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Corporate, de Nicolas Silhol

Ce week-end, je suis allée voir Corporate, de Nicolas Silhol.

Le film : de nos jours à Paris, dans un grand groupe, l’ESEN.  Depuis un peu plus d’un an, le directeur des ressources humaines du site parisien, Stéphane Froncart [Lambert Wilson], a embauché (pour 100.000€ annuels) Émilie Tesson-Hansen [Céline Sallette] à la tête des ressources humaines du service financier (environ 70 personnes). Après un stage de chiens de traîneaux dans les Alpes, ils ont repéré les 10% de personnes à faire partir de l’entreprise… de leur plein gré! Pas de licenciements, mais des offres de mutation, du harcèlement, il faut pousser ces salariés jusque là modèles à démissionner, le tout caché derrière une jolie appellation, « Ambition 2016 ». Bien que mis au placard, avec la photocopieuse, l’un des salariés, Didier Dalmat [Xavier de Guillebon], résiste, … Après avoir tenté d’avoir enfin un entretien avec Émilie, lors de la pause déjeuner, il se suicide en se jetant par une fenêtre du quatrième étage. L’entreprise lance un plan de communication (le suicide, c’est une affaire personnelle, dixit le responsable de la communication), le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) met en cause le plan de management et les évaluations, une inspectrice du travail [Violaine Fumeau] mène l’enquête alors qu’elle tente de se justifier aux yeux de ses collègues les plus proches, Vincent [Stéphane De Groodt] avec qui elle déjeune régulièrement et Sophie, sa secrétaire [Alice de Lencquesaing]… Émilie est en première ligne dans la recherche des responsabilités, sera-t-elle le fusible docile de son entreprise ou se révoltera-t-elle? Comment concilier vie professionnelle envahissante et vie familiale, alors  que son compagnon, Colin Hansen [Charlie Anson] a lâché son boulot londonien pour la suivre et s’occuper de leur petit garçon?

Mon avis : le scénario parle à la fois, d’un côté, du processus de harcèlement et de « management » agressif  et de l’autre côté, du rôle du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et l’inspection du travail. A peine esquissées en arrière-plan, par quelques allusions, les pressions menées par l’entreprise contre l’inspectrice du travail (plainte pour harcèlement et tentative de faire dé-saisir l’inspectrice du dossier) et une réunion de CHSCT assez peu réaliste, mais au moins, c’est un film qui montre ce type d’instance paritaire dont les patrons aimeraient souvent bien se débarrasser! Les représentants syndicaux dénoncent le plan « ambition 2016 », les méthodes d’évaluations individuelles et la « pro-activité » qui ont généré les souffrances au travail – plus facile dans ces conditions pour le patron de faire démissionner ceux qu’il a ciblés. Le film est littéralement porté par Céline Sallette, dans le rôle principal. Le plateau de « l’open space », les salles de réunion ou les bureaux individuels des « chefs » dans l’entreprise sont aussi aseptisés que la cuisine de l’appartement de la (sous-)DRH. Je vous recommande d’aller voir ce film, qui devrait figurer en bonne place pour lancer de plus amples débats lors du prochain festival Filmer le travail – au-delà de la projection organisée hier 10 avril 2017 au TAP-Castille avec le réalisateur et un ancien inspecteur du travail à laquelle je ne pouvais pas assister – même si ce festival privilégie les documentaires aux fictions.

Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay

Affiche de Alceste à bicyclette de Philippe Le GuayAlceste à bicyclette, de Philippe Le Guay, était passé dans les salles périphériques mais seulement une semaine en ville, à des horaires pas du tout pratiques. C’est comme si CGR ne voulait plus de ses salles en ville, qu’il garde parce que c’était le seul moyen d’ouvrir un autre complexe à l’extérieur, mais ils font tout pour ne pas avoir de spectateurs en ville et pouvoir fermer des salles « déficitaires ». Pour moi, hors de question d’aller aux nouvelles salles de Fontaine-le-Comte, inaccessibles en bus (je n’ai pas de voiture), et je ne suis allée que deux fois en quelques années à Buxerolles, il faut pouvoir y aller à une séance à 17h en semaine si on veut un bus au retour (le samedi, trop peu de bus, attendre 45 minutes, non merci, et pas desservi le dimanche). Ils ont quand même programmé Alceste à bicyclette pour le printemps du cinéma en ville, encore à une heure peu pratique (13h30), mais avec les giboulées, aucun regret pour s’enfermer dans une salle de cinéma.

Le film: de nos jours en plein hiver. Gauthier Valence (Lambert Wilson), acteur à succès notamment dans une série médicale sur une grande chaîne de télévision, souhaite monter Le Misanthrope de Molière dans un théâtre parisien. Il souhaiterait jouer Alceste et confier Philinte à Serge Tanneur (Fabrice Luchini), un acteur qui s’est retiré depuis trois ans sur l’île de Ré après une grave dépression. Serge Tanneur hésite, finit par accepter de faire des italiennes, à condition de jouer Alceste et pas Philinte, finalement, ils se mettent d’accord pour alterner les rôles… mais il ne donnera sa décision -jouer ou pas- qu’à l’issue d’une semaine de répétitions, qui alternent avec des promenades à bicyclette et la rencontre avec Francesca (Maya Sansa), une italienne qui vient de mettre en vente sa maison…

Mon avis: contrairement aux derniers films où il a joué, cette fois, Fabrice Luchini « fait » du Fabrice Luchini! Ce rôle d’acteur aigri et retiré du monde lui va à merveille, n’en déplaise à Pierre Murat qui avait descendu le film en flèche dans Télérama. L’équilibre entre les répétitions (en intérieur ou dans la cour de la maison) et les intermèdes (promenades à vélo, sorties au restaurant, visites immobilières, projet de vasectomie, chut, je ne vous en dirai pas plus) est assez réussi. Alors certes, le scénario n’est pas d’une grande originalité, mais il donne envie d’aller revoir un Misanthrope au théâtre (et de guetter certaines répliques telles « l’effroyable haine »), et j’ai passé un bon moment de détente…

Pour rebondir : voir plus en détail la gare (et ses mosaïques) de La Rochelle, aperçue plusieurs fois dans le film.

Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Affiche Des hommes et des dieux de Xavier Dauvois Dernière journée du festival Télérama aujourd’hui, au total, j’aurai vu en rattrapage 7 ou 8 films. Je commence aujourd’hui par vous parler Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois.

Le film : Tibérine / Tibhirine, près de Médéa, à une centaine de kilomètres du sud d’Alger, vers 1993, puis de la nuit de noël 1995 à la nuit du 26 au 27 mars 1996, en Kabylie. Un monastère perché dans l’Atlas est occupé par huit moines cisterciens, certains très âgés ou malades, qui vivent modestement du produit de leurs cultures (notamment de la vente de leur miel) et tiennent un dispensaire qui accueille tout le monde, à condition que ce soit sans armes. Première alerte dans la nuit de noël 1995, un commando exige la venue du médecin dans le maquis, le prieur refuse. Première discussion au monastère, le prieur a pris sa décision seul, ce n’est pas le fonctionnement dans un monastère, le chapitre (réunion des moines) suivant est assez houleux : fallait-il tenir tête aux terroristes, et maintenant, faut-il rester ou partir ? Un peu plus tard, un groupe de travailleurs hongrois (ou tchèques ? je n’ai pas trop fait attention) est massacré, la question se pose à nouveau, l’armée veut imposer sa protection aux moines, qui refusent…

Mon avis : je me suis ennuyée par moment et certains passages sont vraiment dans l’excès, je pense en particulier au dernier repas des moines au monastère, en silence comme le veut la règle cistercienne, non pas avec une lecture, comme dans une scène précédente, mais sur fond de Lac des cygnes crachouillé par un magnétophone. L’allusion à la Cène (renforcée par le moine arrivé la veille leur apporter du ravitaillement), les vues qui s’éternisent sur la béatitude des moines buvant une bonne bouteille de vin, sont vraiment exagérées… Lambert Wilson en prieur, pourquoi pas, quand, en proie au doute, il embrasse littéralement un vieux cèdre multi-centenaire ou part méditer (prier ?) au bord du lac, il est peu crédible. En revanche, j’ai adoré Michael Lonsdale dans le rôle du vieux moine médecin asthmatique. Grand prix du jury, prix du jury œcuménique (ça, je peux comprendre) et prix de l’éducation nationale (où est passée la laïcité ?) au dernier festival de Cannes, favori pour les prochains César, le film a fait accourir les foules, ce qui est assez rare pour un film classé Art et essai, mais ne m’a vraiment pas convaincue.

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

Comme les autres

Le TAP la nuit de son inauguration Dimanche avec des averses… Je suis allée au cinéma. Mais voir quel film? Ceux de la salle d’art et essais (rebaptisée en TAP cinéma au lieu du théâtre depuis l’ouverture du nouveau TAP/théâtre auditorium de Poitiers) ne me semblaient pas de nature à ensoleiller la journée. Du coup, je suis allée au cinéma commercial… Il y avait encore la fille de Monaco, mais je l’ai déjà vue. Du coup, je me suis rabattue, un peu par défaut, sur Comme les autres, réalisé par Vincent Garenq. Et bien, je n’ai pas été déçue.

L’histoire : un couple d’homosexuels. Emmanuel (Lambert Wilson), pédiatre, et Christophe (Pascal Elbé), avocat, la quarantaine, parfaitement intégrés dans la société, un couple solide aux yeux de leur famille et de leurs amis. Le premier veut un enfant, pas l’autre. Ils se séparent. Emmanuel tente l’adoption en tant que célibataire, chasse toutes les revues, toutes les images, tous les livres qui pourraient évoquer son homosexualité. L’assistante sociale allait accorder un avis favorable à l’agrément quand, au dernier moment, elle tombe sur une photographie du couple… Il rencontre ensuite des couples de lesbiennes, en recherche du même type que lui, mais qui bien sûr veulent garder l’enfant. Alors, il se  » rabat  » sur Fina (Pilar López de Ayala), une jeune sud-américaine sans papier. Acceptera-t-elle le marché, un mariage blanc, des papiers contre l’acceptation d’être mère-porteuse ?

Mon avis : Plein de petites touches sensibles dans ce film, le coming-out, l’acceptation par la famille du compagnon homosexuel, la question des mères-porteuses, de l’adoption, du mariage, etc. Vraiment, un film qui pourrait participer à ces débats très actuels en France et dans la plupart des pays de la Communauté européenne (sauf dans les pys réactionnaires qui en sont encore au débat sur la légalisation de l’avortement). La semaine dernière, le fisc reconnaissait la déclaration d’impôt commune d’un couple d’hommes hollandais et légalement mariés aux Pays-Bas… La cause homosexuelle avance lentement mais sûrement en France. Allez le voir, les questions posées trouvent une réponse différente je pense à la sortie qu’à l’entrée dans la salle…