Du 20 février au 13 mars 2013, Poitiers et son office de tourisme font leur publicité dans le métro parisien… Une campagne de publicité qui a coûté, d’après la presse locale, 60.000 € pour 317 affiches, surtout du côté de Montparnasse, sur 3 semaines, réalisée par l’agence MBA (qui avait réalisé il y a deux ans Poitiers l’expo!, de la propagande en faveur de cœur d’agglomération, cœur de pagaille… (je n’ai rien contre l’agence de comm’, elle répond à une commande). J’avais chargé mon frère parisien de me faire des photographies « en situation », mais il n’a pas trouvé une seule affiche en quinze jours… En allant à la journée de réflexion éthique de la MGEN à Paris mercredi dernier (sur la fin de vie, débats très intéressants, à découvrir sur ma santé et moi), je suis donc partie en exploration gare Montparnasse… N’ayant trouvé aucune affiche dans les espaces les plus fréquentés, j’ai fini par en trouver cinq (avec les trois modèles) dans le couloir allant vers Montparnasse 3, quelques passants pressés à 9h du matin, personne ne semble remarquer les affiches, seul mon appareil photo intrigue… Le concept, un personnage (un homme, une femme, un enfant) en vêtements actuel avec une tête « romane », un slogan, « Poitiers capitale romane vous invite à un tête à tête », des mots trouvés dans un vieux dictionnaire d’argot parisien (épatarouflant, épastrouillant et ébaubissant, ce dernier à rapprocher de badebet, dont je vous ai parlé il y a fort longtemps). Dans le coin inférieur droit, une offre promotionnelle TGV+hôtel+visite avec un petit visuel complémentaire, place Leclerc avec les trucs en plastique de l’été dernier devant l’hôtel de ville, spectacle de feu devant la façade de Notre-Dame-la-Grande, parvis du théâtre et auditorium. La ville se disait très fière de 200 connexions via le flash code le premier jour, cela est plus que modeste pour un lancement de grande campagne… et en plus, au début de la campagne, au moins avec Firefox, les nouvelles pages de l’office de tourisme étaient illisibles, en gris foncé sur fond noir! Cela semble réparé aujourd’hui… Au fait, j’aimerais bien que l’on me dise quel TGV permet d’aller à Paris en 1h30, avec les travaux de la SNCF depuis des mois, c’est au mieux 1h40, je pense, et il faut ajouter 10 à 15 minutes de retard récurrent.
Du côté du choix de la sculpture, l’homme vient d’un chapiteau déposé provenant probablement du quartier Saint-Hilaire (il est au musée, sa provenance et sa datation sont incertaines), publié en miroir, il est dans l’angle du chapiteau et pour avoir ces détails de profil, c’est dans l’autre sens en vrai, à voir par exemple sur la notice 50 p. 313 du catalogue l’Âge roman paru en 2011. Son contexte de découverte est incertain, mais s’il vient des Trois- Piliers (de justice) de Saint-Hilaire, alors il est plutôt du 12e siècle.
Pour les deux autres, j’ai des doutes. La tête pour la femme est indiquée « haut-relief ». J’ai cherché sur la façade de Notre-Dame-la-Grande, mais les têtes y sont presque toutes détruites (pour les représentations féminines, voir Ève, l’Annonciation, la Visitation, Marie alitée de la Nativité), cela ne peut pas être sainte Triaise ni de sainte Radegonde. Après réflexion, je pense qu’il s’agit de l’image en miroir de l’une des sages-femmes du bain de Jésus (celle de gauche), mais pourquoi avoir coupé ainsi sa coiffure???
[PS: comme me l’a fait remarquer Grégory sur Facebook, il y a tromperie sur la date… si un autel est consacré en 1086 à Notre-Dame-la-Grande, la façade se trouve alors deux travées plus à l’est, marquée par la présence d’une tourelle d’escalier. La façade que l’on voit aujourd’hui et où se trouve la frise sculptée et donc la Nativité et le bain de l’Enfant sont 30 à 40 ans plus jeunes, donc du 12e siècle…].
La tête de lion utilisée pour l’enfant, je ne vois pas de quel chapiteau du 11e siècle il peut s’agir… Je ne vois pas ce genre de tête sur un angle de chapiteau à Notre-Dame-la-Grande, Saint-Hilaire-le-Grand ou Sainte-Radegonde : sur ces chapiteaux, les lions sont représentés dans différentes positions, mais avec leur corps… En plus, je ne sais pas pourquoi, mais je ne « sens » pas cette forme sur un chapiteau. Il faudrait peut-être regarder dans le 12e siècle, 😉
[PS: Grégory a identifié ce lion… il s’agit d’un chapiteau provenant de Saint-Hialire-le-Grand, de la fin du 11e ou du début du 12e siècle, voir la notice 51 p. 314 du catalogue l’Âge roman paru en 2011].
J’espère que le rédactionnel trouvé autour de cette campagne sur le blog des communes ne vient pas de la ville de Poitiers, ils n’ont pas publié le commentaire que je leur ai envoyé la semaine dernière, pour leur dire qu’il n’y a pas d’abbaye Saint-Savin à Poitiers (c’est à plus de 40km), pas plus que de Futuroscope (à une quinzaine de kilomètres, sur une commune qui n’adhère pas à la communauté d’agglomération). Quant à « ses nombreux musées »… je vous laisse juger, le musée Rupert de Chièvres (avec le portail des Augustins) est fermé depuis des années, et les chiffres de fréquentation du musée des Beaux arts (et de la société des Antiquaires de l’ouest) ne sont pas à la hauteur d’un musée de capitale régionale… pour des raisons multiples, sans doute. Vous y serez accueilli à l’extérieur par l’art du théâtre de Jonchère…