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Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Affiche Des hommes et des dieux de Xavier Dauvois Dernière journée du festival Télérama aujourd’hui, au total, j’aurai vu en rattrapage 7 ou 8 films. Je commence aujourd’hui par vous parler Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois.

Le film : Tibérine / Tibhirine, près de Médéa, à une centaine de kilomètres du sud d’Alger, vers 1993, puis de la nuit de noël 1995 à la nuit du 26 au 27 mars 1996, en Kabylie. Un monastère perché dans l’Atlas est occupé par huit moines cisterciens, certains très âgés ou malades, qui vivent modestement du produit de leurs cultures (notamment de la vente de leur miel) et tiennent un dispensaire qui accueille tout le monde, à condition que ce soit sans armes. Première alerte dans la nuit de noël 1995, un commando exige la venue du médecin dans le maquis, le prieur refuse. Première discussion au monastère, le prieur a pris sa décision seul, ce n’est pas le fonctionnement dans un monastère, le chapitre (réunion des moines) suivant est assez houleux : fallait-il tenir tête aux terroristes, et maintenant, faut-il rester ou partir ? Un peu plus tard, un groupe de travailleurs hongrois (ou tchèques ? je n’ai pas trop fait attention) est massacré, la question se pose à nouveau, l’armée veut imposer sa protection aux moines, qui refusent…

Mon avis : je me suis ennuyée par moment et certains passages sont vraiment dans l’excès, je pense en particulier au dernier repas des moines au monastère, en silence comme le veut la règle cistercienne, non pas avec une lecture, comme dans une scène précédente, mais sur fond de Lac des cygnes crachouillé par un magnétophone. L’allusion à la Cène (renforcée par le moine arrivé la veille leur apporter du ravitaillement), les vues qui s’éternisent sur la béatitude des moines buvant une bonne bouteille de vin, sont vraiment exagérées… Lambert Wilson en prieur, pourquoi pas, quand, en proie au doute, il embrasse littéralement un vieux cèdre multi-centenaire ou part méditer (prier ?) au bord du lac, il est peu crédible. En revanche, j’ai adoré Michael Lonsdale dans le rôle du vieux moine médecin asthmatique. Grand prix du jury, prix du jury œcuménique (ça, je peux comprendre) et prix de l’éducation nationale (où est passée la laïcité ?) au dernier festival de Cannes, favori pour les prochains César, le film a fait accourir les foules, ce qui est assez rare pour un film classé Art et essai, mais ne m’a vraiment pas convaincue.

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

L’Italien de Olivier Baroux

Affiche du film l'Italien Je suis allée au cinéma (j’ai retrouvé un ticket du cinéma commercial bientôt périmé). En ce début de Ramadan, je me suis dit que la critique que j’avais entendue il y a un mois sur l’Italien, de Olivier Baroux avec Kad Merad et Valérie Benguigui serait une bonne sortie…

Le scénario : à Nice, dans une concession de voitures de luxe italienne, Dino Fabrizzi (Kad Merad) est le vendeur numéro un, promis à la tête de l’entreprise quand le patron partira. Côté amour, tout se passe bien avec Hélène, qui vend des robes de mariées… et espère bien faire très vite connaissance avec ses parents. Sauf que Dino n’est pas Italien, il s’appelle en fait Mourad Ben Saoud et le cache à tous, sa compagne, au boulot, etc. Côté parents, le mensonge est inverse, couvert par sa sœur, jeune professeure, qui en a marre… Chaque vendredi soir, sa mère va le chercher à l’aéroport de Nice où il est sensé arriver de Rome, où il est sensé travailler, pour passer le week-end en famille. Sauf qu’un de ces dimanches, son père fait une crise cardiaque. Pas possible pour lui de faire le ramadan, qui commence dans 10 jours. Il demande à Mourad de le remplacer… Celui-ci file acheter l’Islam pour les nuls, rencontre un imam et va devoir jongler au boulot pour concilier ramadan et couverture d’Italien dynamique…

Mon avis : je suis fan de Kad Merad et n’est pas été déçue… Bien sûr, ce film n’a pas l’émotion de la tête en friche ni l’action troublante de Inception, vus ce dernier mois, mais j’ai passé un très agréable moment. En interview, Kad Merad a précisé son travail avec des imams pour que ses instants de prière ne sonnent pas faux. C’est un beau film qui, sur le ton de la comédie, aborde des thèmes graves comme le racisme ordinaire et l’intégration, ou plutôt la difficulté de l’intégration, la discrimination, et aussi les racines des émigrés.

Pour aller plus loin : voir le site officiel du film

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L’affaire du voile de Pétillon

Couverture de l'affaire du voile de Pétillon pioche-en-bib.jpgAprès l’enquête corse, j’ai emprunté à la médiathèque l’affaire du voile….
Le livre : L’affaire du voile, de René Pétillon, éditions Albin Michel, 54 planches, 2000, ISBN 2226116265.

L’histoire : le détective privé Jack Palmer est contacté par une mère (dentiste) pour la disparition de sa fille depuis quelques jours… Il croit la retrouver dans un quartier musulman. Elle aurait pris le voile, puis trouvé la mosquée trop molle et rejoint des groupes plus radicaux, qui ne tardent pas à occuper la mosquée à l’imam jugé trop progressiste (sa femme et sa fille ne portent pas le voile). Le père, divorcé, chirurgien, ne facilite pas la recherche.

Mon avis : j’adore ces dessins de Pétillon, et le débat sur le port du voile, les mouvements islamistes intégristes qui s’opposent à des musulmans plus progressistes, qui justifient le non-port du voile (voir le débat théologique à la toute fin de l’ouvrage). Mon avis n’est pas objectif, j’aime beaucoup les dessins de Pétillon dans Le Canard enchaîné

Retrouvez la série Jack Palmer de Pétillon
1. Pétillon, Éditions du Fromage, 1976. Réédité les Éditions du Fromage sous le titre Gourous, derviches and co en 1979 et par Albin Michel sous le titre Une sacrée salade en 1983.
2. Mister Palmer et Docteur Supermarketstein, Éditions du Fromage, 1977.
3. La dent creuse, Éditions du Fromage, 1978.
4. Les disparus d’Apostrophes, Dargaud, 1982.
5. Le chanteur de Mexico, Dargaud, 1984.
6. Le prince de la BD, Dargaud, 1985.
7. Le pékinois, Dargaud, 1987.
8. Un détective dans le yucca, collection L’Écho des Savanes, Albin Michel, 1989.
9. Narco-dollars, collection L’Écho des Savanes, Albin Michel, 1990.
10. Un privé dans la nuit, Albin Michel, 1993.
11. L’affaire du top model, Albin Michel, 1995.
12. L’enquête corse, Albin Michel, 2000.
13. L’affaire du voile, Albin Michel, 2006.
14. Enquête au paradis, Dargaud, 2009.

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Adieu Gary de Nassim Amaouche

Affiche de Adieu Gary, de Amaouche Lundi soir, je suis allée au cinéma voir l’avant-première de Adieu Gary de Nassim Amaouche, précédé d’une projection d’un court métrage, De l’autre côté, réalisé en 2003 dans le cadre de ses études et qu’il avait présenté aux rencontres Henri-Langlois (festival des écoles de cinéma) à Poitiers en 2004, pour lequel il avait reçu le prix spécial du jury et le prix découverte de la critique française. Adieu Gary a reçu le grand prix de la semaine de la critique au festival de Cannes cette année. Nassim Amaouche devait être présent à la projection, mais n’a malheureusement pas pu venir suite au décès accidentel le week-end dernier de son acteur principal, Yasmine Belmadi, qui jouait dans les deux films. Voici seulement mon avis sur Adieu Gary, le court mais presque moyen métrage (environ 30 minutes) n’étant pas distribué, je pense… Enfin, quand même en quelques mots… De l’autre côté est une magnifique réflexion sur l’intégration des maghrébins de seconde génération dans la société, en banlieue parisienne. Le grand frère devenu avocat (commis d’office) vient chez ses parents assister à la fête de la circoncision de son petit frère, son autre frère vivant dans la cité de petits boulots et de petits trafics. Revenons en à Adieu Gary.

L’histoire : dans le sud de la France, en Ardèche, une ville aux allures de far-west américain en train de mourir en même temps que la grande usine, gros employeur, qui vient de fermer. Le fils, Samir (Yasmine Belmadi), sort de prison pour trafic de drogue, mais son frère et son père lui ont trouvé un boulot dans le petit supermarché – avec une opération semaine du fromage à se tordre de rire. Le père, Francis, veuf d’une arabe (Jean-Pierre Bacri) va chaque jour à l’usine pour finir de réparer la machine, achever son travail interrompu par la fermeture de l’usine en cours de démantèlement. Le frère, Icham, tente d’apprendre l’arabe pour aller travailler au Maroc (et oui, moitié Beur mais sans racine, finalement). La voisine, Maria, se désespère pour son fils, José, mutique suite au départ de son père, qu’il voit en boucle à la télé et en rêve sous les traits de Gary Cooper. Les copains, dont le petit (un nain qui joue à merveille, vu aussi dans le moyen métrage), Nejma, un groupe d’anciens ouvriers musulmans qui ont transformé une pièce de l’ancienne maison du peuple en mosquée… Rester dans la ville mourante, partir, pour où ?

Mon avis : un film court (1h15) mais très fort. À l’issue de la projection, le public, nombreux, a mis du temps à se disperser, un peu sous le choc de ce film, avec un besoin de transition, de pause avant la reprise des activités habituelles. Un premier long métrage très réussi. Il faut absolument aller voir Adieu Gary, en salle d’arts et essais à partir d’aujourd’hui.

Sur le site des rencontres Henri-Langlois, vous trouverez la bande annonce du film et un hommage à Yasmine Belmadi.

Les films que j’ai déjà vus du festival Télérama 2010 :

Les amants de la mer Rouge, de Sulaiman Addonia

Couverture du livre de S. Addonia, les amants de la mer rouge J’ai reçu ce livre par le site Chez les filles.com, qui m’a déjà envoyé d’autres ouvrages (voir en fin d’article).

Le livre : Les Amants de la mer Rouge, de Sulaiman Addonia, éditions Flammarion, traduit de l’anglais par Anne Guitton, 2009, 305 pages, ISBN 978-2-0812-1707-2.

L’histoire : Fin des années 1980, au Soudan, dans un camp de réfugiés érythréens. Une mère confie ses deux fils à son frère, émigré à Djeddah, en Arabie Saoudite. Là-bas, son oncle s’occupe plus ou moins du narrateur, Nasser (avec deux s dans le livre, un seul en 4e de couverture et dans la communication de Flammarion, allez savoir pourquoi). Pour avoir et renouveler les papiers, les étrangers doivent avoir un Khafil, sorte de protecteur qu’ils doivent payer. Alors qu’il a quinze ans, l’oncle envoie Nasser chez le khafil qui, à défaut de paiement, viole le jeune garçon. Plus tard, abandonné par son oncle et son frère, il est obligé de travailler dans un café fréquenté par des homosexuels, ou du moins des hommes qui, à défaut de pouvoir accéder aux femmes, se payent des hommes. Très vite, il est prostitué par le patron. Une société en noir (les femmes couvertes de la tête aux pieds) et blanc (les hommes). Dans ce climat lourd, sous une surveillance permanente de la police religieuse, un jour, une femme fait tomber devant lui un papier dans lequel elle lui déclare leur amour. Seul signe distinctif, elle a réussi à se faire acheter des chaussures roses. Comment ces deux jeunes gens réussiront-ils à se voir ? À vous de le découvrir.

Mon avis : un livre plein d’amour malgré tout, qui se lit d’une traite, et qui m’a fait découvrir une société saoudienne si terrible que je ne l’imaginai pas ainsi, je pensais que c’était réservé à l’Iran et plus ouvert ici… Certes, le livre se passe il y a une vingtaine d’années. Le livre montre aussi subtilement que quels que soient la surveillance et la délation, des hommes réussissent à avoir des relations homosexuels, des hommes et des femmes à s’aimer, en dépit des terribles châtiments corporels (bastonnade, lapidation à mort, décapitation) qu’ils risquent. Ce livre semble très autobiographique, même si l’auteur et son frère sont désormais réfugiés à Londres.
Pour vous faire une idée par vous-même, vous pouvez télécharger le premier chapitre sur le site des éditions Flammarion.

Logo de Chez les filles Le site Chez les filles.com (merci à eux et notamment à Suzanne) m’ont déjà envoyé ces autres livres, que j’ai parfois aimés, parfois pas du tout. Retrouvez-les sur la page des livres reçus pour critique.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Les Citronniers, de Eran Riklis

Affiche du film les Citronniers Dans le cadre du festival Voix publique à Poitiers, j’ai vu il y a quelques semaines le film israélien Les Citronniers, de Eran Riklis, que j’avais raté en salle l’année dernière.

L’histoire : il y a quelques mois (à la fin de la construction du mur de séparation entre Israël et les territoires occupés par Israël), en bordure d’un village de Cisjordanie, sur la Ligne verte. Salma cultive un sublime verger de citronniers. Mais à quelques mètres, côté israélien, vient s’installer le ministre israélien de la défense et sa femme. Les services de sécurité ordonnent de couper les arbres car des terroristes pourraient s’infiltrer, Salma décide de résister et de porter l’affaire devant les tribunaux israéliens… jusqu’à la cour suprême. Même la femme du ministre trouve la mesure de destruction disproportionnée.

Mon avis : si vous avez l’occasion de voir ce film (il est sorti en DVD), faites-le absolument ! C’est une histoire sensible, il faut rappeler que le réalisateur est israélien, qu’il prend position pour la défense du verger, qu’il a tourné avec des acteurs israéliens et palestiniens. Salma subit les pressions israéliennes, mais aussi palestiniennes (le général : il faut se plier aux décisions de l’armée, les résistants : il ne faut pas accepter d’argent d’indemnisation, il n’est pas convenable qu’elle, veuve, reçoive un homme –son avocat – chez elle, etc.). Ce film ne vous laissera pas indifférent, et cette citronneraie est très belle…

Le débat : la projection du film était suivie par un débat du festival voix publique dont le thème annuel était «  ;Vous avez dit juste ? « . Ce débat était animé par un journaliste de la presse catholique, Jean-Claude Petit, qui est allé plusieurs fois sur place, et les organisateurs (l’association voix publiques et les chrétiens – entendez catholiques ! – du centre-ville de Poitiers) avaient trouvé un témoin juif… Ça faisait vraiment alibi… Des acteurs réellement engagés dans les actions pour la paix dans cette région auraient peut-être été plus appropriés. Les questions de la création du mur de séparation, des conséquences des élections en Israël et aux États-Unis, des colonies, des spoliations ont notamment été abordées.

Mascarades de Lyes Salem

N’y a-t-il donc aucun spectateur ou presque aux séances de 18h ? Comme pour Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan, il n’y avait pas plus de 15 personnes à la projection de Mascarades de Lyes Salem. Ce film a obtenu des prix à plusieurs  » petits  » festivals en 2008 : le Valois d’or du meilleur film à Angoulême, le meilleur long métrage de fiction à Namur, le prix de la première œuvre et du meilleur espoir féminin aux journées cinématographiques de Carthage.

L’histoire : dans un village d’Algérie, dans les Aurès. Lors d’un mariage, les femmes présentes se moquent de Rym, qui est atteinte de narcolepsie ou maladie de Gélineau (elle s’endort à tout moment). Son jeune neveu le rapporte à son père, Mounir (joué par le réalisateur, Lyes Salem). Rentré saoul de cette soirée, il hurle sur la place du village qu’il va marier sa sœur à un riche homme d’affaire étranger. Dès lors, tout le monde le courtise, veut l’approcher et lui faire des cadeaux, puisqu’il risque ainsi d’être à une place influente. Mais c’est un mensonge, et Rym a un petit ami caché depuis quatre ans…

Mon avis : Un film sur la vie rurale en Algérie, l’envie, le rôle de la rumeur, la corruption, l’escroquerie. Et pas plus de ceinture de sécurité ici que dans le Liban de Je veux voir dont je vous parlerai bientôt ! Vraiment, un film où l’on passe un bon moment, même si ce n’est pas un grand film qui laissera une trace profonde chez le spectateur.

Pour aller plus loin : le site officiel du film, et le site de l’association française de narcolepsie, cataplexie et hypersomnie (ANC).

Française de Souad El-Bouhati

Vous attendiez ma finition du SAL En juin je prens l’air marin… Ça sera pour ce soir, je n’ai pas complètement achevé la finition.

Je voudrais vous parler d’abord de Française, de Souad El-Bouhati, un des films que j’ai vu hier dans le cadre de la fête du cinéma. En effet, ici, les dernières projections auront lieu demain, ailleurs peut-être aussi. Si vous avez l’occasion, profitez de ces deux jours encore de fête du cinéma pour aller le voir, il vaut le déplacement. Le public était clairsemé hier, malgré la fête du cinéma, sans doute à cause du beau temps enfin revenu… Ou du sujet qui nous renvoie aux questions de (non-)intégration ? En tout cas, un très beau premier long métrage de Souad El-Bouhati. L’héroïne est jouée par Hafsia Herzi, qui a reçu récemment un César pour La graine et le mulet de Abdellatif Kechiche.

L’histoire : Sofia, née en France de parents marocains, termine son année scolaire de primaire dans une école de Picardie lorsque son père décide de rentrer au Maroc, dans une ferme. On l’y retrouve dix ans plus tard, alors qu’elle fait de brillantes études et veut rentrer en France. Pourtant, sa famille a tout fait pour que cela se passe bien pour elle, a investi dans ses études (un pensionnat de jeunes filles comme on n’en voudrait pas…), etc.

Ce film pose très bien le problème des jeunes d’origine maghrébine, de deuxième ou troisième génération, pas toujours considérés comme des Français en France et qui ne se sentent étrangers (voire sont rejetés comme étrangers) dans leur pays d’origine. Et aussi la place de la femme dans la société marocaine, sa soif d’indépendance même si dans cette famille, personne à part la grand-mère ne porte le voile.