Archives par étiquette : autobiographie

Ouvrier (volume 1), de Bruno Loth

pioche-en-bib.jpgCouverture de Ouvrier (volume 1), de Bruno LothUn album trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, la suite de Apprenti, mémoires d’avant-guerre.

Le livre : Ouvrier, mémoires sous l’occupation, volume 1, de Bruno Loth (dessin, scénario et couleurs), collection Hors Champ, éditions La boîte à bulles, 2012, 112 pages, ISBN 9782849531518.

L’histoire : 1938, sur un chantier naval à Bordeaux. Jacques a terminé son apprentissage et travaille maintenant sur le chantier naval de Bacalan. le week-end et pour les vacances, il se retrouve, avec son frère Marceau et ses copains, dans le mouvement des auberges de jeunesse, notamment sur le bassin d’Arcachon (mais aussi chez l’oncle qui a racheté un bar à Cazaux et dans les Pyrénées), le vélo est leur moyen de locomotion préféré. Il est réformé de l’armée, trop maigre… Juin 1940, c’est la débâcle puis l’occupation de Bordeaux, la mère est très malade. Jacques refuse de continuer à travailler pour les Allemands, il finit sur un chantier… italien! Marceau est arrêté…

Mon avis : Apprenti, mémoires d’avant-guerre était un album construit sur la vie du père de l’auteur dans une perspective sociologique, avec la description de la vie de chantier. On retrouve cette ambiance au début de l’album, avec les loisirs, l’ambiance des auberges de jeunesse, les vacances. Puis le contexte historique prend le dessus, d’abord avec les réfugiés espagnols qui passent le col des Pyrénées à quelques kilomètres de nos vacanciers… puis très vite avec la débâcle et l’occupation de Bordeaux. mais les jeunes adultes continuent leur vie, en allant au cinéma, en sortant malgré le couvre-feu.Du côté graphique, j’ai fini par m’habituer au style de Bruno Loth, qui m’avait un peu gênée dans le premier tome, avec un gros travail sur le noir et blanc et la mise en place d’aplats de gris/gris bleutés avec parfois quelques touches de couleurs vives.

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les insectes en moi de Akino Kondoh

Couverture de Les insectes en moi de Akino Kondohpioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Les insectes en moi de Akino Kondoh (scénario et dessin), traduit du japonais par Miyako Slocombe, éditions Le Lezard Noir, 2009, 127 pages, ISBN 978-2353480036.

L’histoire : l’album regroupe huit histoires avec une adolescente ou une jeune adulte, Eiko. Entre rêve et réalité, elle fuit les situations qui l’inquiètent et se réfugie dans un monde onirique peuplé d’insectes. Elle semble hantée par les coccinelles (elle en trouve une morte dans son micro-ondes, les pois sur un chemisier deviennent coccinelles, etc.) et le fait de manger des insectes.

Mon avis : Eiko est le double de l’auteure, mais franchement, je ne suis pas rentrée dans son univers fait de fuite permanente de la réalité. Quelques pages d’introduction (en début d’ouvrage… en fin si on suit le livre dans le sens de lecture des mangas) sont censées expliquer l’univers de l’auteure, mais cela ne m’a pas convaincue davantage.

Je n’emporte rien du monde de Clémence Boulouque

Couverture de Je n'emporte rien du monde de Clémence Boulouquepioche-en-bib.jpgUn livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Je n’emporte rien du monde de Clémence Boulouque, éditions Gallimard, 2013, 92 pages, ISBN 978-2070139019.

L’histoire : de nos jours. la narratrice revient sur ses « années lycées ». Une de ses amies, Julie, s’est suicidée en 1993, elles s’étaient brouillées peu avant. Entre les lignes, on devine qu’elle revit le suicide de son père, quelques années plus tôt.

Mon avis : j’avais sorti ce petit livre pour le lire lors d’un aller-retour en bus vers la périphérie de Poitiers, choisi pour son format, sans avoir regardé la quatrième de couverture ni le thème central. Vingt ans plus tard, elle ne semble pas avoir tourné la page face à ce double suicide, celui de l’amie étant comme le miroir de celui du père, quand elle avait 13 ans et dont l’auteure a parlé dans de précédents livres. L’amie disparue n’est qu’un prétexte à dire non le regret de la disparue, mais la souffrance de la narratrice/auteure. Je ne suis pas du tout rentrée dans ce récit, qui donne l’impression de lire un journal intime ou un récit en écriture automatique, pour régler un compte à ces années noires dont la blessure n’est pas refermée.

 

Lumières de Pointe-Noire de Alain Mabanckou

Couverture de Lumières de Pointe-Noire de Alain Mabanckoupioche-en-bib.jpgUn auteur recommandé par Carole, entendu à la radio lors du festival Étonnants voyageurs qui s’est tenu du 14 au 18 février 2013 à Brazzaville, un livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Alain Mabanckou a reçu le prix Renaudot en 2006 pour Mémoires de Porc-épic et en 2012 le prix Henri Gal de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

Le livre : Lumières de Pointe-Noire de Alain Mabanckou, éditions du Seuil, 2013, 282 pages, ISBN 978-2021003949.

L’histoire : Alain Mabanckou revient pour la première fois après 23 ans à Pointe-Noire, ville portuaire du Congo. Parti pour poursuivre ses études en France, il n’était revenu ni pour l’enterrement de sa mère en 1995 ni pour celui de son père adoptif dix ans plus tard. A l’occasion d’une conférence et d’une résidence de deux semaines à l’institut français, il revient sur les lieux de son enfance. Avant lui, sa mère avait perdu deux petites filles juste après leur naissance, son père l’a abandonnée avant sa propre naissance. Au fil des pages, Alain Mabanckou revient sur son enfance et sur la redécouverte de lieux et de sa famille élargie.

Mon avis : pas de doute, Pointe-Noire d’aujourd’hui n’est plus le Pointe-Noire qu’il a quitté en 1989. Tous les cinémas ont fermé, le Rex de son quartier est désormais une église pentecôtiste. Les prostituées ont fait grève pour obtenir le port obligatoire du préservatif contre le sida. Certains de ses demi-frères et sœurs ne sont là que pour récupérer quelques subsides du (nécessairement) riche émigré. Seul l’hôpital n’a pas changé… c’est toujours un mouroir! Et les albinos sont toujours maltraités (sur ce sujet, je vous ai déjà parlé de la fondation Sélif Keïta). Certains chapitres se terminent par une photographie d’une personne, d’un lieu, tel qu’il était hier, avant son départ, ou aujourd’hui, pour son retour. J’ai dévoré ce livre, où l’auteur décrit avec humour ce « retour au pays ».

Pour aller plus loin : le site officiel de Alain Mabanckou.

logo tour du monde en lectureCe livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Congo.

La parenthèse d’Elodie Durand

Couverture de La Parenthèse d'Elodie Durand Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgJe réédite cet article paru il y a deux ans… Élodie Durand sera présente à Niort (hôpital) le vendredi 15 mars 2013 à 19h30 et à Poitiers (CHU) le samedi 16 mars à 17h30, pour un débat autour de l’épilepsie. Toutes les informations sur le site de l’association 9e art. L’album a reçu le prix de la révélation au festival d’Angoulême 2011 et le prix Libération.

Article du 25 mars 2011

J’ai lu une critique qui m’a tentée (oups, je n’ai pas noté, impossible de retrouver chez qui), je l’ai réservé à la médiathèque et l’ai lu juste avant qu’il ne reçoive le prix de la révélation au Festival d’Angoulême 2011.

Le livre : La parenthèse de Élodie Durand (scénario et dessin), collection Encrages, éditions Delcourt, 2010, 221 pages, ISBN 978-2-7560-1703-7.

L’histoire : Paris, au milieu des années 2000. Avec l’aide de ses proches, Judith tente de reconstituer son histoire. 1995. Judith a 20 ans, est étudiante en maîtrise. Cet été là, alors qu’elle est monitrice de colonie de vacances, elle ressent les premiers malaises, ou plutôt, ses camarades repèrent des malaises (absences, perte de l’équilibre…) dont elle ne se souvient pas. Elle finit par consulter un neurologue, elle souffre de crises d’épilepsie. Des crises de plus en plus fréquentes, résistantes aux multiples traitements, dont la cause finit par être être connue, elle a une minuscule tumeur (maligne ? bénigne ?) au cerveau. Le problème, en plus des crises d’épilepsie, c’est qu’elle est inaccessible à la chirurgie. Après la biopsie, une méthode expérimentale est tentée à Marseille… Le traitement, délicat, sera-t-il efficace ?

Mon avis : un témoignage puissant sur une tumeur mal placée au cerveau, mais surtout sur l’épilepsie non maîtrisée par les médicaments. Si ceux-ci ne parviennent pas à limiter les crises, ils shootent en revanche complètement Judith. La perte de mémoire, de plus en plus importante, jusqu’à perdre tous ses souvenirs, la lecture, l’écriture, est liée aux crises bien sûr, mais aussi aux traitements… Trois ans de longs traitements… Les dessins réalisés pendant sa maladie et réintégrés dans le récit sont d’une force terrifiante. Le dessin en noir et blanc est fort, tout au long du récit, avec par moment des cases pleines à craquer… Mais pourquoi avoir appelé le personnage Judith, alors qu’il s’agit apparemment d’un récit autobiographique d’Élodie Durand? Parce qu’en se reconstruisant, elle ne se reconnaît pas dans les souvenirs absents et reconstruits avec l’aide de ses proches et notamment de ses parents?

Pour aller plus loin : voir le site de Élodie Durand.

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Papa est un peu fatigué de Ville Ranta

Couverture de Papa est un peu fatigué de Ville Ranta pioche-en-bib.jpgL’article aurait dû être publié vendredi, le voici en ce dimanche… (la rubrique Poitiers reviendra la semaine prochaine). J’avais déjà lu un album (L’exilé du Kalevala et depuis j’ai aussi lu Suite paradisiaque et Sept saisons) de cet auteur, j’ai trouvé celui-ci dans les bacs de la médiathèque. Yaneck / Les chroniques de l’invisible, excuse-moi, je n’ai pas encore mis à jour le logo du top-BD 😉

Le livrePapa est un peu fatigué de Ville Ranta (scénario et dessin), traduit du finnois par Kirsi Kinnunen avec la collaboration de Stéphanie Dubois, éditions Çà et Là, 2006, 144 pages, ISBN 978-2-916207-12-4.

L’histoire : septembre 2004, des vacances en famille à Barcelone pour Ville Ranta, sa femme Aino et leur fille Fiinu, qui doit avoir moins de deux ans. Retour en Finlande. Depuis que sa femme a repris ses études, Ville est en congé parental avec une bourse et tente de concilier la vie de père au foyer et de responsable d’une petite boîte d’édition. Quand sa fille commence à avoir des symptômes inquiétants, mi octobre 2004, elle boit trop, urine trop, finit par somnoler… Diagnostic à l’hôpital: Fiinu a un diabète. Ville s’interroge sur sa capacité à être père, avant la maladie et encore plus après…

Mon avis : beaucoup d’humour pour traiter sans complaisance un sujet autobiographique difficile: Ville Ranta est ravi d’être père… Mais quand c’est à son tour de devenir père au foyer, il panique, il déprime, pas facile de s’occuper d’un bébé à plein temps et d’essayer de continuer à dessiner et à s’occuper de sa boîte d’édition. Quand survient la maladie resurgit aussi la peur de la maladie, des hôpitaux, il sombre encore plus profondément dans la dépression et la perte d’estime de soi. Mais sans perdre son humour…

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Née quelque part de Johanna

Couverture de Née quelque part de Johanna

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque.

Le livre : Née quelque part, de Johanna [Schipper] (scénario, dessin et couleur), collection Mirages, éditions Delcourt, 2004, 112 pages, ISBN 9782847890433.

L’histoire : janvier et février 2002, à Taïwan. Nadja, la trentaine, vit à Paris. Ses parents l’ont adoptée à Taïwan, où ils étaient partis vivre: sa mère était enceinte de sa sœur aînée et son père ethnologue. Elle arrive à Taïwan pour tenter de renouer les fils de son passé… Avec les informations fournies par ses parents adoptifs, elle part à la recherche de ses souvenirs enfouis… un secret de famille qui ne revient pas, l’errance dans les rues, à la recherche du temple où son père a été consacré prêtre taoiste, de leur maison, de la maternité où elle est née… le tout au milieu des fêtes du nouvel an chinois.

Mon avis : un album riche en couleurs et en souvenirs… voire en fantômes du passé qui affleurent sans jamais vraiment sortir. A la fin de l’album, des extraits du carnet du voyage réalisé sur place par Johanna. Ce récit autobiographique, contrairement à celui de Joung (voir le tome 1 et le tome 2 et l’adaptation au cinéma, Couleur de peau, miel), Johanna a choisi de le transposé à un double graphique, Nadja. Seule certitude, ses parents biologiques ne sont pas Chinois… Une quête vaine en apparence, le passé ne reviendra pas à sa mémoire, mais sans doute un voyage qui lui a permis d’avancer sur le plan personnel. De beaux dessins colorés, mais un cran en-dessous de la série de Joung (revoir Couleur de peau miel, tome 1 et le tome 2, et l’adaptation au cinéma).

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Johanna Schipper.

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Théorème vivant de Cédric Villani

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Un livre lu chez mon mon père… Après La Déesse des petites victoires de Yannick Grannec, un nouveau livre sur l’aventure mathématique qui se passe également pour partie à l’institute for advanced studies/IAS à Princeton (États-Unis). Après la logique de Kurt Gödel, voici la dynamique des gaz de Cédric Villani…

Le livre : Théorème vivant de Cédric Villani, éditions Grasset, 2012, 282 pages, ISBN 9782246798828.

L’histoire : de mars 2008 à Lyon, à fin 2010 à Paris, en passant par un semestre à Princeton. Après avoir reçu la médaille Fields en 2010 (décernée tous les 4 ans à 2 à 4 mathématiciens de moins de 40 ans, considérée comme l’équivalent d’un Prix Nobel pour les mathématiques), Cédric Villani entreprend de raconter la genèse de ces travaux qui lui ont valu cette prestigieuse médaille. Tout commence un dimanche à l’école normale supérieure de Lyon, une discussion à bâtons rompus autour d’un problème (l’équation de Boltzmann pour les gaz hors d’équilibre et l’amortissement Landau) avec l’un de ses collaborateurs et ancien thésard, Clément Mouhot… Un problème qu’il avait abordé sans le résoudre complètement dans sa thèse. De séminaires en colloques, le voici parti pour un semestre avec femme et enfants à Princeton, un univers où tout est fait pour éviter les tracas de la vie quotidienne et permettre les échanges entre mathématiciens, physiciens, etc., notamment à la sacro-sainte heure du thé… Entre contes inventés pour ses enfants, lecture de mangas (ça vide la tête) et échanges de méls avec son ami, le lecteur assiste à la résolution d’un problème complexe…

Mon avis : pas de panique, le livre comporte bien des équations très complexes… mais on peut le lire en les considérant comme des « illustrations ». Beaucoup plus jolies que celles écrites en langage « tex », qui transcrit en code ces équations, reconstituées grâce à un logiciel libre. Le Tex suffit aux mathématiciens, pour le lecteur, l’équation est sinon plus parlante, du moins plus jolie! Le pourquoi du comment de l’avancée au fil des messages électroniques peut sembler ardu, mais c’est le cheminement qui est intéressant, la petite étincelle qui au détour d’un chemin (au sens propre, la promenade semble propice à l’éclosion des idées des mathématiciens) fera avancer la résolution du problème. Il montre aussi que les échanges entre mathématiciens mais aussi physiciens et autres, à Princeton et lors des séminaires, peut faire bouillonner les idées, qui s’entrechoquent, se confrontent, entre générations, entre disciplines, pour faire jaillir de nouvelles pistes.

Pour aller plus loin : le site officiel de Cédric Villani

Logo rentrée littéraire 2012Ce livre entre dans le cadre du défi 1% de la rentrée littéraire organisé à nouveau cette année par Hérisson.

 

Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Couverture de Comment comprendre Israël en 60 jours de Sarah Glidden

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgUn livre reçu dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio. Un grand merci à eux et aux éditions Steinkis.

Le livre : Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden (scénario et dessin), traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanny Soubiran, éditions Steinkis, 2011, 208 pages, ISBN 979-1090090002.

L’histoire : de nos jours en Israël. Un groupe de jeunes juifs américains assiste à un séjour d’une dizaine de jours qui leur est offert par le programme Taglit, financé par des juifs du monde entier. Sarah a préparé son voyage et souhaite le prolonger un peu dans les territoires occupés, elle craint l’endoctrinement par ce programme. Elle a néanmoins convaincu une de ses amies de les accompagner. Elle tient au jour le jour un carnet des lieux visités, de ses impressions, de ses états d’âme parfois contradictoires.

Mon avis : j’ai bien aimé la forme entre roman graphique et carnet de voyage, avec des visages aux traits assez simplifiés. Les cartes aquarellées au début de chaque chapitre permettent de bien se situer dans un territoire complexe, imbriqué, parcouru du nord au sud. A Jérusalem, les Chrétiens sont quasi absents du récit, juste un groupe croisé, quatre stations du chemin de croix trouvées après avoir quitté le groupe. Je ne connaissais pas du tout cette organisation, Taglit. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sous couvert d’ouverture d’esprit, le programme est bien rodé et sert aux jeunes un seul discours formaté, mais après tout, c’est leur rôle, ils sont financés par des organisations juives à destination de jeunes juifs. Ce qui est un peu regrettable, c’est que, finalement, l’auteure n’arrive pas à se rendre dans les territoires occupés, les mouvements pour la paix sont à peine évoqués et l’on n’a pas le point de vue opposé que l’on trouve dans les Chroniques de Jérusalem de Delisle… Un livre à lire cependant, on donne assez peu en France la parole aux juifs sur Israël, et même si leur occupation des territoires est illégale, de même que la poursuite de la colonisation de ces derniers, en les morcelant un peu plus chaque jour, il n’est pas inintéressant d’avoir un autre point de vue, fût-il basé sur la peur et le tout sécuritaire (justification du mur de séparation, de la guerre des Six jours, de l’occupation du plateau du Golan).

Pour aller plus loin :

Voir le site officiel de Sarah Glidden.

En BD

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Je viens aussi de sortir de la médiathèque Gaza 1956, en marge de l’histoire, de Joe Sacco, je vous en reparlerai…

En littérature

Palestine de Hubert Haddad

Une histoire d’amour et de ténèbres de Amos Oz

Les polars de Batya Gour : Meurtre au kibboutz, Le meurtre du samedi matin, Meurtre à l’université, Meurtre au philharmonique

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Les mauvaises gens d’Etienne Davodeau

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Étienne Davodeau était venu début 2011 avec Richard Leroy, le vigneron, à Poitiers lors du festival Filmer le travail, pour un spécial  » dessiner le travail « , avec une exposition et une interview par un sociologue. Son album les ignorants est désormais sorti, mais je me suis aperçu que j’avais oublié de vous parler de Les mauvaises gens, qu’il m’avait alors dédicacé. Cet album avait reçu le prix du meilleur scénario et le prix public du meilleur album au festival d’Angoulême en 2006.

Le livre : Les mauvaises gens de Étienne Davodeau (scénario et dessin), collection Encrages, éditions Delcourt, 2005, 183 pages, ISBN 978-2-84789-449-3.

L’histoire : en Anjou dans les Mauges, en Maine-et-Loire, de nos jours et des années 1950 à 1981. Étienne Davodeau a décidé de raconter l’histoire de ses parents et de centaines de jeunes gens comme eux, en menant un questionnaire sociologique. Ces jeunes gens se retrouvent à travailler dans des usines à la campagne (ici de confection de chaussures) dans des conditions difficiles et sous le joug de patrons paternalistes. Dans cette région catholique, les loisirs sont organisés par la JOC, jeunesse ouvrière catholique. Et voici que parmi cette jeunesse docile apparaissent des revendications pour améliorer les conditions de travail notamment : ce sont les réunions dans des maisons privées, la naissance d’un mouvement syndicaliste (CFTC, confédération des travailleurs catholiques, puis CFDT), la nomination de délégués, les rencontres avec la direction, l’arrivée de la première grève. L’élection de François Mitterrand en 1981 va-t-elle changer la donne?

Mon avis : un album de bande dessinée certes, mais rapporté comme une enquête de sociologie, avec Étienne Davodeau dans le rôle de l’enquêteur, et ses parents dans ceux d’enquêtés. J’adore ce style. Pas de nostalgie, la vie de l’usine était dure, mais elle avait aussi ses bons côtés. La bande dessinée est juste au service du récit, entre BD sociale et roman graphique. On n’y trouve pas encore la maîtrise graphique de Rural! Chronique d’une collision politique ou de les ignorants, mais le traitement à la façon d’un enquête sociologique rappelle les grands travaux des sociologues des années 2000 et les essais de transcriptions en bande dessinée, à la suite de ce volume pionnier d’Étienne Davodeau, avec par exemple La communauté de Hervé Tanquerelle (dessin et scénario) et Yann Benoît (scénario) (revoir mes avis sur la première et la deuxième parties, parues respectivement en 2008 et 2010) ou encore Apprenti, mémoires d’avant-guerre de Bruno Loth, paru également en 2010.

d’Étienne Davodeau

Davodeau et Joub

Kris et Davodeau

Pour découvrir l’auteur : voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche… et la venue à Poitiers de l’auteur.

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