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Nos femmes, de Richard Berry

Affiche de Nos femmes, de Richard BerryIl y a déjà une quinzaine de jours que je suis allée voir au cinéma, sur les conseils d’une amie, Nos femmes, de Richard Berry. Le film est adapté d’une pièce d’Éric Assous, créée en 2013 au théâtre de Paris par et avec Richard Berry, accompagné de Daniel Auteuil et Didier Flamand, remplacés en tournée par Jean Reno et Patrick Braoudé.

Le film : à Paris de nos jours. Amis depuis 35 ans, Max [Richard Berry], Paul [Daniel Auteuil] et Simon [Thierry Lhermitte] ont réussi dans la vie, les deux premiers comme radiologue et rhumatologue, le dernier comme coiffeur à la mode. Ils se retrouvent chaque année pour des vacances et célibataires et régulièrement le soir pour des parties de carte. La nouvelle soirée doit avoir lieu chez Max, appartement nickel, disques du bas en haut des murs. Avec Paul, il s’impatiente du retard de Simon. Le voici qui finit par arriver, avalant coup sur coup des verres d’alcool fort. Il dit s’être disputé avant de partir avec sa femme, Estelle [Pauline Lefèvre], qu’il a fini par étrangler et qu’il a laissée pour morte ! Il supplie ses deux amis de lui fournir un alibi… avant de s’endormir, abruti par les calmants qu’il a avalés comme des bonbons.

Mon avis : j’ai trouvé ce film très « lourdingue », s’il a sans doute fait rire les acteurs au cinéma comme au théâtre, il ne m’a pas fait rire du tout, j’ai oscillé entre ennui et affliction. Alors que les violences faites aux femmes sont un vrai sujet à traiter au cinéma, ici, on assiste à un film de potaches qui banalise complètement cette question et ne fera pas avancer la cause des femmes battues et de toutes celles qui meurent sous les coups de leur mari (une femme meurt sous les coups de son mari tous les trois jours en France, deux hommes sous les coups de la conjointe par mois… et je n’ai trouvé qu’un homme tué par son conjoint depuis le mariage pour tous). Certes, il est possible de rire de tout (ou de beaucoup de choses), mais là, la présentation est vraiment trop « déculpabilisante » pour les maris violents. Surtout que finalement, laissée pour morte, la femme est allée porter plainte, ce n’était donc pas si grave??? Affligeant! Il paraît que le sujet du film est plutôt jusqu’où peuvent aller de vieux amis, mentir à la police, couvrir un ami? Une suite de bons mots (et encore, bons mots, ça se discute) ne fait pas un bon film… Bref, pas drôle du tout, le trio a mal vieilli !

Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier

Affiche de Quai d'Orsay de Bertrand TavernierSortie au cinéma dimanche dernier, avec Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier (revoir son précédent film, Dans la brume électrique), adapté de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, qui était inspirée de Dominique de Villepin.

Le film : de nos jours à Paris. Arthur Vlaminck [Raphaël Personnaz], tout juste sorti de l’ENA, est convoqué au Quai d’Orsay par le ministre des Affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms [Thierry Lhermitte]. Il en a marre des technocrates et veut mettre du panache dans ses discours, où il faudra inclure ses grandes idées et celles des grands hommes du passé… Et voilà Arthur Vlaminck embauché (sur un poste fantôme) au cabinet comme responsable des langages, chargé de préparer notamment un grand discours aux Nations-Unies, pris sous le feu entre le ministre et les responsables des différentes sections du Quai d’Orsay, avec le directeur de cabinet, Claude Maupas [Niels Arestrup] qui essaye de faire tourner la boutique et de désamorcer les crises (dont celle de… l’Oubanga)… Courage, le soir, Marina [Anaïs Demoustier], son amie institutrice, l’attend à la maison…

Mon avis : j’ai passé un très bon moment… même si certains effets récurrents sont lassants à force de répétition : les feuilles qui s’envolent, les stabilos -combien la marque a payé son insertion?- qui bavent, les chansons grivoises d’un conseiller Les nuits d’une demoiselle de Colette Renard, les couloirs trop étroits, les citations d’Héraclite. Entre un ministre survolté qui n’en fait qu’à sa tête, des conseillers qui ont chacun à défendre leur bifteck (la région du monde dont ils sont chargés, leur influence), un ministère à faire tourner malgré tout (bravo au directeur de cabinet), un brillant énarque qui réécrit son discours (enfin, celui du ministre) au gré des indications des uns et des caprices de l’autre (le ministre, ses amis poètes et philosophes), j’ai passé un bon moment… L’apparition brève de Jane Birkin en prix Nobel de littérature est très réussie! L’absence d’internet au ministère des affaires étrangères, remplacé par un système « du chiffre » (codage des messages) devrait faire moins rire dans la salle dans le contexte actuel et après les révélations d’Edward Snowden…