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Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers

Poitiers, la clef portant la date de 1167 dans la cathédrale Il existe dans la cathédrale de Poitiers des clefs de voûte très intéressantes, hélas pas facile à photographier avec un appareil ordinaire et sans éclairage. Si vous voulez les voir vraiment, il faut que vous alliez les voir sur place avec des jumelles ou dans le livre que je vous ai signalé en fin d’article (page 48 pour la première, pages 133-135 pour les autres). La première se trouve dans la dernière travée centrale du chœur (juste devant le grand vitrail). Elle porte l’inscription « IN QUO A(nno) MCLXVII », en cette année 1167. Mais elle est écrite de manière curieuse. Vous avez la nervure centrale et les petits bourrelets autour. Dans les angles en bas de ce dernier, vous avez I d’un côté, N de l’autre. Sur la nervure en haut, A à gauche, VO à droite. Le A. pour Anno se trouve entre le Q et le VO. Ensuite, il faut lire en tournant. Sur la barre horizontale de la nervure, vous pouvez lire à gauche le M, en bas le C écrit tourné vers le haut, à droite le LX et au centre VII.

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 1, dates sur la clef

Voici ci-dessous ce que ça donne sur un schéma. A quoi correspond cette année? A la fin de la construction de la voûte au moins de la partie orientale de la cathédrale, c’est l’année de la naissance de Jean (sans Terre), fils d’Aliénor d’Aquitaine, en Angleterre, que l’on ne voit pas non plus sur le grand vitrail (en bas à droite de celui-ci, il y a le plan de la cathédrale porté par les commanditaires des premiers travaux, Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt, encadrés de 4 enfants, soit Henri, Mathilde, Richard -le futur Richard Cœur de Lion et Geoffroy, Guillaume étant déjà décédé et Aliénor, Jeanne et Jean pas encore nés, donc le vitrail a sans doute été réalisé avant 1161, année de naissance de Mathilde. D’après les estimations (pour plus d’arguments, voir le livre cité en fin d’article), le chantier de la cathédrale a dû commencer entre 1154 et 1162.

Poitiers, les clefs historiées de la cathédrale

Vraiment désolée, on n’y voit pas grand chose…Nous sommes ici un peu plus tard que pour la clef de voûte portant la date, il y a eu un changement d’option de voûtement dans le chantier, et ces clefs sont sans doute réalisées entre 1180 et 1220/1230. J’ai organisé ici ce que l’on voit autour de la croisée du transept (au centre) où il y a un oculus pour laisser passer la corde des cloches, et les 7 clefs de voûte qui l’entourent, en haut nous sommes vers le chœur (dans la première des trois travées du chœur), en bas dans la troisième et dernière travée de la nef et les collatéraux, sur la ligne centrale dans l’axe du transept. Voici un schéma pour mieux vous repérer (attention, c’est juste un schéma, non conforme à l’échelle et à la forme exacte de la cathédrale).

Schéma de la cathédrale de Poitiers, 2, plan de la cathédrale

A part l’agneau, toutes les figures sont représentées à mi corps. Sur l’oculus central se trouvent 13 anges, 5 groupes de deux et trois seuls. Ils portent des livres, une croix, une couronne, un linge, une couronne d’épines. Pour les autres clefs, voici leurs thèmes en commençant en bas à gauche et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre autour de l’oculus :

– un ange portant une petite croix avec un tau gravé,

– saint Paul déroulant un phylactère, une Vierge à l’Enfant (tous deux couronnés),

– saint Pierre bénissant de la main droite et portant une grosse clef dans la main gauche,

– un ange portant une croix dans sa main droite et une couronne dans la gauche,

– l’Agneau de Dieu avec une croix et un oriflamme sur le dos, son nimbe a un curieux décor,

– et le Christ représenté en buste sur un fond de feuillage et tenant une hostie dans la main gauche sa main droite est cassée, mais la position du coude laisse supposer qu’il bénissait).

Les clefs de voûte de la cathédrale de Poitiers ont été exclues par Y. Blomme de son étude sur les clefs de voûte du domaine Plantagenêt (parce qu’ici, il y a une influence d’artistes venus du nord), mais je trouve qu’elles sont quand même très proches de celles qu’il mentionne (voir référence ci-dessous), en particulier celles de l’église d’Airvault dans les deux-Sèvres.

Pour aller plus loin :

  • un livre : Collectif (Claude Andrault-Schmitt, Christian Barbier, Yves Blomme, Jean-Pierre Blin, Bernard Brochard, Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, François Jeanneau, Françoise Perrot, Yves-Jean Riou, Albert Rouet, Jean-Pierre Roussel), La cathédrale de Poitiers, éditions Le Temps qu’il fait, 2007, 176 pages (ISBN : 978-2-86853-415-6).
  • un article : Blomme, Yves. L’image de l’apocalypse dans la sculpture gothique Plantagenêt (XIIe et XIIIe siècles). Dans Apocalypse, imaginaire et création artistique, sous la direction de Marie-Claude Rousseau, Cahiers du CIRHiLL, Hors série 2004, Angers, Édition de l’UCO, p. 19-45.

Pigeon vole! Nouveau défi de Bidouillette

Défi pigeon vole, 01, rue du Pigeon-Blanc à Poitiers Cette semaine, Monique / Bidouillette / Tibilisfil nous propose de mettre nos chaussures et de sortir avec notre appareil photo sur le thème Pigeon vole… Pour moi, direction la rue de Poitiers qui leur est dédiée… juste devant le parvis de justice du 15e siècle de l’église Sainte-Radegonde… La rue du Pigeon-Blanc!Une plaque de rue sans erreur, contrairement aux nouvelles plaques de rue : rue de Blossac, rues Renaudot et Carnot (anciennes rues des Hautes Treilles, des Trois Piliers, des halles), rues Mantgau(l)tier et du Souci(s), rue des frères Lumière(s) et cité de la Traverse.

Défi pigeon vole, 02, pigeon évitant de se faire pigeonner En y allant, je suis tombée, rue des Vieilles-Boucheries, sur ce pigeon qui restait indifférent aux promesses des soldes…

Défi pigeon vole, 03, des pubs, des soldes, des pigeons Il n’avait sans doute pas envie de se faire pigeonner par toutes ces offres!

Défi pigeon vole, 04, déjections de pigeons devant le portail nord de la cathédrale Mais les pigeons, ce sont surtout de vrais fléaux en ville, avec leurs déjections, ici devant le portail de la Vierge, au nord de la cathédrale, plus ancien que le portail occidental (celui avec notamment le Jugement dernier), pas encore restauré (voir la partie droite et la partie gauche), donc pas protégé contre les pigeons…

Défi pigeon vole, 05, fil anti-pigeons sur Sainte-Radegonde à Poitiers Car souvent, après nettoyage et restauration, les sculptures sont protégées contre les pigeons (ça ne fait que les reporter ailleurs…). A Poitiers, le choix des Monuments historiques s’est le plus souvent porté sur ces dispositifs électriques, des fils qui délivrent de petites décharges… Cette photographie vient de l’église Sainte-Radegonde, juste en-dessous de la moulure protégée par les fils, il y a les singes monstrueux.

Défi pigeon vole, 06, piques anti-pigeons dans la cathédrale de limoges En fouillant dans mon stock de photographies, j’ai trouvé des piques qui ont la même fonction, ici à Limoges…

Défi pigeon vole, 07, grillages anti-pigeons sur l'institut Valentin Hauy à Paris … ou encore des grilles, comme sur la sculpture du fronton de l’institut Valentin Hauÿ à Paris…

Bon, allez, je vous ai repêché quelques pigeons déjà publiés… Clic sur les vignettes pour aller voir l’article d’origine… Les trois premières sont à Poitiers… la quatrième à Paris, il doit y en avoir d’autres…

Des pigeons place d'Armes à Poitiers le 21 juin 2011 Poitiers, coeur d'agglo, 3 septembre 2010, 17h15, vue 3, pigeons
Poitiers, 26 février 2011, défi APN, des nids, 01, pigeaons de l'amphithéâtre Paris, monument à l'amitié franco-belge, 4, vue rapprochée

Le chemin de croix de Jean Claro à Saint-Hilaire de Poitiers

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 1 et 2 Je vous reparlerai du sculpteur Jean Claro à propos de sa frise sculptée sur le mur extérieur de la MJC le Local à Poitiers. Né à Alger en 1929, élève de l’école des beaux-arts de Paris de 1952 à 1956 puis aide dans les ateliers du sculpteur Paul Belmondo, il est nommé en 1959 comme enseignant à l’école des beaux-arts d’Oran en Algérie. Victime d’une agression, il rentre en France (métropolitaine, l’Algérie était encore française à cette époque) où il est nommé à l’école des Beaux-Arts de Poitiers. En 1962, il commence la réalisation de ce chemin de croix en feuilles de plomb pour l’église de Marmagne, dans le Cher, église pour laquelle il a aussi réalisé en 1965 une statue de la Vierge à l’Enfant et une autre de Saint-Jean l’Évangéliste. Dans la même commune, il avait également sculpté en 1958 une statue de Baigneuse pour la piscine [informations transmises par sa famille].

Chaque station de du chemin de croix mesure une soixantaine de centimètres de haut, même si elles n’ont pas toute exactement les mêmes dimensions. Le relief est assez marqué, de plusieurs centimètres. Ce chemin de croix a été installé et inauguré dans l’église Saint-Hilaire de Poitiers en 2000… Il est décédé en 2004 à La Rochelle.

Les stations du chemin de croix sont « standardisées » depuis le 16e siècle… Le titre des quatorze stations ne varie donc pas d’un chemin de croix à l’autre… C’est parti pour la visite… Je vous donne d’abord le titre officiel de la station, puis une très brève description de la représentation. J’ai regroupé les photographies par deux stations.

Station 1. Jésus est condamné à être crucifié. Ici, c’est le visage du Christ pleurant avec la couronne d’épines sur la tête.

Station 2. Jésus est chargé de sa croix. A l’arrière plan se trouve une croix avec au premier plan une paume de main.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 3 et 4 Station 3. Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix. On voit ici la partie haute de la croix et Jésus à terre, enfin, juste une silhouette avec deux bras levés.

Station 4. Jésus rencontre sa mère. Marie est représentée penchée sur la tête de Jésus, avec sa couronne d’épine. Elle regarde vers le ciel alors que Jésus a passé son bras gauche derrière le dos de Marie.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 5 et 6 Station 5. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix. En haut, Simon, en homme fort, tient la croix à bras le corps alors qu’une silhouette au visage représenté en creux est couchée au sol (le Christ).

Station 6. Sainte Véronique essuie le visage de Jésus. Le visage du Christ est représenté comme couvert d’un linge.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 7 et 8 Station 7. Jésus tombe pour la deuxième fois. Jésus (toujours une silhouette, cette fois le haut du corps, la tête et un bras) ploie sous le poids de la croix.

Station 8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent. Là, ce n’est pas facile à voir. Sur a gauche se trouve la silhouette du haut du corps de Jésus, debout. Vous devez réussir à distinguer la pointe du menton et son bras droit. Devant lui, trois visages très stylisés (un œil et un trait vertical symbolisant les larmes) des femmes de Jérusalem.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 9 et 10 Station 9. Jésus tombe pour la troisième fois. Une silhouette vaguement humaine est assise par terre dans l’angle inférieur gauche. Elle supporte le poids de la croix cette fois penchée vers le bas, le bras gauche de Jésus est passé autour d’elle.

Station 10. Jésus est dépouillé de ses vêtements. Pour cette station, l’artiste a choisi de montrer plutôt les soldats qui jouent au pied de la croix, juste symbolisés par trois dés formant un 4.21 au-dessus de la tunique du Christ et à côté d’une empreinte de pied.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 11 et 12 Station 11. Jésus est cloué sur la croix. Une main gauche présentée paume en avant et saignant, avec en arrière plan un rectangle (le bras de la croix).

Station 12. Jésus meurt sur la croix. L’artiste a choisi de lacéré la feuille de plomb au niveau du visage du Christ.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 13 et 14 Station 13. Jésus est détaché de la croix et son corps est remis à sa mère. Un pied gauche et quatre clous pour cette station.

Station 14. Le corps de Jésus est mis au tombeau. Un gros paquet plus ou moins ovale… Jésus enfermé dans son linceul.

Dans un style très différent mais quasiment contemporain, voir le chemin de croix de Rosine Sicot (1958) dans l’église Saint-Hilaire à Niort.

Cathédrale de Poitiers : les vierges sages et folles

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 1, position

Le thème des vierges sages et des vierges folles a connu un grand succès en Poitou à l’époque romane. On le retrouve ici à l’époque gothique, au début de la deuxième moitié du 13e siècle (dans les années 1260) sur la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers. Vu le thème, que je vais vous expliquer tout de suite, on se serait plutôt attendu à le voir associé au portail central avec le Jugement dernier (avec la résurrection des morts, le paradis et l’enfer) et le Christ de la résurrection. Mais en fait, il est sur le portail consacré à Thomas.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 2, la voussure à gauche Voici de plus près la partie gauche (nord) de la voussure…

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 3, la voussure à droite …et sa partie droite. Les Vierges sages et folles se trouvent sur le rouleau interne. Sur les autres se trouvent divers personnages.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 4, les sages Voici donc l’histoire… La parabole des vierges sages et folles se trouve dans, juste avant la parabole des talents. Il y avait dix vierges. Cinq étaient sages (prudentes) et avaient prévu de l’huile de rechange en attendant l’époux. Elles se trouvent à la droite du Christ (à gauche en regardant le portail). J’ai fait un montage en partant en bas à gauche jusqu’en haut à droite. Dans l’art roman, elles portent systématiquement une lampe dressée, parfois avec une flamme. Ici, beaucoup de bras sont cassés. Seule la première tient encore la lampe. La seconde tient un gros livre.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 5, les folles Les vierges folles ont été imprudentes. Elles n’ont pas prévu d’huile pour recharger leur lampe, qui s’est étiente pendant la nuit. Dans l’art roman, les lampes sont souvent renversées vers le bas et les têtes penchées en signe de folie et d’imprévoyance. Ici, aucune lampe n’est conservée, impossible de savoir si elles ont existé et dans quelle position. Le montage est fait depuis le haut à gauche jusqu’en bas à droite.

Poitiers, la cathédrale, portail sud, Vierges sages et folles, 4, le Christ Au centre se tient le Christ, l’Époux de la parabole, représenté en buste, les bras ouverts en signe d’accueil. La morale de l’histoire est: « Veillez, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure », en clair, vous ne savez pas quand viendront la mort et l’Apocalypse, et le chrétien doit toujours être prêt…

Poitiers, les reliefs de Jonchère dans la cour du musée

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 01, la cour Je vous ai déjà montré la cour du musée Sainte-Croix à Poitiers à l’occasion de l’expédition Glen Baxter en juin 2010. Comme je vous l’ai déjà dit, l’ancien musée dans l’hôtel de ville était devenu trop petit. L’ancien couvent Sainte-Croix, qui venait d’être libéré par les sœurs (installées depuis lors à la Cossonière à Saint-Benoît), est choisi pour accueillir le nouveau musée, qui a ouvert en 1974. L’architecte Jean Monge (1916-1991) a détruit les bâtiments du 19e siècle mais maintenu une grande cour rappelant l’ancien cloître. Bon, béton brut, parfois avec des effets de cannelures, labyrinthe à l’intérieur, sauvegarde de justesse des vestiges archéologiques gallo-romains (le comble pour un musée avec des collections archéologiques aurait été de les détruire), je ne le trouve pas terrible au niveau de l’architecture. Mais vous pouvez profiter en ce moment (et jusqu’au 5 février 2012) des salles rénovées sur le Moyen-Âge et d’une exposition sur le thème de l’âge roman en Poitou-Charentes, qui est accompagnée d’un très beau catalogue.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 02, entrée du musée Dans l’entrée du musée, voici…

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 03, les reliefs en bronze d'Evariste Jonchère un relief qui y a été mis en place en 1986. Il s’agit du dépôt par l’État d’une œuvre retrouvée lors du rangement du palais de Chaillot pour l’aménagement de la cinémathèque dans les années 1980. C’est l’une des versions de l’art du théâtre, de Évariste Jonchère (Coulonges, 1892 – Paris, 1956), premier grand prix de Rome de sculpture en 1925 pour La vendange. Il existe en fait au moins quatre versions de cette œuvre, trois si j’en crois le catalogue de l’exposition de 1987 (voir la référence complète en fin d’article). La première est un plâtre préparatoire réalisé en 1936 et donné par Mme Jonchère en 1976 au département de Haute-Savoie, qui l’a déposé au conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy (d’autres œuvres données au conseil général de Haute-Savoie sont à voir ici, le couple ayant habité près d’Annecy). Sur la base de ce plâtre, Évariste Jonchère a été chargé de réaliser un bronze pour le fronton de scène du théâtre du palais de Chaillot réalisé pour l’exposition internationale de 1937. Mais il a pris du retard pour confier son œuvre au fondeur Alexis Rudier (je vous ai montré sa marque de fondeur pour sur la statue du maréchal Joffre à Paris, je ne l’ai pas trouvée ici). Aussi, c’est une version en plâtre patiné qui a été réalisée et qui se trouve aujourd’hui au musée de Mont-de-Marsan (voir dans le dossier sans photographie dans la base Joconde). L’artiste a néanmoins terminé son œuvre qui a été fondue en 1938. C’est celle-ci qui se trouve à Poitiers. Elle diffère légèrement du plâtre patiné. Certains historiens de l’art ont donné comme titre à cette œuvre Apollon musagète, titre réfuté par Mme Jonchère. Le musée des années 1930 de Boulogne-Billancourt présente un autre plâtre préparatoire de cette œuvre, j’en ai trouvé par hasard la mention page 42 du livret pédagogique du musée. Comme je ne suis pas allée la voir, je ne peux pas préciser de quelle variante il s’agit.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 04, la signature Jonchère Entrons dans la visite de cette œuvre qui porte la signature « E. JONCHERE ».

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 07, le centre des reliefs Le personnage central est encadré des deux femmes des groupes de droite et de gauche.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 08, le relief central Le voici de plus près. Il s’agit d’Apollon, dieu de la beauté, tenant une lyre, représenté de face, en position comme assise (mais sans siège) avec sa jambe gauche écartée. Il est nu, mais un drap couvre pudiquement son sexe.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 05, détail des musiciens et musiciennes De chaque côté se trouvent les arts liés à la musique, à la poésie et au théâtre. A gauche se trouvent autre femmes debout et un personnage allongé. La première femme à gauche est torse nu avec une robe drapée autour des reins. La seconde a un voile qui lui couvre partiellement la poitrine. La troisième, à l’arrière-plan, regarde les deux premières. La dernière à droite porte des ailes.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 06, détail du sonneur de trompe Un sonneur de trompe est allongé au sol. C’est le seul personnage qui semble être un homme (à part Apollon au centre).

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 09, la partie droite du relief Enfin, le groupe de droite. La première femme à gauche, à côté d’Apollon, torse nu et avec une grande jupe qui lui arrive sous les fesses, tient une sorte de palme. Il s’agit de l’inspiration poétique. Une grande aile semble partir de son épaule, mais il s’agit peut-être juste d’un fond à la scène.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 10, détail des visages Derrière elle se tiennent deux femmes debout. Celle de gauche est torse nu, les seins bien visibles, les jambes drapées dans une robe. Ses cheveux sont coiffés en longues tresses. La seconde porte également un vêtement en haut et tient un masque dans la main gauche : il s’agit de la comédie.

Poitiers, le musée Sainte-Croix, 11, le personnage à droite Et enfin le dernier personnage assis tout à droite. C’est une femme, la tête effondrée sur ses genoux, en partie cachée par son bras. Elle tient de la main gauche une épée et un masque triste constitue son siège: il s’agit de la tragédie.

PS: à deux pas de là, sur le mur de la cour de la MJC Le Local (rue Saint-Pierre-le-Puellier à Poitiers), vous pouvez voir un peu sur le même thème la frise sculptée de Jean Claro…

Pour en savoir plus : Evariste Jonchère, 1892-1956 : premier Grand Prix de Rome de Sculpture en 1925, catalogue de l’exposition au musée Sainte-Croix à Poitiers, 24 mars – 18 mai 1987, sous la direction de Blandine Chavanne et Bruno Gaudichon.

Poitiers, une maison avec des atlantes face au parc de Blossac

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 1, la façade

Juste en face de la grille principale du parc de Blossac, à côté du château d’eau, se trouve un hôtel particulier richement décoré, au moins pour sa travée centrale.

Poitiers, carte postale ancienne, l'entrée du parc de Blossac et la maison aux Atlantes On l’aperçoit ici à droite sur une carte postale ancienne, prise pour voir certes l’entrée du parc de Blossac.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 2, la porte du rez-de-chaussée Au rez-de-chaussée, la porte est encadrée de deux atlantes qui supportent le balcon du premier étage.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 3, l'atlante à gauche Ces atlantes sont représentés au-dessus de la ceinture, dans la même position que de nombreux atlantes.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 4, l'atlante à droite Vous pouvez par exemple revoir pour comparaison les atlantes de François-Léon Sicard (Tours, 1862 – Paris, 1934) pour l’hôtel de ville de Tours.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 5, la porte-fenêtre du premier étage et son balcon Voici un détail de la porte-fenêtre du premier étage et de son balcon avec un garde-corps en ferronnerie.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 6, le décor du premier étage Et le linteau sculpté de cette fenêtre.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 7, la lucarne Sur la lucarne tout en haut est inscrite la date de la construction, 1869.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 8, la date 1869 Avec un détail, c’est plus facile à lire.

Poitiers, maison aux atlantes près de Blossac, 9, l'escalier vers l'arrière Désolée pour le contre-jour… A l’arrière se trouve un escalier semi-hors-oeuvre, visible depuis la rue, et un grand parc, visible seulement en photographie aérienne.

 

La Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers

Poitiers, façade de Notre-Dame-la-Grande, la Nativité et le bain du Christ

J’avais publié cet article pour la première fois pour noël 2008, avec des photographies prises avec mon ancien appareil photographique. Je le reprends aujourd’hui avec de meilleures photographies et des vues de détail.

Cette scène de Nativité se trouve sur la façade de  à Poitiers, elle est encadrée à gauche par la Visitation et à droite par Joseph contemplant Jésus enfant (j’ai aussi actualisé les photographies de ces deux articles). En Poitou-Charentes, il existe une seule autre scène sur ce thème, sur la chapelle Saint-Laurent à Montmorillon. Sur un chapiteau de l’église Saint-Hilaire de Poitiers, on trouve également Marie alitée et le bain de Jésus, mais sans la crèche. Ici, nous avons deux scènes, la Nativité à proprement dit et le bain de l’enfant.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, vue d'ensemble Je commence par la scène de la Nativité. Marie, tout juste accouchée, est allongée sur un riche lit et présente (la main gauche ouverte vers lui) le petit Jésus qui vient de naître.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, Marie alitée

Voici de plus près Marie. Elle est couchée dans un lit en bois avec des pieds en bois tournés, dont on voit bien le décor. Le linge de lit est très riche, on distingue très bien les plis du drap de dessous et de celui de dessus. L’oreiller semble bien douillet aussi, remarquez au passage le bras droit ramené sous la tête, doigts légèrement fléchis. Marie est vêtue d’une chemise à manches serrées, sans doute une chainse (chemise de dessous), à comparer aux larges manches de la scène de l’Annonciation. Ses cheveux sont recouverts d’un voile, mais une mèche dépasse légèrement au-dessus de son œil droit.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, Jésus dans son berceau

L’enfant Jésus (reconnaissable à son nimbe cruciforme, l’auréole autour de sa tête avec une croix) est emmailloté très serré, les langes maintenus par une sangle qui semble tressée. Il repose non pas dans une mangeoire (crèche) mais dans un berceau en vannerie. Au-dessus de lui, on peut voir le bœuf (dont la patte avant gauche pend dans le berceau) et l’âne. Un mobilier bien riche donc par rapport à la pauvreté présumée (et clamée dans la Bible et répétée par l’Église ces jours-ci) de la Sainte-Famille… Mais bon, nous sommes à l’époque romane, et l’artiste est libre…

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, le bain de l'Enfant À droite de la Nativité, le bain de l’Enfant, qui est une scène apocryphe, c’est-à-dire pas dans les quatre Évangiles officiels, enfin, reconnus par l’Église pour être plus exacte, racontée par exemple dans le proto-évangile de Jacques, qui narre l’enfance de Jésus, ou, dans une version un peu différente, dans l’évangile du Pseudo-Mathieu. Jésus est baigné dans un baquet dont la forme rappelle celle du calice, dont la partie haute semble être décorée de pierreries. Attention, il ne faut pas confondre cette scène avec le baptême du Christ, qui lui est administré à l’âge adulte. Ici, nous sommes juste après la naissance, donc après l’annonce aux bergers mais sans doute avant l’adoration des mages. Deux femmes, interprétées souvent comme des sages-femmes, aux genoux fléchis, encadrent le baquet en maintenant Jésus. Cette scène se trouve sur de nombreuses icônes de l’église orthodoxe. Je vous propose d’aller voir une de ces icônes sur un site consacré aux icônes grecques. Elle vient du monastère de l’Annonciation de l’île de Patmos.

Poitiers, la Nativité de la façade de Notre-Dame-la-Grande, détail du bain de l'Enfant

Voyons de plus près la sage-femme de gauche. Elle a une robe à larges manches relevées jusqu’au-dessus du coude (elle veut sans doute éviter de se mouiller), maintenue à la taille par une ceinture plate, d’un modèle très différent donc de la cordelette qui retient la robe de Marie dans la scène de l’Annonciation. Elle tourne la tête non pas vers le bébé, mais vers la mère alitée dans la scène voisine. [PS: la pauvre a été utilisée pour une publicité poitevine dans le métro parisien…].

Façade de Notre-Dame-la Grande à Poitiers, la Nativité et le bain de l'Enfant

Je vous mets une photo avec une petite flèche pour retrouver la scène si vous passez par là… Juste à côté du bain de l’enfant, à droite, retrouvez Joseph n’en revient pas.

Un peu d’histoire, même si je reparlerai de cette église : mentionnée au Xe siècle, l’église Notre-Dame-la-Grande est construite en partie sur des fondations romaines et conserve sur son élévation nord un mur qui pourrait dater entre l’Antiquité tardive et l’époque carolingienne… Elle a été reconstruite et consacrée en 1086 par Eudes de Châtillon, le futur pape . Il s’agissait alors d’une collégiale (avec un chapître de chanoines). Il faudra que je vous montre le reste de la façade et l’intérieur…

Un peu de lecture :
– pas cher et pratique à emporter pour une visite sur place, paru

Crue et décrue? Des nouvelles de mon jardin et de la centrale nucléaire de Civaux

Poitiers, au pont Saint-Cyprien, la crue du Clain le 20 décembre 2011 Après la tempête de la nuit de jeudi à vendredi dernier et la crue de ces derniers jours, dimanche, il y avait un bon mètre d’eau sous le pont de chemin de fer qui permet l’accès à mon jardin, où le niveau du Clain était encore très très bas mi-octobre:on voyait à peine le haut des oreilles de l’éléphant, mais j’avais oublié mon appareil photo chez moi. Je suis passée hier midi (20 décembre 2011) au pont Saint-Cyprien… Le niveau à un peu baissé, mais reste nettement trop haut pour passer chez moi et voir s’il y a eu des dégâts avec la tempête… Il faudra attendre encore un peu pour aller voir ce qui s’y passe…

Une crue plus forte que celle de l’année dernière, mais beaucoup moins que la crue centenaire de 1904, à revoir dans cet article sur les crues du Clain : d’hier (février 1904) et aujourd’hui (décembre 2010). Vous y trouverez aussi des liens pour la crue de 1896 qui a surtout été forte sur la Vienne.

Par ailleurs, Grégory Vouhé m’a signalé ce article du dimanche 6 avril 1913 de L’avenir de la Vienne, qui montre sur la vue numérisée n° 11/51 la crue du Clain au pont Saint-Cyprien, à peu près au même endroit que la photographie ci-contre.

Défi photo, jardins, 2, Poitiers, pont Saint-Cyprien Pour mémoire, voici le même endroit que la photographie du haut prise en juillet 2011, c’était alors une période de sécheresse… L’eau montait encore hier plus haut que le haut de l’escalier…

Du côté de la centrale nucléaire de Civaux (sur la Vienne, et pas sur la Loire, comme l’a écrit le Canard enchaîné dans son dossier spécial nucléaire), il y a un mois, le niveau était toujours limite très bas, autour de 15 mètres-cubes par seconde, l’interruption est à 10 mètres-cubes, toujours très proche de la sécheresse, d’autant plus qu’il semble que tout l’été, EDF a calculé un débit surestimé par rapport à la réalité et à ce qui était mesuré en amont par le syndicat des eaux. Avec la pluie de la dernière quinzaine, il était remonté à près de 100 mètres-cubes par seconde. Samedi et dimanche, un pic a été atteint plus de 650 mètres-cubes par seconde en moyenne (voir les relevés sur le site d’EDF), avec un pic à plus de 850. Il a rebaissé en-dessous de 300, mais un réacteur a été coupé hier pour cause d’invasion d’algues dans les grilles… l’incident est reporté sur cette autre page d’EDF. Et oui, la jussie, même si elle n’est pas citée, ça semblait bien être elle sur le reportage de France 3 hier, s’en est donné à cœur joie cet été avec la sécheresse, elle étouffe peu à peu nos rivières, en couvrant la surface et en diminuant l’oxygénation de l’eau)… et finira peut-être par avoir la peau de la centrale???

Côté sécurité de cette centrale, ça devient limite… Il y a eu deux autres coupures en un mois pour dégagement de fumée (le 30 novembre et le 8 décembre 2011) suite au redémarrage de la tranche 1 après la visite décennale (réalisée 16 ans et non 10 après sa mise en service en 1995). Le 14 novembre, il y a eu un incident classé niveau 1 (les autres sont à zéro…) : un camion avait oublié de décharger sa remorque pleine de matières radioactives, pudiquement, pour EdF, ça s’appelle un déplacement non prévu de combustible. En juin, il y avait eu 4 autres incidents classés au niveau 1, si on ajoute celui du mois de janvier, ça fait beaucoup sur l’année 2011 (6 incidents de niveau 1, l’autorité de sûreté nucléaire n’a pas encore rendu son avis sur le classement des « anomalies » de décembre). La plupart sont présentés comme des erreurs humaines… Vive la sécurité renforcée des centrales après Fukushima!!!

Cathédrale de Poitiers : le portail de Thomas

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 01, vue générale Je vous emmène à nouveau visiter la façade occidentale de la cathédrale Saint-Pierre à Poitiers, sculptés sans doute au milieu du 13e siècle, dans un style gothique., un siècle après le début de la construction de l’édifice Alors qu’en Poitou-Charentes (contrairement à d’autres régions), il n’y a pas de tympan sculpté à l’époque romane, nous trouvons juste après des chefs-d’œuvre de sculpture sur les trois tympans de cette façade.je vous ai déjà montré le portail central avec le Jugement dernier (avec le paradis et l’enfer) et le Christ de la résurrection, et le portail nord, avec la dormition et le couronnement de la Vierge (et aussi des personnages sur les rouleaux à voir sur la partie externe droite). Aujourd’hui, direction le portail sud (à droite quand on regarde la façade. Alors que Poitiers avait développé les mêmes thèmes que la cathédrale Notre-Dame de Paris sur les deux autres portails, on trouve ici l’histoire de l’apôtre Thomas, là où à Paris on trouve la vie de sainte Anne (la mère de Marie). Je vous montre aujourd’hui le tympan, je vous montrerai une autre fois la sculpture de la voussure (voir les Vierges sages et les Vierges folles). Les différentes scènes du tympan sont encadrées de quatre anges encadrant le Christ situé sur la clef de l’arc, un livre dans la main gauche et bénissant de la main droite.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 02, le tympan Saint Thomas est rarement représenté sur les cathédrales. On le trouve par exemple isolé dans l’ébrasement du portail nord de la façade occidentale de la cathédrale de Strasbourg. Mais Poitiers est probablement le seul tympan entièrement consacré à la vie de l’apôtre Thomas. Le tympan est organisé en deux registres, séparé par une ligne horizontale ondulée (symbolisant les nuages) et interrompue.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 03, le registre inférieur Sur le registre inférieur se trouvent trois groupes de trois personnages, plus les deux anges du rouleau qui participent à la gloire du Christ mais aussi observent cette scène.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 07, petit monstre à gauche Sous les pieds de ces deux anges se trouvent des petits monstres simiesques (d’habitude plutôt associés aux forces du mal), voici celui de gauche…

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 08, petit monstre à droite … et celui de droite. Sous les pieds des anges du portail de la Vierge se trouvent aussi des personnages, mais il s’agit alors de deux femmes prosternées.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 04, registre inférieur, groupe à gauche Sur la scène de gauche, trois personnes debout portent des livres, celui de droite avec une inscription. Il s’agit d’apôtres.. Derrière eux se tient un ange qui les observe tout en participant à la scène du rouleau.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas,05, registre inférieur, groupe au centre Au centre, un personnage jeune (imberbe) et saint (auréolé), sans doute aussi un apôtre, regarde Thomas, au centre, mettre le doigt dans la plaie du Christ (dont on devine à peine la croix sur le nimbe) qui leur fait face.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 06, registre inférieur, groupe à droite Sur la scène de droite, on retrouve deux hommes barbus et un imberbe. Celui de gauche semble porter un rouleau, celui du centre une croix et celui de droite un livre enfermé dans un coffret orné de pierreries. Ce sont également des apôtres. Parmi les sept apôtres / disciples accompagnant Thomas, Marie-Thérèse Camus a reconnu Pierre, André et Jean, je trouve que les attributs ne sont pas très clairs et ne permettent pas d’identification certaine (mais bon, je ne suis pas spécialiste de la sculpture religieuse…). Derrière, l’ange qui participe à l’autre scène tout en regardant celle-ci.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 10, registre supérieur, la maison au centre Au centre du registre supérieur se trouve une maison portée vers le ciel par deux anges, alors qu’un ange sort de chacune des deux portes au rez-de-chaussée de cette maison et deux autres sont accoudés aux fenêtres. Quatre têtes sont représentées sous la maison. Il fait allusion à la légende rapportée dans la légende dorée (écrite par Jacques de Voragine au début du 13e siècle) de Thomas aux Indes. Celui-ci avait dilapidé tout l’argent donné par le roi des Indes pour construire un palais en le distribuant aux pauvres. Le roi l’avait condamné à mort, mais son frère, mourant, avait eu la vision dans le ciel un palais (représenté par cette maison) en or, en argent et en pierreries.Thomas est alors gracié, le roi se convertit au christianisme et reçut le baptême.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 11, registre supérieur, scène à gauche Dans la partie gauche du registre supérieur se trouvent trois personnages debout au centre, un quatrième, accroupi devant eux, les regarde alors qu’un cinquième est agenouillé en position de prière à l’arrière.

Poitiers, cathédrale, portail de Thomas, 12, registre supérieur, scène à droite Sur la droite du registre supérieur, quatre personnages discutent debout et légèrement penchés (le premier pourrait être Thomas) devant un cinquième assis devant eux (sans doute le frère mourant du roi) et un sixième agenouillé à l’arrière de la scène.

Pourquoi Thomas ici à Poitiers? Marie-Thérèse Camus a évoqué qu’il pourrait s’agir d’une allusion à l’assassinat de Thomas Becket assassiné en 1170 dans la cathédrale de Canterbury sur l’ordre d’Henri II Plantagenêt (le deuxième mari d’Aliénor d’Aquitaine, qui ont fondé la cathédrale de Poitiers et que l’on voit sur le grand vitrail du chœur). Les reliques de Thomas Becket, canonisé entre temps, étaient arrivées en 1174 à la cathédrale de Poitiers. L’apôtre saint Thomas serait alors ici par substitution à l’autre saint Thomas (Becket). Pourquoi pas…

Pour aller plus loin : un beau livre récent, Collectif (Claude Andrault-Schmitt, Christian Barbier, Yves Blomme, Jean-Pierre Blin, Bernard Brochard, Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, François Jeanneau, Françoise Perrot, Yves-Jean Riou, Albert Rouet, Jean-Pierre Roussel), La cathédrale de Poitiers, éditions Le Temps qu’il fait, 2007, 176 pages (ISBN : 978-2-86853-415-6).

Poitiers, grrr! retour sur les poiriers de Chine

Poitiers, fontaines, 13 mai 2011, 7, place LeclercSur la place d’Armes (place Leclerc) à Poitiers, le projet de cœur d’agglomération prévoyait la réalisation d’une « placette » (??? elle n’est pas séparée du reste de la place, cette photographie date de mai 2011) dans l’angle formé par la verrue du printemps et l’ancien théâtre. La ridicule fontaine devait être encadrée d’arbres, dont des poiriers de Chine ou Pyrus calleryana (aussi appelés Bradford pear), qui sont devenus au moins en Amérique du Nord une espèce est classée sur la liste des espèces invasives, voir ici. Je vous en avais parlé dans cet article publié cinq jours après le grand bouleversement du 30 août 2010 dans le cadre de Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…

Le projet initial pour les plantations sur la place pour compenser le massacre des arbres mentionnait la plantation de 11 Sophora japonica à l’emplacement des anciens tilleuls, 16 poiriers de Chine le long des façades ainsi que 3 Micocouliers au sein d’un bosquet près de la place d’Armes, plus quelques autres dans le futur jardin de Puygarreau. En plus d’être potentiellement une plante invasive, le bois du poirier de Chine est assez cassant, ses fleurs ne sentent pas très bon et son pollen provoque des allergies. La plantation des Sophoras a eu lieu en décembre 2010. Pour le reste…

– les arbres du square de la République, près du monument aux morts de 1870-1871 vers la rue Magenta ont été abattus hier 12 décembre 2011 (et il a perdu ses grilles un peu avant)

– des poiriers de Chine ont été plantés en fait au printemps dernier, en bordure nord et sud de la place d’Armes, devant les bistrots et rue Claveurier

– comme annoncé dans Poitiers magazine n° 192 daté de novembre 2011, dans une note d’actualité signée « Nadia Herbreteau / ilex », page 6, il y a eu ces derniers jours la plantation de « 8 sophora japonica […] place Aristide Briand, 16 gleditsia rue Victor Hugo et 3 celtis austalis [sic] au coin du Printemps« . Les Sophora japonica, je vous en ai parlé dans le même article, les Celtis austRalis (avec un R, c’est mieux), ce sont les micocouliers (un bois idéal pour fabriquer les aiguilles à tricoter et les cravaches ), les gleditsia sont des féviers (à voir ici si vous ne connaissez pas).

Alors certes, comme l’a dit le maire, en nombre, à la fin de cœur d’agglo, il y aura plus d’arbres qu’avant, mais en qualité, nous aurons perdu les essences locales au profit d’arbres d’ornementation qui n’ont rien à voir avec notre région ni même notre continent…

Et si vous voulez rire (en tout cas, cela a égayé ma soirée l’autre jour), je vous invite à aller lire ce Poitiers magazine en ligne, sur la même page 6, juste au-dessus de la note sur les plantations, il y a une saisie d’écran d’info travaux quasiment identique à celle que je vous ai montrée avec la rue des Hautes-Treilles à la place de la rue Théophraste-Renaudot (nom qu’elle a depuis 1895 voire 1894, un très gros siècle en tout cas) et la rue Lazare Carnot à la place de la rue (Sadi) Carnot! Mais pas de souci… le service communication m’a rassurée l’autre jour (un mél arrivé après la publication de mon article, soit plus de 15 jours après le message que j’avais adressé à info travaux pour signaler l’erreur), la ville n’a jamais demandé à Google Map de mettre rue des Hautes-Treilles à cet emplacement (je n’en ai jamais douté!!!) et a demandé une rectification… Wait and see… une petite récompense « maison » (DIY / do it yourself) au premier qui me signalera en commentaire que mister G a corrigé le plan de la ville de Poitiers!