Archives par étiquette : banlieue

Divines de Houda Benyamina

Affiche de Divines de Houda BenyaminaSortie cinéma hier, avec une amie, nous avons hésité entre Divines de Houda Benyamina et Fils de Jean de Philippe Lioret et choisi le premier, qui a reçu la Caméra d’or au dernier festival de Cannes où il était sélectionné dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

L’histoire : de nos jours dans une banlieue. Dounia [Oulaya Amamra] vit dans un camp de Roms au bord de l’autoroute, chez sa tante, et doit gérer l’alcoolisme de sa mère [Majdouline Idrissi], trouver les moyens de subsister. Dans ce monde hostile, elle trouve amitié et réconfort auprès de Maimouna [Déborah Lukumuena], la fille de l’imam. Elles cachent leurs larcins dans les tringles techniques d’un théâtre, trouvant du répit à regarder un groupe de danseurs sélectionnés pour un spectacle, parmi lesquels elles reconnaissent Djigui [Kevin Mischel], le vigile de la supérette. Dounia claque la porte de l’école et décide de trouver une activité où l’argent est plus facile, elle entre au service de Rebecca [Jisca Kalvanda], la dealeuse en chef du quartier…

Mon avis : les deux actrices principales, Oulaya Amamra (sœur cadette de la réalisatrice) et Déborah Lukumuena, sont excellentes. La critique a beaucoup parlé de la violence de certaines scènes et le film a été interdit aux moins de 12 ans. Je trouve que cette violence est filmée avec « retenue » (quoique…), et la grande tension de certaines scènes est contrebalancée par des scènes qui détendent l’atmosphère par leur comique, comme le cours du BEP de vente, ou d’un grand esthétisme, comme les scènes de danse contemporaine vues depuis les passerelles techniques. La critique a beaucoup comparé ce film à Bande de filles de Céline Sciamma, je trouve que si le sujet est voisin, comment « faire son trou » en banlieue, surtout quand on est une fille, l’esthétisme et le traitement du sujet est assez différent. J’ai beaucoup aimé la première partie, jusqu’à l’entrée dans le trafic de drogue, la suite est moins originale. En tout cas, je pense que personne n’est resté indifférent dans la salle et que chacun avait besoin d’une transition à la sortie de la salle avant de repartir vaquer à ses occupations.

Dheepan, de Jacques Audiard

Affiche de Dheepan, de Jacques AudiardJe suis allée voir Dheepan, le dernier film de Jacques Audiard, palme d’or à Cannes en 2015 (revoir Un prophète, De rouille et d’os).

Le film : il y a quelques années, dans un camp de réfugié. Dheepan [Antonythasan Jesuthasan], ancien combattant des Tigres Tamouls, au Sri Lanka, a perdu toute sa famille, massacrée. Il achète des papiers, il lui faut trouver une femme et une fille d’environ 9 ans pour coller à ceux de la famille décédée dont il va prendre l’identité. Ça sera Yalini [Kalieaswari Srinivasan], qui rêve de rejoindre sa cousine en Angleterre, et Illayaal [Claudine Vinasithamby], une jeune orpheline trouvée dans les allées du camp. Les voici à Paris, sans parler la langue, vendeur à la sauvette, à la préfecture pour l’enquête pour les papiers de réfugiés, et finalement Dheepan est envoyé comme gardien dans une cité sensible. Il est accueilli par Youssouf [Marc Zinga], qui lui explique les règles, qu’il doit respecter les dealers, leurs horaires. Illayaal est scolarisée, Yalini est casée comme aide-ménagère chez un monsieur handicapé, dont le fils, Brahim [Vincent Rottiers], ne tarde pas à revenir, libéré de prison sous bracelet électronique, chef des trafics (drogue etc.) dans la cité…

Mon avis : j’ai beaucoup aimé ce film. Vous lirez partout des commentaires sur les trafics de cette cité sensible (drogue, mais aussi en filigrane sexe, armes), je n’aborderai pas cet aspect. Je vous conseille le dossier des Inrocks sur la transformation de la paisible cité Coudraie à Poissy en zone de non-droit dans le film, avec l’implication des habitants. La partie violente annoncée partout est assez brève, un peu avant la fin critiquée elle-aussi mais elle permet aussi de repartir le cœur plus léger du cinéma… L’intégration de la famille est montrée de manière discrète, d’abord la fillette qui apprend très vite le français, puis la mère et le père, qui apprennent de plus en plus de mots ; le logement, vide quand ils arrivent, se meuble peu à peu, jusqu’à l’apparition d’une machine à coudre. Le poids de la diaspora n’est pas oublié, avec le rôle du traducteur [voir ci-dessous], qui signale que l’histoire servie par les passeurs ne sera pas crue, qui retrouve quelques mois plus tard la « famille » lors d’une cérémonie religieuse et qui conduit Dheepan à un ancien supérieur militaire qui va essayer de le racketter. Le film donne d’ailleurs envie d’en savoir plus sur la guerre civile au Sri-Lanka, qui est censée avoir pris fin en 2009 : les Tigres Tamouls avaient été inscrits sur la liste des organisations terroristes par l’union européenne, le tribunal a annulé cette inscription, mais en ce début 2015, le gouvernement sri-lankais a encore essayé de faire pression sur l’UE pour qu’aucun Tigre tamoul n’y reçoive le statut de réfugié… Dheepan a trouvé de quoi contourner cette interdiction en passant dans le camp des victimes par l’achat de papiers. Le film est aussi l’histoire de l’apprivoisement (au sens du Petit Prince de Saint-Exupéry) de trois personnes qui ne se connaissent pas, qui ont vécu la guerre civile et des choses terribles, visiblement dans des camps opposés, et qui doivent apprendre à se connaître pour former la famille conforme aux passeports achetés aux passeurs.

Pour aller plus loin : sur le thème des traducteurs et de leur rôle dans les préfectures : (re)lire Assommons les pauvres de Sinha Shumona.

Bande de filles de Céline Sciamma

Affiche de Bande de filles de Céline SciammaJ’ai vu Bande de filles, de Céline Sciamma, il y a quelques semaines, dans le cadre du festival Télérama 2015.

Le film : de nos jours dans une cité de la banlieue parisienne.
Marieme [Karidja Touré], 16 ans, est en pleine cirse d’adolescence, elle ne supporte plus l’école, ni la « loi » que font régner les garçons et surtout son frère aîné. Elle doit s’occuper de ses petites soeurs, veiller aux repas, au bain de la plus jeune… Elle rencontre une bande de filles, de trois filles plus précisément, qui dansent, se battent, jouent au football américain, se bagarrent… Elle met au défi la cheffe, Lady [Assa Sylla] et entre dans la bande. Quatre jeune filles noires qui ne veulent pas trimer comme leur mère ni se soumettre aux garçons, de la joie entre elles, de la tension dans le monde mixte. Mais l’indépendance a un prix, la jeune fille va reprendre son autonomie en se mettant sous la protection d’une bonne âme (masculine) de son quartier: il lui faut de l’argent, et l’argent « facile », c’est soit le trafic de drogue, soit la prostitution, soit les deux…

Mon avis: quatre jeunes filles noires qui veulent être indépendantes et l’égales des hommes. Beaucoup de joies dans ce film, avec des danses urbaines (hip-hop) à la Défense, du shopping au forum des halles… mais en face, aussi, la virée de fêtes en fêtes mondaines, dans un autre milieu, pour aller livrer de la drogue. Après Naissance des pieuvres et Tomboy (qui avait fait hurler les intégristes religieux en tout genre, enfin, plutôt pour la séparation stricte et sexiste des genres), Céline Sciamma montre des adolescentes à la recherche de leur identité et de leur indépendance, en rupture avec le monde de leur enfance. Les barres d’immeubles, les « amphithéâtres » de béton abandonnés, sans jamais avoir reçu les spectacles pour lesquels ils avaient été conçus, deviennent un décor mis à profit pour ce film. A voir, il est déjà passé récemment sur une chaîne payante, il ne tardera plus à arriver à la télévision gratuite!

les films que j’ai vus avant le festival Télérama 2015, 7 sur 16, c’est pas mal!

– les films vus pendant le festival, ceux que je verrai peut-être, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!

Les films que je n’ai pas vus

  • Saint-Laurent de Bertrand Bonello (après Yves Saint-Laurent de Lespert Jalil, je n’avais pas envie de le voir, avec quelques mois de recul, peut-être que j’irai quand même)
  • Léviathan de Andrei Zvyagintsev
  • Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch
  • Eden de Mia Hansen-Love
  • Under the Skin de Jonathan Glazer

Le passé, d’Asghar Farhadi

Affiche de Le Passé, d'Asghar FarhadiFoule des grands jours à la séance de 16h30 lundi au TAP Castille à Poitiers (trois salles d’art et essai louées au cinéma commercial, depuis la fermeture de l’ancien théâtre, pour lequel la lutte continue depuis la parodie de concertation, réunion d’information ce soir 22 mai 2013 au Plan B, grande fête /manifestation programmée le 15 juin 2013).

Il faut dire qu’avec la pluie insistante, que faire d’autre qu’aller au cinéma? En plus, le lundi, c’est 5 € pour tout le monde. Le tableau d’affichage indiquait qu’à la séance de 16h pour Hannah Arendt, de Margarethe Von Trotta, il restait… 3 places! Il y avait un peu moins de monde pour Mud, de , sorti déjà depuis un moment. J’ai donc choisi de voir Le passé, d’, qui vient de sortir et est présenté en ce moment au festival de Cannes. Vous pouvez revoir mes avis sur ses autres films, Le client, Une séparation et Les enfants de Belle Ville.

Le film : de nos jours à Sevran en banlieue parisienne (une petite maison au ras de la ligne du RER) et à Paris. Ahmad (Ali Mosaffa) débarque de Téhéran après quatre ans d’absence: Marie (Bérénice Bejo), son épouse française qui travaille dans une pharmacie parisienne, veut régulariser leur divorce, elle est enceinte de Samir (), le patron du pressing voisin de son lieu de travail, avec qui elle a une relation depuis quelques mois, mais qui ne peut pas divorcer de sa femme, dans le coma depuis huit mois après une tentative de suicide. Les deux enfants de Marie, issus d’un premier mariage (le père a refait sa vie à Bruxelles), la petite Léa et Lucie (Pauline Burlet), l’adolescente rebelle, et Fouad (Elyes Aguis), le fils de Samir, semblent vivre difficilement cette situation. Pourquoi les relations entre Samir et Lucie sont-elles aussi tendues?

Mon avis : la presse présente ce film comme un film intimiste sur la séparation, le divorce, la famille recomposée, j’y ai surtout vu un film sur le suicide (6 ans après le suicide de ma mère, je peux enfin voir ce type de film sans fuir la salle, mais si j’avais connu ce thème avant, je n’y serai sans doute pas allée) et les remords des proches (pourquoi? qu’est-ce que j’ai fait ou pas?), les secrets de famille. Le jeu de tous les acteurs est excellent, les adultes bien sûr (Ali Mosaffa, Bérénice Bejo, ), mais aussi les enfants, surtout Elyes Aguis (Fouad), et Pauline Burlet (Lucie) qui à 17 ans montre des talents exceptionnels. La photographie est très soignée, les scènes d’intérieur dans la maison de Sevran dégagent une ambiance tout à fait adaptée au film, avait déjà montré son talent pour les scènes intimistes dans Une séparation et Les enfants de Belle Ville (les scènes chez le père de la victime notamment). A voir absolument, je lui souhaite de recevoir une récompense à Cannes… ou lors de prochains festivals, et surtout de trouver son public!

PS: Bérénice Bejo a reçu le prix de la meilleure actrice pour ce film au festival de Cannes 2013.

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres, de Claire Clément

Couverture de Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres, de Claire Clémentlivres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre des éditions Bayard Jeunesse, dans le cadre d’une masse critique spéciale jeunesse organisée par Babelio. Un grand merci à eux.

Le livre : Sami, Goliath, Oscar, Ousmane et les autres de Claire Clément, collection Estampille, éditions Bayard Jeunesse, 2013, 258 pages, ISBN 9782747045032.

L’histoire : de nos jours dans la cité Joliot Curie, dans une banlieue de Paris. Sami vit avec sa grande sœur, Jeanne, et sa mère, qui déprime depuis le départ de son père avec une autre femme dans le sud de la France… Le refuge de Sami, c’est Goliath, le lapin nain que lui a offert son père avant son départ. Mais un jour, alors, qu’il l’a sorti pour prendre l’air à côté d’un arbre, il part en urgence à l’hôpital avec Oscar, son copain victime d’une crise d’appendicite, et oublie son lapin. A son retour, il a disparu… Triste, il est soutenu par Ousmane, un vieux sénégalais un peu triste aussi. Mais voilà que les policiers viennent arrêter Oscar en pleine classe: sa mère, Ayana, n’a pas de papiers… La solidarité du quartier réussira-t-elle à empêcher leur expulsion? Le lapin fera-t-il sa réapparition?

Mon avis : l’éditeur recommande ce livre à partir de dix ans, je pense qu’il peut se lire un peu plus tôt, en CM1/CM2, l’âge des principaux protagonistes, d’autant plus que la mise en page est adaptée à cet âge, avec des interlignes doubles et un espacement sffisant entre les lettres, ce qui facilite la lecture chez les jeunes lecteurs… L’histoire aborde des sujets qui ne peuvent que passionner de jeunes lecteurs: la camaraderie, la séparation de certains parents, l’émigration et toutes ses composantes: l’école qui devrait être un lieu de paix interdit à la police, la solidarité du quartier, des plus jeunes (y compris le rappeur et le jeune caïd) aux plus âgés (le vieil Ousmane), le mariage forcé, la question des papiers (le lapin en a, mais pas Oscar?). Les « sujets qui fâchent » sont à peine abordés: le frère de Sothy a fait des bêtises (la faute au chômage?), les caïds qui cherchent à faire la loi, etc. Bien que ce soir un livre pour la jeunesse, l’auteure n’hésite pas à proposer des phrases bien construites et enrichies d’adjectifs, d’appositions, de propositions relatives, ce que l’on ne retrouve pas toujours dans les livres jeunesse… En même temps, je n’ai pas beaucoup d’expérience de cette littérature, j’ai lu très tôt (en sixième ou cinquième?) tout Jules Verne dans la voiture entre la maison et le collège, bientôt suivi de Balzac (les Chouans en 5e), Zola, Proust…

En savoir plus : voir le site officiel de Claire Clément. Voir aussi le blog des éditions Bayard, avec les raps proposés dans le livre mis en clips…

L’enragé (tome 2) de Baru

pioche-en-bib.jpg Couverture du tome 2 de l'Enragé de Baru Baru avait gagné le grand prix de la bande dessinée d’Angoulême en 2010 et était donc le président de l’édition 2011 avec une exposition à la cité de la Bande dessinée (dans le bâtiment Castro). Avant d’aller au festival cette année, j’avais donc emprunté trois titres à la médiathèque, après Fais péter les basses, Bruno !, et le tome 1 de L’enragé, voici le tome 2 …

Le livre : L’enragé (tome 2) de Hervé Barulea, dit Baru (scénario et dessin), Baru et Ledran (couleurs), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 2006, 61 planches, ISBN 978-2-8001-3800-9.

L’histoire : Anton Witkowsky, que tout le monde appelle Witko maintenant, a définitivement quitté sa banlieue de la cité de Oiseaux… qu’une seule personne lui rappelle désormais, son ancien ami beur, Mohamed Meddadi, devenu journaliste sportif. Le voici en route pour le championnat du monde à Las Vegas. Il ne fait pas le poids dans ce monde dur de la boxe : grosses voitures, belles filles, adversaire qui tente de le faire chuter… N’y a-t-il pas réussi, d’ailleurs, puisque nous voyons toujours des scènes de prétoires intercalées, jusqu’à ce que les deux récits se rencontrent…

Mon avis : je n’ai pas adhéré au style de Baru, au trait trop rageur, ni à ce scénario qui est somme toute sans doute celui de tous ceux qui brûlent les étapes, passent en quelques semaines de la banlieue au paquet de fric, par la boxe comme ici, mais ça doit être un peu pareil avec le foot… Même si Baru connaît le sujet, fils d’immigré (italien) travaillant dans une banlieue ouvrière de Lorraine, lui-même promis à une carrière scientifique quand il bifurque pour devenir prof de sport – pour avoir du temps pour lui… J’arrête ici ma découverte de Baru, pas envie de lire les albums plus anciens.

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

L’enragé (tome 1) de Baru

Couverture du tome 1 de l'Enragé de Baru

pioche-en-bib.jpgBaru avait gagné le grand prix de la bande dessinée d’Angoulême en 2010 et était donc le président de l’édition 2011 avec une exposition à la cité de la Bande dessinée (dans le bâtiment Castro). Avant d’aller au festival cette année, j’avais donc emprunté trois titres à la médiathèque, après Fais péter les basses, Bruno !, je vous parle de L’enragé… (aujourd’hui le tome 1 et là tome 2).

Le livre : L’enragé (tome 1) de Hervé Barulea, dit Baru (scénario et dessin), Baru et Ledran (couleurs), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 2004, 70 planches, ISBN 978-2-8001-3543-3.

L’histoire : en banlieue parisienne, au début des années 2000 et queslques années avant… L’album s’ouvre dans un prétoire au moment du prononcé d’une ordonnance, retour en arrière, dès la deuxième planche, dans le bureau du proviseur, Anton Witkowsky est exclu du lycée pour trois jours pour avoir insulté un professeur, et ne sera pas repris l’année suivante… Retour à la Cité des oiseaux… Le père et la mère, émigrés polonais qui ont trimé toute leur vie, ne comprennent pas leur fils. Contre leur avis, il continue à s’entraîner à la boxe. Très vite, on lui demande de remplacer un boxeur absent pour un premier combat à Gentilly, il gagne, rapporte son premier argent gagné par la boxe à la maison, et c’est la rupture avec son père… mais le début d’une fulgurante carrière de boxeur.

Mon avis : le trait est rageur, trop marqué à mon goût. Je verrai avec le deuxième tome, pour l’instant, les pages intercalées sur le prétoire sont assez incompréhensibles…

Logo top BD des blogueurs 2011Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Journée de la femme : Sacrifices de Nouara Naghouche

Le parvis du théâtre auditorium de PoitiersIl y a déjà plus d’une quinzaine de jours, j’ai vu au théâtre et auditorium de Poitiers(TAP) un spectacle que j’ai réservé spécialement pour la journée de la femme, en ce 8 mars…
Le spectacle : Sacrifices de Nouara Naghouche

L’histoire : dans une banlieue pauvre de Colmar… plusieurs femmes dans des appartements, toutes avec des histoires compliquées, notamment celle que le mari jaloux enferme toute la journée, qui ne sort que pour les courses au supermarché… et s’évade en faisant le ménage et en écoutant des chansons rétros, avant d’être abusée sexuellement et moralement (quand ce n’est pas physiquement) par son mari.

Mon avis : un spectacle humoristique, mais terrible sur le machisme des hommes et l’appel à la révolte des femmes, qui ne doivent plus accepter d’être le puching-ball de leur mari, leur objet sexuel, enfermées dans les appartements… Elles doivent avoir le courage d’aller porter plainte. Quelles que soient leurs origines, leur accent (alsacien ou des banlieues) tous les personnages du spectacle souffrent. Assez de sacrifices des femmes, comme dirait Stéphane Hessel (et Nouara Naghouche donc), Indignez-vous!, révoltez-vous, contre les violences faites aux femmes et contre le racisme ordinaire, courrez le voir près de chez vous! Un spectacle à ne pas manquer, même si vous rirez parfois jaune, Nouara Naghouche fait actuellement une grande tournée en France, pleine de pêche pendant cette grosse heure seule en scène! Elle avait été nommé révélation de l’année pour les Molière en 2009, elle aurait vraiment mérité d’avoir le trophée!

Pour aller plus loin : découvrez absolument le site officiel de Sacrifices, avec des extraits du spectacle! Et toutes les dates du spectacle en cliquant sur l’onglet calendrier…

Neuilly sa mère !

Affiche du film Neuilly sa mère Pour la rentrée du cinéma (vous pouvez encore y aller ce soir et demain, 4 euros la séance dans tous les cinémas qui participent), j’ai hésité sur le film à aller voir… Et puis, finalement, les films sérieux, en art et essai, c’est ce prix là à toutes les séances puisqu’il me reste des séances sur ma carte, après, ça sera 5 euros (quelle augmentation, au TAP cinéma !), du coup, direction le cinéma commercial… J’ai un peu hésité avant de me décider pour une comédie qui fait le buzz en ce moment… Neuilly sa mère, de Gabriel La Ferrière.

L’histoire : Samy Benboudaoud, 14 ans, vit avec sa mère dans une cité de Châlons-sur-Saône. Son père est mort d’une crise cardiaque lors de la coupe du monde de football en 1998… Son cœur n’a pas résisté à Zidane… Sa mère doit partir travailler sur un paquebot, et le confie à sa sœur qui habite en banlieue parisienne… Sauf que ce n’est pas le 9-3, comme il fait croire à ses copains, mais l’enfer de… Neuilly-sur- Seine ou Djamila, sa tante, a épousé Stanislas de Chazelle… dont le fils d’un premier mariage, Charles, 15 ans, se rêve en… Président de la République. Samy doit faire face aux préjugés raciaux, de ses camarades de classe comme de ses professeurs qui ne font pas l’effort d’apprendre à bien prononcer son nom, bref, s’intégrer dans le chic et riche collège privé Saint-Exupéry.

Mon avis : un agréable moment de détente, même si ça ne vaut pas La vie est un long fleuve tranquille, qui abordait finalement un sujet voisin… mais din ch’nord… Samy Seghir, qui joue Samy, est un grand acteur… Si vous avez du temps et de l’argent, allez le voir en salle, vous pouvez aussi attendre qu’il sorte en DVD ou à la télévision, aucune scène ne sera dénaturée vraiment par le petit écran…

Pour aller plus loin : le site officiel de Neuilly sa mère.

Adieu Gary de Nassim Amaouche

Affiche de Adieu Gary, de Amaouche Lundi soir, je suis allée au cinéma voir l’avant-première de Adieu Gary de Nassim Amaouche, précédé d’une projection d’un court métrage, De l’autre côté, réalisé en 2003 dans le cadre de ses études et qu’il avait présenté aux rencontres Henri-Langlois (festival des écoles de cinéma) à Poitiers en 2004, pour lequel il avait reçu le prix spécial du jury et le prix découverte de la critique française. Adieu Gary a reçu le grand prix de la semaine de la critique au festival de Cannes cette année. Nassim Amaouche devait être présent à la projection, mais n’a malheureusement pas pu venir suite au décès accidentel le week-end dernier de son acteur principal, Yasmine Belmadi, qui jouait dans les deux films. Voici seulement mon avis sur Adieu Gary, le court mais presque moyen métrage (environ 30 minutes) n’étant pas distribué, je pense… Enfin, quand même en quelques mots… De l’autre côté est une magnifique réflexion sur l’intégration des maghrébins de seconde génération dans la société, en banlieue parisienne. Le grand frère devenu avocat (commis d’office) vient chez ses parents assister à la fête de la circoncision de son petit frère, son autre frère vivant dans la cité de petits boulots et de petits trafics. Revenons en à Adieu Gary.

L’histoire : dans le sud de la France, en Ardèche, une ville aux allures de far-west américain en train de mourir en même temps que la grande usine, gros employeur, qui vient de fermer. Le fils, Samir (Yasmine Belmadi), sort de prison pour trafic de drogue, mais son frère et son père lui ont trouvé un boulot dans le petit supermarché – avec une opération semaine du fromage à se tordre de rire. Le père, Francis, veuf d’une arabe (Jean-Pierre Bacri) va chaque jour à l’usine pour finir de réparer la machine, achever son travail interrompu par la fermeture de l’usine en cours de démantèlement. Le frère, Icham, tente d’apprendre l’arabe pour aller travailler au Maroc (et oui, moitié Beur mais sans racine, finalement). La voisine, Maria, se désespère pour son fils, José, mutique suite au départ de son père, qu’il voit en boucle à la télé et en rêve sous les traits de Gary Cooper. Les copains, dont le petit (un nain qui joue à merveille, vu aussi dans le moyen métrage), Nejma, un groupe d’anciens ouvriers musulmans qui ont transformé une pièce de l’ancienne maison du peuple en mosquée… Rester dans la ville mourante, partir, pour où ?

Mon avis : un film court (1h15) mais très fort. À l’issue de la projection, le public, nombreux, a mis du temps à se disperser, un peu sous le choc de ce film, avec un besoin de transition, de pause avant la reprise des activités habituelles. Un premier long métrage très réussi. Il faut absolument aller voir Adieu Gary, en salle d’arts et essais à partir d’aujourd’hui.

Sur le site des rencontres Henri-Langlois, vous trouverez la bande annonce du film et un hommage à Yasmine Belmadi.

Les films que j’ai déjà vus du festival Télérama 2010 :