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La fontaine de Bartholdi à Lyon

La fontaine Bartholdi à Lyon, 1, vue de loin, de face Dans une ville, quoi de mieux qu’une grande fontaine, surtout en été, pour rafraîchir… Si, si, un été chaud, ça arrive! A Poitiers, nous ne sommes qu’une petite ville, avec une ridicule petite fontaine dans un coin de la place d’Armes (place Leclerc)… quelques plaisantins ont quand même réussi à la faire mousser, voir chez M. Echo… Nous avons aussi une fontaine rince-voitures, une autre sans eau depuis des années… Vous pouvez les (re)découvrir sur cet article sur les fontaines de Poitiers. Du coup, je vous emmène voir une vraie, grande fontaine… la fontaine Bartholdi sur la place devant l’hôtel de ville de Lyon (photographies d’avril 2012). J’ai fait confiance aux informations du site de la ville de Lyon pour les aspects historiques.

La fontaine Bartholdi à Lyon, sur une carte postale ancienne

En 1857, [Frédéric] Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904), jeune sculpteur, avait proposé un projet pour la fontaine pour la place des Quinconces à Bordeaux, qui remporta le concours… mais la ville ne passa jamais la commande. Je vous ai déjà parlé de Auguste Bartholdi pour les répliques des statues de la Liberté à Poitiers et Châteauneuf-la-Forêt, j’ai d’autres copies en stock dans mes photographies, mais pas encore l’original (la Liberté éclairant le Monde) de New York ni le Lion de Belfort (voir aussi le monument à Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier). Après l’inauguration de la statue de la Liberté en 1886, la ville de Bordeaux tente de relancer le projet de fontaine. Auguste Bartholdi la fait fondre en 1888 par Gaget et Gauthier et la présente à l’Exposition universelle de Paris en 1889 sous le titre Le char triomphant de la Garonne, inspirée du Char d’Apollon réalisé entre 1668 et 1670 par Jean-Baptiste Tuby à Versailles (sous le n° 1670, qui comprenait aussi la statue de la liberté! Voir la vue numérisée 89 du catalogue de l’Exposition universelle de Paris en 1889). Bordeaux n’ayant toujours pas concrétisé sa commande, la ville de Lyon se porte acquéreur, en réduisant le prix (de 150.000 à 100.000 francs). La fontaine a été inaugurée à l’autre bout de la place des Terreaux le 22 septembre 1891, ainsi qu’on le voit sur cette carte postale ancienne. En 1898, Bartholdi présente au salon des artistes français, sous le n° 3127, un quadrige mené par une allégorie qui ressemble fort à cette fontaine et est intitulé « la Saône emportant ses affluents« . Cent ans plus tard, elle a été déplacée à l’est de la place en décembre 1992 pour permettre la construction d’un parking souterrain. Elle est constituée de sculptures en plomb réalisées sur une armature de fer… qui ne fait pas très bon ménage avec l’eau. Elle devrait être prochainement restaurée…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 2, vue générale de côté

Le groupe sculpté se compose d’une allégorie avec un enfant blotti contre son côté gauche; elle conduit un char tiré par quatre chevaux fougueux. Dans le projet original, l’allégorie représentait la Garonne, l’enfant, la Dordogne, les chevaux, les quatre principaux affluents de la Garonne.

La fontaine Bartholdi à Lyon, 4, l'allégorie conduisant le char, vue de face
De face, on voit mieux l’allégorie féminine qui guide les chevaux et l’enfant tient une urne d’où s’échappe de l’eau, ce symbole étant classique pour figurer une rivière : vous pouvez le voir par exemple pour le Clain et la Boivre sur un plafond par Émile Bin de l’hôtel de ville de Poitiers…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 5, détail du buste de l'allégorie Comme pour beaucoup d’allégories, elle est représentée avec les seins nus, avec un vêtement drapé sur son ventre. Elle est soigneusement coiffée, avec une fleur attachée dans les cheveux.

La fontaine Bartholdi à Lyon, 6, détail de l'enfant L’enfant est potelé, serré contre sa mère… Il étreint son urne qui crache de l’eau (de la Dordogne).

La fontaine Bartholdi à Lyon, 7, les deux chevaux de gauche C’est dans les chevaux que l’artiste s’est le plus lâché… Il les a représentés hennissants, fougueux, avec plein de détails, regardez les naseaux, les muscles des joues ou les griffes des sabots… En principe, ils crachent de l’eau par la bouche, mais le système semble en partie grippé…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 8, un cheval de droite Et voici la vue d’un autre cheval, également plein de détails très réalistes…

La fontaine Bartholdi à Lyon, 9, le monument vu de dos Et avant de quitter la place, voici une dernière vue de la fontaine, de dos…

 

Le chemin de croix de Jean Claro à Saint-Hilaire de Poitiers

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 1 et 2 Je vous reparlerai du sculpteur Jean Claro à propos de sa frise sculptée sur le mur extérieur de la MJC le Local à Poitiers. Né à Alger en 1929, élève de l’école des beaux-arts de Paris de 1952 à 1956 puis aide dans les ateliers du sculpteur Paul Belmondo, il est nommé en 1959 comme enseignant à l’école des beaux-arts d’Oran en Algérie. Victime d’une agression, il rentre en France (métropolitaine, l’Algérie était encore française à cette époque) où il est nommé à l’école des Beaux-Arts de Poitiers. En 1962, il commence la réalisation de ce chemin de croix en feuilles de plomb pour l’église de Marmagne, dans le Cher, église pour laquelle il a aussi réalisé en 1965 une statue de la Vierge à l’Enfant et une autre de Saint-Jean l’Évangéliste. Dans la même commune, il avait également sculpté en 1958 une statue de Baigneuse pour la piscine [informations transmises par sa famille].

Chaque station de du chemin de croix mesure une soixantaine de centimètres de haut, même si elles n’ont pas toute exactement les mêmes dimensions. Le relief est assez marqué, de plusieurs centimètres. Ce chemin de croix a été installé et inauguré dans l’église Saint-Hilaire de Poitiers en 2000… Il est décédé en 2004 à La Rochelle.

Les stations du chemin de croix sont « standardisées » depuis le 16e siècle… Le titre des quatorze stations ne varie donc pas d’un chemin de croix à l’autre… C’est parti pour la visite… Je vous donne d’abord le titre officiel de la station, puis une très brève description de la représentation. J’ai regroupé les photographies par deux stations.

Station 1. Jésus est condamné à être crucifié. Ici, c’est le visage du Christ pleurant avec la couronne d’épines sur la tête.

Station 2. Jésus est chargé de sa croix. A l’arrière plan se trouve une croix avec au premier plan une paume de main.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 3 et 4 Station 3. Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix. On voit ici la partie haute de la croix et Jésus à terre, enfin, juste une silhouette avec deux bras levés.

Station 4. Jésus rencontre sa mère. Marie est représentée penchée sur la tête de Jésus, avec sa couronne d’épine. Elle regarde vers le ciel alors que Jésus a passé son bras gauche derrière le dos de Marie.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 5 et 6 Station 5. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix. En haut, Simon, en homme fort, tient la croix à bras le corps alors qu’une silhouette au visage représenté en creux est couchée au sol (le Christ).

Station 6. Sainte Véronique essuie le visage de Jésus. Le visage du Christ est représenté comme couvert d’un linge.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 7 et 8 Station 7. Jésus tombe pour la deuxième fois. Jésus (toujours une silhouette, cette fois le haut du corps, la tête et un bras) ploie sous le poids de la croix.

Station 8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent. Là, ce n’est pas facile à voir. Sur a gauche se trouve la silhouette du haut du corps de Jésus, debout. Vous devez réussir à distinguer la pointe du menton et son bras droit. Devant lui, trois visages très stylisés (un œil et un trait vertical symbolisant les larmes) des femmes de Jérusalem.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 9 et 10 Station 9. Jésus tombe pour la troisième fois. Une silhouette vaguement humaine est assise par terre dans l’angle inférieur gauche. Elle supporte le poids de la croix cette fois penchée vers le bas, le bras gauche de Jésus est passé autour d’elle.

Station 10. Jésus est dépouillé de ses vêtements. Pour cette station, l’artiste a choisi de montrer plutôt les soldats qui jouent au pied de la croix, juste symbolisés par trois dés formant un 4.21 au-dessus de la tunique du Christ et à côté d’une empreinte de pied.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 11 et 12 Station 11. Jésus est cloué sur la croix. Une main gauche présentée paume en avant et saignant, avec en arrière plan un rectangle (le bras de la croix).

Station 12. Jésus meurt sur la croix. L’artiste a choisi de lacéré la feuille de plomb au niveau du visage du Christ.

Poitiers, le chemin de croix de Claro à Saint-Hilaire, stations 13 et 14 Station 13. Jésus est détaché de la croix et son corps est remis à sa mère. Un pied gauche et quatre clous pour cette station.

Station 14. Le corps de Jésus est mis au tombeau. Un gros paquet plus ou moins ovale… Jésus enfermé dans son linceul.

Dans un style très différent mais quasiment contemporain, voir le chemin de croix de Rosine Sicot (1958) dans l’église Saint-Hilaire à Niort.