Wadjda (Waad Mohammed) est une jeune écolière rebelle… Elle vit avec sa mère (Reem Abdullah), son père, en passe de conclure un deuxième mariage, passe rarement leur rendre visite. A l’école, elle brave les interdits, porte des baskets colorées et un jean sous la tenue noire imposée aux filles, fabrique des bracelets « brésiliens » aux couleurs des équipes de football qu’elle revend dans la cour de récré, n’hésite pas à avoir de la répartie avec les hommes (les ouvriers d’un chantier, le chauffeur du taxi collectif qui emmène sa mère enseignante travailler). Elle aime taquiner son voisin, Abdallah (Abdullrahman Al Gohani) le battre à la course. Mais voilà, les garçons, tout de blanc vêtus, vont à l’école à vélo, et le vélo est interdit aux filles. Elle veut absolument en faire et s’en acheter un. Sa vente de bracelets et les menus services qu’elle peut rendre ne lui rapporte pas assez pour réunir la somme nécessaire. Et un jour, la directrice (Ahd) annonce un concours de Coran, questions et psalmodie, doté de la somme dont elle a besoin. Elle se jette à corps perdu dans la bataille, il lui faut cet argent… pour acheter le vélo interdit!

Mon avis : c’est le troisième film jamais produit en Arabie-Saoudite, un pays où le cinéma est interdit, où les femmes n’ont pas le droit de conduire (ni vélo, ni voiture). Et voilà que la réalisatrice, qui a étudié en Égypte, décide de montrer la condition des femmes et des filles de son pays. Je suis allée voir ce film comme un film militant… et je suis tombée sur un film tendre, sensible, plein d’humour! Les enfants sont excellents dans leur rôle. Le personnage de la mère, soumise au système et qui ne comprend pas l’obstination de sa fille, celui de la directrice de l’école de filles, sévère, de la camarade de classe mariée à 10-12 ans, donnent une idée du chemin à parcourir par les femmes dans ce pays, mais sans faire de morale, le film fait juste un constat, réaliste. L’avenir et l’évolution viendront-ils des enfants? Un film à voir absolument!

Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Couverture de Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn livre reçu dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio. Un grand merci à eux et aux éditions Steinkis.

Le livre : Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanny Soubiran, éditions Steinkis, 2011, 208 pages, ISBN 979-1090090002.

L’histoire : de nos jours en Israël. Un groupe de jeunes juifs américains assiste à un séjour d’une dizaine de jours qui leur est offert par le programme Taglit, financé par des juifs du monde entier. Sarah a préparé son voyage et souhaite le prolonger un peu dans les territoires occupés, elle craint l’endoctrinement par ce programme. Elle a néanmoins convaincu une de ses amies de les accompagner. Elle tient au jour le jour un carnet des lieux visités, de ses impressions, de ses états d’âme parfois contradictoires.

Mon avis : j’ai bien aimé la forme entre roman graphique et carnet de voyage, avec des visages aux traits assez simplifiés. Les cartes aquarellées au début de chaque chapitre permettent de bien se situer dans un territoire complexe, imbriqué, parcouru du nord au sud. A Jérusalem, les Chrétiens sont quasi absents du récit, juste un groupe croisé, quatre stations du chemin de croix trouvées après avoir quitté le groupe. Je ne connaissais pas du tout cette organisation, Taglit. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sous couvert d’ouverture d’esprit, le programme est bien rodé et sert aux jeunes un seul discours formaté, mais après tout, c’est leur rôle, ils sont financés par des organisations juives à destination de jeunes juifs. Ce qui est un peu regrettable, c’est que, finalement, l’auteure n’arrive pas à se rendre dans les territoires occupés, les mouvements pour la paix sont à peine évoqués et l’on n’a pas le point de vue opposé que l’on trouve dans les Chroniques de Jérusalem de Delisle… Un livre à lire cependant, on donne assez peu en France la parole aux juifs sur Israël, et même si leur occupation des territoires est illégale, de même que la poursuite de la colonisation de ces derniers, en les morcelant un peu plus chaque jour, il n’est pas inintéressant d’avoir un autre point de vue, fût-il basé sur la peur et le tout sécuritaire (justification du mur de séparation, de la guerre des Six jours, de l’occupation du plateau du Golan).

Pour aller plus loin :

Voir le site officiel de Sarah Glidden.

En BD

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Je viens aussi de sortir de la médiathèque Gaza 1956, en marge de l’histoire, de Joe Sacco, je vous en reparlerai…

En littérature

Palestine de Hubert Haddad

Une histoire d’amour et de ténèbres de Amos Oz

Les polars de Batya Gour : Meurtre au kibboutz, Le meurtre du samedi matin, Meurtre à l’université, Meurtre au philharmonique

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Une famille respectable de Massoud Bakhshi

Affiche de Une famille respectable de Massoud Bakhshi

Après Dans la maison de François Ozon et Amour de Michael Haneke, je suis allée voir ce week-end Une famille respectable de Massoud Bakhshi.

Le film : de nos jours à Téhéran. Alors qu’il est dans un taxi pour l’aéroport et rentrer en France où il a fait ses études et où il vit habituellement, Arash (Babak Hamidian), un universitaire, est enlevé. Retour quelques semaines en arrière. Il vient de passer un semestre à l’université de Chiraz où vit sa mère (Ahoo Kheradmand) pour monter un séminaire intitulé Iran, 3.000 ans de guerre. A l’invitation de son neveu Hamed (Mehrdad Sedighian), il accepte de retourner voir à Téhéran son père mourant qu’il n’a pas vu depuis 22 ans… Retour sur la guerre avec l’Irak, en 1981. Sa mère s’était aperçu que son mari détournait à son profit une partie des vivres destinés à la population. A la mort de son frère Amir, son père a installé chez eux sa deuxième femme et le demi-frère de Arash, Jafar (Mehran Ahmadi pour le rôle adulte), alors que la mère partait vivre chez sa tante avec le petit Arash à Chiraz. Aujourd’hui, c’est l’avenir de la fortune familiale, construite sur cet accaparement et sur l’exploitation du « martyre » d’Amir, qui est en jeu..

Mon avis : décidément, le cinéma (voir les enfants de Belle Ville et Une séparation de Asghar Farhadi) et la littérature (voir Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann) iraniens sont créatifs ces derniers mois, même si la répression y reste effroyable (mort en prison le 10 juin 2011 du journaliste iranien Reza Hoda Saber). S’ils doivent composer avec la censure ou s’exiler, les réalisateurs réussissent à aborder des sujets graves liés à la famille et au passé récent de leur pays avec la Révolution et la guerre Iran-Irak. Ici encore, c’est de la femme (la mère d’Arash) que naît l’espoir : elle refuse le détournement des vivres par son mari, elle refuse de toucher à l’argent qu’il veut lui léguer. Il montre aussi le décalage entre les exilés (Arash a quitté depuis longtemps son pays et ne le comprend plus) et ceux qui sont restés au pays, l’idéal de liberté et les compromissions, la corruption. L’omniprésence de la police politique, la soi-disant liberté de donner un séminaire… mais les hommes de main qui viennent reprendre les documents aux étudiants avant qu’ils ne puissent les lire.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Massoud Bakhshi.

La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh

Affiche de La Vierge, les coptes et moi de Namir Abdel Messeeh Mes fidèles lecteurs attendaient aujourd’hui, puisque nous sommes jeudi, un article sur Poitou-Charentes… J’ai reporté l’article programmé pour vous parler d’un film que j’ai vu hier soir et que je vous conseille d’aller voir tant qu’il est encore à l’affiche, La Vierge, les coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh.

Pour ceux qui voudraient vraiment du Poitou-Charentes, je vous invite à relire mon article sur le miracle de l’apparition de la croix à Migné-Auxances avant de lire la suite…

Le film : à Paris, au Caire puis à Assiout en Haute-Égypte et dans le village de sa mère, non loin de là, de nos jours. Namir est né en France, de parents émigrés coptes, croyants mais non pratiquants. Il est sceptique quant aux apparitions de la Vierge en Égypte ces cinquante dernières années, et décide d’aller faire un reportage sur place, pour trouver des témoins de l’apparition de la Vierge en 1968 à Zeitoun, un quartier du Caire. Mais rien ne se passe comme prévu, impossible de trouver des témoins, refus des religieux coptes de l’aider, son producteur menace de le lâcher. Il décide d’aller assister au pèlerinage de la Vierge à Assiout, puis dans le village natal de sa mère, malgré l’interdiction que lui en a fait sa mère… Finalement, après le retrait du producteur, sa mère décide de l’aider et revient avec lui au village… où Namir décide de mettre en scène une fiction avec les habitants du village, une reconstitution de l’apparition de la Vierge.

Mon avis : j’avais entendu il y a déjà un petit moment l’interview de Namir Abdel Messeeh dans l’émission Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter (à réécouter par le lien précédent), enfin, du réalisateur… et de sa mère, qui s’était invitée à l’émission… J’étais restée un peu sceptique sur ce film, puis j’ai lu de bonnes critiques, alors, quand j’ai vu que le réalisateur serait présent à la projection d’hier, précédée du court-métrage Urgent cause départ, présenté en 2001 aux rencontres Henri-Langlois et suivie d’un débat animé par Jean-Claude Rullier (service d’éducation au cinéma à Poitou-Charentes Cinéma), j’ai réservé ma soirée pour l’occasion…

Ce film est très différent par son propos, il mêle documentaire et fiction, à moins que ce ne soit un documentaire sur le montage d’une fiction? Le réalisateur réussi ce tour de force de faire de sa mère l’un des personnages du film… à son insu (même s’il n’a pas caché sa caméra), à ce sujet, je vous invite à écouter l’interview dans l’émission Cosmopolitaine, après avoir vu le film, je comprends mieux… Il y a un peu de tout dans ce film (relations des Coptes et des Musulmans, sans aucune polémique, relation des Cairotes et de la Haute-Egypte, relations à la mère, aux racines, etc.), mais surtout beaucoup d’humour! La salle était franchement détendue, Namir Abdel Messeeh a répondu à toutes les questions avec gentillesse… Vraiment, si le film passe encore dans une salle d’art et essai près de chez vous, allez-y, et vite, avant qu’il ne soit plus programmé…

Encore un mot, j’ai adoré la musique du film écrite et jouée par Vincent Segal, un artiste que j’avais découvert en 2010 avec Chamber Music, de Ballaké Sissoko (le malien avec sa kora à vingt et une cordes) et Vincent Segal (le français au violoncelle), dans ma 2010-2011 au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, et dont j’essaye de suivre depuis la production très variée…

PS: comme le souligne en commentaire Philippe de Tout Poitiers, Vincent Segal sera à Poitiers ce samedi 22 septembre 2012, aux restaurant des Archives rue Édouard Grimault (je n’y serai pas, préparation de la journée des associations de Poitiers oblige)

Les enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi

Affiche des enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi Je suis allée voir Les enfants de Belle Ville de , un film réalisé en 2004 mais qui n’avait pas trouvé de distributeur, et qui sort grâce au succès l’année dernière de Une séparation (depuis, j’ai aussi vu Le passé et Le client). Et sur un sujet finalement assez voisin, également sur l’Iran, n’hésitez pas à lire Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann.

Le film : à Téhéran en Iran de nos jours (enfin, il y a dix ans…). Dans le quartier de Belle Ville, un centre de détention pour mineurs. Akbar (Hossein Farzi-Zadeh) y est enfermé depuis deux ans pour le meurtre de sa petite amie, qui devait s’accompagner aussi de son suicide: il ne supportait pas le mariage forcé annoncé de celle-ci avec un autre. Aujourd’hui, il a dix-huit ans, il est transféré vers un centre pour adultes et peut désormais être exécuté… Il ne pourrait être gracié que si les parents de la victime lui accordent le pardon. Avec l’aide du chef de détention pour mineurs (Farhad Ghaiemian), son ami, Ala (Babak Ansari), sort de prison et va rencontrer Firoozeh, la sœur d’Akbar (Taraneh Allidousti). Un seul objectif, réussir à obtenir le pardon du père (Faramarz Gharibian)… et trouver l’argent pour le rachat du sang de la victime.

Mon avis : un très beau film, qui montre la complexité de la loi islamique: Akbar a tué une fille, le prix d’un homme étant de deux fois celui d’une femme, le père de la victime doit payer la différence à la famille de l’assassin… Cette même famille, si elle peut obtenir le pardon du père de la victime, doit aussi s’acquitter du prix du sang (en l’occurrence, la seconde épouse du père accepterait la somme qui couvrirait l’opération de sa fille gravement handicapée). Et l’imam (excellent!) essaye de justifier la justice de cette loi islamique, tout en expliquant au père que Dieu est favorable au pardon. Les acteurs sont excellents, le scénario nous amène à réfléchir sur la complexité de la loi islamique et les bonnes raisons de chacune des parties prenantes, la photographie est superbe… Un film à voir absolument, dont on ne sort pas indemne…

Le beau juif de Ali Al-Muqri

Couverture de Le beau juif de Ali Al-Muqri

Bienvenue en arabe pioche-en-bib.jpgLe défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya est en principe terminé, mais j’ai encore quelques livres en stock, alors, je poursuis un peu sur ce thème (en alternance avec d’autres livres). J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Le beau juif de Ali Al-Muqri, traduit de l’arabe (Yemen) par Ola Mehanna et Khaled Osman, collection Littérature étrangère, éditions Liana Levi, 2011, 157 pages, ISBN 978-2867465802.

L’histoire : au Yemen vers 1660. Salem, le « beau juif », adolescent, rencontre Fatima, la fille du mufti. Celle-ci lui apprend à lire et écrire l’arabe, pour plaire à son père, habile artisan, Salem apprend l’hébreu avec le rabbin, puis transmet à son tour son savoir à Fatima… Et ce qui devait arriver arriva, les deux jeunes gens tombent amoureux… Le frère de Salem meurt, puis son père et sa mère lors d’une mystérieuse épidémie. Peu après, Salem et Fatima s’enfuient, Fatima tombe enceinte, un fils naît mais la mère meurt en couche… Salem poursuit seul sa longue vie, rejeté par les deux religions…

Mon avis : un roman d’amour qui aborde aussi la tolérance et l’intolérance religieuse, transposé au 17e siècle pour aborder des questions toujours d’actualité… Un texte court pour aborder une question qui déchire cette région depuis des siècles, avec beaucoup de poésie. En revanche, la partie sur le « nouveau messie » m’a moins convaincue…

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Yemen.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson.

Les femmes du bus 678

Affiche de Les femmes du bus 678 Dimanche, milieu d’après-midi, un vent frisquet se lève, les nuages reviennent à vitesse grand V, je fuis le jardin. Cinéma en fin d’après-midi, avec Les femmes du bus 678,de Mohamed Diab. Il est inspiré d’une histoire vraie.

Le film : Le Caire, en 2008 et 2009. Fayza (Bushra Rozza), jeune femme voilée, mère de deux enfants, arrive régulièrement en retard à son travail, elle devrait prendre le bus mais ne supporte plus les mains baladeuses d’hommes qui ne prennent le bus que pour profiter de la promiscuité pour agresser impunément des femmes. Tout juste déposée par son ami devant chez sa mère, en traversant la rue, Nelly (Nahed El Sebaï) se fait accrocher par un automobiliste qui l’agresse en pleine rue. Emmenée par son mari médecin à un match de foot, Seba (Nelly Karim) est victime à la sortie du match d’une tentative de viol. Chacune finit par se révolter, leurs destins se croiser, l’une en donnant des cours gratuits d’auto-défense, la deuxième en portant plainte (la première en Égypte à vouloir aller jusqu’au bout, malgré le qu’en-dira-t-on et les pressions sociales et familiales), la troisième en passant à l’acte et en réagissant à la violence par la violence… L’inspecteur Essam va tenter de les aider à sa manière…

Mon avis : ce film s’inspire de l’histoire de Noha Rochdi, première victime d’agression à avoir été reconnue par la justice égyptienne, en 2008. Le film est sorti en 2010, avant le Printemps arabe donc. Mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, les viols en marge des manifestations au Caire ont été nombreux… et souvent impunis. Ce film aborde la place de la femme, ou plutôt des femmes et de leur diversité, dans la société égyptienne. Quel que soit leur milieu social, toutes semblent victimes du comportement d’hommes frustrés et qui se croient tout permis… Quelques notes d’espoir quand même, malgré la pression familiale, le fiancé de Nelly finit par la soutenir dans sa lutte. L’inspecteur de police tente d’aider ces femmes: des hommes ont reçu des coups d’épingles à cheveux et de canif dans leurs parties intimes? Il les avertit qu’il n’est pas dupe et qu’ils n’étaient pas victimes de folles, mais d’un « juste » retour des choses… Aucun ne porte plainte, les femmes ne seront pas inquiétées… Ceci étant, l’évolution de la société risque de prendre du temps, les femmes continuent à être importunées dans les transports en commun, violées dans les rassemblements, en marge de manifestations ou de matchs, les poursuites restent rares, le poids de la société qui protège ces comportements reste trop lourd… Espérons que ce film aidera au moins à la prise de conscience du problème, sinon à sa résolution… A voir si vous le pouvez (distribution essentiellement en salles d’art et essai).

La grande mosquée de Paris de Gray Ruelle et Durland De Saix

Couverture de La grande mosquée de Paris de Gray Ruelle et Durland De Saix

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération « masse critique » organisée par Babelio, spéciale livres de jeunesse. Merci à Babelio et aux éditions Salvator.

Le livre : La grande mosquée de Paris. Comment des Musulmans ont sauvé des Juifs de la Shoah de Karen Gray Ruelle et Deborah Durland De Saix, traduit de l’américain par Monique Briend-Walker, éditions Salvator, 2010, 40 pages, ISBN 9782706707469.

L’histoire : Paris, 1940. La ville est occupée par les Allemands, des Juifs sont arrêtés par les autorités françaises. Le recteur de la grande mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit, organise un réseau au sein de la mosquée, mêlant des enfants juifs aux enfants de ceux qui vivent à la mosquée, servant de relais à d’autres juifs qui cherchent à rejoindre la France libre, en abritant d’autres sur une plus longue période.

Mon avis : Un bel album au format à l’italienne (à l’horizontale), avec des illustrations (les deux auteures ont écrit et illustré conjointement le livre) dans des couleurs plutôt froides. Le livre est conseillé à partir de 7 ans, il me semble un peu complexe pour cet âge là, ou alors, il faut que la lecture soit accompagnée par les parents. Même si beaucoup de mots sont expliqués, d’autres sont un peu complexe à comprendre. J’avais entendu récemment parlé de cette histoire à l’occasion de la sortie fin septembre du film Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi, que je n’ai pas vu mais dont j’ai entendu plusieurs critiques et analyses (film avec Tahar Rahim, Michael Lonsdale, Mahmoud Shalaby, Lubna Azabal, que je n’ai pas eu l’occasion de le voir).

Une séparation de Asghar Farhadi

Affiche de Une séparation de Asghar Farhadi On parle beaucoup de ce film, Une séparation de , qui a reçu au dernier festival de Berlin l’ours d’or du meilleur film et les ours d’argent pour les meilleurs rôles masculins et féminins [depuis cet article, il a reçu d’autres prix, dont l’Oscar 2012 du meilleur film en langue étrangère et le César 2012 du meilleur film étranger ; j’ai aussi vu du même réalisateur les enfants de Belle Ville, Le passé et Le client]. L’interview du réalisateur il y a quinze jours à Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter m’avait convaincue d’aller voir ce film pour lequel le réalisateur a été contraint d’arrêter le tournage non pas à cause de la censure, mais pour avoir soutenu d’autres cinéastes iraniens emprisonnés. Depuis, le 12 juin 2011, le journaliste iranien Reza Hoda Saber, emprisonné depuis le mouvement de 2009, serait mort d’une crise cardiaque alors qu’il avait entamé une grève de la faim depuis une dizaine de jours en prison.

Le film : en Iran de nos jours. Simin (Leila Hatami) et Nader (Peyman Moadi) sont dans le bureau d’un juge. Simin, qui a bataillé pendant 18 mois pour obtenir un visa de sortie, obtenu il y a six mois et encore valable 40 jours, veut à tout pris aller à l’étranger, Nader ne veut pas partir, il veut rester près de son vieux père atteint de la maladie d’Alzheimer, et refuse que leur fille Termeh, âgée de onze ans, suive sa mère. En attendant que le divorce soit prononcé, Simin part vivre chez sa mère, tandis que Nader embauche Razieh, une femme pauvre et profondément croyante, portant le nikab, pour s’occuper de son père. Razieh a pris ce travail sans en parler à son mari, y vient avec sa petite fille, et se retrouve dès le premier jour confrontée à un grave dilemme pour lequel elle va appeler les autorités religieuses: peut-elle laver le vieil homme qui s’est fait pipi dessus et est incapable de se changer… Ayant besoin d’argent, elle reste malgré tout, jusqu’au jour où Nader rentre plus tôt du travail, trouve son père enfermé, tombé en bas de son lit, Razieh n’est pas chez lui… Il s’énerve, elle tombe dans l’escalier et perd le bébé qu’elle attendait… Cela s’est-il vraiment passé comme ça? Nader sera-t-il condamné pour meurtre, le fœtus ayant 4 mois et demi et étant considéré comme une personne en Iran?

Mon avis : un très beau film qui aborde des questions universelles, le divorce, l’adolescent objet de chantage de la part de ses deux parents, la prise en charge de parents âgés et malades, la lutte des classes (ou au moins, les riches et les pauvres), etc. En apparence, les juges, que ce soit aux affaires familiales (pour le divorce) ou au pénal et au civil (pour la fausse-couche), semblent assez libres de mener l’enquête. Tous les acteurs sont excellents, mais l’adolescente encore plus… A voir absolument, et pour une fois, un film d’art et essai, en persan sous-titré, semble rassembler un large public!

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Les fabuleuses aventures de Nasr Eddin Hodja de Pénélope Paicheler

Couverture des Fabuleuses aventures de Nasr Eddin Hodja de Paicheler pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenJ’ai trouvé cette bande dessinée en fouillant les bacs de la médiathèque à la recherche de BD de femmes…

Le livre : Les fabuleuses aventures de Nasr Eddin Hodja de Pénélope Paicheler (scénario, dessin et couleurs), collection ChromoZone, éditions de l’An 2, 2006, 62 pages, 978-2848560588.

L’histoire : en Turquie au 13e siècle. Nasr Eddin Hodja est une sorte de sage, illettré, un peu juge musulman (mais il a des soucis avec le Coran) et médiateur des conflits de ses contemporains, à la tête desquels le souverain Timour. Il se retrouve confronté à sa femme, à ses voisins, à des enfants qui se moquent de lui, à son âne récalcitrant, etc.

Mon avis : je n’ai pas trop accroché à ce récit, un énorme cran en-dessous d’Iznogoud, par exemple, pour évoquer un album qui raconte des histoires de l’ancien Proche-Orient. Des histoires courtes, une planche ou parfois deux, mais l’album n’a pas trouvé l’équilibre entre la dérision ou les blagues et l’aspect un peu historique? Il faudra que je lise les textes originaux (traduits!) des aventures de Nasr Eddin Hodja.

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.