Archives par étiquette : Rithy Panh

Au revoir Phnom Penh de Tian

pioche-en-bib.jpgCouverture de Au revoir Phnom Penh de TianUne bande dessinée dont j’avais lu une critique du deuxième tome dans Télérama, j’ai trouvé le début dans une annexe de la médiathèque, j’ai maintenant lu la suite, Ne vous inquiétez pas.

Le livre : L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian (scénario, dessins et couleur), préface de Rithy Panh, collection Bayou, éditions Gallimard, 2011, 120 pages, ISBN 9782070629572.

L’histoire : Phnom Penh, 17 avril 1975. Les Khmers rouges viennent de prendre le contrôle de la capitale du Cambodge. Ils chassent les habitants de la ville, parmi eux, Lina, sur le point d’accoucher, son mari médecin et toute la famille. Très vite, ils apprennent à survivre, réussissent à échanger les maigres biens qu’ils ont emporté contre de la nourriture ou de l’aide, échappent aux premiers massacres en cachant leur métier.

Mon avis : un album en couleur beaucoup moins sombre dans sa forme que d’autres que j’ai lu ces derniers mois sur le sujet du Cambodge. Le bébé né dans la débâcle, c’est l’auteur de cet album… Des cartes au fil des pages (en tête de chaque chapitre) permettent de se repérer. Le traitement beaucoup plus doux que celui de Séra (voir L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979) m’a semblé finalement plus efficace pour comprendre cette période noire et le génocide commis par les Khmers rouges. Il parle aussi d’une histoire différente, puisqu’ici, la famille a réussi à se cacher et à échapper aux massacres et à l’internement dans des camps de travail à la campagne. Un album à lire absolument!

Pour aller plus loin sur l’histoire du Cambodge, voir aussi:

L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979 et Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993, de Séra

L’élimination de Rithy Panh

Kampuchéa de Patrick Deville.

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Sur la route de Banlung de Rochel et Vink

pioche-en-bib.jpgCouverture de Sur la route de Banlung de Rochel et VinkJe poursuis ma découverte de l’histoire contemporaine du Cambodge. Après Kampuchéa de Patrick Deville, L’élimination de Rithy Panh, L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979 et Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993 de Séra, voici la suite de l’histoire avec l’organisation des élections de 1993, racontée dans cette bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Sur la route de Banlung, Cambodge, 1993, de Jacques Rochel (scénario), Vink (scénario et dessins) et Hubert (couleurs), avec la collaboration de Ciné, éditions Dargaud, 56 pages suivies d’un dossier sur les élections de 1993, 2011, ISBN 978-2205065091.

L’histoire : 1993 au Cambodge. L’ONU supervise l’organisation des premières élections libres du Cambodge. Jacques Rochel, un français vivant à New-York, né d’une mère vietnamienne, est envoyé dans la région de Ratana Kiri, une province proche du Viêt Nam et berceau des Khmers rouges. Il est notamment affecté chaque mois à la réception et à la distribution du paiement en liquide des personnes recrutées pour l’organisation des élections. Cette valise contenant 200 000 $ est convoitée par les Khmers qui continuent à occuper la région, et se méfient de ce Jacques qui parle chinois et semble aussi compromis avec les ennemis vietnamiens (ils ont renversé le régime Khmer rouge en 1979) pour rencontrer une médecin venue de l’autre côté de la frontière. Restée dans le New-Jersey, sa femme lui apprend que leur fils aîné vient d’être diagnostiqué comme autiste. Entre fantômes du passé et avenir de son fils, Jacques Rochel terminera-t-il sa mission de six mois au Cambodge?

Mon avis : une bande dessinée aux dessins assez classiques (effet renforcé par le lettrage très « carré », je finis par préférer les expressions plus libres dans le dessin et les textes) sauf deux grandes peintures pleine page. L’ONU tente d’organiser des élections libres à coups de dollars qui servent à payer des locaux chargés de convaincre les gens de se faire faire des cartes d’électeurs puis de voter, tout en restant neutres. Un amour de jeunesse de l’un des expatriés peut-il menacer ainsi la neutralité des élections? Le coût de ces élections pour la communauté internationale (des milliards de dollars) laisse pantois… surtout après l’indifférence dans laquelle la communauté internationale a laissé les Khmers rouges saigner le pays de 1975 à 1979. Quant à la famille laissée aux États-Unis, le diagnostic d’autisme et l’organisation de sa prise en charge, elle est peu évoquée, une remarque ici et là où pointe l’inquiétude du père impuissant à distance…

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L’eau et la terre de Séra

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'eau et la terre de SéraUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Voir aussi la suite : Lendemains de cendres.

Le livre : L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979, de Séra (scénario et dessins), préface de Rithy Panh, collection Mirages, éditions Delcourt, 100 pages, 2005, ISBN 978-2847897289.

L’histoire : avril 1975 au Cambodge. Les Khmers rouges ont pris le pouvoir, mettent en place le régime de l’Angkar et déportent la population des villes, direction des camps de travail à marche forcée. Les écoles sont fermées, pour l’instituteur, c’est la fin du monde. Une fillette perdue est recueillie par un couple, la survie s’organise pour certains, beaucoup meurent d’épuisement ou se laissent mourir. Le seul sourire qui subsiste est celui qui est figuré sur un billet de banque de l’ancien temps. Civils, soldats, Khmers rouges, destins tragiques mêlés de toute une population, longues marches, charniers, travail aux champs, massacres…

Mon avis : une bande dessinée sombre, tant par le propos, le texte (illustré quand même par quelques espoirs issus de textes poétiques tirés de la tradition khmère ancienne) que les dessins tout en sépia gris, noirs, bleus et brun-rouge. Quelques cartes au fil du texte, avec une longue légende, illustrent le propos et les déportations. Et l’enfant enrôlé qui grandit et répète comme un leitmotiv  » et je ne suis toujours pas mort « . Une histoire dans un pays en huis-clos, la communauté internationale n’est pas (ou quasi pas) mentionnée dans l’ouvrage (et dans la réalité a aussi été d’une grande passivité), seul le Viêt Nam voisin finit par intervenir.

Sur une histoire plus longue du Cambodge, voir aussi Kampuchéa de Patrick Deville et L’élimination de Rithy Panh. Voir aussi L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian

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L’élimination de Rithy Panh

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'élimination de Rithy PanhUn livre que j’avais eu envie de lire à sa sortie, mais j’avais hésité, devant les propos durs qui devaient s’y trouver, opinion renforcée après avoir vu plusieurs émissions avec Rithy Panh. J’ai fini par l’emprunter à la médiathèque.

Le livre : L’élimination de Rithy Panh, avec Christophe Bataille, éditions Grasset, 2012, 333 pages, ISBN 9782246772811.

L’histoire : Phnom Penh, 17 avril 1975. Les Khmers rouges prennent le contrôle de la capitale du Cambodge, la vide de leurs habitants, dont toute la famille de Rithy Panh, 13 ans, dont le père, fils de paysans, était un haut fonctionnaire du ministère de l’éducation. En quelques mois, la famille est décimée, malades et affamés, seuls survivent une grande sœur, un temps perdue de vue, et Rithy, trimbalé de camp de travail en hôpital… En 2003, après plusieurs années de recueil de témoignages et de montage, Rithy Panha sorti le film documentaire S21, La machine de mort khmère rouge, sur le centre de torture et d’exécution S21, où plus de 12000 personnes entre 1975 et 1979 ont été assassinées (1,7 millions de Cambodgiens, un tiers de la population, sont morts pendant ces 5 années). Arrêté en 1999, Duch, le bourreau du camp, est jugé en 2010 par le Tribunal Pénal International. Il accorde une série d’entretiens à Rithy Panh en marge de ce procès, confronté par lui aux documents recueillis.

Mon avis : un roman livré d’une traite, sans séparation en chapitres, juste un saut de ligne entre les passages qui s’entremêlent, entretiens avec Duch (dont est sorti un film que je n’ai pas vu, Duch, le maître des forges de l’enfer), vie aux camps, vie à Paris aujourd’hui, en essayant de « digérer » ce matériau, période de recueil des témoignages pour S21… Plusieurs approches pour témoigner du génocide, de la famine organisée, de l’indifférence voire de la complaisance du reste du monde à l’égard du régime Khmer rouge, critique sur le tribunal pénal international qui livre un documentaire-fiction au lieu de confronter Duch aux documents d’archives. Un Duch qui apparaît froid, menteur, ironique, cultivé, converti au christianisme, en contraste avec la vie du gamin de 13 ans qui en moins de six mois devient orphelin, survit à une grave infection du pied (un accident banal, mais sans médicaments…), au paludisme, à la famine. Un livre dont on ne sort pas indemne, mais dont la lecture est aussi indispensable que celle des grands témoins de la Shoah et des camps nazis… Pour ne pas oublier, pour rendre aux victimes leur place.

Pour aller plus loin sur l’histoire du Cambodge, voir aussi:

Kampuchéa de Patrick Deville

… et bientôt plusieurs bandes dessinées sur le génocide Khmer rouge et le Cambodge, j’ai voulu approfondir le sujet. Voir: L’eau et la terre et Lendemains de cendres de Séra, L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian.