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Wadjda, de Haifaa Al Mansour

Affiche de Wadjda, de Haifaa Al MansourWeek-end frisquet à Poitiers aussi, une petite sortie cinéma, à la place de la promenade… Direction non pas le cinéma d’art et d’essai, mais le commercial CGR du centre-ville, ils sont depuis quelques semaines dans le même espace, il devait y avoir un accord de programmation entre les deux… mais le CGR en ville ne passe plus que des films en VO et la plupart en art et essai. Même Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay, tourné dans la région, n’y est passé qu’en dernière semaine à des horaires très limités, CGR préférant le mettre dans ses deux « mégas » en périphérie, un seul est accessible en bus du centre-ville, à condition de rentrer avant 19h30 et de patienter jusqu’à 20 minutes en semaine, une heure le samedi, quasi impossible le dimanche. Du coup, je n’ai pas vu Alceste à bicyclette [finalement vu lors du printemps des cinémas, trois séances à 13h30].

Le film : de nos jours en périphérie de Riyad en Arabie-Saoudite. Wadjda (Waad Mohammed) est une jeune écolière rebelle… Elle vit avec sa mère (Reem Abdullah), son père, en passe de conclure un deuxième mariage, passe rarement leur rendre visite. A l’école, elle brave les interdits, porte des baskets colorées et un jean sous la tenue noire imposée aux filles, fabrique des bracelets « brésiliens » aux couleurs des équipes de football qu’elle revend dans la cour de récré, n’hésite pas à avoir de la répartie avec les hommes (les ouvriers d’un chantier, le chauffeur du taxi collectif qui emmène sa mère enseignante travailler). Elle aime taquiner son voisin, Abdallah (Abdullrahman Al Gohani) le battre à la course. Mais voilà, les garçons, tout de blanc vêtus, vont à l’école à vélo, et le vélo est interdit aux filles. Elle veut absolument en faire et s’en acheter un. Sa vente de bracelets et les menus services qu’elle peut rendre ne lui rapporte pas assez pour réunir la somme nécessaire. Et un jour, la directrice (Ahd) annonce un concours de Coran, questions et psalmodie, doté de la somme dont elle a besoin. Elle se jette à corps perdu dans la bataille, il lui faut cet argent… pour acheter le vélo interdit!

Mon avis : c’est le troisième film jamais produit en Arabie-Saoudite, un pays où le cinéma est interdit, où les femmes n’ont pas le droit de conduire (ni vélo, ni voiture). Et voilà que la réalisatrice, qui a étudié en Égypte, décide de montrer la condition des femmes et des filles de son pays. Je suis allée voir ce film comme un film militant… et je suis tombée sur un film tendre, sensible, plein d’humour! Les enfants sont excellents dans leur rôle. Le personnage de la mère, soumise au système et qui ne comprend pas l’obstination de sa fille, celui de la directrice de l’école de filles, sévère, de la camarade de classe mariée à 10-12 ans, donnent une idée du chemin à parcourir par les femmes dans ce pays, mais sans faire de morale, le film fait juste un constat, réaliste. L’avenir et l’évolution viendront-ils des enfants? Un film à voir absolument!