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Poitiers, le TAP, problèmes d’organisation et deux spectacles…

Poitiers, le théâtre et auditorium,12, vu depuis la grande passerelle J’ai vu deux spectacles au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP la semaine dernière. Avant de vous en parler, je voudrais soulever quelques problèmes d’organisation. Pour cette saison 2011-2012, il y a très peu de spectacles à place numérotées, en tout cas, aucun pour les 11 spectacles que j’ai choisis. Jeudi dernier (23 novembre 2011), j’arrive à 20h pour un spectacle à 20h30. Avec des amis, nous avions prévu de prendre un pot au bar avant… mais il y avait déjà du monde qui attendait, nous avons donc préféré nous mettre dans la queue en train de se constituer, histoire d’être à une « bonne place » (au milieu d’un rang, entre E et G si possible…). Vendredi (25 novembre 2011), pour le spectacle à 19h30 (nul, voir plus bas), je suis arrivée volontairement avec ½ heure d’avance, et là aussi, il y avait déjà du monde qui attendait. Il est extrêmement désagréable de devoir arriver si tôt pour pouvoir espérer avoir une bonne place, puis attendre 15 à 20 minutes debout (pas pratique pour lire…) que les portes s’ouvrent enfin… J’espère que les places numérotées reviendront la saison prochaine…

Deuxième désagrément pour la soirée de mercredi. À 20h30, heure prévue du début du spectacle à l’auditorium, une dame vient nous annoncer que le spectacle ne commencera qu’à 20h45, car le parking du théâtre est complet (il y avait en même temps un spectacle dans la salle du théâtre, la raclette, voir plus bas, je l’ai vue le vendredi et aurais mieux fait de m’abstenir). Les rues situées un peu plus haut sont fermées pour les travaux en ville (toujours Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…), il s’agit donc de permettre à ceux qui cherchent à se garer de pouvoir rejoindre la salle. Dans la presse le lendemain, les spectateurs sont à moitié « accusés » de n’avoir pas suivi les consignes envoyées par messagerie électronique : il fallait éviter de se garer au théâtre. Le TAP a bien mon adresse de messagerie, j’ai d’ailleurs reçu un message m’annonçant une rencontre au bar du TAP le jeudi avec les acteurs de La raclette, mais je n’ai jamais reçu de message concernant le parking (même si je ne suis pas concernée, j’habite à quelques centaines de mètres et viens à pied…).

Troisième désagrément pour la soirée de mercredi. Au rang devant moi, trois places avaient été réservées, dont une pour le directeur du TAP. Pas de souci en soi, c’est assez normal qu’il assiste aux spectacles (mais bon, nous, on n’a pas le droit aux places réservées cette saison), il est arrivé accompagné d’une seule personne. Soit. Mais cette personne a été d’une impolitesse et d’un manque de savoir-être au théâtre absolument remarquable (il s’agit pourtant sans doute d’une personne de l’équipe du TAP). Il a passé son temps à parler, certes à voix basse, à l’oreille du directeur (qui n’a jamais répondu), ses incessants mouvements pour se pencher et parler et son manque d’attention sont assez inadmissibles et très dérangeants pour les personnes situées derrière lui. Si le spectacle l’ennuyait tant, il aurait au moins pu sortir à l’entracte…

Poitiers, le TAP sans lumière, photographie du 25 novembre 2011 à 19h Passons maintenant à la soirée de vendredi. Quand je suis arrivée, il y avait une panne d’électricité sur le boulevard de Verdun et sur le parvis. Cela ne m’a pas trop gênée car j’ai toujours une lampe frontale dans mon sac. Mais le parcours et notamment les escaliers sur le cheminement depuis le parking de la gare (oui, celui si peu accessible que je vous ai déjà montré…) étaient très dangereux sans lumière. En arrivant, je l’ai signalé à l’accueil, et me suis fait à moitié rabrouée : la lumière sur le parvis dépend de la ville, pas du TAP, m’a répondu d’un ton peu aimable le monsieur. Sur la photo, ma lampe frontale et le flash éclairent un peu, mais on voit quand même la nuit bien noire au-delà… À cette heure là, il ne pouvait rien faire… En sortant, la lumière fonctionnait… Combien de chutes à déplorer ? ? ? De jour, de toute façon, ce parvis pose des problèmes sur le parcours de la gare au centre-ville (voir Poitiers ville inaccessible). Et le soir, après trois ans de réclamations à la ville et au TAP (et pas seulement de ma part), la première marche de l’escalier en descendant n’est toujours pas éclairée, rendant cet escalier dangereux, je l’ai déjà rappelé dans l’article du lien précédent, à la fin de cet autre article et dans les messages électroniques que j’ai soigneusement archivés…

Venons-en aux spectacles…

Mercredi soir : l’ensemble soufi de Zanzibar Mtendeni Maulid

Le spectacle : sept chanteurs agenouillés, quatre debout derrière eux, dont deux plus âgés, portant une écharpe en plus de la tenue traditionnelle, comme le meneur de chant agenouillé sur la gauche de la scène… et deux joueurs de tambour sur la droite, dont un qui passe l’essentiel du spectacle plié en deux. Un spectacle en deux longues parties séparées par un entracte, et suivi par un long bis.

Mon avis : un spectacle d’une grande beauté, les artistes vivent leur musique et leurs mouvements… Certains gestes des mains de ces hommes m’ont rappelé ceux de danseuses indiennes dans leur grâce. Il faut néanmoins apprécier ce genre de musique, avec des passages assez répétitifs, chaque partie durant environ trois quarts d’heure. La salle était loin d’être pleine (peut-être aux deux tiers) et un certain nombre de spectateurs ne sont pas revenus après l’entracte.

Pour aller plus loin : voir un extrait sur Daily Motion.

Vendredi soir : Une raclette, par les Chiens de Navarre

Le spectacle : un couple vient d’emménager, puis pend la crémaillère avec ses voisins, avant un 31 décembre très chaud… Huit personnes autour de la table (plus ou moins selon les scènes), pour l’apéro puis la raclette. Discussion autour du monde, du travail des uns et des autres… qui finit par dégénérer.

Création collective des Chiens de Navarre dirigée par Jean-Christophe Meurisse avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent, Antoine Blesson et / ou Claire Nollez.

Mon avis : la pièce commence pas trop mal, même si les textes sont sans grand intérêt, avec un appel des spectateurs présents et beaucoup d’alcool picolé sur scène (au moins la bière, l’apéro était peut-être sans alcool, mais j’en doute). Cela se poursuit en revanche très mal : récit d’une promenade avec scène de viol d’une enfant suivi de meurtre, présenté comme un exploit d’un groupe de randonneurs, puis deux acteurs qui simulent un acte sexuel sur la table du repas… avant de terminer par une scène de partouze à poil (les acteurs sont juste protégés par un masque de personne âgée)… Une dernière scène plus soft, qui fait un peu baisser la pression dans la salle. Alors certes, comme dit alors une actrice, ils sont professionnels, c’est pour cela qu’il n’y a pas de mise en garde dans le programme… Mais quand même… Ça va trop loin, beaucoup trop loin, pour une pièce qui n’avait déjà pas grand intérêt. Quelques personnes ont réussi à sortir, et d’après les commentaires entendus, beaucoup, s’ils n’avaient pas été coincés (les rangs sont larges, pas d’allée centrale dans la salle, les sièges courent d’un bord à l’autre) en auraient fait autant, d’autres riaient très jaune, peu de vrais rires… Prévenus, certains lycées ont annulé leur réservation, des parents avec des adolescents ont semble-t-il été avertis juste avant de rentrer dans la salle (pourquoi pas dès la réservation?). Il faut du théâtre expérimental, le cadre du théâtre subventionné est là pour leur donner une chance, mais impossible ici de prendre au second degré l’apologie du viol et du meurtre d’un enfant, et si la scène de la partouze est censée avoir lieu entre adultes consentants, une des femmes hurle pourtant clairement qu’elle n’est pas d’accord… Quelle image de la femme (et de l’homme violeur tout puissant) est donnée par ce spectacle? Qu’en ont pensé les victimes de viols présentes dans la salle, sans avertissement. Sur une salle de 800 places et même si ce n’était pas complet, cela fait quand même plusieurs dizaines de victimes qui ont dû très mal vivre ces scènes, d’autant plus que 75 à 80¨% des viols en France sont commis par des personnes connues de la victime (parents, voisins, « amis »), dans des circonstances que certaines ont dû très mal revivre lors du spectacle.

En plus, cette pièce n’avait vraiment rien à voir avec la présentation de saison, où cela semblait une pièce drôle et un peu décalée. Désolée, mais le geste obscène de la carotte qui aurait dû alerter sur le programme (dixit le directeur dans le journal l’autre jour), je ne l’avais absolument pas repéré!

Pour aller plus loin : le site de la compagnie des Chiens de Navarre et un extrait du spectacle. Je n’ai pas pris le spectacle de cette compagnie dans la saison 2012-2013.