Archives par étiquette : viol

Paroles sans papiers

pioche-en-bib.jpgCouverture de Paroles sans papiersUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Paroles sans papiers, de Lorenzo Mattotti (une femme sur la route), Gipi (le drame marocain), Frederik Peeters (Pourquoi la France), Pierre Place (Prostitution sans papiers), Alfred (Une jeunesse clandestine), Brüno (Esclavage ordinaire), Kokor (Survivre sans papier), et (Éloignement à la française), Cyril Pedrosa (Résister sans papiers),  éditions Delcourt, 2007, 59 pages plus un dossier documentaire d’une douzaine de pages, ISBN 978-2-7560-1085-4.

L’histoire : de nos jours à travers le monde, des migrants qui sont refoulés avant même de pouvoir quitter leur pays ou du Maroc (deux histoires montrent la violence de la répression dans ce pays qui n’hésite pas à tabasser les candidats au départ et à les relâcher en plein désert), des femmes candidates au départ qui sont violées, une enfant esclave moderne en banlieue, la prostitution pour survivre, une Tchétchène et ses enfants traumatisés. Neuf histoires singulières, mises en images et en récit par neuf auteurs de talent…

Mon avis : neuf destins, neuf auteurs engagés. Écrit en 2007, à la pire époque pour les Sans papiers, cet ouvrage garde toute son actualité car contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’alternance politique en France n’a rien changé pour eux… Seuls ceux qui les aident ont vu disparaître le délit d’aide aux migrants (recharger un téléphone portable, offrir le gîte et le couvert de temps à autre ou plus durablement étaient un délit), mais il est toujours aussi difficile pour des centaines de milliers de gens de vivre, à la recherche d’un lieu d’asile plus serein que leur pays d’origine devenu invivable pour des raisons politiques, économiques ou autre.

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Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel KreitzUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Je vous ai déjà parlé d’un album avec un scénario de Peer Meter mais avec une autre dessinatrice, Barbara Yelin (revoir L’empoisonneuse). De Isabel Kreitz, voir aussi L’espion de Staline.

Le livre : Haarmann, le boucher de Hanovre de Peer Meter (scénario et dialogues) et Isabel Kreitz (dessins), traduit de l’allemand par Caroline Dolmazon et Paul Derouet, collection écritures, éditions Casterman, 2011, 175 pages dont un dossier documentaire d’une dizaine de pages, ISBN 9782203038820.

L’histoire : Hanovre, 1924. L’un des canaux de la ville est curé suite à la plainte de riverains, il est plein de restes humains découpés. Dans l’Allemagne en crise après la Première Guerre Mondiale, Fritz Haarmann vend des vêtements d’occasion et de la viande à des prix défiant toute concurrence. Il est aussi indicateur de la police, notamment dans la gare de Hanovre. Mais les rumeurs courent sur son compte, il a déjà été condamné plusieurs fois pour homosexualité, de jeunes hommes entrent chez lui et n’en seraient jamais ressortis… La police qui le couvre pour ses informations finira-t-elle par lui demander des comptes et prendre en compte les plaintes des voisins?

Mon avis : un album en noir et blanc qui raconte l’histoire de Fritz Haarmann, tueur en série allemand, histoire résumée en texte à la fin de l’album, avec une liste des 24 victimes reconnues. L’album insiste sur la prédation des jeunes hommes, les viols, la découpe des cadavres, la revente de leurs vêtements et de viande (en morceaux ou transformée en charcuterie) dont il est plus que suggéré qu’il s’agit de celle des victimes. Le dessin est sombre, plein de détails sur les rues de Hanovre, la foule, l’intérieur de l’appartement de Haarmann. Un très bon polar graphique historique…

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Les salauds de Claire Denis

Affiche de Les salauds de Claire DenisCela faisait un moment que je n’étais pas allée au cinéma… Une interview entendue à la radio de  m’a décidée à aller voir le dernier film de Claire Denis (je vous ai déjà parlé de White Material), Les salauds, présenté au dernier festival de Cannes (2013) dans la sélection Un certain regard.

Le film : à Paris, de nos jours. Un homme est étendu sur la chaussée au pied de son immeuble, une jeune fille erre nue dans les rues… Marco Silvestri () reçoit un appel à bord du supertanker qu’il dirige (et abandonne…): sa sœur Sandra (Julie Bataille) l’appelle à l’aide, son mari vient de se suicider, sa fille Justine (Lola Créton) : a disparu (retrouvée avec des lacérations aux poignets et au vagin), l’entreprise en faillite, elle accuse Édouard Laporte (Michel Subor) d’être à l’origine de ce naufrage. Marco décide de louer un appartement au-dessus de chez l’amante de ce dernier, Raphaëlle (), pour assouvir sa vengeance.

Mon avis : Un film terrible, très noir et qui ne fait rien pour être sympathique. Justine, mineure, a été droguée, violée, livrée par son père à son créancier pour éponger ses dettes, sans doute avec la complicité de la mère qui est en plein déni. Une manière de filmer (abus de gros plans sombres et flous, je trouve) et une musique (des Tindersticks, avec qui Claire Denis travaille pour la plupart de ses films) qui rendent certains passages insoutenables, une fin encore plus noire que le reste du film… A voir seulement si vous avez le moral bien accroché et autre chose à faire après pour vous changer les idées à la sortie de la salle de cinéma (évitez la dernière séance!).

Mon voisin le Père Noël, de Béatrice Tillier et Philippe Bonifay

Couverture de Mon voisin le Père Noël, de Béatrice Tillier et Philippe Bonifaypioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Mon voisin le Père Noël de Philippe Bonifay (scénario) et Béatrice Tillier (dessin), éditions Casterman, 2005, 46 planches, ISBN 9782203391291.

L’histoire : à Lyon (pas nommée, mais la vue aérienne de la planche 1, avec la confluence de la Saône et du Rhône et la position des ponts sur une vignette de la planche 1 ne laissent aucun doute), de nos jours. Les commerçants enlèvent les décorations de Noël. Un vieux monsieur, monsieur Claus, gît ivre mort en bas de la cage d’escalier de son immeuble. Georges, son voisin de palier, le raccompagne chez lui. Monsieur Claus commence à raconter son histoire: il a été fait Père Noël pour faire le bien et expier une faute de jeunesse quand, jeune résistant pendant la deuxième guerre mondiale, arrêté et torturé, il a donné ses camarades qui seront fusillés alors qu’il a eu la vie sauve… Aujourd’hui, il cherche un successeur… pourquoi par Georges, qui a aussi une faute ancienne à expier… je vous laisse découvrir laquelle.

Mon avis : un conte de noël… pour adultes et pas vraiment gai sur fond de torture, de trahison, de viol, de suicide, d’exécution sommaire. Le bien (distribuer les cadeaux de Noël) peut-il racheter le mal (les fautes commises dans le passé)? Les dessins sont très détaillés, mais je n’ai pas vraiment adhéré à ce discours de « rédemption », oui, je pense qu’on peut parler de rédemption, certaines vignettes ou pleines pages jouent sur les référents des tableaux religieux classiques…

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Killer Joe de William Friedkin

Affiche du film Killer Joe de William Friedkin J’avais prévu de commencer le festival Télérama 2013 par Holy Motors de Leos Carax , mais la copie n’était pas arrivée au cinéma et ils ont projeté à la place Killer Joe de William Friedkin. Du coup, je ne verrai pas le Holy Motors de Leos Carax , trois autres projections prévues, dont deux en milieu de journée et une un soir où j’avais d’autres obligations…

Le film : de nos jours dans un coin paumé du Texas aux États-Unis. Chris (Emile Hirsch), un dealer minable, doit trouver d’urgence 6.000 dollars pour rembourser de la drogue qui lui a été volée. Son fournisseur menace de le tuer s’il n’est pas remboursé très vite. Il réussit à convaincre son père, Ansel (Thomas Haden Church), d’engager avec lui un tueur à gages (flic dans le civil) pour liquider sa mère (ex-femme d’Ansel) et empocher l’assurance-vie dont la bénéficiaire devrait être Dottie (Juno Temple), sa petite sœur de 12 ans. Killer Joe (Matthew McConaughey) accepte de n’être payé que plus tard, quand l’assurance-vie aura été payée, mais demande en « caution » la petite sœur vierge…

Mon avis : un film assez violent (interdit aux moins de 12 ans), qui finit par virer au vaudeville macabre… Je ne vois pas trop ce qu’il fait dans la sélection du festival Télérama 2013. Son seul intérêt à mes yeux, une bonne révision d’anglais, notamment pour l’argot et les gros mots!

Le festival Télérama 2013 et ses films…
Ceux que j’ai vus avant le festival et dont je vous ai parlé (pas beaucoup cette année)

Ceux que j’ai vus pendant le festival

Ceux que je ne verrai pas

  • Moonrise Kingdom de Wes Anderson
  • Margin Call de J.C. Chandor
  • Holy Motors de Leos Carax
  • Tabou de Miguel Gomes
  • The Deep Blue Sea de Terence Davies
  • Les adieux à la reine de Benoît Jacquot
  • Elena de Andreï Zviaguintsev

Les femmes du bus 678

Affiche de Les femmes du bus 678 Dimanche, milieu d’après-midi, un vent frisquet se lève, les nuages reviennent à vitesse grand V, je fuis le jardin. Cinéma en fin d’après-midi, avec Les femmes du bus 678,de Mohamed Diab. Il est inspiré d’une histoire vraie.

Le film : Le Caire, en 2008 et 2009. Fayza (Bushra Rozza), jeune femme voilée, mère de deux enfants, arrive régulièrement en retard à son travail, elle devrait prendre le bus mais ne supporte plus les mains baladeuses d’hommes qui ne prennent le bus que pour profiter de la promiscuité pour agresser impunément des femmes. Tout juste déposée par son ami devant chez sa mère, en traversant la rue, Nelly (Nahed El Sebaï) se fait accrocher par un automobiliste qui l’agresse en pleine rue. Emmenée par son mari médecin à un match de foot, Seba (Nelly Karim) est victime à la sortie du match d’une tentative de viol. Chacune finit par se révolter, leurs destins se croiser, l’une en donnant des cours gratuits d’auto-défense, la deuxième en portant plainte (la première en Égypte à vouloir aller jusqu’au bout, malgré le qu’en-dira-t-on et les pressions sociales et familiales), la troisième en passant à l’acte et en réagissant à la violence par la violence… L’inspecteur Essam va tenter de les aider à sa manière…

Mon avis : ce film s’inspire de l’histoire de Noha Rochdi, première victime d’agression à avoir été reconnue par la justice égyptienne, en 2008. Le film est sorti en 2010, avant le Printemps arabe donc. Mais la situation ne s’est pas améliorée depuis, les viols en marge des manifestations au Caire ont été nombreux… et souvent impunis. Ce film aborde la place de la femme, ou plutôt des femmes et de leur diversité, dans la société égyptienne. Quel que soit leur milieu social, toutes semblent victimes du comportement d’hommes frustrés et qui se croient tout permis… Quelques notes d’espoir quand même, malgré la pression familiale, le fiancé de Nelly finit par la soutenir dans sa lutte. L’inspecteur de police tente d’aider ces femmes: des hommes ont reçu des coups d’épingles à cheveux et de canif dans leurs parties intimes? Il les avertit qu’il n’est pas dupe et qu’ils n’étaient pas victimes de folles, mais d’un « juste » retour des choses… Aucun ne porte plainte, les femmes ne seront pas inquiétées… Ceci étant, l’évolution de la société risque de prendre du temps, les femmes continuent à être importunées dans les transports en commun, violées dans les rassemblements, en marge de manifestations ou de matchs, les poursuites restent rares, le poids de la société qui protège ces comportements reste trop lourd… Espérons que ce film aidera au moins à la prise de conscience du problème, sinon à sa résolution… A voir si vous le pouvez (distribution essentiellement en salles d’art et essai).

Du sang dans les collines, de Jean-Marie Goreau

Couverture de Du sang dans les collines, de Jean-Marie Goreau

pioche-en-bib.jpg Un livre trouvé parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.

Le livre : Du sang dans les collines de Jean-Marie Goreau, éditions du Croît Vif, 2011, 123 pages, ISBN 9782361990053.

L’histoire : au début de l’été 1996, à Maringe, un petit village du sud de la Charente près de Villebois-Lavalette. Cécile Gomeré, 17 ans, orpheline après un accident de voiture de ses parents, étudie à Angoulême et revient chaque week-end chez son grand-père, Marius, l’ancien maire du village, veuf, au hameau de Pibolier. Elle a pris l’habitude de faire un jogging en fin d’après-midi. Jusqu’à ce samedi où elle ne revient pas, elle est retrouvée peu après par les gendarmes, morte, violée dans un chemin. L’enquête piétine, le grand-père décide de la reprendre lui-même. Quand la jeune femme du maçon récemment installé dans le secteur est à son tour assassinée… Que se passe-t-il dans ce village jusqu’alors si calme?

Mon avis : Maringe n’existe pas, mais près de Villebois-Lavalette avec une église monolithe moins célèbre que celle d’Aubeterre, cela pourrait être Gurat. Bon, côté polar, je ne sais pas, c’est un livre sympathique, avec la nature (et tous les chants possibles d’oiseaux au fil des pages, de quoi réviser son vocabulaire…) et la vie assez fermée d’un village, mais je n’ai pas été tenue en haleine par l’intrigue et son dénouement trop simpliste…

Poitiers, le TAP, problèmes d’organisation et deux spectacles…

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai vu deux spectacles au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP la semaine dernière. Avant de vous en parler, je voudrais soulever quelques problèmes d’organisation. Pour cette saison 2011-2012, il y a très peu de spectacles à place numérotées, en tout cas, aucun pour les 11 spectacles que j’ai choisis. Jeudi dernier (23 novembre 2011), j’arrive à 20h pour un spectacle à 20h30. Avec des amis, nous avions prévu de prendre un pot au bar avant… mais il y avait déjà du monde qui attendait, nous avons donc préféré nous mettre dans la queue en train de se constituer, histoire d’être à une « bonne place » (au milieu d’un rang, entre E et G si possible…). Vendredi (25 novembre 2011), pour le spectacle à 19h30 (nul, voir plus bas), je suis arrivée volontairement avec ½ heure d’avance, et là aussi, il y avait déjà du monde qui attendait. Il est extrêmement désagréable de devoir arriver si tôt pour pouvoir espérer avoir une bonne place, puis attendre 15 à 20 minutes debout (pas pratique pour lire…) que les portes s’ouvrent enfin… J’espère que les places numérotées reviendront la saison prochaine…

Deuxième désagrément pour la soirée de mercredi. À 20h30, heure prévue du début du spectacle à l’auditorium, une dame vient nous annoncer que le spectacle ne commencera qu’à 20h45, car le parking du théâtre est complet (il y avait en même temps un spectacle dans la salle du théâtre, la raclette, voir plus bas, je l’ai vue le vendredi et aurais mieux fait de m’abstenir). Les rues situées un peu plus haut sont fermées pour les travaux en ville (toujours Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…), il s’agit donc de permettre à ceux qui cherchent à se garer de pouvoir rejoindre la salle. Dans la presse le lendemain, les spectateurs sont à moitié « accusés » de n’avoir pas suivi les consignes envoyées par messagerie électronique : il fallait éviter de se garer au théâtre. Le TAP a bien mon adresse de messagerie, j’ai d’ailleurs reçu un message m’annonçant une rencontre au bar du TAP le jeudi avec les acteurs de La raclette, mais je n’ai jamais reçu de message concernant le parking (même si je ne suis pas concernée, j’habite à quelques centaines de mètres et viens à pied…).

Troisième désagrément pour la soirée de mercredi. Au rang devant moi, trois places avaient été réservées, dont une pour le directeur du TAP. Pas de souci en soi, c’est assez normal qu’il assiste aux spectacles (mais bon, nous, on n’a pas le droit aux places réservées cette saison), il est arrivé accompagné d’une seule personne. Soit. Mais cette personne a été d’une impolitesse et d’un manque de savoir-être au théâtre absolument remarquable (il s’agit pourtant sans doute d’une personne de l’équipe du TAP). Il a passé son temps à parler, certes à voix basse, à l’oreille du directeur (qui n’a jamais répondu), ses incessants mouvements pour se pencher et parler et son manque d’attention sont assez inadmissibles et très dérangeants pour les personnes situées derrière lui. Si le spectacle l’ennuyait tant, il aurait au moins pu sortir à l’entracte…

Poitiers, le TAP sans lumière, photographie du 25 novembre 2011 à 19h Passons maintenant à la soirée de vendredi. Quand je suis arrivée, il y avait une panne d’électricité sur le boulevard de Verdun et sur le parvis. Cela ne m’a pas trop gênée car j’ai toujours une lampe frontale dans mon sac. Mais le parcours et notamment les escaliers sur le cheminement depuis le parking de la gare (oui, celui si peu accessible que je vous ai déjà montré…) étaient très dangereux sans lumière. En arrivant, je l’ai signalé à l’accueil, et me suis fait à moitié rabrouée : la lumière sur le parvis dépend de la ville, pas du TAP, m’a répondu d’un ton peu aimable le monsieur. Sur la photo, ma lampe frontale et le flash éclairent un peu, mais on voit quand même la nuit bien noire au-delà… À cette heure là, il ne pouvait rien faire… En sortant, la lumière fonctionnait… Combien de chutes à déplorer ? ? ? De jour, de toute façon, ce parvis pose des problèmes sur le parcours de la gare au centre-ville (voir Poitiers ville inaccessible). Et le soir, après trois ans de réclamations à la ville et au TAP (et pas seulement de ma part), la première marche de l’escalier en descendant n’est toujours pas éclairée, rendant cet escalier dangereux, je l’ai déjà rappelé dans l’article du lien précédent, à la fin de cet autre article et dans les messages électroniques que j’ai soigneusement archivés…

Venons-en aux spectacles…

Mercredi soir : l’ensemble soufi de Zanzibar Mtendeni Maulid

Le spectacle : sept chanteurs agenouillés, quatre debout derrière eux, dont deux plus âgés, portant une écharpe en plus de la tenue traditionnelle, comme le meneur de chant agenouillé sur la gauche de la scène… et deux joueurs de tambour sur la droite, dont un qui passe l’essentiel du spectacle plié en deux. Un spectacle en deux longues parties séparées par un entracte, et suivi par un long bis.

Mon avis : un spectacle d’une grande beauté, les artistes vivent leur musique et leurs mouvements… Certains gestes des mains de ces hommes m’ont rappelé ceux de danseuses indiennes dans leur grâce. Il faut néanmoins apprécier ce genre de musique, avec des passages assez répétitifs, chaque partie durant environ trois quarts d’heure. La salle était loin d’être pleine (peut-être aux deux tiers) et un certain nombre de spectateurs ne sont pas revenus après l’entracte.

Pour aller plus loin : voir un extrait sur Daily Motion.

Vendredi soir : Une raclette, par les Chiens de Navarre

Le spectacle : un couple vient d’emménager, puis pend la crémaillère avec ses voisins, avant un 31 décembre très chaud… Huit personnes autour de la table (plus ou moins selon les scènes), pour l’apéro puis la raclette. Discussion autour du monde, du travail des uns et des autres… qui finit par dégénérer.

Création collective des Chiens de Navarre dirigée par Jean-Christophe Meurisse avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent, Antoine Blesson et / ou Claire Nollez.

Mon avis : la pièce commence pas trop mal, même si les textes sont sans grand intérêt, avec un appel des spectateurs présents et beaucoup d’alcool picolé sur scène (au moins la bière, l’apéro était peut-être sans alcool, mais j’en doute). Cela se poursuit en revanche très mal : récit d’une promenade avec scène de viol d’une enfant suivi de meurtre, présenté comme un exploit d’un groupe de randonneurs, puis deux acteurs qui simulent un acte sexuel sur la table du repas… avant de terminer par une scène de partouze à poil (les acteurs sont juste protégés par un masque de personne âgée)… Une dernière scène plus soft, qui fait un peu baisser la pression dans la salle. Alors certes, comme dit alors une actrice, ils sont professionnels, c’est pour cela qu’il n’y a pas de mise en garde dans le programme… Mais quand même… Ça va trop loin, beaucoup trop loin, pour une pièce qui n’avait déjà pas grand intérêt. Quelques personnes ont réussi à sortir, et d’après les commentaires entendus, beaucoup, s’ils n’avaient pas été coincés (les rangs sont larges, pas d’allée centrale dans la salle, les sièges courent d’un bord à l’autre) en auraient fait autant, d’autres riaient très jaune, peu de vrais rires… Prévenus, certains lycées ont annulé leur réservation, des parents avec des adolescents ont semble-t-il été avertis juste avant de rentrer dans la salle (pourquoi pas dès la réservation?). Il faut du théâtre expérimental, le cadre du théâtre subventionné est là pour leur donner une chance, mais impossible ici de prendre au second degré l’apologie du viol et du meurtre d’un enfant, et si la scène de la partouze est censée avoir lieu entre adultes consentants, une des femmes hurle pourtant clairement qu’elle n’est pas d’accord… Quelle image de la femme (et de l’homme violeur tout puissant) est donnée par ce spectacle? Qu’en ont pensé les victimes de viols présentes dans la salle, sans avertissement. Sur une salle de 800 places et même si ce n’était pas complet, cela fait quand même plusieurs dizaines de victimes qui ont dû très mal vivre ces scènes, d’autant plus que 75 à 80¨% des viols en France sont commis par des personnes connues de la victime (parents, voisins, « amis »), dans des circonstances que certaines ont dû très mal revivre lors du spectacle.

En plus, cette pièce n’avait vraiment rien à voir avec la présentation de saison, où cela semblait une pièce drôle et un peu décalée. Désolée, mais le geste obscène de la carotte qui aurait dû alerter sur le programme (dixit le directeur dans le journal l’autre jour), je ne l’avais absolument pas repéré!

Pour aller plus loin : le site de la compagnie des Chiens de Navarre et un extrait du spectacle. Je n’ai pas pris le spectacle de cette compagnie dans la saison 2012-2013.

 

En chemin elle rencontre… BD contre la violence faite aux femmes

Achats au festival de la BD d'Angoulême en 2011 Logo BD for WomenDans la bulle des indépendants, lors du dernier festival de la bande dessinée d’Angoulême (janvier 2011), j’avais acheté ce volume, dédicacé par Marie Moinard, éditrice du volume et dont la terrible histoire est mise en scénario et en dessins (respectivement par Eric Corbeyran et Damien Vanders) dans le dernier récit.

Le livre : En chemin elle rencontre… les artistes se mobilisent contre la violence faite aux femmes (collectif), voir en fin d’article), édité par Des ronds dans l’O et Amnesty International, 2009, 96 pages, ISBN : 978-2-917237-06-9 (un second volume est paru en février 2011, après le festival d’Angoulême).

L’histoire : des histoires tragiques de femmes, mariages forcés, viols conjugaux, viols comme arme de guerre, excisions, prostitution forcée, violence conjugale, etc.

Mon avis : des récits très forts, entrecoupés d’extraits de textes légaux, de numéros d’urgence… pour que les victimes osent enfin porter plainte, que les témoins arrêtent de fermer les yeux. Un volume que chacun devrait lire…

Retrouvez tous les auteurs du volume (les liens sont ceux proposés par l’éditeur Des ronds dans l’O …) : Adeline Blondieau / Isabelle Bauthian / Philippe Caza / Daphné Collignon / Eric Corbeyran / Carine De Brab / Lucien De Gieter / Didjé / Renaud Dillies / Christian Durieux / René Follet / André Geerts / Fred Jannin / Kness / Kris / Kroll / Denis Lapière / Emmanuel Lepage / Magda / Malik / Charles Masson / Alain Maury / Marie Moinard / Rebecca Morse / Nicoby / Jeanne Puchol / Guy Raives / Sergio Salma / Aude Samama / Séraphine / Bernard Swysen / Turk / Damien Vanders / Philippe Xavier

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Poetry de Lee Chang-dong

Affiche de Poetry de Lee Chang-dong Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec Poetry de Lee Chang-dong, qui avait reçu le prix du scénario à Cannes en 2010.

Le film : Dans une petite ville de la province du Gyeonggi, pas très loin de Séoul, de nos jours. Une collégienne s’est suicidée en se jetant d’un pont dans le fleuve Han. Cette jeune fille était élève dans la même classe que le petit-fils de Mija, 65 ans, une mamie un peu excentrique, qui soigne son apparence (une belle collection de robes à fleurs et de chapeaux…), mais doit travailler comme aide-ménagère d’un vieux monsieur qui a eu une attaque cérébrale pour réussir à vivre… Sur le parking de la clinique où elle vient de consulter pour un mal à l’épaule et des trous de mémoire (qui s’avéreront être un début de maladie d’Alzheimer), elle croise l’ambulance qui a amené le corps de la collégienne et sa mère en pleine détresse… À l’arrêt de bus, elle a vu une petite annonce pour des cours de poésie à la maison de la culture, elle décide de s’y inscrire et reçoit comme exercice d’écrire, pour la première fois de sa vie, un poème. Elle assiste aussi à des lectures de poésie dans une sorte de café-poésie… Mais voilà, au milieu de cette harmonie, son petit-fils lui mène la vie rude, vautré devant la télé ou derrière son ordinateur, exigeant pour les repas, recevant très tard une bande de copains. Et voilà qu’elle reçoit la visite du père d’un de ces copains… Dans son journal intime, la collégienne dénonce les viols depuis des mois par six de ses camarades. Les cinq autres pères ont décidé d’acheter le silence de la mère en lui proposant 30 millions de wons (soit 21 000 euros, d’après ce que j’ai lu sur certains sites) pour la convaincre de ne pas porter plainte, avec la complicité du directeur du collège. Comment Mija trouvera-t-elle 5 millions de wons ? Et au fait, où est passée sa fille, mère du garçon coupable à laquelle elle n’annonce même pas le comportement de son fils ?

Mon avis : Je n’étais pas allée voir ce film lors de sa sortie, même s’il avait une bonne critique et reçu le prix du scénario lors du dernier festival de Cannes, j’avais peur que ce soit un film trop dur (les films de Corée du Sud le sont parfois…). Le vrai choc entre le sordide de la situation et Mija qui part en rêveries poétiques quand la réalité semble trop difficile à supporter. Cette grand-mère est vraiment bien sympathique avec ses « belles » tenues, la maladie d’Alzheimer débutante est abordée avec pudeur. Mais que dire de la place des enfants et la relation des parents face à leur enfant roi en Corée, prêts à acheter le silence du proviseur et de la mère de la victime et pourquoi pas la police plutôt qu’à faire comprendre à leurs fils la gravité des faits qu’ils ont commis, pour ne pas compromettre leur avenir… Un très beau film, plein de poésie dans la tragédie…

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :