J’avais initialement prévu pour aujourd’hui un article sur les problèmes d’accessibilité qui perdurent à Poitiers, mais l’inauguration d’hier m’a fait changer d’avis… quoique! La cour du musée et le musée Sainte-Croix à Poitiers restent complètement inaccessibles aux personnes à mobilité réduite avec les marches, les pavés,etc. Je dois néanmoins souligner le gros effort fait dans la nouvelle exposition Rainer Gross: contrairement à l’exposition La licorne et le bézoard, cette fois, les difficultés visuelles des visiteurs ont été prises en compte! La salle d’exposition est claire, les textes écrits en noir sur blanc et assez gros, et le visiteur peut emporter un document avec le texte des cartels soit écrit en petit (bon pour l’environnement), soit écrit en plus gros (parfait pour ceux qui ont des problèmes de vue)! Merci beaucoup à Rainer Gross, artiste allemand résident en Belgique et qui a partagé sa passion dans un français parfait (il est aussi traducteur auprès des instances européennes, au passage, n’oubliez pas de voter!).
Je vous avais donc annoncé la semaine dernière la mise en place de Flux, …
… de Rainer Gross. Il était présent hier (samedi 24 mai 2014) pour l’inauguration à la fois de cette œuvre éphémère (elle sera démontée après le 5 octobre 2014) et d’une exposition dans le musée qui présente de très belles photographies d’une quinzaine de ses réalisations (dont Toi(t) à terre et Toi(t) en perspective à Chaumont-sur-Loire) et un ensemble de sculptures de plus petit format… A l’origine, il était sculpteur sur pierre! Il est aussi un excellent photographe, toutes les photos de l’exposition sont les siennes… Je vous parlerai en fin d’article des autres manifestations liées à cette inauguration, commençons la visite dans le sens de la journée d’hier… et donc la fin du Flux, qui, à défaut de jaillir de la cuve baptismale (suite au refus catégorique de la société des Antiquaires de l’Ouest, gestionnaire du site), vient se terminer contre le mur du baptistère Saint-Jean dont les portes étaient soigneusement closes pour cette cérémonie! Je ne comprends toujours pas pourquoi cette société savante a refusé cette installation (en 2006, Kôichi Kurita y était intervenu) et pourquoi l’État, propriétaire du site, n’a pas contraint le gestionnaire à accepter la présence d’un artiste qui est intervenu dans les jardins de Le Nôtre au musée d’archéologie nationale à Saint-Germaine-en-Laye, dans l’abbaye de Noirlac, dans le cloître du prieuré Saint-Michel-de-Grandmont à Saint-Privat, etc., mais « pas touche à mon baptistère »! Absurde et réac, messieurs des Antiquaires de l’Ouest (cette société reste majoritairement une assemblée de vieux savants où la parité et le rajeunissement sont encore des utopies)!!! Comme disait Philippe Baudelot l’autre jour, c’est un endroit « collector », peut-être l’un des derniers en France où l’on tente de vendre des diapositives aux visiteurs! (Glissez quand même la tête quand, par miracle, la porte est ouverte, vous y verrez de belles peintures romanes et gothiques). Est-ce que ce sera le refus de trop? L’État aura-t-il le courage un jour de transférer sa gestion au musée Sainte-Croix? Il est loin le temps (dans les années 1830… bientôt deux siècles) où des érudits qui fonderont ensuite la Société des Antiquaires de l’Ouest avaient réussi à convaincre Prosper Mérimée et permis d’éviter que ce bâtiment soit rasé pour percer une route (l’actuelle rue Jean-Jaurès, qui l’a finalement contourné). [PS: suite à une question reçue en privé, en cherchant dans les délibérations du conseil municipal de Poitiers pour 2013, j’ai trouvé une subvention de 18000 € pour l’édition du bulletin en mars, une subvention exceptionnelle de 3500 € en septembre pour l’édition des comptes de la ville au XVe siècle].
Le flux en lattes de bois (peuplier) oscille dans la cour du musée, devant l’art du théâtre de Jonchère… passe en sous-sol…
… et se retrouve de l’autre côté de la cour, s’emmêle dans le tilleul centenaire…
… ouf! les orchidées boucs (en voir d’autres dans une sortie orchidées à Civaux) soigneusement sauvegardées par le service des espaces verts ont presque toutes survécu à l’inauguration… une seule a été piétinée, oups! par un ancien élu vert!
On voit bien ici les contrastes d’échelle, de lumière, d’occupation de l’espace voulus par l’artiste… même si le tilleul n’avait pas encore ses feuilles quand les lattes de bois ont été assemblées!
Le Flux sillonne ensuite au milieu du dépôt lapidaire qui a changé de place dans la cour du musée…
… jusqu’à traverser la Minerve!
Le Flux jaillit des entrailles de la terre au milieu des ruines romaines du musée.
Rainer Gross aime jouer avec l’éphémère, les strates du temps, les hasards de l’installation… n’hésitez pas à jouer avec les perspectives possibles, ici avec la cathédrale au fond…
Il a parlé de la Grand’Goule, le dragon serpentiforme de Poitiers, parmi les collections du musée, j’aurais volontiers vu en clin d’œil le retour en salle de la maquette du Rhône et la Saône, par André Vermare: la sculpture est à Lyon, mais la maquette a été depuis fort longtemps reléguée aux oubliettes (pardon, dans les réserves) du musée de Poitiers et le visiteur n’a plus accès qu’aux « fiches » non illustrées de la base Joconde: la tête du Rhône (moulage grandeur nature) et le groupe sculpté réduit (maquette originale au tiers pour le projet d’édition de luxe du Rhône). Le mélange des eaux du Rhône et de la Saône sont un bel exemple de flux…
Dommage que cette inauguration n’ait pas attiré un public plus nombreux et surtout plus varié… car y assistait surtout le « tout Poitiers culturel », professionnels surtout et auditeurs fidèles des conférences et aux concerts (du centre d’études supérieures de musique et de danse et du conservatoire) donnés au musée, à l’espace Mendès-France, à la médiathèque, abonnés au théâtre et auditorium… Il est certes agréable de se retrouver « entre soi », de poursuivre nos conversations d’événements en événements (c’était mon « grand retour » dans ce cercle), mais est-ce le but de ces inaugurations? Visiteurs de toutes origines, de tous milieux, n’hésitez pas à venir découvrir cette exposition. Si vous hésitez à pousser la porte du musée (gratuit le mardi et le premier dimanche de chaque mois), glissez-vous dans la cour, lisez en introduction les pupitres explicatifs… Bravo à Rainer Gross et aux commissaires de l’exposition, à Pascal Faracci, le nouveau directeur du musée, et surtout à Dominique Truco, qui organise toujours de belles manifestations d’art contemporain à Poitiers (et à Melle et ailleurs…). Il reste à patienter un bon mois, si j’ai bien compris, pour découvrir le catalogue qui accompagne cet événement.
Le week-end inaugural avait commencé par une conférence fort intéressante de Claude Andrault-Schmitt, autour des dernières découvertes et du livre qu’elle vient de diriger sur la cathédrale de Poitiers, La cathédrale Saint-Pierre. Enquêtes croisées, 2013, chez Geste éditions (416 pages, 55€). Mais pourquoi avoir choisi une police de caractères aussi petite? Du 4 ou du 5, à vue de nez! Complètement inaccessible pour moi avant fort longtemps (peut-être pour toujours s’il n’y a pas d’édition numérique), la reliure trop épaisse et les colonnes écrites trop près de la reliure rendent (ce qui est rare) le visio-agrandisseur inefficace sur les deux-tiers des pages! Je n’ai pas assisté au concert qui a suivi (trop tard encore pour moi), ni aux visites de la cathédrale et du quartier, mais ai assisté aussi à la projection publique de Cap Sud-ouest sur Poitiers sur France 3, de belles images grâce aux drones, mais qui sautent parfois, et un commentaire pas toujours au niveau (cf. en particulier l’arrivée du présentateur dans l’amphithéâtre romain), puis au « surprenant » concert donné par quatre étudiants de conservatoire, au violoncelle, avec Four de John Cage: chaque musicien choisi 12 « sons » qu’ils jouent selon une « partition » qui porte non les notes, mais le numéro des sons et les plages auxquelles ils doivent commencer et finir (avec des fourchettes de quelques secondes). Je n’en ai pas trouvé de version vraiment « audible » en ligne…
Voir ou revoir des articles sur des sujets voisins:
Vous pouvez revoir sur mon blog ses œuvres à Chaumont-sur-Loire,Toi(t) à terre
… et Toi(t) en perspective, à voir aussi dans cet article de 2011.
L’opération Poitiers coeur d’agglomération, coeur de pagaille… a aussi été l’occasion d’une commande publique avec l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square de la République raté
les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot dans la montée du faubourg du Pont-Neuf
et dans les jardins du Puygarreau, l’obélisque brisé de Didier Marcel,
Aire, air, erre, ère de Pierre Joseph
et les barreaux de prison, pardon, la grille « tourne-sol » d’Élisabeth Ballet.
L’artiste Kôichi Kurita à Poitiers en 2006… et sur l’île d’Oléron en 2013
L’expédition Glen Baxter (juin à septembre 2010) : l’annonce de l’expédition du 12 juin 2010 et la sérigraphie du parking Effia, aperçu global de l’expéditionet la sérigraphie du 12 juin 2010, dans le quartier de Bellejouane, en centre-ville, en centre-ville, la suite, le livre Le safari historico-gastronomique en Poitou-Charentes (dessins de Glen Baxter, texte d’Alberto Manguel).
Le Rhône et la Saône, par André Vermare, à Lyon et à Poitiers
Depuis quelques années, Poitiers présente quelques artistes contemporains en ville (revoir par exemple
… pour « traverser » une fenêtre et finir devant le baptistère Saint-Jean. Initialement, le flux devait achever (ou commencer?) sa course à l’intérieur de celui-ci, dans la cuve baptismale, dommage que cela n’ait pas pu se faire (d’
Début avril s’est tenu le festival FARS (arts de la rue et de la scène, organisé par l’école de commerce), voir le
En parlant de vitrines, des « moutons-papillons géants » (revoir
… puis beaucoup d’autres en ville et sur les boulevards. Lors d’un déplacement vers la zone commerciale au nord de la ville, j’ai aussi vu une file de moutons géants à la queue-leu-leu sous un pont, mais impossible d’arrêter le bus!
Monsieur Mouton joue à nouveau sur la légalité ou non de sa démarche… Ces affichettes sont juste enduites de colle et délivrent un message qui généralement fait plutôt sourire les passants! Après le colleur d’affiche de précédentes séries, cette fois, le message dit « Wanted dead or alive » (recherché mort ou vif) et « Ce criminel particulièrement dangereux est recherché pour causes d’affichage libre et de libre expression ».
Il répond à ce tag au pochoir qui persiste depuis fort longtemps près de l’
Le service de la ville nettoie-t-il sélectivement? C’est ce que croit M. Mouton avec ce nouveau message: « De racistes stickers peuvent rester 10 jours collés porte de Paris, ceux de Mr Mouton moins de 24 heures, pourquoi? ». C’est vrai pour les autocollants racistes, moins pour les moutons, il y en a un au revers d’un panneau près de chez moi depuis plusieurs mois! Et une bonne partie de ceux collés (en abondance) ce samedi matin (17 mai 2014) à travers la zone centrale du Plateau étaient toujours là dimanche soir…
Il a aussi de l’humour sur sa production: « Ceci est de l’art dégénéré » (écriture façon
Parmi eux, une série « Sex, sea and sun » (et un « tous consomment » avec « sexe » discrètement écrit en rose très pâle en haut à gauche… Clin d’œil à la marche des fiertés qui avait lieu le même jour?
Le mouton-loup que nous avions déjà vu s’enrichit d’un message: « espèce envahissante » et se décline avec un « Ki mange ki » (une copie ou un mouton authentique? Le style est différent sauf le mouton de droite) et un mouton avec un os entre les dents!
Dans la série des panneaux routiers, il y a aussi eu cette variante chute de pierres, avec le message « jusqu’ici tout va bien ».
La consommation reste au centre des préoccupations de Mr Mouton, avec à nouveau un panneau publicitaire (qui est ce monsieur? 11090973 se retrouvait déjà sur des codes barres précédents, 11 septembre 1973, ça vous dit quelque chose?)… [Merci à
… un ce « consomme » façon morceau de fromage sur une tapette à souris!
Enfin, ce dernier reste mystérieux. Il était déformé quand je l’ai trouvé et je n’en ai pas trouvé d’autre sur le même modèle… Feu rouge? Vidéo-surveillance? Qu’en pensez-vous?

De là, un chemin en écorce broyée mène au cœur d’un bosquet, un arbre avec une grosse cicatrice à l’entrée, puis des structures en fers à béton dessinent de futurs haies/œuvres d’art.
A la sortie, une main en bronze semble tenir le tronc frêle d’un jeune tilleul. Là, nous avons vraiment hésité, est-ce bien ce qui est en photo sur le guide de visite? Il ne lui ressemble vraiment pas…
… même en tournant autour… Une charmante employée à vélo nous a rassuré, oui, c’est bien ça, la photo du guide est un photomontage de l’évolution probable dans quelques années, lorsque le tronc aura grandi en absorbant plus ou moins la main…
Le plancher de
Plusieurs des lucioles solaires de Erik Samakh pendaient dans les arbres, je ne les verrai toujours pas à Chaumont , puisqu’elles ne fonctionnent que la nuit et que les nocturnes ne sont que le vendredi en juillet et août… mais je les déjà vues ailleurs, à Melle et au centre d’art du lac de Vassivière…
Cette année, je suis allée visiter le festival des jardins de Chaumont-sur-Loire (sur le thème Jardins d’avenir ou l’art de la biodiversité heureuse) le 10 juin 2011, en train comme d’habitude (jusqu’à Onzain) , avec 
Notamment de l’intérieur, que je n’avais pas vu l’année dernière, avec un cerveau au milieu à la place de ce qui pourrait être le chœur de cette chapelle…
Voici une autre vue… Et sur les murs, il y a des mots gravés sur les dalles à l’extérieur (passion, émotion, rêve, oubli, observation, etc.) comme à l’intérieur.
Juste à côté se trouve L’œil de la mémoire…
Oups, c’est mieux dans ce sens là?
Dans la glacière se trouve toujours L’œil de l’oubli, mais si vous comparez avec la photographie de
Puisque nous sommes là, empruntons le
Tout en bas, les grandes poupées et les arbres enroulés de rouge de
Retournons dans le parc… Près du
L’arbre aux échelles de
Le Toi(t) à terre de
Cette année là, j’avais suivi une visite guidée du parc. La guide nous avait conseillé d’entrer à l’intérieur et de regarder la perspective… cette année, j’y ai glisse mon appareil photo, voici ce que donne cette vue…
Depuis quelques semaines, chaque jeudi après-midi (quand je ne me trompe pas de date de publication…), je vous emmène à
Je ne vous montre pas à nouveau le
En voici une autre vue… Une grande spirale de bois, comme la première, mais ici au sol, alors que quand l’on rentre dans la première, on a une ouverture sur le monde et l’univers…
En revanche, j’ai fait une nouvelle photographie du jardin de Méditation de Erik Borja et Simon Crouzet, car la
Cette semaine, petit voyage à
De plus près, vous voyez cette structure qui est amenée à disparaître avec le temps… Grâce à la médiatrice et à sa visite guidée, je suis entrée dans la structure pour voir le monde par cette sorte d’entonnoir. Mais mon APN n’a pas réussi à faire le point. Si vous allez voir le parc de Chaumont, n’hésitez pas à faire vous-même l’expérience. D’après le dossier de presse, Rainer Gross met en forme la précarité de l’homme face à son milieu naturel, le paradoxe de procéder à la fois de la nature et d’en être indépendant.
Victoria Klotz a investi