Les hommes! De quoi parlent-ils? de Cesc Gay

Affiche de Les hommes! De quoi parlent-ils? de Cesc GayEncore une sortie cinéma, et oui, le TAP Castille (3 des 4 salles d’art et essai à Poitiers) ferme aujourd’hui pour 15 jours, après, c’est moi qui serai en vacances, je voulais donc voir encore quelques films à l’affiche avant un sevrage en août. Cette fois, une envie de détente avec Les hommes! De quoi parlent-ils? de Cesc Gay.

Le film: de nos jours à Barcelone. Huit hommes, G. (Ricardo Darín), S. (Javier Cámara), E. (Eduard Fernández), M. (Jordi Mollà), P. (Eduardo Noriega), A. (Alberto San Juan), J. (Leonardo Sbaraglia), la quarantaine parfois bien mûre, un peu machos, par deux ou avec une femme, la leur ou pas, ont du mal à exprimer leurs sentiments amoureux ou ce qui les tracasse!

Mon avis: envie d’été et de vacances, d’évasion à Barcelone? Pas de chance, on aperçoit à peine la ville et le film se passe en hiver, en commençant par une grosse averse! Mais un bon moment de détente, en tout cas, toutes les femmes dans la salle ont bien ri à certaines situations, les hommes beaucoup moins, est-ce que le réalisateur a touché « là où ça fait mal » (sous la ceinture)? Le titre original est d’ailleurs plus expressif, citation d’une tirade du film: « Una pistola en cada mano ». Le montage en petites saynètes, confidences à deux entre deux hommes (amis ou simples relation) ou homme et femme (la légitime ou pas)  pour finir tous ensembles dans un appartement est assez efficace tout en se moquant du genre des telennovelas dont dont aurait ici plusieurs épisodes à la suite. Dépression, crise sentimentale, parfois économique (E., sans emploi, en instance de divorce, est retourné vivre chez sa mère à 46 ans), ils tentent de se sortir de situations pas toujours faciles… La collègue de travail lourdement draguée par P. alors qu’il attend un enfant ou la femme du meilleur copain vont finalement peut-être leur faire comprendre la vie! Le film a plutôt été éreinté par la critique (ou plutôt, par des critiques masculins, Jérémie Couston dans Télérama, Frank Nouchi dans Le Monde, Christophe Narbonne dans Première, qui ont dû se sentir visés dans leur ego), mais moi, j’ai passé un bon moment au cinéma!

En route pour Moncoutant 2014 (1)

Le matériel pour le concours de Moncoutant 2014Je me suis inscrite il y a fort longtemps au nouveau concours de Moncoutant. Le salon de Moncoutant/création autour des fils aura lieu les 8 et 9 novembre 2014, une collègue a récupéré mon kit à Bressuire, mais de mon côté, je n’ai pas pu me lancer encore dans la réalisation. Il faut rendre les « copies » pour le 20 octobre, vu mon rythme de broderie, il est temps de me lancer! Cette année (en fin d’article, les liens vers mes précédentes participations), le kit comprend un coupon (35 x 70 cm) de toile de lin Belfast de Chez Zweigart en 12 fils/cm., un mini cintre et le patron d’un kimono à respecter. Les contraintes, cette fois-ci, n’utiliser que des éléments textiles (fils, rubans, autres tissus) mais aucun élément non textile (boutons, carton, papier, bois, plâtre, pâte polymère etc.), en incluant obligatoirement un élément de couture et un de crochet ou de tricot… On peut utiliser tout ou partie du coupon fourni, du moment que l’on respecte le patron, il peut être associé à d’autres tissus. Les couleurs sont cette fois entièrement libres. Si on voulait être puriste, ils devraient accepter le papier 100% chiffons de coton 😉 Bon, j’arrête de critiquer, et je vais me mettre à cogiter avec du papier et un crayon avant de me lancer!

PS:

Concours de Moncoutant 2012, 8, la boîte fermée, les quatre faces et le toit Pour Moncoutant 2012 : le matériel, les contours, la première, la deuxième, la troisième et la quatrième faces, le toit, l’intérieur, la finition en boîte, mes achats

Le tablier pour Moncoutant, de retour avec les cadeaux Pour Moncoutant 2010 : vous pouvez maintenant voir les préparatifs le tablier lors du concours, le tablier à son retour et la pendouille à ciseaux… ainsi que mes achats.

Ma participation au concours de MoncoutantPour Moncoutant 2008 : la broderie pour le concours et mes achats. [il faudrait que je refasse une photo!]

Maryse n’est pas rentrée les mains vides du Mexique!

Cadeaux mexicains de Maryse, vanille, cassolette, pilonsillo, trousse et marque-pageMaryse, qui avait partagé avec nous quelques recettes en direct du Mexique (salade Marika, chiles en nogada, guacamole, attention à la prononciation!) ainsi qu’un mouton révolutionnaire mexicain, n’est pas rentrée les mains vides! Dans la mini-cassolette (idéale pour les petites sauces accompagnant les légumes à l’apéro), vous voyez un flacon de vanille, des pains de sucre de canne assaisonnés à la cannelle (pilonsillo, j’attends la bonne recette pour les utiliser!)…

Trousse brodée mexicaine… une jolie trousse bleue brodée (et une autre blanche, non photographiée, à broder par mes soins…)

Marque-page mexicain… et un joli marque-page, pas avec un décalcomanie chinois, mais une fine peinture appliquée avec dextérité par un très fin pinceau, admirez! Un très grand merci à toi, Maryse!!! Et si tu veux partager d’autres recettes ou visites mexicaines, ça sera avec plaisir!

Pour les 100 ans de l’assassinat de Jaurès… monument de Dole

Dole, le monument à Jaurès devant le pavillon de l'arquebusierIl y a juste cent ans, à quelques heures près (21h40 le 31 juillet 1914), Jean Jaurès, dirigeant socialiste pacifiste, était assassiné par Raoul Villain au café du Croissant, rue de Montmartre à Paris, près du siège de L’Humanité. Plusieurs monuments en France lui rendent hommage, il faudra que je vous montre celui de Toulouse… Son assassinat marque un coup dur pour les pacifistes qui essayaient d’éviter la guerre qui se profilait depuis un bon mois (28 juin 1914, assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse la duchesse de Hohenberg, par le nationaliste serbe de Bosnie Gavrilo Princip)…

Dole, le monument à Jaurès devant le pavillon de l'arquebusierA Dole, le monument à Jean Jaurès a été érigé devant le « Pavillon de l’Arquebuse » dit aussi « des Arquebusiers » (18e siècle), devenu plus tard la bourse du travail, comme on peut encore le lire sur cette carte postale ancienne. des rassemblements pacifistes y sont organisés chaque année.

Dole, le monument à Jaurès, vue d'ensemble, face avec le semeur Le monument est constitué d’une grande stèle et a été inauguré en janvier 1924. Sur cette face se trouve une sculpture de Félix [Alexandre] Desruelles (Valenciennes, 1865 – La Flèche, 1943), qui a également réalisé le monument commémoratif à Jean Jaurès de l’hôtel de ville de Lille, réalisé en 1932 (qui était en 2002 déposé dans un local technique) et qui comprend un tirage en bronze (réduit) du semeur et du médaillon de Dole. On y voit donc un semeur qui semble marcher et tient de sa main gauche sa sacoche de grains et fait de sa main droite le geste du semeur, poing serré sur la semence, dans un geste qui rappelle beaucoup celui de la Semeuse (Mariane) dessinée en 1887 par Oscar Roty. En-dessous est gravée une célèbre phrase de Jean Jaurès : « J’ose dire avec / des millions / d’hommes que / la grande paix / humaine est /  possible / Jean Jaurès ».

Dole, le monument à Jaurès, face avec le médaillon

Sur la face opposée est gravée la dédicace (« A / Jean Jaurès / mort pour le peuple / le 31 juillet 1914 » et « Hommage de la démocratie Jurassienne »), encadrée de deux flambeaux.

Dole, le monument à Jaurès, détail du médaillon, de face et de trois quarts

Un médaillon en bronze montre le profil droit de Jean Jaurès en relief assez marqué, comme on peut le voir sur la vue de trois-quarts.

Dole, le monument à Jaurès, les citations des petits côtés

Sur les deux petits côtés sont gravés des textes de Jaurès:

« La vraie classe intellec_ / tuelle c’est la classe / ouvrière car elle n’a / jamais besoin du men- / songe. /

La vie et la liberté, ces / grandes éducatrices / auront le dernier mot./ L’humanité est mau-/ dite si pour faire preu- / ve de courage, elle / est condamnée à tuer / éternellement. /

Le courage c’est / de chercher la vérité / et de la dire, c’est de / ne pas subir la loi du / mensonge triom- / phant qui passe / et de ne pas faire / écho de notre âme, / de notre bouche et / de nos mais aux / applaudissements / imbéciles et aux / huées fanatiques. /

Le capitalisme, c’est la haine, la convoitise / sans frein, le capita- / lisme, c’est la guerre. / Jean Jaurès »

Et sur le petit côté opposé:

« La guerre détestable / et grande tant qu’elle / était nécessaire est / atroce et scélérate / quand elle commen- / ce à paraître inutile. / Arracher les patries / aux maquignons / de la patrie aux cas- / tes de militarisme et / aux bandes de la / finance pour permettre à / toutes les nations / le développement / infini de la démocra- /tie et de la paix c’est / servir la patrie elle- /même / c’est dans l’interna- / tionale que l’indé- / pendance des nations / a sa plus haute garan-/ tie, c’est dans les / nations indépendan-/ tes que l’internationa- / le a ses organes les / plus puissants et les / plus nobles / Jean Jaurès « .

Mais pourquoi ont-ils tué Jaurès, chantait Jacques Brel? Surtout pourquoi ont-ils acquitté Raoul Villain, son assassin? Jugé en mars 1919, il a été acquitté, par 11 voix contre 1, et pas pour folie, ce qui aurait été compréhensible (les asiles à l’époque étaient peut-être pire que les prisons, voir Chez les fous d’Albert  Londres). Au civil, Mme Jaurès est condamnée à payer les dépens du procès (frais de l’Etat et de Raoul Villain). Après une vie rocambolesque (trafic d’argent, troubles psychiatriques, tentatives de suicide, construction d’une curieuse villa), il sera finalement assassiné par des anarchistes le 17 septembre 1936 à Ibiza, lors de la guerre civile espagnole.

Photographies prises en août 2012.

Un petit bateau brodé

un bateau brodé au point de croix et blackworkComme je trouve que le contour du motif mahoï est répétitif, et je pense sans grande efficacité pour la rééducation de la vue binoculaire, j’ai choisi de corser mes devoirs avec une grille bicolore qui allie points de croix et points avant (blackwork), mais très simple, toute petite, brodée en rouge et bleu marine (DMC 820 et 321) sur une bande large de toile Aïda. Modèle tiré de Couleur marine, grille de Sandrine Guédon, parue dans Mains et Merveille, esprit vacances, n° 91, juillet-août 2012.

Jimmy’s Hall de Ken Loach

Affiche de Jimmy's Hall de Ken LoachJe vous le disais lundi, il y a des semaines « avec » et des semaines « sans », côté cinéma. Pour la première fois, le TAP Castille (3 des 4 salles d’art et essai à Poitiers) fermera 15 jours, du 2 au 17 août 2014, puis je serai en vacances, donc pas ou très peu de cinéma en août, si je souhaite voir certains films, c’est maintenant, ils ne passeront plus en septembre! Je suis donc allée voir Jimmy’s Hall de Ken Loach [du même réalisateur, voir aussi mon avis sur Moi, Daniel Blake].

Le film: 1932 dans la campagne irlandaise, dans le comté de Leitrim. Jimmy Gralton [Barry Ward] revient dans la ferme familiale tenue par sa mère après 10 ans d’exil aux États-Unis. Il y a dix ans, il avait ouvert un bal (« Hall ») monté par la communauté et animée par elle, avec cours de dessins, d’apprentissage de la lecture, de chant et bien sûr danses. Menés par le curé, le Père Sheridan [Jim Norton] et les propriétaires terriens, les « bien-pensants » de la commune avait obtenu l’exil de Jimmy Gralton. Après la guerre civile et la nomination d’un nouveau gouvernement, et à la demande des « anciens jeunes », en tête desquels Oonagh [Simone Kirby], l’amour de sa vie qu’il a abandonnée et qui s’est mariée après son départ, il rouvre le lieu, le jazz rapporté grâce à un gramophone et des leçons de danse et de musique trouve sa place à côté de la musique traditionnelle. Les conservateurs, curé en tête, ne l’entendent toujours pas de cette oreille…

Mon avis: entre musique irlandaise et jazz, la bande son est remarquable! Que Ken Loach ait choisi de raconter cet épisode de l’histoire irlandaise (d’après une histoire vraie racontée par Paul Laverty), qui montre l’emprise de l’église sur la société, n’est sans doute pas un hasard! L’Église catholique reste très influente en Irlande, qui reste l’un des pays les plus rétrogrades d’Europe en matière d’avortement, autorisé seulement depuis août 2013 suite à un scandale (octobre 2012, mort de Savita Halappanavar au cours d’une fausse-couche après un refus d’avortement) dans les cas où la mère est en danger, mais pas en cas de viol ou d’inceste. Elle est à peine écornée par les scandales qui éclatent, pédophilie couverte par la hiérarchie et découverte de charniers d’enfants dont elle avait la charge, dont l’un de 800 bébés et enfants à Tuam (enfants souvent de mère célibataires, recueillis par l’Église, dénutris, objets de mauvais traitements, guère mieux que le sort réservé aux enfants qui ne naissaient pas parfaits dans les Lebensborn, voir Dans le berceau de l’ennemi de Sara Young). Point de ces scandales ici, mais une emprise insidieuse et durable de l’Église. Pas question pour le curé que d’autres que ceux qu’il a agréés enseignent à lire (quels livres?), à penser indépendamment, en respectant la liberté de conscience et de religion! Dénonciation en prêche de ceux qui fréquentent le Hall, union avec les propriétaires terriens (dont l’expulsion des fermiers pauvres est remise en cause par les progressistes), encouragement à la haine, Ken Loach montre ici toute la capacité de nuisance de l’Église! La guerre civile de 1922/1923 est à peine esquissée, c’est pourtant elle qui a entériné la partition de l’Irlande avec la partie nord qui est restée britannique. Ken Loach a choisi de montrer la vie d’un village, la campagne vallonnée, paisible s’il n’y avaient pas ces haines.

Une pomme bleue…

Cordon bleu à la lucetteDans les restes de laine offerts par Dalinele, j’ai repéré deux bleus qui se marieraient très bien pour une est tricoboule, bicolore. J’ai commencé par sortir dame lucette (offerte Pat-à-Bois) et réaliser un cordon bleu foncé (pas de commentaire! je ne mange jamais de « cordon bleu », mode de l’industrie agro-alimentaire, idéale pour recycler en comestible des déchets de viande) … Si vous découvrez la technique, plus d’informations dans le mot-clef lucette.

Une tricoboule avec deux laines bleues, modèle pomme de Sabine Divoux-GaunetPuis j’ai choisi le modèle pomme, en l’adaptant: comme cette laine est plus épaisse que celle recommandée, j’ai tricoté en 3,5 avec le nombre de points pour une boule de 8cm mais en montant sur 10cm. Au niveau de la « jointure », j’ai aussi réalisé le même point que sur le reste du rang, au lieu des 5 mailles identiques à chaque extrémité de rang (tous les 8 rangs). Du coup, on ne distingue même pas la « jointure ».

Mes onze premières tricoboulesVoilà mes onze premières tricoboules.

Les boules en plastique pour les tricoboulesPour répondre à certaines questions, voici les boules en plastique (diamètres 6, 8 et 10 cm) que je mets dans les boules et dans lesquelles je pourrai cacher de petits cadeaux… Ensuite, la tricoboule pourra être utilisée comme petite bourse, par exemple…

Le livre Tricoboule de Sabine  Divoux Gaunet, couverture et dédicaceModèle de tricoboule, de Sabine Divoux Gaunet (aux éditions DMC), dans mes achats au 7e salon Les aiguilles se mettent au vert à Nans-sous-Sainte-Anne. Voir les autres modèles réalisés: la Capucine, la Pâquerette, la Marguerite, la Rose, la Cerise, la Véronique, la clémentine (en fait hortense…), la fleur, le myosotis, une hortense

Dans le berceau de l’ennemi de Sara Young

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Couverture de Dans le berceau de l'ennemi de Sara YoungUn livre emprunté à la médiathèque, au rayon large vision, ça reste plus confortable pour moi, surtout pour un pavé!

Le livre: Dans le berceau de l’ennemi, de Sara Young, éditions Belfond, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Florence Hertz, 2009, 384 pages, ISBN 9782714444639 (lu aux éditions VDB, 2010, 611 pages).

L’histoire: 1940. Depuis quelques années, Cyrla, 19 ans, vit chez sa tante (la sœur de sa mère) à Schiedam, aux Pays-Bas. Ses parents, dont son père juif, ont réussi à l’y envoyer avant que le ghetto de Łódź ne soit bloqué. Elle partage tout avec sa cousine, Anneke. Celle-ci tombe enceinte d’un soldat allemand, son père ne peut le supporter, l’emmène pour tenter de la faire admettre dans un Lebensborn. Anneke ne le supporte pas, elle décide de se faire avorter en profitant d’un instant de solitude et succombe à son geste. La tante et Cyrla décident que celle-ci prendra la place d’Anneke, il reste quelques jours à Cyrla, encore vierge, pour tomber enceinte de son petit ami juif, Isaac, très impliqué dans la sauvegarde de sa communauté et qui commence à apprendre l’existence des camps de concentration et le sort des ghettos. Il promet à Cyrla de venir très vite la libérer et de l’évacuer en Angleterre. Sauf qu’à peine arrivée au lieu de rendez-vous, les soldats allemands la conduise au Lebensborn de Steinhöringn près de Munich.

Mon avis: les Lebensborn, créés par Himmler, usines à naissances destinées à sélectionner des bébés « purement aryens » nés pour la plupart de mères célibataires ou hors mariage de pères allemands, notamment soldats, sont rarement abordés dans l’historiographie et encore moins dans un roman. Au-delà de la substitution d’identité, des histoires d’amour, ce roman s’attache surtout à décrire ces établissements particuliers et la prise de conscience de l’existence des camps de concentration et d’extermination dans la population civile ou au moins dans certains milieux. Il aborde aussi la terrible réalité de ces bébés, abandonnés à leur naissance de gré ou de force pour être confiés, s’ils sont déclarés « aptes », à des familles d’adoption (le père soldat s’il le reconnaît), au sort indéterminé (que l’on devine plutôt exterminé) pour les autres. La situation de ces bébés après la guerre n’est pas évoquée, certains n’ont certainement jamais rien su de leur origine, les autres ont été isolés comme d’autres enfants nés d’unions furtives entre occupés et occupants (ou même libérateurs…). Un roman qui a le mérite d’aborder le sujet des Lebensborn sur un fond romanesque pas désagréable…

Pour information, il y a eu un Lebensborn en France en 1944, dans l’Oise, au manoir de la commune de Lamorlaye, le foyer de Westwald (forêt de l’ouest, en fait la forêt de Chantilly). Voir le dossier de l’Express. Le site de la commune de Lamorlaye parle de cheval, autre type de haras, mais ignore totalement ce sujet des haras humains sur sa page histoire.

Pour aller plus loin, lire aussi Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits, de Boris Thiolay, éditions Flammarion, 2012.

Un motif mahoï (3)

Broderie d'un motif Mahoï, le début du contourJ’ai cette semaine continué le motif mahoï (poursuivi ici) avec presque la moitié du contour, toujours avec le fil de soie d’Alger rouge. Bon, là, je pense que ce n’est pas terrible pour mes devoirs de vision binoculaire: une fois le motif compris, il n’y a plus besoin de regarder la grille…

D’après un motif mahoï tiré de Motifs de polynésie à broder, de Nadège Richier, paru en 2007 aux éditions Didier Carpentier, dans lequel j’ai déjà réalisé plusieurs projets (le phare de Pointe Vénus à Tahiti, la tortue pour un dessous de verre montée sur un couvercle de boîte, le motif du tiaré monté en pendouille).

Dimensions de la partie brodée: 8 sur 8,5 cm.

A la recherche de Vivian Maier de John Maloof et Charlie Siskel

Affiche de A la recherche de Vivian Maier de John Maloof et Charlie Siskel Il y a des semaines sans cinéma et d’autres avec plusieurs sorties en quelques jours. Cette semaine donc, après Boyhood de Richard Linklater et avant Jimmy’s Hall, je suis allée voir A la recherche de Vivian Maier de Charlie Siskel et John Maloof.

Le film:  en 2007 à Chicago. John Maloof achète aux enchères un carton plein de négatifs dans lequel il espère trouver des vues de Chicago pour illustrer sa thèse de doctorat. N’y ayant pas trouvé son bonheur, il laisse la caisse de côté et l’ouvre à nouveau en 2009, plonge dans les négatifs et rouleaux de pellicule. Découvrant le travail de Vivian Maier, il découvre qu’elle vient de mourir et part à la recherche des autres cartons qu’il n’avait pas acheté lors de la vente. Le voici avec 100 000 négatifs, 700 rouleaux de pellicule couleur et des films en 8 et 16 mm, mais les musées qu’il contacte refusent de l’aider. Pourtant, il sent qu’il est face à une œuvre majeure, il part à la recherche du passé de cette dame, tombe sur son garde-meuble toujours payé par l’un des enfants qu’elle avait gardé. Car si elle a abondamment photographié, elle a été nounou à Chicago, une nounou pas toujours sympa, qui gardait des tas de papiers qui vont mener John Maloof sur les traces de sa mère, à Saint-Julien-en-Champsaur dans les  Hautes-Alpes. Si elle n’a pas exposé ou fait connaître son œuvre, à la fin des années 1950 (elle avait alors une trentaine d’années), elle avait été en relation avec un photographe de son village natal…

Mon avis: Je préfère le titre anglais, Finding Vivian Maier, qui a une notion de découverte… parce que s’il recherche,  John Maloof trouve aussi des éléments, parfois contradictoires, qui vont révéler la personnalité diverse de Vivian Maier, secrète, obsessionnelle, mais une grande artiste, qui a photographié de magnifiques scènes de rue, les riches, mais surtout les pauvres, les délaissés (à découvrir sur le site créé par John Maloof), et aussi de très beaux autoportraits. Par sa ténacité, John Maloof, après avoir développé des milliers de négatifs, a réussi à organiser des expositions et publier des livres, qui permettent de financer la numérisation de ces clichés, triés, indexés, conditionnés pour une bonne conservation, sans l’aide des musées, le MomA à New-York refuse obstinément de reconnaître le travail de cette artiste méconnue, morte pauvre et sans famille. Une superbe découverte qui a transformé la vie de John Maloof et sans doute des enfants qu’elle a gardés, ou plutôt traînés dans des quartiers parfois malfamés, les promenades lui permettant de photographier encore et encore. Une quête à découvrir, comme l’œuvre ainsi révélée!

Pour aller plus loin, voir  Vivian Maier, site officiel créé par John Maloof