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Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause, de Leslie Plée

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Moi vivant, vous n'aurez jamais de pause, de Leslie PléeUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre: Moi vivant, vous n’aurez jamais de pause, ou comment j’ai failli devenir libraire, de Leslie Plée, éditions Jean-Claude Gawsewtich, 2009, 95 pages, ISBN 9782350131573.

L’histoire: Rennes, novembre 2006. Leslie rentre dans le cabinet d’un psy. Quelques mois auparavant, en mai 2005. Leslie vient de s’installer à Rennes pour suivre son amour, elle cherche un boulot, n’a pas d’expérience. Elle est embauchée par une grande surface de produits culturels sur une zone commerciale, direct en CDI. Son boulot commence avec quelques collègues par la mise en place de la boutique, qui en fait n’ouvrira que dans deux mois. Un traval debout, sans pause sauf pour le déjeuner. Et voici l’ouverture, il s’agit de vendre des livres, des best-sellers surtout, organiser les retours (il ne faut pas trop de stock de livres qui ne se vendent pas). Entre un chef tyrannique pour qui seul compte le rendement du magasin et des clients qui ne sont pas vraiment des lecteurs (il cherchent les manuels et livres pour la rentrée scolaire, des cadeaux à offrir), Leslie tiendra-t-elle? La visite chez le psy qui ouvre le livre l’a-t-elle aidée?

Mon avis: Leslie Plée tient des chroniques sur son blog et c’est de l’un de ces chapitres de sa vie qu’est tiré cet album après qu’elle a été repérée par , directrice de collection aux éditions Jean-Claude Gawsewtich. Elle dresse un portrait sans concession de ces grandes surfaces culturelles, qui n’ont de culturels que les produits mis en vente, en fonction de leurs potentiels de vente. Ça ressemble à Cultura, où je n’ai mis les pieds qu’une fois (il faut prendre une voiture que je n’ai pas pour y aller, ou une demi-heure de bus), je préfère ma vraie librairie de centre-ville, la Belle aventure à Poitiers! Une description sans concession d’un monde du travail qui peut vous détruire (vivent les chefs et l’informatique, avec un logiciel de recherche ubuesque, voir par exemple page 31) jusqu’à vous amener chez le psy… Le graphisme des dessins est simple, avec une mise en couleur par grands aplats. Une plume mordant et très plaisante! Et surtout, continuez à acheter vos livres dans de vraies librairies, pas dans ces supermarchés et encore moins « en ligne » (avec des gens qui courent ou roulent en rollers dans des entrepôts pour préparer vos commandes, des entreprises qui ne payent pas d’impôts en France et tuent les commerces de centre-ville). Gardez un contact avec ces libraires qui font un formidable travail pour mettre en avant des livres, pas des « produits »!

Pour aller plus loin : voir le blog de Leslie Plée.

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Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Terre des hommes d'Antoine de Saint-ExupéryJe continue l’exploration du rayon « large vision » de la médiathèque de Poitiers, il va d’ailleurs falloir que j’aille dans la nouvelle annexe de Saint-Eloi, il paraît qu’ils ont acheté pas mal de livres de ce type… Bon, je vous ai montré deux monuments dédiés à Antoine de Saint-Exupéry par  (Saint-Exupéry et le petit Prince à Toulouse et le monument à Saint- Exupéry à Paris), mais n’avais pas relu récemment ses oeuvres. J’ai choisi Terre des hommes, qui a reçu le grand prix du roman de l’académie française en 1939.

Le livre : Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry, première édition en 1939 (lu en large vision aux éditions Feryane, 1994, 239 pages).

L’histoire: 1926. Antoine de Saint-Exupéry va réaliser son premier vol pour la société Latécoère. Aux commandes d’un avion de l’aéropostale, il va livrer le courrier de Toulouse à Dakar. Il se rémémore les vols de ses illustres prédécesseurs, Jean Mermoz et Henri Guillaumet, dont il relate notamment le crash et la longue marche dans les Andes. Il poursuit avec ses propres vols, jusqu’en 1935, en Amérique du Sud, au Sahara, où il s’est écrasé avec son navigateur André Prévot et a failli mourir de soif, évoque au passage la colonisation…

Mon avis: je ne me souvenais plus trop du livre, ma mémoire a sans doute influencée par le film sur l’aéropostale dans les Andes qui passait il y a longtemps au . En particulier, je ne me souvenais pas qu’il était question de colonisation, de « rebelles » en Afrique-du-Nord. Au collège (ou était-ce au lycée?), on nous avait seriné avec ce livre sur la nature de l’homme, ce qui avait gâché le plaisir de la lecture. Alors oui, Saint-Exupéry s’interroge dans ce livre sur ce qu’est un homme, mais aussi sur ce qu’un homme peut endurer, sa capacité de survie (Guillaumet dans les Andes, lui dans le désert Lybien). Ce livre est bien plus que cela, c’est un texte bien écrit, les étoiles, les phares, les repères dans la nuit ou la tempête (la géographie du pilote peut tenir plus à la position d’une ferme qu’à la carte de base), la mer de nuages… Je ne regrette pas de l’avoir relu tant d’années après une première lecture scolaire!

Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo

Logo de pioché en bibliothèqueCouverture de Aucun de nous ne reviendra de Charlotte DelboJ’avais emprunté à la médiathèque ce livre au début de l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, maintenant terminée, j’ai dû renouveler le prêt pour réussir à le terminer, la lecture d’un livre « normal » reste très compliqué avec ma vue

Le livre : Auschwitz et après, I, Aucun de nous ne reviendra, de Charlotte Delbo, Editions de minuit, 1970 (réédition 2013), 181 pages, ISBN 9782707302908.

La quatrième de couverture:

Charlotte Delbo était une des 230 femmes qui, dans Le Convoi du 24 janvier, partirent en 1943 de Compiègne pour Auschwitz.
Aucun de nous ne reviendra est, plus qu’un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d’une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l’ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d’intensité au-delà duquel il ne reste que l’inconscience ou la mort. Elle n’a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n’est plus de place en ces lieux pour l’individu.

Mon avis: écrit dès 1946, ce livre n’a été édité pour la première fois qu’en 1970. J’avais vraiment découvert sa vie lors de la visite de l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers. Ce livre est organisé en chapitres assez courts, avec des alternances de phrases longues et de phrases courtes, qui rythment la lecture. Si le sujet n’était pas aussi tragique, je dirai que l’écriture est très agréable! Certaines pages sont organisées comme des poèmes terribles, par exemple « Jusqu’à cinquante », page 93 de l’édition de 2013, lorsqu’un kapo, surveillé par un SS avec son chien, donne cinquante coups de bâton à un prisonnier. Au fil des pages, on voit ces femmes qui ont la hantise d’être transférées au bloc 25, dont on ne sort pas vivant, les longues marches pour aller travailler dans les marais immondes, les interminables appels dans le froid, la survie, le soutien mutuel, les liens qui s’établissent par nationalité, l’abandon de la volonté de vivre par certaines, les odeurs immondes du four crématoire. Un témoignage à découvrir absolument!

Je vais essayer de lire la suite, Une connaissance inutile et Mesure de nos jours. J’ai aussi lu Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours

Pour aller plus loin:

Voir le site de l’Association « Les Amis de Charlotte Delbo » : www.charlottedelbo.org

Revoir mon article sur l’exposition Autour de Charlotte Delbo à Poitiers, les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale… Revoir aussi L’empereur d’Atlantis, un opéra écrit dans un camp de concentration de Terezin, écrit par Viktor Ullmann avec un livret de Peter Kien. Juste après la publication de cet article, Alice Herz-Sommer (26 novembre 1903 – 23 février 2014), pianiste internée dans ce camp, est décédée en Angleterre, c’était la plus vieille déportée survivante (voir sa biographie sur le site d’Arte en 2007 et un reportage de 2011 sur la même chaîne).

Quelques pistes complémentaires de lecture:

– – Le convoi du 24 janvier, La mémoire et les jours, Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile, Mesure de nos jours, de Charlotte Delbo

Le wagon d’Arnaud Rykner, histoire d’un convoi parti de Compiègne pour Dachau

– Maus, de Art Spiegelman, tome 1 : mon père saigne l’histoire, et tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, témoignage en bande dessinée sur la déportation de ses parents

La vie en sourdine de David Lodge, roman où il aborde un voyage à Auschwitz-Birkenau

On ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise Giroud

Logo de pioché en bibliothèqueOn ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise GiroudJe continue l’exploration du rayon « large vision » de la médiathèque.

Le livre: On ne peut pas être heureux tout le temps, de Françoise Giroud, éditions Fayard, 2001 286 pages, ISBN 9782213608198 (lu en large vision aux éditions Feryane).

Quatrième de couverture:

« L’idée d’écrire ce livre m’est venue un jour où je pestais contre de petites infirmités de vieillesse et où j’ai laissé tomber un carton plein de photos. J’en ai accumulé en tous genres, avec les gens célèbres que j’ai interviewés dans quantité de circonstances de ma vie publique. Je me disposais à jeter tout cela et puis une photo décolorée, une Polaroïd m’a accroché l’oeil. Elle fixait un moment que j’avais complètement oublié et qui résonnait avec le présent. J’ai pensé que j’allais m’en emparer et, à partir de là, voyager dans le passé en zigzags, au gré des photos qui me tomberaient sous la main… j’ai connu de grandes douleurs, de grands malheurs -on ne peut pas être heureux tout le temps- de grandes amours, des honneurs aussi… »

Mon avis: Françoise Giroud est décédée il y a plus de dix ans maintenant (le 19 janvier 2003), des suites d’une mauvaise chute. Dans ce livre écrit à 85 ans, elle revient, au gré de la redécouverte de photographies échappées d’une boîte tombée par terre, sur l’ensemble de sa vie. On y croise de nombreux journalistes bien sûr, et en premier lieu Jean-Jacques Servan-Schreiber, L’Express, Elle, Giscard dont elle fut la secrétaire d’Etat à la culture (gouvernement Barre, avec un récit assez drôle de l’inauguration du centre Pompidou) puis de la condition féminine (gouvernement Chirac), sa soeur, Douce, résistante et déportée, décédée quelques années après son retour, ses amis, ses amants. Des récits de quelques pages émergés de photographies, sans ordre chronologique, un peu comme les portraits qu’elle a dressés dans l’Express jadis. Mais je dois avouer que j’ai parfois eu du mal à m’accrocher au texte (somnolence d’après sieste?)…

Palladium de Boris Razon

Logo du défi rentrée littéraire 2013 chez HérissonCouverture de Palladium de Boris RazonComme l’ont fait remarqué en commentaire  Dalinele, Nini 79, Flo et Maryse, j’ai oublié de mettre l’avis dans la publication de l’article lundi (erreur de manipulation). Le voici donc à nouveau, en version complète cette fois…

Un livre prêté par mon père… Avec ma vue, il m’a fallu trois mois pour en venir à bout, une ou deux pages maxi à la fois, car c’est un pavé en écriture normale et pas en basse vision! Il entre dans le cadre du défi de la rentrée littéraire 2013 (le projet de 1% rentrée littéraire est organisé par Hérisson).

Le livre : Palladium de Boris Razon, éditions Stock, 2013, 473 pages, ISBN 9782234075320.

L’histoire : en 2005 à Paris. Brutalement, le narrateur développe des troubles neurologiques, il ne peut plus bouger facilement les mains, les pieds. De consultations en urgences, son état se dégrade très vite sur quelques jours, au point de vite perdre aussi l’usage de la parole. Hospitalisé en réanimation, alors que les médecins cherchent la cause de son mal, lui navigue à la limite d’un monde imaginaire peuplé de monstres, de crimes, avec des personnages issus du monde « d’avant ». Guérira-t-il?

Mon avis: ce premier livre de Boris Razon était dans les sélections 2013 du Goncourt et du Fémina. Un roman autobiographique surprenant. A part le début, où l’on assiste à l’installation de la maladie mystérieuse (le diagnostic final, variante de syndrome de Guillain-Barré, est incertain), ensuite, l’on assiste « hors du corps » à l’errance mentale du malade, le lien avec la vie réelle se faisant par de laconiques extraits de résultats d’analyses ou de commentaires des personnels soignants. Le lecteur est plongé dans les cauchemars du personnage, ses folles poursuites peuplées de personnages réels (ses proches) et fantasmés (les méchants, à tous les coins de couloir, pardon, de pages). Des cauchemars d’autant plus vivants qu’au retour à la vie « normale », Boris Razon en a gardé un souvenir net qu’il partage avec le lecteur. Prêt pour une descente aux enfers, façon descente aux Enfers d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère, ou un voyage onirique façon Aventures d’Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll, deux livres mis en exergue par l’auteur avec également D’autres couleurs, d’Orhan Pamuk, que je lirais bien [revoir Neige]…

Les fils d’Octobre de Nicolaï Maslov

pioche-en-bib.jpgCouverture de Les fils d'Octobre de Nicolaï MaslovUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Elle fait suite à Une jeunesse soviétique.

Le livre : Les fils d’Octobre de Nicolaï Maslov (scénario et dessins), traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, éditions Denoël Graphic, 2005, 96 pages, ISBN 978-2207257388.

L’histoire : en Sibérie et ailleurs en Russie soviétique (en train, à Moscou), en gros de 1975 à 1987. En huit épisodes, un portrait de la Sibérie et de la Russie contemporaine, avec tous ses problèmes, l’alcoolisme (des ouvriers, des paysans), le travail (à l’usine, dans un train), la visite à la mère en Sibérie, le départ des tanks pour l’Afghanistan, les anciens soldats ravagés, le départ d’un ami pour l’Italie.

Mon avis : un album en noir et blanc, dessiné avec de puissants traits au crayon, notamment de superbes paysages et de grands passages muets, sans bulle, où le dessin donne toute sa vérité aux paysages blancs, aux grandes étendues, aux arbres mais aussi de Moscou ou aux personnages alcoolisés. Ceci étant, les histoires se déroulent lentement, très lentement, dans un monde essentiellement masculin. Les personnages féminins, comme la mère mourante chez qui le fils arrive trop tard pour avoir bu pendant plusieurs jours avec ses anciens camarades, restent très en retrait, en toile de fond, sauf dans l’avant-dernière histoire, la fille, qui, avec son baluchon sur une luge, arrive à temps pour visiter une vieille femme.

 

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Des fourmis dans les jambes d’Arnaud Gautelier et Renaud Pennelle

pioche-en-bib.jpgCouverture de Des fourmis dans les jambes d'Arnaud Gautelier et Renaud PennelleUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Elle a reçu le prix 2012 Paroles de patients et le trophée « Les Bds qui font la différence » au festival de la bande dessinée d’Angoulême en 2013.

Le livre : Des fourmis dans les jambes, de Arnaud Gautelier (scénario) et Renaud Pennelle (dessins), collection Atmosphères, éditions Emmanuel Proust, 2012, 139 pages suivies d’un dossier de trois pages du Dr David Laplaud, ISBN 978-2848103914.

L’histoire : de nos jours à Paris puis à Nantes. Alex Gaultier, graphiste en publicité, a 33 ans et vit depuis une grosse dizaine d’années avec une sclérose en plaques, marche avec difficulté avec des béquilles ou se déplace avec le « tank de la sécu » (le lourd fauteuil roulant de base) pour les trajets plus longs. Sa femme, Chloé, est au chômage, ils vivent dans un appartement avec Marion, leur fillette de 5 ans. Paris est complètement inadapté au handicap, inaccessibilité des trottoirs, des transports en commun, difficulté pour qu’on lui laisse une place. A l’hôpital, il est complètement dépersonnalisé (le neurologue l’appelle « on » et pas « vous », les traitements d’urgence aux corticoïdes en cas de poussée se font dans une salle bondée). Aussi, quand Chloé se voit proposer un travail à Nantes, plus près de chez ses parents, ils hésitent un moment (Alex est un « pur parisien » à qui « la province » fait peur) mais finissent par partir et trouvent un monde très différent, mieux adapté, des gens prêts à l’aider dans les transports, un suivi plus humain à l’hôpital, une prise en charge active…

Mon avis : l’album, basé sur l’histoire personnelle d’Arnaud Gautelier, aborde les diverses difficultés de la sclérose en plaques, les douleurs, les traitements, mais aussi la vie de couple, l’insertion dans la vie quotidienne et professionnelle, le regard des autres, très différent entre Paris et Nantes, avec de nombreuses touches d’humour. D’un point de vue graphique, le dessin au crayon rehaussé de lavis m’a un peu déroutée au début, surtout le traitement des visages, mais je me suis laissée portée par le récit.

Pour aller plus loin: voir le blog d’Arnaud Gautelier.

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Une jeunesse soviétique de Nicolaï Maslov

pioche-en-bib.jpgUne jeunesse soviétique de Nicolaï MaslovUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Une jeunesse soviétique de Nicolaï Maslov (scénario et dessins), préface d’Emmanuel Carrère, traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard et Veronika Dorman, éditions Denoël Graphic, 2004, 104 pages, ISBN 978-2207256189.

L’histoire : en Sibérie et en Mongolie, à partir de 1971. Une histoire qui s’enchaîne au fil de l’enfance en Sibérie, puis du service militaire en Mongolie, l’espoir d’une école de dessin à Moscou, le travail dans une boulangerie puis dans une galerie d’art, dans un monde soviétique ravagé par la vodka, seul produit qui semble ne pas manquer dans les magasins.

Mon avis : un album en noir et blanc, de puissants traits au crayon, beaucoup de grands paysages, de grands passages muets sans bulle où la force du dessin s’exprime pleinement. Campagne sibérienne, chambrée militaire en Mongolie, bagarres d’ivrognes, tout est rendu avec beaucoup de détails. Le récit autobiographique se déroule avec lenteur, montrant toutes les difficultés de la vie du jeune homme et son espoir de partir un jour découvrir l’art à Paris…

Voir la suite de l’histoire: Les fils d’Octobre

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L’élimination de Rithy Panh

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'élimination de Rithy PanhUn livre que j’avais eu envie de lire à sa sortie, mais j’avais hésité, devant les propos durs qui devaient s’y trouver, opinion renforcée après avoir vu plusieurs émissions avec Rithy Panh. J’ai fini par l’emprunter à la médiathèque.

Le livre : L’élimination de Rithy Panh, avec Christophe Bataille, éditions Grasset, 2012, 333 pages, ISBN 9782246772811.

L’histoire : Phnom Penh, 17 avril 1975. Les Khmers rouges prennent le contrôle de la capitale du Cambodge, la vide de leurs habitants, dont toute la famille de Rithy Panh, 13 ans, dont le père, fils de paysans, était un haut fonctionnaire du ministère de l’éducation. En quelques mois, la famille est décimée, malades et affamés, seuls survivent une grande sœur, un temps perdue de vue, et Rithy, trimbalé de camp de travail en hôpital… En 2003, après plusieurs années de recueil de témoignages et de montage, Rithy Panha sorti le film documentaire S21, La machine de mort khmère rouge, sur le centre de torture et d’exécution S21, où plus de 12000 personnes entre 1975 et 1979 ont été assassinées (1,7 millions de Cambodgiens, un tiers de la population, sont morts pendant ces 5 années). Arrêté en 1999, Duch, le bourreau du camp, est jugé en 2010 par le Tribunal Pénal International. Il accorde une série d’entretiens à Rithy Panh en marge de ce procès, confronté par lui aux documents recueillis.

Mon avis : un roman livré d’une traite, sans séparation en chapitres, juste un saut de ligne entre les passages qui s’entremêlent, entretiens avec Duch (dont est sorti un film que je n’ai pas vu, Duch, le maître des forges de l’enfer), vie aux camps, vie à Paris aujourd’hui, en essayant de « digérer » ce matériau, période de recueil des témoignages pour S21… Plusieurs approches pour témoigner du génocide, de la famine organisée, de l’indifférence voire de la complaisance du reste du monde à l’égard du régime Khmer rouge, critique sur le tribunal pénal international qui livre un documentaire-fiction au lieu de confronter Duch aux documents d’archives. Un Duch qui apparaît froid, menteur, ironique, cultivé, converti au christianisme, en contraste avec la vie du gamin de 13 ans qui en moins de six mois devient orphelin, survit à une grave infection du pied (un accident banal, mais sans médicaments…), au paludisme, à la famine. Un livre dont on ne sort pas indemne, mais dont la lecture est aussi indispensable que celle des grands témoins de la Shoah et des camps nazis… Pour ne pas oublier, pour rendre aux victimes leur place.

Pour aller plus loin sur l’histoire du Cambodge, voir aussi:

Kampuchéa de Patrick Deville

… et bientôt plusieurs bandes dessinées sur le génocide Khmer rouge et le Cambodge, j’ai voulu approfondir le sujet. Voir: L’eau et la terre et Lendemains de cendres de Séra, L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian.

La réparation de Colombe Schneck

pioche-en-bib.jpgCouverture de La réparation de Colombe SchneckUn livre dont j’avais pas mal entendu parler sur France Inter (l’auteure y est journaliste) lors de sa parution il y a un an (rentrée littéraire 2012), trouvé à la médiathèque.

Le livre : La réparation de Colombe Schneck, éditions Grasset, 2012, 224 pages, ISBN 978-2246788942.

L’histoire : de nos jours et pendant la seconde guerre mondiale, à Paris et dans le ghetto de Kovno (aujourd’hui Kaunas), en Lituanie. Colombe Schneck a prénommé sa fille Salomé, pas tout à fait par hasard, pour son premier enfant, sa mère aujourd’hui décédée avait suggéré ce prénom, ce fut un garçon, Salomé est revenu dans une conversation, mais c’était aussi celui de la fille de sa tante, Raya Berstein, Salomé, née en 1936 ou 1937 et morte en déportation en 1943, dont il ne reste qu’une photographie. Colombe Schneck part à la recherche de l’histoire de sa famille, longtemps tue par sa mère et sa grand-mère, part à la rencontre de son oncle et de ses tantes (ils ont tous survécu, pas leurs parents ni leurs enfants), de leurs enfants aujourd’hui adultes nés après la guerre, sur place à Kovno aussi.

Mon avis : un récit bibliographique qui aurait mérité d’être accompagné d’un arbre généalogique, pour mieux se repérer dans la famille nombreuse (Raya, Macha, Samuel, Max, hélène, Pierre, Salomé, Nahum, Myriam, Elie, etc.). Le choix du prénom de Salomé pour sa fille, qui devait rester bien enfoui dans le sub-conscient de l’auteure, est le déclencheur de cette histoire pour laquelle je lirais bien aussi la version de son frère (Autobiographie de mon père, de Pierre Pachet, mais le livre n’est pas à la médiathèque de Poitiers). Ce retour sur le passé est une plongée dans les non-dits familiaux, une histoire douloureuse et enfouie, cachée par la grand-mère revenue des camps, alors que les frère et sœurs de celle-ci en ont parlé à leurs enfants nés après la guerre (ceux nés avant ont tous été exterminés). Le ghetto, la déportation, le difficile retour des camps, l’errance à travers l’Europe, le regroupement familial puis la dispersion (États-Unis, Paris, Israël), l’impossibilité de raconter l’indicible.

Pour aller plus loin : Colombe Schneck propose une série de lecture au fil des pages, partiellement regroupées à la fin de l’ouvrage dans un bibliographie (tout n’y est pas repris, au fil des pages, j’ai noté qu’il manquait au moins Le juif errant est arrivé d’Albert Londres, les romans de Bashevis Singer, Aharon Appelfeld et Philip Roth, Le juif imaginaire d’Alain Finkielkraut, Les récits de Kolima de Varlam Chalamov, Les jours de notre mort de David Rousset).

Parmi les livres dont je vous ai déjà parlé, je vous conseille aussi sur le sujet:

– Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé, de Art Spiegelman

Sauve-toi, la vie t’appelle de Boris Cyrulnik

Éducation européenne de Romain Gary

Le wagon de Arnaud Rykner