Archives de catégorie : Cinéma

Les films que j’ai vus au cinéma ces dernières années.

Parce que j’étais peintre de Christophe Cognet

Affiche de Parce que j'étais peintre de Christophe CognetParce que j’étais peintre, l’art rescapé des camps n’a été projeté qu’une semaine à Poitiers, le dernier jour en présence du réalisateur Christophe Cognet.

Le film (présentation officielle):

« Ce film mène une enquête inédite parmi les œuvres réalisées clandestinement dans les camps nazis. Il dialogue avec les rares artistes déportés encore vivants et avec les conservateurs de ces œuvres : des émotions qu’elles suscitent, de leur marginalisation, leurs signatures ou leur anonymat, de leur style, ainsi que de la représentation de l’horreur et de l’extermination. Surtout peut-être, il contemple longuement les dessins, croquis, lavis, peintures, conservés dans les fonds en France, en Allemagne, en Israël, en Pologne, en Tchéquie, en Belgique, en Suisse… Dans ce voyage parmi ces fragments d’images clandestines et les ruines des anciens camps, il propose une quête sensible entre visages, corps et paysages, pour questionner la notion d’oeuvre et interroger frontalement l’idée de beauté. L’enjeu en est dérangeant, mais peut-être ainsi pourrons-nous mieux nous figurer ce que furent ces camps, appréhender les possibles de l’art et éprouver ce qu’est l’honneur d’un artiste – aussi infime et fragile que soit le geste de dessiner ». 

Mon avis : Le réalisateur s’est penché sur les camps de concentration, où le dessin et la peinture étaient interdit, pas sur les camps de transit ou les ghettos, où l’activité était tolérée voire encouragée (cf. le camp de Terezin où je vous ai parlé de la musique avec L’empereur d’Atlantis). Cependant, certains de ces artistes sont d’abord passés dans les camps de transit: Yehuda Bacon est passé par Terezin avant d’être transféré à Auschwitz. Le réalisateur a mis dix ans pour mener à bien ce film, monté sans aucune musique (sauf dans les dernières minutes, avec la Mort d’un camarade sur la route de Bergen-Belsen par Léon Delarbre) mais avec des sons d’ambiance qui permettent de s’imprégner des œuvres. Les dessins ont été sélectionnés avec soin, quelques artistes survivants en  parlent avec émotion, sinon, ce sont les conservateurs qui en sont les médiateurs. Le papier vient le plus souvent du système D (emballage, intérieur de gaines). Les dessins avaient été pour la plupart soigneusement cachés (par exemple le Carnet d’Auschwitz, d’un peintre anonyme aux initiales MM, retrouvé dans des fondations), mais beaucoup ont été perdus. Dans le débat, il a souligné que si certains dessins sont des témoignages (voire des commandes, comme les portraits de tziganes de Dinah Gottliebova réalisés à la demande du Dr Mengele juste avant qu’il ne les exécute), d’autres, comme certains portraits, sont « arrangés » par le dessinateur pour que la personne représentée ne s’inquiète pas trop de son état. C’est le cas de l’ensemble de 144 portraits réalisés par Franciszek Jazwiecki à Buchenwald, Gros Rosen, Sachsenhausen et Auschwitz, et conservés au musée d’Auschwitz-BirkenauWiktor Siminski, le seul artiste à avoir représenté la chambre à gaz, ne l’a pas vue mais reconstituée sur la base de témoignages. Pour les dessins montrant l’univers concentrationnaire (Auschwitz et Birkenau, Sachsenhausen, Ravensbrück, Treblinka, etc.), la confrontation avec les lieux est discrète mais efficace. Les pochoirs (fleurs et soleil) réalisés sur ordre par un artiste inconnu dans le crématorium de Mittelbau-Dora ne peuvent qu’interroger… Quelques lectures (comme un extrait de La peinture à Dora de François Le Lionnais, un des membres fondateurs de l’Oulipo,  déporté à Buchenwald et Mittelbau-Dora, Le Tambour battant de Boris Taslitzky, déporté à Buchenwald), complètent les impressions laissées par les dessins et les vues actuelles des camps. Un film à voir absolument, s’il passe près de chez vous!

Pour aller plus loin : 

Voir l’interview de Christophe Cognet dans l’émission Mémoires Vives du 2 mars 2014 et le dossier pédagogique destiné aux enseignants de philosophie sur le site Zérodeconduite et qui est vraiment très complet (avec un séquençage du film, des pistes thématiques). Grâce à lui, j’ai pu compléter la liste des artistes cités, mentionnés ou interviewés pour les survivants, dans le noir de la salle, j’avais été incapable de prendre les noms. Il y a donc, par ordre alphabétique: Yehuda Bacon, Léon Delarbre, José FostyDinah GottliebovaFranciszek JazwieckiRoman JefimenkoMaria Hiszpanska-Neumann, un inconnu aux initiales MM, probablement dessinateur de presse (le Carnet d’Auschwitz), Zoran Music, Josef Richter, René SalmeWiktor SiminskiWalter Spitzer (qui a réalisé le monument commémoratif de la rafle du Vel’d’Hiv), Jozef Szajna, Boris TaslitzkySamuel Willenberg, Krystyna Zaorska.

Quand ma vue me le permettra avec plus de facilités, j’ajouterai des liens pour chacun d’entre eux… A moins que mes lecteurs ne puissent m’aider à compléter l’article en cherchant « le » site le plus pertinent pour chacun d’eux [merci à Grégory et à Carole!]. Je privilégie les sites officiels (d’abord ceux des musées et mémoriaux des camps, puis éventuellement ceux des artistes quand ils sont survivants ou que leur descendance a ouvert un site), j’exclus wikipédia (pages évolutives, pas toujours fiables, surtout pour des sujets où les négationnistes sévissent régulièrement) et les galeries (liens souvent non pérennes).

Voir également le dossier de la fondation de la résistance : les dessins comme forme de résistance dans les camps ou le site Learning about hococaust through art. Carole signale aussi L’art et la Shoah et Les belges à Buchewald.

Suivre aussi les liens vers les mots-clefs ci-dessous et notamment ceux sur les camps de concentration, et plus largement sur la deuxième guerre mondiale

J’ai un peu abordé le sujet à propos du monument de la résistance de La Rochelle, réalisé par Henri Gayot (1904-1981), résistant, déporté, revenu des camps avec de puissants carnets de dessins des camps de Natzweiler-Struthof dans le Bas-Rhin (voir aussi ses dessins dans l’exposition sur ce camp) puis de Dachau en Allemagne. A son retour, il a repris ses dessins et les a fait graver.

The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson

Affiche de The Grand Budapest Hotel, de Wes AndersonIl y a des semaines sans cinéma et d’autres où plusieurs films me tentent… Cette fois, je suis allée voir The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson (j’avais bien aimé son précédent film d’animation, Fantastic Mr Fox).

Le film: de nos jours, dans la république de Zubrowka en Europe centrale. Une jeune fille se recueille sur la tombe ornée d’un buste en bronze d’un auteur, avec à la main l’un de ses livres, The Grand Budapest Hotel. Retour en 1985. L’auteur, déjà vieillissant, explique que l’observation des gens et de l’environnement donne les meilleurs livres. Il raconte comment, en 1968, jeune auteur [Jude Law] de passage dans le Grand Budapest Hotel vieillissant et quasi désert, il a rencontré un monsieur déjà âgé, esseulé, Zero Moustafa [F. Murray Abraham], dont le concierge dit qu’il s’agit du propriétaire. Plongé dans un bain, ce dernier l’invite à sa table, le soir même, pour lui raconter sa vie et la grande période du palace, en 1932. Gustave H. [Ralph Fiennes] règne alors en maître comme concierge de l’établissement, répondant aux moindres désirs des clients et surtout clientes. Il accueille un nouveau groom, Zero [Tony Revolori], amoureux de l’apprentie pâtissière de l’établissement voisin. Mais voilà la guerre qui arrive, une riche cliente, la comtesse Céline Villeneuve Desgoffe und Taxis [Tilda Swinton], qui décède de l’autre côté de la frontière, il se rend sur place, elle lui a légué un tableau de prix, Le garçon à la pomme, mais très vite, le voici accusé du meurtre de la comtesse et arrêté… Quels sont les rôles de Serge X. [Mathieu Amalric], l’un des employés de l’hôtel, de Dmitri [Adrien Brody], le fils de la riche veuve? Comment Gustave va-t-il se sortir de ce vilain pas? Zero est-il vraiment le propriétaire de cet hôtel aujourd’hui décati?

Mon avis: Un film rythmé et plein d’humour! Des scènes sont très drôles, comme l’entrée des armes en prison à l’intérieur des pâtisseries, la grande fusillade à l’intérieur de l’hôtel en train d’être occupé par les nazis, la fuite du monastère sur la piste et le tremplin de saut, etc. Et pourtant, le sujet est grave, le palace passe de la splendeur à l’occupation nazie puis la décadence communiste sur fond de polar (oui, quand même, une vieille dame a été assassinée, ainsi que plusieurs autres personnes…). Avec un nombre d’acteurs majeurs dans des petits rôles qui est impressionnant. Pour les acteurs français, à côté de Mathieu Amalric (la voix française de Mr Fox dans le précédent film de Wes Anderson, Fantastic Mr Fox), on trouve aussi Léa Sédoux dans un petit rôle de domestique, Clotilde. Un film à voir pour passer un bon moment dans un univers très particulier et très travaillé par .

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Ida de Paweł Pawlikowski

Affiche de Ida de Paweł PawlikowskiC’est avec tristesse que j’ai appris hier la mort d’Alain Resnais… à quelques jours de la sortie de son dernier film.

Samedi, je suis allée voir Ida de Paweł Pawlikowski, qui passe ici seulement depuis ce mercredi, et encore, avec une séance par jour, il y avait donc foule à 18h. Les toilettes étaient toujours fermées au TAP Castille, mais plus d’immondes odeurs comme la fois précédente (Un beau dimanche de Nicole Garcia). En revanche, un spectateur au rang juste derrière moi s’est endormi dès la première demi-heure et a ronflé avec force quasiment jusqu’à la fin!

Le film: en Pologne en 1962. Alors qu’elle va prononcer ses vœux dans quatre jours, Anna [Agata Trzebuchowska], jeune orpheline élevée au couvent, est envoyée par la mère supérieure recommande à la rencontre de sa tante Wanda [Agata Kulesza], juge populaire (après avoir été procureur de la République et fait condamner à mort des ennemis du peuple dans les années 1950), qui court les aventures avec les hommes, boit et fume trop. Après avoir hésité, Wanda lui apprend qu’elle s’appelle en fait Ida, qu’elle est orpheline, issue d’une famille juive, et lui présente des photographies de ses parents et d’un petit garçon qui n’est pas son frère… Le lendemain, elle l’emmène dans son village natal. Le fils du voisin occupe la maison, le père, fervent catholique, avait caché la famille juive dans la forêt. Sait-il qui les as tués pendant la deuxième guerre mondiale? Où la famille est enterrée? La quête commence dans la ville voisine, où le père est habite. Mais il n’est pas chez lui, Ida tombera-t-elle amoureuse de Lis [Dawid Ogrodnik], un saxophoniste pris en stop sur la route? Découvrira-t-elle ce qui est arrivé à ses parents? Prononcera-t-elle ses vœux?

Mon avis: l’utilisation du noir et blanc est magnifique, la photographie splendide! Le format du film, presque carré (en fait un rapport de 1,33 entre la hauteur et la largeur), est rare aujourd’hui et mis à profit pour les cadrages, et notamment certains gros plans des visages qui sont magnifiques. J’ai beaucoup aimé ce film et surtout la dernière partie, après la scène de suicide (celle là, j’aurais préféré savoir avant qu’elle allait arriver). Sa tante lui avait dit qu’on ne pouvait goûter au renoncement des vœux monastiques que si l’on a « déjà essayé avant » l’amour avec un homme. Ira-t-elle jusqu’au bout de la démarche, croira-t-elle encore en Dieu quand elle aura découvert le comportement des bons voisins chrétiens de ses parents puis le suicide de sa tante? De son côté, pourquoi la tante boit-elle tant? Quelle blessure cache-t-elle? Doucement, les deux femmes vont apprendre à se connaître, même si ce n’est que quelques jours. Comme l’indique le générique, le film a été tourné aux alentours de Łódź, donc à proximité des camps de concentration d’Auschwitz et Birkenau.

Dans plusieurs critiques, j’ai lu que les parents étaient morts dans les camps de la mort… encore une reprise d’une erreur par des gens qui n’ont pas dû voir le film!

J’avais beaucoup aimé aussi l’interview de Paweł Pawlikowski dans Cosmopolitaine sur France Inter, où il explique pourquoi après ce film, lui l’exilé est revenu s’installer en Pologne…

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:

Les résultats des César… avec les films que j’ai vus

Affiche de Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne

Cette année, j’avais vu beaucoup des films sélectionnés et primés aux César (2014). Voici un petit récapitulatif en liens…

Grand triomphe pour Les garçons et Guillaume, à table ! de  (meilleur film, meilleur premier film, meilleur acteur pour Guillaume Gallienne, meilleure adaptation, meilleur montage pour Valérie Deseine).

Dans le reste du palmarès, j’avais vu:

Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier (meilleur acteur dans un second rôle pour Niels Arestrup,

La vie d’Adèle de Kechiche Abdellatif (meilleur espoir féminin pour Adèle Exarchopoulos),

L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie (meilleur espoir masculin pour Pierre Deladonchamps)

Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson (meilleur film documentaire)

– Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières (meilleure musique originale pour Martin Wheeler, meilleur son pour Jean-Pierre Duret, Jean Mallet et Mélissa Petitjean)

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet (meilleure photo pour Thomas Hardmeier)

Parmi les films sélectionnés et non primés, j’avais aussi vu Jimmy P. d’Arnaud Desplechin, Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay, Le passé d’Asghar Farhadi, Blue Jasmine de Woody Allen, Django Unchained de Quentin Tarantino, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, La maison de la radio de Nicolas Philibert, Grand central de Rebecca Zlotowski.

J’en ai beaucoup moins vu pour ceux qui sont sélectionnés pour les Oscar dimanche soir… 12 years a slave de Steve McQueen (qui a finalement reçu les Oscar du meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur second rôle féminin pour Lupita Nyong’o), Blue Jasmine de Woody Allen (meilleure actrice pour Cate Blanchett), Prisoners de Denis Villeneuve (pas de prix), La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino (meilleur film étranger)…

Un beau dimanche de Nicole Garcia

Affiche de Un beau dimanche de Nicole GarciaNouvelle sortie au cinéma avec Un beau dimanche de Nicole Garcia. Une séance désagréable, toilettes bouchées au Castille à Poitiers, relents d’égouts pendant tout le film…

Le film : A la veille du week-end de la Pentecôte, près de Montpellier. Baptiste [Pierre Rochefort], instituteur remplaçant, s’aperçoit que l’un de ses élèves de CM2, Mathias [Mathias Brézot], est resté sur le trottoir. Son père a oublié de venir le chercher et a programmé un week-end avec sa copine. Baptiste se propose de le garder. Le lendemain, il l’emmène à la plage, où sa mère, Sandra [Louise Bourgoin], travaille comme saisonnière dans un restaurant. Mère intermittente, elle n’a pas prévu de garder son fils… Elle propose à Baptiste de passer le week-end avec eux, en gardant Mathias et en profitant de la plage. Elle est rattrapée par une dette de 50.000€, menacée par ceux qui lui ont avancé cette somme pour ouvrir un restaurant à Saint-Barthélemy. Baptiste propose de l’aider, et pour cela, renoue avec sa riche famille qu’il n’a pas vue depuis des années… pour des raisons que vous découvrirez en allant voir le film!

Mon avis : Nicole Garcia prend le temps d’installer son film, ses personnages, sauf pour l’introduction. Je n’ai pas bien compris la toute première scène, l’évacuation d’un squatt, manque de repère, qui est concerné, on ne le sait qu’après, sans doute, mais je n’ai pas bien fixé les personnages en ce début de film (oui, ma vue est encore floue et mon cerveau parfois lent), et donc pas fait le rapprochement avec la suite, un peu frustrant. La première partie montre la vie compliquée d’un petit garçon balloté entre ses parents qui se le passent comme un fardeau. La deuxième partie, dans la riche famille de Baptiste, montre un choc des cultures et le choix de vie de ce dernier, les raisons de sa rupture, l’incompréhension qui persiste des années après et explique pourquoi il ne se fixe nulle part, préfère changer de poste de remplacement en remplacement, refusant une titularisation. Pierre Rochefort (dans le civil fils de Nicole Garcia, la réalisatrice, et de Jean Rochefort) et  (revoir mon avis sur La fille de Monaco) sont excellents dans leurs rôles respectifs.

12 years a slave, de Steeve McQueen

Affiche sur 12 years a slave, de Steeve McQueenAprès vu récemment Django Unchained de Quentin Tarantino en rattrapage dans le cadre du festival Télérama 2014, voici un nouveau film américain qui se passe à la même période (avant la guerre de Sécession) et sur l’. J’ai donc vu 12 years a slave, de Steeve McQueen (revoir mon avis sur son précédent film, Hunger), qui a reçu le Golden Globes 2014 du meilleur film et est l’un des favoris des prochains Oscars.

Avant le film, pas de publicité (cinéma art et essai), mais quelques présentations de film, suivies de l’annonce d’un événement culturel qui aura lieu le week-end prochain (à partir de ce soir, jeudi 6 février 2014) à Poitiers, le WEE (week-end électro) organisé par le confort moderne, le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, les Archives et le Météo. Je ne sais pas qui est l’agence de communication qui a fait ce clip (je n’ai pas vu la fin, j’ai fermé les yeux au bout de quelques secondes…), mais il m’a été plus que désagréable… Un fond foncé et apparition de points verts très brillants, formant des constellations (façon astronomie, le clip est visible sur la page d’accueil du site officiel du WEE). Cela a provoqué des stimulations visuelles et un bon mal de crâne, le bon point, c’est que c’est sans doute un signe que mon nerf optique gauche reste/redevient stimulable sur sa partie lésée… [PS: j’ai trouvé un copyright pour l’affiche de WEE, Michel & Michel, je suppose qu’ils sont aussi responsables du clip, mais sur leur site, consulté le 7 février 2014, on ne trouve que la version 2013 de ce WEE… nul pour une agence de comm’].

Le film: aux États-Unis, en 1841. Solomon Northup [Chiwetel Ejiofor] est violonniste et vit dans l’État de New York. Un jour, alors que sa femme est partie avec leurs deux enfants travailler un peu plus loin pour trois semaines, lui-même se voit proposer un boulot à Wahington. Au cours d’une soirée, ses compagnons le saoûlent, il est enlevé et vendu comme esclave. Déporté vers le sud, il est d’abord acheté par un propriétaire, Ford [Benedict Cumberbatch], qui l’utilise dans une exploitation forestière, où il montre son ingéniosité. Mais cela fâche l’un des responsables blancs du chantier, Tibeats [Paul Dano], ils se battent, le propriétaire le sauve mais le revend « pour lui sauver la vie », le voici dans une exploitation de canne à sucre; à nouveau revendu, il se retrouve dans une exploitation de coton, celle de Edwin Epps [], qui a fait d’une autre esclave, Patsey [Lupita Nyong’o], son objet sexuel… L’espoir de liberté, plusieurs fois déçu, viendra de Bass [Brad Pitt], un charpentier canadien abolitionniste.

Mon avis : après les critiques et les avis d’amis, je m’attendais à un film ultra-violent. Alors certes, il y a des scènes à la limite du soutenable, en particulier vers la fin, lorsque Patsey [Lupita Nyong’o] est violemment fouettée, suivie d’un très long plan rapproché sur le visage de Solomon Northup [Chiwetel Ejiofor] complètement débordé par sa situation dont il pense ne jamais sortir. Finalement, je ne l’ai pas trouvé plus violent que Hunger. J’ai bien aimé aussi dans un second rôle Paul Dano, vu récemment dans Prisoners de Denis Villeneuve. Pourtant, cette partie se termine par une longue scène très dure, Solomon pendu à un arbre, avec juste la pointe des pieds au sol dans la boue, il faut à tout prix qu’il se maintienne pour ne pas être étranglé (le maître avait choisi de le sauver de la pendaison, mais il ne « pouvait » pas non plus risquer que d’autres esclaves se rebellent, la « punition » était inévitable). Des moments plus calmes aussi, avec de belles vues dans les champs de coton, ceux de cane à sucre ou la forêt de Louisiane. Un film dur, sur un sujet douloureux, mais un film superbe!

 

Lulu femme nue, de Sólveig Anspach

Affiche de Lulu femme nue, de Sólveig AnspachAprès La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche, adaptation de Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, je suis allée voir Lulu femme nue, adaptation par Sólveig Anspach (avec Karin Viard dans le rôle titre) de la bande dessinée d’Étienne Davodeau (voir mes avis sur le tome 1 et le tome 2).

Le film : à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée. Lulu [Karin Viard] sort d’un entretien d’embauche qui s’est mal passé. A la gare, elle rate le train du retour vers Angers, décide de passer la nuit sur place. Le lendemain, sur le quai de la gare, elle s’aperçoit qu’elle a perdu son alliance, retour à l’hôtel, elle décide de rester un peu sur place, plaque mari et enfants, Morgane [Solène Rigot] et les jumeaux, rencontre Charles [Bouli Lanners], un ex-tolard surveillé par ses frères, emménage avec lui au camping quand elle ne peut plus utiliser sa carte bancaire, bloquée par le mari. Quand elle s’aperçoit que sa soeur et sa fille sont à sa recherche, elle fuit à nouveau, se retrouve aux Sables-d’Olonne, tente maladroitement de braquer Marthe [Claude Gensac], une vieille dame qui finalement la recueille chez elle…

Mon avis: j’ai bien aimé le film, finalement assez proche de la bande dessinée, même s’il y a des modifications à la marge bien sûr, à un gros détail près : dans Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, Emma racontait aux parents de Clémentine (Adèle dans La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche) le journal intime de leur fille après son décès, zappé dans le film. De même ici, Étienne Davodeau (voir mes avis sur le tome 1 et le tome 2) avait choisi de montrer la famille attendre le retour de Lulu, complètement passé sous silence dans le film de Sólveig Anspach. Bizarre, ce procédé du récit de la bande dessinée serait-il incompatible avec l’adaptation au cinéma? Revenons au film lui-même. Karine Viard incarne formidablement cette Lulu en quête d’un sens à sa vie. Elle passe à merveille de la quadragénaire effacée et soumise à son mari violent à une femme amoureuse de Charles (très bon aussi, Bouli Lanners) puis altruiste, venant en aide à Marthe et à la serveuse [Nina Meurice] maltraitée du bistrot du coin. Claude Gensac est une adorable Marthe. Un film à voir… et une bande dessinée à lire ou relire!

Pour découvrir l’auteur de la bande dessinée : voir le site d’Étienne Davodeau, que je trouve très riche…En plus de ce site, vous pouvez aller voir le blog de la série Lulu femme nue, blog devenu inactif, la série étant terminée. Il y a aussi le blog du film, suivre cet autre lien

Pour rappel, je vous ai parlé de nombreux albums d’Étienne Davodeau

de Kris et Davodeau

et de Davodeau et Joub

 

L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet

Affiche de L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre JeunetJ’ai terminé le festival Télérama 2014 avec L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, de Jean-Pierre Jeunet, classé jeune public et projeté en français au lieu de la version originale (c’est un « faux film américain » tourné en anglais au Canada et coproduit par la France et le Canada…), et en 2D et non en 3D (tant mieux, parce que la 3D, ce n’est pas possible pour moi en ce moment avec ma vue). J’avais bien aimé la présentation. Il est adapté d’un roman de Reif Larsen.

Le film: dans un ranch isolé du Montana à la fin du 20e siècle sans doute. Après la mort accidentelle de Layton, son frère jumeau [Jakob Davies] il y a un an, T.S. Spivet [Kyle Catlet], 10 ans, se réfugie dans la science et les expériences, entre son père éleveur [Callum Keith Rennie], sa mère entomologiste [Helena Bonham Carter] et sa grande sœur Gracie [Niamh Wilson] plus intéressée par les émissions de Miss que par la vie au ranch. Un jour, il reçoit un appel de G.H. Jibsen [Judy Davis], qui l’informe qu’il a remporté le prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington pour sa machine à mouvement perpétuel. Enfin, plus exactement, elle croit que c’est le père, pas ce petit garçon qui a inventé cette machine. Il décide d’aller le recevoir, part seul vers Washington, à l’autre bout des États-Unis, à bord d’un train de marchandises puis d’un gros camion…

Mon avis : l’histoire d’une famille très particulière complètement isolée dans son ranch. Tous sont affectés par la mort du jumeau, même si personne n’en parle. La mère, docteur en entomologie, se noie dans l’étude de ses insectes, le père dans l’élevage, la sœur dans ses émissions de télévision, T.S. dans ses expériences, et même le chien est perturbé, qui mange les seaux en métal. J’ai préféré cette partie dans le Montana, le trajet vers Washington est assez réussi (Spivet est accompagné par le fantôme de son frère), j’ai moins aimé la dernière partie à Washington, la remise du prix et l’émission de télévision qui suit, même si certains passages de cette partie sont assez drôles, comme l’interprétation (graphique) des faux sourires des personnes qui assistent à la remise de son prix. Un conte sans doute plus pour adolescents ou grands enfants que pour le très jeune public…

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

Django Unchained de Quentin Tarantino

Affiche de Django Unchained de Quentin TarantinoVoici la suite de ma participation au festival Télérama 2014. Initialement, j’avais prévu d’aller voir A touch of Sin de Jia Zhang Ke. Mais il était dans une salle plus loin que celle où passait Django Unchained de Quentin Tarantino (revoir mon avis sur Inglorious Basterds). Ce dernier passait une demi heure plus tôt, mais était plus long. Il avait surtout l’avantage d’être en anglais (donc plus facile à comprendre que le chinois quand ma vue m’interdit de lire les sous-titres, environ 1h30 après le début du film), d’avoir remporté le Golden Globe du meilleur scénario et d’être chaudement recommandé par Ammaria (sans blog) et Emmanuelle / le Marquoir d’Élise. Il se passe à une époque et sur un sujet très proches de 12 years a slave de , sorti ce mercredi (revoir mon avis sur Hunger).

Le film, présentation officielle:

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz [Christoph Waltz], un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django [Jamie Foxx], un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs.
Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda [Kerry Washington], sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…
Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie [Leonardo DiCaprio], ils éveillent les soupçons de Stephen [Samuel L. Jackson], un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…

Mon avis : un western comme je n’en ai pas vu depuis longtemps! Certes, il y a des scènes très violentes (un esclave fugitif qui ne voulait plus participer à des combats d’esclaves donné à dévorer par les chiens, les scènes finales, etc.), mais Quentin Tarantino revisite le style, le parodie, n’hésite pas à user des clichés du genre (grande scène devant le pub du village où il tue le sherif, recherché pour meurtre), mais aussi à montrer de grands paysages. Quand l’esclave opprimé devient lui-même le justicier, Leonardo DiCaprio un « méchant », que du bonheur!

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky

 

La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche

Affiche de La vie d'Adèle de Abdellatif KechicheJe poursuis ma participation au festival Télérama 2014 avec la Vie d’Adèle (chapitres 1 et 2) de Abdellatif Kechiche. En dépit de sa palme d’or à Cannes en 2013, j’hésitais à aller le voir parce que c’est un film très long (trop pour ma vue), et à cause des polémiques sur le non-respect du droit du travail par le réalisateur. J’avais adoré Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, dont est tiré le film.

Dans un style très différent sans doute, irais-je voir Lulu femme nue, adaptation par Sólveig Anspach (avec Karin Viard dans le rôle titre) de la bande dessinée d’Étienne Davodeau (voir mes avis sur le tome 1 et le tome 2) qui est sorti cette semaine?

Le film : de nos jours à Lille. Adèle [Adèle Exarchopoulos] est en première, intégrée dans un groupe de copines et de copains. Un jour, elle rencontre Emma [], une jeune femme aux cheveux bleus, artiste, étudiante aux beaux-arts. Commence alors entre elles une histoire d’amour, Adèle devient institutrice, Adèle est exposée dans une galerie…

Mon avis : je me suis ennuyée, au point de m’endormir au moment de la sortie dans une boîte de nuit gay (ça doit être vers la fin de la première heure). L’amie qui m’accompagnait m’a réveillée peu après… Je ne vois franchement pas l’intérêt de ces longues scènes d’amour entre filles. Dans la bande dessinée, Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, Emma était beaucoup plus humaine, moins calculatrice: Clémentine, devenue Adèle dans le film, devient bien son modèle et son amante (avec une relation plus complexe, plus houleuse aussi), mais ne semble pas « utilisée et jetée après usage » comme dans le film! Cela vient sans doute aussi de ce que Abdellatif Kechiche a choisi de passer sous silence et qui est comme le fil rouge de la bande dessinée: Emma y lit le journal intime de Clémentine, qui vient de mourir, et parle de leur relation aux parents de la jeune fille… le père qui refuse toujours son homosexualité, la mère qui accepte tant bien que mal. Dans le film, le choix a été de montrer une famille d’Emma riche (plateau de fruits de mer lors de la présentation d’Adèle) et acceptant le bonheur de leur fille, une famille d’Adèle plus modeste (des spaghetti au menu) et maintenue dans la fiction d’Emma aidant Adèle pour ses cours de philosohie. Je n’ai pas aimé non plus sa façon de tourner, les visages cadrés très serrés en particulier.

Vers la fin, ça aurait peut-être été une bonne idée de choisir une phrase moins sexiste pour la dictée (« Dans la cuisine, Maman épluche un oignon »)!

Des éléments qui apparaissent dans le film et que vous pouvez trouver sur mon blog:

Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh

– La Piscine à Roubaix : exposition Marc Chagall (et Robert Wehrlin), 2012

– Madame de Lafayette : Princesse de Clèves

– Jean-Paul Sartre  : Le Diable et le Bon Dieu, Les mots

Festival Télérama 2014:

les films que j’ai vus avant le festival

– les films que j’ai vus dans le cadre du festival

– les films que je ne verrai pas parce qu’ils ne passent pas à Poitiers

  • Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen
  • Heimat, Edgar Reitz (dommage, il me tentait bien, il est sorti au mauvais moment pour moi)
  • Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

– les films que je n’ai pas vus

  • Le Géant égoïste de Clio Barnard
  • A touch of Sin de Jia Zhang Ke
  • Snowpiercer, Le Transperceneige de Bong Joon-ho
  • La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky