Archives par étiquette : maladie d’Alzheimer

Ceux qui me restent, de Damien Marie et Laurent Bonneau

pioche-en-bib.jpgCouverture de Ceux qui me restent, de Damien Marie et Laurent BonneauUn album emprunté à la médiathèque.

Le livre : Ceux qui me restent, de Damien Marie (scénario) et Laurent Bonneau (dessin), éditions Grand angle, 2014, 159 pages, ISBN 9782818931882.

L’histoire : 1968. Jenny fait la connaissance de Florent Vastel à Paris. Ils se marient… Quelques années plus tard, en Angleterre, enterrement de Jenny (on apprend plus loin qu’elle s’est suicidée) en Angleterre, Aurélie, « Lilie », est encore une toute petite fille de 5 ans. Retour à Cherbourg. Difficile éducation de sa fille, qui a fini par s’éloigner pendant plus de 20 ans. Aujourd’hui, il a 70 ans et la cherche désespérément dans ses pensées, sur le bateau au retour de l’enterrement, partout, même quand elle est en face de lui, elle qui vient désormais le voir chaque semaine dans la « maison de retraite » où il est enfermé…

Mon avis: la taille des cases varie, jusqu’à des images pleine page ou sur deux pages. Le texte (bulles et phylactères) se fait rare, les images avec peu de couleurs, beaucoup de bruns, de jaune pâle (la couleur du ciré de la petite Lilie perdue qui s’estompe), de bleus. Très vite, on se perd, on ne sait plus à quelle époque on est, dans le récit actuel, dans le cerveau errant de Florent, à un moment ou à un autre de son passé? La fin est réaliste, pas une semaine ici sans que la police, les pompiers, les chiens et autres hélicoptères ne cherchent un malade d’Alzheimer ou apparenté, parfois avec succès comme il y a quelques jours (grâce à une caméra thermique), d’autres moins (une dame retrouvée plusieurs semaines plus tard près de Montmorillon, un septuagénaire dans la page des faits divers depuis deux jours)… Je ne suis pas complètement fan de cet album, mais je vous laisse découvrir par vous même.

PS suite au message de Yaneck / Les chroniques de l’invisible : pour le TOP BD des blogueurs, j’ai mis 15 à cet album, ce qui pour moi n’est pas une mauvaise note (il faut plus de 17 pour être dans le classement, exigent) mais montre que l’album n’est pas un coup de cœur. A la réflexion, je pense que le thème du suicide de la mère a joué, surtout que j’ai lu l’album à peu près à la date anniversaire du suicide de ma mère (pas du tout comme ici quand la mère était jeune). J’ai aussi eu du mal à comprendre le flou temporel, voulu je sais bien, les retours entre présent et passé, ça, c’est peut-être la faute à mon cerveau. Enfin, le choix des couleurs, sombre avec juste le ciré jaune vif de la fillette perdue sur le bateau (et perdue tout court) puis remis par la fille revenue vers son père pour essayer de raviver des souvenirs, ne m’a pas attirée.

 Logo rentrée littéraire 2014Cet album entre dans le cadre du défi de la rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson, catégorie bande dessinée.

Logo top BD des bloggueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Une séparation de Asghar Farhadi

Affiche de Une séparation de Asghar Farhadi On parle beaucoup de ce film, Une séparation de , qui a reçu au dernier festival de Berlin l’ours d’or du meilleur film et les ours d’argent pour les meilleurs rôles masculins et féminins [depuis cet article, il a reçu d’autres prix, dont l’Oscar 2012 du meilleur film en langue étrangère et le César 2012 du meilleur film étranger ; j’ai aussi vu du même réalisateur les enfants de Belle Ville, Le passé et Le client]. L’interview du réalisateur il y a quinze jours à Cosmopolitaine de Paula Jacques sur France Inter m’avait convaincue d’aller voir ce film pour lequel le réalisateur a été contraint d’arrêter le tournage non pas à cause de la censure, mais pour avoir soutenu d’autres cinéastes iraniens emprisonnés. Depuis, le 12 juin 2011, le journaliste iranien Reza Hoda Saber, emprisonné depuis le mouvement de 2009, serait mort d’une crise cardiaque alors qu’il avait entamé une grève de la faim depuis une dizaine de jours en prison.

Le film : en Iran de nos jours. Simin (Leila Hatami) et Nader (Peyman Moadi) sont dans le bureau d’un juge. Simin, qui a bataillé pendant 18 mois pour obtenir un visa de sortie, obtenu il y a six mois et encore valable 40 jours, veut à tout pris aller à l’étranger, Nader ne veut pas partir, il veut rester près de son vieux père atteint de la maladie d’Alzheimer, et refuse que leur fille Termeh, âgée de onze ans, suive sa mère. En attendant que le divorce soit prononcé, Simin part vivre chez sa mère, tandis que Nader embauche Razieh, une femme pauvre et profondément croyante, portant le nikab, pour s’occuper de son père. Razieh a pris ce travail sans en parler à son mari, y vient avec sa petite fille, et se retrouve dès le premier jour confrontée à un grave dilemme pour lequel elle va appeler les autorités religieuses: peut-elle laver le vieil homme qui s’est fait pipi dessus et est incapable de se changer… Ayant besoin d’argent, elle reste malgré tout, jusqu’au jour où Nader rentre plus tôt du travail, trouve son père enfermé, tombé en bas de son lit, Razieh n’est pas chez lui… Il s’énerve, elle tombe dans l’escalier et perd le bébé qu’elle attendait… Cela s’est-il vraiment passé comme ça? Nader sera-t-il condamné pour meurtre, le fœtus ayant 4 mois et demi et étant considéré comme une personne en Iran?

Mon avis : un très beau film qui aborde des questions universelles, le divorce, l’adolescent objet de chantage de la part de ses deux parents, la prise en charge de parents âgés et malades, la lutte des classes (ou au moins, les riches et les pauvres), etc. En apparence, les juges, que ce soit aux affaires familiales (pour le divorce) ou au pénal et au civil (pour la fausse-couche), semblent assez libres de mener l’enquête. Tous les acteurs sont excellents, mais l’adolescente encore plus… A voir absolument, et pour une fois, un film d’art et essai, en persan sous-titré, semble rassembler un large public!

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films:

Mon vieux et moi de Pierre Gagnon

Couverture de Mon vieux et moi de Pierre Gagnon logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010pioche-en-bib.jpgCe livre figurait sur le rayon nouvelles acquisition / rentrée littéraire à la médiathèque. Il rentre dans le cadre du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya.

Le livre : Mon vieux et moi de Pierre Gagnon, Éditions Autrement, 2010, 87 pages, ISBN 978-2746714366.

L’histoire : de nos jours quelque part au Québec. Un jeune retraité décide d’adopter un vieux monsieur de 99 ans qui vivait dans le centre d’hébergement (chez nous, nous dirions maison de retraite…) où sa tante vient de mourir. Les services sociaux viennent visiter sa maison, recommandent des aménagements, un animal de compagnie, et Léo arrive, avec ses légers troubles cognitifs, en dépit des mises en garde de l’entourage du narrateur. Tout semble se passer assez bien, mais un jour, Léo fait une chute. Un séjour à l’hôpital, et il revient avec des problèmes de mémoire et d’orientation très importants… Le narrateur arrivera-t-il à continuer à le prendre en charge ?

Mon avis : un livre qui aborde de manière plaisante la question du grand âge et de la dépendance, de l’accueil des malades d’Alzheimer et apparentés. Un livre très court, moins de 90 pages écrites en gros, avec double interligne, même pas une heure de lecture… L’écriture avec beaucoup d’humour à la première personne permet de prendre conscience de certaines difficultés, sans insister trop, en rendant quand même compte de la vie difficile des aidants familiaux et de leur épuisement, ici, un aidant particulier, puisqu’il a laissé sa tante dans une maison de retraite puis, à sa mort, recueilli et adopté un parfait inconnu.

Il y a quand même une chose qui me surprend, la retraite au Québec serait-elle à 50 ans pour les fonctionnaires??? Je m’explique, le vieil homme adopté a 99 ans. Page 11, le narrateur :  » en ce qui me concerne, je termine tout juste une carrière dans la fonction publique « , page 24 :  » le demi-siècle nous séparant ne semble occuper que peu d’espace « , page 60, au sujet de sa carrière passée :  » pendant près de trente ans […] « . Bon, alors, trente ans de service et retraite au Québec??? Ou juste une incohérence de l’auteur?

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Canada (plus canadien que Chez Borges de Alberto Manguel que j’avais placé pour ce pays…

L’étrange disparition d’Esme Lennox de Maggie O’Farrell

Couverture de L’étrange disparition d’Esme Lennox pioche-en-bib.jpgDepuis quelques mois, j’ai lu beaucoup de critiques positives sur cette étrange disparition d’Esme Lennox. La dernière en date, par Theoma, en septembre, m’a décidé à le réserver à la médiathèque

Le livre : L’étrange disparition d’Esme Lennox de Maggie O’Farrell, traduit de l’anglais par Michèle Valencia, éditions Belfond, 2008, 232 pages, ISBN 9782714443342.

L’histoire : en Inde dans les années 1930, en Écosse aujourd’hui, à Édimbourg, où l’asile de Cauldstone ferme ses portes. Une jeune femme, Iris, reçoit un étrange coup de fil, elle est priée de venir chercher à l’asile une tante, Euphémia (Esme) Lennox, qui y est enfermée depuis 60 ans, elle y est arrivée à l’âge de 16 ans. Sauf que sa grand-mère, Kitty, atteinte aujourd’hui d’une maladie d’Allzheimer, lui a toujours dit qu’elle était fille unique. Elle accepte d’aller voir cette tante, de l’emmener dans un foyer, mais devant l’aspect rebutant de celui-ci, elle décide d’héberger Esme, qui ne semble guère « folle », pour le week-end. Parallèlement, Esme, encore à l’asile, puis chez sa petite-nièce, revit son enfance en Inde, avec un petit frère, Hugo, dont la mort semble d’abord mystérieux, le retour en Écosse, la mère qui veut caser ses filles, Esme et Kitty, jusqu’à découvrir le sombre secret de famille qui a entraîné l’enfermement d’Esme et sa disparition de l’histoire familiale…

Mon avis : Un début un peu confus, j’ai eu un peu de mal à situer les souvenirs qui émergent peu à peu, d’Esme mais aussi de sa sœur, Kitty, de six ans son aînée, peu à peu… Le terrible secret de la mort d’Hugo et de la bonne Jamila, morts de typhoïde, reste longtemps assez peu compréhensible, semble la clef de l’énigme… sans l’être vraiment, quoique… S’il n’était pas mort, la suite se serait-elle produite ? Et puis, derrière cette histoire terrible, on peut se demander comment une jeune femme a pu être internée à l’âge de 16 ans et ne ressortir de l’asile que 60 ans plus tard, et encore, parce que l’asile ferme et qu’ils n’ont pas trouvé de solution pour elle… Certes, cela se passe en Grande-Bretagne, mais pas sûr que ça ne puisse pas arriver chez nous… Les portraits d’Esme, mais aussi celui d’Iris, de son « frère par alliance » (le fils du second mari de sa mère) ou de son ami du moment sont dressés peu à peu, avec douceur et beaucoup de force en même temps. Un livre fort qui ne m’a pas laissée indifférente.

Pour aller plus loin : voir le site de Maggie O’Farrell (en anglais).

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Grande-Bretagne (l’auteure, Maggie O’Farrel, est née en Irlande-du-Nord, a vécu en Ecosse et au Pays-de-Galle), en complément de Les chemins de Saint-Jacques, Les routes du pèlerinage médiéval à travers la France et l’Europe, de Derry Brabbs déjà lu et sélectionné pour ce pays, mais il s’agissait d’un beau livre et non d’un roman..