Archives par étiquette : cinéma

Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert

Affiche du film Yves Saint-Laurent de Jalil LespertEn attendant le festival Télérama 2014 qui commence mercredi prochain, je suis allée voir Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert.

Le film : Oran, 1957. Yves Saint-Laurent [], 21 ans, est en vacances chez ses parents et termine de préparer la collection de Christian Dior [Patrice Thibaud]. Quelques mois plus tard, ce dernier décède, voici Yves Saint-Laurent propulsé directeur artistique de la grande maison de couture. A la suite du défilé de la première collection qu’il réalise en solo, lors d’un dîner, il fait la connaissance de Pierre Bergé []. Yves Saint-Laurent n’a pas envie d’aller passer ses vacances à Oran, où la situation se dégrade, le voici dans la maison de vacances de Pierre Bergé, qui vit alors avec le peintre Bernard Buffet [Jean-Édouard Bodziak]. Commence alors leur histoire d’amour. Quand Yves Saint-Laurent est mobilisé pour la guerre d’Algérie, il fait une crise psychotique au Val-de-Grâce. interné, il est licencié de la maison Dior. Soutenu par Pierre Bergé, qui règle toutes les questions en dehors de la création des modèles, la maison de couture Yves Saint-Laurent réussit à être montée, il débauche chez Dior sa modèle préférée, Victoire Doutreleau [Charlotte Le Bon, commence alors une vie difficile entre les deux hommes, Yves Saint-Laurent se débattant entre la drogue et l’alcoolisme, Pierre Bergé essayant avec plus ou moins de succès de l’en protéger, à Paris comme à Marrakech.

Mon avis : après Paris à tout prix de Ree Kherici, voici le deuxième film sur la mode que je vois en quelques mois. J’ai beaucoup aimé ce film, je ne comprends pas les critiques « cinéma » entendues sur France Inter ces derniers jours et disant qu’il n’y a pas de mode dans ce film… A chaque défilé, on voit les très belles collections créées par Yves Saint-Laurent! Et pour la plupart avec des robes originales prêtées par plusieurs musées, dont le musée Christian Dior à Granville et la fondation Pierre-Berger-Yves-Saint-Laurent (il faudrait que j’y aille un jour, c’est dans le 16e arrondissement, à l’angle de la rue Léonce-Reynaud et de l’avenue Marceau, à deux pas du musée de la mode/Galliera, du , du  et du musée Guimet…). Les deux acteurs principaux, et , sont excellents, voici de quoi dépoussiérer l’image de la Comédie française dont le premier, très jeune (né en 1989), est pensionnaire et le second, sociétaire (né en 1972, il n’y a pas que de vieux acteurs ventripotents qui jouent des classiques du répertoire français dans cette noble maison). Contrairement à certains films récents, s’il est bien question d’amour et d’homosexualité, tout est dans la suggestion, pas de scène de fesses crues, à peine quelques baisers, des débuts de scène dont la suite ne fait aucun doute mais sans la montrer, le seul nu du film est une modèle de dos en train de se changer en arrière-plan lors d’un défilé de mode. Un film que j’ai bien aimé!

 

En route vers le festival Télérama 2014

Affiche du festival Télérama 2014Dans une semaine (du 15 au 21 janvier 2014) commencera le festival Télérama 2014… toujours le même principe, 15 films sélectionnés, 3 euros la place dans les cinémas d’art et essai participants… et en vous munissant du bon qui sera dans les Télérama du 8 et du 15 janvier 2014. Même si je suis pas mal allée au cinéma cette année, il n’y a pas beaucoup de films que j’ai déjà vus…

Comme en 2013, 2012, 2011, 2010 et 2009, il y a:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus ou prévus de voir dans le cadre du festival

– les films que je verrai peut-être

  • La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche (j’avais adoré Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, j’hésite encore un peu, trop long je pense pour ma vue et les polémiques sur le respect du droit du travail par le réalisateur me font hésiter),
  • Le Géant égoïste, Clio Barnard

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis, Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie, François Dupeyron

les films qui me tentent peu…

  • Django Unchained de Quentin Tarantino
  • Snowpiercer, Le Transperceneige, Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad, Alejandro Jodorowsky

 

Henri de Yolande Moreau

Affiche de Henri de Yolande MoreauJe suis allée au cinéma voir Henri, de (et avec, dans un petit rôle)  (dont je vous ai déjà parlé pour Séraphine et Où va la nuit, de Martin Provost, Les plages d’Agnès d’Agnès Varda,  Dans la maison de François Ozon, Camille redouble de Noémie Lvovsky).

Le film : de nos jours en hiver à Charleroi en Belgique. Henri (Pippo Delbono) tient avec sa femme Rita (Lio) un petit bistro / restaurant de quartier, la Cantina. Prise d’un malaise, celle-ci décède. Henri se retrouve seul, déprime, avec ses pigeons voyageurs et deux habitués du bar, Bibi (Jackie Berroyer) et René (Simon André). Sa fille Laetitia (Gwen Berrou) lui impose une aide, Rosette (Miss Ming), une jeune handicapée mentale du foyer voisin, les Papillons blancs, déjà venue aidée pour le repas qui a suivi l’enterrement. En mal d’amour, sujet récurrent au foyer, Rosette tombe amoureuse et se vante au foyer d’avoir fait l’amour et d’être tombée enceinte d’Henri. La direction du foyer la retire du restaurant. Henri, soûl, ne se souvient pas de la soirée où cela aurait pu se passer, il décide de partir réfléchir à la mer’ à Middlekerke, mais Rosette s’est glissée dans la voiture.

Mon avis : s’il y a quelques scènes qui m’ont beaucoup plu, comme ce tas de verre d’une usine de recyclage entre les terrils, l’envol de milliers de pigeons lors d’un concours, la plage déserte en hiver avec sa baraque à frites, de très bons acteurs (notamment les handicapés qui sont des comédiens de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, un Établissement et service d’aide par le travail/ESAT de Roubaix, qui fut en 1981 le premier Centre d’aide par le travail/CAT artistique de France), je me suis un peu ennuyée dans cette histoire au rythme lent. Au passage, certains critiques semblent s’émerveiller du nom des « papillons blancs », du rapport entre le papillon et les pigeons des concours de pigeons. Mais Yolande Moreau n’a rien inventé pour le nom de l’institution (ce qui n’empêche pas les jeux de mots/sons/images), les papillons blancs sont juste le nom donné depuis fort longtemps (les années 1950/1960) à une des composantes de l’UNAPEI et des UDAPEI (Union nationale / unions départementales des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales), nom donné aussi aux foyers pour handicapés mentaux qu’ils gèrent.

Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne

Affiche de Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume GallienneSortie cinéma samedi, avec une amie, nous sommes allés voir Les garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne, qui a adapté au cinéma une pièce qu’il a également écrite et jouée.

Le film : de nos jours, sur scène. Guillaume Gallienne [lui-même dans son rôle] joue une pièce de théâtre et passe régulièrement dans son propre passé dans une riche famille. Sa mère [Guillaume Gallienne] aurait préféré une fille plutôt qu’un troisième garçon. Adolescent, il préfère jouer Sissi l’impératrice que les sports auxquels son père [André Marcon] aimerait qu’il participe. Pour lui faire passer ses manières efféminées, le voici dans un pensionnat en France puis en Angleterre…

Mon avis : une comédie légère dans laquelle Guillaume Gallienne joue avec brio son propre rôle adolescent mais aussi et surtout celui de sa mère. Le sujet est pourtant « grave »: élevé comme une fille, est-il vraiment homosexuel, comme tout le monde (ses frères, son père, sa mère, sa tante, ses compagnons d’internat) semble le penser, même lui finalement, jusqu’au coming-out (hétéro) final! La scène du conseil de révision est très réussie (le pauvre psychiatre militaire finit par en bégayer lui-même), le voici réformé… et avec des séances de psy. Un bon moment de détente!

Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier

Affiche de Quai d'Orsay de Bertrand TavernierSortie au cinéma dimanche dernier, avec Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier (revoir son précédent film, Dans la brume électrique), adapté de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, qui était inspirée de Dominique de Villepin.

Le film : de nos jours à Paris. Arthur Vlaminck [Raphaël Personnaz], tout juste sorti de l’ENA, est convoqué au Quai d’Orsay par le ministre des Affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms [Thierry Lhermitte]. Il en a marre des technocrates et veut mettre du panache dans ses discours, où il faudra inclure ses grandes idées et celles des grands hommes du passé… Et voilà Arthur Vlaminck embauché (sur un poste fantôme) au cabinet comme responsable des langages, chargé de préparer notamment un grand discours aux Nations-Unies, pris sous le feu entre le ministre et les responsables des différentes sections du Quai d’Orsay, avec le directeur de cabinet, Claude Maupas [Niels Arestrup] qui essaye de faire tourner la boutique et de désamorcer les crises (dont celle de… l’Oubanga)… Courage, le soir, Marina [Anaïs Demoustier], son amie institutrice, l’attend à la maison…

Mon avis : j’ai passé un très bon moment… même si certains effets récurrents sont lassants à force de répétition : les feuilles qui s’envolent, les stabilos -combien la marque a payé son insertion?- qui bavent, les chansons grivoises d’un conseiller Les nuits d’une demoiselle de Colette Renard, les couloirs trop étroits, les citations d’Héraclite. Entre un ministre survolté qui n’en fait qu’à sa tête, des conseillers qui ont chacun à défendre leur bifteck (la région du monde dont ils sont chargés, leur influence), un ministère à faire tourner malgré tout (bravo au directeur de cabinet), un brillant énarque qui réécrit son discours (enfin, celui du ministre) au gré des indications des uns et des caprices de l’autre (le ministre, ses amis poètes et philosophes), j’ai passé un bon moment… L’apparition brève de Jane Birkin en prix Nobel de littérature est très réussie! L’absence d’internet au ministère des affaires étrangères, remplacé par un système « du chiffre » (codage des messages) devrait faire moins rire dans la salle dans le contexte actuel et après les révélations d’Edward Snowden…

Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson

Affiche du film Sur le chemin de l'école de Pascal PlissonSortie cinéma dimanche avec un documentaire, Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson.

La présentation officielle du film : Les destins de quatre enfants, prêts à relever tous les défis pour aller à l’école et ainsi changer de vie. Parmi ces héros du quotidien, il y a Zahira, une jeune marocaine, qui chaque semaine, emprunte un chemin long, sinueux et dangereux pour quitter les monts de l’Atlas où vivent ses parents et pour rejoindre l’école. Trois enfants comme elle tentent l’aventure, bravent mille difficultés, car chacun est conscient que l’éducation leur assurera un avenir meilleur. Certains se déplacent à pied, à vélo ou à cheval, d’autres en pirogues, en bus, en train ou en traîneau…

Mon avis : bon, la présentation n’est pas vraiment le contenu du film, il s’agit non pas de quatre enfants, mais de quatre groupes d’enfants qui vont à l’école, trois filles d’un même village de l’Atlas au Maroc, qui traversent les montagnes à pied chaque semaine, un frère et sa sœur au Kenya, deux heures de marche (15 km, donc à un bon rythme… plus course que marche) à travers la savane en slalomant entre les éléphants, un autre frère et sa sœur à cheval en Amérique-du-Sud, deux frères en Inde qui poussent, tirent quotidiennement sur 4,5 km leur frère dans un antique fauteuil roulant. Tous se démènent pour aller à l’école, arriver à l’heure ou pas trop en retard malgré les embûches du trajet, tous restent des enfants (quelques beaux moments saisis au vol), désespèrent parfois (mal aux pieds, roue cassée du fauteuil roulant, etc.), aident leurs parents de retour chez eux. Un documentaire poignant, même si certains propos des parents (ou la grand-mère marocaine) peuvent sembler trop « mis en scène » (bénédictions, discours sur « travaille bien pour sortir de la misère)…

Les conquérants de Xabi Molia

Affiche de Les conquérants de Xabi MoliaUne nouvelle sortie au cinéma avec Les conquérants de Xabi Molia.

Le film : de nos jours au bord d’une route… Deux hommes en costume noir marchent vers l’enterrement de leur père… Ce sont deux demi-frères, Galaad (Denis Padalydès) et Noé () qui vont à l’enterrement de leur père qui était un aventurier à la recherche de trésors archéologiques. Plus tard, ils se retrouvent dans le Nord de la France, Noé, récemment plaqué par sa femme, entraîneur d’une équipe de football de quatrième division, Galaad acteur dans une troupe de seconde zone, en rechute d’un lymphome. Ce dernier réussit à persuader son demi-frère qu’ils ont la poisse à cause du graal volé par leur père dans les Pyrénées et vendu à un collectionneur. Il a un plan: il suffit d’aller le voler à leur tour chez ce dernier puis de le remettre à sa place dans une grotte en suivant les instructions remises par le père sur une cassette juste avant sa mort…

Mon avis : je ne connaissais pas du tout ce réalisateur et écrivain, Xabi Molia, dont c’est pourtant le troisième long métrage (Les grandes personnes en 2008 et 8 fois debout en 2009), je n’ai pas non plus lu ses livres. Une comédie au second degré avec des passages assez drôles, que ce soit dans la dépression de ces deux hommes qui n’ont pas grand chose en commun ou plus tard, lorsqu’ils finissent par agir dans le même sens pour voler l’objet tant recherché et partir « à la quête du graal » (ou plutôt à la remise du graal à sa place) dans les Pyrénées… l’apparition du cheval ailé façon Pégase est peut-être de trop, mais j’ai passé un agréable moment de détente. Les deux acteurs principaux sont excellents dans ce quasi duo! Et il y a de très beaux paysages dans la dernière partie en plein pays basque, en opposition avec le pays minier du Nord-Pas-de-Calais du début.

 

Jane B[irkin] par Agnès V[arda]

Affiche de Jane B. par Agnès V.La semaine dernière, Jane Birkin reprenait Arabesques en ouverture de la saison 2013-2014 du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, dont le fil rouge (pour une partie des spectacles) est la Méditerranée. Elle a aussi eu une carte blanche pour le cinéma et choisit deux films d’:

– Kung Fu Master, pour lequel Jane Birkin est à l’origine du scénario, avec elle-même et ses enfants Charlotte Gainsbourg encore adolescente et Lou Doillon, ainsi que Mathieu Demy, fils de Jacques Demy et Agnès Varda (qui précise que c’est une façon bien pratique de régler la garde des enfants pendant un tournage…), filmé pendant l’été 1987

– et Jane B., tourné avant et après le film précédent, aussi en 1987 (sorti en février 1988).

Je n’ai vu que ce dernier et l’intéressant entretien qui a eu lieu avant la projection du film, avec  [revoir Les plages d’Agnès] et Jane Birkin racontant leurs souvenirs de 1987, l’échec commercial du film, plein d’anecdotes… Agnès Varda raconte qu’après avoir vu la nécrologie d’une actrice célèbre, elle a eu envie de faire un film sur une actrice vivante avec des interviews et des faux extraits de films, choisit Jane B. et des rôles de Jane / Jeanne. Puis Jane Birkin est partie préparer son spectacle du soir et Agnès Varda voir Blue Jasmine de Woody Allen dans la salle voisine. J’ai été ravie d’assister à cette rencontre. Le film est vraiment un OVNI, une forme curieuse et originale de biographie, les vrais-faux extraits de films sont parfois surprenants (Jane B. en Jeanne d’Arc muette ou en Camility Jane). Si vous ne l’avez pas vu en 1987, vous aurez peut-être l’occasion de le voir prochainement, Agnès Varda envisage de le faire nettoyer et numériser…

Pour aller plus loin: voir une interview d’Agnès Varda et de Jane Birkin en 1988 sur le site de l’institut national de l’audiovisuel/INA (suivre le lien si elle n’apparaît pas ci-dessous)

Blue Jasmine de Woody Allen

Affiche de Blue Jasmine de Woody AllenJ’essaye de ne pas rater les films de Woody Allen, même si j’ai parfois été déçue par certains (revoir liens sur mes avis plus bas). Je suis donc allée voir aussi Blue Jasmine.

Le film : à San Francisco de nos jours. Jasmine (Cate Blanchett) débarque chez sa sœur Ginger (Sally Hawkins). Toutes deux adoptées par leurs parents, elles ont eu un destin très différent: Ginger est caissière, mère divorcée avec deux enfants, en passe de se remarier avec Chili (Bobby Cannavale). Jasmine (Janette) a vécu à New-York avec un riche financier, Hal (Alec Baldwin), qui s’est révélé être un escroc qui a ruiné des dizaines de victimes (il a aussi perdu l’argent gagné au loto par Ginger et son ex-mari, Augie), qui trompait sa femme depuis des années et s’est suicidé en prison. Leur fils Danny a quitté la maison et refuse de voir sa mère. Criblée de dettes et poursuivie par le fisc, Jasmine s’impose dans l’appartement de sa sœur, n’arrête pas de critiquer ses choix, boit trop, se gave de médicaments et cherche à tout prix à « se refaire », revenir dans « son » monde sans se rabaisser dans des boulots qu’elle juge dégradants… Justement, elle est invitée par une des élèves de son cours d’informatique à une soirée… l’occasion de retrouver un homme qui pourrait lui redonner son train de vie antérieur? Dwight (Peter Sarsgaard) semble l’homme idéal…

Mon avis : un grand retour de Woody Allen! Le thème de la déchéance sociale est traité magistralement. Les deux actrices principales, Cate Blanchett (Jasmine) et Sally Hawkins (Ginger) sont sublimes dans leurs rôles, Jasmine qui n’accepte pas sa déchéance, continue à porter des vêtements et des accessoires (sacs, etc.) trop chers par rapport à sa nouvelle place dans la société, qui n’a jamais aidé sa sœur dans son riche passé et n’arrête pas de la rabaisser aujourd’hui encore comme une « looser ». Ginger, admirative et soumise malgré tout à sa sœur, prête à accepter les propos méprisants et à mettre en danger son couple plutôt que de vivre sa vie. Le passage du temps présent au faste passé de Jasmine, inséré ici et là au rythme se coups de blues ou de ses crises de panique, est fluide et beaucoup moins artificiel que dans Minuit à Paris. Le tragique de la situation, la vie de couple compliquée et la dépression vont mieux à Woody Allen que la comédie qui se veut légère et rate son objectif…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Pour Woody Allen, vous pouvez relire mes articles

Jimmy P. d’Arnaud Desplechin

Affiche de Jimmy P. d'Arnaud DesplechinRetour au cinéma avec Jimmy P., psychothérapie d’un Indien des plaines, d’ (de ce réalisateur, revoir Un conte de Noël et Trois souvenirs de ma jeunesse).

Le film : 1948, dans un ranch du Montana. Jimmy Picard (Benicio Del Toro), indien Blackfoot qui a combattu en France à la fin de la Seconde Guerre mondiale, vit chez sa sœur. Il souffre de maux de tête, de surdité partielle et d’hallucinations visuelles. Grâce à un programme réservé aux anciens combattants, elle l’emmène à l’hôpital militaire de Topeka, dans le Kansas, spécialisé dans les maladies du cerveau. Les médecins sont perplexes, posent un diagnostic de schizophrénie, mais décident néanmoins de prendre l’avis de Georges Devereux (), un ethnologue et psychanalyste juif roumain, étudiant à Paris dans les années 1930 et qui vit chichement à New-York après deux ans d’immersion ethnographique chez les Indiens mohaves. Après une phase d’observation, la direction de l’hôpital lui accorde une séance quotidienne, ce sera son seul patient auquel il se lie rapidement…

Mon avis : le film, en anglais, est adapté du livre de Georges Devereux, Psychothérapie d’un Indien des plaines, publié en 1951. Arnaud Desplechin a fait le choix de montrer, en alternance avec les séances de psychanalyses (pas très conventionnelles, d’ailleurs, l’école française de psychanalyse fait savoir à l’hôpital qu’elle ne le recommande pas), les rêves et des scènes de la vie passée de Jimmy Picard (enfance, adolescence, père à 17 ans ayant abandonné la mère et sa fille, guerre), ainsi que quelques scènes du suivi de contre-analyse de Georges Devereux… et ses relations complexes avec son (ex) petite-amie anglaise, Madeleine (Gina McKee), désormais mariée à un autre homme et en partance prochaine pour Paris. L’alternance des scènes intimes (séances de psychanalyse, huis-clos avec Madeleine dans le bungalow) et de grands espaces (rêves et réminiscence de Jimmy Picard) donne un certain rythme au film que j’ai beaucoup aimé.

Pour aller plus loin : Georges Devereux (1908-1985) est le pionnier de l’ethnopsychanalyse, son œuvre se poursuit au sein du Centre Georges Devereux (Université de Paris VIII). Ses archives professionnelles et personnelles sont conservées à l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine), soit 180 boîtes à découvrir dans le fonds Georges Devereux.