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Pyongyang de Guy Delisle

Dans le contexte international actuel, je vous conseille la lecture de cette bande dessinée et remets à la une cet article du 15 janvier 2010.

Couverture de Pyongyang de Guy Delisle pioche-en-bib.jpgJe lis dans le désordre les chroniques de Guy Delisle… Après avoir lu les Chroniques birmanes, c’est Pyongyang que j’ai trouvé à la médiathèque. Il me reste à lire Shenzhen. [Depuis, j’ai aussi lu Chroniques de Jérusalem].

Le livre : Pyongyang, de Guy Delisle, L’association, 176 pages, 2003, ISBN 978-2-84414-113-7 .

L’histoire : Guy Delisle se retrouve pour deux mois en Corée du Nord, à Pyongyang, où il va relayer une animatrice (de dessins animés). Il s’agit pour eux de contrôler l’animation des dessins animés qui coulent par dizaines chaque semaine dans le tuyau cathodique pour la paix des parents. Ils vérifient le rythme, que les dessins correspondent à ce qui est demandé. Voilà la partie professionnelle. Côté vie tout court, les étrangers sont regroupés dans trois hôtels, froids et avec de l’électricité seulement à certains étages. Pas question de sortir sans être accompagné d’un guide et d’un interprète, pas question de refuser les visites des monuments à la gloire des dirigeants. Mais il y a quand même la fête des expatriés des ONG chaque vendredi, une salle de billard, l’auteur qui refuse de prendre le minibus mis à sa disposition et qui souhaite rentrer à pied, au grand damne de son guide.

Mon avis : je ne savais vraiment pas que « la plus grande chaîne française » sous-traitait la production de ses dessins animés même plus en Chine (voir Shenzhen), mais dans un pays où c’est encore moins cher, la Corée du Nord. Comme dans les chroniques birmanes, l’attitude des expatriés et des humanitaires face à un pouvoir totalitaire est montré sans complaisance. Vraiment, un reportage illustré très instructif, et comme j’aime bien ce graphisme en noir et blanc, c’est encore mieux !

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Couleur de peau: miel, tome 3, de Jung

pioche-en-bib.jpgCouverture de Couleur de peau, miel, tome 3, de JungAprès le tome 1 et le tome 2 puis l’adaptation au cinéma de Couleur de peau miel de Jung, j’ai emprunté le tome 3, qui est sorti il y a quelques mois, à la médiathèque.

Le livre : Couleur de peau : miel, tome 3 de Jung (scénario et dessin), Collection : Astrolabe, éditions Quadrants (Soleil), 2013, 142 planches noir et blanc, 978-2-302-03657-4 [les tois tomes existent aussi désormais en coffret].

L’histoire : en 2011 en Corée. Jung, accompagné de l’équipe qui réalise l’adaptation au cinéma de son histoire, repart sur les traces de son passé. Pour la première fois, il retourne en Corée et va essayer d’accéder à son dossier et à davantage d’informations sur ses parents naturels, revenant régulièrement sur son passé, dans ses souvenirs.

Mon avis : j’ai été plutôt déçue par ce dernier tome. Il est, je trouve, trop redondant par rapport à l’adaptation au cinéma et au tome 1 et au tome 2 (je vous invite vraiment à lire ou relire ces deux premiers tomes), avec des répétitions comme l’histoire de l’ulcère provoqué par un excès de tabasco. Certes, le dessin est toujours incisif, mais il n’approfondit pas la question de savoir s’il est « asiatique en Belgique » (successivement, au gré des vagues de touristes, Japonais, Chinois, etc.) ou étranger en Corée. De même, je trouve qu’il aborde de manière trop superficielle la question pourtant centrale de la quête de l’identité et surtout du mal-être qui a conduit nombre d’enfants adoptés, devenus adolescents ou adultes, à se suicider, ni sur la mort de sa soeur adoptive et elle aussi venue de Corée (accident? suicide?). Voir aussi l’avis de Audouchoc.

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Couleur de peau miel, le film

Affiche du film couleur de peau miel J’avais beaucoup aimé les deux tomes de la bande dessinée (revoir mes avis sur le tome 1 et le tome 2 puis le tome 3 après le film), je ne pouvais pas rater le film d’animation (coupé par des images du premier voyage de Jung en Corée et des images amateur de sa famille d’adoption), surtout qu’il y avait une séance spéciale au théâtre de Poitiers en présence de Jung et du réalisateur Laurent Boileau, séance organisée avec la librairie spécialisée en bandes dessinées, Bulles d’encre, l’association enfance et famille d’adoption 86 et Poitou-Charentes Cinéma.Le film a reçu le prix du public et le prix de l’Unicef au festival du film d’animation d’Annecy en 2012.

Le film : (reprise du résumé que j’avais rédigé pour la bande dessinée): 2007, en Belgique. Jung décide de partir à la recherche de ses origines. Retour en arrière, à Séoul, à la fin des années 1960, donc bien après la séparation des deux Corées. Jun Jung-sik, 5 ans, erre dans les rues, chaparde pour vivre quand un policier l’attrape et l’emmène au Holt, un grand orphelinat américain où il va rester que 2 mois, matricule 8015, couleur de peau : miel. Les enfants semblent tous trouver très vite des parents d’adoption et se dispersent aux quatre coin du monde. Jung arrive dans une famille belge, où il y a déjà quatre enfants. Une éducation sévère, une mère qui ne semble pas l’aimer, les jeux avec ses frère et sœurs, l’arrivée à l’école, les copains, les bêtises, toute une enfance avec en arrière plan l’image de cette mère qui l’a abandonnée…

Mon avis : j’ai trouvé le film beaucoup plus apaisé que la bande dessinée. C’est peut-être l’effet de la voix off, écrite par Jung à la première personne et dite par un acteur. Certes, la mère adoptive reste un personnage complexe, qui a du mal à exprimer son amour, mais c’est la même chose avec ses quatre autres enfants naturels, peut-être moins avec la petite dernière, également adoptée en Corée, il ne faut pas oublier que la Corée du Sud a envoyé à l’adoption internationale 200.000 enfants. La vie à l’orphelinat et sa découverte errant dans les rues me semblent évoqués plus rapidement que dans la bande dessinée, mais il y a ici aussi le retour et la confrontation à un dossier quasiment vide à l’orphelinat, rien n’est même sûr, ni le nom, ni la date de naissance… Les bêtises de l’enfance, la recherche de l’identité pendant l’adolescence, le refuge dans le dessin sont bien rendus (mais il n’y a pas le voyage au Japon qui était dans la bande dessinée, ni le cancer de Valérie, sa sœur adoptée…). Un film à voir absolument, et deux albums à (re)lire, en attendant le troisième tome annoncé pour l’année prochaine.

Le puits de mon âme de CHOI In-Seok

Couverture de Le puits de mon âme de Choi In Seok pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi une sélection de livres en bout de rayons.

Le livre : Le puits de mon âme de CHOI In-Seok, traduit du coréen par Ko Kwang-dan et Éric Bidet, collection Regards croisés, éditions de l’Aube, 2007, 200 pages, ISBN 978-2-7526-0232-9.

L’histoire : trois nouvelles d’une soixantaine de pages. Le rivage du monde se passe à la campagne, vers 1990. Un couple, Chae-yeong et Yeong-su, se marie en grande pompe quand surviennent deux amis d’université de l’époux, Han Cheol-gyu et Li Gyeong-man. Ils ne se sont pas vus depuis huit ans et l’université. A l’issue de la soirée, au lieu de faire le voyage de noces prévu de longue date, Chae-yeong suit ses anciens amis, au grand désespoir de sa femme, surtout que cela tourne à la beuverie dans une chambre salle… Quel lien unit ces trois hommes?

Sous le pont du monde se passe dans une salle d’attente déserte où deux hommes attendent en buvant de l’alcool un bus qui n’arrive pas. D’un côté, un homme qui recherche l’homme qui l’a aidé après la mort de ses parents, grâce à qui il a pu aller à l’université, mais qui ensuite a fait 15 ans de prison pour espionnage. De l’autre, un soldat qui doute. Témoin de Jéhova, objecteur de conscience, il a été malmené physiquement et psychologiquement jusqu’à ce qu’il accepte de porter une arme et de devenir lui-même instructeur… Jusqu’au jour où s’est à son tour de soumettre un témoin de Jéhova par les mêmes méthodes…

Le puits de mon âme se passe dans une prison, huit hommes dans une cellule recréent une micro-société, travaux forcés à l’extérieur de la prison, trafics en tout genre et homosexualité (interdite et potentiellement sévèrement réprimée) à l’intérieur de la cellule.

Mon avis : j’ai moins aimé la troisième nouvelle, mais toutes les trois montrent une société coréenne (du Sud) marquée par la guerre avec le Nord, sans qu’elle soit vraiment mentionnée, la chasse aux dissidents (même pour quelques tracts) qui justifie la torture, la guerre qui justifie également la brutalité bestiale pour soumettre les objecteurs de conscience, quitte à ce qu’ils en meurent, une société qui se recrée en prison… jusqu’à pousser un des co-détenus au suicide. Une découverte surprenante pour moi, loin de l’image d’une Corée où la technologie triomphe, les enfants sont soumis à une forte pression pour réussir leurs études, tout en se défoulant aux jeux vidéos (cf. un reportage sur France 2 en ce début d’année 2011)… Certes, ces nouvelles se passent plutôt il y a une vingtaine d’années, mais quel décalage!

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Corée-du-Nord.

Poetry de Lee Chang-dong

Affiche de Poetry de Lee Chang-dong Je poursuis les comptes rendus du festival Télérama avec Poetry de Lee Chang-dong, qui avait reçu le prix du scénario à Cannes en 2010.

Le film : Dans une petite ville de la province du Gyeonggi, pas très loin de Séoul, de nos jours. Une collégienne s’est suicidée en se jetant d’un pont dans le fleuve Han. Cette jeune fille était élève dans la même classe que le petit-fils de Mija, 65 ans, une mamie un peu excentrique, qui soigne son apparence (une belle collection de robes à fleurs et de chapeaux…), mais doit travailler comme aide-ménagère d’un vieux monsieur qui a eu une attaque cérébrale pour réussir à vivre… Sur le parking de la clinique où elle vient de consulter pour un mal à l’épaule et des trous de mémoire (qui s’avéreront être un début de maladie d’Alzheimer), elle croise l’ambulance qui a amené le corps de la collégienne et sa mère en pleine détresse… À l’arrêt de bus, elle a vu une petite annonce pour des cours de poésie à la maison de la culture, elle décide de s’y inscrire et reçoit comme exercice d’écrire, pour la première fois de sa vie, un poème. Elle assiste aussi à des lectures de poésie dans une sorte de café-poésie… Mais voilà, au milieu de cette harmonie, son petit-fils lui mène la vie rude, vautré devant la télé ou derrière son ordinateur, exigeant pour les repas, recevant très tard une bande de copains. Et voilà qu’elle reçoit la visite du père d’un de ces copains… Dans son journal intime, la collégienne dénonce les viols depuis des mois par six de ses camarades. Les cinq autres pères ont décidé d’acheter le silence de la mère en lui proposant 30 millions de wons (soit 21 000 euros, d’après ce que j’ai lu sur certains sites) pour la convaincre de ne pas porter plainte, avec la complicité du directeur du collège. Comment Mija trouvera-t-elle 5 millions de wons ? Et au fait, où est passée sa fille, mère du garçon coupable à laquelle elle n’annonce même pas le comportement de son fils ?

Mon avis : Je n’étais pas allée voir ce film lors de sa sortie, même s’il avait une bonne critique et reçu le prix du scénario lors du dernier festival de Cannes, j’avais peur que ce soit un film trop dur (les films de Corée du Sud le sont parfois…). Le vrai choc entre le sordide de la situation et Mija qui part en rêveries poétiques quand la réalité semble trop difficile à supporter. Cette grand-mère est vraiment bien sympathique avec ses « belles » tenues, la maladie d’Alzheimer débutante est abordée avec pudeur. Mais que dire de la place des enfants et la relation des parents face à leur enfant roi en Corée, prêts à acheter le silence du proviseur et de la mère de la victime et pourquoi pas la police plutôt qu’à faire comprendre à leurs fils la gravité des faits qu’ils ont commis, pour ne pas compromettre leur avenir… Un très beau film, plein de poésie dans la tragédie…

La liste des films de la sélection 2011 du festival Télérama que j’ai vus :

Couleur de peau : miel (tome 2) de Jung

Couverture de Couleur de peau meil, tome 2, de Yung pioche-en-bib.jpgJe poursuis ce titre qui figure depuis le début au TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible et qui avait plu aussi à Theoma. Je l’ai emprunté à la médiathèque. Vous pouvez relire mon avis sur le tome 1… ainsi maintenant que celui de l’adaptation au cinéma puis le tome 3.

Le livre : Couleur de peau : miel, tome 2 de Jung (scénario et dessin), Collection : Astrolabe, éditions Quadrant (Soleil), 2008, 144 planches noir et blanc (plus, en fin de volume, 4 pages de Biographie sur Jung et 2 d’éditorial de Quadrants), 978-2-302-00092-6.

L’histoire : 1980, en Belgique. Jung a maintenant 14 ans et une petite sœur aussi adoptée en Corée (sans compter les quatre premiers enfants de ses parents adoptifs), Valérie. Mais quelques années plus tard, elle est atteinte d’un cancer du rein, on voit sa tombe, puis, beaucoup plus loin, Jung dit que sa sœur est morte dans un accident de voiture louche (suicide comme beaucoup d’autres enfants coréens adoptés?). En attendant, les relations de Jung et de sa mère adoptive sont complexes. L’adolescence n’est pas facile, il refuse de parler à table. Découverte de la sexualité, du dessin… et le choc. Il les montre à de nouveaux amis coréens… qui y reconnaissent la Corée qu’il pensait avoir oubliée.

Mon avis : Jung adolescent ne se sent plus coréen et pas tout à fait belge… Ses dessins sont un refuge important, il apprend tout sur le Japon pour participer à un concours… qu’il va gagner haut la main! Aller au Japon, ça le rapproche de sa Corée natale. Les relations complexes avec ses parents adoptifs et notamment avec sa mère sont très bien abordées, notamment quand il tombe malade. Je ne pensais pas qu’il y avait un tel mal-être des enfants adoptés, notamment coréens, qui se traduit par une surmortalité par suicides, accidents, conduites à risques. Le dessin en noir et blanc me plaît beaucoup, je suis contente d’avoir lu ces deux tomes.

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Couleur de peau : miel (tome 1) de Jung

Couverture de Couleur de peau meil, tome 1, de Yung pioche-en-bib.jpgDepuis le début de ma participation au TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible, ce titre figure en tête de classement, mais c’est finalement un avis de Theoma. Je l’ai emprunté à la médiathèque. Si vous voulez mon avis sur la suite, il suffit de suivre le lien… ainsi maintenant que pour l’adaptation au cinéma puis le tome 3.

Le livre : Couleur de peau : miel, tome 1 de Jung (scénario et dessin), Collection : Astrolabe, éditions Quadrant (Soleil), 2007, 144 planches noir et blanc (plus, en fin de volume, 5 pages de biographie sur Jung et 3 d’éditorial de Quadrants), 978-2-84946-950-7.

L’histoire : 2007, en Belgique. Jung décide de partir à la recherche de ses origines. Retour en arrière, à Séoul, à la fin des années 1960, donc bien après la séparation des deux Corée. Jun Jung-sik, 5 ans, erre dans les rues, chaparde pour vivre quand un policier l’attrape et l’emmène au Holt, un grand orphelinat américain où il va rester que 2 mois, matricule 8015, couleur de peau : miel. Les enfants semblent tous trouver très vite des parents d’adoption et se dispersent aux quatre coin du monde. Jung arrive dans une famille belge, où il y a déjà quatre enfants. Une éducation sévère, une mère qui ne semble pas l’aimer, les jeux avec ses frère et sœurs, l’arrivée à l’école, les copains, les bêtises, toute une enfance avec en arrière plan l’image de cette mère qui l’a abandonnée…

Mon avis : Jung raconte avec beaucoup d’humour sa vie en Corée, l’orphelinat, le déracinement, l’arrivée en Belgique dans une famille déjà constituée. Pas vraiment aimé par ses parents et notamment sa mère, mais il fait quand même toutes les bêtises des enfants de son âge, fui les autres enfants adoptés… Car si la Corée du Sud est aujourd’hui un pays riche (ce qui ne devait pas être le cas à la fin de la guerre de Corée), elle fut et reste un pays où l’on abandonne énormément d’enfants, d’après ce qui est dit dans la postface. Une belle réflexion sur l’adoption, le sentiment d’abandon, la double identité. J’ai hâte de lire le deuxième tome (PS: vous pouvez maintenant découvrir mon avis sur le tome 2).

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